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Corrigé de l’examen 

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Page 1: Corrigé de l’examen 

Corrigé de l’examen : commentaire composé sur un extrait de « Riquet à la houppe »

I L’univers du conte populaire1° Des personnages stéréotypés

- « Riquet à la houppe » est caractérisé par un signe physique distinctif (cf définition du Littré : étymologie : on dit qu’en normand, riquet veut dire contrefait, bossu), et la « Princesse » est définie par son statut social (jeune fille noble à marier).

- Des personnages stylisés : autant la Princesse est laide (mais cela n’apparaît pas dans cet extrait), autant Riquet accumule les traits de laideur (3è paragraphe du texte), ce qui le rapproche du monstre.

- Surtout, des systèmes d’opposition, binaires (beau/laid), mis ici en valeur par la transformation du personnage (« le plus beau, le mieux fait, le plus aimable »).

2° Une intrigue rondement menée- Mise en valeur de la rapidité des événements par les tournures

grammaticales temporelles : « n’eut pas plus tôt prononcé ces paroles que… », « la Princesse lui promit sur le champ », « Dès le lendemain, les noces furent faites » ; et comme dans un conte, ce sont les noces qui concluent le récit.

- La présence de la magie, qui passe par les souhaits : « si vous m’aimez assez pour souhaiter que cela soit », « je souhaite de tout mon cœur… » ; e caractère redondant et quasi réversible des propos échangés dans le dialogue donne un effet de répétition que l’on peut rapprocher de la formule magique

3° Un narrateur présent et actif- le présent d’énonciation et l’ « appel à témoins » (« quelques-uns assurent

que… » « Ils disent… ») rappellent la position active du conteur dans la tradition orale. Légitimer sa parole : « …est moins un conte que la vérité même »

- L’introduction de la moralité rappelle aussi la valeur didactique traditionnellement associée au genre du conte, avec ici une forte explicitation de la leçon à retenir.

II En arrière-plan, l’univers de la galanterie1° L’art de la conversation

- simplicité et modestie des propos : « Si cela est ainsi…Comment cela se peut-il ?...Cela se fera »

- délicatesse de la demande (et l’apostrophe « Madame ») dont le style soutenu atténue le caractère direct.

2° Les valeurs de la haute société sous Louis XIV- outre la beauté, qui n’est pas sans valeur (« le plus beau, le mieux fait, et le

plus aimable… »), ce sont d’abord des qualités d’âme que le conteur invite

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à considérer (comme la Princesse par Riquet) : « la persévérance de son amant, (…) sa discrétion, (…) toutes les bonnes qualités de son âme et de son esprit » ; sur ces qualités se fonde l’ « estime », prémisse et fondement de l’amour au 17è (cf. La princesse de Clèves de Mme de La Fayette)

- ces qualités régissent aussi l’ordre social : le père accepte pour gendre ce « prince très spirituel et très sage »

- On note que l’intelligence de Riquet lui donnait la certitude de son succès (cf. dernière phrase).

3° Parler d’amour Perrault écrit dans le contexte de la préciosité (à revoir : mouvement littéraire et social important pour comprendre l’univers des salons, où l’on aime notamment à parler l’amour et des règles qui le régissent.). La première morale rappelle aussi l’univers des moralistes (comme La Rochefoucauld ou La Bruyère) qui analysent et peignent les ressorts du cœur humains.

III La Fontaine ou l’art de l’ambiguïté1° L’humour ou l’art du double discours

- Perrault introduit avec discrétion la possibilité d’une interprétation autre que celle de la magie : « Riquet à la Houppe parut à ses yeux… » : tout est une question de focalisation narrative, de point de vue

- En accumulant à la fois les traits marquant la laideur du personnage et les comparaisons euphémisantes (« le bon air d’un homme qui fait le gros dos… » « un certain air penché qui la charmait… »), le narrateur crée un effet comique qui induit un doute certain sur la transformation opérée. L’humour réside aussi dans la gradation de ces comparaisons, de plus en plus flatteuses (« quelque chose de martial et d’héroïque »)

2° Réversibilité des morales - non seulement beauté et esprit sont réversibles (noter le parallélisme

rigoureux entre les deux derniers vers de la première morale)…- mais il est nécessaire de noter et de commenter l’introduction d’une

seconde morale : vient-elle invalider la précédente ? introduire un 3è degré de lecture ? « dé-moraliser » la morale ? car le narrateur semble au fond dire que l’Amour ne dépend ni de la beauté ni de l’esprit, mais d’un « agrément invisible » (c’est la part d’irrationalité de l’amour) qui rend, d’une certaine façon, la fable vaine et oiseuse…