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    Confrence des Nations Unies sur le commerce et le dveloppement

    Rpondre la crisealimentaire globaleLes politiques essentielles pour le commerce,linvestissement et les produits de base afindassurer la scurit alimentaire durable

    et dattnuer la pauvret

    Nations UniesNew York et Genve, 2008

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    Note

    Les appellations employes dans la prsente publication et laprsentation des donnes qui y figurent nimpliquent de la part du Secrtariatde lOrganisation des Nations Unies aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorits, ni quantau trac de leurs frontires ou limites.

    ______________________________________________________________

    Les cotes des documents de lOrganisation des Nations Unies secomposent de lettres majuscules et de chiffres. La simple mention dune cotedans un texte signifie quil sagit dun document de lOrganisation.

    ______________________________________________________________

    Le texte de la prsente publication peut tre cit ou reproduit sansautorisation, sous rserve quil soit fait mention de ladite publication et de sacote et quun justificatif soit adress au secrtariat de la CNUCED ladressesuivante: Palais des Nations, CH 1211 Genve 10, Suisse.

    ______________________________________________________________

    UNCTAD/OSG/2008/1

    Copyright Nations Unies, 2008Tous droits rservs

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    Rsum

    On peut considrer la crise alimentaire globale rcente comme un signaldalerte que les pays en dveloppement et la communaut internationalepeuvent transformer en une opportunit de revitaliser la production et lecommerce agricoles mondiaux et de mieux corriger leurs dsquilibressystmiques qui ont contribu, au fil des annes, aux problmesdaujourdhui. La crise a mis en relief les tensions propres au secteur desproduits alimentaires agricoles. Comme la crise a des causes et desconsquences court terme et aussi de nature structurelle et profonde, pour yrpondre il faudra des mesures la fois sur le court terme et dans le longterme. Bien entendu, la priorit immdiate et urgente est dassurer unenourriture suffisante aux populations, et cette tche est bien assume par lesorganisations daide humanitaire et de secours durgence. Mais cela ne suffitpas des rponses aux facteurs plus profonds et plus fondamentaux sont toutaussi importantes. Du point de vue du commerce et du dveloppement, etdans le cadre dune approche globale de la crise lchelle du systme desNations Unies, la CNUCED recommande un certain nombre de politiques etde mesures concrtes pour dvelopper le commerce, linvestissement etlagriculture, aux niveaux national, rgional et international.

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    TABLE DES MATIRES

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    Introduction ............................................................................................ 1I. Nature et causes profondes de la crise alimentaire ........................ 5

    A. Dsquilibre entre loffre et la demande............................... 6B. Spculation et restrictions lexportation sur le march

    des denres alimentaires ....................................................... 7C. Cots de lnergie, biocarburants et scurit alimentaire ..... 8D. Contraintes pesant sur la production agricole dans

    les pays en dveloppement ................................................... 10E. Rgles commer0ciales multilatrales.................................... 15F. Concurrence loyale ............................................................... 16

    II. Rpondre aux problmes critiques, promouvoir la scuritalimentaire et contribution de la CNUCED ................................... 19A. Politiques dimportation de produits alimentaires ................ 21B. quilibrer les tensions entre laccs immdiat et laccs

    durable aux produits alimentaires ......................................... 23C. Politiques de dveloppement de lagriculture et du secteur

    des denres alimentaires ....................................................... 25

    D. Rgles commerciales et question de politiquecommerciale.......................................................................... 27E. Politiques de linvestissement et du dveloppement

    des entreprises et dveloppement agricole............................ 33F. Politiques, technologies et dveloppement agricole ............. 34G. Politiques de coopration Sud-Sud pour le dveloppement

    et le commerce agricoles ...................................................... 36H. Politiques de soutien financier du dveloppement

    agricole ................................................................................. 39I. Dveloppement des marchs des produits de base ............... 42J. Biocarburants et scurit alimentaire.................................... 44

    III. Conclusion: la crise alimentaire est un signal dalerte................... 47

    Annexe.................................................................................................... 51

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    Introduction

    1. La crise alimentaire globale actuelle sexplique par lenvole rcentesans prcdent des prix des produits alimentaires, et en particulier desdenres de base, se conjuguant avec des pnuries et une contraction desstocks alimentaires, qui ensemble ont restreint laccs aux produitsalimentaires pour de nombreuses personnes (en particulier les pauvres) dansun grand nombre de pays en dveloppement. Il y a eu aussi une importanteaugmentation de la facture des importations alimentaires pour les pays en

    dveloppement. Tout cela a cr une multitude de problmes dordrehumanitaire, socioconomique et politique ainsi quen termes dedveloppement et de scurit. Mais au-del des dimensions humanitairesimmdiates de cette crise, cest aussi une crise de la politique dedveloppement en gnral qui est dautant plus choquante quelle survientalors mme que rcemment la mondialisation a t largement bnfique pourbeaucoup.

    2. Si les consquences de la crise se font surtout ressentir dans les pays faible revenu importateurs nets de produits alimentaires en particulier lespays les moins avancs (PMA), o 50 80 % en moyenne du revenu desmnages va lalimentation1 elles sont importantes aussi mme dans degrands pays en dveloppement comme lInde et la Chine, ainsi que dans

    certains pays dAmrique latine. Les pays dvelopps eux-mmesnchappent pas aux effets ngatifs de la crise: la hausse des prix des produitsalimentaires a aggrav les risques dinflation ou de pauvret qui pesaient dj cause de lenvole des prix de lnergie et du krach des marchs financierset immobiliers. Les besoins alimentaires urgents les plus immdiatsconcernent plus de 37 pays en dveloppement, identifis par lOrganisationdes Nations Unies pour lalimentation et lagriculture (FAO), dont 20 PMA.La crise alimentaire peut certes constituer une opportunit dans le sens quebeaucoup dagriculteurs des pays en dveloppement devraient profiter delaugmentation des prix des produits alimentaires. Mais cet effet positif risque dtre limit parce que souvent ces agriculteurs ne sont passuffisamment relis aux marchs, ou parce quils sont assujettis dautrescontraintes qui les empchent de tirer un rendement suffisant de leurs

    produits.

    ________1 Source : Organisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture.

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    3. La crise alimentaire globale menace lun des droits de lhomme les plusfondamentaux le droit dtre libr de la faim et de la malnutrition, reconnudans le Pacte international relatif aux droits conomiques, sociaux et culturelset dans la Dclaration universelle pour llimination dfinitive de la faim etde la malnutrition2. Elle fait obstacle aussi et de manire fondamentale laralisation des objectifs de dveloppement, car lorsquil devient plus difficilede se procurer ou de payer la nourriture ce sont la sant, lducation, lebien-tre maternel et beaucoup dautres indicateurs sociaux, ainsi que lacapacit dassurer sa propre subsistance, qui en ptissent. La crise peut ainsi

    compromettre les efforts pour acclrer la ralisation des objectifs duMillnaire pour le dveloppement (OMD), dont lobjectif 1, Rduirelextrme pauvret et la faim, fait justement le lien entre pauvret et faim.Les prix levs des produits alimentaires, les pnuries, la contraction de laconsommation de produits alimentaires et ltat nutritionnel dgradquimplique la crise ont par consquent pour tous les pays des rpercussionsmultiples et de grande envergure. Il appartient la communautinternationale de rpondre de manire dcisive et globale cette crise afin depromouvoir la scurit alimentaire pour tous, conformment la dfinitionsuivante de la FAO: La scurit alimentaire existe quand tous les individus,en tous moments, ont accs physiquement, socialement et conomiquement une nourriture suffisante, saine et nutritive qui est conforme leurs besoinsnutritionnels et leurs prfrences alimentaires pour une vie active et en

    bonne sant.3

    .4. En outre, il semble que la crise actuelle ait des consquencesparticulirement graves pour les femmes dans les pays en dveloppement.On peut penser en effet quune pnurie alimentaire affectera surtout lesfemmes et les fillettes qui sont souvent les dernires se nourrir dans lesfamilles pauvres. Cette problmatique de la faim ou de la malnutritiontouchant les femmes et les fillettes risque bien de compromettre les effortsentrepris plus gnralement pour promouvoir lgalit des sexes ainsi que lesamliorations attendues en termes dducation, de sant et de productivitconomique durable au dtriment des actions engages pour raliser________2 Adopte le 16 novembre 1974 par la Confrence mondiale de lalimentation etapprouve par lAssemble gnrale dans sa rsolution 3348 (XXIX)du 17 dcembre 1974.3 Voir FAO,Trade Reforms and Food Security: Conceptualizing the Linkages , 2003,par. 2.2.

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    Introduction

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    un autre des objectifs du Millnaire pour le dveloppement, lobjectif 3 visant promouvoir lgalit et lautonomisation des femmes.

    5. Le prsent document examine un certain nombre des causes et desenjeux essentiels de la crise alimentaire globale sous langle dudveloppement. Il passe en revue les rponses possibles cette crise traversdes politiques et des mesures pour le commerce, linvestissement etlagriculture aux niveaux national, rgional et international. La contributionpossible de la CNUCED pour rpondre la crise est mise en relief dans ce

    contexte.

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    I. Nature et causes profondes de la crise alimentaire6. La crise alimentaire globale actuelle consiste en une contraction desstocks alimentaires et en des hausses de prix massives, en particulier pour lesdenres de base. Les prix du bl, du riz et du soja ont bondi de plus de 40 %(60 % dans le cas du riz) depuis le dbut de 2007 (voir le graphique ci-aprs).Ces hausses de prix ont fortement alourdi la facture des importations pour laplupart des pays en dveloppement. Par exemple, entre 2002-2003et 2007-2008, la facture des importations de crales des pays faible revenuet dficit alimentaire est passe de 6,5 milliards de dollars 14,6 milliardsde dollars en Afrique, de 7 milliards de dollars 15,4 milliards de dollars enAsie et de 0,3 milliard de dollars 0,7 milliard de dollars dans la rgionAmrique latine et Carabes4. Ainsi, en cinq ans, les importations de cralesde ces pays ont plus que doubl en valeur5. Les hausses des prix des produitsalimentaires, avec laugmentation de la facture des importations de produitsalimentaires quelles impliquent, ont t dautant plus lourdes pour ces paysque les importations de produits alimentaires reprsentent en gnral unpourcentage plus lev du PIB dans les pays en dveloppement que dans lesautres pays (voir tableaux en annexe).

    Indices mensuels des prix dune slection de produits alimentaireset de types de produits, indice 2000 = 100

    Janvier 2005-avril 2008

    Source : Bulletin des prix des produits de base de la CNUCED.________4 Le terme dollar dsigne le dollar des tats-Unis dans le prsent document.5 CNUCED, Le renouveau des produits de base au XXIe sicle (TD/428).

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    Bl, tats-Unis,Hard Red Winter no 2 (ordinaire), f..b. GolfeMas, tats-Unis, jaune no 3,f..b. Golfe Riz, Thalande, blanchi,5 % brisures, cotations nominales, f..b. Bangkok Huiles vgtales et grainesolagineuses

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    7. Il ne faut pas penser que la crise alimentaire est simplement due desfacteurs dclenchants ou favorisants relativement rcents tels que hausse desprix du ptrole, chute du dollar, conditions climatiques, spculation,restrictions lexportation appliques par certains pays ou production debiocarburants. Elle est aussi imputable des tendances durables profondeslies lvolution de la structure de la dmographie et de la consommation et des annes dchecs systmiques de la stratgie de dveloppement sur demultiples fronts. Et ces checs des politiques de dveloppement ont tconstats non seulement au niveau national, mais aussi, et le fait est

    important, au niveau international. Comme la crise alimentaire globale rsultedune interaction cumule entre divers phnomnes court terme et sur lelong terme, elle risque de se poursuivre indfiniment, quelles que soient lesmesures appliques court terme, tant que les facteurs structurelsfondamentaux nauront pas t pris en compte de manire approprie etcomplte.

    8. Les dcideurs et la communaut internationale devraient tre attentifsen particulier aux liens complexes existant entre les problmes dans cedomaine. Il faudrait ainsi que des mesures appropries soient prises auxniveaux national et international, pour permettre aux pays en dveloppementdaccder aux produits alimentaires, de parvenir la scurit alimentaire etde bnficier de la hausse des prix.

    A. Dsquilibre entre loffre et la demande

    9. On peut considrer que, par nature, la crise reflte un dsquilibre entreloffre et la demande d une crise de la production conjugue avec uneaugmentation de la demande et du pouvoir dachat tendanciels ces derniresannes, dune part, et une crise des prix cause du dysfonctionnement etde la manipulation des marchs, dautre part. Parmi les facteurs dcisifs plusspcifiquement en cause, on peut mentionner des stocks alimentaires rduits,les changements climatiques et les scheresses rcentes dans des paysfournisseurs de premier plan, et la demande accrue pour certains produitsalimentaires lie la croissance dmographique, laugmentation du revenu, lurbanisation et la modification des habitudes alimentaires dans lescentres urbains. On a dailleurs observ quau moment mme o despressions dmographiques saccentuaient, des rcoltes taient en recul. Dansle cas de lInde, par exemple, on estime que la production par habitant de

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    crales et de lgumineuses a recul de 17 kilogrammes et de 3 kilogrammes,respectivement, ces dix dernires annes6.

    B. Spculation et restrictions lexportation sur le march des denresalimentaires

    10. Lafflux de capitaux spculatifs dans le secteur des produits de base(y compris les denres alimentaires) dans un march mondial de plus en plusinterconnect est un autre facteur. Il apparat de plus en plus probable que

    lenvole mondiale des prix des produits alimentaires est lie linstabilit etaux turbulences rcentes sur les marchs financiers, hypothcaires etimmobiliers mondiaux qui ont t dclenches par leffondrement, lannedernire, du march du crdit hypothcaire haut risque aux tats-Unis.Les spculateurs la recherche dactifs dont les prix allaient augmenter ontrorient leurs portefeuilles pour acheter des denres alimentaires (contratsdarbitrage sur indices, contrats terme et contrats doption sur les produitsde base). On estime ainsi quil aurait t investi dans des contrats darbitragesur indices pour des produits de base quelque 170 milliards de dollars ( lafin de mars 2008)7, et quau cours du premier trimestre de 2008, le volumedes contrats terme et des contrats doption sur les crales ngocies auniveau mondial aurait bondi de 32 % par rapport la mme priode en 2007.Sil ny a pas dinformation ni danalyse prcises sur limpact des capitaux

    spculatifs sur les prix des produits alimentaires, les hausses du prix decertaines denres de base sont imputables dans une grande mesure unespculation de divers acteurs sur les marchs des denres alimentaires quialimente la spirale des prix.

    11. En outre, certains pays ont commenc limiter directement ouindirectement leurs exportations de produits alimentaires en accumulant desstocks alimentaires et en interdisant ou en taxant les exportations de cesproduits. Ces mesures ont pour objet de rpondre temporairement auxbesoins du march intrieur, mais dans certains cas elles nont fait queperturber encore plus les marchs nationaux, rgionaux et mondiaux des________6

    Voir Ramesh Chand, Demand for foodgrains, Economics & Political Weekly ,29 dcembre 2007.7 World Commodity and Food Crisis: Trends and Expectations , YapiKredi Bank,Yelda Yucel, conomiste principal, mai 2008.

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    produits alimentaires et rduire loffre mondiale de ces produits (ce qui aaffect aussi lefficacit oprationnelle des marchs terme)8.

    C. Cots de lnergie, biocarburants et scurit alimentaire

    12. Les prix levs de lnergie ont fait augmenter le cot de la productionagricole et de la transformation et de la distribution des produits alimentairesen majorant le cot des intrants tels quengrais9, semences et pesticides, ainsique les cots dexploitation du matriel agricole et des oprations

    dirrigation, de transport et de transformation. Alors que la part de lnergiedans le cot de la production agricole est de 4 % environ dans la plupart despays dvelopps, par exemple, elle est de 8 20 % dans certains grands paysen dveloppement, comme le Brsil, la Chine et lInde10. La hausse des prixde lnergie a donc fortement major le cot de la production alimentairedans les pays en dveloppement.

    13. Lindustrie des biocarburants a aussi cr un nouveau lien entre lesmarchs et les prix de lnergie et des produits agricoles. Laugmentationcontinuelle des prix de lnergie a tir la hausse la demande debiocarburants et, par consquent, leurs prix. Cela a fait augmenter de maniredirecte la demande et les prix des cultures utilises comme matirespremires dans la production de biocarburants et, de manire indirecte, sans

    doute aussi les prix des autres cultures qui sont en concurrence avec ellespour les terres et les autres ressources tout en contribuant faire augmenterles prix des autres produits alimentaires achets titre de substitution ainsique les prix du foncier. La demande de biocarburants a donc t un importantfacteur dans la hausse des prix mondiaux des produits agricoles11. Maislimportance de ce lien nest pas encore tout fait claire, et il semble quellevarie selon la culture de biocarburant en question, le volume des changesdont elle fait lobjet, les possibilits de substitution et les possibilits________8 Voir High Food Prices: The What, Who, and How of Proposed Policy Actions,Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), PolicyReview, mai 2008. 9 Les prix mondiaux des engrais ont bondi de plus de 200 % en 2007, selonlInternational Center for Soil Fertility and Agricultural Development (IFDC).10 High food prices: the what, who, and how of proposed policy actions, Institutinternational de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), Policy Review, mai2008.11 OCDE-FAO,Perspectives agricoles 2008-2017 , 2008.

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    dutiliser pour cultiver des produits alimentaires les terres qui servent produire des matires premires pour les biocarburants. Par exemple, 1,4 %seulement du bl est utilis pour produire des biocarburants dans lUnioneuropenne, et environ 0,6 % seulement au niveau mondial12. Le prix du rizsest envol de 165 % entre avril 2007 et avril 2008, alors que le riz ne sertpas produire des biocarburants et que rien ne permet de penser que desterres o le riz tait cultiv aient t transformes en zones de production dematires premires pour les biocarburants mais on ne sait pas clairementdans quelle mesure il y a eu un effet de substitution de la demande cause de

    la hausse des prix des autres crales. Il faudrait donc continuer tudier,avec des analyses de cas dtailles, les liens entre les prix de lnergie, lesdiffrents types de biocarburants cultivs dans des conditions diverses, lessubventions et les mesures lies au commerce, les effets directs et indirectssur loffre et les prix de diffrents produits agricoles et les consquences pourla scurit alimentaire (avec une prise en compte adquate de laproblmatique de la durabilit).

    14. Il semble bien quil y ait un lien important entre limpact desbiocarburants sur la scurit alimentaire et la hausse des prix des produitsalimentaires et les mesures qui ont exacerb les pressions exerces sur lemarch. Dans la plupart des pays, le march des biocarburants fonctionne surla base dobjectifs impratifs en matire de mlange. Par exemple, les

    tats-Unis ont prvu dans leur loi de 2007 sur lnergie des niveauxambitieux pour lutilisation des biocarburants dans le transport qui vont bienau-del de ce que prvoyait la lgislation antrieure, en passant dun objectif de 9 milliards de gallons en 2008 36 milliards de gallons en 2022.Lutilisation de mas pour la production dthanol devrait pratiquementdoubler entre 2005/06 et 2007/08. En 2009, selon les prvisions, prs de38 % du mas utilis aux tats-Unis, soit 100 millions de tonnes, seraconsacr la production de biocarburants13. LUE, lInde, le Brsil et laChine se sont galement fix leurs propres objectifs pour dvelopper lesbiocarburants. Par exemple, lUnion europenne a dclar que dici 2010,5,75 % de toute lessence vendue aux automobilistes en Europe devraientprovenir de la production de biocarburants. Selon une nouvelle lgislation lexamen, ce taux serait port 10 % dici 2020. LUnion europenne

    ________12 The impact of biofuels on commodity prices, avril 2008, DEFRA, EconomicGroup, p. 15.13 Ibid.

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    reprsente 90 % environ de la production mondiale de biodiesel, et laprincipale matire premire utilise est le colza. On estime quen 2004, on autilis pour la production de biodiesel dans lUE 4,1 millions de tonnes degraines olagineuses, soit lquivalent de 20 % de la production totale degraines olagineuses de lUE 2514. En plus des objectifs ambitieux enmatire de mlange quils ont fixs, les tats-Unis et lUnion europenneappliquent des tarifs douaniers et des rglements techniques qui restreignentlimportation de biocarburants. Ces instruments, conjugus aux subventionstraditionnelles pour la production agricole, contribuent dtourner vers la

    production de biocarburants des terres et des cultures qui servaient laproduction alimentaire.

    D. Contraintes pesant sur la production agricole dans les pays endveloppement

    15. La crise alimentaire globale a des causes structurelles durables moinsvidentes mais tout aussi importantes, et qui ont bel et bien contribu auxgraves problmes de disponibilit alimentaire. Ces facteurs structurelsaffectent surtout loffre il sagit en particulier des difficults pour denombreux pays en dveloppement daccrotre la production et la productivitagricoles pour rpondre la demande de produits alimentaires dans le pays etpour le commerce international. Les facteurs lorigine de cette crise de la

    production ont de profondes incidences sur la scurit alimentaire (et larduction de la pauvret) en termes de production, de consommation et decommerce dans les pays en dveloppement. Dans une grande mesure, lesproblmes sont dus des tensions intrinsques parce que les secteurs delagriculture et de lalimentation ne sont pas considrs comme des secteursconomiques ordinaires. Ces tensions soulvent toutefois dimportantesquestions de fond auxquelles il va falloir trouver une rponse quilibre, afinque les facteurs ayant contribu la crise actuelle puissent tre pris encompte dans lintrt de toutes les parties concernes.

    ________14 Ibid, p. 16. Laugmentation rcente de la production dhuile de palme a t lie auboom de la production de biodiesel, bien que pour le moment 1 % seulement delhuile de palme soit utilis cet effet. Mme sil y a eu un certain impact indirect,dans la mesure o le colza est davantage utilis pour le biodiesel, globalementlutilisation des huiles vgtales pour le biodiesel reste modeste par rapport aux autresutilisations, en particulier pour la production alimentaire.

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    16. Le problme de loffre tient fondamentalement au fait que, enparticulier au cours des deux dernires dcennies, la productivit agricole at relativement faible dans les pays en dveloppement, voire en recul dansbeaucoup de PMA un signe du peu dintrt quon a longtemps port ausecteur agricole. En moyenne, la productivit agricole annuelle dans les PMA(telle que mesure par la production totale des facteurs (terre et travail)) entre1961 et 2003 na volu que de 0,1 %, contre 0,6 % environ dans les pays endveloppement dans leur ensemble15. Dans les PMA et les pays africains, cesfaibles taux de croissance agricoles ont t trs prjudiciables pour la

    croissance conomique et la rduction de la pauvret. Et mme dans degrands pays en dveloppement en croissance rapide, comme lInde, beaucoupdagriculteurs continuent tout juste assurer leur subsistance.

    17. La productivit agricole et par consquent la production sont faiblespour plusieurs raisons, y compris la rduction des surfaces cultivablesdisponibles et le mdiocre rendement des cultures. Dans beaucoup de pays endveloppement trs peupls et de PMA, les terres cultivables disponiblesdiminuent, souvent cause de lurbanisation des zones agricoles. La taillemoyenne des exploitations diminue elle aussi et de plus en plus dagriculteurscultivent des terres cologiquement fragiles. cause de la croissancedmographique et de la perte de terres cultivables, la superficie moyennedes exploitations en Chine et au Bangladesh, par exemple, est tombe

    denviron 1,5 hectare dans les annes 70 tout juste 0,5 hectare lheureactuelle; en thiopie et au Malawi, elle est tombe de 1,2 hectare 0,8 hectare dans les annes 9016. Dans les pays pauvres, le manque deau etdlectricit a retard encore plus la rponse du ct de loffre. Dans certainspays, laccs lirrigation est devenu un problme majeur, de mme quelabsence dinvestissement dans le dveloppement agricole, y compris larecherche-dveloppement, ce qui rduit dautant plus les possibilitsde dvelopper la production agricole et le rendement des terres et descultures. Dans la plupart des rgions o la production et le commerce sontdj bien dvelopps, les rendements ont progress trs lentement. Dans lespays en dveloppement, entre les annes 60 et les annes 80 le rendementdes principales cultures cralires a progress de 3 6 % par an.________15 Shenggen Fan, 2008, How to promote agricultural growth in LDCs throughproductive investment?, document de rfrence pour le Rapport 2008 sur les pays lesmoins avancs de la CNUCED.16 The new face of hunger,The Economist , 17 avril 2008.

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    sous-investissement dans les infrastructures (communications, irrigation,transport) ncessaires pour distribuer les produits agricoles, et aussi par lerenforcement des droits de proprit intellectuelle sur les obtentions vgtaleset les technologies pour les semences nouvelles. En outre, pour les culturesvivrires, la situation sest parfois dtriore du fait que des producteursruraux se sont dtourns de cultures auparavant pratiques pourlalimentation de base des populations locales, au profit de culturescommerciales plus rentables destines aux marchs des pays dvelopps(fleurs coupes, fruits et lgumes exotiques, tourteau de soja pour le btail,

    tabac, etc.). En revanche, dans certains pays dAfrique de lEst les revenustirs des cultures vivrires et de lagriculture biologique ont t investis dansla production alimentaire locale. Lvolution des prix de production relatifsdes cultures vivrires et des cultures commerciales ainsi que les difficults etles cots quimplique le respect des rglements phytosanitaires pour lescultures commerciales exportes pourraient bien maintenant inciter dvelopper les cultures vivrires pour le march intrieur, ce qui entraneraitune certaine transformation de la structure de la production.

    20. Encourager durablement la production agricole et alimentaire supposeaussi de disposer de recettes publiques, dont on connat linstabilit.Or, laide et notamment laide publique au dveloppement (APD) apportesaux pays en dveloppement pour lagriculture sont en recul. Entre 1980

    et 2002, les institutions multilatrales ont rduit les dpenses dAPD pourlagriculture de 3,4 milliards de dollars 0,5 milliard de dollars (unediminution de 85 %). Les donateurs bilatraux ont quant eux ramen leursapports de 2,8 milliards de dollars 1,7 milliard de dollars (une diminutionde 39 %)19. En outre, laide pour la science, la technologie et linnovationindispensables pour dvelopper la productivit agricole ne reprsente quunefraction de laide totale. Laide pour la recherche agricole reste totalementinsuffisante pour favoriser les amliorations de la productivit et lavulgarisation agricole dans la plupart des pays en dveloppement etdes PMA. Par exemple, 3 % seulement de laide pour la science, latechnologie et linnovation va la recherche agricole dans les PMA, et 2 %et 1 % seulement, respectivement, vont spcifiquement lenseignement et la formation agricoles et la vulgarisation agricole20. Il est donc crucial

    ________19 Official development assistance to agriculture, Department for InternationalDevelopment, novembre 2004.20 Rapport 2007 sur les pays les moins avancs , CNUCED.

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    Rpondre la crise alimentaire globale

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    dassurer ladditionalit et la prvisibilit des flux daide vers les secteursproductifs, y compris lagriculture, dans le cadre de laide au dveloppement.

    21. Par ailleurs, laide alimentaire en nature a parfois eu des effetsindsirables sur lagriculture des pays en dveloppement. Dans le cas descrales, par exemple, laide alimentaire en nature a atteint un picen 1999-2000, quand il y avait dimportants excdents de crales bas prix,mais elle a eu pour rsultat de dprimer les prix des agriculteurs des pays endveloppement du monde entier. En effet, une aide alimentaire en nature

    fournie bas prix peut dprimer les prix intrieurs des produits alimentaireset constituer ds lors une dsincitation produire localement des culturesvivrires similaires.

    22. En outre, linvestissement tranger direct (IED) dans la productionagricole en tant que telle a t trs limit jusqu prsent ainsi en 2005300 milliards de dollars de stock dIED seulement, soit moins de 3 %, taientdtenus dans lagriculture et les industries alimentaires (voir le tableauci-dessous). En fait, linvestissement tranger est surtout concentr dans latransformation et la commercialisation. En revanche, linvestissement privintrieur et tranger dans les cultures commerciales a t important.Globalement, le dficit dinvestissement sest creus au fur et mesure queles industries agricole et alimentaire devenaient plus capitalistiques.

    IED dans lagriculture, la sylviculture et la pche a etdans les produits alimentaires et les boissons b

    (en milliards de dollars et en pourcentage)Flux dIED Stock dIED

    Entres Sorties Stock intrieur Stock extrieurRgion1989-1991 2003-2005 1989-1991 2003-2005 1990 2005 1990 2005

    Monde 7,8(4,3 %)

    18,0(2,4 %)

    12,9(5,9 %)

    22,9(3,0 %)

    81,4(4,6 %)

    290,9(2,9 %)

    81,6(4,5 %)

    307,4(2,9 %)

    Pays dvelopps 4,8(3,3 %)

    9,8(1,9 %)

    12,7(6,0 %)

    22,5(3,2 %)

    67,4(4,7 %)

    230,7(3,1 %)

    80,8(4,5 %)

    303,0(3,2 %)

    Pays endveloppement

    3,0(8,4 %)

    7,3(3,4 %)

    0,3(4,8 %)

    0,3(0,6 %)

    14,1(4,2 %)

    48,6(2,1 %)

    0,8(3,6 %)

    4,1(0,4 %)

    Pays du sud-est delEurope et de la CEI

    ..

    ..0,9

    (3,2 %)....

    0,05..

    ..

    ..11,6

    (5,9 %)....

    0,3(16 %)

    Source : CNUCED, Rapport sur linvestissement dans le monde 2007 , p. 225 228. a Y compris la chasse. b Y compris le tabac.Note: Les chiffres entre parenthses indiquent la part de ces secteurs par rapport lIEDtotal dans lensemble des secteurs.

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    I. Nature et causes profondes de la crise alimentaire

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    23. Lun des plus gros obstacles au dveloppement agricole dans les paysen dveloppement a t constitu par les subventions lexportation et par lespolitiques de soutien interne en faveur de lagriculture pratiques de longuedate dans les pays dvelopps. Les analyses et les tudes de cas effectuespar la FAO et par la CNUCED indiquent que les subventions lagriculturedans les pays dvelopps se sont traduites par une augmentation rapide desimportations alimentaires dans les pays en dveloppement, ainsi que par undclin de la production agricole. Les pays en dveloppement qui ontlibralis leur agriculture trop rapidement et trop largement ont t durement

    touchs par le dumping prix brads des exportations alimentairessubventionnes en provenance de pays dvelopps. Ces pratiques ont portprjudice la production pour le march intrieur et pour lexportation, etempch les agriculteurs de rpondre par loffre la crise actuelle. En fait,beaucoup de pays en dveloppement, et en particulier de PMA, qui sonttraditionnellement des exportateurs de produits alimentaires, sont devenusdes importateurs nets de produits alimentaires au cours des vingt derniresannes. Il ressort de donnes rcentes pour 2006 que dans les PMA 20 % enmoyenne des produits alimentaires consomms sont imports et que danscertains pays la proportion est nettement plus leve (par exemple, 67 % auLesotho, 82 % en Gambie, 32 % en Mauritanie et 31 % au Malawi).

    E. Rgles commerciales multilatrales

    24. Les rgles commerciales multilatrales influent de faon importante surla scurit alimentaire. Dans le cadre de lOrganisation mondiale ducommerce (OMC), ces rgles autorisaient jusqu prsent les subventions lagriculture (subventions interdites pour la plupart dans le secteur industriel).Elles autorisaient aussi les subventions lexportation indirectes par le biaisde crdits lexportation, dentreprises de commerce dtat et de laidealimentaire. Or, on a souvent constat que cette dernire tait dtermine parloffre plutt que par la demande, avec les pressions que cela fait peser sur lesproducteurs locaux dans les pays pauvres. En outre, certains pays endveloppement (surtout ceux qui ont des programmes dajustementstructurel) ont pour les produits agricoles des taux de droits consolids (leplafond maximum autoris) faibles, qui les empchent de protger et de

    dvelopper leur propre production (voir le tableau ci-dessous). Ceci expliqueen partie pourquoi, face des importations subventionnes et faisant lobjetdun dumping, les producteurs des pays en dveloppement taient sansdfense, et pourquoi la production agricole dans ces pays a enregistr desreculs dont elle na pas pu se relever rapidement.

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    Rpondre la crise alimentaire globale

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    Taux consolids et taux NPF appliqus

    Taux consolids(%)

    Taux appliqus(%)

    AgriculturePays dvelopps 38 34Pays en dveloppement 61 25

    Source : Calculs de la CNUCED fonds sur le systme TRAINS et sur lesdonnes de lOMC.

    25. Cela semble montrer quune modulation stratgique des tarifs agricolespourrait tre importante pour encourager la production intrieure de culturesvivrires. Beaucoup de pays en dveloppement qui appliquent des taux dedroits consolids plus levs ont ainsi loccasion dajuster dans une certainemesure les prix intrieurs quand les prix mondiaux fluctuent en abaissant lestarifs appliqus et en utilisant ainsi la flexibilit des instruments tarifaires.Lintrt dfensif que prsente cette possibilit de relever ou de maintenir lesdroits sur des produits importants pour la scurit alimentaire, la garantie desmoyens dexistence et le dveloppement rural a t reconnu par les membres

    de lOMC par le biais daccords intrimaires dans le cadre du Cycle de Doha.F. Concurrence loyale

    26. Les structures de march, les fusions et les alliances stratgiques denature oligopolistique (du ct du vendeur) ou oligopsonistique (du ct delacheteur) dans le secteur agroalimentaire ont contribu laugmentation desprix des intrants agricoles et ont fait que les agriculteurs des pays endveloppement ne peroivent quune fraction relativement rduite du prix dedtail de leurs produits, ce qui restreint les perspectives de profit propres encourager la production alimentaire dans ces pays. On a estim ainsi quedeux socits dtenaient 65 % et 44 %, respectivement, des marchsmondiaux des semences de mas et de soja; que six socits contrlaient 75

    80 % du march mondial des pesticides; que cinq socits contrlaient plusde 80 % du commerce mondial des bananes, avec une tendance lintgration verticale de la chane dapprovisionnement dans ce secteur,comme dans plusieurs autres dans lindustrie agroalimentaire; et que les30 premires entreprises de distribution alimentaire reprsentaient un tiers

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    I. Nature et causes profondes de la crise alimentaire

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    des ventes mondiales dpicerie21. Ces chiffres concernent le marchmondial, mais parfois la concentration est relativement plus forte pourcertains intrants agricoles ou alimentaires et produits agricoles dans les paysen dveloppement. Cette concentration a facilit sur ces marchs diversespratiques anticoncurrentielles visant les agriculteurs, les industriels delagroalimentaire et les consommateurs, par exemple abus de positiondominante, abus de dpendance conomique, ententes et dlimitation desmarchs22. Parmi les ententes internationales affectant les marchsagroalimentaires dans les pays en dveloppement on peut mentionner par

    exemple celles sur les vitamines (incorpores dans les produits alimentaireset les aliments pour animaux), la lysine (additif dans les aliments pouranimaux), lacide citrique (additif dans les produits alimentaires et lesaliments pour animaux) et le fructose de mas (dulcorant utilis danslindustrie des produits alimentaires et des boissons)23.

    27. Les concentrations ont aussi facilit lexercice de la puissance dachat,au point que la viabilit des activits agricoles en a souffert24. Dune part,les industriels de lagroalimentaire, les ngociants de produits de base en vracou les supermarchs qui ngocient directement avec les producteurs des paysen dveloppement ont fortement pes la baisse sur les prix offerts cesagriculteurs pour leurs produits, tout en imposant des conditions rigoureuses.________21 Voir Actionaid International, Power hungry six reasons to regulate global foodcorporations, 2005.22 Voir CNUCED, Conditions dentre influant sur la comptitivit et les exportationsdes biens et services des pays en dveloppement: les grands rseaux de distribution,compte tenu des besoins particuliers des PMA (TD/B/COM.1/EM.23/2), ainsi que lerapport de la runion dexperts sur le mme thme (TD/B/COM.1/66); ActionaidInternational, Power hungry six reasons to regulate global food corporations, 2005;et Traidcraft, Rebalancing the supply chain: buyer power, commodities andcompetition policy, 2008.23 On a estim que, cause de lexistence de lentente sur les vitamines, au total lessurcots pays par quatre pays en dveloppement entre 1989 et 1999 auraient dpass100 millions de dollars et que ceux pays par six autres pays en dveloppementauraient dpass 50 millions de dollars. Voir OMC, Groupe de travail de linteractiondu commerce et de la politique de la concurrence tude des questions relatives unventuel cadre multilatral sur la politique de la concurrence, documentWT/WGTCP/W/228. Toutefois, un seul pays en dveloppement, le Brsil, a agi pourrprimer cette entente, et aucun autre pays en dveloppement na engag dactioncontre des ententes de ce type.24 Voir CNUCED, Actionaid et Traidcraft, op. cit.

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    II. Rpondre aux problmes critiques, promouvoir la scuritalimentaire et contribution de la CNUCED

    28. Compte tenu de la gravit et de la nature globale de la crise alimentaire,le Secrtaire gnral de lONU, M. Ban Ki-moon, a pris des mesuresimmdiates et form une quipe spciale de haut niveau sur la crise mondialede la scurit alimentaire afin de mobiliser le systme des Nations Unies face ce problme (voir lencadr ci-dessous). Cette approche lchelle dusystme viendra complter dautres initiatives aux niveaux national et

    international pour tudier les causes profondes de la crise et promouvoir desmoyens viables pour la surmonter.

    29. Dans lAccord dAccra27, adopt le 25 avril 2008, les tats membres dela CNUCED se sont dits conscients de la crise alimentaire globale et ontdemand la CNUCED de contribuer la surmonter dans le cadre de sonaction concernant les produits de base, le commerce et linvestissement. Ilsont mis en lumire la ncessit de prendre en compte les consquences delinstabilit des prix de lnergie et des denres alimentaires, et de veiller mnager un quilibre judicieux entre les proccupations concernant lascurit alimentaire et celles lies lnergie. Certains pays endveloppement se sont dclars proccups par les dysfonctionnements desmarchs, et ont soulign la ncessit dun fonctionnement efficace des

    marchs et dun meilleur dialogue entre pays importateurs et paysexportateurs de denres alimentaires, afin de faire baisser et de stabiliser lesprix alimentaires mondiaux. On sest aussi flicit de la dcision duSecrtaire gnral de lONU de constituer durgence une quipe spciale dehaut niveau sur la crise alimentaire actuelle et son impact sur la pauvret,ainsi que sur les problmes de scurit alimentaire long terme.

    ________27 TD/L.414 (par. 51, 79 et 83).

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    Rpondre la crise alimentaire globale

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    quipe spciale de haut niveau des Nations Uniessur la crise mondiale de la scurit alimentaire:

    Mandat

    Lobjectif de lquipe spciale de haut niveau est dassurer unecomprhension et une action compltes et coordonnes en vue de rpondreaux problmes alimentaires immdiats et plus long terme.

    Les principales fonctions de lquipe spciale de haut niveau seront lessuivantes:

    Conseiller le Secrtaire gnral sur les rponses appropries auxproblmes alimentaires mondiaux;

    tudier et approuver un cadre de travail complet pour laction,cohrent et coordonn, y compris une srie de stratgies pour uneaction immdiate et plus long terme;

    Dvelopper des consensus larges, y compris avec lesgouvernements et les acteurs externes clefs, sur le Cadre de travailet la faon de procder propose;

    Assurer la mise en uvre coordonne du Cadre de travail et desactivits lies;

    Favoriser une communication et un partage dinformationscohrents et coordonns..

    30. Il est clair quil faut la fois des rponses immdiates et dans le longterme pour attnuer la crise alimentaire aujourdhui et viter quelle neresurgisse dans lavenir. Il convient de noter toutefois que ces diffrentesformes de rponses sont porteuses de tensions particulires. Avec sonapproche des questions du commerce et de linvestissement axes sur ledveloppement, la CNUCED peut aider dfinir le partenariat ncessaire

    entre les gouvernements et les diffrents acteurs et attnuer les tensionsquimplique invitablement une tche aussi complexe que celle qui consiste apporter des secours alimentaires durgence sans priver les communautslocales de leur capacit de sengager durablement sur la voiedu dveloppement. partir dune analyse exhaustive et quilibre,

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    II. Rpondre aux problmes critiques

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    la CNUCED peut favoriser le dialogue intergouvernemental et la formationde consensus sur les politiques et les mesures appropries, apporter desconseils et contribuer des projets concrets, et aider ainsi promouvoir unaccs plus universel lalimentation travers des mesures propres renforcerde manire positive linteraction entre commerce, investissement,environnement, produits de base et politiques et stratgies agricoles. Assurerla scurit alimentaire est autant une question de commerce et dedveloppement quune question de productivit agricole.

    31. Il faudrait envisager des mesures face aux grands enjeux lis auxfacteurs qui aggravent la crise alimentaire, lintrieur du Cadre gnraldaction sous lgide de lquipe spciale de haut niveau sur la crisemondiale de la scurit alimentaire, et en troite collaboration avec la FAO,les quipes de pays des Nations Unies et dautres organisations. Pour prendreen compte les facteurs systmiques fondamentaux, une approche intgre etglobale simpose.

    A. Politiques dimportation de produits alimentaires

    Problmatique

    32. Des mesures daide humanitaire et de secours durgence sont prises par

    la FAO, le Programme alimentaire mondial (PAM) et dautres organismes,avec le soutien de la communaut internationale, pour aider les pays touchs assurer aux populations dans le besoin, en particulier les plus pauvres, unapprovisionnement rgulier en produits alimentaires essentiels. Lacommunaut internationale doit continuer appuyer cet approvisionnementalimentaire durgence.

    33. Dautres mesures pour assurer laccs aux denres alimentaires pour uncot abordable peuvent aussi tre envisages et mises en uvre en apportantaux gouvernements un soutien au niveau des politiques et des procduresdimportation de denres alimentaires. Les pays en dveloppement quiconnaissent des pnuries (et de fortes hausses de prix) de denres de basecomme le riz ou le bl qui sont largement consommes mais qui ne sont pascultives localement, ou pas en quantit suffisante, et qui doivent treimportes moyennant un cot lev peuvent sefforcer de rduire les cotsde transaction des importations de denres alimentaires en se procurant cesproduits directement auprs des pays producteurs.

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    Contribution de la CNUCED

    34. La CNUCED peut aider les pays en dveloppement, en particulier ceuxqui sont importateurs nets de produits alimentaires et qui ont des difficults importer ces produits, dans des conditions de concurrence, pour nourrirleur population. En 1988, la CNUCED a pris linitiative dun projet decoopration technique prvoyant une assistance pour les politiques etla gestion des importations de denres alimentaires, qui a pris fin en 1992.Les grands objectifs du projet taient daider les pays en dveloppement

    importateurs de produits alimentaires, et en particulier les PMA, amliorerleurs politiques dimportation dans le cadre des plans nationaux en matiredalimentation et rduire le cot en devises de ces importations, y comprisen diversifiant les sources dapprovisionnement. Ce projet tait troitementli un autre projet de la CNUCED sur les contrats dachat pourlimportation de denres alimentaires, lui aussi excut au cours de la mmepriode.

    35. Pour appuyer les efforts du systme des Nations Unies pour aider lespays touchs faire face la crise alimentaire globale actuelle, la CNUCEDa entrepris dlaborer un nouveau projet pour aider les pays endveloppement formuler et appliquer des politiques dimportation dedenres alimentaires. Ce projet aura un double objectif. Premirement,

    il visera renforcer les capacits des pays en dveloppement pour acheter desdenres alimentaires aux conditions du march, par exemple en sadressantdirectement aux producteurs. Deuximement, il aidera les paysen dveloppement importateurs nets de produits alimentaires concevoir desprocdures amliores pour rduire directement les cots de transaction,y compris ceux qui sont lis au financement des importations. Les pays endveloppement importateurs nets de produits alimentaires seront lesprincipaux bnficiaires des activits du projet, pour le financement duquella CNUCED recherche des donateurs.

    36. En outre, certains pays en dveloppement importateurs nets de produitsalimentaires pourraient envisager des accords ou des arrangements pourlachat de produits alimentaires dans le cadre de contrats long terme avecdes exportateurs nets de produits alimentaires ou des entreprises exportatricesde ces produits des prix favorables (pour sassurer de leur accessibilit)et en quantit suffisante (pour sassurer un approvisionnement sr).Des arrangements de ce type pourraient tre conclus dans le cadre national,ou avec dautres pays. Mais dans beaucoup de pays en dveloppement,

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    souvent les comptences et le savoir-faire requis en matire de stratgiesdachat de denres alimentaires nexistent pas ou gure. Ce dficit sestaggrav lorsque bon nombre de pays en dveloppement ont dmantel leursoffices pour lagriculture et leurs offices de commercialisation, se privantainsi de comptences et dun savoir-faire importants pour la stratgienationale de production et dachat de denres alimentaires. Les arrangementspour lachat de denres alimentaires peuvent en effet tre complexes etdifficiles ngocier et appliquer. La CNUCED peut apporter des conseils etun soutien pour le renforcement des capacits aux pays en dveloppement qui

    voudraient dvelopper ce type darrangements, aux niveaux national, rgionalet international.

    B. quilibrer les tensions entre laccs immdiat et laccs durable auxproduits alimentaires

    Problmatique

    37. Il faut concevoir dans une optique durable la scurit alimentaire tantdans les pays en dveloppement importateurs nets de produits alimentairesque dans les pays en dveloppement exportateurs nets de produitsalimentaires, afin de dvelopper des capacits de production endognes quipermettent de rpondre aux besoins actuels et futurs de la population et aussi

    dexporter. Pour appuyer cette stratgie de dveloppement, il faut concevoir judicieusement la problmatique des secours durgence court terme afin dene pas compromettre lapproche structurelle plus long terme quimplique lascurit alimentaire.

    38. Laide alimentaire est un outil essentiel pour apporter des secoursdurgence des populations souffrant de la faim, voire de la famine, mais ellesoulve des questions complexes. Les discussions entre pays donateurs etpays bnficiaires de laide alimentaire ont essentiellement consist savoircomment garantir au mieux que laide va ceux qui en ont rellement besoin,et comment sassurer quelle ne porte pas prjudice la production intrieure et en particulier aux moyens de subsistance des petits agriculteurs dansles pays qui la reoivent, quelle ne fausse pas les changes, en particulier enfaisant obstacle aux exportations en provenance de fournisseurs concurrents,quelle ne sert pas conqurir de nouveaux marchs, quelle rpondvritablement la demande, quelle nest pas fournie par les pays donateurspour couler des excdents, et quelle ne sert pas de prtexte aux pays pourcontourner leurs engagements en matire de subventions lexportation.

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    Il faut donc une approche approprie pour faire en sorte que laccs urgentaux produits alimentaires et laccs durable ces produits soientmutuellement compatibles.

    39. Les politiques daide alimentaire doivent tre modules et laidealimentaire doit tre distribue de manire ne pas compromettre oudcourager la production locale de produits alimentaires. Ce dilemmeparticulirement difficile exige une analyse approfondie des facteursstructurels, des capacits de productivit agricole et des ressources et des

    institutions requises pour soutenir le dveloppement de lagriculture sur lelong terme, tout en rpondant aux besoins humanitaires urgents. En outre, onsefforce de rglementer laide alimentaire dans le cadre des rformes dusecteur agricole relevant des ngociations du Cycle de Doha. Comme indiquplus haut, les crdits lexportation pour les produits agricoles fournis par lespays dvelopps ont aussi rendu plus difficile pour les producteurs des paysen dveloppement daffronter la concurrence armes gales sur leurs propresmarchs et sur le march international. Sur ce plan l aussi, des efforts sontfaits pour renforcer les disciplines multilatrales.

    Contribution de la CNUCED

    40. La CNUCED peut fournir aux pays en dveloppement des conseils et

    un soutien pour le renforcement des capacits afin dquilibrer les tensionsentre scurit alimentaire immdiate et souci de la scurit alimentaire sur lelong terme. travers ses travaux sur les politiques pour les produits de baseagricoles, par exemple, la CNUCED a aid les pays en dveloppementtributaires de ces produits de base concevoir des politiques et des stratgiespertinentes pour doper la production agricole, y compris celle de culturesvivrires, pour la consommation locale et pour lexportation. Ces derniresannes, la CNUCED a mis laccent dans ses travaux sur les politiques desproduits de base qui peuvent aider promouvoir les objectifs du Millnairepour le dveloppement et rduire lextrme pauvret. En mettant profitcette exprience et ce savoir-faire, la CNUCED peut aider les pays endveloppement et les principaux fournisseurs daide alimentaire grer laidealimentaire durgence de manire rpondre aux besoins urgents induits parles pnuries alimentaires, mais sans dcourager la production locale dedenres alimentaires ni le dveloppement de lagriculture et du secteur desproduits de base plus gnralement.

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    C. Politiques de dveloppement de lagriculture et du secteur desdenres alimentaires

    Problmatique

    41. La crise alimentaire a mis en relief la ncessit de revoir et de renforcernotablement le soutien au dveloppement la fois de lagriculture et dusecteur des produits alimentaires dans les pays en dveloppement. moyenet long terme, la hausse des prix des produits alimentaires devrait procurer

    pour le dveloppement de lagriculture et le commerce des produits agricolesdes gains qui renforceront les incitations dvelopper la production,augmenteront les revenus des pays exportateurs de produits alimentaires etdoperont le dveloppement rural en particulier. Mais pour que les pays endveloppement puissent mettre profit ces opportunits, des mesuresappropries doivent tre adoptes, aux niveaux national et international, pourpermettre aux agriculteurs de ces pays de tirer un rendement suffisant de leurproduction. Dans les pays en dveloppement tributaires des produits de base,toute relance du secteur des produits de base passe ncessairement par despolitiques, des stratgies et des plans de dveloppement global du secteur desproduits de base agricoles, avec une dimension locale pour accrotre laproduction et la comptitivit et une dimension internationale pour obtenir demeilleurs termes de lchange pour les exportations et les importations de

    produits de base. En effet, dans beaucoup de pays en dveloppement il nypas de politiques nationale et sectorielle de dveloppement du secteur desproduits de base, ou bien lorsque ces politiques existent elles ne peuvent pastre appliques faute de financement. Il faudrait donc procder desvaluations au niveau national (et rgional) du profil du secteur des denresalimentaires dans les diffrents pays, et prendre des mesures pour renforcer laproduction et la productivit. Dans beaucoup de pays aussi, il y a souvent auniveau des autorits une sparation des fonctions entre le ministre delagriculture, qui soccupe du dveloppement de lagriculture au niveaunational, et le ministre du commerce, qui soccupe du commerce desproduits agricoles. Un renforcement des liens entre le dveloppement delagriculture et le commerce des produits agricoles au niveau national dans lecadre de lactuel processus de mondialisation est ncessaire pour traiter plus

    efficacement les questions concernant lagriculture. Il serait judicieux ausside sintresser nouveau aux mcanismes de coopration entre producteurset consommateurs pour prendre en compte les proccupations communesconcernant la scurit alimentaire et les prix des denres alimentaires.

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    42. Les pays en dveloppement ont de plus en plus besoin dune agriculturedurable, y compris pour les denres de base. Souvent, les formes durablesdagriculture sont non seulement plus productives, mais indispensables pouradapter lagriculture aux changements climatiques et pour attnuer les effetsde ces changements. En outre, les produits issus de lagriculture biologiquesont trs demands sur le march des produits alimentaires transforms.Et comme lemploi de produits agrochimiques est interdit dans lagriculturebiologique, ce systme de production est moins vulnrable aux chocsptroliers. Enfin, comme ce systme sappuie sur les ressources locales et le

    savoir-faire traditionnel local, il attnue de plusieurs manires la vulnrabilitaux chocs extrieurs28.

    Contribution de la CNUCED

    43. Au fil des annes, la CNUCED a analys la production agricole et lecommerce des produits agricoles en gnral et spcifiquement dans les PMA.Elle a mis en relief la ncessit de renforcer le dveloppement delagriculture dans les pays en dveloppement pour faire face aux besoinsalimentaires, attnuer la pauvret et permettre aux pays de profiter de leursavantages comparatifs et comptitifs naturels en matire dagriculture pourcommercer et se diversifier. La CNUCED a ainsi aid dfinir et mettre enuvre des politiques pour les produits de base qui visaient assurer un

    meilleur quilibre entre production alimentaire et production non alimentaire(cultures commerciales) pour la consommation locale et pour lexportation.

    ________28 Lvaluation internationale des sciences et technologies agricoles pour ledveloppement (IAASTD), un processus intergouvernemental associant plus de400 experts sous le parrainage conjoint de la Banque mondiale, de la FAO, du FEM,de lOMS, du PNUD, du PNUE et de lUNESCO, a prsent son rapport final,Agriculture The need for Change, le 14 avril 2008. Il y est affirm ceci: Notremanire de cultiver notre nourriture devra changer radicalement pour mieux rpondreaux besoins des pauvres et des affams si nous voulons faire face la croissancedmographique et aux changements climatiques tout en vitant les bouleversementssociaux et un dsastre environnemental.. Selon les auteurs: i) les progrs dans le

    secteur de lagriculture avaient procur des retombes bnfiques trs ingales et ilsavaient un cot sur le plan social et environnemental; et ii) les producteurs agricolesdevraient essayer dutiliser des mthodes naturelles, telles que lassolement et lesengrais organiques. Les auteurs proposaient de prter davantage attention aux petitsagriculteurs et aux pratiques culturales durables, loption de lagriculture biologiquetant spcifiquement mentionne plusieurs reprises.

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    Elle peut aussi identifier les obstacles une meilleure scurit alimentaireainsi que les mesures viables permettant de surmonter ces obstacles, auxniveaux national, rgional et international, dans une optique intgre quisappuie sur les ressources locales et qui combine la composante marchintrieur et la composante marchs internationaux.

    44. La CNUCED aidera cet gard laborer des politiques nationales dedveloppement des produits agricoles fondes sur une stratgie dedveloppement proactive et dans le long terme de ce secteur. Il faudra pour

    cela renforcer les capacits institutionnelles, dvelopper les relations enamont et en aval, amliorer la participation des petits producteurs aux chanesde valeur, dvelopper le cadre juridique et rglementaire, promouvoir lespratiques agricoles cologiquement durables et veiller lutilisation efficientedes ressources. Il faudra aussi une coordination, selon que de besoin, entre lesstratgies nationales et les efforts de dveloppement au niveau rgional pourassurer les synergies. Au niveau international, compte tenu de sa vasteexprience dans le domaine de la coopration entre producteurs etconsommateurs, la CNUCED peut aussi aider valuer la pertinence de telsmcanismes pour renforcer la scurit alimentaire globale.

    D. Rgles commerciales et questions de politique commerciale

    Problmatique45. Les produits alimentaires et agricoles sont considrs comme desdenres particulires, que la rglementation commerciale ne peut traitercomme les autres marchandises. Depuis le dbut du systme commercialmultilatral, lagriculture fait lobjet dun rgime spcial, qui nest passoumis la totalit des restrictions commerciales. Le Cycle de ngociationsmultilatrales de Doha devrait porter sur la rduction ou llimination desdroits de douane sur les produits agricoles, sur les subventions internes quifaussent le jeu des changes et sur la suppression des subventions lexportation.

    46. Il y a plusieurs aspects de la politique commerciale qui intressent la

    scurit alimentaire. Le premier est celui des subventions lexportation desproduits agricoles verses de longue date et des mesures dappui qui faussentles changes dans les pays dvelopps et qui ont entrav le dveloppementagricole de beaucoup de pays en dveloppement et sans doute retard leurraction au niveau de loffre. Le cours lev et la forte demande de denres

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    alimentaires, qui dissuadent les pays dvelopps de verser des aides oudapporter dautres formes de soutien, sont propices une rductionsubstantielle, voire la disparition progressive, de ces subventions dans lecadre des ngociations du Cycle de Doha29. Les ressources financires quiseraient ainsi libres pourraient tre affectes au dveloppement agricole despays en dveloppement.

    47. Le deuxime aspect citer est celui de lutilisation par les pays endveloppement des droits de douane sur les produits agricoles comme outil

    politique de promotion du dveloppement agricole. Au cours desngociations de Doha, les tats membres de lOMC ont reconnu quil taitncessaire de mnager une certaine souplesse dans les politiques douanirestouchant les produits agricoles pour assurer la scurit vivrire, la stabilitdes moyens de subsistance et le dveloppement rural des pays endveloppement. On en a pour preuve la disposition quil est proposdadopter pour les produits spciaux, selon laquelle les pays endveloppement seraient autoriss ne pas rduire les droits lexportation ou les rduire dans une moindre proportion lorsquils frappent desproduits indispensables la scurit alimentaire, la stabilit des moyens desubsistance et au dveloppement rural. Cela donnerait en outre aux paysintresss toute latitude pour rduire les droits sur les produits alimentaires enfonction des ncessits de la gestion de la chane alimentaire et de la

    conjoncture des prix sur leur territoire. On retrouve la mme ide dans leprojet de mcanisme de sauvegarde spcial (MSS) qui permettra aux pays endveloppement daccrotre temporairement leurs droits au-del de lafourchette prvue en cas de flchissement anormal des prix ou daffluxmassif dimportations. La crise alimentaire globale actuelle a bien fait voirque les pays en dveloppement devaient bnficier dune clause pour lesproduits spciaux et dun mcanisme de sauvegarde spcial.

    48. Le troisime aspect de la politique commerciale est celui des mesuresrestrictives (taxe lexportation, contingentement, interdiction dexporter)adoptes par certains pays. Larticle XI du GATT de 199430 permet

    ________29 Il faut galement que les subventions qui faussent les changes soient liminesdans toute la mesure possible, mais sans que soient perturbes la production etlexportation court terme de produits alimentaires dun prix raisonnable en directiondes pays en dveloppement qui en importent.30 limination gnrale des restrictions quantitatives.

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    dappliquer des prohibitions ou restrictions lexportation pour prvenir unesituation critique due une pnurie de produits alimentaires, et larticle 12 delAccord sur lagriculture31 dispose que lorsquun tat institue une nouvelleprohibition ou restriction lexportation, il doit prendre dment enconsidration les effets de cette prohibition ou restriction sur la scuritalimentaire des pays importateurs. Il met aussi en place une procdure detransparence. Ce dernier article ne sapplique quaux pays dvelopps ou endveloppement qui sont exportateurs nets du produit alimentaire touch par larestriction ou la prohibition dont il sagit. Les taxes lexportation ne sont

    pas expressment rgies par les accords de lOMC; autrement dit les pays nepeuvent imposer de droits lexportation que selon le principe de la nation laplus favorise. Pourtant, certains pays qui ont rcemment adhr lOMC sesont engags dans leur Protocole daccession faire disparatre ou rduireles taxes frappant certains produits exports. Ainsi donc, les paysexportateurs de produits alimentaires qui ont limit les exportations de cesproduits en utilisant des mesures commerciales parce quils taient soucieuxde rserver des denres devenant rares aux besoins de la population localepeuvent le faire aussi sous le rgime actuel de lOMC. Mais cette faon deprocder aggrave la pnurie sur les marchs internationaux des produitsalimentaires et avive la crise. Il faut que les pays qui exportent ou importentces produits envisagent des accords de coopration alimentaire susceptiblesde satisfaire les besoins des deux contractants, surtout en cas de pnurie

    alimentaire et/ou de hausse des prix. Il faudrait favoriser la cooprationrgionale dans ce domaine et promouvoir les accords commerciaux et ladiversification des sources Nord-Sud et Sud-Sud.

    49. Le quatrime aspect tient ce que les pays en dveloppement quiimportent des produits alimentaires font face aux graves difficults debalance des paiements et de financement que leur impose lalourdissement deleur facture vivrire. Il faut ce propos se demander comment on peut mettreeffectivement en uvre la Dclaration ministrielle de Marrakech sur lesmesures concernant les effets ngatifs possibles du Programme de rformesur les pays les moins avancs et les pays en dveloppement importateursnets de produits alimentaires, qui cherche viter la rarfaction des produitsde base entrane par la restriction de loffre et la hausse des prix court

    terme qui pourrait rsulter de la libralisation et de la rforme du commercedes produits agricoles.

    ________31 Disciplines concernant les prohibitions et restrictions lexportation.

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    50. Sur le plan de la politique commerciale, les droits de douane sont unoutil prcieux pour le dveloppement agricole, lindustrialisation etlaugmentation des recettes publiques. Dans les pays en dveloppement, ilsont quand mme flchi en raison des accords multilatraux, rgionaux etbilatraux, des programmes dajustement structurel et des mesures prises demanire autonome. Il nen reste pas moins quils restent un instrumentpolitique majeur pour beaucoup de pays en dveloppement. Face la crisealimentaire, les pays concerns pourraient rviser et rationaliser leur rgimedouanier et les taxes lexportation qui y sont associes pour assurer ladisponibilit de denres alimentaires importes un prix accessible etpromouvoir la production agricole (par exemple en rduisant les droitsfrappant les intrants agricoles: semences, engrais, tracteurs). Parconsquent, le niveau des droits de douane imposs aux produits agricolesdevrait tre fix une limite laissant assez de latitude pour moduler les taux,afin par exemple de rgler le problme de la mise au rebus de produitsalimentaires, qui dcourage les producteurs locaux.

    51. Pour ce qui est des problmes de concurrence dans lagroalimentaire,il est vident quil reste beaucoup faire au niveau national dans les paysen dveloppement, ainsi que sur le plan de la coopration internationale.Les perspectives sont dautant meilleures que lon serait prt en Europe suivre la situation et prendre ventuellement des sanctions en cas de conflitdans la chane dapprovisionnement alimentaire32. Lattitude europenne ne

    serait pas sans rapport avec les rpercussions de la hausse des prixalimentaires sur la consommation en Europe, mais loccasion se prsentedaborder de front toutes les questions qui se posent le long de la chanealimentaire et agro-industrielle internationale, y compris la concentration desmarchs, les pratiques anticoncurrentielles, le pouvoir dachat, les droits deproprit intellectuelle sur les semences et autres intrants agricoles, larpartition de la valeur ajoute le long de la chane dapprovisionnement etles incitations long terme pour les exploitants des pays en dveloppement.Pour que le travail de ces derniers soit plus intressant sans que soit mis enpril le niveau de vie des consommateurs du reste du monde, il est duneimportance primordiale de combler le foss entre le bnfice que le paysantire de sa rcolte dans un pays en dveloppement et le prix que leconsommateur (y compris les autorits publiques qui achtent des volumesmassifs de produits essentiels) devra payer. La politique de la concurrenceaurait ici un rle majeur jouer.________32 Voir Belgium plans probe as public takes frite over the price of chips,FinancialTimes, 22 mai 2008.

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    Contribution de la CNUCED

    52. Depuis le lancement en 2001 du Cycle de ngociations multilatrales deDoha par lOMC, la CNUCED suit et value les ngociations sous leursdivers aspects et du point de vue des effets quelles peuvent avoir sur ledveloppement; elle alimente le dbat intergouvernemental sur ces effets afinque se dgage un consensus sur les mesures prendre pour dynamiser ledveloppement; elle fournit aide et conseils en matire de politiquespubliques aux pays qui participent aux ngociations. Pour ce qui est des

    ngociations sur lagriculture par exemple, elle aide leur demande les paysafricains, les PMA, les ACP et les petites conomies cerner leurproblmatique du dveloppement et faire valoir les questions qui lestouchent, notamment sur le plan de la scurit alimentaire et delassouplissement des droits de douane, susceptibles de soutenir la capacitlocale de production et de commercialisation de produits alimentaires, aucours des ngociations dtailles, comme celles dont font lobjet lesmodalits de libralisation. La CNUCED continuera de soutenir le dialogueintergouvernemental et dpauler les pays en dveloppement pendant lesngociations commerciales de Doha afin de concourir un rsultat favorableau dveloppement, qui facilitera laccs aux produits alimentaires courtterme et long terme.

    53. Quant la suite donne la dcision ministrielle de Marrakech sur lesmesures concernant les effets ngatifs possibles du programme de rformesur les pays les moins avancs et les pays en dveloppement importateursnets de produits alimentaires, la CNUCED et la FAO ont labor ensembleen 2003 une proposition tendant crer un mcanisme de financementmultilatral des importations de produits alimentaires, afin dallger lescontraintes de liquidits que connaissent les PMA et les pays endveloppement importateurs nets de produits alimentaires, de renforcer lefinancement de limportation de produits alimentaires et de faciliter lesimportations durgence. Dans la situation actuelle de crise alimentaireglobale, cette proposition mriterait dtre reprise et examinesrieusement33.

    ________33 Cherchant des mcanismes efficaces de mise en uvre des dispositions de laDcision de Marrakech, la FAO et la CNUCED ont labor les modalits duneFacilit de crdit lexportation multilatrale afin daider les PMA et les paysen dveloppement importateurs nets de produits alimentaires financer lachat

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    54. Il faut paralllement viter grce la coopration mondialelaccumulation des mesures restrictives prises par divers pays, qui pourraitaggraver la crise et dclencher une rgression conomique plus marque.Une coordination plus pousse entre pays exportateurs et pays importateurs etla CNUCED peut favoriser cette coopration internationale en provoquant ledialogue entre pays intresss.

    55. Si lon voque la politique commerciale dans son sens gnral,la CNUCED peut aider les pays en dveloppement et leurs groupes rgionaux

    la rviser et lactualiser sous langle notamment des droits de douane etdes mesures connexes et mettre en place des politiques et des mesures dedveloppement de lagroalimentaire. Il est de fait que beaucoup de pays endveloppement ne disposent pas dune politique commerciale prcise mmesils ne manquent pas de rglements et de dispositions. Il faut donc envisagerdlaborer une politique endogne, capable dintgrer de faon cohrente lesdiverses actions et les multiples instruments par lesquels on peut promouvoirle dveloppement agricole et lindustrialisation. La CNUCED peut aider lespays dfinir cette politique dans une optique de dveloppement stendant la lutte contre la pauvret et pour lgalit des sexes, mais avec la scuritalimentaire en son centre.

    56. Avec sa longue exprience du droit et de la politique de la concurrence,

    avec la comptence que lui donne dans ce domaine lEnsemble de principeset de rgles quitables convenus au niveau multilatral pour le contrle despratiques commerciales restrictives34, comptence renforce encore par leConsensus dAccra, la CNUCED est singulirement bien place pourencourager les interventions contre les pratiques anticoncurrentielles dans lesecteur agroalimentaire. Elle aide les pays en dveloppement et leurs groupesrgionaux laborer leur politique de la concurrence et promouvoir lintrtdu consommateur. Elle peut, en sappuyant sur ses recherches et sur leconsensus quelle sait susciter dans la sphre intergouvernementale, aider lespays intgrer les facteurs relatifs la scurit alimentaire dans laformulation, la rvision ou la mise en application de leur droit et de leur

    de denres de base. On trouvera des renseignements plus dtaills sur ce mcanismeet sur le financement des importations alimentaires dans le document intitulLe financement de niveaux normaux dimportations commerciales de produitsalimentaires, Commodity Policy and Projections Service, Division des produits et ducommerce international, FAO, 2003.34 Rsolution 35/63 de lAssemble gnrale en date du 5 dcembre 1980.

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    politique de la concurrence, et promouvoir la coopration internationale dansce domaine.

    E. Politiques de linvestissement et du dveloppement des entrepriseset dveloppement agricole

    Problmatique

    57. La demande de produits alimentaires ne cessant de crotre et loffre

    restant limite ou ne progressant que lentement, la crise alimentaire actuellene sera pas surmonte si lon ninvestit pas davantage dans lagriculture.Maintenant que la hausse des cours et la croissance persistante de la demandeont rendu profitable ce type dinvestissement, les gouvernements devraient sedoter aux niveaux rgional et international des politiques ncessaires pourmieux mobiliser linvestissement interne et linvestissement tranger, etdonner ainsi un bon coup de fouet la production cralire et vivriredensemble et au dveloppement des chanes de cration de valeur dans lespays en dveloppement.

    58. Un IED plus abondant et lintervention des socits transnationalespourraient tre des facteurs dapaisement de la crise actuelle et apporter desrponses utiles, condition que lenvironnement politique sy prte. Sur ce

    plan, la coopration entre les socits transnationales et les pays daccueildevrait faire en sorte que les produits agricoles et vivriers qui en rsultentsoient mis la disposition du march local (cest--dire du pays producteur);que les terres soient utilises dans loptique dune exploitation durable; queles techniques appropries (pas de surpturage par exemple) soient utiliseset transfres aux producteurs locaux; que la rmunration de ces producteursrponde aux signaux de prix du march (sans compter la lutte contrelexploitation de la main-duvre et pour la protection sociale).

    59. En ce qui concerne la coopration public-priv dans lagriculture,il faudrait que lenvironnement politique propice aux investissements et auxaffaires dans la branche agro-industrielle comprenne, dans lintrt desentreprises locales et trangres, un effort dlucidation et de simplificationdes rgles concernant notamment les rgimes fonciers et lexploitation dessols (sans porter prjudice aux titres des collectivits et des particuliers),de cration et de maintien en fonctionnement des entreprises, dobtentionde licences dexploitation et de respect de la rglementation de la protection

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    de lenvironnement. Il faudrait en particulier mettre les petits exploitants enavant afin de faire participer et profiter au maximum les populations ruraleslocales. On pourrait galement aider les pays en dveloppement renforcerleurs capacits de production agricole en procdant des oprations dedveloppement dentreprises axes sur la production agricole et les activitsconnexes.

    Contribution de la CNUCED

    60. Dans le domaine de linvestissement, la CNUCED travaille sur lespolitiques et les institutions ncessaires la mobilisation de linvestissementinterne dans les secteurs productifs et lattraction de lIED dans les mmessecteurs. Elle aide aussi les pays en dveloppement se doter dune politiqueet dune stratgie de dveloppement des entreprises. Elle peut par ce biaisfavoriser linvestissement dans lagriculture et la production alimentaire enfaisant adopter les politiques et les mesures susceptibles dattirerlinvestissement priv. Elle peut galement donner des renseignements sur lamanire dont les politiques et les techniques recommandes en matire dIEDpeuvent attirer plus dinvestissements dans la production agricole et sur cequils doivent faire pour que cet IED concoure au dveloppement agricole parses effets sur les capitaux, la technologie et lemploi et par la mise enrelations des entreprises trangres et des entreprises nationales.

    61. Au niveau intergouvernemental, la CNUCED peut favoriser laconstitution de consensus et crer des mcanismes de coopration dans lecadre desquels le secteur priv, socits transnationales comprises, peut jouerun grand rle dans lapaisement de la crise alimentaire dans les pays o ellessont implantes. La CNUCED peut sappuyer sur ses connaissances et sescomptences en matire dinvestissement et dimpact de lintgrationverticale et de la structure du march des produits de base pour aider lesgouvernements des pays en dveloppement faire en sorte que la cooprationavec des investisseurs privs dans le secteur agroalimentaire toutes lestapes de la chane dapprovisionnement serve les fins du dveloppement.

    F. Politiques, technologies et dveloppement agricole

    Problmatique

    62. Les paysans des pays en dveloppement ont beaucoup de mal amliorer leur production et relever leur productivit. Entre autres

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    difficults, il y a le sol puis, leau rare et les pratiques agricolestraditionnelles. Mais certaines peuvent tre surmontes, partiellement en toutcas, si lon adapte les techniques agricoles modernes. Il peut tre remdi laridit des sols par lengrais, quil soit chimique ou organique, et lapnurie deau par de grands travaux hydrauliques, mais il sagit l desolutions que beaucoup de pays ne peuvent se permettre et qui peuvent ruinerdes villages et des cosystmes entiers. Des technologies agricoles avancescombines des technologies plus petite chelle mais bien penses peuventfaire refleurir une terre dessche. Pourtant, lignorance des technologies dj

    prouves et la difficult de se renseigner font obstacle ladoption depratiques modernes dans les pays en dveloppement. Il y a aussi la contraintemajeure quimpose au transfert de technologie la ncessit dvaluer, etventuellement de modifier, telle ou telle technologie pour ladapter au donnlocal.

    Contribution de la CNUCED

    63. Grce son travail dans le domaine de la science et de la technologie auservice du dveloppement, la CNUCED peut contribuer clairer la prise dedcisions et faire intervenir activement les bnficiaires dans les choixoprs pour faire face la crise alimentaire globale. Une poigne de grandessocits internationales ont mis au point des techniques, des procds et des

    produits nouveaux facilement adaptables aux besoins de la productionagricole qui intresse les petits exploitants; pourtant, ces socits prives ontpour linstant peu dincitations commerciales se lancer dans lentreprise.Dans les pays en dveloppement, les institutions publiques de R-D ontdifficilement accs aux nouvelles technologies et manquent de ressources,mais elles ont une connaissance approfondie des varits locales et desbesoins des petits exploitants. Ce que fait la CNUCED dans le domaine dutransfert de technologie peut rendre plus facilement accessibles les ressourcesagricoles scientifiques et technologiques couvertes par un droit dexclusivit,surtout si on se concentre sur le transfert et ladaptation de produits pour lebnfice des petits exploitants du monde en dveloppement dans une optiquedurable.

    64. La CNUCED a aid enrler la science et la technologie dans la lutteen faveur de la scurit alimentaire en sa qualit dorgane assurantle secrtariat de la Commission de la science et de la technique au servicedu dveloppement. Elle sest concentre dans ce domaine sur le rle dela science et de la technologie dans un systme intgr de gestion des terres,

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    sur le potentiel quoffrent les biotechnologies pour lamlioration et lerenforcement des capacits de production alimentaire et de la durabilit, surla collaboration et les rseaux de recherche ncessaires pour maintenir lesliens entre les scientifiques expatris des pays en dveloppement et leurinstitution dorigine et rduire la fuite des cerveaux, ainsi que sur le rseaudes centres dexcellence pour la formation lagronomie et aux applicationsdes TIC dans lagriculture. Il a tout rcemment t propos dorganiser unsommet mondial sur les technologies agricoles, sous le double patronage dela CNUCED et de la Commission de la science et de la technique au service

    du dveloppement, afin de sensibiliser lopinion la ncessit dadopter lestechnologies agricoles pour faire face la crise alimentaire.

    G. Politiques de coopration Sud-Sud pour le dveloppement et lecommerce agricoles

    Problmatique

    65. La coopration Sud-Sud peut avoir des effets catalytiques puissantsdans la lutte contre la crise alimentaire aux niveaux bilatral, rgional etinterrgional entre pays en dveloppement, et dans la prparation de lascurit alimentaire. Elle peut en effet porter sur lamlioration desconditions de financement des changes; la mise en place de systmes

    dalerte avance sur les pnuries alimentaires et les sources ventuelles devivres; le commerce rgional des denres alimentaires entre pays voisins enexcdent et en dficit vivriers; et les changes de pratiques prouves, detechnologies et de techniciens de la production agricole. Elle peut sinscriredans le cadre des organisations sous-rgionales ou rgionales de pays endveloppement, sous forme de programmes de dveloppement delagroalimentaire et de programmes dchanges. Elle offre un espace danslequel les pays en dficit ou en excdent vivriers peuvent collaborer desconditions mutuellement avantageuses et rpondre aux besoins alimentairesde toutes les populations concernes sans compromettre lavenir delexploitation des ressources naturelles ni les bnfices que les collectivitslocales peuvent en attendre.

    66. La coopration triangulaire Sud-Sud pourrait galement se dvelopperpour rpondre aux exigences de la scurit alimentaire. On peut aider les paysen dveloppement saisir les occasions quoffrent les capitaux du Sud prts sinvestir dans le dveloppement agricole. Par exemple, les fonds souverainsconstitus par les pays qui exportent de lnergie pourraient tre invits

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    Contribution de la CNUCED

    68. Cest ds sa cration en 1964 que la CNUCED sest attache promouvoir la coopration conomique et commerciale entre pays endveloppement. Elle a acquis des comptences et une exprienceapprofondies de la coopration, du commerce Sud-Sud de marchandises, deservices et de produits de base, et de la cration des capacits aptes soutenirles institutions commerciales. Elle peut donc aider les groupessous-rgionaux et rgionaux de pays en dveloppement de lAmrique latine

    et des Carabes, de lAsie et du Pacifique, et de lAfrique tudier etpromouvoir les politiques et les stratgies favorables au dveloppement delagriculture et au commerce des produits agricoles. Elle aide leur demandeles pays en dveloppement analyser les accords commerciauxNord-Sud-Sud et les politiques et les stratgies en cours dlaboration lesplus favorables leurs intrts.

    69. Elle peut aider les pays en dveloppement valuer en termes prcis et mettre en place des politiques et des mesures de promotion dudveloppement et du commerce agricoles, notamment dans le cas particulierdes denres alimentaires. En soutenant les instruments interrgionaux depromotion du commerce par exemple le Systme global de prfrencescommerciales (SGPC) , la CNUCED aide ses membres tirer pleinement

    profit des dispositions des accords, sagissant notamment des termes delchange dans le commerce des articles alimentaires, et obtenir denouvelles concessions dans les ngociations du troisime cycle actuellementen cours. Elle peut offrir aux pays en dveloppement un espace o serencontrer et dbattre des mesures communes Sud-Sud prendre face lacrise alimentaire et laborer pour un terme plus lointain des mesures decration doffre et de capacits dchange dans lagriculture et la productionvivrire.

    70. Comme elle soutient aussi le Rseau mondial de banquesdimport-export et dinstitutions de financement du dveloppement(G-NEXID), la CNUCED peut favoriser ladoption de solutions innovantespour attirer linvestissement Sud-Sud et financer le secteur alimentaire dansde bonnes conditions. Le rseau G-NEXID est un partenariat lanc enmars 2006 par les banques dimport-export et les institutions financiresde dveloppement, avec lappui de la CNUCED. Il a pour but de faciliter

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    le commerce S