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c Christophe Bertault - MPSI Vocabulaire des applications Dans ce chapitre et tous les suivants, les mots « fonction » et « application » désigneront un même objet, conformément au programme. Il se peut cela dit que vous trouviez dans certains ouvrages deux définitions distinctes attachées à ces deux noms. Un bon conseil : n’y prêtez pas attention — sauf si cela vous intéresse particulièrement. En toute rigueur, fonction et application sont bel et bien deux notions distinctes, mais les débutants que vous êtes n’ont nullement besoin de le savoir. Dans tout ce chapitre, E, F , G et H sont des ensembles. 1 Définitions ensemblistes Explication Avant de définir proprement la notion d’application/fonction, commençons par analyser de façon informelle la fonction racine carrée f : x -→ x. Cette fonction f prend pour arguments des réels ; cela veut dire que quand on écrit f (x), x est un réel. Mais en réalité f n’est pas définie sur R tout entier. Seule la racine carrée des réels positifs est correctement définie. On résume générale- ment cette information en disant que l’ensemble de départ (ou domaine de définition) de f est R+. Par ailleurs f est à valeurs dans l’ensemble des réels ; cela veut dire que si x appartient au domaine de définition R+ de f , alors f (x)= x est un réel. On dit que R est l’ensemble d’arrivée de f . Graphe x f (x) Ensemble de départ (R+) Image (R+) Ensemble d’arrivée (R) Mais en réalité f ne prend pas tout réel pour valeur. L’ensemble des valeurs de f , i.e. l’ensemble des réels de la forme f (x), x décrivant R+, est l’ensemble R+ lui-même : quand x décrit R+, f (x)= x décrit R+ également. On résume cela en disant que l’image de f est R+. Pour finir, on a coutume d’identifier une fonction et la courbe qui la représente. La courbe associée à la fonction racine carrée f est l’ensemble des couples ( x, f (x) ) = ( x, x ) , x décrivant le domaine de définition R+ de f . Plutôt que de la courbe associée à f , on parle généralement du graphe de f . Définition (Application/fonction, ensemble de départ/arrivée, graphe, image) On appelle application (ou fonction) de E dans F tout triplet f =(E,F, Γ) constitué d’un ensemble E appelé l’ensemble de départ (ou domaine de définition, souvent noté D f ) de f , d’un ensemble F appelé ensemble d’arrivée de f et d’une partie Γ de E × F appelée le graphe de f , soumise à la condition suivante : x E, ! y F/ (x, y) Γ. La proposition « (x, y) Γ », qui signifie « (x, y) appartient au graphe de f », sera toujours notée simplement « y = f (x) ». Dans cette écriture, x est appelé un antécédent de y par f et y est appelé l’ image de x par f . On peut décrire facilement le graphe de f avec cette notation : Γ= ( x, f (x) ) xE . La fonction f sera généralement définie au moyen des notations f : E -→ F x -→ f (x) ou plus simplement f : x -→ f (x). L’ensemble des éléments de l’ensemble d’arrivée de f qui possèdent un antécédent par f est appelé l’image de f et notée Im f . Formellement : Im f = y F/ x E/ y = f (x) = f (x) xE . Explication La proposition « x E, ! y F/ (x, y) Γ » s’écrit plus simple- ment : x E, ! y F/ y = f (x) avec la convention de notation donnée dans la définition. Nous retrouvons là l’idée qu’une fonction f associe à tout élément x de son domaine de définition un unique élément y de son ensemble d’arrivée. E F Γ x f (x) f (x) f (x) Ceci n’est pas une fonction de E dans F : à un x donné sont associées plusieurs valeurs de f (x). 1

Cours - Vocabulaire Des Applications

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    Vocabulaire des applications

    Dans ce chapitre et tous les suivants, les mots fonction et application dsigneront un mme objet, conformment auprogramme. Il se peut cela dit que vous trouviez dans certains ouvrages deux dfinitions distinctes attaches ces deux noms.Un bon conseil : ny prtez pas attention sauf si cela vous intresse particulirement. En toute rigueur, fonction et applicationsont bel et bien deux notions distinctes, mais les dbutants que vous tes nont nullement besoin de le savoir.

    Dans tout ce chapitre, E, F , G et H sont des ensembles.

    1 Dfinitions ensemblistes

    Explication Avant de dfinir proprement la notion dapplication/fonction, commenons par analyser de faoninformelle la fonction racine carre f : x 7 x.

    Cette fonction f prend pour arguments des rels ; cela veutdire que quand on crit f(x), x est un rel. Mais en ralit fnest pas dfinie sur R tout entier. Seule la racine carre desrels positifs est correctement dfinie. On rsume gnrale-ment cette information en disant que lensemble de dpart(ou domaine de dfinition) de f est R+.

    Par ailleurs f est valeurs dans lensemble des rels ; celaveut dire que si x appartient au domaine de dfinition R+ def , alors f(x) =

    x est un rel. On dit que R est lensemble

    darrive de f .

    Graphe

    b

    x

    f(x)

    Ensemble de dpart (R+)

    Image(R+)

    Ensembledarrive

    (R)

    Mais en ralit f ne prend pas tout rel pour valeur. Lensemble des valeurs de f , i.e. lensemble des rels de la formef(x), x dcrivant R+, est lensemble R+ lui-mme : quand x dcrit R+, f(x) =

    x dcrit R+ galement. On rsume cela

    en disant que limage de f est R+.

    Pour finir, on a coutume didentifier une fonction et la courbe qui la reprsente. La courbe associe la fonction racinecarre f est lensemble des couples

    (x, f(x)

    )=(x,x), x dcrivant le domaine de dfinition R+ de f . Plutt que de la

    courbe associe f , on parle gnralement du graphe de f .

    Dfinition (Application/fonction, ensemble de dpart/arrive, graphe, image)

    On appelle application (ou fonction) de E dans F tout triplet f = (E,F,) constitu dun ensemble E appel lensemblede dpart (ou domaine de dfinition, souvent not Df ) de f , dun ensemble F appel ensemble darrive de f et dune partie de E F appele le graphe de f , soumise la condition suivante :

    x E, ! y F/ (x, y) .

    La proposition (x, y) , qui signifie (x, y) appartient au graphe de f , sera toujours note simplement y = f(x) . Dans cette criture, x est appel un antcdent de y par f et y est appel limage de x par f .

    On peut dcrire facilement le graphe de f avec cette notation : ={(

    x, f(x))}

    xE.

    La fonction f sera gnralement dfinie au moyen des notations f :{

    E Fx 7 f(x) ou plus simplement

    f : x 7 f(x). Lensemble des lments de lensemble darrive de f qui possdent un antcdent par f est appel limage de f et

    note Im f . Formellement : Im f ={y F/ x E/ y = f(x)

    }={f(x)

    }xE

    .

    Explication

    La proposition x E, ! y F/ (x, y) scrit plus simple-ment :

    x E, ! y F/ y = f(x)avec la convention de notation donne dans la dfinition. Nous retrouvonsl lide quune fonction f associe tout lment x de son domaine dedfinition un unique lment y de son ensemble darrive.

    E

    F

    x

    b

    f(x)

    bf(x)b

    f(x)

    Ceci nest pas une fonction de E dans F : un x donn sont associesplusieurs valeurs de f(x).

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    On peut reprsenter une application de deux faons, classiquement : soit au moyen de patates (figure de gauche), soitau moyen dun graphe (figure de droite). Remarquez bien quen gnral limage de f est plus petite que son ensembledarrive, car tout lment larrive ne possde pas forcment un antcdent.

    E

    F

    Im fb

    x

    b

    f(x)

    f

    E

    F

    Im f

    ={(x, f(x)

    )}xE

    bc

    b

    bc

    bc

    b

    Pour dterminer gomtriquement limage dune application,on projette son graphe sur laxe des ordonnes.

    $ $ $ Attention !

    Lide selon laquelle il peut y avoir plusieurs antcdents, mais seulement une seule image doit tre bien comprise. Onparle dun antcdent et de limage.

    Nallez pas croire quune application associe forcment des nombres dautres nombres. Dans la dfinition que nous avonsdonne, les ensembles E et F sont quelconques. Par exemple, si E dsigne lensemble des lves du lyce une date fixeet F lensemble des couleurs les plus classiques, on peut dfinir une application f de E dans F qui, chaque lve, associe

    la couleur de ses yeux. Limage de cette application sera vraisemblablement lensemble{Noir,Marron,Bleu,Vert,Gris

    }.

    Par ailleurs, llment Rouge de F naura pas dantcdent par f car aucun lve du lyce na les yeux rouges.

    Exemple La fonction f :

    {R+ Rx 7 (ln x)2 a pour image Im f = [0,[.

    Le rel 1 possde deux antcdents par f : e et1

    e.

    1

    1

    ee

    Dfinition (Ensemble des applications/fonctions dun ensemble dans un autre) Lensemble des applications de Edans F est not FE ou F(E,F ).

    $ $ $ Attention ! Ne confondez pas FE et EF !

    Dfinition (Famille) Soit I un ensemble. On appelle famille (dlments) de E indexe par I toute application de I dans E.Les familles, au lieu dtre note comme des applications, sont presque toujours notes sous la forme (xi)iI .

    Lensemble des familles de E indexe par I est not EI .

    Explication Pourquoi revenir sur la dfinition de la notion de famille alors que nous lavons dj dfinie dansnotre chapitre dintroduction ? Nous avons dfini une famille comme une suite, mais dans la mesure o navons pas dfini lanotion de suite , cest comme si nous navions rien fait.Avec la dfinition dapplication que nous avons donne un peu plus haut, une famille (x1, x2, . . . , xn) dlments de E est pardfinition lapplication f de J1, nK dans E dfinie par les relations : f(1) = x1, f(2) = x2, . . . , f(n) = xn. En rsum,f associe chaque position llment qui lui correspond.

    2 Composition

    Dfinition (Composition) Soient f : E F et g : F G deux applications.Lapplication

    {E Gx 7 g(f(x)) est appele la compose de f suivie de g et note g f .

    2

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    ExplicationE

    F

    Im f

    G

    Im g

    b

    x

    b

    f(x) bg(f(x)

    )f g

    g f

    $ $ $ Attention ! La composition, en gnral, nest possible que dans un seul sens. Et quand elle est possible dansles deux sens, on na aucune raison davoir f g = g f . Par exemple, la compose de x 7 x2 suivie de x 7 sin x est lafonction x 7 sin(x2), alors que la compose de x 7 sin x suivie de x 7 x2 est la fonction x 7 sin2 x. Or ces fonctions sontdiffrentes !

    Dfinition (Application identique) Lapplication

    {E Ex 7 x est appele lapplication identique de E et note IdE .

    Thorme (Proprits de la composition) Soient f : E F , g : F G et h : G H trois applications. Associativit : h (g f) = (h g) f . Elment neutre : IdF f = f IdE = f .

    Explication Lapplication identique est donc une application transparente . Quand on la compose avec une autreapplication, cest comme si on navait rien fait.

    Dmonstration Dmontrons seulement lassociativit. Pour tout x E :h (g f)(x) = h(g f(x)) = h(g(f(x))) = (h g)(f(x)) = (h g) f(x). Et voil.

    3 Restriction et prolongement

    Dfinition (Restriction et prolongement) Soit A une partie de E.

    Si f : E F est une application, on appelle restriction de f A lapplication note f|A de A dans F dfinie par :

    x A, f|A(x) = f(x).

    Inversement, si f : A F est une application, on appelle prolongement de f E toute application g de E dans Ftelle que :

    x A, f(x) = g(x).

    Explication Restreindre une application, cest diminuer la taille de son domaine de dfinition. Au contraire, prolongerune application, cest augmenter la taille de son ensemble de dfinition.

    $ $ $ Attention ! Il existe en gnral beaucoup de prolongements dune application donne. Du coup, on parledun prolongement et non du prolongement dune application donne. Les figures ci-dessous sont trois prolongements delapplication constante gale 1 dfinie sur [1, 2].

    b b b b b b

    bc

    Exemple Lapplication R R, x 7{

    1

    xsi x 6= 0

    0 si x = 0est un prolongement tout R de lapplication

    {R Rx 7 1

    x

    .

    On lui a ajout une valeur en 0. Si on avait ajout une autre valeur, cela nous aurait fait un autre prolongement.

    3

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    4 Injectivit, surjectivit, bijectivit

    $ $ $ Attention ! Les trois notions dinjection, surjection et bijection sont absolument fondamentales. Comme elles sontabstraites, travaillez-les trs soigneusement.

    4.1 Injectivit

    Dfinition (Injectivit) Soit f : E F une application. On dit que f est injective ou que cest une injection si :

    x, x E, f(x) = f(x) = x = x.

    Pour viter toute ambigut, on prcise gnralement lespace de dpart dune application injective ; on dira ainsi que f estinjective sur E.

    ExplicationPour comprendre la notion dinjectivit, on peut paraphraser la dfinitionprcdente en disant que lapplication f est injective si, toutes les fois quona f(x) = f(x), alors forcment x = x. Ceci signifie, par contraposition, quef ne peut pas prendre la mme valeur en deux points distincts :

    si x 6= x, alors f(x) 6= f(x).

    Il est commode de penser la notion dinjectivit au moyen de la notiondantcdent. Une application injective de E dans F est une applicationpour laquelle tout lment de F possde au plus un antcdent soit 0, soit 1 antcdent. Les lments de F ne possdant aucun antcdentpar f sont les lments de F r Im f .

    E

    F

    Im f

    b

    x

    b

    x

    b

    y

    f

    f nest pas injective

    Pour finir, on peut voir linjectivit dune fonction de R dans R sur son graphe, car on peut voir facilement si une mmevaleur sur laxe des ordonnes est prise plusieurs fois.

    y b

    bc

    b

    b

    b

    b

    Pas dinjectivit.

    Certains y ont plusieurs antcdents.

    y

    b

    bc

    b

    Injectivit.

    Aucun y na plusieurs antcdents.

    Exemple Lapplication f :

    {R Rx 7 x2 nest pas injective, mais sa restriction R+ lest.

    b

    b

    En effet

    f nest pas injective car f(1) = 1 = f(1) par exemple. Au contraire f|R+ est injective. Pour le comprendre, donnons-nous x, x R+ tels que f(x) = f(x), i.e.x2 = x2. Il est bien clair, puisque x et x sont positifs ou nuls, que x = x, comme voulu.

    Exemple Lapplication

    {C r

    {i} C

    z 7 z + iz i

    est injective.

    En effet Nous devons montrer que : z, z C r {i}, z + iz i =

    z + i

    z i = z = z.

    Soient donc z, z C r {i} tels que z + iz i =

    z + i

    z i .

    z + i

    z i =z + i

    z i (z + i)(z i) = (z + i)(z i) zz iz + iz + 1 = zz iz + iz + 1

    2iz = 2iz z = z. Et voil.

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    Thorme (Injectivit et composition) Soient f : E F et g : F G deux applications.Si f et g sont injectives, alors g f lest aussi.

    Dmonstration Soient x, x E tels que g f(x) = g f(x). Nous voulons montrer que x = x.Or puisquon a g

    (f(x)

    )= g

    (f(x)

    ), et puisque g est injective, alors f(x) = f(x). Enfin, f tant son tour injective,

    on en tire x = x comme voulu.

    4.2 Surjectivit

    Dfinition (Surjectivit) Soit f : E F une application. On dit que f est surjective ou que cest une surjection si :

    y F, x E/ y = f(x).

    Pour viter toute ambigut, on prcise gnralement les espaces de dpart et darrive dune application surjective ; on dira ainsique f est surjective de E sur F .

    Explication Par dfinition, f est donc surjective si tout lment de son ensemble darrive possde au moins unantcdent ; cela signifie aussi que Im f = F .

    En rsum :

    f est injective si tout lment de F possde au plus un antcdent par f ;

    f est surjective si tout lment de F possde au moins un antcdent par f.

    Exemple Soit f : E F une application. Alors f est surjective de E sur son image Im f . Exemple important !En effet Par dfinition, tout lment de Im f possde un antcdent par f .

    Exemple Lapplication f :

    {R Rx 7 x2 nest pas surjective ; en revanche, lapplication g :

    {R R+x 7 x2 lest.

    En effet Comme f ne prend que des valeurs positives ou nulles, il est faux que tout lment de lensembledarrive R de f possde un antcdent ; par exemple, 1 nest le carr daucun rel. En revanche, tout lmentde R+ possde au moins une racine carre et par consquent g est surjective.

    Thorme (Surjectivit et composition) Soient f : E F et g : F G deux applications.Si f et g sont surjectives, alors g f lest aussi.

    Dmonstration Soit y G. Nous voulons montrer lexistence dun lment x E tel que y = g f(x).Or g est surjective, donc il existe t F tel que y = g(t). Et comme f est elle aussi surjective, il existe x E telque t = f(x). On obtient donc y = g(t) = g

    (f(x)

    )= g f(x) comme voulu.

    4.3 Bijectivit

    Dfinition (Bijectivit) Soit f : E F une application. Les assertions suivantes sont quivalentes :

    (i) f est la fois injective et surjective. (ii) y F, ! x E/ y = f(x).

    Si lune de ces assertions est vraie, on dit que f est bijective ou que cest une bijection.

    Pour viter toute ambigut, on prcise gnralement les espaces de dpart et darrive dune application bijective ; on dira ainsique f est bijective de E sur F .

    Explication Lquivalence des assertions (i) et (ii) est intuitivement claire. Dire que f est injective, cest dire quetout lment de F possde au plus un antcdent ; dire que f est surjective, cest dire que tout lment de f possdeau moins un antcdent. Par consquent, dire que f est la fois injective et surjective, cest dire que tout lment de Fpossde exactement un antcdent par f ; cest prcisment le sens de lassertion (ii).

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    Exemple Lapplication identique IdE est bijective de E sur E.

    En effet

    Injectivit : Soient x, x E. On suppose que IdE(x) = IdE(x). Alors x = x par dfinition de IdE et letour est jou.

    Surjectivit : Soit y E. On cherche x E tel que y = IdE(x). Or cest facile, posons x = y. On a bienIdE(x) = IdE(y) = y comme voulu.

    Exemple Soient a R et b R. Lapplication{

    R Rx 7 ax+ b est bijective de R sur R.

    En effet

    Injectivit : Soient x, x R tels que ax+ b = ax + b. Il est bien clair que x = x.

    Surjectivit : Soit y R. On cherche un rel x tel que y = ax + b. Facile : il suffit de poser x = y ba

    ,

    sachant que a 6= 0.

    Thorme (Rciproque dune application bijective) Soit f : E F une application.(i) f est bijective de E sur F si et seulement sil existe une application g : F E telle que g f = IdE et f g = IdF .(ii) Si elle existe, une telle application g est unique ; on lappelle la rciproque de f et on la note f1. On a alors

    lquivalence :

    x E, y F,[y = f(x) x = f1(y)

    ].

    (iii) Si f est bijective de E sur F , alors f1 est bijective de F sur E. De plus :(f1

    )1= f .

    ExplicationIntuitivement, quest donc la rciproque dune application bijective f ? Lethorme ci-dessus affirme quon a y = f(x) si et seulement si x = f1(y) ;en dautres termes, f envoie x sur y si et seulement si f1 envoie y sur x.En somme, f1 dfait le travail accompli par f : ce qui est image pourf est antcdent pour f1 ; ce qui antcdent pour f est image pour f1.

    E

    f1 f = IdE

    F

    f f1 = IdF

    bx

    b y

    f

    f1

    y = f(x) x = f1(y)

    y = x

    f

    f1

    x

    y b

    x

    y

    b

    Travaillons prsent avec des ensembles E et F qui sont des parties de R. Supposonstoujours f bijective, ici donc de R sur R, et notons f (resp. f1) le graphe de f(resp. f1). Le thorme prcdent affirme que :

    x E, y F,[y = f(x) x = f1(y)

    ],

    ce qui scrit aussi : x E, y F,[(x, y) f (y, x) f1

    ].

    Ceci signifie que les points de f et les points de f1 sont les mmes, lordreprs de leurs coordonnes. Finalement, f1 a une interprtation gomtrique trssimple : f1 est le symtrique de f par rapport la droite dquation y = x.

    $ $ $ Attention ! Ne confondez pas f1 et1

    f quand ces deux applications ont un sens. Rien voir !

    Dmonstration

    (i) Raisonnons en deux temps.

    Supposons f bijective de E sur F , i.e. que : y F, ! x E/ y = f(x).Pour tout y F , notons g(y) lunique lment x de E tel que y = f(x). On dfinit de cette faon uneapplication g : F E. Nous allons montrer que g f = IdE et que f g = IdF .Dj, lidentit f g = IdF rsulte immdiatement de la dfinition de g : y F, f g(y) = y.Quen est-il de lautre identit ? Soit x E. Par dfinition de g, g(f(x)) est lunique lment t de E telque f(x) = f(t). Comme x est un tel lment, on a donc g f(x) = g(f(x)) = x. Cela montre bien queg f = IdE .

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    Supposons quil existe une application g : F E telle que g f = IdE et f g = IdF .Montrons que f est injective sur E. Soient donc x, x E tels que f(x) = f(x). Alors x = x car :

    x = IdE(x) = g f(x) = g(f(x)

    )= g

    (f(x)

    )= g f(x) = IdE(x) = x.

    Montrons que f est surjective de E sur F . Soit donc y F . Posons x = g(y). Alors y = f(x) car :y = IdF (y) = f g(y) = f

    (g(y)

    )= f(x).

    (ii) Plusieurs tapes ici aussi. Supposons f bijective de E sur F .

    Montrons lunicit de sa rciproque f1. Soient donc g1 et g2 deux applications de F dans E tellesque g1 f = g2 f = IdE et f g1 = f g2 = IdF . Il nous suffit de montrer lgalit g1 = g2, en dautrestermes, que : y F, g1(y) = g2(y).Soit donc y F . Alors f(g1(y)) = f g1(y) = f g2(y) = f(g2(y)). Or f est injective, donc g1(y) = g2(y)comme voulu.

    Soient x E et y F . Montrons lquivalence : y = f(x) x = f1(y).{Si y = f(x), alors f1(y) = f1

    (f(x)

    ), donc f1(y) = IdE(x), et enfin x = f

    1(y).Si x = f1(y), alors f(x) = f

    (f1(y)

    ), donc f(x) = IdF (y), et enfin y = f(x).

    (iii) Supposons f bijective. Montrons que f1 est bijective et que(f1

    )1= f .

    Par dfinition de f1, on a : f f1 = IdF et f1 f = IdE .Posons donc g = f . Alors g f1 = IdF et f1 g = IdE . Via (i), cela suffit montrer que f1 est bijectivede F sur E. En outre, via (ii), lapplication g ainsi obtenue est la rciproque de f1. Nous en dduisons

    lidentit annonce :(f1

    )1= g = f .

    Exemple

    Id1E = IdE . La fonction exponentielle est bijective de

    R sur R+, de rciproque la fonction lo-garithme ; la fonction carre est bijectivede R+ sur R+, de rciproque la fonctionracine carre. Notez bien la symtrie descourbes par rapport la droite dquationy = x.

    y = ln x

    y = ex y = x

    b

    y = x2

    y =x

    y = x

    En pratique Nous disposons prsent de plusieurs techniques pour dmontrer quune application f : E F estbijective de E sur F :

    Si on a lavance une ide de ce que va valoir f1, on donne un nom cette application de F dans E, disons g ; il suffitalors de vrifier que g f = IdE et f g = IdF . On dmontre ainsi que f est bijective de E sur F et que f1 = g.

    Si on na aucune ide de ce quoi peut ressembler f1, mais si tout de mme f est donne explicitement par une formule,on peut essayer de dterminer la tte de f1 au moyen de lquivalence y = f(x) x = f1(y) . Partant dela proposition y = f(x) qui exprime y en fonction de x, on se dbrouille pour parvenir par quivalence jusqu uneproposition de la forme x = g(y) qui exprime x en fonction de y. Lapplication g ainsi dcouverte nest autre que f1.

    Enfin, si f nest pas donne explicitement par une formule mais par certaines de ses proprits, ou bien si on ne se sent pasdu tout capable de dterminer f1 au moyen de la technique prcdente, on dmontre en deux temps que f est injectiveet surjective.

    Exemple La fonction f :

    {C r

    {i} C

    z 7 z + iz i

    ralise une bijection de Cr{i}sur Cr

    {1}. Sa rciproque est lapplication

    7 i + 1 1 dfinie sur C r

    {1}.

    En effet Pour tout z C r {i} et pour tout C : = f(z) z + i

    z i = z + i = z i i( + 1) = z( 1).

    On peut alors exprimer en fonction de z si et seulement si 6= 1. Par consquent, pour tout z C r {i} et pourtout Cr{1} : = f(z) z = i + 1

    1 . Cette quivalence montre que f est bijective de C r{i}sur

    C r{1}de rciproque lapplication 7 i + 1

    1 dfinie sur C r{1}.

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    Exemple Soient f : E E une application telle que f f = IdE . On dit alors que f est une involution. Alors f est unebijection et f1 = f .

    En effet Posons g = f . Lgalit f f = IdE montre alors que f g = IdE et g f = IdE . Par consquent f estune bijection et g = f est sa rciproque.

    Thorme (Bijectivit et composition) Soient f : E F et g : F G deux applications.Si f et g sont bijectives, alors g f lest aussi. De plus : (g f)1 = f1 g1.

    Dmonstration Nous avons dj montr que g f tait la fois injective et surjective ; elle est donc bijectivecomme voulu. Mais nous pouvons redmontrer ce rsultat sans utiliser ce que nous avons dmontr prcdemment.Posons h = f1 g1, application de G dans E. Alors :

    h (g f) = (f1 g1) (g f) = f1 (g1 g) f = f1 IdF f = f1 f = IdEet

    (g f) h = (g f) (f1 g1) = g (f f1) g1 = g IdF g1 = g g1 = IdG.

    Ceci dmontre dun coup dun seul que g f est bijective de E sur G de rciproque h = f1 g1.

    Explication A titre culturel, on notera que la notion de bijection est utilise en mathmatiques pour mesurer la taille des ensembles. En effet, une bijection de E sur F est une manire de relier tout lment de E un unique lmentde F et tout lment de F un unique lment de E. En somme, dire quil existe une bijection de E sur F , cest dire que lesdeux ensembles E et F ont la mme taille, le mme nombre dlments. Par dfinition, on dit dans ce cas que E et F sontquipotents.

    5 Image directe, image rciproque

    5.1 Image directe

    Dfinition (Image directe dune partie par une application) Soient f : E F une application et A une partie de E.On appelle image (directe) de A par f , note f(A), lensemble f(A) =

    {y F/ a A/ y = f(a)

    }={f(a)

    }aA

    .

    ExplicationLimage f(A) de A par f est lensemble des images par f des lments de A. Graphique-ment, pour dterminer f(A), on projette sur laxe des ordonnes la portion du graphede f qui se situe au-dessus de A, comme lillustre la figure ci-contre.

    E

    F

    A

    f(A)

    ExempleTchez de vous convaincre vous-mmes, en faisant des dessins, que les affirmations sui-vantes sont vraies.

    Limage de R+ par lapplication exponentielle est lintervalle [1,[ ; limage de R par cette mme application est ]0, 1]. Limage de {pi} par lapplication sinus est {0} ; limage de [0, pi] est [0, 1] ; limage de [pi

    2,pi

    2

    ]est [1, 1] ; limage de [0, 2pi]

    est aussi [1, 1].

    5.2 Image rciproque

    Dfinition (Image rciproque dune partie par une application) Soient f : E F une application et B une partiede F . On appelle image rciproque de B par f , note f1(B), lensemble f1(B) =

    {x E/ f(x) B

    }.

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    Explication

    f1(B) est lensemble des lments de E dont limage par f appartient B. Gomtrique-ment, pour dterminer f1(B), on projette sur laxe des abscisses la portion du graphe def situe dans le tube horizontal dfini par B.

    On a, pour tout x E : x f1(B) f(x) B. E

    F

    B

    f1(B)

    Exemple Tchez de vous convaincre vous-mmes, en faisant des dessins, que les affirmations suivantes sont vraies.

    Limage rciproque de R+ par lapplication exponentielle est R tout entier ; limage rciproque de [1, 2[ est [0, ln 2[. Limage rciproque de {0} par lapplication sinus est piZ. Limage rciproque de [4,[ par lapplication carre est ],2] [2,[.

    $$$ Attention ! Nous avons rencontr la notation f1 dans deux contextes diffrents : le contexte des applicationsrciproques et le contexte des images rciproques. Cette mme notation recouvre en gnral des ralits mathmatiques distinctes.

    Cas o f est bijective : Alors f1 a un sens en tant quapplication puisque f1 dsigne la rciproque de f . En outre,si B est une partie de F , alors f1(B) est une partie de E bien dfinie.En rsum, si f est bijective, les deux notations base de f1 rencontres jusquici ont un sens.

    Cas o f nest pas bijective : Alors f ne possde pas de rciproque, et donc la notation f1 ne peut dsigneraucune application. Cela nempche pas la partie f1(B) de E dtre bien dfinie pour toute partie B de F . Seulementdans ce cas, f1 nest quune notation sans rapport aucun avec la notion dapplication rciproque.

    Il existe en fait un lien entre les deux notations f1 lorsque f est bijective, comme laffirme le thorme suivant :

    Thorme (Rciproque, image et image rciproque pour les bijections) Soit f une bijection de E sur F et B unepartie de F . On a :

    f1(B) = f1(B)

    Image rciproque de B par f Image directe de B par f1

    Dmonstration Pour le moment, la notation f1(B) est ambigu. Dcidons donc provisoirement de noterD limage directe de B par f1 et R limage rciproque de B par f . Le thorme affirme prcisment queD = R. Pour commencer, D et R sont deux parties de E par dfinition. Or pour tout x E :

    x D b B/ x = f1(b) b B/ f(x) = b (caractrisation des rciproques) f(x) B x R. Tout ceci montre bien que D = R.

    6 Quelques remarques sur les fonctions de R dans R

    Thorme (Rciproque dune fonction impaire bijective) Soient A une partie de R et f : A R une fonction impaire.Si f est bijective de A sur son image f(A), alors f(A) est symtrique par rapport 0 et f1 est impaire sur f(A).

    $ $ $ Attention ! Ce rsultat na pas dquivalent pour les fonctions paires car une fonction paire ne peut tre injective, moins dtre dfinie sur le singleton

    {0}: elle prend la mme valeur aux points x et x pour tout x en lequel elle est dfinie.

    Dmonstration Soit y f(A). Alors y = f(x) pour un certain x A. Or A est symtrique par rapport 0donc x A. Et comme f est impaire : y = f(x) = f(x) f(A). Ainsi f(A) est lui aussi symtrique parrapport 0.Mais en outre f1(y) = f1( f(x)) = f1(f(x)) = x = f1(y), donc f1 est impaire comme voulu.

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  • c Christophe Bertault - MPSI

    Il nest pas inutile de comprendre le thorme suivant en faisant un dessin !

    Thorme (Stricte monotonie, injectivit et rciproque) Soient A une partie de R et f : A R une fonctionstrictement monotone.

    (i) La fonction f est injective sur A donc bijective de A sur son image f(A).(ii) Lapplication rciproque f1 : f(A) A est strictement monotone de mme sens de variation que f .

    Dmonstration Traitons seulement le cas o f est strictement croissante lautre cas se traite de mme.

    (i) Montrons que f est injective sur A. Soient x, x A tels que f(x) = f(x). Peut-on avoir x < x ? Non, caron aurait alors f(x) < f(x), alors que f(x) = f(x). Peut-on avoir x < x ? Non plus, car on aurait alorsf(x) < f(x). Du coup x = x comme voulu.

    (ii) Montrons que f1 est strictement croissante sur A. Soient x, x A tels que x < x. Peut-on avoirf1(x) > f1(x) ? Non, car la stricte croissance de f montrerait alors que x > x, alors que justementx < x. Du coup f1(x) < f1(x) comme voulu.

    Exemple La fonction sinus est injective sur[pi

    2,pi

    2

    ], car elle est strictement croissante sur cet intervalle.

    Le fameux corollaire du TVI est un mlange du rsultat prcdent sur la stricte monotonie et du thorme des valeursintermdiaires proprement parler. Nous dmontrerons proprement le TVI plus tard dans lanne.

    Thorme (Le fameux corollaire du TVI) Soient a, b R tels que a < b et f : [a, b] R une application continuestrictement monotone. Alors f ralise une bijection de [a, b] sur f

    ([a, b]

    ), et de plus :

    si f est croissante : f([a, b]) = [f(a), f(b)] ; si f est dcroissante : f([a, b]) = [f(b), f(a)].Si f est dfinie sur un intervalle ouvert ou semi-ouvert, on a un rsultat analogue avec ventuellement des limites. Par exemple,

    si f est dfinie sur ]a, b] et croissante : f(]a, b]

    )=]lima

    f, f(b)].

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