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Ronéo n°2 - Cours n°4 Page 1 sur 14 UE1 Biochimie, Biologie moléculaire Pr. Cavé Le 04/10/17 de 15h30 à 17h30 Ronéotypeur : Kenza Ait Bouali Ronéolecteur : Léa Abboud Cours n°4 : Du gène à la protéine mutante (Partie 1) Les diapos avec une icône de stéthoscope en haut à gauche ne sont pas à apprendre. La prof n’a pas souhaité relire la ronéo ni même nous parler tout simplement…

Cours n°4 : Du gène à la protéine mutante (Partie 1) · (néoprotéine avec des domaines issus du gène 1 et des domaines issus du gène 2, chaque domaine apportant une propriété

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Ronéo n°2 - Cours n°4 Page 1 sur 14

UE1 Biochimie, Biologie moléculaire

Pr. Cavé

Le 04/10/17 de 15h30 à 17h30

Ronéotypeur : Kenza Ait Bouali

Ronéolecteur : Léa Abboud

Cours n°4 : Du gène à la protéine mutante

(Partie 1)

Les diapos avec une icône de stéthoscope en haut à gauche ne sont pas à apprendre.

La prof n’a pas souhaité relire la ronéo ni même nous parler tout simplement…

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Sommaire :

I. Les mutations :

A. Caractéristiques générales

B. Mutations constitutionnelles ou somatiques

II. Propriétés générales des cancers :

A. Qu’est-ce qu’une tumeur ?

B. Les propriétés des tumeurs leurs sont conférées par des altérations de l’ADN

C. Etapes clés dans l’étude du génome des cancers

III. Quelles sont les mutations dans les tumeurs ?

A. Aneuploïdies

B. Translocations

C. Amplifications

D. Gains de gènes extérieurs

E. Délétions

F. Mutations ponctuelles

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I. Mutation

A. Caractéristiques générales

L’ADN des cellules est exposé en permanence à des agressions pouvant conduire à des mutations.

Ces agressions vont être de différents types :

Agressions exogènes, qui viennent de l’environnement (radiations, agents génotoxiques)

Agressions endogènes (production de radicaux libres toxiques pour la cellule)

Il y a aussi des processus physiologiques qui peuvent conduire à des mutations :

Erreurs de réplication

Accidents de recombinaison

Dans tous les cas la cellule va essayer de réparer les anomalies. Dans la plupart des cas cela

fonctionne mais si ce n’est pas suffisant on va voir s’installer une mutation. Une mutation est une

modification de la séquence de l’ADN (dans une cellule eucaryote) qui va entrainer une modification

de l’information génétique. Mutation est un terme générique qui parle d’une modification du génome,

théoriquement cela ne signifie pas forcément que la modification a des effets délétères. Certaines

mutations vont être pathogènes (la mutation va altérer la fonction d’une protéine de façon pathogène)

et d’autres non pathogènes, c’est-à-dire neutres ou qui peuvent aussi améliorer une fonction (on a

l’habitude de les appeler des polymorphismes). L’avancement des techniques de séquençage permet

de découvrir un nombre important de mutations dont on ne peut statuer sur le caractère pathogène,

d’où le fait que l’on préfère de plus en plus souvent utiliser le terme de variants génétiques pour

désigner ces modifications de séquence.

Les mutations sont le moteur de l’évolution : si le système de réparation corrigeait 100% des

erreurs il y aurait très peu de diversité génétique et sans diversité il y aurait une très faible résistance

aux changements de l’environnement. Mais il y a aussi le risque de développer des maladies

génétiques telle que la drépanocytose (une mutation donne une maladie génétique).

B. Mutations constitutionnelles ou somatiques

Il y a deux types de mutations :

- Les mutations constitutionnelles , présentes avant la fécondation (nouvellement apparues dans la

cellule germinale d’un parent mutation de novo ; ou transmise de génération en génération) ou

survenant lors des premières divisions du zygote (néomutation, qui apparait alors uniquement chez

l’enfant à naître). Ces mutations sont présentes dans toutes les cellules de l’individu (somatiques et

germinales) et vont être transmissibles à la descendance. Mais les mutations survenant lors des

premières divisions du zygote peuvent donner des mosaïques (toutes les cellules ne sont pas

équitables). Les mutations constitutionnelles pathogènes sont à l’origine des maladies génétiques

monogéniques et des maladies génétiques chromosomiques.

- Les mutations somatiques ou « acquises », apparues dans une cellule somatique d’un tissu et qui

n’étaient pas présentes à la naissance dans le génome de l’individu. Elles sont restreintes au tissu

somatique dans lequel elles sont apparues. Elles ne sont pas transmissibles à la descendance.

Lorsqu’une mutation somatique confère un avantage sélectif à la cellule elle peut conduire à la

formation de tumeur.

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II. Propriétés générales des cancers :

A. Qu’est-ce qu’une tumeur ?

Il existe une grande variabilité des types de tumeurs, et pourtant les cellules tumorales partagent un

certain nombre de propriétés fondamentales qui ont été résumées par les chercheurs Hanathan et

Weinberg :

Les tumeurs présentent une activation constitutive (= qui n’est plus régulée, à distinguer de

constitutionnelle) des circuits de prolifération, il n’y a pas d’extinction du signal donc on ne

va plus pouvoir contrôler les activations ce qui est l’un des principaux problèmes.

De plus elles ont une insensibilité aux inhibiteurs de prolifération, comme si les régulateurs

n’existaient pas.

Et en même temps, elles sont résistantes à la mort cellulaire. Normalement le circuit de

contrôle entraîne la mort cellulaire en cas de prolifération trop importante, mais cette propriété

est absente chez les cellules tumorales.

Les cellules tumorales vont donc soutenir une prolifération chronique incontrôlée mais celle-ci

seule ne suffit pas à conduire à une tumeur, il faut également que la cellule ne puisse « échapper » à

cette prolifération via la mort cellulaire et qu’elle soit indépendante vis-à-vis des signaux de

l’environnement (les inhibiteurs).

De nouvelles capacités vont également apparaître : la capacité d’invasion et de métastases, celle

d’angiogenèse (induction de nouveaux vaisseaux alimentant la prolifération tumorale) et celle

d’immortalité (par perte de la sénescence).

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B. Les propriétés des tumeurs leurs sont conférées par des altérations de l’ADN

Les altérations sont de deux grands types :

- génétiques : elles touchent la séquence de l’ADN (par exemple les mutations, les délétions) et vont

modifier la fonction et/ ou l’expression de gènes.

- épigénétiques : elles marquent la séquence d’ADN (par la méthylation par exemple) ce qui va

entraîner une modification de l’expression des gènes.

Le cancer résulte d’altérations de l’ADN. C’est pour cela qu’elles sont considérées comme des

maladies génétiques qui dans la plupart des cas résultent de mutations somatiques , on parle à ce

moment de formes sporadiques : c’est une maladie génétique somatique où les altérations seront

restreintes aux cellules tumorales (exemple de mosaïques avec présence au sein d’un organisme de

tissus génétiquement différents mais provenant du même zygote). C’est pourquoi il faut prélever des

cellules du tissu tumoral (par biopsie par exemple) pour retrouver la mutation à l’origine de cette

tumeur.

Il y a également des formes héréditaires de cancers (tumeurs avec prédisposition) qui résultent de

mutations constitutionnelles (germinales) et somatiques. Elles ont une transmission autosomique

dominante et représentent 1 à 10% des cancers (pénétrance incomplète car tous les individus ne

développeront pas le cancer).

C. Etapes clés dans l’étude du génome des cancers

Dès le 19ème

siècle on se doute que des mutations de l’ADN sont à l’origine des cancers. Il a

toutefois fallu attendre les années 60 pour le confirmer avec l’observation grâce à la cytogénétique du

premier réarrangement chromosomique récurrent dans les cancers ; suivi dans les années 80 des

mutations du premier gène identifié dans le cancer. La recherche autour des tumeurs s’accélère grâce à

un boom des techniques d’exploration du génome, notamment avec l’arrivée dans les années

2000/2010 des technologies de séquençage de nouvelle génération qui rendent aujourd’hui possible de

screener énormément de gènes d’affilée voire un génome ou un exome entier.

III. Quelles sont les mutations dans les tumeurs ?

A. Aneuploïdie

Une aneuploïdie correspond à un nombre anormal de chromosomes (trop ou pas assez

important) qui résulte d’anomalies de disjonction à la mitose. Les aneuploïdies constitutionnelles sont

moins sévères que les aneuploïdies somatiques retrouvées dans les cancers car elles doivent rester

compatibles avec le développement et la vie. Les aneuploïdies sont très répandues dans les cancers.

La technique la plus standard pour observer une aneuploïdie est l’établissement d’un caryotype.

On peut aussi utiliser la FISH (ciblée par chromosome), la CGH et l’index ADN (technique de

cytométrie de flux qui permet de quantifier l’ADN dans la cellule).

(Les techniques d’observation vont être étudiées en ED)

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B. Translocation

Une translocation est une mutation génétique caractérisée par l'échange réciproque de matériel

chromosomique entre des chromosomes non homologues.

Il y a trois types de conséquences moléculaires :

- inhibition de l’expression d’un gène par cassure ;

- modification de l’expression d’un gène par échange de promoteur ;

- création d’un gène hybride avec production d’une protéine de fusion.

Modification de l’expression d’un gène par échange de promoteur :

Dans certaines translocations, la

cassure est située en dehors de la

partie codante du gène : par

exemple on peut observer sur les

gènes 1 et 2 un point de cassure

entre la région promotrice et

l’exon n°1.

Normalement, la cellule exprime

énormément le gène n°1

(symbolisé par la flèche en gras)

alors que le gène n°2 n’est quasiment pas exprimé (la flèche est plus fine).

La cassure au niveau des deux gènes est suivie d’une religation qui aboutit à une séquence d’ADN

contenant la région codante du gène n°2 (normalement peu exprimée dans la cellule) sous la

dépendance du promoteur du gène n°1 (promoteur fort).

Le gène n°2 va alors être très exprimé et cela peut avoir plusieurs conséquences comme la mort

cellulaire ou dans les cas où la dérégulation transcriptionnelle du gène et son expression

inadéquate/ectopique lui procure un avantage sélectif, la constitution d’une première étape vers la

formation d’une tumeur.

Exemple de la translocation (14 ; 18) :

La séquence va être coupée au niveau du promoteur des immunoglobulines (enhancer fort) puis

transposée dans les lymphocytes B rendant l’expression du gène BLC2 dépendante de ce promoteur.

Une cellule mature n’exprime normalement pas

BCL2 (contrairement aux cellules immatures),

gène anti-apoptotique. Dans le lymphocyte B

des centres folliculaires lorsque la translocation

survient et que lymphocyte vieillit, au lieu de

supprimer l’expression de BCL2 et de basculer

vers l’apoptose, celui-ci va continuer à exprimer

BCL2 et avoir une survie anormale . Cette

translocation est initiatrice dans les lymphomes

folliculaires.

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Création d’un gène hybride avec production d’une protéine de fusion :

Le gène n°1 subit une cassure entre l’exon 2 et l’exon 3, idem pour le gène n°2 situé sur un autre

chromosome. Le gène de fusion (ou gène « chimère ») obtenu après religation est constitué de la

partie 5’ du gène 1 (avec le promoteur du gène 1, qui est cette fois ci équivaut à celui du gène 2) et la

partie 3’ du gène 2.

La nouvelle séquence va être transcrite (on obtient un « transcrit de fusion ») et si le cadre de

lecture est conservé on peut aboutir à l’expression d’une protéine de fusion qui n’existait pas avant

(néoprotéine avec des domaines issus du gène 1 et des domaines issus du gène 2, chaque domaine

apportant une propriété à la protéine).

Si cette protéine confère un avantage séléctif à la cellule cela entraîne l’apparition d’une tumeur.

Exemple de la protéine BCR-ABL :

Il y a une translocation (9 ; 22) entre

le gène ABL situé sur le chromosome

9 et le gène BCR situé sur le

chromosome 22. Le gène de fusion

BCR-ABL a son cadre de lecture

conservé par rapport aux gènes

initiaux, il aboutit alors à un ARNm

de fusion puis à une protéine de

fusion.

Cette translocation est retrouvée dans

la leucémie myéloïde chronique

(LMC), leucémie survenant

essentiellement chez les patients de

plus de 50 ans.

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Dans cette leucémie on peut mettre en évidence un chromosome, « Philadelphie » anormal, ainsi

qu’un ARNm anormal, tous deux absents de la cellule normale et qui résultent de cette translocation.

La partie 5’ de BCR va fusionner avec la

partie 3’ de ABL (donc la partie N-

terminale de la protéine sera un petit bout

de BCR et toute la partie C-terminale sera

ABL).

ABL est une protéine kinase donc par sa

fonction elle a une localisation plutôt

nucléaire, BCR est une protéine

cytoplasmique mais a un rôle mal connu.

ABL comme beaucoup de kinases a un

système d’autoinhibition, elle n’est donc

pas active à l’état basal.

Lorsque ABL va fusionner avec la partie

5’ de BCR la première conséquence va

être une délocalisation d’ABL dans le

cytoplasme . De plus son autoinhibition

va être levée car il y aura possibilité de dimérisation des protéines de fusion grâce à BCR. Les deux

parties tyrosines kinases de ABL vont se retrouver à proximité l’une de l’autre dans une configuration

qui les rend plus actives que dans une protéine ABL normale.

Cela aboutit à une autophosphorylation avec phosphorylation des tyrosines sur la protéine de

fusion (comme le ferait un récepteur à tyrosine kinase). Ces tyrosines phosphorylées vont ensuite

servir de site d’ancrage à la protéine Grb2 qui va pouvoir solliciter deux voies cellulaires : la voie

PI3K/AKT (responsable de la survie cellulaire) et la voie RAS/MAPK-ERK (responsable de la

prolifération). L’activation de ces voies entraîne la survie cellulaire et la prolifération dans des

conditions anormales, à l’origine de la tumeur.

La connaissance de ce mécanisme donne des pistes de recherche pour développer des traitements. Le

but des recherches a été d’inhiber la fonction tyrosine kinase anormale de BCR-ABL en développant

un analogue de l’ATP (substrat de la kinase car donneur de phosphate), l’imatinib. Le développement

de cette classe de médicament a permis un bond thérapeutique dans le traitement de la LMC.

C. Amplifications

Une amplification est un évènement d’insertion consistant en la réplication en tandem d’une

séquence donnée (il s’agit d’une grande séquence de plusieurs centaines de bases, attention à ne pas

confondre l’amplification avec la duplication de 3 ou 4 nucléotides ou l’expansion de triplets). On

parle de duplication s’il y a 2 copies (N=2) et d’amplification lorsqu’il y a plus de 2 copies (N>2).

En conséquence, le niveau d’expression de ces gènes est augmenté. Les copies surnuméraires sont

soit intégrées dans un chromosome ou soit sous forme de mini-chromosomes surnuméraires appelés

les chromosomes double-minute (DM).

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Exemple de MDM2 :

Le premier gène dont on a pu mettre en

évidence les amplifications dans les

cancers est le MDM2 (Murine Double

Minute 2). En général c’est toute une

région chromosomique qui est amplifiée

et pas uniquement un seul gène.

Une manière de mettre en évidence les

différents types de duplication est

l’hybridation in situ d’une sonde

fluorescente d’ADN (FISH), technique

adaptée à l’observation de duplications

de taille importante. Il s’agit de choisir

une sonde d’ADN couvrant la région

d’amplification donnée (sonde colorant

notamment MDM2 en rouge), puis de la marquer par un fluorochrome.

D’autres fluorochromes sont également utilisés afin de colorer l’ADN du noyau en bleu (pour se

repérer dans la cellule) ou de colorer la sonde du chromosome 12 en vert (chromosomes contenant

MDM2).

Dans une cellule normale, la sonde du chromosome 12 va s’illuminer deux fois tout comme la sonde

contenant MDM2 : cela correspond à deux chromosomes pour deux allèles de MDM2.

Dans une cellule tumorale par contre, la sonde du chromosome 12 s’illumine toujours deux fois mais

celle de MDM2 s’illumine quant à elle un grand nombre de fois au point de former une « tâche ». Ceci

montre que la région d’ADN contenant MDM2 est énormément dupliquée (on peut aller jusqu'à 50

voire 100 duplications) avec pour conséquence une hyper expression de MDM2.

MDM2 a une action d’ubiquitine ligase dont la cible principale est p53, protéine très importante pour

la stabilité du génome et qui évite que les cellules ne prolifèrent. Cette amplification de MDM2

empêche alors p53 d’assurer ses fonctions de régulateur du génome, du cycle cellulaire et de

l’apoptose.

Autre exemple de HER2/ERBB2:

L’amplification de HER2/ERRB2 est un autre

exemple du rôle de l’amplification dans le cancer

(retrouvée fréquemment dans le cancer du sein).

HER2/ERBB2 (même nom d’une seule et même

protéine) appartient à la famille des récepteurs aux

facteurs de croissance épidermiques (famille EGF).

On peut mettre évidence son amplification par la

FISH sauf que cette fois ci c’est le chromosome 17

qui est concerné et c’est la sonde HER2 qui est en

rouge.

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Pour montrer la surexpression de la protéine il faut employer une autre technique qui cette fois met en

évidence la protéine et non plus l’ADN : c’est l’immunohistochimie . Pour détecter la protéine sur une

coupe cellulaire on se sert d’un anticorps marqué par un fluorochrome ou une molécule permettant la

coloration et spécifique de ce récepteur.

Ici, le marquage coloré délimite les cellules ce qui montre d’une part une surexpression de la

protéine et d’autre part que c’est un récepteur qui se situe bien à la membrane cytoplasmique.

HER2 est un récepteur à activité tyrosine kinase avec activation de la voie RAS (prolifération) ainsi

que de la voie PI3K (survie cellulaire). Ces deux voies sont hyperactives dans le cancer du sein. Le

trastuzumab (herceptine) est un anticorps qui a été développé afin de bloquer la signalisation via

HER2 et qui a changé le pronostic de survie des femmes atteintes d’un cancer du sein avec

surexpression de HER2. A titre indicatif l’herceptine permet aussi de traiter la lèpre.

D. Gains de gènes extérieurs

Un certain nombre de virus est capable de contrôler la prolifération cellulaire et vont être impliqués

dans les cancers par ce que l’on appelle l’oncogenèse virale .

Exemple du papillomavirus (HPV) :

C’est un virus à ADN cancérigène responsables de 100% des cancers du col de l’utérus . Il s’agit de

la plus fréquente des infections sexuellement transmissibles et qui touche essentiellement des femmes

jeunes entre 20 et 30 ans. Le génome viral est capable de s’intégrer dans celui de la cellule et

d’hyper exprimer des oncoprotéines virales (E6 et E7) à l’origine du développement de tumeurs.

E6 et E7 vont bloquer respectivement P53 et RB et interfèrent avec la machinerie cellulaire, ce qui

cause la tumeur.

Exemple de l’infection par HTLV-1 (Human T-Cell Leukemia Virus) :

Ce rétrovirus est associé au développement de l’ATL (Adult T cell Leukemia/Lymphoma), qui

est une leucémie affectant les lymphocytes T.

Tout comme le HPV, il est capable de s’intégrer au génome cellulaire. L’ATL a pour origine la

production d’une protéine virale oncogénique, la protéine TAX qui va stimuler deux voies de

signalisation : la voie NFκB (très impliquée dans la réponse immune et la survie cellulaire) et la voie

PI3K (voie de la survie cellulaire).

On sait que environ 2% des sujets infectés par HTLV-1 lors de la petite enfance vont développer une

ATL avec une latence de 30 à 50 ans. Cela montre qu’une seule mutation ne suffit pas à développer un

cancer et qu’il faut au contraire une accumulation d’évènements : la protéine TAX est indispensable

pour développer la leucémie mais elle ne suffit pas à elle seule à provoquer la leucémie.

De plus ce virus est endémique de régions comme le Japon, les Caraïbes, l’Amérique du Sud et

l’Afrique mais peu présent en Europe.

E. Délétion

Pas de diapos sur cette notion.

Ronéo n°2 - Cours n°4 Page 11 sur 14

F. Mutations ponctuelles

Une mutation est dite ponctuelle quand elle ne touche qu’un ou quelques nucléotides dans l’ADN.

On peut avoir des substitutions (échange d’un nucléotide par un autre), des insertions (ajout de un ou

quelques nucléotides), des délétions (perte de un ou quelques nucléotides).

Attention toutefois à ne pas confondre les grandes insertions et les grandes délétions avec les

mutations ponctuelles car les techniques d’observation ne sont pas du tout les mêmes.

Les mutations de petite taille participent à 70% des mutations que l’on voit en génétique : il s’agit

donc d’un groupe important en terme quantitatif.

La technique historique de mise en évidence de mutations de petite taille est la méthode de Sanger :

Ronéo n°2 - Cours n°4 Page 12 sur 14

Des amorces nucléotidiques amplifiées par PCR sont placées de part et d’autre d’une région d’intérêt

(généralement un exome car la plupart des mutations que l’on sait interpréter sont dans la région

codante) puis on la séquence pour voir l’enchainement des nucléotides. Ensuite on compare la

séquence du patient à la séquence de référence présente dans les bases de données.

Ici à chaque base de la séquence de référence on a un « pic » tandis que chez le patient on retrouve à

un moment sur la séquence deux pics, cela signifie qu’au lieu d’avoir uniquement un C on a sur un

allèle un C et sur l’autre allèle un G (substitution du C par un G sur l’un des allèles avec pour

conséquence un éventuel changement d’acide aminé).

Depuis quelques années s’est mis en place un type de séquençage beaucoup plus puissant, le NGS

(séquençage de nouvelle génération) qui permet le séquençage parallèle de masse : énormément de

gènes sont séquencés en parallèle.

Cette technique a décuplé les capacités de séquençage et changé les techniques d’étude des maladies :

on partait d’hypothèses et on séquençait un gène à partir de ces hypothèses, maintenant on peut

séquencer sans apriori, de façon très large on séquence l’ensemble des régions codantes (exome)

voire le génome complet puis on réfléchit.

Cela a révolutionné l’étude des cancers via le séquençage des exomes (ensemble des régions codantes)

par cette approche, donnant naissance à une compréhension beaucoup plus fine de cette pathologie.

Article sur le panorama des altérations somatiques dans les ATL :

Les chercheurs ont séquencé tout le génome, l’exome, le transcriptome (séquençage des ARN) et ont

réalisé un séquençage ciblé de 50 gènes sur la cohorte totale ainsi que des puces à ADN leurs

permettant de voir les anomalies de nombre et les anomalies de méthylation (épigénétique). Le but

recherché était de déceler toutes les anomalies afin de mieux comprendre l’ATL et les cancers.

Les résultats montrent un grand nombre de mutations somatiques de type mutation ponctuelle. Celles-

ci touchent de nombreux gènes avec pour chaque gène des fréquences de mutation variable. Un gène

peut être atteint par plusieurs types de mutations, la plus fréquente étant le variant non-synonyme.

Cela montre la diversité des mutations que l’on peut retrouver dans un même cancer, toutes les

tumeurs ne vont pas avoir le même profil génétique (d’où les différents pronostics ou la diversité des

réponses au traitement).

Les mutations synonymes :

Du fait que le code soit dégénéré, la mutation synonyme ne va pas entrainer de changement d’acide

aminé au niveau de la protéine. On a l’habitude de considérer que les variants synonymes ne sont

pas importants en pathologie.

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Les mutations faux-sens :

La mutation entraîne le remplacement d’un

acide aminé par un autre, avec pour

conséquence un changement de fonction au

niveau de la protéine.

Ici on la substitution d’un G par un A au niveau

du 661ème nucléotide (noté c.661C>A) et donc

la substitution d’une glycine par une sérine au

niveau du codon 221 (noté p.Gly221Ser ou

encore p.G221S).

Exemple : Mutations ponctuelles activant la

PKC la phosphorylation de IKK (une des

cibles de la PKC) est beaucoup plus importante

que chez un sujet ne portant pas la mutation.

Les mutations non sens :

Mutation qui entraîne le remplacement d’un acide aminé par un codon STOP.

Insertions et délétions de quelques nucléotides :

Il y a deux cas de figure :

insertion ou délétion d’un multiple de 3 nucléotides

insertion ou délétion d’un nombre de nucléotides non-multiple de 3

Ronéo n°2 - Cours n°4 Page 14 sur 14

Dans le cas où c’est un non-multiple de

3, le cadre de lecture des codons se

retrouve décalé et on voit très souvent

apparaitre un codon STOP de façon

précoce.

Les conséquences sont le plus souvent

l’absence de la protéine (équivaut à

une perte de fonction) ou l’apparition

d’une protéine tronquée (avec perte

ou gain de fonction).

Lorsqu’il y a insertion ou délétion d’un

multiple de 3, on aboutit à une

protéine anormale avec gain ou perte

de fonction.

Ces anomalies s’observent grâce au séquençage.

Exemple de CCR4 (récepteur couplé aux protéines G) : mutation entraînant un décalage du cadre de

lecture ou mutation STOP Troncation de la partie C-terminale intracytoplasmique ce qui empêche

l’internalisation du récepteur après stimulation du ligand Augmente la quantité de récepteur en

surface.

Mutation dans une région non codante :

Ces mutations vont jouer sur l’épissage d’un gène et changer l’ARNm ce qui va modifier la protéine.

Elles touchent des régions 5’ non codantes et altèrent la transcription. Si la mutation affecte un

silencer la protéine va gagner une fonction tandis que si elle affecte un enhancer ou un promoteur

elle va perdre sa fonction.

Elles atteignent aussi les sites d’épissage . Si on a une mutation sur la première ou dernière base d’un

exon cela va perturber la maturation de l’ARNm, on parle d’altération d’épissage.

Les conséquences sont diverses. On peut avoir

une perte d’un exon (avec décalage ou non

du cadre de lecture), l’incorporation d’une

séquence intronique qui sera alors reconnue

comme un exon (alors que ça n’en est pas un).

On peut également avoir la création d’un site

d’épissage alternatif au niveau des régions

exoniques alors qu’il n’y en avait pas : les

exons seront donc tronqués.

Ces mutations entrainent une perte de

fonction avec soit absence de la protéine

(par dégradation d’ARNm qui reconnait les

ARN messagers anormaux), soit une protéine non fonctionnelle , soit production d’un dominant

négatif (protéine mutée inactivant une protéine normale). Il peut aussi y avoir gain de fonction avec

soit la production d’une protéine « toxique » ou d’une protéine hyperactive.

RTPCR : technique permettant de comparer le transcrit du gène à un transcrit normal lorsque

l’on suspecte une mutation d’épissage.