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" Cosa Mentale, le dessin comme trace " Dessins contemporains Renaud Contet, sans titre, 2005, technique mixte, 40 x 22 cm ©Torregrossa

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" Cosa Mentale, le dessin comme trace "

Dessins contemporains

Renaud Contet, sans titre, 2005, technique mixte, 40 x 22 cm ©Torregrossa

A partir du 22 juillet, la galerie VivoEquidem met à l’honneur les arts graphiques en proposant une exposition collective de dessins contemporains. « Cosa Mentale, Le dessin comme trace » réunit quatre talents : Renaud Contet, Michèle Iznardo, Catherine Raynal et Benyounès Semtati. Chacun dans leur style, ces artistes nous font la démonstration de la vivacité du dessin actuel et de l’importance de cet art. Dans l’histoire de l’art, la victoire de la couleur, et donc de la peinture, a eu pour effet de déconsidérer les arts graphiques, en faisant apparaître ses productions comme plus rudimentaires et moins nobles que les tableaux. Pourtant, cet art sup-pose bien des ressources et des promesses. Car le dessin est la matérialisation d’une forme, d’une idée ou d’une intention : une «Cosa Mentale» et jusqu’au XVII ème siècle le mot «dessin» s’orthographiait encore «dessein». Comment en effet imaginer composer un tableau ou modeler une sculpture sans avoir au préalable esquissé ne serait-ce que quelques traits sur la toile ou le papier ? Le dessin est également une trace, autrement dit, ce qui reste d’une chose qui a existé ou qui existe encore. Ainsi redéfini, les arts graphiques redeviennent un art majeur, ce qu’il sont assurément, et cette exposition entend bien le démontrer.Pour nos quatre artistes, nul besoin d’avoir à rappeler la place essentielle du dessin dans les arts. Surgies de leur inconscient, leurs créations révèlent la singularité et la force de leurs univers faits tour à tour de paysages recomposés (Michèle Iznardo), d’images surréalistes (Benyounès Semtati), de dessins automatiques (Catherine Raynal) ou de corps voluptueux (Renaud Contet).

Exposition : “ Cosa Mentale, Le dessin comme trace ” à la galerie VivoEquidem

Communiqué de presse www.vivoequidem.net

Contact Presse Peggy GarinetTél. : 06 30 74 32 [email protected]

L’exposition " Cosa Mentale, Le dessin comme trace " est présentée du 22 juillet au 11 octobre 2008, à la galerie VivoEquidem, 113, rue du Cherche-Midi, 75006 Paris Tél.: 09 61 26 92 13 M° DurocMail : [email protected]

Horaires d’ouverturedu lundi au samedi, de 14h à 19h30 et sur rendez-vous.

Soirée de présentation de l’exposition : le 11 septembre de 19 à 22 h

Le dossier de presse est disponible en téléchargement à l’adresse suivante :

"Cosa Mentale,

Le dessin comme trace "

Exposition de dessins contemporains à la galerie VivoEquidem

du 22 juillet au 11 octobre 2008

http://blog.vivoequidem.net/fichiers/487cf38324ef3.pdf

Renaud Contet (Maroc, 1949)

Renaud Contet s’est consacré pendant dix ans au portrait, celui de tous les habitants d’un village de Bourgogne. Cette commande d’un musée sur la figure humaine a abouti à diver-ses expositions. Revenu enfin à sa première passion, le trait, il retrouve le plaisir de tracer des corps sur du papier. L’instant immédiat capté sans retour possible, lui permet de trou-ver une vérité éphémère, mais puissante et sans contestation possible. Le corps humain est dans ses dessins traité de manière claire et l’on découvre une filiation évidente avec Matisse. La vision brutale et violente de ses peintures est alors apaisée dans ses dessins, émerveillée même.

Michèle Iznardo (France, 1957)

Avec ce panneau de neuf dessins au fusain, sur le thème du paysage, Michèle Iznardo cherche à confronter la verticalité de notre regard à l’horizontalité du paysage. Chaque panneau représente un espace particulier, un espace recomposé fait d’éléments figuratifs : pierres, montagnes, lignes de champs, collines… qui se développe et où les éléments semblent parfois s’amplifier ou disparaître. Une géologie de l’espace qui modifie les dis-tances et qui fait appel à la mémoire du peintre. L’espace n’est plus la représentation na-turaliste du paysage mais devient plutôt un champ mental : le lieu de tous les possibles. Une peinture ni figurative, ni abstraite mais qui, avec ses propres formes, rend compte de la profondeur de la nature. Un regard singulier sur l’espace où l’on pourrait citer Sima : «les dimensions de l’espace en dehors de nous et en nous, autour, partout, tout au fond de la tête». Catherine Raynal (France, 1952)

Se laissant guider par le geste, sans idée préconçue à l’avance, Catherine Raynal a réa-lisé une série de dessins de petits formats. De cette “écriture” automatique, il en résulte des formes variées (croix, éléments d’architecture, figures humaines) inspirées par son in-conscient mais liées par des thèmes récurrents : le conditionnement, la mémoire des lieux ou des gens, le rôle du père, la souffrance liée à la disparition de la mère. Les éléments d’architecture font ainsi le lien avec le père et le grand-père qui étaient des bâtisseurs. Sans titres - «On ne peut pas toujours nommer ce que l’on fait» nous dit Catherine Raynal - ces dessins sont réalisés selon une technique mixte à base d’encre de chine, de peinture acrylique blanche et de blanc correcteur. Benyounès Semtati (Maroc, 1966)

Surgies de son inconscient, les images fixées sur le papier par Benyounès Semtati révè-lent l’univers singulier de cet artiste né au Maroc. Ces images mentales donc, aux formes tantôt abstraites, tantôt figuratives, réelles ou non, permettent une lecture personnelle de l’oeuvre. Exécutées à l’encre de chine et au crayon gras, elles appartiennent à une série réalisée en 2006. Aux côtés de ces dessins, sont également présentées deux toiles. El-les relèvent d’un ensemble de quatre oeuvres - Les Objets – datant de 2002. L’artiste y a accumulé les formes jusqu’à saturation, entraînant le regard à pénétrer l’oeuvre, à n’en plus s’en détacher, afin d’en apprécier toutes les composantes. On est en effet comme hypnotisé par ses toiles aux détails innombrables, cherchant les références artistiques et personnelles placées ça et là par l’artiste.

Michèle Iznardo ©Torregrossa

Benyounès Semtati ©Torregrossa

Renaud Contet ©Torregrossa

Catherine Raynal ©Torregrossa

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Catherine Raynal, sans titre, 2007, technique mixte, 11 x 17 cm ©Torregrossa

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Michèle Iznardo, Paysage, 2008, pierre noire, 50 x 50 cm ©Torregrossa

Michèle Iznardo, Paysage, 2008, pierre noire, 50 x 50 cm ©Torregrossa

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Exposer des dessins est à la fois une chose aisée et compliquée pour les mêmes raisons: on regarde le dessin plus directement que la pein-ture. Il ne semble pas y avoir certains intermédiai-res comme par exemple la technique ou l’histoire de l’art. Inutile ainsi de distinguer le panneau de la toile, l’huile de l’acrylique, le clair-obscur de l’im-pressionnisme. Il s’agit d’une facilité et l’on peut s’en réjouir. Cependant, puisqu’il n’y a rien qui contraint apparemment l’accès au dessin, de la même façon, rien ne paraît franchement séparer l’art de l’artisa-nat, l’intention de l’accident et nous nous retrouvons cette fois devant une difficulté de compréhension.

Ces oppositions qui séparent peinture et dessin sont évidemment fausses quand on y regarde d’un peu plus près. Le dessin est un art majeur sans aucun doute, mais il reste néanmoins présent à l’esprit des idées toutes faites. Ainsi, le dessin est souvent associé à un support : le papier, à un médium : le crayon, le fusain, le stylo, l’encre, et enfin à l’absen-ce de couleur. Nous l’avons dit, tout cela n’est pas exact. Le dessin peut être réalisé sur de la toile, ou tout autre sup-port, avec des pinceaux et être coloré, mais il sub-siste l’impression, l’idée générale que le dessin est plus rudimentaire que la peinture, moins compliqué, moins parfait, moins noble et plus limitatif s’agissant de la liberté artistique. Bref, c’est plus une question de technique que de sens artistique et, lorsque l’on dit que tel peintre est un mauvais dessinateur, il ne semble pas que l’on réduise particulièrement son talent.

L’idée d’esquisse et sa proximité avec le dessin ac-centue encore l’impression d’inachevé, de grossier, de préparatoire à quelque chose de plus abouti. Le tracé d’un plan, n’est en effet qu’une visualisation en deux dimensions d’une réalisation définitive et autre-ment compliquée, que ce soit une architecture, une sculpture, le déplacement d’un lieu à un autre ou bien encore le projet d’une attaque de banque. Le plan prévoit, élabore, conçoit, mais n’est en fait pas concret.

Pourtant, dans les exemples cités, il y a quelque chose d’intéressant et cela est résumé tout entier dans l’axiome de Degas rapporté par Valéry : « le

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dessin n’est pas la forme, il est la manière de voir la forme ». De fait, le plan d’une construction, sans être cette construction, en est certainement l’idée dématériali-sée la plus aboutie. Une approche directe du visible sans l’intermédiaire de la réalité matérielle. Autre-ment dit, ce plan, ce dessin est au plus près du « dessein » de l’architecte, c’est sa cosa mentale. Cette acception était courante jusqu’au XVIIIème siècle où le « dessin » tel qu’on le conçoit aujourd’hui s’orthographiait encore « dessein ». Venu tout droit du disegno italien, le mot supportait à la fois l’idée de forme, d’idée et d’intention et pas seulement le concept d’habileté manuelle et technique.

La victoire de la couleur - donc de la peinture- a longtemps circonscrit le dessin dans sa significa-tion la plus étroite. Pourtant, cet art suppose bien des ressources. Le trait du dessin est en effet une trace, autrement dit, ce qui reste d’une chose qui a existé ou qui existe encore, mais qui n’est pas for-cément visible immédiatement ou matériellement. Lorsque la jeune Corinthienne a dessiné le profil de son amant dans son sommeil en traçant sur le mur le contour de son ombre produite par la lumière d’une bougie, elle a voulu intentionnellement garder la trace du jeune homme qui partait à la guerre, sa réalité la plus intime. L’ombre, est devenu un trait et le dessin d’aujourd’hui est certainement encore l’ombre de quelque chose.

Le dessin est donc la captation d’une chose existan-te, vue et peu importe que cette trace soit sans vo-lume ni couleur ou d’une forme approximative ; elle a autant de réalité que la photographie sur plaque de verre de l’époque de Degas. Les clichés étaient flous, en noir et blanc, peu stable et pourtant, mal-gré ces incertitudes, ils étaient considérés comme d’authentiques réalités.

Le dessin est de même nature. Ce qui est repré-senté existe et sa trace peut être perçue par l’œil. Voilà pourquoi il faut regarder autrement le dessin et ne pas chercher la similitude de la représentation. Il faut simplement voir une réalité : ce qui est. En faisant simplement cet effort mental, on s’aper-cevra alors de toute la richesse et de la puissance de cet art.

Max TorregrossaJuillet 2008