Cours - Arithmetique Des Entiers Relatifs 14

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    Arithmtique des entiers relatifs

    1 Division dans Z

    1.1 Relation de divisibilit

    Dfinition (Divisibilit, diviseur, multiple) Soient a, b Z. On dit que a divise b, ou que a est un diviseur de b, ouque b est divisible par a, ou que b est un multiple de a, sil existe k Z tel que b = ak. Cette relation se note a|b.

    Thorme (Proprits de la relation de divisibilit) Soient a, b, c, d Z.

    (i) La relation de divisibilit | est rflexive et transitive sur Z, cest mme une relation dordre sur N, mais elle nestpas antisymtrique sur Z car : a|b et b|a |a| = |b| a = b ou a = b.

    (ii) Si d|a et si d|b, alors d(au+ bv) pour tous u, v Z.

    (iii) Si a|b et si c|d, alors ac|bd. En particulier, si a|b, alors ak|bk pour tout k N.

    Dmonstration

    (i) Dj prouv au chapitre Relations dordre .

    (ii) Si d|a et d|b, alors a = dk et b = dl pour certains k, l Z, donc au+ bv = d(ku+ vl) avec ku+ vl Z pourtous u, v Z, donc enfin d

    (au+ bv).(iii) Si a|b et c|d, alors b = ak et d = cl pour certains k, l Z, donc bd = (ac)(kl) avec kl Z, bref ac|bd.

    1.2 Relation de congruence modulo un entier

    Dfinition (Relation de congruence modulo un entier) Soient n N et a, b Z. On dit que a est congru b modulon si n

    (b a), i.e. sil existe k Z tel que b = a+ kn. Cette relation se note a b [n].

    Explication Les relations de congruence gnralisent la relation de divisibilit : n|a a 0 [n].

    Thorme (Proprits de la relation de congruence) Soient a, a, b, b Z et m,n N.

    (i) Relation dquivalence : La relation [n] est rflexive, symtrique et transitive.

    (ii) Somme : Si a b [n] et si a b [n], alors a+ a b+ b [n].

    (iii) Produit : Si a b [n] et si a b [n], alors aa bb [n].En particulier, si a b [n], alors ak bk [n] pour tout k N.

    (iv) Multiplication/division par un entier non nul : Si m 6= 0 : a b [n] am bm [mn].

    Dmonstration

    (i) Rflexivit et symtrie sont immdiates, montrons seulement la transitivit. Soient a, b, c Z. Si a b [n]et b c [n], alors n

    (b a) et n(c b), donc par somme n(c a), i.e. a c [n].(ii) Si a b [n] et a b [n], alors n

    (b a) et n(b a), donc par somme n((b + b) (a + a)), i.e.a+ a b+ b [n].

    (iii) Remarque : bb aa = b(b a) + a(b a). Du coup, si a b [n] et a b [n], alors n(b a) et

    n(b a), donc n(b(b a) + a(b a)), i.e. n(bb aa), ou encore aa bb [n].

    (iv) Enfin : a b [n] n(b a) m6=0 mnm(b a) am bm [mn].

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    1.3 Division euclidienne

    Thorme (Division euclidienne) Soient a Z et b N. Il existe un et un seul couple (q, r) Z N tel que :

    a = bq + r et 0 6 r 6 b 1 (ou encore : 0 6 r < b).

    On appelle a le dividende de la division euclidienne de a par b, b son diviseur, q son quotient et r son reste.

    Par ailleurs : q =ab

    et r a [b].

    Explication

    Le thorme de la division euclidienne est un rsultat dexistence et dunicit : voil lessentiel.

    En termes de congruences, le thorme de la division euclidienne affirme simplement que tout entier relatif a est congrumodulo b un unique entier r compris entre 0 et b 1. Par exemple, on peut ramener lentier a = 123 lun desentiers 0, 1, 2, 3 ou 4 modulo b = 5. Prcisment : 123

    a

    = 5b

    24q

    + 3r

    , et donc 123 3 [5].

    Dmonstration

    Existence : Lide de la preuve est simple. Si a est positif, on lui retranche b une fois, deux fois, trois fois. . .jusqu ce que a ait presque compltement fondu, cest--dire jusquau moment o le rsultat est comprisentre 0 et b 1. Si a est ngatif, on fait pareil mais en ajoutant b au lieu de le retrancher.

    Lensemble D ={a bk

    }kZ

    N est une partie non vide de N il contient a si a > 0 et a(1 b) si a < 0

    donc possde un plus petit lment r. Pour un certain q Z, on peut donc crire ceci : a = bq + r,et bien sr r > 0. Se peut-il quon ait r > b ? Si ctait le cas, a b(q + 1) = r b serait un lment de Dstrictement plus petit que r = minD impossible. Conclusion : 0 6 r 6 b 1.

    Unicit : Soient (q, r) et (q, r) deux couples de la division euclidienne de a par b. Aussitt |r r| 6 b 1,mais par ailleurs b(q q) = r r.Supposons q 6= q. Dans ce cas |q q| > 1, donc : b 6 b|q q| = |r r| 6 b 1, donc b 6 b 1 contradiction. Conclusion : q = q, donc aussitt r = a bq = a bq = r.

    Pour finir, comme 0 6 r = a bq < b, alors :a

    b 1 < q 6

    a

    b, donc en effet q =

    a

    b

    .

    En pratique (Algorithme de la division euclidienne) On vient de le voir, le couple (q, r) de la divisioneuclidienne de a par b se calcule partir de a par une srie dadditions/soustractions. Hlas, si le principe est simple, sa miseen uvre parat pnible. Pour diviser 1000 par 3, sommes-nous vraiment obligs deffectuer 333 soustractions ? Oui et non. Enralit, vous pratiquez sans le savoir la division euclidienne depuis votre plus tendre enfance.

    Tchons de le comprendre sur la division de 347 par 5. Dans un premier temps, on retranche en apparence6 5 = 30 de 34, mais en fait on retranche 60 5 = 300 de 347 puisque le 6 apparat comme chiffre desdizaines dans le quotient. Dans un second temps, on retranche 9 5 = 45 de 47. Au total, on a donc effectu69 soustractions mais en deux fois seulement : dabord 60, puis 9. Le reste obtenu est 2.

    3 4 7 3 0 (0)

    4 7 4 5

    2

    5

    6 9

    Conclusion : diviser, cest soustraire. Pour un ordinateur, un grand nombre de soustractions nest pas un

    problme. Pour nous autres cerveaux cen est un. Nous compensons en apprenant et en utilisant les tables de multiplication,car a nous le faisons vite et bien. Cest grce aux tables de multiplication que nous avons trouv les chiffres 6 et 9 duquotient dans lexemple prcdent.

    Exemple Soient x, y, z Z trois entiers solutions de lquation de Fermat x3 + y3 = z3. Alors lun des entiers x, y ou z estdivisible par 3.

    En effet Raisonnons par labsurde en supposant que ni x ni y ni z nest divisible par 3.

    x [9] x2 [9] x3 [9]

    1 1 1

    2 4 8 1

    4 16 2 8 1

    5 4 16 2 8 1

    7 2 4 8 1

    8 1 1 1

    Alors le reste de la division euclidienne de x par 9 est lun desentiers 1, 2, 4, 5, 7, 8 on peut rejeter les cas 0, 3 et 6. Etudionsun un ces diffrents cas dans le tableau ci-contre. Il en ressortque x3 1 [9]. On montrerait de mme que y3 1 [9] et quez3 1 [9].

    Or par hypothse x3 + y3 z3 [9]. A gauche on a modulo 9 soit1 + 1 = 2, soit 1 1 = 0, soit 1 + 1 = 0, soit 1 1 = 2, et droite 1. Impossible !

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    Exemple Le reste de la division euclidienne de 265362 par 7 est 2.

    En effet La dmonstration de ce rsultat est trs longue si on applique lalgorithme prcdent comme unrustre, car lentier 265362 possde prs de 20000 dcimales. Or on remarque que 23 8 1 [7]. Cest lide-pharede cet exemple : dnicher, si elle existe, la premire puissance de 2 congrue 1 modulo 7.

    On divise alors 65362 par 3 : 65362 = 3 21787 + 1 et aussitt 265362 (23)21787 21 121787 2 2 [7].

    2 Diviseurs et multiples communs

    Rappelons toutes fins utiles que la relation de divisibilit est une relation dordre sur N.

    Dfinition (Diviseur commun, multiple commun) Soient a, b Z.

    On appelle diviseur commun de a et b tout entier relatif qui est la fois un diviseur de a et un diviseur de b.

    On appelle multiple commun de a et b tout entier relatif qui est la fois un multiple de a et un multiple de b.

    Explication Dans le cas o a et b sont positifs, alors au sens de la divisibilit :

    lensemble des diviseurs communs positifs de a et b est aussi lensemble des minorants de{a, b

    },

    lensemble des multiples communs positifs de a et b est aussi lensemble des majorants de{a, b

    }.

    2.1 PGCD

    Dfinition (PGCD) Soient a, b Z. On appelle plus grand commun diviseur (ou PGCD) de a et b tout entier d Zsatisfaisant les deux assertions :

    d est un diviseur commun de a et b, tout diviseur commun de a et b divise d.

    Explication Rappelons que lorsque a et b sont positifs, alors au sens de la divisibilit :

    Borne infrieure = Plus grand minorant = Plus grand commun diviseur = PGCD.

    Existe-t-il toujours des PGCD ? Combien ? Les deux thormes qui suivent sont essentiels. Nous les prouverons simultanment.

    Thorme (Existence et unicit du PGCD) Soient a, b Z.

    Existence : Lensemble des diviseurs communs positifs de a et b possde un plus grand lment au sens de ladivisibilit not a b. Cet entier positif a b est un PGCD de a et b mais on lappelle en fait le PGCD de a et b.

    Unicit : Le seul autre PGCD de a et b est lentier (a b).

    Explication Par exemple, les diviseurs communs positifs de 12 et 18 sont 1, 2, 3 et 6, donc : 12 18 = 6. On ditque 6 est le PGCD de 12 et 18, mais en revanche que 6 est un PGCD de 12 et 18.

    Thorme (Relations de Bzout) Soient a, b Z.Il existe des entiers u, v Z tels que a b = au+ bv. Une telle dcomposition de a b est appele une relation de Bzout.

    $ $ $ Attention ! Les entiers u et v ne sont pas du tout uniques.Par exemple, 4 6 = 2 et on a la fois 4 (1) + 6 1 = 2 et 4 2 + 6 (1) = 2.

    Dmonstration

    Unicit : Si d et d sont deux PGCD de a et b, alors ils se co-divisent par dfinition i.e. se divisentmutuellement donc |d| = |d|.

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    Existence et relations de Bzout : Si a = b = 0, alors 0 est un diviseur commun positif de a et b,ncessairement le plus grand puisque tout entier divise 0.

    Supposons dsormais a 6= 0 ou b 6= 0. Comme alors |a|+ |b| (aZ+bZ)N, lensemble (aZ+bZ)N est unepartie non vide de N donc possde un plus petit lment d. Cet entier naturel non nul d scrit d = au+ bvpour certains u, v Z tiens, une relation de Bzout. Il nous reste montrer que d est un PGCD de a et b.

    Pour montrer que d est un diviseur commun de a et b, il suffit de le prouver pour a par symtrie desrles de a et b. La division euclidienne de a par d scrit a = dq + r pour certains q, r Z avec 0 6 r < d.Dans ces conditions, r (aZ+ bZ) N car r = a dq = a (au+ bv)q = a(1 uq) bvq. Or r < d et dest le plus petit lment de (aZ+ bZ) N donc forcment r = 0. Cest bien dire que d divise a.

    Ensuite, tout diviseur commun de a et b divise d puisque d = au+ bv.

    La preuve prcdente a ceci dinconfortable quelle ne nous explique pas comment calculer le PGCD ou les coefficients dunerelation de Bzout. Deux algorithmes y pourvoient ci-dessous : lalgorithme dEuclide et lalgorithme de Bzout.

    Thorme (Ide fondamentale de lalgorithme dEuclide) Soient a Z et b N. On note r le reste de la divisioneuclidienne de a par b. Alors a b = b r.

    Dmonstration Notons q le quotient de la division euclidienne de a par b. Montrer que a b = b r revient montrer que ces deux entiers positifs se divisent lun lautre.

    Pour commencer, a b divise a et b, donc aussi b et r puisque r = a bq, donc enfin a b divise b r.

    De mme, b r divise b et r, donc aussi a et b puisque a = bq + r, donc enfin b r divise a b.

    En pratique (Algorithme dEuclide)

    Soient a, b Z. Lalgorithme dEuclide va nous permettre de calculer rapidement le PGCD de a et b. Tout dabord,a b = |a| si b = 0 et a b = |b| si a = 0. Ensuite, a b = |a| |b|. Enfin, videmment, a b = b a. Nous pouvons doncsupposer que 0 < b 6 a. On dfinit alors les entiers naturels r0, r1, r2 . . . de la faon suivante :

    Au dpart, on pose r0 = a et r1 = b.

    Ensuite, pour k N, tant que rk+1 6= 0, on note rk+2 le reste de la division euclidienne de rk par rk+1 en particulier, rk+2 < rk+1.

    A lissue de cette construction : r0 > r1 > r2 > r3 > . . . > 0. Comme il nexiste quun nombre fini dentiers naturelsentre 0 et r0, on obtient forcment rN = 0 pour un certain N N

    . Alors rN1 est le dernier reste non nul de lasuite r0, r1, r2 . . . et en vertu de lide fondamentale de lalgorithme dEuclide :

    a b = r0 r1 = r1 r2 = r2 r3 = . . . = rN1 rN = rN1 0 = rN1.

    Conclusion : a b est le dernier reste non nul de la suite des restes successifs r0, r1, r2 . . .

    Appliquons cela sur un exemple simple : 1542 58 = 2. Il sagit seulement deffectuer quelques divisions euclidiennes :1542 = 26 58 + 34, 58 = 1 34 + 24, 34 = 1 24 + 10, 24 = 2 10 + 4, 10 = 2 4 + 2 et 4 = 2 2 + 0.

    Dernier restenon nul

    En pratique (Algorithme de Bzout) Nous prsenterons cet algorithme sur un exemple, celui du PGCD de525 et 3080 et dune relation de Bzout associe. On commence par mettre en uvre lalgorithme dEuclide :

    r0 3080 = 5

    r1525 +

    r2455 ,

    r1525 = 1

    r2455 +

    r370 ,

    r2455 = 6

    r370 +

    r435 ,

    r370 = 2

    r435 +

    r50 .

    Le dernier reste non nul est 35 : 5253080 = 35. Partons alors de lavant-dernire division sous la forme

    r435 =

    r2455 6

    r370 .

    Nous allons y liminer progressivement r3 puis r2, nous aurons ainsi exprim r4 = 35 en fonction de r0 = 3080 et r1 = 525.

    525 3080 =

    r435 =

    r2455 6

    r370 =

    r2455 6 (

    r1525 1

    r2455 ) (on limine r3)

    = 6

    r1525 +7

    r2455 = 6

    r1525 +7 (

    r0 30805

    r1525 ) (on limine r2)

    = 7

    r0 308041

    r1525 . La voil, notre relation de Bzout.

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    Thorme (Proprits du PGCD) Soient a, b Z.

    (i) Pour tout k Z : (ak) (bk) = |k| (a b).

    (ii) Pour tout diviseur commun d 6= 0 de a et b :a

    d

    b

    d=

    a b

    |d|.

    Dmonstration

    (i) Nous pouvons supposer k 6= 0. Posons = a b et = (ak) (bk). Pour montrer que = |k|, il noussuffit de montrer que et k se divisent lun lautre.

    Pour commencer |a et |b, donc k|ak et k|bk, donc k|.

    Ensuite k|ak et k|bk, donc k|, et donc = nk pour un certain n Z. A prsent, nk = |ak etnk = |bk, donc n|a et n|b car k 6= 0. Ceci montre que n|, et enfin = nk|k.

    (ii) Daprs (i) : a b =(a

    d d

    )

    (b

    d d

    )= |d|

    (a

    d

    b

    d

    ), do le rsultat.

    2.2 Nombres premiers entre eux

    Dfinition (Nombres premiers entre eux) Soient a, b Z. On dit que a et b sont premiers entre eux si 1 est leur seuldiviseur commun positif, i.e. si a b = 1.

    Exemple 6 et 35 sont premiers entre eux car les diviseurs positifs de 6 sont 1, 2, 3 et 6 et ceux de 35 sont 1, 5, 7 et 35.

    En pratique

    La remarque suivante est utile dans de trs nombreux exercices. Soient a, b Z de PGCD d. On peut crire a = da et

    b = db pour certains a, b Z. Alors a b =a

    d

    b

    d=

    a b

    |d|= 1. Bref, a et b sont premiers entre eux.

    Pour montrer que deux entiers sont premiers entre eux, on peut toujours utiliser lalgorithme de Bzout. Nous verronsplus loin une autre technique base de nombres premiers, parfois inutilisable mais souvent plus pratique avec les petitsentiers que nous avons lhabitude de manipuler.

    Thorme (Thorme de Bzout) Soient a, b Z. Les assertions suivantes sont quivalentes :

    (i) a b = 1. (ii) Il existe deux entiers u, v Z tels que au+ bv = 1.

    Dmonstration Limplication (i) = (ii) est une simple relation de Bzout dj prouve. Pour la rciproque(ii) = (i), supposons lexistence de deux entiers u, v Z tels que au + bv = 1 et fixons d un diviseur communpositif de a et b. Alors d

    (au+ bv) = 1, donc d = 1. Comme voulu, a b = 1.

    Thorme (Thorme de Gauss) Soient a, b, c Z. Si a|bc et si a b = 1, alors a|c.

    Dmonstration Faisons lhypothse que a|bc et que ab = 1. Alors bc = ak pour un certain k Z et au+bv = 1pour certains u, v Z daprs le thorme de Bzout. Multiplions par c : acu+ bcv = c puis remplaons bc parak : a(cu+ kv) = c. Comme voulu, a|c.

    Thorme (Divisibilit par un produit) Soient a, b, n Z. Si a|n, si b|n et si a b = 1, alors ab|n.

    $ $ $ Attention ! Il est impratif de supposer a et b premiers entre eux. Par exemple, pour a = b = n = 2, a et b divisentn mais ab ne divise pas n.

    Dmonstration Comme a|n, n = ak pour un certain k Z. Mais b|n donc b|ak. Du coup, comme a b = 1, lethorme de Gauss montre que b|k. Finalement comme voulu ab|ak = n.

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    Thorme (Forme irrductible dun nombre rationnel) Soit r Q. Il existe un et un seul couple (p, q) ZN tel

    que r =p

    qet tel que p q = 1. Cette criture r =

    p

    qest appele la forme irrductible de r.

    Explication Une fraction dentiers est irrductible quand plus aucune simplification nest possible entre le numrateuret le dnominateur, sauf par 1.

    Dmonstration

    Unicit : Soient (p, q), (p, q) Z N. On suppose que r =p

    q=

    p

    q, que p q = 1 et que p q = 1.

    Comme pq = pq, q|pq. Mais p q = 1, donc q|q daprs le thorme de Gauss, puis q|q par symtrie desrles de q et q, donc enfin |q| = |q|. Comme q > 0 et q > 0, on a mme q = q. Il nous reste diviserlgalit pq = pq par q = q et enfin p = p.

    Existence : Par dfinition de r, r =a

    bpour certains a, b Z avec b 6= 0. On peut toujours supposer que

    b est positif. Notons d le PGCD de a et b. Alors a = dp et b = dq pour certains p Z et q N dont nous

    savons quils sont premiers entre eux. Cest termin : r =a

    b=

    dp

    dq=

    p

    q.

    2.3 PPCM

    Dfinition (PPCM) Soient a, b Z. On appelle plus petit commun multiple (ou PPCM) de a et b tout entier m Zsatisfaisant les deux assertions :

    m est un multiple commun de a et b, tout multiple commun de a et b est divisible par m.

    Explication Rappelons que lorsque a et b sont positifs, alors au sens de la divisibilit :

    Borne suprieure = Plus petit majorant = Plus petit commun multiple = PPCM.

    Existe-t-il toujours des PPCM? Combien ?

    Thorme (Existence et unicit du PPCM) Soient a, b Z. Il existe un et un seul PPCM positif de a et b,not a b et appel le PPCM de a et b. Le seul autre PPCM de a et b est lentier (a b).

    En outre : |ab| = (a b) (a b).

    Dmonstration

    Unicit : Comme dans le cas des PGCD.

    Existence : Si a = b = 0, 0 est le seul multiple de a et b donc a et b admettent 0 pour unique PPCM.

    Supposons dsormais a 6= 0 ou b 6= 0 et posons d = a b 6= 0. Nous allons montrer queab

    dest un PPCM de a

    et b. Cela prouvera dun coup dun seul et lexistence dun PPCM de a et b, et la formule |ab| = (ab) (ab).

    Partons du fait que a = da et b = db pour certains a, b Z premiers entre eux. Ensuite :ab

    d= ba = ab.

    Pour commencer,ab

    dest un multiple commun de a et b car : a

    ab = abd

    et bba = ab

    d.

    Montrons ensuite que tout multiple commun de a et b est divisible parab

    d. Soit m un multiple

    commun de a et b. Alors m = au = bv pour certains u, v Z, donc ua = vb aprs division par d,donc a|vb. Comme a b = 1, a|v daprs le thorme de Gauss. Bref, v = ak pour un certain k Z.

    Concluons : m = bv = bak = kab

    d, donc en effet

    ab

    d

    m.

    Exemple 12 18 =12 18

    12 18=

    12 18

    6= 36.

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    Thorme (Proprits du PPCM) Soient a, b Z.

    Pour tout k Z : (ak) (bk) = |k| (a b).

    Pour tout diviseur commun d 6= 0 de a et b :a

    d

    b

    d=

    a b

    |d|.

    3 Nombres premiers

    Dfinition (Nombre premier, nombre compos) Soit p N. On dit que p est premier si p 6= 1 et si les seuls diviseurspositifs de p sont 1 et p. On dit que p est compos si p 6= 1 et si p nest pas premier.

    Lensemble des nombres premiers est parfois not P.

    Exemple Il nest pas inutile de connatre la liste des premiers nombres premiers : 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 29, 31, 37. . .

    Le rsultat suivant est un thorme dexistence facile dmontrer. Nous aurons ensuite un thorme dunicit, maisnettement plus difficile obtenir.

    Thorme Tout entier naturel non nul est un produit de nombres premiers.

    Explication Dans cet nonc lapidaire, on considre 1 comme le produit de 0 nombre premier et tout nombre premiercomme le produit d1 nombre premier soi-mme.

    Dmonstration Par rcurrence forte. Un seul outil ici : la relation de divisibilit et ses proprits lmentaires.

    Initialisation : 1 nest divisible par aucun nombre premier, cest le produit de zro dentre eux.

    Hrdit : Soit n > 2. Faisons lhypothse que tout entier naturel non nul strictement infrieur n est unproduit de nombres premiers. Quen est-il de n ? Deux cas possibles : soit n est premier, soit n est compos.Si n est premier, cest termin, il est produit de nombres premiers. Et sil est compos ? Il scrit dans ce casn = ab o a et b sont deux diviseurs positifs de n autres que 1 et n. Par hypothse de rcurrence, a et b sontdes produits de nombres premiers, donc n aussi par produit.

    Thorme (Infinit de lensemble des nombres premiers) Lensemble P des nombres premiers est infini.

    Dmonstration Raisonnons par labsurde en supposant P fini et notons donc p1, p2, . . . , pr la liste compltedes nombres premiers. Posons ensuiteN = p1p2 . . . pr+1. Cet entierN , au moins gal 2, est un produit de nombrespremiers daprs notre thorme prcdent, donc divisible par pk pour un certain k J1, rK. En particulier, pkdivise N p1p2 . . . pr = 1, i.e. pk = 1 contradiction.

    Thorme La dcomposition dun entier naturel non nul en produit de nombres premiers est unique lordre prs.

    Dmonstration Par rcurrence forte. Contrairement la preuve simple de lexistence dune dcomposition, lapreuve de son unicit requiert massivement le thorme de Gauss.

    Initialisation : 1 na aucun diviseur premier, donc videmment. . .

    Hrdit : Soit n > 2. Faisons lhypothse que la dcomposition de tout entier naturel non nul strictementinfrieur n en produit de nombres premiers est unique lordre prs. Quen est-il de n ? Donnons-nousdeux dcompositions n = p11 p

    22 . . . p

    rr et n = q

    11 q

    22 . . . q

    ss de n en produit de nombres premiers avec

    p1 < p2 < . . . < pr et q1 < q2 < . . . < qs et 1, 2, . . . , s N.

    Se peut-il quon ait p1 6= q1 ? Dans ce cas, par exemple, p1 < q1. Premiers et distincts, p1 et q1 sont premiersentre eux, donc daprs le thorme de Gauss, p1

    q111 q22 . . . qss . Bref, q111 q22 . . . qss = p1d pour un certaind N quon peut lui-mme dcomposer en produit de nombres premiers. Comme q111 q

    22 . . . q

    ss < n,

    lhypothse de rcurrence nous autorise conclure de tout ceci que p1 est lun des entiers q1, q2, . . . , qs, cequi est impossible car p1 < q1 < q2 < . . . < qs.

    7

  • c Christophe Bertault - MPSI

    Conclusion : p1 = q1. Dans ces conditions, p111 p

    22 . . . p

    rr = q

    111 q

    22 . . . q

    ss . Ce sont l deux dcomposi-

    tions en produit de nombres premiers dun entier naturel non nul strictement infrieur n. Par hypothsede rcurrence, r = s et pi = qi et i = i pour tout i J1, rK, cest termin.

    La dfinition suivante repose intgralement sur lexistence et lunicit de la dcomposition de tout entier naturel nonnul en produit de nombres premiers.

    Dfinition (Factorisation premire, valuation p-adique) Pour tout n N, il existe une et une seule famille presquenulle

    (vp(n)

    )pP

    dentiers naturels i.e. dont tous les lments sont nuls sauf un nombre fini dentre eux telle que :

    n =pP

    pvp(n). Cette dcomposition est appele la factorisation premire de n.

    Pour tout p P, vp(n) est appel la valuation p-adique de n. Lentier pvp(n) est la plus grande puissance de p qui divise n.

    Exemple Comme 60 = 22 3 5 : v2(60) = 2, v3(60) = 1, v5(60) = 1 et vp(60) = 0 pour tout p P \{2, 3, 5

    }.

    Thorme (Proprits des valuations p-adiques) Soient a, b N.

    (i) Pour tout p P : vp(ab) = vp(a) + vp(b).

    (ii) a divise b si et seulement si pour tout p P : vp(a) 6 vp(b).

    (iii) a b =pP

    pmin{vp(a),vp(b)} et a b =

    pP

    pmax{vp(a),vp(b)}.

    En pratique

    Daprs (ii) et (iii), on peut savoir si un entier en divise un autre ou connatre le PGCD/PPCM de deux entiers quandon connat leurs deux dcompositions en produit de nombres premiers. Cest trs pratique, mais attention : dterminerla dcomposition en produit de nombres premiers dun entier est trs long quand cet entier est un grand nombre.Lalgorithme de la division euclidienne et lalgorithme de Bzout sont incomparablement plus efficaces en gnral.

    Vous utilisez la formule (iii) sur le PPCM depuis fort longtemps quand vous rduisez une somme de fractions dentiers au

    mme dnominateur. Quel est le plus petit dnominateur commun de13

    12+

    7

    30? Ce nest pas 12 30 mais 12 30. Et

    comme 12 = 22 3 et 30 = 2 3 5 : 12 30 = 22 3 5 = 60. Bref :13

    12+

    7

    30=

    5 13 + 2 7

    60=

    79

    60.

    Dmonstration

    (i) Tout simplement :pP

    pvp(ab) = ab =

    pP

    pvp(a)

    pP

    pvp(b) =

    pP

    pvp(a)+vp(b) et on conclut grce lunicit

    de la dcomposition en produit de nombres premiers.

    (ii) Si a|b, disons b = ak pour un certain k N, alors pour tout p P : vp(b)(i)= vp(a) + vp(k) > vp(a).

    Rciproquement, si vp(a) 6 vp(b) pour tout p P, alors pvp(a)|pvp(b), donc a =

    pP

    pvp(a)

    pP

    pvp(b) = b.

    (iii) Pour le PGCD, posons d =pP

    pmin(vp(a),vp(b)). Pour montrer que d = a b, il nous suffit de montrer que

    a

    d

    b

    d= 1. Soit p P. Si vp(a) 6 vp(b), alors vp(d) = vp(a) donc vp

    (a

    d

    )(i)= vp(a) vp(d) = 0, donc p ne

    divise pasa

    d. Si au contraire vp(a) > vp(b), alors p ne divise pas

    b

    d. Dans les deux cas, p ne divise pas la

    foisa

    det

    b

    d. En rsum,

    a

    det

    b

    dnont aucun diviseur commun premier, donc sont premiers entre eux.

    Pour le PPCM, remarquons que pour tous x, y R : x + y = min{x, y

    }+max

    {x, y

    }. Cette relation

    est dun certain point de vue quivalente la relation : ab = (a b) (a b) comme on le voit ci-aprs :

    a b =ab

    a b=pP

    pvp(a)+vp(b)min{vp(a),vp(b)} =

    pP

    pmax{vp(a),vp(b)}.

    Exemple Le PGCD de 600 et 740 est 20 = 22 5 car 600 = 23 3 52 et 740 = 22 5 37.

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