11
Nous publions une contribution de Dr. Amadou Ndiaye de l'UGB en rapport avec le débat sur l'autosuffisance en riz au Sénégal. A la fin du texte, il y fait reference à "l'ecole de pensee de Jacques Faye aujourd'hui representee par IPAR. En réagissant à la contribution du Directeur Général de la SAED, Monsieur Moubarack Lo écrit dans un site de la place le 10- 11- 2014 : « Cher compatriote samba Kante, J'ai décidé de ne plus parler de ce dossier, mais de laisser les faits parler. Rendez-vous en fin 2015 pour faire le point à mi-parcours, s'il plait à Dieu. Nous vous disons: bonne chance et mobilisons- nous tous pour réaliser l'ambition nationale qui, même irréalisable en 2017, devra être poursuivie avec vigueur. Fraternellement ». Pourquoi, Mr LO veut- il clore un débat d’une importance réelle pour le pays, même si c’est lui qui l’a ouvert ? Serait-il à court d’arguments scientifiques pour se référer aux résultats qui auront lieu en 2017 ? Les souhaits de bonne chance et l’appel à la mobilisation sont-ils sincères quand ils s’appliquent à quelque chose « même irréalisable en 2017 » ? Doit-on poser un débat scientifique puis se réfugier après derrière des arguments politiques pour le refermer ? En réalité, ce semblant de débat épisodique sur l’autosuffisance en riz au Sénégal en 2017 est révélateur, si besoin en est, de l’absence de débats scientifiques sur le développement agricole au Sénégal. Dans ces conditions, les arguments d’ « appel au patriotisme, de contrainte absolue et de croyance au Dieu » pour accepter un objectif « même irréalisable en 2017 » peuvent prospérer. Je ne suis pas athée, mais pour faire de la science, il faut faire sienne cette assertion : « Ce qui nous arrive n’est donc pas ni le résultat du hasard, ni le résultat de la volonté divine, ni d’ailleurs le résultat de nos aptitudes individuelles. L’explication est à rechercher dans l’immense faisceau des relations sociales qui existent entre nous et cela ». Dans le cas de l’autosuffisance en Riz, on ne peut se réfugier sur le fait des si : Si Dieu le veut, Si chaque acteur fait ce qu’il doit faire, etc….. Ceux qui ont élaboré le PNAR (programme national d’autosuffisance Riz) Riz doivent avoir déjà intégré les risques climatiques, agricoles et agro- alimentaires ainsi que l’impératif pour chaque acteur de faire ce qu’il doit faire. Cet épisode nous enseigne aussi qu’il est difficile de faire prospérer un débat scientifique pour le développement agricole de notre pays. Vous comprendrez alors que je prends le risque de me faire insulter par des personnes que je ne convoque pas dans ce débat sur le développement agricole du Sénégal. Pour ce faire, je voudrais examiner les stratégies

Contributions Debat Agriculture

Embed Size (px)

DESCRIPTION

DEBAT SUR LA RIZICULTURE AU SENEGAL

Citation preview

Nous publions une contribution de Dr. Amadou Ndiaye de l'UGB en rapport avec le dbat sur l'autosuffisance en riz au Sngal. A la fin du texte, il y fait reference "l'ecole de pensee de Jacques Faye aujourd'hui representee par IPAR.En ragissant la contribution du Directeur Gnral de la SAED, Monsieur Moubarack Lo crit dans un site de la place le 10- 11- 2014 : Cher compatriote samba Kante, J'ai dcid de ne plus parler de ce dossier, mais de laisser les faits parler. Rendez-vous en fin 2015 pour faire le point mi-parcours, s'il plait Dieu. Nous vous disons: bonne chance et mobilisons- nous tous pour raliser l'ambition nationale qui, mme irralisable en 2017, devra tre poursuivie avec vigueur. Fraternellement . Pourquoi, Mr LO veut- il clore un dbat dune importance relle pour le pays, mme si cest lui qui la ouvert ? Serait-il court darguments scientifiques pour se rfrer aux rsultats qui auront lieu en 2017 ? Les souhaits de bonne chance et lappel la mobilisation sont-ils sincres quand ils sappliquent quelque chose mme irralisable en 2017 ? Doit-on poser un dbat scientifique puis se rfugier aprs derrire des arguments politiques pour le refermer ?

En ralit, ce semblant de dbat pisodique sur lautosuffisance en riz au Sngal en 2017 est rvlateur, si besoin en est, de labsence de dbats scientifiques sur le dveloppement agricole au Sngal. Dans ces conditions, les arguments d appel au patriotisme, de contrainte absolue et de croyance au Dieu pour accepter un objectif mme irralisable en 2017 peuvent prosprer. Je ne suis pas athe, mais pour faire de la science, il faut faire sienne cette assertion : Ce qui nous arrive nest donc pas ni le rsultat du hasard, ni le rsultat de la volont divine, ni dailleurs le rsultat de nos aptitudes individuelles.Lexplication est rechercher dans limmense faisceau des relations sociales qui existent entre nous et cela . Dans le cas de lautosuffisance en Riz, on ne peut se rfugier sur le fait des si : Si Dieu le veut, Si chaque acteur fait ce quil doit faire, etc.. Ceux qui ont labor le PNAR (programme national dautosuffisance Riz) Riz doivent avoir dj intgr les risques climatiques, agricoles et agro-alimentaires ainsi que limpratif pour chaque acteur de faire ce quil doit faire.Cet pisode nous enseigne aussi quil est difficile de faire prosprer un dbat scientifique pour le dveloppement agricole de notre pays. Vous comprendrez alors que je prends le risque de me faire insulter par des personnes que je ne convoque pas dans ce dbat sur le dveloppement agricole du Sngal. Pour ce faire, je voudrais examiner les stratgies de dveloppement agricole tels que dclines dans la DPG du premier ministre Dione, se rfrant au PSE et au PRACAS pour en voir la validit scientifique avant de spcifier lanalyse sur le programme dautosuffisance Riz. Permettez- moi dabord de faire un certain nombre de prcisons :- La notion dautosuffisance ne relve pas des sciences agronomiques mais plutt des sciences agricoles pour ne pas dire des sciences du dveloppement agricole. A ce titre, lconomie agro-alimentaire, les sciences de gestion des exploitations agro-alimentaires, les sociologies agricole, rurale et alimentaire, et beaucoup dautres (sciences de la vulgarisation et du conseil, statistique, cologie, etc.) sont concernes.- La notion dautosuffisance alimentaire est dpasse. Elle est remplace par la notion de scurit alimentaire et nutritionnelle. Les prfrences des consommateurs qui ont des moyens suffisants permettent de relativiser lautosuffisance. On peut produire assez de riz et mme en exporter ; certains citoyens au nom de la libert prfreront consommer un riz import et y mettront les moyens. La question de lautosuffisance en riz relve de la thorie conomique des avantages absolus de Smith alors que la notion de scurit alimentaire de la thorie des avantages comparatifs de Ricardo.Les avantages comparatifs ne doivent pas tre limits lcologie seulement comme le fait beaucoup de techniciens du monde rural et qui est lorigine de lapproche zone agro-cologique . Par cette entre, le dbat scientifique ne peut occulter la question des cot/avantages au niveau national et surtout au niveau de lexploitation agricole, si on reconnait que ce dernier a un rle dterminant.Cela dit, il est clair que dans la DPG il est fait tat de scurit alimentaire de produire plus pour renforcer la scurit alimentaire et nutritionnelle, afin de soustraire notre pays aux crises alimentaires . Pour ce faire, le gouvernement mise plus sur laugmentation de la productivit travers 3 axes : (i) la matrise de leau par la valorisation des rserves de surfaces et celles souterraines, (ii) la modernisation de lquipement rural ; (iii) lutilisation dintrants de qualit (semences certifies et engrais) dans des sols rgnrs .Rien de nouveau, dans cette approche, tous les pays du monde cherchent augmenter la productivit agricole et dvelopper leur agriculture travers ces 3 axes qui relvent de la modernisation agricole. Les diffrences de russite se trouvent dans les approches. La stratgie de dveloppement agricole contenu dans la DPG consiste :- la promotion de dispositifs de contractualisation tripartite entre les producteurs forms et organiss en interprofessions ou en coopratives par filire, les institutions de financement et les oprateurs conomiques et industriels ;- le renforcement de lintgration entre la chane de production et celle de transformation agroalimentaire, pour incorporer davantage de valeur ajoute nos produits, aux fins de promouvoir le consommer local et rduire notre dpendance face aux importations ;- le dveloppement plus intensif de lagro-business pour stimuler les productions cralires et horticoles, en faisant bnficier ces spculations dinvestissements massifs et structurants pour btir une agriculture exportatrice.- la mise en place de programme de transfert des excdents deau vers les zones sches, le Ferloo notamment, permettra, avec la revitalisation des valles mortes, doffrir de nouvelles opportunits aux activits agro-sylvo-pastorales et aquacoles pendant toute lanne.- la cration dau moins 150 fermes intgres et 274 fermes villageoises modernes, qui gnreront respectivement 28 000 et 60 000 emplois. En matire damnagements agricoles, nous comptons valoriser le potentiel de 350.000 ha de terres irrigues dont seulement 130 000 ha sont en cours dexploitation.- la ralisation du programme des Domaines Agricoles Communautaires (DAC) en tant que moyen de promotion de lEntreprenariat agricole, avec quipes dinfrastructures structurantes de matrise de leau, en vue de la cration de 120 000 emplois directs.- la mise en uvre du programme de reconstitution du capital semencier travers la mise la disposition des producteurs de 6000 tonnes de semences pr-bases darachide et des semences certifies des productions horticoles par an.- le renouvellement de lquipement du monde rural avec du matriel agricole moderne avec la mise la disposition des agropasteurs de prs de 1 400 000 nouvelles units de matriels comprenant des semoirs, houes, charrues, tracteurs, moissonneuses, batteuses, motoculteurs, dcortiqueuses, moulins, presse huile, rizeries, faucheuses.- la subvention de ce matriel agricole sera hauteur de 70%.- le renforcement des infrastructures de transformation, de conservation et de commercialisation, suivant une approche intgre favorisant le dveloppement de chanes de valeurs de llevage ;- la ralisation des projets de modernisation des filires animales, dquipements en matriels agropastoraux et dappui au dveloppement de laviculture familiale,

En rsum, disons que le gouvernement compte sappuyer sur les leviers suivants :- Mise en place dinfrastructures structurantes et de productions (maitrise de leau),- Facilitation de laccs aux quipements (semoirs, houes, charrues, tracteurs, moissonneuses, batteuses, motoculteurs, dcortiqueuses, moulins, presse huile, rizeries, faucheuses) et intrants (semences certifies,..),- Cration de fermes et insertion des jeunes travers une approche communautaire,- Facilitation de linstallation de chaine de valeur et dagro-business,- Formation des producteurs- Organisation des producteurs en chaine de valeur et en cooprativesA coup sr, cette stratgie compte sur des milliards, symbole de la puissance financire de lEtat. Toutes ces actions ciblent les producteurs et les organisations de producteurs, cest vrai. Mme, il faut fondamentalement noter que la stratgie ignore royalement lexploitation de production et de transformation agricole. Ce nest ni des producteurs absolus ou des organisations de producteurs qui dveloppement lagriculture. Ce sont les exploitations agricoles. Alors, la mise en uvre de cette stratgie est-elle assimilable pour nos exploitations agricoles dans lobjectif de notre dveloppement agricole ? Des tudes ont montr que la rponse cette question est ngative.Depuis longtemps, nos stratgies de dveloppement agricole se rptent et se ressemblent : lEtat se met au centre, discute avec les organisations de producteurs, et surtout ignore compltement lExploitation de Production. Le questionnement sur la performance de nos exploitations na jamais t mis au centre des proccupations stratgiques. Et pourtant, le dveloppement durable de notre agriculture passera par la centralit des vritables exploitations agricoles gres par des producteurs professionnels.Il ne sagit pas daugmenter de manire erratique les productions agricoles, travers des dons et subventions (intrants, quipements, matriels, infrastructures) pour dvelopper une agriculture. Cest comme la croissance, des taux de croissance erratiques, mme positifs, nassurent pas le dveloppement. Nos stratgies de dveloppement agricole souffrent de ses objectifs daugmenter la production en ignorant le dveloppement de lexploitation agricole sngalaise. Et pourtant, la question de nos exploitations est centrale, mme si on fait semblant de lignorer.A ce titre, nous apprcions positivement cet extrait du communiqu du conseil des ministres du 12 septembre le Chef de lEtat a exhort le Gouvernement, en rapport avec les producteurs et le secteur priv, promouvoir le dveloppement agro-industriel de la Valle, travers la mise en place de PME-PMI et la ralisation dinfrastructures et quipements socio-conomiques de base. Mais, il faut dire que les PME-PMI peuvent tre de type paysanal, agricole ou agro-industriel. On peut se poser la question pourquoi ne pas faire figurer cette exhortation au centre de notre PRACAS. Elle pourrait constituer une des voies les plus sres pour le dveloppement agricole travers un changement de paradigme dintervention. Pour ce faire :- il faut que lEtat arrte de mettre en place des infrastructures de productions (canaux terminaux des amnagements agricoles) et de faire des marchs pour les quipements (tracteurs) et matriels agricoles (semoirs etc.). Cest le meilleur moyen de faire une action politicienne avec un secteur de dveloppement,- il ne faut surtout pas chercher insrer des jeunes dans les amnagements communautaires ou des fermes modernes cls mains. Cest la meilleure faon dobtenir des rsultats spectaculaires et fugaces qui nassurent pas le dveloppement agricole durable,- il faut arrter dorganiser les producteurs en cooprative et en interprofession qui ne font que crer des niches conomiques et socio-politiques,- il faut cesser de parler de la formation des producteurs dans le vide. Il faut donner un sens la formation et lducation agricole.La mise en place de vritables exploitations agricoles (type PME et PMI) suppose que notre politique agricole repose sur :- une formation agricole et agro-alimentaire des futurs producteurs professionnels au niveau BTS avec un programme tudi pour en faire de gestionnaires professionnels de demain,- une construction dun systme adapt de conseils techniques et de gestion des exploitations. A ce propos, la question de la place de la SAED, la SODAGRI et de lANCAR doit tre pos ncessairement. Il ne sagirait pas de dcider du dmantlement de lune ou lautre des entreprises comme propos par le Ministre Habib Sy qui avait agi dans le sens totalement contraire ce quil propose (liquidation de la SAED et de la SODAGRI au profit de lANCAR).Alors que lANCAR prenait sa vitesse de croisire, en tant que ministre son action favorisait plus le retrait de lANCAR au profit des autres socits dans certaines zones agro-cologiques. Depuis lagence a perdu son me et na pu se relever. En proposant la liquidation de la SAED et de la SODAGRI, il a voulu rpter quelque chose quil a, srement d entendre mais pas bien comprise. Cest plus subtil que ce quil dit,- une mergence de vritables coopratives et interprofessions regroupant des exploitations agricoles et non des producteurs de socit civile,- une mise en place dun systme dappuis et de subventions aux exploitations agricoles, aux organisations professionnelles (je ne parle pas dOP) et interprofessionnelles. Il ne sagira plus de faire des subventions pour les intrants, les quipements, les matriels. Cela veut dire que lEtat ne soccupe pas du matriel et des intrants (semences, engrais, etc.) mais attribue une subvention financire au prorata de la production et de la productivit de chaque exploitation et en fonction des spculations prioritaires pour la scurit alimentaire du pays. Chaque exploitation est responsable de ses facteurs de productions et les achtent librement,- une redfinition de notre systme semencier pour favoriser linstallation de vritables exploitations semencires,- une organisation de linstallation des jeunes BTS travers un systme qui permet chacun ou des couples de construire son ou leur propre projet dexploitation agricole pendant un stage post- formation obligatoire dun an au moins,- un reconstruction du systme de crdit agricole pour mieux prendre en compte les phases dinstallation et de vitesse de croisire des exploitations agricoles et les priode de renouvellement de leur matriel travers la garantie et le taux de crdit.Ces axes prennent en compte plus que la matrise de leau, le renouvellement du matriel et les semences certifies. Ils permettent lEtat de jouer son rle rgalien vritable et considrent que lagriculture, tout en gardant sa particularit, est une activit conomique, au mme titre que celles du secteur secondaire. La distribution de semences certifies et de matriels agricoles mme travers des commissions locales et reprsentatives ne fait pas partie des missions rgaliennes.A ce propos, loprationnalisation de cette stratgie repose sur une lgislation adapte. Celle-ci a dj bien dbut. Mme si le lien nest pas toujours fait, le meilleur acte pour le dveloppement agricole du Sngal est vot cette anne avec la loi sur la baisse du capital pour la cration dune socit anonyme. Avec cette loi, le Sngal a srement linstrument le plus important pour le dveloppement agricole et devrait permettre la mise en place des PME et PMI paysannes, agricoles et agro-alimentaires. Il faut, dans le cadre de sa mission rgalienne, veiller ne pas rpter la mme erreur que la loi sur le GIE de 1984 surtout en agissant attentivement sur la reconstruction du systme de financement. Par ailleurs, une rvision de la lgislation semencire sngalaise apparat indispensable. Enfin, Il ne faut pas encore faire une rforme foncire sans changer le paradigme de dveloppement agricole. Actuellement, la LDN est plus adapt notre paradigme de dveloppement et nos stratgies de production agricole centres.Assurment, lEtat doit revoir la LOASP qui nest pas porteur de dveloppement agricole reposant sur de vritables exploitations agricoles et leurs regroupements professionnels et interprofessionnels. Lors de sa DPG, on a parl de sa mise en uvre effective partir de 2015, aprs avoir consomm 10 ans sur 20 de son existence lgale. Au-del du temps perdu, cette loi doit tre revue et radapte.Pour revenir au cas spcifique de lautosuffisance en Riz en 2017, la question de lexploitation de production ne peut en aucun cas tre occulte. La stratgie dfinie la t - elle prise en compte ? En tout cas, nulle part lexploitation agricole n'apparat dans les documents et informations notre disposition. La stratgie repose sur des calculs simples pour ne pas dire simplistes, sans occulter la matrise de leau, lquipement agricole et les semences certifies :- le rendement moyen est de 5t/ha en irrigu et de 3t en sous- pluie,- laffectation de 60% de la production lirrigu et 40% lirrigu la culture sous-pluie contrairement au PNAR qui avait affect 70% lirrigu et 30% la culture sous-pluie (bas-fond et plateau),- laugmentation des superficies amnages avec dune part dans la valle du fleuve plus 23 691 ha de nouveaux amnagements et 18 830 ha en rhabilitation et dautre part dans la bassin lAnamb de 5000 ha nouveau amnagement du bassin de lAnamb,- la double culture dans lirrigu pour remplir son quota,- la reconstitution du capital semencier.Ces calculs bass sur les capacits productives appellent ncessit des remarques circonstancies :- Dans la valle du fleuve, les statistiques sur le rendement ne refltent pas la ralit de terrain. Dans la station de recherche AfricaRice de Ndiaye et de Fanaye, on a pu obtenir un peu plus de 10t/ha. Cest aussi possible en milieu rel, mais moins de 5 % des producteurs peuvent atteindre cette productivit cause principalement, disent les techniciens et chercheurs, des mthodes de semi la vole (le repiquage est minoritaire surtout dans le delta) et secondairement la mthode dpandage de lengrais qui ne favorise pas une maximisation de la fertilisation mais cest surtout cause de la nature vritable de nos exploitations de production. A Podor, Matam et Bakel, le rendement moyen tourne autour de 2%.De manire trs optimiste, la moyenne du rendement serait au grand maximum de 3 4 t par ha. Ce nest pas ngligeable si on raisonne par milliers. Et cest l quon trompe les autorits du pays en leur racontant des contre vrit sur les statistiques de rendement. Pour changer, il faut une vritable professionnalisation des producteurs mais aussi des sourga (Main duvre agricole non familiale) qui sont dans les parcelles.- Lvolution des pourcentages entre lirrigu (de 70% 60%) et de la culture sous pluie (30% 40%) apparat comme une mesure bizarre pour une stratgie qui repose sur la matrise de leau quand on sait que cette dernire est plus difficile avec les changements globaux lorigine de la scheresse et des retards de pluies perturbateurs de cycles de production. La matrise de leau en sous pluie nest possible quavec un bon hivernage.- Laugmentation de nouveaux amnagements est possible ainsi que la rhabilitation, sauf que les superficies proposes nous semblent sous-estimes et ne prennent pas en compte les dgradations en cours,- La double culture du riz serait difficilement une ralit dici 2017 pour toutes les surfaces amnages pour des raisons dordre conomique, technique et socio-culturel. Le riz est plus considr comme une culture dautoconsommation dans la valle ct de la tomate et de loignon qui sont des cultures de rentes permettant le financement des campagnes rizicoles pour prs ou plus de 90% des producteurs dans le Dagana et un peu moins dans le Podor-Ouest. Beaucoup parmi eux mettront toujours en balance la double culture prconise et labandon des cultures de rente.Il faut demble exclure les triples cultures vu la dure de culture du riz (4 mois mme si des varits de 100 jours existent aujourdhui), de la tomate (6 mois) et de loignon (5mois). Ceux qui auront choisi de produire de la tomate ou de loignon, ne pourront sengager dans la double culture sans compter que ceux-l dans la moyenne valle (Podor Est, Matam et Bakel) qui ont dautres chats fouetter que de sengager dans une agriculture toute lanne. Ils comptent plus sur dautres sources de revenus (envoi des immigrs, petit commerce, levage, etc.). Ils ne sont pas dans un esprit entrepreneurial professionnel et considrent les amnagements comme une source de revenu moins rentable que les autres sources de revenus (immigration). Dans leur exploitation paysanne, lunit de consommation est plus importante que lunit de production (0,5 1 ha) affecte par les structures de dveloppement. il faut diversifier les moyens de revenu pour la consommation familiale.- La reconstitution du capital semencier a dj montr ses limites dans la valle. En labsence de vritables exploitations agricoles semencires, toutes les tentatives ont chou.- Plus fondamentalement, le systme damnagement collectif et la distribution uniforme de faible superficie (moins de 1ha) par foyer ne favorisent pas le dveloppement de vritables exploitations de production agricole dans la valle.Ainsi, la stratgie du gouvernement actuel souffre de beaucoup de limites qui compromettent latteinte de lobjectif dautosuffisance en 2017. Ces mmes limites, en association avec des problmes de communication, empchent le fonctionnement correct des 3 ples de dveloppement rizicoles (Dagana, Nioro et Bagadadji) retenus en 2012 dans la cadre de la Stratgie de dveloppement du secteur rizicole propos par AfricaRice, alors que notre actuel ministre tait DG de cette institution internationale.Pire, cette stratgie nous maintient dans le statu quo par rapport au dveloppement agricole de notre pays. Lapproche centre sur de vritables exploitations agricoles gres par des professionnels jettera, sans doute, les bases du dveloppement agricole partir de la 7eme anne de mise en uvre. Mais, avec loption choisie, on peut estimer au moins 30 ans le dlai dattente. Maintenant, si le gouvernement tient atteindre son objectif en 2017, il devrait explorer dautres options qui peuvent tre rsultats immdiats. Par exemple, il pourrait faire appel des investisseurs privs, dacclrer la rforme foncire leur profit et faire de nos paysans des ouvriers agricoles. Je ne ferais pas de jugement de valeur.Il faut reconnatre que si Mamadou Dia, Senghor, Diouf et Wade pouvaient chouer la prsident Macky Sall devrait maximiser ses chances de russite car disposant de lexprience de 4 visions et pratiques antrieures. On peut noter avec ses 2 ans et demi au pouvoir et les 7 annes ncessaires pour les jeter ses bases, le dveloppement de lagriculture sngalaise a accus un retard dau moins 10 ans annes avec la seconde alternance. Que ce soit pour Macky Sall ou pour ses successeurs, il faut comprendre que la vritable russite de la politique agricole doit reposer sur une vision qui consiste jeter les bases, non pas de laugmentation des productions dans 3, 5 ou 10 ans travers des mises disposition, mais du dveloppement agricole bas sur de vritables exploitations professionnelles.Si on a une vision claire de ce que doit tre une exploitation de production au Sngal, lEtat pourra jeter les fondamentaux du dveloppement agricole en travaillant sur deux leviers : le systme dducation agricole et le systme de subventions et dappui. Mme si le Prsident qui le fera ne parvienne pas atteindre la scurit alimentaire pendant son mandat, son nom restera dans lhistoire comme celui qui a jet les bases du dveloppement agricole de son pays, aprs Mamadou Dia dont luvre qui a t dvie par lapproche productiviste partir de 1965, est fondamentalement saluer, malgr quelques imperfectionsTous les hommes politiques de ce pays doivent travailler pour construire cette vision. Cest pour cela, sans savoir leurs chances de devenir Prsident un jour, je voudrais saluer leffort de construction de vision de dveloppement agricole de Habib Sy et de Mamadou DIOP Decroix. Dans cet effort, il apparat nettement quils sont confronts ce vide scientifique dans le domaine dont faisait allusion le PM Abdoul Mbaye. Cest ce mme problme que rencontre Moubarack Lo dans le dbat quil a soulev. Il subit le diktat des techniciens (agronomes, zootechniciens et vtrinaires) et de leurs complices qui touffent toute vellit de construction de dbat non agronomique autour de lagriculture.Cette attitude est possible parce que la recherche sur le dveloppement agricole au Sngal nous semble encore trs insuffisante contrairement celle des sciences agronomiques. Les techniciens forms pour la production doivent reconnatre leurs limites dans llaboration des stratgies de dveloppement agricole. Ils ne sont pas forms pour cela et leurs comptences sont reconnues dans les sciences et techniques de production vgtale (rendement 10t/ha en station) et animale (plus 50% de gestation en Insmination artificielle).Pour la recherche en Sciences sociales agricoles, le Sngal est moins arm. Il nexiste quune seule cole de pense centre sur lexploitation familiale et lOP, une dclinaison de la thorie de la sociologie rurale dinspiration marxiste. Il sagit de lcole de Jacques Faye, ne au CIRAD et dont lIPAR porte le flambeau. Aujourdhui, le pays doit dvelopper la recherche et des coles de pense, pour donner de la matire aux hommes politiques qui veulent construire leur vision de dveloppement agricole ainsi quaux organisations socio-politiques agricoles. LEtat doit jouer un rle important dans le dveloppement des 3 4 coles de pense travers des financements adapts. Les universits composante sciences agricoles doivent aussi jouer leur rle et ne pas se concentrer seulement sur des technologies.Amadou NDIAYE,UFR S2ATAUGB Saint Louis