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Corpus mobile complex - Esadmm - 2007

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Romain Augier | Fouad Bouchoucha | Maria Cavaller | Stephanie Cherpin | Boris Chouvellon | Julie Dawid | Elisabeth Fleury | Jean-Francois Garraud | Louis Gary | Yann Gerstberger | Eulalie Griffard | Rodrigue Lacombe | Jeremy Laffon | Caroline Le Mehaute | Balthazar Leys | Julie Liger | Thomas Lippens | Jessica Luhahe | Damien l’Herbon De Lussats | Lisa Mathieu | Léo Maury | Carolina Moreno Florez | Thaïva Ouaki Karen | David Pergier | Ludivine Reynier | Justin Sanchez | Mayura Torii | Mezli Vega Osorno | Ingrid Vido | Amelie Weirich | Raphaël Bertrand | LN Boul | Yue Cao | Aurélie Carette | Zheng Chen | Marielle Debethune | Maxime Gianni | Bora Hwang | Félix Richard | Ying Tang

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Cette publication réunit les étudiants des options art et design qui ont passé et obtenu leur diplôme de fin d’études (Diplôme national supérieur d’expression plastique) en juin 2007 à l’Ecole supérieure des beaux-arts de Marseille.

Cinq années d’études pour tenter de se rendre disponible « sans limites à l’illimité qu’est l’inattendu tant attendu de l’oeuvre » 1.

Cinq années pour se donner des moyens - ceux transmis par l’académie [l’ESBAM] et les siens propres – afin de se trouver en bonne disposition.

C’est la mi-novembre et… : il neige à Luminy !Est-ce un signe ?

Otto Teichert,15.11.07

« LUI : T’arrive t-il de dire « Ce dessin est mauvais, je ne peux pas le montrer » ou prends-tu tout ce qui vient, les choses dans leur ensemble ? ELLE : je prends l’ensemble. LUI : Tu acceptes ce qui advient comme quelque chose qui devait arriver.ELLE : Ce qui advient, je le prends pour ce qui était prévu, ce que j’attendais sans le savoir. Je ne me pose pas de questions sur ce qui est raté ou réussi. C’est un autre point de vue.(...) En février , j’étais déjà allée à Berlin où j’avais beaucoup dessiné. J’avais fait douze tableaux en trois jours. Il y avait de la neige et du brouillard, je ne voyais pas tout, « ça dessinait » facilement. Quand j’y suis retournée en été, je ne sais pas si c’est à cause de la lumière, mais c’était autrement dessiné, je voyais trop.C’était comme si je ne savais plus dessiner, plus peindre, plus choisir. Du coup, j’en ai fait la nuit et ça a commencé à venir, ça a été beaucoup plus long.Lui : Tu peignais la nuit pour mieux voir ce que tu faisais ?ELLE : Pour mieux voir ce que je peignais. Il y avait moins de détails, c’était plus facile. LUI : Quand tu peignais la nuit, c’était comme peindre sous la neige ?Est-ce que tu as déjà essayé de peindre la nuit sous la neige ?ELLE : Pas encore » ²

1 _ Bernard Stiegler, De la misère symbolique, Ed. Galilée, extrait 20042 _ Raphaëlle Paupert-Borne, Qu’il ferait bon vivre là-dedans, Ed. Al Dante/CRAC Le 19/La Tournure, 2005

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Romain Augier Fouad Bouchoucha Maria Cavaller Stephanie Cherpin Boris Chouvellon Julie Dawid Elisabeth FleuryJean-Francois Garraud Louis Gary Yann Gerstberger Eulalie Griffard Rodrigue Lacombe Jeremy Laffon Caroline Le Mehaute Balthazar LeysJulie LigerThomas Lippens Jessica LuhaheDamien l’Herbon De LussatsMathieu Lisa Léo Maury Carolina Moreno Florez Thaïva Ouaki Karen David Pergier Ludivine Reynier Justin Sanchez Mayura Torii Mezli Vega OsornoIngrid Vido Amelie Weirich

Raphaël BertrandLN BoulYue CaoAurélie CaretteZheng ChenMarielle DebethuneMaxime GianniBora HwangFélix RichardYing Tang

ARt8910111213141516171819202122232425262728293031323334353637

DESIgn40414243444546474849

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Nibh et alisl et la faci tatum iliquis cincinit ad eum vendigna feugiam, consequis nissecte dolobor sum exerat, si.Ent acil euip exercillan ex ex ex er sed tet vel dolore min velis nonseniam, quisit in ullandrer am in ut augue eu feuisim at, vercidunt ad dolestin eugiat praesse ctetum irilisl irilluptat lummy nummy nulla core consequissi ex ero dolenim incin ut ad te vulputpat. Nibh eugait praesse nissis nulla feuismo lummolor adipit, venis dolorem ver sisi tat, quatem inis el dunt lutat ero cortincilis ex et, quatumsandit iniamcommy nostin eugait, senim velenim accum vulla consed ea consectet ilit vent lumsandrem volore modiam doloborem dolortie do essit ate magna coreetumsan henibh elis num do od exerit ip ex exerosto cor summod min esse dolor alit luptat nonsequam do odo elestis do od euguerci eu facipit ad mod euissequam incidunt autpat. Ed min er incin hendiat estrud ex elendrem enismodio duis el utpat dolut ipsusci tionsequipis nullandre do ea con ut nosto er iuscili scillut am irit nis augue tat prat. Unt adipsummod eummolore dolent praesed tem zzrit lore digna feuguer iuscidunt num exercilit ver sit ip eummy non ullumsandit nos nit pratums andreet loreetum zzrit alisl dolor suscincil dolor irit irit incipit, veraessecte et lut utat, commy nos enim zzrilissed molore do od ming eriure feugait volenisi tin veliquip et, quat.Min henim nostie te min euis num aut nim ipissi tat aut atummy nibh et niamet velenis el utpat, vullupt atuercilit loreet lobore consenim inciduipsum quisi.Equis aut lutet, quamcon henim dio eniamco mmodiam nos dolobortinim zzril ut doloreet, conulla cortio et, sustrud tis nim velenis adigna facilit, sustisci blamconsed dolortio estrud te min enisit velessim aci et iriustio core consendreet lore feu feum ing et vel utpat praesed ting ex ea consequam, quatuerit volortin ut dolorpero od mincil et la adipisl irit la faccum nim illa facipsusto conulla core velenim diat. Ut lor sum dolent veniamet wis am, vel iril illa ad magnibh erci te dolorem venim veliquis ex er sum diat. Ese dolenit, suscili quiscipisi blandre mincipsum veliquisl iureet iure tet vullum quamet lore dolorpe rcillam, si eumsandre facinci tation verosto endiat. Erit, sit ea consed tem velisi.Aci essi. Na faciduipis ex et nostrud tio eu facillaore min vullamet lore tie duipsum sandrem qui bla consecte faci exeraesequis dolesent ilit augue feugiat iriure facidunt la facipisl dolesse facipit volore exeraes tionsequip ea feugue modolor erostie mod dunt luptat.Pit nismodolum vullandit dolobor sum aute dignisl deliqui bla feugait, velismodo do eugiamcon ex euisi.Ure modio exerati onsenim iliquisl ilit pratueril utatet, suscip eros do dolenisse facipisl dolutat. Cummodit duis amcon et wissit lamconsequat prat.

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Le point de départ de mon travail prend naissance lors de rencontres, de découvertes et parfois de redécouvertes d’images. Sur toutes sortes de supports, sans distiction aucune. De la publicité aux photos de famille, en passant par les pochettes de disques et les journaux. Tout le spectre de l’image contemporaine. Ce sont des images qui retiennent l’attention du peintre que je suis, pour quelque raison. Je les retiens pour une intégralité (rarement) ou pour un simple détail, une attitude, une expression, une couleur, un objet, n’importe quel fragment qui provoque mon regard, qui provoque un déclic et qui pour moi fait de nouveau « image ». Cela donne naissance à un florilège de données, amassées d’année en année. Je considère cet amas de photographies de journaux ou personnelles, un peu comme un pseudo carnet de croquis, ce ne sont que des outils mis au service de ma jouissance picturale, qui tout simplement me permettent de « jouer à la peinture ». Je suis dans le registre d’une peinture qui se veut instantanée. Au moment de peindre, l’idée est arrivée à maturité, ce qui explique également la relative rapidité avec laquelle mes tableaux sont (doivent être) exécutés. Le caractère de fragment, l’éphémère, l’instantané s’en trouve évidemment d’autant plus accentués. Cette urgence du « faire » dans ma peinture est vraiment importante, cette volonté rapide de marquer mon territoire, de travailler dans le frais de la matière, d’étaler de la couleur sur la surface de la toile, comme un instinct premier, de laisser un trait, une trace, ma propre trace. Je ne sais pas si je serais capable de vous parler clairement de mon amour pour la peinture, et plus particulièrement pour l’acte de peindre. Un moment totalement extraordinaire, qui prend souvent un caractère mystérieux et je partage l’avis de l’artiste Glenn Brown en pensant que effectivement on ne s’y exerce jamais assez. J’aime la liberté de peindre. La peinture est tellement fascinante. J’ai un engouement sincère pour la peinture, pour moi elle demeure enfantine, une émulation ludique, un rêve, un jeu. J’ai compris rapidement que pour moi la peinture ne pouvait être qu’ainsi, une sorte de divertissement. Je ne cherche plus à faire beau, laid, bien peint, mal peint, ça vient, c’est tout. Philip Guston, ce sont des gens comme lui qui m’ont donné le désir de peindre, et de peindre encore et toujours, malgré les… enfin ne parlons pas des choses qui fâchent… ceux qui osent proclamer que « la peinture, c’est fini ! » Mais pour qui? Sûrement pas pour moi.

Mon travail s’articule autour du son et de sa création.Ce qui m’intéresse particulièrement dans ce médium n’est pas seulement la partie audible… En voyage Erasmus à Linz (Autriche), les expériences sonores auxquelles j’ai assisté m’ont fait me poser la question : jusqu’où peut-on aller et dans quelle direction ? L’observation et la découverte d’artistes comme Laurie Anderson, Riodji Ikeda, Carlsten Nikolaï ou Granulard Syntesis ont provoqué beaucoup d’interrogations sur « la musique ». La musique de demain n’irait-elle pas au-delà de l’audition?À partir de quand peut-on parler de musicalité ? À travers différents moyens mis en place : dispositifs, installations, détournements de lieux ou d’interfaces, je propose des pièces autour de la matière sonore et de sa mise en œuvre. J’exploite différentes sensations par des changements d’environnement, des transferts de perceptions (vision, audition, sensations corporelles) et au-delà de certaines limites physiques (sonores et matérielles).

Futur…Suite à mes dernières productions, mes volontés m’emmènent vers des pistes comme le réseau : la notion de schizophonie (« schizo » : divisé et « phoné » : voix) ; la manipulation des sons dans une forme performative ; et la collaboration avec plusieurs artistes sur la question de composition musicale/rapport interface et le moyen de diffusion (spécialisation, outil de retranscription du signal).

Sans titre acrylique et huile sur toile150 x 150 cm2007

Piece « B »Frequence 10Hz9 x 400 watts rms220 x 330 x 110 cm2007

ROMAIn AugIER FOuAD BOuchOuchADiplômé Section Art Diplômé Section Art

Félicitations du [email protected] [email protected] et travaille à Gap (05) vit et travaille à

Marseille (13)

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11 km ce n’est même pas la distance que nous parcourons pour nous rendre au travail. 11Km c’est tellement peu mais pouvoir les franchir représente le rêve de milliers de personnes. 11 km séparent l’Afrique de l’Europe, deux continents si proches et si lointains. Les distances que nous créons sont largement plus difficiles à franchir que celles qui demandent un déplacement physique ; la technologie actuelle nous permet un échange rapide et efficace des valeurs entre différents territoires. L’avion, le bateau, Internet et les moyens de communication nous rapprochent d’autres cultures et en même temps elles provoquent une distance. Les informations que l’on reçoit en continu à travers des mass media influencent forcément notre façon de communiquer ; les informations que nous emmagasinons dans notre inconscient décident de notre rapport avec l’inconnu et sur la manière de rentrer en contact avec ce qui est nouveau.

Si le cœur d’une cité est traditionnellement dévolu à la vie politique et culturelle, sa périphérie est un amas de chantiers, industries et grandes surfaces. C’est pourtant l’émerveillement propre à la monumentalité et la profusion brutale de ces lieux, que s’efforce de reconnaître (rencontrer et honorer) l’œuvre sculptée de Stéphanie Cherpin. Cette reconnaissance est le point de départ de tout un processus sculptural. Explorer, arpenter ces territoires périphériques. Guetter parmi les pièces détachées des magasins de bricolage, dans l’accumulation de matériaux désactivés, les différents éléments d’une structure esthétique, née de leurs combinaisons. À la différence du collage, ces hybridations produisent une altération, un transfert de qualité entre formes et matériaux : la métamorphose d’une baignoire en planches à repasser apparaît alors comme une évidence. Cette même évidence qui nous fait reconnaître dans les brosses multicolores de lavage de voiture ce qu’il faut de majesté pour constituer une œuvre à part entière. L’assemblage ne se fait pas non plus sans travestissements : l’application de peinture comme maquillage, délibérément vulgaire et dérangeant, un maquillage de voiture volée, qui se préoccupe moins d’embellir que de faire effet. C’est une sculpture faite de tension, qui obstrue délibérément le passage, dans laquelle on se prend les pieds. L’inachèvement, notion qui traverse toute l’histoire de la sculpture, est ici largement célébré. Elle ne fige rien, elle fait des propositions, esquisse une multitude de lignes de fuite. Une sculpture limite, qui refuse de s’accomplir, dépouillée de toute sophistication.

De gauche à droite :

Hairspray queenrouleaux de lavagedimensions variables2006

Kabutobaignoire, planches à repasser, mousse, lino, peinture, chaîne150 x 100 x 190 cm2006

11 km extrait de la vidéo2007

MARIA cAvAllER StEphAnIE chERpInDiplômée Section ArtFélicitations du jury

Diplômée Section [email protected] [email protected] et travaille à Barcelone (Espagne)

vit et travaille à Paris (75)

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Mon champ d’exploration se situe à la limite de l’espace urbain et sa périphérie (territoriale, sociale, et humaine). Avec une pratique de la déambulation, je navigue (à pied, en voiture, en train) dans des espaces frontières (voies périphériques, autoroutes, littoraux, cours d’eau). Je tente de reproduire une représentation de la ruine moderne ou se greffe aussi bien zones agricoles, industrielles, commerciales, et zones de construction à l’abandon, oubliées. Tous ces états du monde contemporain sont documentés, photographiés, enregistrés, filmés. Ma méthode de travail consiste à prélever dans le monde réel des objets, des formes, des impressions que je transforme ensuite dans l’espace de l’atelier. Mon but est d’opérer des déplacements et des déconnexions qui en même temps qu’ils amènent des fragments du monde vers une dimension imaginaire en révèlent aussi l’état.Ce processus est à chaque fois une expérience tendue, sur le fil du rasoir, proche du déséquilibre où je tente d’éviter l’enfermement qu’engendre la répétition des formes, des motifs et de la maîtrise. Pour cela, je m’impose des protocoles de travail qui produisent l’épuisement physique, à la limite de la saturation du dégoût, alors que je suis dans la phase de production de mes œuvres. Un acte simple, iconoclaste. Détruire une marchandise symbolisant un rituel. La fête religieuse de Pâques avec ses offrandes. Le chocolat recouvert de l’or symbolisant l’espace sacré, la voûte céleste, notamment dans les mosaïques chrétiennes de la fin de l’antiquité et du début du Moyen–Âge, dans la peinture des primitifs italiens. Cet or qui avant que l’art ne devienne une monnaie d’échange de prestige à la Renaissance est encore le premier des présents que se font les princes entre eux. Une alchimie inversée : au temps où art, science et religion ne font qu’un, tous les hommes lettrés cherchent la formule pour transformer une matière vile en or. Les œufs dorés se transforment en une trace marron. Là l’or se transforme en merde, en boue. Une action qui tient également du geste pictural. Le rouleau compresseur écrase le chocolat tel un artiste broie ses pigments pour les introduire avec des liants dans les composants de sa matière picturale. Le résultat tient du « all over » avec une dispersion et un éclatement du motif où fond et forme ne forment plus qu’un jusqu’à pouvoir dépasser les bords d’un espace placé au sol. Un ouvrier est détourné de son travail habituel, faire des routes, pour une action futile et incongrue. Un geste ridicule où une énorme machine, issue du monde du travail du chantier, de l’aménagement du territoire, est détournée pour servir à une pratique artistique. Le contraste entre le gros rouleau et les œufs fragiles en rajoute encore à cette situation. Les œufs prêts à fondre au soleil sont écrasés avant que l’action naturelle ne fasse son effet et explosent sous le poids de cette nouvelle « broyeuse de chocolat ».

BORIS chOuvEllOnDiplômé Section Art [email protected] vit et travaille à

Marseille (13)

Sans titrevidéo en boucle et installation dimensions variables medium glycéro et œufs de pâques2007

Au sol, sur une surface définie au préalable par un assemblage de feuilles (format raisin), j’essaye de retrouver un état primitif dans le dessin ; qui est à la fois geste (impulsion) et représentation d’un monde onirique qui s’inspire des formes de la nature. J’opère ici des déplacements et des assemblages qui demeurent au final la trace d’une juxtaposition de gestes picturaux. L’œuvre se joue donc dans la densité des strates qui sont mouvement et tricot du sentiment. « Cette composition fragmentaire explose la rigueur du cadre de la feuille. On ne fait pas face à une seule image, un point de vue mais bien un élément comme découpé au lasso, détouré de la surface d’un monde reconstruit propre à Julie Dawid. On éprouve cette impression que de nouvelles pages peuvent encore venir compléter le dessin. On n’est pas devant un seul aperçu. On a l’intuition d’un hors-champ infini. On affronte et on voyage dans la matière même de l’étrange univers qui nous est offert ».

JulIE DAwID Diplômée Section Art Félicitations du jury

[email protected] vit et travaille à Marseille (13)

Sans titretechnique mixte sur papier

350 x 250 cm2007

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« Peindre dans le cadre », constitue d’emblée un premier territoire de la peinture dont elle doit s’emparer et habiter. Ma confrontation directe à l’espace pictural m’engage dans un questionnement gravitant autour des notions de territoire, de franchissement, de passage, de lieu, de zone de rencontre, de périphérie et d’obstacle. Faire l’expérience du tableau, c’est avant tout faire l’expérience de l’espace. La pratique picturale confirme ma présence au monde, elle est une vérification de l’existence. Elle allie le sensible au cognitif. Des allers et retours s’effectuent entre ce qui appartient au domaine de la pensée, du cérébral (« l’Idée », l’intention qui était au préalable), et le champ de l’intuitif, des émotions, du ressenti. Le répertoire formel fait référence à des modèles, oscille entre une représentation classique du paysage et figures abstraites. J’opère par prélèvement à l’intérieur du paysage, j’en extrais l’idée d’une forme, décontextualisant ainsi le fragment et dirigeant la peinture vers les confins de la représentation, là où genres figuratif et abstrait se rencontrent et laissent régner la tension.

ElISABEth FlEuRyDiplômée Section Art Mentionnée

[email protected] vit et travaille à Caen (14)

Ascension décueglycérophtalique et pigment sur toile200 x 222 cm2007

Mon travail d’atelier est nourri de tous mes travaux « en extérieur » : l’atelier est l’espace où vont se concentrer et s’expérimenter à nouveau toutes les expériences et tous les outils, de la peinture à la sculpture. L’assemblage de matériaux de diverses natures et de diverses provenances est la base de mon travail. Les œuvres se créent dans le processus même de l’association d’éléments. Et quand je parle d’éléments, je parle autant des souvenirs, de sensations éprouvées, d’images vues, que des matériaux eux-mêmes… Comme on parle d’associations d’idées, ici les éléments s’assemblent ou se rejettent, se répondent et certains d’entre eux finissent par s’agréger pour composer une forme, que ce soit une toile, une installation ou une sculpture. Par le fait même de ce processus de création, les questions techniques auxquelles je me confronte sont souvent plus proches de l’installation ou de la sculpture que de la peinture. La question de la sculpture devient de plus en plus prégnante…

JEAn-FRAncOIS gARRAuDDiplômé Section Art [email protected] vit et travaille à

Marseille (13)

Dans la tentecire,toile et toile cirée270 x 150 x 90 cm2007

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Le tissu des choses que nous traversons est dense, complexe, obscur ; mais je crois qu’il est continu et que l’on peut le toucher soi-même. Je me méfie des découpages qui semblent aller de soi ; qui posent a priori du sociologique, du naturel ; de l’historique, de l’architectural, du spirituel, de l’artistique, ou bien… On ne peut pas faire des photos avec un projecteur ; mais avec un appareil, oui ; et être alors vraiment équivoque. Dans mon travail, j’ai envie de trouver une intelligence des formes qui ne soit ni narcissique, ni formaliste ; il ne s’agit pas de résoudre le monde, mais seulement de l’avoir, un moment.

lOuIS gARyDiplômé Section Art [email protected] vit et travaille à Nantes (44)

et Paris (75)

Photographie extraitede l’ensemble J’aimais l’Air,tirage pigmentaireenv. 40 x 60 cm2001 - 2007

À mi-chemin entre sculpture et peinture, les assemblages participent à la réalisation d’une parade jubilatoire, emprunte de codes et signes particuliers, des images issues d’une subculture graphique déviante, des lumières stroboscopiques aux manœuvres de surf old school, des paysages tropicaux humides aux pyramides mayas, des peintures de Philip Gustonaux motifs géométriques qui ornent les masques Sulkas.

yAnn gERStBERgERDiplômé Section ArtFélicitations du jury

[email protected] vit et travaille à Paris (75), Marseille (13) et Rio (Brésil)

De gauche à droite :In the laser beamsEye eye eyeLes cheveux dans les yeux, filstechniques mixtes2007

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« Thébaïde », est un film de vingt minutes sur l’errance d’une jeune fille. Le but étant de faire ressortir la recherche de quelque chose à travers l’errance, la traiter comme une retraite du monde, en faisant ressortir plus de questionnements que d’actions. Transformer l’errance en quête, un peu à l’image de Tarkovski dans Stalker. Le territoire traversé, ici la ville, devient ce que l’état psychologique du personnage en fait. Le personnage est comme autiste ; ses pensées, ses sentiments, ne sont pas traduits par la parole mais plutôt à travers son attitude, sa conduite, ses gestes. La jeune fille est « paumée », elle semble vide, un vide psychologique traduit par la ville désertée la nuit, le vide narratif, ce qui me rapproche de film comme « Le désert rouge » d’Antonioni. Le but était de faire co-exister la réalité du monde, à travers des plans documentaires de la ville, et la subjectivité amenée par l’état psychologique de la jeune fille dans le film. La scène du cinéma est une mise en abîme, du cinéma dans le cinéma, et un clin d’œil à la scène dans le cinéma du film « Vivre sa vie » de Godard. Elle montre surtout mes questionnements sur la manière dont moi, jeune artiste, je dois concevoir l’art, sur la manière que j’ai choisie de montrer la ville avec les extraits du documentaire « Lettre à Freddy Buache ». Le court-métrage de Godard sur la ville de Lausanne, m’a permis de mieux poser mes idées sur ce que je voulais dire ou montrer à travers mon film et sur ce que pouvait représenter la ville et ses personnages. À l’inverse de ce que dit Ernst Lubitsh « Si vous savez filmer des montagnes, filmer de l’eau et du vert, vous saurez filmer des hommes », je commence par filmer un visage et je termine sur un paysage.

J’ai un goût pour ce qui est de l’ordre de l’erreur et de l’inachevé. Pour moi, il est important de laisser quelques défauts de montage dans mes films ou des erreurs de cadrage et de mise au point dans mes photographies. J’avais envie de me concentrer beaucoup plus sur le dessin, par ce que c’est quelque chose dont je ne peux pas me passer. On retrouve le dessin dans la plupart de mes travaux. De même que confronter les médiums est très important pour moi. Je fais aussi de la photographie, mais je n’éprouve pas de satisfaction dans cet unique médium. J’ai le besoin d’y ajouter des traits, des rayures, d’y voir quelque chose qui se rapproche de mon dessin.

EulAlIE gRIFFARD Diplômée Section ArtMentionnée

[email protected] vit et travaille àMarseille (13)

Images extraites de Thébaïde 20 min env.2007

Faim de gauche à droite : 253 x 150 cm et 219 x 150 cmencre de chine sur papier et toile2007

RODRIguE lAcOMBE Diplômé Section Art [email protected] vit et travaille à

Marseille (13)

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Ma recherche artistique débute par un travail exclusivement pictural et poétique, puis s’élargit peu à peu vers les champs de la performance et de la vidéo, tout en maintenant le lien avec une expression poétique révélant différentes influences. En collaborant avec divers lieux alternatifs, j’expérimente différents processus évolutifs, constituant aujourd’hui un langage singulier, gravitant autour de l’idée d’opposition entre maîtrise et non-maîtrise des phénomènes, et interrogeant le rapport à l’œuvre au travers une rigueur ironique envers le processus de création et la relation au spectateur. Usurpateur ou amateur professionnel, je décline le rôle de l’artiste errant avec un regard empreint d’humour et de cynisme, usant du stéréotype pour interroger les limites du geste artistique. Le geste obsessionnel et répétitif, concentré mais nonchalant, est la contrainte permettant au personnage de ne pas se perdre dans cette immensité étrangère, et s’il s’y perd, sa balle est bien la branche à laquelle il peut se rattraper. Cela révèle un certain état de boulimie d’être, de devenir, de création compulsive. Plus qu’une vidéo d’art : une histoire d’amour. Affublé d’une raquette de ping-pong et de manchettes chinoises – habituellement portées par les femmes effectuant une tâche manuelle -, le personnage-artiste se fait le protagoniste d’une déambulation touristico-performative au fil des rues d’une mégalopole chinoise. Le voyage est pour lui prétexte au stage de formation, celui de « maître de gravité ». Alors que cet artiste touriste devient outil, la balle et la raquette deviennent matière, les différents modes de transport (marche, bus, pousse-pousse ou taxi) sont, au fil des situations, le support d’une certaine idée de résistance – physique et métaphorique -, une certaine idée d’un art du refus, stoïcisme appliqué au champ contemporain.

Couler – dedans Tremper - doucementEvider – jusqu’à trouverColorer – en profondeurRemuer – pour faire surfaceEtaler – muscles et nerfsLisser – la monstruositéCoudre – l’enveloppeRetirer – de l’empreinte Ajouter – les liquides

puis assembler, lier.

Quelque chose se tend…Quelque chose se perce…Quelque chose se protège…Quelque chose se propage… Quelque chose se propose.

Maintenir un doute, rendre la chose incertaine.

Une monstruosité latente, contenue derrière une préciosité qui rend moins visible ce qui est pourtant évident : des physiques hors normes, des dysfonctionnements.Ou peut-être des fonctionnements différents…

Question d’équilibre, de fragilité, d’identité et d’altérité, de conjugaisons et de rencontres.

JEREMy lAFFOn Diplômé Section ArtMentionné

[email protected] vit et travaille àMarseille (13)

Ping Pong Master Playervidéo17 min. 302006 - 2007

Négociation 6 : Maculaocre, plâtre75 x 470 x 300 cm2005 - 2007

cAROlInE lE MÉhAutÉDiplômée Section ArtMentionnée

[email protected] vit et travaille à Toulouse (31)

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Mon travail pictural réaffirme l’expérience esthétique comme enjeu primordial de la peinture. Cette expérience esthétique est pour moi le lieu d’un échange émancipateur unique avec le spectateur. Dans, et par l’expérience esthétique, s’offre la possibilité de s’extraire d’un monde trop imparfait et aliénant. « L’art nous est donné pour ne pas mourir de la réalité ». (F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra) Les peintures que je présente montrent des paysages désertés par l’homme, des refuges à côté du monde, d’où je regarde le monde. Le souvenir des lieux de ma propre histoire me sert de modèle au travers du prisme de mes souvenirs et des liens affectifs qui me lient à eux. Ces souvenirs guident ma main quand je commence à les peindre. Je cherche alors des équivalents plastiques à une vision intérieure, par l’utilisation du geste, de la forme et de la couleur. L’aspiration romantique est alors relayée par une sensibilité pop qui cherche à faire vibrer les couleurs jusqu’à leur paroxysme et simplifie les formes pour plus d’efficacité graphique. Ces paysages invitent le spectateur à venir s’extraire du monde, afin de laisser place en lui à un état de pure liberté.

Mon travail est au carrefour entre deux pratiques contemporaines de l’art :Mon imagerie est proche de celle de Virginie Barré et je partage sa volonté de créer une constellation de « micro récits », volontairement lacunaires, éclatés, et bifurquants. Ils exigent la complicité du spectateur pour êtres achevés ou résolus. C’est à lui d’en imaginer la trame narrative possible. Je souhaite que le spectateur fasse son propre chemin dans les images et je le laisse libre de son interprétation. Je ne partage toutefois pas son registre. Je dirai que mes préoccupations sont plus proches de pratiques artistiques dites de mythologies personnelles ou d’autofiction. En effet, mon iconographie n’est constituée que de personnes avec lesquelles j’entretiens un lien affectif ou familial. Et tout comme Véronique Ellena, je m’intéresse aux stéréotypes sociaux et notamment aux rites de passage, aux cérémonies… (Grands moments de la vie, 1999). Je propose une certaine subjectivité de regards qui croisent ma biographie, dans l’appropriation et l’interprétation d’évènements familiaux. Les images que j’utilise pour mes réalisations sont uniquement des images photographiques, accumulées en grand nombre et de différentes manières : photos de famille, souvenirs (pas nécessairement réalisés par moi), projets artistiques passés. Toutes proviennent de différentes périodes, les plus anciennes datant de la fin des années 60, les plus récentes n’ont que quelques mois. Une fois ces images numérisées, je dessine par-dessus avec des outils informatiques. Je choisis de garder uniquement ce qui m’intéresse dans l’image, un geste, un personnage… J’ôte, je ne rajoute jamais d’éléments. Presque toujours, le contexte est remplacé par un aplat coloré ou seulement par la réserve blanche. Parfois je décide d’ensembles, mais la plupart du temps, les réalisations sont une. Je présente ces travaux sous forme d’affiches imprimées, sur papier et collées au mur.

BAlthAzAR lEySDiplômé Section ArtMentionné

[email protected] vit et travaille àMarseille (13)

Tree house150 x 150 cm huile et acrylique sur toile, 2007

sans titreimpression jet d’encre sur papier300 x 450 cm env.2007

JulIE lIgERDiplômée Section Art [email protected] vit et travaille à

Marseille (13)

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La lutherie expérimentale est l’énigme autour de laquelle le travail de Thomas Lippens s’étend. Tous les objets, tous les matériaux, tous les savoirs-faires sont conviés à la recherche de solutions à cette énigme, quelles qu’elles soient. Entre la chose et sa vibration existent cent instruments, mille justesses, il s’agit d’en pointer quelques-unes. Pour ce qui est des objets, ce sont la sirène, la radio et la cloche qui sont investis. Objets de réunion. Pour ce qui est des matériaux, ce sont tiges filetées et rondelles, scotch et fûts métalliques, toiles de coton et colle de peau, pics à brochette, liège, plastique, et le reste. L’empirisme est le premier outil de ce travail, le microphone le second. L’empirisme creuse à bras le corps, le microphone fouille méticuleusement, scalpel, zoom, loupe, il vise entre les feuilles. Il est lui-même un instrument de musique. Au final, c’est un instrument de musique qui naît, et la réunion de plusieurs d’entre eux crée l’orchestre ou le dispositif d’écoute, prêt à être jouer puisque telle est sa finalité.

Du brouillard, des brouillons, de l’insaisissable à saisir au filet de pêche, du trop plein, du vide ou du presque rien, un désert de poussière de pensées… au milieu, en arrêt sur image, le doute de l’équilibriste qui éternue.

Chercher, trouver, chercher retrouver, chercher à chercher à retrouver, sur la piste de, être sur la piste de, je voudrai, je voudrai toujours, revenir ainsi, retrouver comme cela, et ça n’est, ça n’est pas possible, voyez-vous, parce que le temps. Le temps. Le temps passe, je l’ai trouvé dans le puit, le temps était dans le puit, avec, avec nos petites pensées perdues, le temps y était ; et, et les petites pensées étaient dans le puit avec lui. Souvenirs.

Le temps arrêté : un flottement, un reflet, une illusion, une chose en train de tomber, figée dans sa chute. L’arrêt sur image dans un brouillard de petites pensées perdues, seul vestige de ce qui a été.

thOMAS lIppEnSDiplômé Section ArtMentionné

[email protected] vit et travaille àMarseille (13)

33 tours et puis s’en vontSirène d’alerte, platine vinyl, amplification320 x 320 cm2007

JESSIcA luhAhÉDiplômée Section ArtFélicitations du jury

[email protected] vit et travaille à Marseille (13)

Et puis vint l’hivervidéo2 min 15 2007

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Le travail de l’image vidéo est inscrit dans une continuité avec les Arts et le Cinéma, j’use de leurs motifs tout en restant hors des chemins de la réalisation traditionnelle. C’est une cuisine familiale où ce qui a été stocké depuis longtemps peut se retrouver mélangé à ce qui vient juste d’être tourné. Je commence presque toujours par l’image plus que par l’idée, car elle la porte en elle et il suffit alors de lui laisser le temps de se montrer. Mes réalisations vidéo actuelles se situent entre le cinéma documentaire et celui de fiction, mes premiers travaux étaient proches de l’installation et de la performance par la mise en scène d’objets ou de moi-même. Sans rechercher à les transformer ou leur ajouter des effets, - bien qu’elles soient souvent découpées, réduites et altérées - les images montées sont exploitées encore chaudes et restituent ce qui me touche pour se jouer des habitudes de notre regard.

DAMIEn l’hERBOn DE luSSAtSDiplômé Section Art [email protected] vit et travaille à

Marseille (13)

Vidéo sans titretriptyque7 min 32mai 2007

« Il faut que l’artiste, à pied ou à cheval, sillonne de ses voyages une bonne partie de l’univers, et alors seulement, il pourra prendre le pinceau » Shi-t’ao Voyages, souvenirs, sensations nourrissent l’expérience esthétique. Ma peinture prend source dans la rencontre avec l’autre. L’humain, le visage est une terre que je ne suis jamais lasse d’explorer, un paysage d’une beauté unique. Mon travail s’est ouvert sur un programme : peindre des têtes. Dans l’espace pictural, des strates invisibles, des phases d’esquisse, de séchage, de silence délivrent l’intuition.Le processus est lent. L’acte est plein de l’essence du monde, plein de vibrations colorées, de lumière pour que de l’espace de la toile ou de la feuille naisse une image. La peinture est une expérience intime et universelle, une survie spirituelle pour « n’être au monde »…

lISA MAthIEu Diplômé Section Art [email protected] vit et travaille à

Marseille (13)

sans titrehuile sur toile27 x 35 cm2007

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Ce travail est tout d’abord un journal sonore, réalisé entièrement sur place, dans l’instant. Le plus souvent, j’ai travaillé et composé les morceaux le jour même où les sons ont été enregistrés. C’est-à-dire, créer des pièces sonores sur des anecdotes, ou des moments qui viennent juste de se dérouler, travailler sur des ambiances volontairement sans recul, juste selon le ressenti immédiat. Ces documents sonores, enregistrés en divers lieux et diverses circonstances témoignent de moments vécus parfois même oubliés. Ces atmosphères et anecdotes sont retravaillées de manière très baroque. Elles sont exacerbées par les différences entre ces souvenirs et ma réalité. Ainsi, l’improvisation devient un regard intuitif sur ces souvenirs, un lien entre le passé, frénétique, et l’avenir, incertain. Voici donc une collection de lieux et de moments, de murs et de personnes, dans des villes et des rues qui ne sont plus que des souvenirs pour moi. On peut les prendre comme des improvisations sur des fragments choisis de hasard, de quotidien et de vie. De retour à Marseille après six mois passés en Inde, j’avais une quantité de « souvenirs » enregistrés, de séquences, d’anecdotes, et bruits de la vie quotidienne. Il n’était pas question pour moi de dresser un portrait réaliste de l’Inde, ou du voyage – mais de réinterpréter ce voyage comme un rêve, un souvenir flou entre le réel et le fantasme. Je ne voulais pas faire un documentaire sonore, rigide et minimaliste, mais plutôt des créations musicales plus baroques, nerveuses, parfois romantiques.

lÉO MAuRyDiplômé Section ArtMentionné

[email protected] vit et travaille à Marseille (13)

RepèresDu papier, mon dessin glisse sur les murs, le plafond, le sol… Lorsque l’on travaille avec ces ruptures d’échelle et de repère, il n’y a plus d’incongruité. Le spectateur est alors introduit dans l’espace du dessin mural. J’utilise des situations clichées, des images que l’on a déjà tous vues. Je compresse, recharge un tas d’éléments pour les emmener à une implosion de sens. Les formes sont toujours sur fond blanc et ne sont jamais contextualisées. J’évacue le décor. Le sujet est isolé, suspendu. Aussi bien dans les dessins que dans les films d’animation, je ne prémédite jamais des histoires, ce sont des amorces de récits. Je suis spectatrice de l’évolution de mes personnages féminins lorsque que je les mets en relation avec des objets, des individus ou dans une situation.L’image est prête quand à l’intérieur une tension semble produire un récit ou un événement.

Champ de référencesLes dessins de Zeina Abirached. Les démarches artistiques de Monica Bonvicini, Louise Bourgois, Frida Kahlo, Annette Messager, Sophie Calle, Beatriz Cussol, Kiki Smith. Les gravures de Jose Guadalupe Posada. Les peintures de Wanguechi Mutu, Aya Takano, Machida Kumi, Fabien Verchaere. « Franck Film » de Frank Mouris. Les films de Miyazaki. « King Kong théorie » de Virginie Despentes, « Persepolis » de Marjane Satrapi, Gabriel GarciaMarquez et tout son imaginaire lequel a marqué mon enfance. « Pink » de Kyoko Okazaki, « Kytaro » de Shigeru Mizuky. Les BD de Joann Sfar.

cAROlInA MOREnO FlOREz Diplômée Section Art [email protected] vit et travaille à

Marseille (13)

Femme au travailacrylique sur mur300 x 400 cm2007

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Ma démarche envisage l’espace d’un point de vue qualitatif, du point de vue de sa symbolique. Je me suis peu à peu recentrée sur les lieux dont la seule fonction est d’être occupés temporairement, d’être foulés sans être investis. Ils m’apparaissent comme des lieux « suspendus », coupés du temps et de l’espace social. Les images qui composent la série « Les Chiens » participent de cette réflexion. Les cages de la SPA normées et identiques m’ont semblé être le bon moyen d’évoquer l’interaction qui opère entre les notions d’espace et d’identité et le risque de perte d’identité lié à l’uniformisation. Le travail de prise de vue a respecté un protocole assez strict : distance au modèle, frontalité, hauteur étaient les mêmes afin de donner une unité à l’ensemble de la série. Mais le travail du tirage des photographies a aussi été essentiel car il m’a permis de biffer la silhouette des chiens et de contraster les numéros des cages pour qu’ils apparaissent de loin comme la seule différence apparente entre les images.

thAïvA-KAREn OuAKIDiplômée Section ArtMentionnée

[email protected] vit et travaille à Marseille (13)

S’il n’y a plus d’ironie, la bestialisation s’installe. C’est à dire l’esprit de sérieux, l’esprit de plomb, le retour de tous les archaïsmes qui nous menacent de toute part. Est ce que le savoir intéresse et doit intéresser le peuple (le plus grand nombre) ? C’est une question que je me pose. Il s’agit de nous interroger sur l’apparence proprement humaine des animaux comme des insectes, leur caractère d’objet humanisé, notre manière d’aborder les relations entre nous et eux. L’homme est le prédateur, chasseur, cueilleur, puis éleveur et cultivateur, l’homme a eu besoin pour assurer sa survie de décoder le comportement des autres espèces. Je m’interroge sur le glissement de la résistance passive à la soumission.

DAvID pERgIER Diplômé Section Art [email protected] vit et travaille à Paris (75)

UZZA KRETZacrylique sur toile100 x 60 cm2007Les Chiens

Six photographies noir & blanc Tirage sur papier baryté Contrecollage sur aluminium50 x 60 cm2006

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La ligne est, pour moi, la manière la plus directe et la plus radicale pour envahir un espace.Sans masse, sans poids, elle a la facilité d’être tendue, étirée et de pouvoir le redécouper. Malgré sa finesse, le trait matérialisé, comme un fil par exemple, peut diviser et délimiter un lieu. Les axes de construction redessinent l’objet, le recomposent avec ses contours. Je vais chercher les traits principaux et internes les plus forts qui vont pouvoir être relayés par les barres de métal, solides, réellement présentes et permettant un déploiement se réappropriant l’espace. Par ailleurs, mes sculptures priviligient un dispositif autonome s’exerçant dans la structure interne. C’est avec l’objet comme point de départ que le spectateur est invité à faire circuler son regard dans un réseau. Par l’encombrement et le dérangement, il ne peut éviter la sculpture qui occupe la pièce, développant ainsi un rapport physique avec lui. Le grand format permet aussi une élévation du regard qui change le rapport à l’objet dans la sculpture.

luDIvInE REynIER Diplômée Section Art

[email protected] vit et travaille à Marseille (13)

Pulvérisateurpulvérisateur de sable, barres d’acier (ronds lisses)230 x 190 x 150 cm2007

En croisant des images personnelles et d’autres qui convoquent l’imaginaire collectif, Justin Sanchez crée des situations qui se dérobent, ou en tout cas qui dépendent de ce que l’imagination veut bien nous permettre. La structure d’un avion de papier démesuré est arrêtée dans son vol par la cimaise. De petites voitures Majorette © privées de leurs roues viennent narguer une grande usine Total ©. Des balles de tennis survolent le château de La Belle au Bois Dormant de Walt Disney © telles des étoiles, vous pouvez faire un vœux ! Avec la pièce « sans titre » s’opère un glissement. L’assemblage empirique de formes et d’objets ne met personne à l’abri d’une surprise, le double de l’artiste subit une métamorphose kafkaïenne, encore moins d’une évidence. S’il en est une à trouver ici, c’est celle de la posture de l’artiste : paralysé par un contenant trop étroit pour se mouvoir, et trop massif pour faire office de nouveau corps, il s’accorde le plaisir de se sentir filer à bord d’un engin profilé, sur une voie qu’il lui reste à tracer.

sans titremoquette ou peinture verte,sauna, silicone170 x 90 x 90 cmavril 2007

JuStIn SAnchEz Diplômé Section Art [email protected] vit et travaille à

Marseille (13)

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Après avoir quitté le Japon en 1998, j’ai vécu au États-Unis, en Allemagne et en France où j’ai découvert différentes cultures et différents modes de vie qui ont été un point de départ dans ma démarche artistique.

LANGUES :Mes difficultés à l’encontre des langues étrangères m’ont poussé à les développer dans mon travail.J’ai entamé une série de recherches qui tentent de mettre en évidence ces différences de grammaire, de sonorité et de phonétiques entre les langues.communication - malentendu - incompréhensibilité - non sens - absurdité - langue factice - etc. LOCAL/GLOBAL :Contexte (non) spécifique : lieu, gens, culture, histoire, temps, code, symbole, etc.

PETITE IDÉE SPECTACULAIRE/GROSSE IDÉE IMPERCEPTIBLE : Je m’intéresse au décalage entre la définition d’une œuvreet sa réalité physique.idée - processus - apparence

MAyuRA tORIIDiplômée Section ArtFélicitations du jury

[email protected]

tableau de conjugaisonverbes japonaislivre 10 pages14,5 x 21 cm2006

bokétrebokétrantbokéru

je bokétstu bokétsil bokétn. bokétonsv. bokétezils bokétent

bokétaisbokétaisbokétaitbokétionsbokétiezbokétaient

bokétisbokétisbokétitbokétîmesbokétîtesbokétirent

bokéteraibokéterasbokéterabokéteronsbokéterezbokéteront

bokéteraisbokéteraisbokéteraitbokéterionsbokéteriezbokéteraient

bokétebokétesbokétebokétionsbokétiezbokétent

bokétissebokétissesbokétîtbokétissionsbokétissiezbokétissent

je gambattstu gambattsil gambattn. gambattonsv. gambattezils gambattent

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gambattisgambattisgambattitgambattîmesgambattîtesgambattirent

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je chôshininottstu chôshininottsil chôshininottn. chôshininottonsv. chôshininottezils chôshininottent

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chôshininottre chôshininottantchôshinottu

présent imparfait passé simple futur simple condit. présent subjonc. présent subjonc. imparfait

agairusseagairussesagairûtagairussionsagairussiezagairussient

j’agairouetu agairouesil agairouen. agairouonsv. agairouezils agaierouent

agairouaisagairouaisagairouaitagairouionsagairouiezagairouaient

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j‘assoboustu assobousil assoboutn. assobonsv. assobouezils assobouent

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dôjôsourourdôjôsourourantdôjôsuru

- 1 - - 2 -

Je ne construis pas mes images au préalable. J’opère mes choix en fonction d’un lieu et d’une atmosphère donnés. Ce qui me retient, c’est le rapport qui va s’établir entre ces objets. Je fais un état du lieu. Je travaille à partir d’un existant sur lequel j’interviens dans une certaine mesure. Mon but est alors de ramener tous les objets, les détails, sur le même plan. La pauvreté des matériaux et la trivialité des objets rassemblés déjouent ma tentative de les assimiler à des situations réelles, ce qui en fait de véritables allégories de la précarité de toutes choses. Mes compositions sont éphémères et destinées à la prise de vue. Il s’agit non seulement d’un lieu donné(un squat a Rotterdam) mais aussi d’un instant fixé. Ces lieux vétustes et abandonnés ont un potentiel. En ce sens la réhabilitation d’un lieu peut être considéré en lui-même comme un acte artistique. Mes interventions sont de cet ordre, je ressens un potentiel dans un lieu, un espace, dans les objets qui s’y trouvent. Je m’applique à le révéler et à le fixer. Ce n’est pas tant ce potentiel que je déploie mais plutôt la vision de cet autre possible qui est en fait une interprétation personnelle. Je suis active et non pas dans l’attente du moment opportun.Pourquoi mettre tout à plat dans mes images ? Sans doute pour me permettre de rajouter cette troisième dimension qui est celle de l’incertitude, de l’entre-deux.

Sans titresérie « s de luxe »impression digitale100 x 80 cm2007

MEzlI vEgA OSORnODiplômée Section Art [email protected] vit et travaille à

Rotterdam (Pays-Bas)vit et travaille à Marseille (13)

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Ingrid Vido utilise l’image comme outil de confrontation à l’autre. C’est pour elle un moyen de comprendre et de travailler le monde. Son travail se constitue d’images brutes et directes issues du documentaire, dont l’apparente simplicité soulève les questions du rapport à l’autre, à l’espace et au temps. Que l’on soit dans un rapport direct à l’autre comme dans l’installation « Nous serions Mongols » (2007) ou dans une confrontation plus distante, comme dans la pièce « Travelling » (2007), la question de la difficulté de comprendre le monde se conjugue avec celle de notre capacité à le voir et à l’entendre. La communication problématique entre les acteurs, la vidéaste et les spectateurs, ouvre une fenêtre sur le déroulement cru d’un monde qui s’offre en spectacle sans jamais nous appartenir. Comment le voir ? Comment le comprendre ? Comment le raconter ? L’écran devient alors la frontière physique entre ces mondes incarnant la difficulté de se les approprier mais servant de support à notre propre projection, comme un espace de possibilités. Ingrid Vido met aussi un monde plus intime à l’épreuve dans des travaux comme « photos » (2005-2007) ou dans « nous »(2005). On y voit des représentations de « l’Autre », plus intimes, plus rapprochées mais en même temps plus difficiles à cerner. Le monde en soi pose problème, son existence est une image, la caméra vidéo et l’appareil photo ne captent plus le monde mais la question fondamentale de sa réalité.

IngRID vIDO Diplômée Section Art [email protected]

Nous serions Mongolsinstallation video 2007

Le corps de l’adulte est mis en scène, en quête de jeux, de légèretés et de plaisirs tactiles à l’aide de gadgets provenant de pinatas, de bonbons ou de tattoos Malabars. Fonctionnant souvent en diptyque, ces photographies à la fois légères et saturées illustrent à leur manière « picturale », comme des natures mortes en clair-obscur, une partie de ma réalité sociale libidineuse et infantile dans laquelle le mot de passe serait « toujours plus de fun, plus de pop » - sans engagement apparent. La sensation d’insatisfaction qui peut en résulter est toujours présente dans l’ensemble de mon travail. Elle est aussi l’enjeu d’une démarche plus mentale influencée par l’art conceptuel. Celle-ci se concentre effectivement à construire des images ou des installations qui, par les saturations d’éléments qu’elles comportent ou cherchent à décrire, finissent par s’effacer. L’image, par vanité, gicle, s’éparpille, échoue…

Let’s have funPhographies numériques2007

AMElIE wEIRIch [email protected] vit et travaille à

Paris (75)vit et travaille en Pologne Diplômée Section Art

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Le design, des questions au-delà des formes

Il n’existe pas d’enseignement sans questionnements fondateurs, en somme sans projet. Faire en sorte que les étudiants se questionnent et expérimentent leur aptitude à se projeter dans le monde, c’est d’abord les interroger sur ce monde. Questionner et expérimenter sont deux dimensions complémentaires, qui se nourrissent mutuellement de feed-back, de boucles d’information, de ré-ajustements permanents et informatifs, une attitude moderne qui met en oeuvre des procédés itératifs et heuristiques. Le design est une création contextuelle, son enjeu est de produire, de construire du réel. Mais là-aussi, le monde n’est pas une donnée neutre. C’est le regard du designer, avec ses centres d’intérêt, ses interrogations, ses qualités particulières, voire ses décalages qui qualifie la projection et le positionnement du créateur. Regarder, c’est opérer des sélections, des choix, des liens entre les choses. Regarder, c’est aussi s’engager.

Ronan Kerdreux,designer,professeur au sein du studio Lentigo,coordinateur pédagogique de la phase projet de l’option design à l’Esbam.

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Issus d’une tradition bourgeoise, nous en avons son héritage culturel. Je travaille autour de cet héritage culturel et j’essaie de le mettre en valeur à travers mes projets. Je parle ici de récupération historique et d’éclectisme. D’abord mouvement architectural et décoratif, l’éclectisme est apparu au XIX ème siècle en pleine révolution industrielle. Aujourd’hui, alors que nous vivons une autre mutation, la désindustrialisation, l’éclectisme marque son retour (rétro-marking, design nostalgique…) J’essaie d’aborder ces données à travers le design (son marketing, ses icônes, sa valeur signe, son ostentation, sa mystique culturelle, ses simulacres…)

RAphAël BERtRAnDDiplômé Section DesignMentionné

[email protected]. monsieurraphael.com

vit et travaille à Paris (75)

Comme Philippe Starck, je suis née le 18 janvier, mais la comparaison s’arrête là. J’ai 27 ans, un parcours pas toujours très droit, et une sérieuse conscience de la réalité de la vie.Après avoir travaillé pendant 3 ans à m’occuper des autres, je rentre aux Beaux Arts de Marseille en 2002. Le design m’apparait alors comme une évidence, un formidable terrain de jeux où tout résonne en moi, comme une énorme envie de partage, d’expression, de rêve et d’évasion. Je consacre donc ces années d’études à me cultiver, m’ouvrir au monde, multiplier les expériences, rencontrer des gens, tisser un réseau, voyager : Londres, Sénégal, Mali, Tunisie, Brésil, Italie… Les relations humaines m’intéressent, celles que nous entretenons avec les objets également. Ils conditionnent la perception que nous avons de nous mêmes et de notre entourage, et les us et coutumes varient selon l’endroit du globe où nous nous trouvons. Certains objets affirment leur fonction, d’autres tentent de nous la faire oublier… Certains nous surprennent par un matériau ou une texture inattendue, une prise en main inhabituelle… Être designer c’est essayer d’améliorer notre cadre de vie au quotidien, en nous amenant aussi à réfléchir sur notre rapport aux objets. J’ai passé 5 ans de ma vie à créer mon métier, desormais diplômée (et félicitée), ce n’est que le début d’une belle aventure…

ln BOulDiplômée Section DesignFélicitations du jury

[email protected]

vit et travaille à Marseille (13)

projets divers2002-2007

Rietveld Sportphotomontage/simulation 3D2006

Page 22: Corpus mobile complex - Esadmm - 2007

42 DNSEP Design_________________________________________________________________________________________________

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Depuis très longtemps, le modèle et la disposition de notre maison sont définis par l’architecture. Quand on entre dans une nouvelle maison, l’espace est déjà défini par les cloisons et les murs. Il y a deux chambres, une salle de bain, une cuisine, une salle de séjour, etc. Les cloisons délimitent les espaces et en même temps elles forment plein de couloirs et des espaces inutiles. Les meubles doivent être à la bonne taille pour convenir à chaque chambre. L’espace est morcelé par les cloisons et les meubles. Le grand espace devient petit, le petit espace devient plus petit, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un couloir pour marcher. Notre mode de vie a tellement changé. Nous avons besoin de liberté, la liberté de choisir, de changer. Il y a des gens qui voudraient apprendre par leur propre expérience dans les différents environnements, mais ils n’ont pas assez d’espace pour mettre les objets, ou alors ils ne sont pas assez riches pour tous les acheter etc. Comme designer, je voudrais créer de nouveaux meubles qui définissent les différents espaces. On peut vivre différemment et avoir un moyen plus libre.

yuE cAODiplômé Section Design [email protected] vit et travaille à

Marseille (13)

Entre la surprise et le piège, cet objet parait incontrôlable, et déplace ainsi sa fonction. Il passe du statut d’objet asservi et vaincu, à celui d’objet inquiétant et mettant en péril le spectateur. En renversant son statut de regardé à regardeur, il devient lui-même spectateur du passage du visiteur. Bouleversant ainsi tous les principes, il devient inquiétant, tel un témoin de tous nos passages, de tous nos actes. La liberté du spectateur est mise en difficulté. Cette pièce se veut être une mise en garde contre la réduction de notre libre arbitre, de la liberté individuelle de chacun d’agir dans la société.

AuRÉlIE cAREttEDiplômée Section Design [email protected] vit et travaille à

Marseille (13)

Trophéetête de cerf, yeux de verre,

servomoteurs, module de commande des servomoteurs, bloc

alimentation PC, interface midi/usb, Webcam, ordinateur

2007

Définir un espace de la maisonphotomontage2007

Page 23: Corpus mobile complex - Esadmm - 2007

44 DNSEP Design_________________________________________________________________________________________________

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Proposition d’équipements pour donner des zones d’espaces verts sur le chantier de la ville de Marseille

La ville est le lieu de rencontre privilégiée de toutes les attentes aussi contradictoires soient-elles : la permanence et le ponctuel, le proche et le lointain, l’individuel et le collectif, le micro et le macro… Les grandes cités concentrent l’habitat, les transports, les services, l’emploi, la culture, les loisirs et les espaces publics sont aujourd’hui en mutation.La ville aujourd’hui se modifie par des opérations de grande envergure. Notamment à Marseille, la Ville a lancé, il y a dix ans, un vaste projet de réaménagement urbain qui devrait s’achever en 2012.

Objectif du projet :Éliminer les éléments rigides du chantier, pour atteindre le but de séparation et de protection.

zhEng chEnDiplômé Section Design [email protected]

www.ibiodesign.comvit et travaille à Marseille (13)

19h42… Exactement 12 minutes avant de quitter Marseille… un flottement dans le hall, un incessant lancer de fusées humaines et me voilà « côté fenêtre », n°134. Le 6107 me déposera à Barcelone dans quelques heures. Déjà la perspective d’une instabilité prolongée me rend nerveuse. Un petit animal vient se loger dans ma cage thoracique. Ses caractéristiques physiques (taille, poids, énergie, sensibilité) évoluent en fonction de variables que je ne maîtrise pas. Aujourd’hui les variables ont l’air de jouer en ma faveur. Le petit animal est sage. Le projectionniste met alors la machine en route. Dans un cliquetis caractéristique la bobine se déroule, ceci dans une horizontalité peu commune, mais plaisante. Les fenêtres deviennent des écrans alignés qui diffusent des images d’espaces réels. Toutefois le développement du film semble être malléable, en tout cas il n’a rien à voir avec la dernière version que j’ai pu voir. Dans la salle, les spectateurs ne sont pas tous attentifs ; certains sont bruyants. Je navigue malgré tout dans l’image… entre un agréable état de suspension et une répulsion due à la trop grande linéarité de la narration. Des bribes de souvenirs s’entrechoquent et me reviennent en mémoire… Une certaine forme de contemplation… qui à ce moment précis ne se rattache à aucun qualificatif, aucune situation précise… Je finis donc par me laisser envahir par la sensation d’effacement que procurent toutes les salles obscures. Ce moment où la nuit fait perdre la conscience de soi et permet d’échapper pour un temps à cette enveloppe charnelle devenue inactive et groggy. Pendant un temps je ne suis plus, je n’ai plus de nom, mes origines sont déjà loin et ma destination échangeable à tout moment… Pourtant, bientôt, une annonce célibataire me rappellera que toute fiction a une fin, et les lumières se rallumeront… Et mon identité me reviendra plus certaine que jamais… Mon statut est désormais celui de l’étranger et le plus grand racisme se passe dans ma tête… À moi de partager ce que je peux donner, non pas ce qu’on me demande… À moi de m’approprier ce nouveau lieu, de m’impliquer, à moi de cultiver ma curiosité au-delà des clichés de Barcelone… À moi de me reposer la question une fois la quotidienneté installée. La ville est là, à mon entière disposition…

MARIEllE DEBEthunEDiplômée Section Design [email protected]

Chantier vertphotomontage2007

À découper selon mes pointillésphotographie numérique2007

Araignée citadineassise en gomme élastique tressée

2007

vit et travaille à Barcelone (Espagne)

Page 24: Corpus mobile complex - Esadmm - 2007

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Mon projet consiste à explorer et à mettre en lumière des situations représentatives de ce que l’on est prêt à faire et à subir pour correspondre au modèle idéal de notre époque. J’entends par là, créer des objets et des dispositifs sociologiquement et psychologiquement provocants permettant à leurs utilisateurs d’atteindre, ou de correspondre à un idéal choisi. Mon but est de me mettre au service de ces idéaux de manière simple et directe, afin de produire une critique des modèles que l’on nous propose, et de nos aspirations à les reproduire, à les adopter, et à y adhérer. Ainsi les objets que je produis matérialisent un ensemble de conventions creuses et illusoires, images consécutives de notre société, preuves matérielles que notre mode de vie est de plus en plus artificiel.

Les objets :-Anorex :Cet objet a pour seule et unique fonction, de permettre aux boulimiques et anorexiques de se faire vomir.-Babymool :Est un dispositif qui permet aux parents de contrôler le développement du visage de leur enfant. Afin de lui éviter certaines tares physiques et héréditaires.-Fume-cigarette :Il permet aux personnes qui ont eu un cancer de la gorge, ou une trachéotomie, de continuer à fumer.-Amiante shoot :Est une bombe anti-agression à l’amiante.

MAxIME gIAnnIDiplômé Section Design [email protected]

maximegianni.comvit et travaille à Marseille (13)

Un petit changement amène… un résultat dans la ville

Est-ce que les utilisateurs représentent leurs personnalités et leurs caractères par le design urbain ? Comment apparaissent-ils ? Et avec quels éléments ?Est-ce que les fonctions des éléments qui sont sélectionnés ont changé ?Est-ce que ces éléments fonctionnent et fonctionneront toujours de la même façon ?Est-ce que leurs utilisations ont changé ?Est-ce que les changements d’utilisation ont été influencés par la ville et par la vie des gens ?Est-ce que les éléments installés actuellement répondent bien aux changements d’utilisation ?Est-ce que les remplacements de nouveaux designs urbains peuvent amener quelque chose ? La question est de savoir comment on vit dans la ville en s’amusant et en prenant du plaisir à vivre. Mes nouvelles propositions pour le design urbain adoptent les changements liés à la vie dans la ville et s’inspirent de l’action des utilisateurs. J’espère que les gens dans la ville pourront profiter de mon travail et ainsi prendre un moment agréable au sein de leur ville.

BORA hwAngDiplômée Section Design [email protected]

Anorex :Prototype en bois laqué, avec cristal de Swarovsky.Destiné à être réalisé en porcelaine.2007

étude sur s’asseoir60 x 60 cm2007

vit et travaille à Marseille (13)

Page 25: Corpus mobile complex - Esadmm - 2007

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Axe de travail :Je m’interroge sur les objets en essayant de mettre en valeur leurs usages et leurs existences. Les notions de nécessité et d’utilité m’ont amené à m’interroger sur l’accessoire. Pour mon diplôme, j’ai choisi le contexte de l’art de la table qui regroupe mes préoccupations sur les objets et leurs différentes relations usuelles, fonctionnelles, sémantiques. J’ai conçu des objets qui s’inscrivent à différents degrés sur l’échelle de l’utilité. Ces objets jouent avec les rituels et les traditions qui leurs sont liés.

Explication des verres à Pastis :Au contact des glaçons, l’anéthol gèle et forme des paillettes (l’anéthol est l’essence d’anis étoilé, composant essentiel du pastis). Cette manière de servir un pastis n’est jamais conseillée par les fabricants. Ce verre permet d’éviter ce phénomène et de doser le volume de pastis (environ 3cl). Le fond du verre maintient les glaçons au dessus du pastis avant que l’on serve l’eau.

FÉlIx RIchARDDiplômé Section Design [email protected]

www.felixrichard.comvit et travaille à Marseille (13)

Les inventions de la nature

Pour moi, le design est une exploration entre la nature et la technologie. Les éléments naturels guident mon travail et lui apportent des principes de conception. Le but de ma démarche est d’intégrer le langage formel naturel dans mes productions. Dans le projet « Rosée – Papier peint », l’idée est venue par la rosée du matin, elle est quasi-imperceptible pour les citadins. Je l’utilise afin que les gens puissent la sentir. Lors de mes recherches, j’ai découvert que la rosée pouvait se matérialiser sur différentes surfaces et sous différentes formes. J’ai donc décidé de laisser la rosée se déposer sur du papier réactif pour faire apparaître des motifs. Conception et fabrication du dispositif : Acheter un chou violet (2,89 euro) et deux bouteilles d’alcool éthylique médicinal (1,23 euro). Couper le chou en morceaux, le plonger dans l’alcool éthylique et laisser infuser dix minutes. Placer le papier blanc dans le liquide pour l’imbiber. Laissez sécher à l’aube pour que la rosée matinale s’y dépose. Examiner le changement de couleur. Il est possible de changer la valeur du ph de la solution pour obtenir des teintes différentes. (ce dispositif est inoffensif pour la nature)

yIng tAngDiplômé Section Design [email protected]

Verres à pastisverres soufflés en pyrexlogo 51 sablé2007

Papier-peintphotomontage2007

vit et travaille à Marseille (13)