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ACTES DU COLLOQUE SUR LA FORMATION EN SANTÉ ET EN SÉCURITÉ DU TRAVAIL Montréal, le 14 octobre 1988 WA 400 C655 1990 cssr Commission de la santé et de la sécurité du travail INSPQ - Montreal 3 5567 00004 3486

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ACTES DU COLLOQUE

SUR LA FORMATION EN SANTÉ

ET EN SÉCURITÉ DU TRAVAIL

Mont réa l , le 14 oc tobre 1988

WA 4 0 0 C 6 5 5 1 9 9 0

cssr Commission de la santé et de la sécurité du travail

INSPQ - Montreal

3 5567 00004 3486

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ACTES DU COLLOQUE

SUR LA FORMATION EN SANTÉ

ET EN SÉCURITÉ DU TRAVAIL

Montréa l , le 14 octobre 1988

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MONTRÉAL

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Gouvernement du Québec Commiss ion de la santé et de la sécurité du travail du Québec, 1990 Dépôt légal — 4° trimestre 1990 Bibliothèque nationale du Québec ISBN 2-550-21233-9

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ACTES DU COLLOQUE

SUR LA FORMATION EN SANTÉ

ET EN SÉCURITÉ DU TRAVAIL

Montréal, le 14 octobre 1988

cssr Commission delà santé et de la sécurité du travail

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TABLE DES MATIÈRES

Introduction

Allocution d'ouverture Madame Monique Jérôme Forget, présidente-directrice générale de la CSST

Atelier : La CSST et son rôle de formation

Animateur-présentateur : M. Yves Morisset

La CSST et la formation Yves Morisset, directeur de la Programmation Prévention-Inspection à la CSST

Le rôle des inspecteurs de la CSST en matière de formation Maurice Lapointe, directeur de la Prévention-Inspection à la Direction régionale de l 'île-de-Montréal et directeur régional par intérim

Le rôle de formation et d'information du conseiller en réadaptation Carole Imbeault, directrice par intérim de la Direction régionale de Longueuil

Le but des associations sectorielles paritaires et le rôle de formation de l'ASP, secteur Transport et entreposage André Nadeau, directeur de l'Association sectorielle paritaire du secteur Transport et entreposage

Les réalisations de l'Association sectorielle paritaire du secteur Affaires municipales Paul Poirier, administrateur de l'Association sectorielle paritaire, secteur Affaires municipales et chef de la Division prévention et santé au travail à la Ville de Montréal

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Atelier : Les services de formation offerts par le réseau de l'Éducation

Animateur présentateur : William Lee

Les orientations du ministère de l'Éducation P- 33 en matière de santé et de sécurité William Lee, coordonnateur de projets à la Direction générale du financement, ministère de l'Éducation

La sanîé et fa sécurité dans les programmes de formation P- 35 de l'éducation des adultes Philippe Audet, spécialiste en sciences de l'éducation au service de l'organisation de la formation, à la Direction générale de l'éducation des adultes, ministère de l'Éducation

La formation sur mesure dans les entreprises p. 38 Denis Lesieur, coordonnateur par intérim au Service de l'éducation des adultes, cégep de Shawinigan

La formation en santé et en sécurité p. 40 dans les universités Elvio Buono, chargé de recherche, Conférence des recteurs des universités du Québec

Période de questions p. 45

Atelier : Droit de parole p. 49 Animatrice : Andréanne Lafond, journaliste

Conférenciers

Gérard Dansereau p. 51 Inspecteur à la CSST, Direction régionale de l'île-de-Montréal

Luce Gervais Agente de recherche et coordonnatrice du module provincial en formation-information, Centre hospitalier Honoré-Mercier

Laurent Gratton Directeur général, Association paritaire sectorielle du secteur Industrie chimique

p. 52

p. 53

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René Blain Conseiller pédagogique au Service de l 'éducation permanente, Collège Lionel-Groulx

Gérard Perrier

Président des consultants Perrier et associés

Roger Genest

Responsable de la formation en santé et en sécurité, FTQ

Nicole Lepage Responsable de la formation en santé et en sécurité du travail, CEQ Cécile Vanasse

Responsable de la formation, CSD

Étienne Giasson

Coordonnâ t e s du service de formation, CSN

Micheline Laliberté Directrice des services de santé et de sécurité au Conseil du patronat du Québec

Période de questions

Atelier : La formation en milieu de travail, des réussites intéressantes

Animatrice-présentatrice : Denise Turenne

L'expérience du Centre patronal de santé et de sécurité du travail du Québec Denise Turenne, directrice du Centre

L'expérience de la Consolidated Bathurst Robert Pelletier, directeur des ressources humaines, Consolidated Bathurst et Normand Perrier, représentant des travailleurs

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L'expérience de la Commission de transport de la communauté régionale de l'Outaouais Nicole Girard, coordonnatrice du programme de santé, CTCRO et Fernand Richard, coprésident du comité de santé et de sécurité, CTCRO

L'expérience de Bandag Canada limitée Jean Duchaine, administrateur à l'entretien et responsable de la santé et de la sécurité, Bandag, et Yves Turcotte représentant des travailleurs

Bilan et perspectives

La participation des travailleurs à la formation en matière de santé et de sécurité Karen Messing, codirectrice du Groupe de Recherche-Action en biologie du travail, Université du Québec à Montréal

La recherche au service de l'information et de la formation Louis Berlinguet, directeur de l'Institut de recherche en santé et en sécurité du travail

La communication-marketing au service de Sa santé et de la sécurité du travail Claude Cossette, professeur en communication et image à l'Université Laval et fondateur de Cossette Communication-Marketing

Annexe Liste de participants et participantes

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INTRODUCTION

Le 14 octobre 1988, la Commission de la santé et de la sécurité de travail du Québec invitait tous ses partenaires à un colloque sur le thème Favo-riser Vapprentissage de la santé et de la sécurité du travail pour améliorer la qualité de vie !

Ce colloque a eu lieu sous la présidence de Mme Monique Jérôme Forget. L 'animateur principal était M. Claude Cossette, bien connu au Québec pour sa contribution au domaine de la communi-cation et du marketing. L 'événement coïncidait à peu près avec le lancement de la 4e Semaine de la santé et de la sécurité du travail qui mettait aussi l 'accent sur la formation comme élément clé d 'un solide programme de prévention en milieu de travail.

La Loi sur la santé et la sécurité du travail adoptée en 1979 inscrit la formation parmi les responsabilités de l 'employeur. Au congrès inter-national sur la prévention au travail, tenu à Montréal en juin 1988, les participants ont réaf-f i rmé l ' importance des programmes de forma-tion comme moyen de prévention. Ils ont aussi recommandé l 'élaboration d 'une stratégie inté-grée d ' intervention qui prévoit de la formation.

Un coup d 'oei l sur les statistiques suffit à con-vaincre de la nécessité de cette stratégie. Pour l ' ensemble du Québec, en 1987, la CSST enre-gistrait 132 décès de travailleurs, consécutifs à des accidents du travail. Elle versait des indem-nités aux victimes de 215 744 accidents du tra-vail et de 1 547 maladies professionnelles. Le total de ces indemnités en 1987 seulement s 'éle-vait à 1,2 milliard de dollars.

Développer les habiletés et les connaissances qui permettent aux dirigeants ainsi qu 'aux tra-vailleurs et aux travailleuses de concevoir et de faire leur travail en toute sécurité, voilà une politique de gestion que la CSST doit encou-rager par des initiatives comme ce colloque.

Le colloque visait trois objectifs principaux :

1. dresser le bilan du travail accompli ;

2. faire valoir des programmes novateurs et efficaces en matière de formation ;

3. permettre à des entreprises de toutes tailles, qui ont relevé avec succès le défi de la formation, detémoigner de leur expérience.

La formule retenue pour le colloque était des plus dynamiques et consistait en des échanges-bilans entre les participants suivis d' interven-tions de la salle. Les participants, habitués au travail sur le terrain, connaissent à fond leur domaine et nous ont fait part de leur expérience.

La réponse du milieu à cette invitation a de loin dépassé nos attentes. Ceci prouve que les efforts déployés au cours des dernières années ont réelle-ment porté fruit et que la préoccupation sociale de la santé et de la sécurité au travail est en train, peu à peu, de se tailler la place qu 'el le aurait toujours dû avoir dans les entreprises.

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ALLOCUTION DE MADAME MONIQUE JÉRÔME FORGET

Mesdames et Messieurs les participants, les animateurs et les panélistes,

C'est avec un très vif plaisir et une grande fierté que je vous souhaite la bienvenue au premier colloque sur la formation organisé par la CS ST. À vous voir aussi nombreux et à en juger également par l 'énorme intérêt que cet événe-ment soulève — nous avons en effet reçu des demandes de renseignements de tous les coins du Québec et nous avons même dû refuser du m o n d e — i l s ' agit d ' une initiative qui se répétera sûrement!

Susciter chez les dirigeants d'entreprises le goût de concevoir des programmes de forma-tion en matière de santé et de sécurité du travail, mettre en évidence les multiples ressources mises à leur disposition dans différents réseaux de for-mation, faciliter les échanges entre ces réseaux et présenter des témoignages d'entreprises per-formantes, tels sont les buts de ce colloque. Un programme ambitieux, me direz-vous, et qui s 'annonce des plus prometteurs !

LA SANTÉ ET LA SÉCURITÉ, ÇA S'APPREND !

Comme vous le savez, la CSST a résolu cette année de faire de la formation et de l'infor-mation le thème de la semaine de la santé et de la sécurité du travail, qui débute le 17 octobre prochain et dont nous avons aujourd'hui un / avant-goût. Le slogan retenu est LA SANTE ET LA SÉCURITÉ, ÇA S'APPREND ! Il s'agit pour nous de dire et de répéter que la formation, c'est rentable. D'ailleurs, les pays qui connaissent une grande croissance économique ont compris depuis longtemps que pour garder leur avance, ils doivent s'assurer que leur main-d'oeuvre tra-vaille en santé et en toute sécurité. Il est impérieux que nous répétions, diffusions cette idée chez nous et que nous convainquions tous les diri-geants d'entreprises et d'organismes qu'il n 'y a pas de qualité de production sans qualité de vie dans le milieu de travail.

Notre défi est grand et les enjeux sont de taille. Ainsi, dans la seule journée d'aujourd'hui, pour l'ensemble de la planète, quelque 500 tra-vailleuses et travailleurs perdront la vie en exer-çant leur métier ou leur profession, et plus de 300 000 personnes seront victimes d'un accident du travail ou d 'une maladie professionnelle. De pareils chiffres sont tout à fait inacceptables, surtout à une époque où l'amélioration de la qualité de vie se situe à l'avant-plan de nos préoccupations individuelles et collectives.

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DE L'ÂGE DE PIERRE À « ZÉRO ACCIDENT DU TRAVAIL»

C'est par la création d'outils, d'abord ru-dimentaires, puis de plus en plus perfectionnés, que nos lointains ancêtres se sont démarqués des nombreuses espèces animales. Ces outils leur ont permis de se projeter dans l'espace et dans le temps, de pallier leurs lacunes, d'assurer leur survie et de marquer leur environnement de leur empreinte. Ils sont venus prolonger leur force, augmenter leur capacité de travail. Productivité, efficacité, rentabilité sont devenus et demeurent les mots d'ordre des concepteurs et des utili-sateurs d'outils et de machines. Mais il est à présent plus que temps que ces mots d'ordre aient comme corollaires la santé et la sécurité. Votre participation à ce colloque, et surtout l'in-lassable travail de sensibilisation que vous faites dans vos milieux respectifs, témoignent d'une volonté d'; jir. Comment ? En misant sur la formation comme moyen de prévenir les lésions professionnelles. En d'autres mots, il nous faut passer de l'âge de pierre à celui de « Zéro acci-dent du travail.» Pour ce faire, nous devons toucher aussi bien les concepteurs d'outils, de machines et d'immeubles — les architectes, les ingénieurs — que celles et ceux qui voient à l'organisation des milieux de travail et qui y assurent la gestion de la prévention. 11 est égale-ment impératif que tous les travailleurs et toutes les travailleuses aient accès, au moment de l'em-bauche, à un solide apprentissage de l'exécution de leurs tâches en toute sécurité, et que ce savoir soit actualisé et augmenté tout au long de la vie active, par le biais du recyclage et du perfection-nement.

L'apprentissage de la santé et de la sécu-rité du travail doit débuter très tôt si nous vou-lons vraiment transformer les attitudes et les mentalités. En effet, une étude ontarienne a montré que 63% des accidents du travail se pro-duisent dans les 12 premiers mois de travail. Les statistiques de Y Industrial Accident Prevention Association révèlent pour leur part qu'en 1981, près du tiers des réclamations provenaient des travailleurs de 15 à 24 ans, alors que ceux-ci ne représentaient que 18% de la main-d'oeuvre.

HARMONISER ET RENTABILISER NOS EFFORTS

Tout au long de cette journée, nous allons regarder comment nous pourrions rentabiliser encore davantage les efforts que nous inves-tissons dans nos réseaux respectifs. Nous nous demanderons également comment harmoniser ces efforts pour accroître l'impact du message que nous diffusons, c'est-à-dire « MISER SUR LA FORMATION, C EST JOUER GAGNANT.»

Je vous souhaite, à tous et à toutes, un excellent colloque, de fructueux échanges qui vous permettront de refaire le plein d'énergie et d'idées, pour mieux poursuivre votre travail de formation si bien amorcé.

La présidente-directrice générale

MONIQUE JÉRÔME FORGET

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ATELIER : LA CSST ET SON RÔLE DE FORMATION

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ATELIER : LA CSST ET SON RÔLE DE FORMATION

LA CSST ET LA FORMATION

Yves Morrisset, directeur de la Programmation Prévention-Inspection à la CSST

La Loi sur la santé et la sécurité du travail a pour objet l 'élimination à la source même des dangers pour la santé, la sécurité et l'intégrité physique des travailleurs. Elle établit aussi les mécanis-mes de participation des travailleurs, des em-ployeurs et de leurs associations à la réalisation de cet objectif. Il y a déjà quelques années que nous répétons cet article de la loi ou que nous en entendons parler. Le refrain peut paraître usé, mais nos statistiques nous en démontrent la pertinence.

Le législateur avait aussi, en 1979, prévu une série de moyens pour atteindre l'élimination des dangers ou, du moins, la réduction des risques d'exposition des travailleurs à ces dangers :

programmes de prévention, programmes de santé, registres des postes de travail, réglemen-tation, normalisation, recherches, inspections, avis d'accident, enquêtes, registres d'accidents et de maladies professionnelles, comités de santé et de sécurité, représentants à la prévention, as-sociations sectorielles paritaires, entretien préventif, affichage, étiquetage, évaluation de contaminants, répertoires toxicologiques, par-ticipation du réseau public de la santé et des ministères ou organismes du domaine de l'enseignement, etc.

Toujours dans l 'ordre des moyens, il en est un dont la présence à différents chapitres de la loi justifie l'importance : il s'agit de la formation, souvent associée, d'ailleurs, à l'information. Comment ce moyen contribue-t-il à atteindre l'objectif de la loi ?

La loi vise à résoudre des problèmes de santé et de sécurité du travail. La solution de ces problèmes implique, en un premier temps, une phase d'identification qui permet de trouver par la suite le meilleur moyen d'accomplir un travail sans porter atteinte à la santé, la sécurité ou l'intégrité physique du travailleur. Cette fonc-tion d'identification et de solution de problèmes est dévolue à plusieurs acteurs à l'intérieur d 'un établissement :

au travailleur

à l 'employeur

au comité de santé et de sécurité

en vertu de l'article 49, 5e paragraphe ;

en vertu de l'article 51, 5e paragraphe ;

en vertu de l'article 78, 6e paragraphe ;

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au représentant en vertu de l'article 90, à la prévention 1 er, 2e, 3e 4e et 9e para-

graphes.

Ces différents acteurs peuvent-ils jouer le rôle que le législateur attend d'eux sans un minimum de connaissances et de savoir-faire ? Peut-il y avoir une action préventive sans qu'on y associe une formation adéquate ?

Quelques années après la mise en place des principaux mécanismes de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, après qu'on ait tenté de corr iger e f f ec t ivemen t des s i tuat ions dangereuses, il devenait impérieux de discuter le rôle que peut jouer la formation et de partager, pour la première fois au Québec, le bagage d'expérience accumulée sur le sujet, afin de pousser encore plus loin 1 ' utilisation des moyens déjà développés. Le rôle de la Commission de la santé et de la sécurité du travail en matière de formation est de fournir support et collaboration aux différents organismes qui participent à la mise en place de la réforme en matière de santé et de sécurité du travail.

Subventions à la formation accordées p r̂ la CSST

Dans ce contexte, la CS ST accorde chaque année aux associations syndicales et patronales qui en font la demande des subventions à la formation et l'information de leurs membres. Le total des sommes consacrées à cette fonction représente chaque année au-delà de 5 millions de dollars. Grâce à ces sommes, les associations syndicales et patronales mettent sur pied des cours à l'inten-tion de leurs membres. La revue CSST 88 a publié un numéro intitulé Spécial Formation-Information qui présentait les principales réali-sations qui découlent de ce programme de sub-vention.

La Commission verse, de plus, une subvention annuelle aux associations sectorielles paritaires dont elle a favorisé l'émergence. Les associa-tions sectorielles paritaires travaillent dans différents champs d'activités en matière de santé et de sécurité. Les services de formation et de consultation aux travailleurs, aux employeurs et aux membres des comités de santé et de sécurité constituent les services les plus importants ren-dus par les 13 associations sectorielles existan-tes. L'ensemble de ces subventions représente actuellement plus de 10 millions de dollars annuellement. Nous aurons ce matin l'occasion de vous faire partager l'expérience des associa-tions sectorielles paritaires en matière de forma-tion en santé et en sécurité du travail.

La mise sur pied des cours de formation

La Commission de la santé et de la sécurité du travail a aussi comme fonction de collaborer avec le ministère de l'Éducation et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science pour concevoir des programmes de formation dans les domaines visés par les lois et règlements qu'elle applique. C'est ainsi que le programme de techniques d'hygiène industrielle a été créé pour donner aux responsables la formation néces-saire à l'évaluation environnementale dans le cadre du programme de santé. Le certificat de premier cycle en ergonomie, pour sa part, a pour but de permettre aux responsables de première ligne de conseiller les travailleurs et les em-ployeurs confrontés avec des problèmes de cette nature.

La loi prévoit, de plus, que la CSST peut soumettre des recommandations au ministre de l'Éducation ou au ministre de l 'Enseignement supérieur et de la Science afin d'intégrer à l'enseignement des programmes de formation et d'information sur la santé et la sécurité du tra-

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vail. Cette fonction de la CSST revêt une impor-tance toute particulière, puisque son exercice permet l 'arrivée sur le marché du travail d 'une main-d'oeuvre capable d'accomplir en toute santé et sécurité les différentes tâches qui lui sont confiées pour la production de biens et de services.

Cette contribution des réseaux de l 'Éducation fera aujourd'hui l 'objet d 'un atelier particulier.

La formation donnée par la CSST aux travailleurs et aux employeurs

Plus discret, cependant, est le rôle de la Commis-sion comme agent de formation auprès des tra-vailleurs et des employeurs. Les inspecteurs et les conseillers en réadaptation de la CSST constituent aussi des agents de formation et de conseil. Voilà donc deux autres ressources sur lesquelles peuvent compter les travailleurs, les employeurs et les comités de santé et de sécurité dans leurs efforts pour trouver des solutions aux problèmes de santé et de sécurité du travail. Ces responsables possèdent une expérience pratique qu' i ls ont acquise au cours de leurs interventions et de leurs recherches. C'est le fruit de leur travail qu' i ls vous offrent. A-t-on les moyens, lorsqu'on est préoccupé de résultats, de négliger cette expérience ?

En conclusion, le travail dans nos sociétés indus-trielles est une manifestation de l'intelligence qui caractérise l 'espèce humaine. Les problèmes auxquels les travailleurs font face en sont aussi la manifestation. La solution à ces problèmes ne peut passer que par cette même intelligence, et la formation est le moyen qui permet l 'usage de cette caractéristique à des fins de prévention et de production. À défaut de compter sur cette capacité, il ne nous reste qu 'à souhaiter que le bagage génétique de l 'espèce humaine saura s 'adapter à des situations que l 'on aura créées, comme ont su le faire les pinsons de Darwin.

L'impact de ces mutations se mesurant sur des millions d'années, il vaut mieux, à mon humble point de vue, utiliser les moyens que le légis-lateur a mis à notre disposition et miser plus particulièrement sur la créativité des travailleurs et des employeurs, en leur assurant la formation nécessaire pour rentabiliser ce potentiel.

LE RÔLE DES INSPECTEURS DE LA CSST EN MATIÈRE DE FORMATION

Maurice Lapointe, directeur de la Prévention-Inspection à la direction régionale de rîle-de-Montréal et directeur régional par intérim

Je suis particulièrement heureux aujourd'hui de pouvoir parler du rôle de l 'inspecteur en tant qu'agent de formation. C'est un aspect de l'ins-pection dont on n 'a pas assez souvent l 'occasion de parler, mais qui me paraît primordial.

Les interventions des inspecteurs dans les mi-lieux de travail correspondent à deux grandes missions : la prévention des accidents du travail

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et r inspection des lieux de travail en conformité avec la loi et les règlements. La formation, pour nous, représente en quelque sorte une garantie. Une garantie que la prévention des accidents sera réellement mise en application, et une ga-rantie que la conformité avec la loi et les règle-ments sera vraiment respectée de façon durable après l'inspection.

Dans la réalité, lors de nos inspections, la préven-tion et l'inspection se font de façon simultanée et prennent plus ou moins d'importance selon le type d'intervention et l'importance de la prise en charge par le milieu.

La formation, une garantie que la prévention se fera

La formation garantit l'application de la préven-tion. Pour qu ' un employeur et que des travailleurs fassent de la prévention, ils doivent savoir quoi prévenir et comment le prévenir.

Depuis bientôt 10 ans que la Loi sur la santé et la sécurité du travail existe, les inspecteurs de la CSST sillonnent le Québec pour faire connaître aux employeurs et aux travailleurs le programme de préventif :, 1 ' importance des comités de santé et de sécurité et le rôle du représentant à la prévention. Nous fournissons des registres permettant de déterminer les risques et des guides pour établir des programmes de prévention. Nous rencontrons les membres des comités de santé et de sécurité pour répondre à leurs questions por-tant sur leur rôle, leurs difficultés de fonctionne-ment et l'application des règlements.

Les associations sectorielles paritaires, les asso-ciation., d'employeurs et de travailleurs s'occu-pent également de cette tâche : nous sommes parmi leurs plus ardents promoteurs. Plus on parlera de prévention, plus elle prendra forme dans le milieu de travail.

Nos efforts ont-ils porté fruit ? Je crois que oui. Prenons par exemple le secteur Fabrication de produits en métal qui fait partie du premier groupe prioritaire. Nous avons reçu 87 % des programmes de prévention, et 45 % des tra-vailleurs et des employeurs se sont prévalus de leur droit de former un comité de santé et de sécurité.

Depuis deux ans, nous avons déployé beaucoup d'efforts afin de réduire de 10 % le nombre des accidents du travail. Nous avons rencontré les hauts dirigeants de plusieurs centaines d'entre-prises. Pour un président ou un directeur général, la Loi sur la santé et la sécurité du travail est une des nombreuses lois dont il doit tenir compte. Car c'est la loi la plus importante pour la protec-tion des travailleurs. Pendant les quelques heures passées avec chacun d'eux, nous les avons in-formés, sensibilisés à une loi qu'ils avaient parfois sous-estimée. Nous les avons également incités à prendre connaissance des difficultés éprouvées par leur comité de santé et de sécurité.

Nous connaissons de plus en plus d'entreprises où la réduction des accidents et l'élimination des dangers à la source sont devenues des priorités. La plupart des établissements visés par l'opéra-tion moins 10 % en 1987 ont réduit leur nombre d'accidents de 12 % à 7 %.

Rendre plus durable le respect de la loi et des règlements

La formation donnée lors de l'inspection garan-tit un respect plus durable de la loi et des règle-ments. Que ce soit lors d 'une intervention por-tant sur un danger particulier, faite à la suite d 'un droit de refus, d'une plainte ou d'un accident du travail, ou que ce soit lors d 'une visite de con-trôle pendant laquelle on s'assure que l 'ensemble du milieu de travail est conforme aux normes, le processus de l'inspection est toujours le même. On détermine un danger pour la santé ou la

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sécurité, et on convient avec l 'entreprise d 'un délai pour le corriger. En 1987, nous avons fait ce geste près de 40 000 fois.

Prenons quelques instants pour analyser ce qui se passe quand un inspecteur fait un tel geste. Premièrement, si l ' inspecteur constate la présence d ' un danger dans un milieu de travail, cela veut dire que l 'employeur ou les travailleurs ou les deux ont jugé que cette situation n'était pas dangereuse, du moins pas suff isamment pour justifier une modification. Deuxièmement, si l ' inspecteur ne réussit pas à convaincre le milieu du bien-fondé de la correction demandée, l ' em-ployeur apportera les correctifs dans les délais prescrits mais, à la première occasion, pour ne pas dire dès que l ' inspecteur aura quitté les lieux, on reviendra à la situation antérieure.

Il est donc très important, pour assurer la perma-nence de son intervention, que l ' inspecteur in-forme le milieu sur les motifs pour lesquels il juge la situation dangereuse. En plus, il doit les convaincre que ces motifs sont valables. Je puis vous assurer que c 'es t un défi qui n 'est pas toujours facile à relever.

Comment s 'y prend-il ? Il peut :

— expliquer des articles de loi, des règlements ou les normes applicables ;

— donner des exemples d 'accidents survenus dans des circonstances similaires pour déclencher la réflexion et rendre son inter-vention plus crédible ;

— fournir des outils pour faciliter la réalisation des modificat ions ;

— s 'assurer que l 'employeur et les travailleurs prennentconnaissancedel ' informat ionmise à leur disposition, comme le guide de l'utili-sateur, dans le cas des équipements, ou en-core les fiches de sécurité, dans le cas des produits dangereux.

L'inspecteur de ta CSST comme personne-ressource

Le rôle des inspecteurs ne s 'arrête pas là. Ils sont souvent appelés à collaborer, en tant que per-sonne-ressource, avec le milieu scolaire. Plusieurs donnent des cours portant sur les enquêtes d 'accident, la sécurité sur les chantiers de construction, l 'hygiène industrielle et sur divers autres aspects de la santé et de la sécurité en milieu de travail. Par la formation qu' i ls auront acquise, les élèves qui sont ou qui seront de futurs représentants à la prévention, des coordonnateurs en santé et en sécurité, des employeurs ou des travailleurs, pourront agir comme des inspecteurs dans leur milieu de tra-vail respectif. De bénéficier d 'un professeur-inspecteur leur permet d 'avoir accès à un enseignement qui met l 'accent sur le pratique.

Les inspecteurs agissent également comme conseillers, experts et animateurs pour les grands programmes de formation et d ' information de la CSST. Mentionnons, entre autres, les colloques c o m m e ce lu i a u q u e l n o u s p a r t i c i p o n s aujourd'hui , les campagnes publicitaires de la CSST dans le cadre de la Semaine de la santé et de la sécurité et le concours sur la Qualité de vie au travail.'

Finalement, nos services de prévention et d ' ins-pection organisent chaque année des comités consultatifs régionaux. Ces réunions périodiques réunissent des travailleurs et des employeurs d 'un secteur d 'activité particulier. Ces échanges francs nous permettent de connaître l 'évolution d 'un milieu en matière de santé et de sécurité du travail. C'est un exercice extrêmement profi-table qui permet à tous et chacun de s 'adapter aux réalités vécues par le milieu. Des réunions comme celles-là sont une occasion de formation tant pour le milieu que pour nous.

' Devenu en 1989 le concours Prix CSST

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LE ROLE DE FORMATION ET D'INFORMATION DU CONSEILLER EN RÉADAPTATION

Carole Imbeault, directrice par intérim de la Direction régionale de Longueuil

Cette présentation s'inscrit dans le cadre de l'application de la Loi sur les accidents du tra-vail et les maladies professionnelles dont l'en-trée en vigueur remonte au 19 août 1985. A titre de praticienne en matière de santé et de sécurité ainsi qu'en .uparation des lésions profession-nelles, je vous entretiendrai plus particulière-ment du rôle du conseiller en réadaptation en tant qu'agent de formation.

La planification de la démarche de réadaptation

Quel cheminement le droit à la réadaptation et le maintien en emploi supposent-ils pour le tra-vailleur et pour le conseiller en réadaptation ? Je ne prétends pas pouvoir répondre à ces interro-gations de façon précise. Toutefois, une illustra-tion de la démarche systématique et intégrée que doit suivre un conseiller pour élaborer un plan individualisé de retour au travail vous donnera une bonne idée de son rôle en tant qu'agent de formation et de changement.

Premièrement, mentionnons qu'il est capital d'intervenir tôt, en particulier lorsqu'il s'agit de cas graves. La précocité de l'intervention est une des pierres d'assise d 'une réadaptation

réussie. Ce principe doit guider le travail de tous ceux qui, avec l'intéressé, participent au retour au travail du travailleur. Ainsi, le travailleur et son employeur, le médecin traitant du travailleur et le conseiller en réadaptation doivent être là dès que la situation l'exige.

Le médecin qu'a choisi le travailleur établit le diagnostic, détermine la date prévisible de rétablissement et identifie, s'il y a lieu, les séquelles permanentes et les limitations fonc-tionnelles qui donneront lieu au droit à la réadap-tation et au plan individualisé. L'avis du méde-cin facilite donc, dans chaque cas, la détermina-tion des besoins en matière de réadaptation.

Le rôle d'un conseiller en réadaptation est d'as-surer le prompt retour au travail du plus grand nombre de travailleurs accidentés. Vous vous demandez sans doute pourquoi il s'occupe de faire de la formation. Bien que le conseiller n'ait pas à jouer de rôle direct en matière de forma-tion, il n'en occupe pas moins une position privilégiée auprès des personnes intéressées aux questions de santé et de sécurité, le travailleur et l'employeur. En effet, le succès et Futilité du conseiller au sein de la CSST reposent sur son habileté à jouer le rôle d'agent de formation, d'information et de changement.

Le plan de réadaptation individualisé

Environ 3,5 % des travailleurs atteints de lésions professionnelles éprouvent de véritables diffi-cultés de retour au travail. C'est à eux que s'adresse la réadaptation. Le plan de réadapta-tion individualisé, essentiellement axé sur les capacités et les besoins du travailleur, établit les démarches et les mesures jugées nécessaires à la réadaptation. Ce plan est évolutif et peut être modifié si un événement significatif le justifie. Le rôle de conseiller de la CSST est d'apporter

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ie soutien, de susciter la collaboration et r e n -gagement du travailleur, de vérifier si les mesures de réadaptation physique, sociale et profession-nelle retenues sont bien coordonnées et se déroulent normalement. Une fois les besoins connus et circonscrits, la détermination des moyens pour y répondre constitue une étape cruciale. Toutes les personnes-ressources doivent pouvoir s ' acquitter de leurs responsabilités avec souplesse et compréhension. Le travailleur a besoin de se faire rassurer sur sa situation finan-cière (indemnité de remplacement du revenu, indemnité forfaitaire pour dommages corporels, etc.). H doit se sentir responsable, mais il a aussi besoin d 'être stimulé, conseillé, orienté judi-cieusement. Il veut connaître toutes les res-sources à sa disposition, qu'i l s 'agisse de traite-ments médicaux ou de services divers. Peut-il s 'adresser à un psychologue ? Peut-il s'inscrire à des cours ? Pourra-t-il retrouver une certaine autonomie ? Mais, surtout, peut-il espérer re-prendre le travail ? Le responsable de la CSST peut répondre à toutes ces questions, seul ou avec l 'aide d 'autres spécialistes.

Le retour au travail

Il est bon de rappeler que, dans le cadre de la réadaptation professionnelle, le retour au travail vise d 'abord la reprise du même emploi, même au prix du recyclage du travailleur ou de l 'adap-tation de son poste de travail. Si cette éventualité ne peut se concrétiser, l 'identification d 'un emploi équivalent, ayant des caractéristiques semblables au premier (rémunération, condi-tions d'exercice, etc.), doit alors guider les ef-forts de l 'employeur pour réadapter le travailleur. Dans le cas où il est impossible d'adopter l 'une ou l 'autre de ces solutions, le travailleur, l 'em-ployeur et le conseiller en réadaptation trou-veront un emploi convenable, d'abord chez l 'em-ployeur, puis, en dernière instance, à l'extérieur de l 'entreprise. Les capacités physiques, l 'expé-rience et la scolarité du travailleur seront, à ce moment, déterminantes.

Le conseiller en réadaptation verra à appliquer les mesures de réadaptation qui rendront le tra-vailleur apte à occuper l 'emploi convenable. Cette réadaptation professionnelle peut com-prendre, notamment, les éléments suivants :

— un programme de recyclage ; — des services d'évaluation des

possibilités professionnelles ; — un programme de formation

professionnelle ; — des services de recherche d'emploi; — le paiement de subventions à un

employeur pour favoriser l 'embauche du travailleur qui a subi une atteinte permanente à son intégrité physique ou psychique ;

— l'adaptation d 'un poste de travail ; — le remboursement de frais pour explorer

le marché du travail ou pour déménager près d 'un nouveau lieu de travail ;

— l'octroi de subventions au travailleur.

Dans le cadre des programmes offerts par la Commission pour favoriser le retour à l 'auto-nomie personnelle et sociale, le retour en emploi ou le soutien du revenu, 1150 personnes ont déjà pu profiter d 'une formation professionnelle (recyclage, perfectionnement).

Un retour au travail réussi

Examinons maintenant le cas d 'une travailleuse accidentée, Mme Rioux, ainsi que le plan indi-vidualisé de réadaptation qu 'on lui a proposé pour son retour au travail.

Le 25 juillet 1985, Mme Rioux, qui travaillait depuis 12 ans dans un CLSC où elle occupait un poste de secrétaire, ressent une douleur au bas du dos en tirant le tiroir d 'un classeur. Le médecin consulté prescrit quelques jours de repos, mais la douleur devient si vive que Mme Rioux se rend à l 'urgence de l'hôpital où on la dirige vers le

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département de physiothérapie. Après deux mois de traitements et peu de résultats, le neuro-chirurgien consulté annonce à Mme Rioux qu'une opération s'impose, qu'il faut faire l'ablation d'un disque. A l'annonce de cette nouvelle, plusieurs auraient coulé à pic, mais Mme Rioux, forte de l'aide de safamille, de son médecin et de son conseiller à la CSST, reprend doucement certaines de ses activités. A l'automne 1986, soit huit mois après l'opération, on l 'informe qu'elle ne pourra pas réintégrer, aux mêmes conditions, ses anciennes fonctions au CLSC.

La CSST, par le biais du conseiller responsable du dossier de Mme Rioux, fait alors appel à une firme de consultants en ergothérapie pour ana-lyser chacune des tâches que Mme Rioux doit normalement exécuter et pour en déterminer les contraintes environnementales. Selon les con-sultants, Mme Rioux pourrait se conformer aux exigences de sa tâche si certaines modifications étaient apportées au poste et à l'environnement de travail. Les conclusions sont acceptées par l'employeur qui entreprend les modifications proposées. Pendant qu'on exécute les travaux, Mme Rioux commence, sur l'avis de son con-seiller, un stage en formation destiné à améliorer ses chances de retour au travail. Le programme comprend d«" s cours d ' informatique et de compta-bilité, ainsi que le paiement des frais de location d ' une machine à écrire pour qu 'elle conserve sa vitesse de frappe et son doigté.

Mme Rioux est maintenant rentrée au travail et elle se réjouit du fait que les changements ap-portés aux aménagements du service permettent non seulement sa réintégration, mais qu'ils profitent finalement à tout le monde.

C'est ce qu'on peut appeler une réadaptation réussie. En effet, pour surmonter les difficultés, Mme Rioux, comme de nombreux autres tra-vailleurs, adisposéde précieuses ressources : les moyens de réadaptation prévus à la loi, le soutien de sa famille, de ses amis, la confiance de ses

collègues et de son employeur et l 'appui du conseiller en réadaptation. Ces facteurs ont large-ment contribué à faciliter sa réintégration en emploi.

Mais Mme Rioux, comme tous les travailleurs et travailleuses qui ont réussi leur retour au travail, a été la principale artisane de sa réussite.

Pour conclure

En fin de compte,on peut dire que la réadapta-tion, comme la reconnaît la loi, est une démarche collective qu'il importe d'entreprendre le plus tôt possible. Si le travailleur est le premier artisan de sa réadaptation, le succès de sa démarche repose sur la collaboration active de diverses autres personnes, dont le conseiller en réadaptation. Son rôle comme conseiller et comme agent de formation implique les respon-sabilités suivantes :

— évaluer les besoins du travailleur pour déterminer les mesures qui favoriseront sa réinsertion sociale et professionnelle ;

— élaborer et mettre en oeuvre un plan individualisé lorsque le travailleur a subi une atteinte permanente ;

— favoriser l'exercice du droit au retour au travail lorsque le travailleur est atteint de façon permanente.

Nos praticiens sont en poste dans tous les bu-reaux régionaux de la CSST et ils se feront un plaisir de vous renseigner sur les différents programmes de réadaptation disponibles.

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LE BUT DES ASSOCIATIONS SECTORIELLES PARITAIRES ET LE RÔLE DE FORMATION DE L'ASSOCIATION SECTORIELLE PARITAIRE DU SECTEUR TRANSPORT ET ENTREPOSAGE

André Nadeau, directeur de l'Association sectorielle paritaire du secteur Transport et entreposage

Le thème de la Semaine de la santé et de la sécurité du travail, c 'est la santé-sécurité, ça s'apprend ! Cela ne fait aucun doute pour personne dans la salle. Mais à partir du moment où l 'on dit que la santé et la sécurité, ça s'ap-prend, cela implique nécessairement que ça se montre, que ça se démontre et probablement que ça s'enseigne. Mais enseigner quoi, à qui et comment ?

But des associations sectorielles paritaires

Je vous donnerai d'abord la définition du rôle d 'une association sectorielle paritaire comme le stipule l'article 101 de la Loi sur la santé et la sécurité du travail : « L'association sectorielle a pour objet de fournir aux employeurs et aux tra-

vailleurs appartenant au secteurd'activité qu'elle représente des sessions de formation, d'informa-tion, de recherche et de conseil ». Dans ces trois lignes, j 'a i donné l'essentiel de ce qu'est une association sectorielle paritaire. Il y a des gens dans la salle qui ont pour rôle de travailler à former de futurs agents de formation, et ils ne sont pas sans savoir que lorsqu'on fait de la conception pédagogique ou andragogique, il faut suivre rigoureusement certaines étapes.

La première, c'est de regarder d'abord les be-soins, parce que, si on ne fait pas cela, on risque d'avoir un produit dont personne ne va vouloir. Une fois qu'on a examiné cela, il faut aussi analyser les objectifs poursuivis. On a un tra-vailleur, avec des attitudes et des comporte-ments X et, selon 1 ' analyse des besoins, on pense qu'il devrait adopter le comportement ou l'atti-tude Y. J'ai dit les travailleurs, mais cela s'adresse aussi aux employeurs.

L'avantage d 'une association sectorielle, c'est qu'elle est en contact permanent avec une indus-trie précise : elle ne s'occupe que d 'un secteur d'activité économique. Quand on va faire un tour chez un transporteur, qu'on regarde un quai de chargement et qu'on identifie des problèmes qu'on aimerait résoudre, il y a de bons risques que sur le quai voisin on retrouve sensiblement les mêmes problèmes.

Notre service de conseil et d'assistance tech-nique nous permet d'avoir cette expérience. Il nous faut ensuite concevoir des contenus en évitant de réinventer chaque fois les boutons à quatre trous. Chaque association sectorielle paritaire a un service de recherche et de docu-mentation propre à son secteur. On trouve, dans un même lieu physique, toute la documentation ou toutes les références à la documentation portant sur la santé et la sécurité du travail. C'est une mine d'or.

Finalement, si on veut donner une formation éclairée, il faut mettre au point des stratégies, choisir des instruments de communication ap~

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propriés et valider tout cela. Encore là, une as-sociation sectorielle est drôlement bien placée pour appliquer la stratégie de formation néces-saire à ses partenaires. Nous formons chez nous des garagistes, des mécaniciens, des chauffeurs, des manutentionnaires. Chaque fois qu'on a un message àl ivreràl ' intentiond'undecesgroupes, on part de leurs acquis à eux. Il ne faut pas se faire d ' idées, des acquis, ils en ont beaucoup. Si vous donnez une session de formation à des mécaniciens, ne vous inquiétez pas, ce sont des gens qui vont vite dans la vie, qui comprennent vite. Ce sont des gens à qui vous n 'en montrerez sûrement pas sur le plan technique. Vous devez donc toujours vous adapter à vos interlocuteurs.

Les associations sectorielles, grâce à leurs pro-grammes de formation, d'information, de con-seil et d'assistance technique, de recherche et de documentation, disposent d 'une gamme éten-due de moyens. Chaque association sectorielle, et il y en a 13, a mis au point des moyens, des sessions de formation qu'elle diffuse. Même lorsqu'il s 'agit d 'une aide à la formation sur un problème très particulier, elle a la structure nécessaire pour y répondre efficacement.

Le paritarisme

J'aimerais aussi qu 'on parle de la dimension paritaire des associations. Je ne vous ferai pas de longs discours sur cet aspect ; ça a déjà été fait bien avant moi. Mais parfois lorsqu'on aborde ce sujet, on a plus l 'impression qu'on parle d 'un acte de foi. On y croit ou on n 'y croit pas, alors je ne débattrai pas longtemps du sujet. Je vais uniquement vous relater un fait qui date de quelques semaines.

Une compagnie multinationale et pancanadien-ne importante avait des difficultés au Québec avec un terminus en particulier. La personne responsable du terminus ainsi que le président de la compagnie se sont rendus à nos bureaux pour voir en quoi nous pouvions les aider. Nous avons discuté de la question et nous leur avons

offert nos services. Nous a v o n s ensuite expliqué au responsable du terminus ce que nous pou-vions faire pour lui sur le plan des conseils, de l 'assistance technique, de la formation et de l ' information. À la fin de la discussion, cette personne s 'est informée de notre type de struc-ture. Je lui ai tout expliqué : le conseil d 'admi-nistration paritaire, les interventions paritaires, etc. Cette personne siège comme administrateur au TSA ou Transportation Safety Association. Le TSA, c'est notre pendant ontarien. Ils ont pratiquement le même type de financement que nous, c'est-à-dire que la Commission ontanen-ne les finance. Ds s'occupent d'uif semeur d 'ac-tivité économique qui est le transport. Ils ont vraiment à peu près la même structure, sauf qu'ils ne sont pas paritaires. Cette personne m'avouait quel 'avantagequ nous avons sur eux, c 'est d 'être paritaire. Je trouvais cela un peu bizarre que ce soit un employeur qui me dise cela. Je lui ai dit : « Faites m'en la démonstra-tion, ça peut m'ê t re utile...» Ce qu'i l disait, c 'es t que le TSA publie des guides et des produits de formation effectivement intéressants, mais parce que la TSA n'est pas paritaire, elle est régulière-ment boycottée. Ce n'est pas parce que le produit n'est pas bon, mais plutôt parce qu 'au départ il n 'y a pas l 'accord de tout le monde. Il y a alors des problèmes de crédibilité et de transparence. Il m'avouait d'ailleurs que la dernière résolution qu' i ls avaient adoptée était d 'essayer d'intégrer les représentants des asso-ciations syndicales à leur conseil d'administra-tion. C'était la solution qu'ils venaient de trou-ver pour résoudre leur problème de crédibilité et de transparence.

Le transport

L'activité du transport, ça veut dire 8 000 établis-sements à travers le Québec. Le transport, c 'est d 'abord et avant tout artisanal et familial. Nous avons environ 500 PME et 3 ou 4 compagnies plus importantes. Ça c'est le transport au Québec. Qu'est-ce que ça prend pour être conducteur professionnel, selon vous ? Qu'est-ce que ça

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prend pour conduire ces fameux camions ? Ça prend un permis de conduire de classe 21. J 'en ai un dans mes poches. J 'ai obtenu ce permis de conduire à l 'âge de 19 ans, en passant mon examen à bord d 'une Volkswagen.

Jusqu 'à tout récemment, j 'avais le droit de con-duire un tracteur avec une semi-remorque. Je vous dis cela uniquement pour vous faire com-prendre que la formation dans le transport, c 'est devenu quelque chose de très important. Il y a des gens du secteur du Transport dans la salle. Vous leur demanderez combien de nouveaux règlements en matière de sécurité ont vu le jour depuis trois ou quatre ans. S'i ls ne se fâchent pas, ils vont vous répondre par : «Qu'est-ce qui fait qu 'un chauffeur est bon ? Il est né comme ça.» Tout récemment, 13 nouvelles normes en matière de sécurité dans le transport ont été adoptées. Treize nouvelles normes, dont cer-taines ont une influence sur la vie quotidienne. On change la vie du chauffeur. On change l 'organisation de l 'entreprise. Je n 'ai qu 'à vous parler de la ronde de sécurité obligatoire, des heures de service qui vont maintenant être régle-mentées à compter du 1er février 1989, de l 'en-tretien mécanique des véhicules, des normes d 'arrimage, etc. Qu'est-ce qui fait qu 'un chauf-f e u r e s t b o n ? Il est né comme ça. C ' e s t cequ 'on entend, mais ce n 'est pas vrai. Il a appris de ses erreurs, et ce n 'es t pas toujours évident qu'i l n'aurait pas pu bénéficier d 'une certaine forma-tion, entre autres, en santé et en sécurité. J 'ai fait sortir les statistiques au 30 septembre pour notre secteur. À cette date, nous avions formé 3 957 travailleurs, employeurs et multiplicateurs. Nous prévoyons finir l 'année avec un peu plus de 6 000 personnes formées. Ce n 'est pas parce que nous ne voulions pas en faire plus, mais plutôt parce que nous n 'avions pas les ressources pour en faire plus. Nous pourrions facilement étendre cette formation à 6 0 0 0 , 7 000,8 000 travailleurs.

Je tiens aussi à souligner que nous travaillons toujours en étroite collaboration avec les deux écoles publiques de routiers du Québec, qui sont

le CFR Jean-Talon, à Charlesbourg, et le CFR Saint-Jérôme, situé à Saint-Janvier. Chaque fois que nous produisons des choses, nous essayons de le faire avec leur collaboration, car cela nous assure que tous les nouveaux chauffeurs vont au moins avoir reçu la formation élémentaire en santé et en sécurité.

LES RÉALISATIONS DE L'ASSOCIATION SECTORIELLE PARITIAIRE DU SECTEUR DES AFFAIRES MUNICIPALES

Paul Poirier, administrateur de l'Association sectorielle paritaire du secteur Affaires municipales et chef de la Division prévention et santé au travail à la Ville de Montréal

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m Avant même de vous faire part de l 'expérience en formation de l 'Association paritaire en santé et sécurité du travail, secteur Affaires munici-pales (APSAM), je me dois de vous brosser un portrait succinct de ce secteur, nos orientations étant dictées, comme il se doit, en fonction des particularités du secteur.

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Portrait du secteur

Le secteur municipal comprend :

— 1 500 localités ; — 3 communautés urbaines ; — 10 sociétés de transport en commun ; — les offices municipaux d'habitation ; — et les différentes régies intermunicipales

(eau, transport, incendie).

Parmi les 1 500 localités, 321 comptent plus de 3 000 habitants et 1 200 en comptent moins de 3 000.

Le secteur municipal emploie 74 000 travailleurs répartis comme suit :

• 20 200 ouvriers (y compris ceux du transport en commun) ;

• 14 900 employés de bureau ; • 20 500 pompiers ; • 9 100 policiers ; • 6 200 chauffeurs d'autobus ; • 3 100 cadres professionnels.

Au niveau syndical, on retrouve plus de 660 conventions collectives. Les syndicats re-présentés s; nt :

• le Syndicat canadien de la fonction publique (FTQ) ;

• la Fédération des employés(es) des services publics (CSN) ;

• la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) ;

• la Fédération des employés(es) munici-paux et scolaires (FEMSQ) ;

• la Fédération des policiers du Québec CFPQ);

• l'Association des pompiers de Montréal (APM).

Certaines caractéristiques particulières à ce secteur sont importantes si on veut bien saisir les orientations adoptées de façon paritaire en ma-tière de formation.

— On trouve dans le secteur des affaires mu-nicipales plus de 200 activités différentes, répertoriées dans le code des activités éco-nomiques du Bureau de normalisation du Québec. Elles sont très diverses et englobent tant l'incinération, l'épuration des eaux, que l'entretien des parcs et jardins zoologiques, l 'émondage, les travaux d'égout, l'entretien mécanique, le transport par autobus, le ser-vice de la police ou le service des incendies.

— Un grand nombre d'activités sont saison-nières. La formation en début de saison revêt donc une grande importance puisqu'elle a un impact certain sur les accidents du travail.

— Les employés auxiliaires représentent une partie importante de l 'effectif et les tâches auxquelles ils sont affectés sont très variées.

— Ce personnel auxiliaire est embauché princi-palement en période estivale pour divers tra-vaux d'entretien et de réparation, alors qu 'en hiver il est affecté au déneigement. Nous devons tenir compte de ces contraintes lorsque nous planifions un programme de formation.

— Dans le secteur municipal, ce sont 10 500 élus qui prennent les décisions. Les cadres et les employés municipaux sont d 'abord des fonctionnaires. On doit donc composer avec cette réalité et prévoir sensibiliser pério-diquement les nouveaux élus aux problèmes de santé et de sécurité du travail de même qu ' à la nécessité de maintenir un programme de formation pour les employés.

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— Les établissements du secteur couvrent l ' en semb le du terri toire du Québec. L 'APS AM doit donc rendre ses services ac-cessibles partout au Québec. Cette con-trainte géographique est de taille et occupe une place importante dans nos préoccupa-tions.

— Les établissements du secteur ne sont pas en concurrence. On peut donc envisager une collaboration entre municipalités lorsqu'il s'agit de planifier la formation en région.

Politique de l'APSAM en matière de formation

Dès la création de 1 ' APS AM, les deux parties ont convenu d'accorder une importance particulière au rôle de formation et d'information. L'asso-ciation s'est donc dotée d 'une politique en ma-tière de formation dont les principaux éléments sont les suivants :

— les produits de l 'APSAM doivent être acces-sibles et convenir au plus grand nombre de municipalités ;

— des moyens de formation doivent être conçus pour toutes les catégories d'employeurs (services de transport, services des incendies, services de la police, de filtration et d'épura-tion des eaux, services municipaux divers) et s 'adresser à toutes les catégories de tra-vailleurs ;

— toutes les interventions de l 'APSAM dans un établissement doivent être demandées par les deux parties ;

— les priorités de développement en matière de formation doivent s 'appuyer sur des études décrivant les risques reliés à chacune des catégories de travailleurs du secteur (ou-vriers, employés de bureau, pompiers, poli-ciers, chauffeurs d'autobus, etc.). Ces études peuvent être de divers genres :

• étude des programmes de prévention existants dans le secteur ;

• étude de perception financée par l 'APSAM (ex. policiers) ;

• étude de la documentation sur le sujet ; • sondage lors de colloques régionaux

organisés par l 'APSAM ; • analyse de résultats de divers projets

de recherche.

— L 'APSAM doit utiliser le matériel existant. On veut éviter de refaire ce qui existe ailleurs. Mentionnons par exemple :

• l 'accord avec la CSST pour reprendre la publication de Faide-mémoire sur les travaux de tranchée et d'excavation

• l 'adoption du guide sur les solvants de l 'UQAM

• l 'entente avec d'autres associations sec-torielles pour obtenir des cours pour les agents de formation dans notre secteur :

a) cours de sécurité dans les ateliers de réparation et d'entretien mécanique de l 'Association sectorielle, secteur services automobiles ;

b) cours sur le SIMDUT(Systèmed' in-formation sur les matières dange-reuses utilisées au travail), avec l 'Association sectorielle de l ' indus-trie chimique ;

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c) l'enregistrement et la délivrance de la carte d'attestation de présence au cours de sécurité pour les ouvriers des travaux publics et de la construc-tion de l 'APSAM (cours obligatoire en vertu du code de sécurité pour les travailleurs de la construction), par le biais du système informatisé déjà en place à l'Association sectorielle secteur Construction ;

d) cours sur les ponts roulants de l'Asso-ciation sectorielle du secteur Fabri-cation de matériel de transport ;

e) cours de conduite de chariot élévateur et cours sur le transport des matières dangereuses de l'Association secto-rielle Transport et entreposage.

Avant d'achever la publication de tout guide, cours, manuel, bulletin ou dépliant, des représentants des deux parties doivent être consultés. On s'assure ainsi de la dimension paritaire de toute publication de l 'APSAM, ce qui évite la contestation locale des con-tenus et de la pédagogie utilisée pour chaque cours, gTûde, etc.

L 'APSAM a recours aux services de con-sultants spécialisés pour la conception de la matière de ses cours, de ses différents ma-nuels de formation et des guides correspon-dants. Ce sont ces mêmes consultants qui ont la responsabilité de former des agents de formation.

L 'APSAM ne donne pas directement de cours aux municipalités. Elle se contente d'organiser des sessions données par des agents de formation agréés.

— Les agents de formation agréés peuvent être des employés municipaux délégués tant par la partie patronale que par la partie syndi-cale. Ils peuvent également provenir du secteur privé et offrir leurs services aux municipalités.

— Pour être agréé l'agent de formation doit réussir le cours imposé par l 'APSAM et l'agrément ne vaut que pour le cours auquel il s'est inscrit.

— Les agents de formation agréés sont évalués périodiquement. Une mauvaise évaluation peut remettre en cause leur agrément.

— La matière de chaque cours doit être mise à jour périodiquement. Une rencontre des agents de formation agréés doit alors avoir lieu de façon à ajuster la matière et à diffuser le nouveau matériel didactique.

— Compte tenu du caractère saisonnier des activités municipales et de l 'importance de rafraîchir périodiquement les connaissances acquises, une session de rappel, plus courte, est mise au point pour chaque cours offert par l 'APSAM.

Cette politique en matière de formation a permis à l 'APSAM d'être dynamique et d 'offr i r à ses adhérents une gamme impressionnante de pro-duits, malgré le fait que ce soit la plus petite association sectorielle. Elle compte cinq perma-nents, y compris le directeur général, et elle dispose du plus petit budget. De plus, il est bon de se rappeler que l 'APSAM ne fonctionne que depuis le début de 1985.

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Les cours suivants sontactuellementdisponibles:

— cours de sécurité pour les ouvriers des travaux publics et de la construction ;

— cours de signalisation pour les travaux de courte durée ;

— cours sur la prévention des agressions physiques ;

— cours de sécurité pour les travaux de filtration de l 'eau potable ;

— cours de sécurité pour les usines d'épuration des eaux usées ;

— cours de sécurité pour les travaux de déneigement ;

— cours de sécurité pour les ateliers d'entretien mécanique.

En 1989, nous prévoyons rendre disponibles les cours suivants :

— cours de sécurité dans les arénas ; — cours de sécurité pour l'entretien

des piscines ; — cours sur les risques dans les bureaux ; — cours de sécurité pour prévenir les

dangers inhérents à la fonction de chauffeur d'autobus ;

— cours de sécurité à l'intention des policiers; — cours de sécurité à l'intention des pompiers.

Un cas pratique

Les municipalités sont tenues à une attestation de participation à un cours de sécurité en vertu du Code de sécurité sur les travaux de construc-tion, car plusieurs de leurs travaux y sont assujet-tis. Malheureusement, la formation offerte aux travailleurs de la construction n'est pas adaptée au secteur municipal. L 'APSAM a donc conçu un cours dont la matière est adaptée et pour lequel la CSST lui a délivré une équivalence, par

une résolution de son conseil d'administration. Ce cours est offert depuis le printemps 1987. Une vingtaine d'agents de formation provenant autant des municipalités que du secteur privé ont été agréés après avoir suivi une formation spécia-lisée de 40 heures.

Plusieurs grandes municipalités ont préféré faire agréer certains de leur employés qui seront chargés de la formation. De même, la plupart des municipalités ont un nombre restreint d'em-ployés tenus de posséder une attestation.

Il a donc fallu organiser dans toutes les régions du Québec des stages de formation regroupant de 12 à 15 travailleurs et provenant de diverses localités.

À la fin de 1988, quelque 3 500 travailleurs auront suivi le cours de sécurité sur les travaux publics et les travaux de construction. Nous prévoyons qu 'à la fin de 1989, le cours aura rejoint en tout plus de 8 000 travailleurs. Ceci représente près de 200 000 heures de formation, comportant des frais directs pour le secteur de l'ordre d 'un million de dollars. En terme de salaires versés aux travailleurs, les frais ac-quittés par les municipalités auront été d'envi-ron 4 millions de dollars.

On est en droit de se demander si cette formation a eu une influence réelle sur l'adoption de méthodes de sécurité. L 'APSAM confiera donc dans les prochaines semaines à une équipe de recherche le soin d'évaluer les répercussions du programme de formation dans le secteur des travaux publics. Les résultats de l 'étude nous permettront d'ajuster notre politique de forma-tion et plus particulièrement la matière de nos programmes.

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ATELIER : LES SERVICES DE FORMATION OFFERTS PAR LE RÉSEAU DE L'ÉDUCATION

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ATELIER : LES SERVICES DE FORMATION OFFERTS PAR LE RÉSEAU DE L'ÉDUCATION

LES ORIENTATIONS DU MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION EN MATIÈRE DE SANTÉ ET DE SÉCURITÉ

William Lee, coordonnâtes de projets à la Direction générale du financement, au ministère de l'Éducation du Québec

Peu après la sanction de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, le ministère de l'Education et la Commission de la santé et de la sécurité du travail ont formé un comité commun afin d'établir une collaboration en matière de formation et d'information. Cette collaboration a été fruc-tueuse et elle a permis plusieurs réalisations à tous les paliers de l'appareil scolaire. Il est possible de se procurer le bilan de ces réalisa-tions auprès des deux organismes.

Depuis que le ministère de l'Éducation s'est scindé en deux, le comité a été désigné sous le nom de comité permanent CSST-MÉQ-MESS formation et information. Le sigle MESS signi-fie ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science. Ce ministère s'occupe des réseaux collégial et universitaire. Au ministère de l 'Édu-cation on s'occupe du préscolaire, du primaire et du secondaire. Un représentant du ministère de la Santé et des Services sociaux siège également au comité.

Orientations générales

Le ministère de l'Éducation privilégie certaines valeurs fondamentales en éducation, telles le respect de la vie, de soi et d'autrui, du milieu et de l'environnement, le sens des responsabilités et le souci du travail bien fait. La préoccupation de la santé et de la sécurité des personnes découle de ces valeurs et elle a toujours fait partie des responsabilités de ceux qui travaillent dans le domaine de l'enseignement.

L'orientation de base du ministère de l'Éduca-tion concernant la santé et la sécurité en milieu scolaire se formule comme suit :

Inculquer une préoccupation de santé et de sécurité dans les diverses acti-vités et à tous les paliers adminis-tratifs et pédagogiques du réseau, par des mesures adaptées au milieu sco-laire et axées principalement sur la prévention.

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Cette orientation a pour but :

— d'enseigner des attitudes et des comportements sûrs ainsi que le respect de l'environnement, tant chez les membres du personnel que chez les élèves ;

— de réduire le nombre des accidents du travail.

Dès les premières années de l'enseignement primaire, des objectifs en matière de formation personnelle et sociale visent à ce que l'élève apprenne à éviter les dangers de l'environne-ment physique. Au secondaire, cette formation générale porte plus particulièrement sur les outils d'usage courant, les produits dangereux, les premiers soins et la législation.

En formation professionnelle au secondaire, l'orientation générale du Ministère est d'in-culquer une préoccupation constante de la santé et de la sécurité dans les apprentissages, en vue d'assurer l'exercice efficace des professions. A ce niveau, l'attitude préventive, fondée sur la responsabilité et le contrôle de soi dans les gestes nécessaires au travail, doit faire partie intégrante de la vie et devenir une mentalité.

Les orientations traduites en action

Afin de bien informer nos élèves, nous avons encouragé :

— la publication d'un volume sur l'hygiène du travail, sous la responsabilité du collège de Saint-Laurent, avec l'appui du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie et la collaboration de la Commission de la santé et de la sécurité du travail ;

— la diffusion de documents d'information sur la santé-sécurité à l'intention du personnel enseignant du secondaire concernant la formation personnelle et sociale, les laboratoires de sciences,

les ateliers deformation professionnelle au secondaire, l'éducation physique, les semaines de santé et de sécurité, etc.

Au sujet de la formation au primaire et au secon-daire, mentionnons :

— l'intégration des notions de santé et de sécu-rité dans les programmes de formation générale et dans tous les programmes de formation professionnelle, révisés à la lu-mière du nouveau plan de développement en ce domaine ;

— la révision des manuels scolaires, en col-laboration avec la CSST et l'Association des éditeurs ;

— l'intégration du module de « santé et de sécurité générale sur les chantiers de cons-truction » à certains profils de formation professionnelle. Signalons aussi la forma-tion de plusieurs milliers de travailleurs au cours des cinq dernières années par les ser-vices de l'éducation des adultes.

Quant à l'enseignement supérieur, rappelons brièvement

— qu'au collégial, la révision des programmes comporte une étape systématique de consul-tation auprès de la Commission de la santé et de la sécurité du travail lorsque la matière de ces programmes porte sur la santé et la sécurité du travail ;

— la mise au point de programmes spéciaux offerts par des cégeps tant aux jeunes qu'aux adultes concernant l'hygiène industrielle, la prévention, l'assainissement et la sécurité industrielle ;

— les cours de formation sur mesure offerts aux entreprises par certains cégeps dans le domaine de la santé et de la sécurité du travail. Des services de formation sur mesure sont également disponibles maintenant auprès des services d'éducation des adultes des commissions scolaires ;

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— la création des certificats universitaires et de nombreux cours spéciaux en santé et sécu-rité du travail ;

— l'intégration des notions de santé et de sécu-rité du travail dans les programmes condui-sant au baccalauréat dans diverses disci-plines. Mentionnons finalement la forma-tion des maîtres et les services de consulta-tion disponibles dans les milieux universi-taires.

Au sujet de Y environnement administratif, il faut souligner qu 'une documentation sur les orientations du Ministère et sur les travaux exécutés à la suite de l'expérimentation a été élaborée, au cours de la dernière année, en col-laboration avec la Fédération et sept commis-sions scolaires qui ont participé à l'expérimenta-tion. Cette documentation sur la santé et la sécurité en milieu scolaire vient d'être diffusée dans le réseau de l'enseignement. Des sessions régionales d'information seront tenues au cours des prochains mois à ce sujet.

Les défis

Plusieurs jalons importants ont été posés afin d'assurer une formation de base en matière de santé-sécurité dans le réseau de l'enseignement. Une volonté ministérielle et une information importante existent maintenant. Il reste des défis majeurs à relever, qui touchent notamment la formation du personnel afin de répondre aux besoins croissants de la société dans le domaine de la santé et de la sécurité du travail et du respect de l 'environnement.

De façon plus large, si on fait le pari que la formation en matière de prévention constitue le moyen le plus efficace de réduire le nombre des accidents du travail, des défis de taille nous attendent en cette époque de développement technologique très rapide des machines, des ma-

tériaux et des produits, et de spécialisation de plus en plus grande des tâches. Ajoutons aussi que cette époque coïncide avec des compres-sions budgétaires.

Pour relever ces défis, nous pouvons compter sur des assises établies et sur la grande richesse des ressources humaines des réseaux de l'enseignement.

LA SANTÉ ET LA SÉCURITÉ DANS LES PROGRAMMES DE FORMATION À L'ÉDUCATION DES ADULTES

Philiipe Audet, spécialiste en sciences de l'éducation au service de l'organisation de la formation, à la Direction générale de l'éducation des adultes au MÉQ

Depuis la mise en place par la CSST et le MÉQ du comité permanent sur la santé et la sécurité du travail, de nombreux programmes visant l 'ac-quisition d'attitudes et de comportements sûrs lors des apprentissages à l'école ou dans un atelier de formation professionnelle ont été

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implantés, M. William Lee en a mentionné quelques-uns. Qu'il suffise de préciser que cette intégration à tous les niveaux de la formation professionnelle se fait selon des critères et des barèmes précis. De cette façon, les notions fon-damentales de santé et de sécurité sont toujours présentes. On intègre aussi des cours spéciaux à des programmes particuliers, qu'on parle du secteur de la foresterie ou du secteur du bâtiment, avec le cours de santé et de sécurité sur les chantiers de construction, ou encore des secteurs connexes régis, comme le secourisme en milieu de travail. Dans ces cas-là, les cours sont tout simplement intégrés au programme de forma-tion.

Nous diffusons également tous les ouvrages publiés par la CSST à l'intention du secteur de l'enseignement, que ce soit dans le secteur de l'éducation des adultes ou àl'intention des jeunes. Nous produisons aussi de nombreux documents, tous plus intéressants les uns que les autres. Toutes ces actions visent le même objectif : permettre aux adultes et aux futurs travailleurs d'assimiler les connaissances nécessaires en matière de santé et de sécurité dans le cadre de leur travail. On parle des bottes et du casque de sécurité, mais aussi des comportements à adopter pour l'exécution d'un travail. Ces aptitudes et ces attitudes doivent être retenues et appliquées dans l'exercice d'une profession afin de dimi-nuer les risques d'accident du travail. Il n 'y a pas que les programmes de longue durée qui tien-nent compte de la santé et de la sécurité. Il y a aussi des cours propres à certains secteurs indus-triels. Ce sont les cours généraux de santé et de sécurité concernant les chantiers de construction et la construction municipale, le secourisme en milieu de travail et la prévention à la ferme, ce dernier étant un nouveau cours.

Tous ces cours peuvent être offerts par les 80 services d'éducation des adultes du Québec. Ds ont tous un trait commun : leur mise au point s'est faite en grande partie grâce à la participa-tion de l'industrie. De plus, ils sont liés à l'application d'un règlement qui découle d 'une loi, à l'exception du cours de prévention à la ferme, mis sur pied à la demande du milieu.

Le cours de sécurité générale sur les chantiers de construction

Je lisais dernièrement le compte rendu d 'une réunion du comité permanent MEQ - CSST qui faisait état du bilan des activités de 1983 à 1985. On peut y lire qu 'à cette époque, quelque 210 000 travailleurs ont suivi ce cours. Ce chiffre représentait la presque totalité des tra-vailleurs du secteur de la construction. Les responsables estimaient qu'environ 25 000 autres devraient être formés annuellement. Il s 'agit de travailleurs des chantiers de construction qui ne sont pas régis par le décret de la construction. Ce cours est devenu obligatoire au secondaire régulier. Il est intégré à une vingtaine de profils professionnels ; les finissants sont susceptibles de travailler sur un chantier de construction.

De 1985 à 1988, ces cours ont été donnés à près de 100 000 élèves, ce qui porte le total des tra-vailleurs formés en santé et en sécurité du travail à près de 300 000. Nous prévoyons, cependant, que ce nombre devrait se stabiliser, car l 'entrée en vigueur de la loi 119, qui porte sur les rela-tions de travail, a défini depuis janvier 1985 un nouveau régime de formation et de qualification de la main-d'oeuvre. Ce cours ne sera donc plus suffisant pour obtenir une carte de compétence délivrée par la Commission de la construction du Québec. De nouveaux cours propres à l ' in-dustrie de la construction devront être élaborés.

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Est-ce que l 'actuel cours générai sur la santé et la sécurité des chantiers de construction répond aux besoins des travailleurs des domaines mi-nier, forestier, industriel et autres ? C'est un sujet dont on devra débattre avec le comité permanent de façon à ce que l 'on puisse élaborer des cours qui puissent répondre aux besoins de ces secteurs.

Cours de santé et de sécurité pour les travailleurs municipaux

Nous travaillons actuellement à l'élaboration d 'un cours de santé et de sécurité à l'intention des travailleurs municipaux. Il existe un poten-tiel énorme pour ce genre de cours. Nous som-mes actuellement en discussion avec les diri-geants de l 'APSAM afin que le cours spécial créé par cette association paritaire soit reconnu par le MÉQ. Lorsqu 'il sera intégré du programme du MEQ, nous devrons en assurer le finance-ment auprès du Conseil du trésor. Si ce dernier accepte d'acquitter les frais adhérents à ce cours, il est fort probable qu' i l pourra s'étendre à l 'ensemble du réseau de l 'enseignement.

Cours de secourisme en milieu de travail

Un protocole d'entente a été signé entre la CSST et le MEQ, qui permet d'intégrer ce cours aux programmes de formation. Ça prend des compétences particulières, parce qu'on parle de réanimation cardiorespiratoire. Les commis-sions scolaires agissent aussi comme point de service pour la tenue des examens.

Cours de prévention à la ferme

Un cours de prévention à la ferme est actuelle-ment en phase d'élaboration au MÉQ. Le besoin a d 'abord été exprimé par l 'Union des pro-ducteurs agricoles qui veut rejoindre ses adhérents afin de diminuer les risques d 'ac-

cident à la ferme. Ce cours devra répondre aux besoins particuliers des producteurs et produc-trices agricoles, parce qu 'on sait que cette année il y a eu une augmentation des accidents dans les fermes. Ce cours devrait débuter en 1990 et il pourrait devenir un modèle pour les secteurs non touchés par la réglementation où l 'on cons-tate des risques d'accidents graves.

Formation sur mesure en établissement

La Direction générale de l 'éducation des adul-tes, par le biais des commission scolaires, offre aussi aux entreprises la possibilité de répondre aux besoins de formation de leurs travailleurs. Nous parlons alors de formation sur mesure en établissement. Ce type de formation doit cons-tituer une réponse adaptée aux besoins particu-liersd'un groupe,d'uneentrepriseoud'un secteur d'activité économique précis.

Cette formation suppose que les solutions plus standardisées ne conviennent pas à cause des contenus, des modalités d'organisation ou de la disponibilité des travailleurs. On sait que sou-vent l 'horaire des travailleurs est assez difficile à modifier. La formation sur mesure, instru-ment privilégié de développement profession-nel, permet de contourner tous ces obstacles.

En conclusion, l'objectif de la Direction générale de l'éducation des adultes et du réseau des commissions scolaires, c 'est la satisfaction des besoins de formation des adultes et des tra-vailleurs. C'est pour cela que la participation de l'industrie est de plus en plus sollicitée, afin que la formation en matière de santé et de sécurité corresponde à la réalité industrielle.

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LA FORMATION SUR MESURE DANS LES ENTREPRISES

Denis Lesieur, coordonnateur par intérim au Service de l'éducation des adultes du cégep de Shawinigan

Nous faisons figure de cégep de brousse par rapport aux autres quand nous arrivons à Mon-tréal pour i t e n t e r nos interventions dans le domaine de la santé et de la sécurité du travail. Je suis heureux tout d 'abord du thème du colloque qui dit que la sécurité, ça s'apprend. Si ça ne s'apprenait pas, nous n'aurions pas grand rôle à jouer comme cégep dans ce domaine.

Les collèges ont deux rôles à jouer dans le domaine de la santé et de la sécurité, dont un se situe au niveau de l 'enseignement régulier. Nous n'intervenons pas à ce niveau. L'autre rôle se situe a*1 niveau de l 'enseignement des adultes. C'est là que nous intervenons. Je pense person-nellement que lorsqu'on croit à la santé et à la sécurité, on doit s 'y engager. Ça vaut également pour les maisons d'enseignement.

Des enseignants compétents et des cours sur mesure

Nous avons, dans notre collège, d 'abord engagé du personnel compétent pour pouvoir offr ir des services de consultation, de formation et de collaboration technique dans le domaine de la santé et de la sécurité du travail. Nous pouvons donc compter sur des ressources à temps plein qui ne font que de 1 ' intervention en entreprise. Et non pas sur des enseignants qui donneraient de petits cours aux adultes, en plus de leur enseigne-ment ordinaire. Nous nous sommes préoccupés d 'avoir une approche axée sur l 'usager, parce que sans usager, nous n 'avons pas de raison d'être à l 'éducation aux adultes. Nos usagers ce sont, bien sûr, les organismes, les personnes, les principaux responsables de la santé et de la sécurité du travail. D s'agit d 'une approche de formation sur mesure. C 'es t une formation où nous intervenons sur demande et nous travail-lons avec l 'usager pour trouver une réponse satisfaisante pour tout le personnel.

Nous discutons avec l 'usager et nous analysons sa situation actuelle, les buts visés et les moyens d 'y arriver ensemble. Je dis bien, et c 'es t impor-tant, ensemble, car ce n 'est pas ce que nous avons toujours fait. Au début, on nous deman-dait un cours et nous le donnions sans nous poser trop de questions. Quand nous allions voir, un an après, les principaux responsables et usagers, nous nous rendions compte que nos sessions étaient bonnes, mais que les résultats obtenus n'étaient pas ceux escomptés.

L'importance d'obtenir la collaboration de l'entreprise

Actuellement, nous nous préoccupons beaucoup du rôle que nous devons jouer au sein d 'un organisme. Nous examinons avec lui dans quelle mesure il va s 'engager ; nous discutons la part du rôle qui nous revient et les modalités de collabo-ration. Si nous ne pouvons pas faire cela, nous

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préférons ne pas intervenir parce que ça ne donnerait à peu près rien comme résultat. Parce qu ' en matière de santé et de sécurité, comme ailleurs, nous voulons des résultats concrets.

L'extension des services aux autres régions du Québec

Je vais vous parler de notre collaboration avec d 'autres collèges. Je pense au collège de Jon-quière. Nous avons également établi des liens de collaboration avec les collèges de Lévis et de Lauzonet aussi avec le ministère de l 'Éducation, pour mettre sur pied un programme qui devait répondre aux exigences de l 'article 78 de la Loi sur la santé et la sécurité du travail concernant les comités de santé et de sécurité. À la suite des demandes des associations de sécurité des pâtes et papiers et des exploitations forestières, nous avons élaboré un programme de sept cours qui portent, entre autres, sur la loi, sur les pro-grammes de prévention, sur le fonctionnement du comité de santé et de sécurité, etc. Ce pro-gramme doit permettre aux membres des comi-tés de s 'acquitter convenablement des attribu-tions prévues par le législateur à l 'article 78 de la loi. Ce programme a été donné dans un bon nombre de papeteries du Québec, autant par les collèges concernés que par les associations intéressés.

Certains autres employeurs et syndicats en ont entendu parler. Nous avons dû répéter ces types d ' interventions dans d 'autres milieux. Il y a même eu des syndicats qui ont fait des demandes dans le cadre du programme de subventions de la CSST.

Une nouvelle spécialité, la consultation

Dépassant le stade des cours, nous nous sommes dirigés davantage vers la consultation auprès des membres qui désiraient de l 'assistance pour mettre sur pied des comités de santé et de sécu-

rité pour remettre en marche des comités qui ne fonctionnaient plus du fait qu 'on y avait recréé des tables de négociation collective. Il s 'agissait donc de redémarrer dans un climat détérioré et nous étions là pour faire la consultation, pour vraiment relancer le comité et donner la forma-tion nécessaire.

L'engagement des gestionnaires de l'entreprise

Cette orientation est particulièrement impor-tante chez nous, à Shawinigan, parce que nous croyons que les gens doivent s 'engager. Nous travaillons avec les gestionnaires, les contre-maîtres et les superviseurs qui ont un rôle par-ticulier à jouer dans le domaine de la santé et de la sécurité. Ces gens-là doivent obtenir des résultats. Ce n'est pas parce qu 'on a nommé un responsable de la santé et de la sécurité dans l 'entrepr isequ ' i ln 'yaplusdeproblèmes. Chacun doit s 'engager et cela vaut également pour tous les gestionnaires. Nous travaillons beaucoup les comportements et les attitudes pour amener les gestionnaires à penser qu ' i ls doivent obtenir des résultats et que ça vaut la peine, si l 'on veut que la production se fasse en toute sécurité. S' i l n 'y a pas d 'engagement de leur part, nous aurons beau donner les meilleurs cours, nous n'obtien-drons jamais rien de bon.

Dans notre région nous avons beaucoup travaillé dans le secteur des pâtes et papiers. Si vous donnez un bon service dans une papeterie, toutes les autres papeteries vont solliciter vos services. C 'es t un peu ce qui s 'est passé pour nous, comme pour des consultants privés : quand ça va bien, on n ' a pas à faire de publicité.

Nous avons également travaillé avec les divers départements de santé communautaire du Québec. Nous donnons actuellement des cours qui rejoignent plusieurs catégories de praticiens: médecins, hygiénistes, techniciens doivent tra-vailler sur le tas, pas nécessairement dans une salle de cours. Nous avons également eu la

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chance d'intervenir dans le démarrage de l 'usine de Norsk-Hydro, à Bécancourt. Nous formons tous les travailleurs pour les rendre conscients de leurs responsabilités, pour leur donner suffi-samment de maturité pour qu'ils puissent dire aux collègues avec qui ils font équipe qu'ils travaillent mal, qu'ils devraient corriger certains de leurs comportements dans le domaine de la santé et de la sécurité.

Nous nous adonnons également à des activités sur des sujets un peu plus techniques. Je pense, entre autres, aux manipulations de produits corrosifs, toxiques et inflammables. Nous tra-vaillons avec Norsk-Hydro, à l 'aluminerie de Bécancourt, dans ce domaine-là. Nous nous tenons aussi au courant des nouveaux besoins et nous formons notre personnel en conséquence. Nous ne voulons pas regarder passer le train pendant qu'i l passe, mais plutôt y monter tout de suite. Je pense, entre autres, au SIMDUT (ou Système d ' in format ion sur les matières dangereuses utilisées au travail). Notre person-nel a reçu de la formation sur le SIMDUT. Nous allons commencer bientôt à former des ins-tructeurs en entreprise, et nous collaborons également avec celles qui préfèrent que nous assurions directement la formation de l 'ensemble de leurs travailleurs.

Il y aurait beaucoup à dire sur les cours de santé et de sécurité que nous donnons sur les chantiers en français et en anglais. Parce que les collèges n 'ont pas de territoires juridiques, nous allons partout au Québec. Nous donnons actuellement des sessions à Montréal, à Carleton, à Baie-Comeau, à Rouyn-Noranda, à Gaspé, etc. Nous sommes ouverts aux besoins. Ce ne sont pas des cours théoriques que nous donnons, mais bien des cours avec mises en situation, sinon nous endormirions tout le monde. Nous comptons beaucoup sur la participation de l'entreprise. Nous ne faisons pas de formation sans participa-tion. J 'aimerais souligner qu'il existe une bro-chure sur nos services, réalisée grâce à la col-laboration de l 'Université du Québec. Cette brochure a pour titre le SIME ou Service d ' in-tervention sur mesure.

LA FORMATION EN SANTÉ ET EN SÉCURITÉ DANS LES UNIVERSITÉS

Elvio Buono, chargé de recherche, Conférence des recteurs des universités du Québec

La Conférence des recteurs regroupe l 'ensemble des universités québécoises. Je vous présenterai au jourd 'hu i l ' en semble des p r o g r a m m e s qu'offrent les universités dans le domaine de la santé et de la sécurité du travail, tout en in-diquant dans quel contexte ces programmes ont été élaborés. Il y a d 'abord eu une prise de conscience de la société en ce qui concerne la santé et la sécurité. À preuve, vous n ' avez q u ' à regarderie nombre de participants ici et le nombre de ceux qu'on a dû refuser. En consultant la liste des participants, j ' a i constaté que la santé et la sécurité sont devenues le pain et le beurre de plusieurs d 'entre nous, tantdu côté syndical que patronal C'est un phénomène que l 'on trouve dans l'entreprise et dans les secteurs public et parapublic. Dans le réseau universitaire, par exemple, il existe un groupe de travail sur la santé et la sécurité. Il y a quatre ans, à peine trois coordonnateurs en santé et en sécurité venaient

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d 'ê t re nommés. Aujourd 'hui , il y en a partout. Chaque université, à quelques rares exceptions p rè s , a un coordonnateur en santé et en sécurité. Ce qui s 'est passé, c 'est qu ' i l y a eu un besoin de formation tant du côté syndical que patronal et qu ' i l y a eu pression sur les universités pour qu 'e l l esmet ten taupoin tdes moyensd ' interven-tion.

La création des certificats en santé et en sécurité

Initialement, pour entrer dans ce domaine, il s 'agissait d 'obtenir une licence ou un bacca-lauréat en droit. Mais pour répondre aux be-soins en ma in -d 'œuvre , on a dû mettre au point des programmes plus souples, commes les cer-tificats en santé et en sécurité du travail donnés à l ' éducat ion permanente. Le certificat de l 'Uni-versité de Montréal date d 'une dizaine d 'années, celui de l 'Ecole polytechnique existe depuis 1977 et celui de l ' U Q A M depuis environ deux ans.

La condition d 'admiss ion, c 'es t le diplôme d 'é tudes collégiales ou l 'expérience jugée équivalente, puisque nous tentons d'att irer des gens qui sont déjà sur le marché du travail. Nous avons donc des conditions d 'admission un peu différentes de celles qui ont habituellement cours.

Ces certificats sont continuellement mis à jour en tenant compte du développement des con-naissances scientifiques ou technologiques. Nous tenons compte aussi des usagers, puisqu' i l y en a toujours qui composent les comités de pro-grammes pour voir à ce que ceux-ci correspon-dent aux besoins.

Quand on regarde l 'ensemble des établissements, on se rend compte qu ' i l y a des certificats différents dans chaque université. Si on en faisait l 'historique, on verrait que ce n 'est pas par hasard q u ' à l ' U Q A M , par exemple, le certi-ficat relève du département de biologie quand on connaît le travail de l 'équipe professorale qui en

est chargée. Dans d 'autres universités, il est rattaché à la faculté de médecine. Il y a donc une très grande diversité. Si on essayait de classer ces certificats, j e dirais qu ' un certain nombre ont une vocation générale, comme ceux des univer-sités de Montréal, de Trois-Rivières, de Ri-mouski ou de Hull. On essaie, là, de donner aux gens un certain nombre d ' instruments de base qui touchent tant la législation que les questions d' indemnisation ou de financement.

Les programmes de la maîtrise et du doctorat

Il y a d 'autres universités où les exigences sont beaucoup plus élevées sur le plan scientifique et qui nécessitent des connaissances approfondies en chimie, en biologie ou en physique. Le certi-ficat est un instrument plus souple que le bacca-lauréat parce qu'i l peut se faire à temps partiel. Un certificat comprend dix cours. Un étudiant à temps plein pourrait le faire en un an, mais comme il est surtout conçu pour les travailleurs, il prend environ deux ou trois ans. De plus, les universités ont créé un certain nombre d'instru-ments pour les niveaux de la maîtrise et du doctorat. Les maîtrises, il y en a moins ; cela demande déjà des titulaires de baccalauréats. Ce sont des études poussées qui visent à former des spécialistes en santé et en sécurité. Le seul doctorat qui existe à l 'heure actuelle, et encore, depuis un an seulement, est donné à l 'université

V

McGill. A ce niveau d 'étude, les conditions d'admissibilité varient beaucoup d 'un endroit à l 'autre. À l 'Université Laval, par exemple, le certificat de 2e cycle implique que les étudiants possèdent déjà un bacalauréat Les conditions d 'admission sont donc plus sévères.

Divers besoins, divers programmes

Il ne faut pas essayer de voir s ' il y a un diplôme en santé et en sécurité meilleur à un endroit qu ' à un autre, ni faire de comparaisons entre les établissements universitaires. Il faut partir des

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besoins des gens lorsqu'on décide de préparer un certificat en santé et en sécurité, ce n'est pas seulement pour meubler ses soirées d'hiver. C'est parce que cela correspond à un besoin exprimé soit par l 'employeur, qui a confié à quelqu'un la responsabilité de la santé et de la sécurité soit par la partie syndicale, car cette personne sera appelée à s 'occuper de la préven-tion ou à faire un travail de formation auprès des syndiqués. Les programmes offerts correspon-dent donc à ces divers types d'intervention.

Si vous êtes chimiste ou biologiste et que vous travaillez dans un laboratoire universitaire ou encore dans un laboratoire de compagnie, cer-tains genres de certificats vous conviendront mieux. Si vous êtes responsable du transport de matières dangereuses, si vous participez au SIMDUT (Système d'information sur les ma-tières dangereuses utilisées au travail) qui va bientôt entrer en vigueur", d 'autres certificats répondront davantage à vos besoins, compte tenu de la formation offerte en biologie et en chimie.

Savoir définir son choix de carrière

Je voudrais terminer en disant simplement que dans chaque université il existe des conseillers en pédagogie ou en information scolaire qui peuvent vous aider à choisir le bon programme. Il peut être difficile pour le commun des mortels de savoir où aller, mais je pense que, dans un premier tem?s, il faut analyser clairement ses besoins, son profil de carrière, les besoins de son entreprise ou de son association syndicale. C 'es t ce qui nous permet de déterminer le programme qui nous convient le mieux.

* Entré en vigueur en avril 1989

Autres activités de formation dans les universités

En plus des certificats, il existe aussi un certain nombre d'activités de formation en santé et en sécurité dans les universités. Les universités, comme les cégeps, ne sont pas tenues à un territoire donné. Plusieurs universités ont créé des programmes hors campus. Ce sont des cours intensifs qui ne mènent pas nécessairement à un diplôme, mais dans certains cas, ces activités sont agréées par l'université. Il y aégalementdes cours plus spécifiques. Par exemple, l 'École polytechnique offre un certificat plus court qui permet d'obtenir un permis dans le domaine de la construction.

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PÉRIODE DE QUESTIONS

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PÉRIODE DE QUESTIONS

Question posée à William Lee, par Mme Solange Pronovost, Vice-Présidente de la CEQ

« D 'abord dans l ' intérêt de l 'ensemble des par-ticipants et des participantes, j e dois dire que pendant trois ans, la C E Q a participé au projet de simulation dont M. Lee a parlé tout à l 'heure. Au cours de l 'expérience, la CEQ a exprimé plusieurs demandes, mais malheureusement, beaucoup n 'ont pas reçu de réponses. Entre autres deman-des, et ce n 'étai t pas les seules, nous voulions que le projet respecte vraiment l 'esprit de la loi, c 'est-à-dire la mise sur pied d 'un comité de santé et de sécurité dans tous les établissements. Ce que nous demandions également, c 'était que les représentants à la prévention soient libérés afin qu ' i l s remplissent vraiment les fonctions auxquelles ils sont nommés. Malheureusement, ces questions et ces demandes n 'ont pas eu de réponses et, un an après nous avoir signifié que le projet de simulation est terminé, nous appre-nons qu ' i l existe maintenant huit documents issus du ministère de l 'Éducation, qui traitent des orientations et des voies d 'act ion en ce qui concerne la gestion de la santé et de la sécurité dans les établissements scolaires du Québec. Vous aurez sans doute compris que, pour cette partie du travail — et pourtant nous avions ma-nifesté beaucoup d' intérêt et de volonté — , la C E Q a été évincée. Alors j ' a imera is savoir, de la part de M. Lee, ce qu ' i l pense du paritarisme que préconise la Loi sur la santé et la sécurité du travail, à tous les niveaux de la gestion de la santé et de la sécurité ? »

« M. Audet, quant à lui, a fait état d ' un défi important à relever lorsqu'i l a parlé de la forma-tion du personnel. J 'a imerais avoir quelques précisions sur sa vision d 'une démarche ou d ' un

processus à entamer pour donner la formation appropriée au personnel qui doit, à son tour, assurer la formation des jeunes et des moins jeunesdans les établissements scolaires? Merci.»

Réponse de William Lee

« Je vais répondre à Mme Pronovost en com-mençant par sa dernière question. Elle me de-mande si je crois au paritarisme, la réponse est oui. Nous avons essayé de l 'appliquer intégrale-ment dans le cadre de l 'expérience. Nous n 'a-vions rien à retirer d ' une fausse expérience. Maintenant, j e suis sûr que le même phénomène a pu se produire dans d 'autres établissements où une certaine difficulté de fonctionnement, au début, vient s 'approprier la notion de parita-risme. Cela a pris un certain temps ; à certains endroits cela a bien fonctionné, àd 'au t res un peu moins, mais nous avions un comité de coordina-tion qui comprenait aussi un représentant de la CEQ, et nous sommes intervenus le plus souvent possible pour corriger les situations. »

« En ce qui me concerne, l 'esprit de la loi a été respecté malgré les imperfections. Nous souhai-tons respecter tout l 'esprit de la loi. Pour ce qui est de l 'expérience en elle-même, en juin 1987, il y avait déjà trois ans que le ministère y était engagé. Nous disions, il faut faire ceci, il faut faire cela. 11 fallait bien à un moment donné nous dire que nous étions au point où nous avions abattu assez de travail pour terminer l 'expé-rience. Maintenant, je dois dire que chacun a parlé à ce moment-là, et le ministère de l 'Éduca-tion était prêt à poursuivre, pas nécessairement l 'expérience, mais tous les travaux qui en décou-laient. La Fédération des commissions scolaires

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était prête, la CSST également. C'est la CEQ qui, en juin 1987, ne voulait plus poursuivre l 'expérience. Donc les travaux qui ont suivi ont été exécutés par deux des participants seule-ment: la Fédération des commissions scolaires, le ministère de l 'Éducation et chacune des com-missions scolaires. Il y en avait sept - huit ont participé à l 'expérience, mais sept y ont donné suite. Il s 'agitd 'unedocumentationqui s'adresse à la Direction des établissements scolaires. C'est un texte qui cherche à favoriser la prise en charge par la Direction des établissements scolaires, les commissions scolaires, les écoles, de la santé et de la sécurité. C'est un document qui respecte intégralement la loi, mais qui s'adresse à la Direction des établissements scolaires. »

Réponse de Philippe Audet

« Une réponse simple à Mme Pronovost. Lorsqu'on parle d'éducation des adultes, de formation des agents, on organise des sessions de formation et les nouveaux cours et pro-grammes de formation sont acheminés aux commissions scolaires. À ce moment-là, c 'est tout simplement une offre de service faite à chacune des commissions scolaires, qui les engage à inviter des personnes-ressources et des enseignants à venir participer à une session de trois, quatre ou cinq cours. Ces cours donnent une formation de base souvent reliée à l 'appro-che pédagogique elle-même et non au contenu. Nous n'entrons pas dans le champ de la forma-tion des maîtres ; c 'est vraiment du recyclage, du perfectionnement. »

Réponse de Denis Lesieur

« Vous posez de bonnes questions. Je ne suis pas spécialiste en matière de santé et de sécurité ; je m'occupe du dossier chez nous. On s'est préoc-cupé de l'article 78 qui parle des attributions des membres des comités de santé et de sécurité, mais je ne connais pas les autres articles. »

Denis Jean :

« Qui peut me répondre ? »

Réponse de Yves Morrisset

« L'article 78 se réfère au comité de santé et de sécurité pour le groupe prioritaire n i . Deux règlements sur quatre sont actuellement en vigueur : celui qui porte sur le programme de prévention et sur les services de santé. Quant au règlement sur le comité de santé et de sécurité et celui concernant le représentant à la prévention, ils sont encore sur le bureau du ministre pour adoption. »

Question posée à Denis Lesieur par Denis Jean, de Canada Packers

« Nous, nous faisons partie du groupe prioritaire III. Est-ce que les articles 78 et 90 s'appliquent à nous en matière de prévention ? »

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ATELIER : DROIT DE PAROLE

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ÂTELiER : DROIT DE PAROLE

PRÉSENTATION (M. Claude Cossette)

Vous connaissez sûrement la formule de Droit de parole, l 'émission de Radio-Québec. Sur le même modèle, nous allons aujourd 'hui discuter d ' une histoire de cas imaginée par trois ins-pecteurs. Dix invités venant du réseau de forma-tion en santé et en sécurité participeront à ce Droit de parole . Ils vont s 'exprimer sur le cas qui leur a été présenté. Ce Droit de parole sera dirigé par M m e Andréanne Lafond, bien connue de tous. Andréanne Lafond a fait des études de philosophie et de langues à Lyon. Elle a travaillé dans tous les grands médias de communication de masse. Au cinéma comme scripte-assistante, réalisatrice, monteuse, directrice de production. Elle a travaillé à la radio aussi, principalement à Radio-Canada à partir de 1956, à des émissions telles : Présent et La vie quotidienne. Elle a travaillé à la télévision à des émissions comme Carrefour, Aujourd' hui, et Format 60. Pour des reportages, elle a voyagé aux États-Unis, en France, en Belgique, en Allemagne, en Norvège, à Chypre, au Liban, en Égypte,etc. J 'a i presque envie de dire qu 'actuel lement sa qualité princi-pale, c ' e s t d 'ê t re présidente du prix Lisette-Gervais.

Andréanne Lafond, animatrice

LE CAS SOUMIS

Nous commencerons par un cas fictif. Une entreprise X a été créée il y a deux ans, lorsqu'un des associés de la compagnie Z, une PME, a décidé de mettre sur pied sa propre entreprise en amenant avec lui une partie du personnel et en embauchant des travailleurs expérimentés dans des entreprises de la région fabriquant le même genre de produit.

Récemment encore, la compagnie X n 'employait que 20 personnes, la plupart affectées à la production (travailleurs spécialisés âgés en moyenne de 46 ans). Cette compagnie prend brusquement de l 'expansion avec l 'octroi d 'un important contrat nécessitant l ' embauche d 'une trentaine de travailleurs supplémentaires, presque tous moins expérimentés et plus jeunes que leurs collègues déjà en poste.

Les risques

Vétusté du matériel — Les machines ont été rachetées d 'autres entreprises et ne sont plus toutes jeunes. Elles ont peu ou pas de dispositifs de protection et elles sont bruyantes.

Ventilation insuffisante — Avec le brusque ac-croissement du nombre des travailleurs et 1 ' ajout d 'équipement , la ventilation générale et les quelques dispositifs d'aspiration à la source ne suffisent plus à la tâche. Les concentrations de poussière et de fumée augmentent.

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Exiguïté des postes de travail et mauvais aménage-ment — Les nouveaux équipements ne sont pas adaptés à l'espace de travail de chaque employé. Les risques de blessures s'en trouvent augmentés (ex. heurts).

Encombrement des lieux—L'entrepôt, qui n'est pas conçu pour recevoir une aussi grande quan-tité de matériel, déborde. L'entreposage doit se faire dans 1 ' usine même. On se retrouve avec un important problème d'encombrement des lieux et de transport de matériel dans l'usine (ex. i l est difficile d'utiliser les appareils de levage parce qu'ils ne peuvent plus se faufiler dans l'espace restreint. Les opérations de manutention « à bras » sont donc devenues plus nombreuses).

Écrans de protection insuffisants — Certains postes de travail à risque ne sont pas efficace-ment isolés. Par exemple, les travailleurs qui se trouvent à proximité du poste de soudage sont exposés aux rayons ultraviolets parce qu'i l n'y a pas d'écrans de protection.

Absence de politique sur l'utilisation des équipe-ments de protection individuelle — Ces équipe-ments sont disponibles, mais i l n'y a pas de directives c1 mes sur la façon de les porter.

Insuffisance d'aires de repos — Les travailleurs mangent à leur poste de travail, souvent sur leur machine.

Exposition à des contaminants — Certains pro-duits sont d'usage courant, en particulier les solvants pour le nettoyage des machines et la peinture utilisée à l'étape de finition des pièces. Les travailleurs sont peu informés quant aux risques liés à l'usage de ces produits (étiquetage insuffisant et manque de formation) ainsi que sur les principaux moyens de prévention. On se rappelle aussi que la ventilation ne suffit plus à la tâche !

Les heures de travail — Trois équipes travaillent en rotation et 1 ' organisation du travail s'en trouve compliquée. Plusieurs travailleurs font des heures supplémentaires (jusqu'à 16 heures de suite).

Les principaux problèmes

La direction constate que les problèmes de santé et de sécurité se multiplient. Les accidents sont plus nombreux. On déplore notamment

• des maux de dos causés par le soulèvement de charges ou par de mauvaises postures de travail, tant chez les travailleurs de produc-tion que chez les employés du service ad-ministratif ;

• lésions aux membres inférieurs et supérieurs: coupures, écrasements ;

• les employés de bureau se plaignent que les odeurs de solvants et de peinture sont nette-ment perceptibles dans leurs locaux ;

• à quelques reprises, des peintres se sont plaints de nausées, de maux de tête et d'étourdissements ;

• la majorité des employeurs déplorent qu' i l faille constamment crier pour se faire en-tendre du voisin (fatigue, carences dans la transmission de l'information essentielle pour la sécurité) ;

• des lésions aux yeux et des kératites (projec-tion de particules, et de produits chimiques).

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Les mécanismes de prévention

Nous avons ici affaire à un employeur de bonne foi qui se trouve débordé par la croissance très rapide de son entreprise. Avant cette expansion, i l avait déjà pris des mesures pour essayer d'as-surer à ses travailleurs un milieu relativement sûr et sain :

• installation d'un système de ventilation générale et de quelques dispositifs d'aspira-tion à la source ;

• information des travailleurs concernant la toxicité de certains produits et les mesures préventives à prendre. I l n'y a toutefois pas eu de suivi, et de nouveaux produits ont progressivement été introduits sans que les travailleurs aient été informés et formés en conséquence. Le fichier des produits toxiques n'est plus à jour ;

• installation d'un entrepôt pour produits dangereux. Ce local répondait bien aux besoins de l'entreprise auparavant, mais i l ne suffit plus désormais à la tâche.

I l est clair qu ' i l faut agir. La responsabilité de la santé et de la sécurité ne peut plus être laissée uniquement au comptable, comme c'était le cas jusqu'à maintenant. Un comité de santé et de sécurité est en voie de formation pour répondre aux exigences de la loi. Mais est-ce que ce sera suffisant ?

Nos conférenciers et conférencières sont là pour nous dire ce qu ' i l va falloir faire.

Gérard Dansereau, inspecteur à la CSST, Direction régionale de rîie-de-Montréal

D'abord, non, je ne fermerais pas l'usine ! En tant qu'inspecteur, i l faut se demander le genre d'intervention qu' i l faut dans pareil établisse-ment. Premièrement, comme c'est une jeune entreprise, i l est possible, si elle était dans un secteur prioritaire, qu'elle figurerait sur nos lis-tes et qu'elle serait visitée dans le cadre de notre programme de prévention. Selon la description qui en a été donnée, plusieurs problèmes récents y seraient apparus en matière de santé et de sécurité.

Alors, i l est très possible qu'un droit de refus aurait été déposé, qu' i l y aurait eu des plaintes des travailleurs, ou que l'établissement figure-rait sur les listes d'intervention dressées en 1987 ou en 1988 dans le cadre de l'Opération moins 10 %. Qu'est-ce que l'inspecteur de la CSST pourrait faire dans ce cas-là ? I l pourrait se rendre sur place en compagnie d'un représentant de l'employeur et d'un représentant des tra-vailleurs. I l irait alors constater les dangers et demanderait que des mesures correctives soient apportées. Par exemple, des correctifs s'appli-quant à la protection des machines qui cons-tituent des dangers importants. L'occurrence de cette sorte d'accident est assez rare, mais les accidents ainsi causés peuvent être très graves et entraîner des amputations ou des choses du même genre. L'inspecteur s'assurerait que ces zones d'opération sont interdites aux travailleurs.

Nous parlons aujourd'hui de formation. Que ferait l'inspecteur en matière de formation pour s'assurer que le garde posé sur une machine ne serait pas enlevé dès qu' i l s'en irait ? I l tenterait de convaincre l'employeur de la pertinence de maintenir le garde en place. Souvent l'em-ployeur va dire que s'i l y a accident, c'est à cause d'une négligence humaine. L'inspecteur pour-rait répondre que l'homme se trompe même dans ses gestes les plus simples, qu' i l commet

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une erreur en moyenne une fois sur dix mille. Même l'inspecteur se trompe. On sait que l'homme peut se tromper, c'est pourquoi nous voulons que la machine soit conçue en fonction de cette réalité.

L'inspecteur également s'assurerait que les voies de circulation soient dégagées. Un autre prin-cipe que nous utilisons pour justifier nos inter-ventions, c'est qu'un travailleur doit pouvoir éva-cuer les lieux de son travail par deux sorties différentes. C'est bien simple, parce que si ja-mais un incendie se déclarait sur l'unique voie de circulation vers une sortie de secours, l'ac-cident risquerait d'être grave et de coûter cher. Ce sont des principes auxquels on ne pense pas toujours et qui peuvent inciter l'employeur et les travailleurs à maintenir 1 ' application des mesures de sécurité.

De plus, en faisant le tour de l'usine, l'inspecteur constaterait le manque de connaissances en matière de santé et de sécurité. I l engagerait donc le milieu à se prendre en charge, parce qu'il ne serait pas toujours là. Quels sont les méca-nismes de prise en charge reconnus par la loi ? Ce sont les programmes de prévention, les comités de santé et de sécurité et les représentants à la prévention.

Je voudrais ajouter que la parité est importante pournous.Quandnousintervenons,ilyatoujours un représentant de l'employeur et un représen-tant des travailleurs. Ce mode de fonctionne-ment donne la chance aux deux acteurs de se parler, parce que souvent le dialogue n'est pas engagé entre eux. Quand nous intervenons, ils ont enfin une personne qui les invite à parler de santé et de sécurité. Et c'est souvent très profi-table.

Luce Gervais, agente de recherche et coordonnatrice du module provincial formation-information, centre hospitalier Honoré-Mercier

Avant de discuter du cas qui nous est soumis, j'aimerais parler de notre rôle d'information et de formation. C'est une activité de notre pro-gramme de santé, au même titre que la surveil-lance médicale, la surveillance de l'environne-ment et l'organisation du secourisme. Si on se réfère aux responsabilités qui nous sont confiées par la Loi sur la santé et la sécurité du travail, notre rôle se limite à informer les milieux de travail sur les risques auxquels les travailleurs sont exposés et sur les moyens de prévention à utiliser.

Informer signifie simplement transmettre des connaissances aux participants sans nécessaire-ment tenir compte de leur expérience. Ce dont nous nous rendons compte de plus en plus chez nous, au DSC, c'est qu'i l faut aller beaucoup plus loin dans nos interventions éducatives et aller jusqu'à soutenir les entreprises dans leurs démarches de prise en charge. Cela signifie l'adoption de stratégies de formation qui privi-légient une démarche beaucoup plus participa-tive et qui visent, en bout de ligne, des change-ments d'attitudes, de valeurs et de comporte-ments. Cela dit, je vais tenter de vous expliquer comment nous intervenons dans une entreprise comme celle qu'on nous a décrite.

Premièrement, nous déterminons et évaluons les risques par des méthodes d'hygiène industrielle. Dans ce cas-ci, il s'agirait tout simplement de quantifier et d'évaluer l'exposition des tra-vailleurs aux bruits, au gaz et à la fumée de soudage, à la poussière, aux solvants, tout en tenant compte des facteurs ergonomiques. Parla suite, nous mettons au point des stratégies d'in-tervention qui vont coller au milieu, qui vont répondre aux besoins. On doit bien comprendre sa dynamique.

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Dans le cas qui nous occupe, je me rends compte que l'employeur est débordé par la croissance rapide de son entreprise et qu' i l est obligé d'em-ployer du personnel plus ou moins expérimenté. I l y a certains malaises, certains problèmes qui apparaissent. On constate que l'employeur est de bonne foi et qu' i l veut assurer à ses tra-vailleurs un milieu relativement sûr et sain et qu'un comité de santé et de sécurité est en voie de mise sur pied. Comme l'employeur est de bonne foi, nous serions peut-être en mesure de mettre au point, en collaboration avec le milieu, des stratégies de formation.

En troisième lieu, nous étudions le milieu de travail, sa dynamique, ses problèmes, ses be-soins et nous tentons, avec le comité de santé et sécurité, de déterminer les priorités pour ensuite organiser la surveillance médicale et les acti-vités d'information et de formation.

Disons, dans l'exemple qui nous intéresse, que le médecin responsable de l'entreprise déci-derait d'accorder la priorité au bruit parce cet agresseur affecte un grand nombre de travailleurs et que le comité de santé et de sécurité, après consultation, serait d'accord avec le médecin sin-ce choix de priorités. Je prends comme exemple le bruit, mais la même démarche pourrait s'ap-pliquer aux autres agresseurs et ils sont nom-breux dans le cas qui nous est soumis.

Les activités entreprises seraient les suivantes :

1. organiser le dépistage audiologique des tra-vailleurs exposés aux bruits nocifs. Ensuite, organiser des rencontres individuelles ou des rencontres de groupes avec les travailleurs afin de leur transmettre les résultats du dépis-tage audiologique ;

2. donner de l'information sur les effets du bruit sur l'ouïe ou la santé et sur les moyens de prévention ;

3. référer à un médecin spécialiste de l'ouïe les travailleurs qui présentent des problèmes d'audition qui ne sont pas dûs au bruit. Soutenir les travailleurs qui présentent une perte auditive due au bruit dans leurs démarches d'indemnisation auprès de la CSST;

4. tenter également de les guider dans leurs démarches pour obtenir des prothèses, des amplificateurs de son ;

5. appuyer la prise en charge du milieu par des stratégies de formation.

Laurent Gratton, directeur général, Association sectorielle paritaire de l'industrie chimique

Le cas qu'on nous soumet ce matin n'est pas nécessairement fictif. Ça existe dans la réalité! Que ferait notre association dans un cas pareil! D'abord, nous dresserions la liste des risques afin de déterminer les priorités. I l va de soi qu' i l faut s'attaquer aux priorités, c'est-à-dire aux risques les plus immédiats, quitte à s'occuper par la suite des dangers moins pressants. I l faut donc s'attaquer premièrement aux risques qui causent des blessures et élaborer, avec la partici-pation du comité de santé et de sécurité ou des représentants de l'employeur et des travailleurs, un programme global de prévention. Ce qui distingue aussi une association sectorielle, c'est la participation des parties. C'est l'avantage d'une association sectorielle sur les firmes privées, par exemple, et c'est un gage de succès pour nos interventions. Dans une perspective d'action intégrée, les interventions de l'associa-tion consisteront d'abord à prononcer un diag-nostic, à fixer des priorités et à proposer des solutions et des échéanciers.

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L'association a, en plus d 'un rôle de formation et d ' information, un important rôle d 'assistance technique. On peut faire fonctionner ces deux éléments en parallèle en donnant de la formation sur les risques, sur les solutions et sur l 'entretien préventif de l 'équipement. Mais il ne sert à rien de donner de la formation quand il y a des gens qui continuent à se blesser ou qui n 'ont même pas d 'endroit pour manger convenablement, à part leur poste de travail. Nous réglerions donc d 'abord ces problèmes.

Concrètement, il s'agirait aussi d 'enlever au comptable la responsabilité de la santé et la sécurité dans l 'établissement pour la remettre au responsable du comité de santé et de sécurité, si possible. Nous nous attaquerions également aux problèmes des blessures en proposant des solu-tions pratiques, comme poser des gardes sur les machines, ventiler les postes à la source, poser des écrans de protection aux postes de soudage.

Il y a de plus la possibilité de demander le port d 'équipement de sécurité temporaire, selon un échéancier en vue de corriger les situations dangereuses de façon permanente. On peut, par exemple, faire de la formation sur le type d 'équipement à utiliser, sur l 'entretien néces-saire, sur ) durée d'utilisation, etc. On peut s 'attaquer ensuite à l 'encombrement des allées et des aires de travail et déboucher ensuite sur une formation plus spécialisée.

Comme il y a présence de contaminants, la formation doit porter sur leur utilisation, sur leur entreposage, leur manuten tion, sur la compréhen-sion des étiquettes et des fiches signalétiques qui les décrivent, sur les risques qu' i ls présentent et sur les mesures de prévention à apporter. Nous assurors aussi le suivi de nos interventions. L'association a enfin comme but, à la lumière des résultats obtenus, d 'é laborer avec le comité de santé et de sécurité des programmes de for-mation beaucoup plus poussés et de voir à l 'élimi-nation de l 'ensemble des risques dans l 'établis-sement.

René Blain, conseiller pédagogique au Service de l'éducation permanente, collège Lionel-Groulx

La position du Service de l 'éducation perma-nente du collège Lionel-Groulx, qui of f re des services de formation, de consultation et de soutien technique, ressemble à celle de nos collègues de Shawinigan et de Jonquière.

Nous proposerions à l 'entreprise de se doter d 'abord d 'un système de gestion des risques d'accidents. Cela implique la mise en place d ' un programme d'éducation, de formation, d 'organi-sation des ressources et des services de soutien aux activités de prévention. Cela demande la participation de toute l 'entreprise. J 'utiliserai un terme anglais, vous comprendrez pourquoi. On dit que c 'est important d 'obtenir un commit-ment. J 'ai essayé de trouver la version française du mot commitment et j e ne l 'a i pas trouvée parce que cela implique vraiment que tout le monde, de la haute direction en descendant et de la base en montant, fasse preuve de compréhen-sion et d 'esprit d 'entraide.

Le mot commitment, ça veut dire qu 'on va au bout de ses idées. Trop longtemps dans le secteur de la formation, et j ' é ta is de ceux-là, nous donnions des cours parce qu 'on nous demandait un cours de dix heures sur un risque chimique ou sur une toute autre question. Heureusement que c 'était de la bonne formation et qu' i l y avait des gens qui venaient du milieu. Par contre, le programme ne prévoyait pas de suivi. Maintenant, avec la méthode de gestion des risques d 'accidents, on s 'assure que les modalités d ' implantation du programme sont bel et bien comprises.

Cette méthode de gestion intégrée des risques d 'accidents permet de déterminer la polit ique, les objectifs, les programmes et les budgets nécessaires à la structuration des activités qu 'e l le commande. Nous avons un client, une multina-

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t ionale située tout près du collège. Il avait un budget de 400 000 $ pour la prévention. Vous allez m e dire : quelle chance ! Sauf que ce montant était utilisé par une vingtaine de person-nes dont les activités n 'é taient pas coordonnées. A titre d ' exemple , trois de ces responsables ont indépendamment fait appel au collège Lionel-Groulx pour avoir de la formation. Maintenant, avec cette entreprise, nous fonct ionnons avec la méthode de gestion des risques d 'accidents .

Nous partons du principe que tous, directeurs, contremaîtres et ouvriers, sont des travailleurs honnêtes qui accomplissent leur tâche du mieux qu ' i l s peuvent, qu ' i l s sont intelligents et qu ' i l s ont l ' avantage d ' avo i r une longue expérience et surtout une connaissance pratique de leur tra-vail. Pourquoi alors ne pas canaliser les efforts de chacun vers les r isques jugés prioritaires par l ' ensemble des ressources en place ?

Bref, les techniques que nous présentons ne pourront j amais remplacer une bonne adminis-tration : elles ne sont que des moyens. Sauf que leur utilisation a très souvent amené une amélio-ration des relat ions de travail, de la productivité et du cl imat interne de l 'entreprise. Ce qui a pour effet une diminution des pertes, de l 'absentéisme, de la f réquence et de la gravité des accidents.

Géraid Perrier, président des Consultants Perrier et Associés

Je suis président d ' u n e petite entreprise de Chicoutimi qui s 'appel le Les Consultants Per-rier et qui regroupe une quinzaine de conseillers permanents dans le domaine de la santé et de la sécurité du travail. Avant de lancer mon affaire, il y a de cela trois ans, j ' a i travaillé dans le mon-de de l ' ense ignement à donner des services de format ion aux entreprises.

Quand on m ' a demandé d 'ass is ter à ce colloque à titre de consultant privé et de parler de ce que nous faisons pour les entreprises qui font face à des problèmes d 'acc idents et de maladies indus-trielles, j ' a i trouvé ça intéressant. Quand on est à Chicoutimi et qu 'on travaille avec la grosse, la petite et la moyenne entreprises, le travail ne manque pas.

Nous avons affaire, dans le cas qui nous est présenté au jourd 'hui , à une entreprise qui vit sa part de problèmes en terme de santé et de sécu-rité. Ceci ne signifie pas pour autant qu ' i l faille mettre de 1 ' avant un programme de formation du personnel sans avoir au préalable diagnostiqué les vrais malaises et sans avoir déterminé les priorités d 'ac t ion dans un processus global de gestion de la prévention.

Je vous présente donc un modèle d ' intervent ion qui, à mon avis, aiderait l 'entreprise :

• préciser les malaises ;

• s 'assurer de la bonne foi de l ' employeur par un engagement écrit et un énoncé de politique claire portant sur la santé et la sécurité au travail ;

• établir des normes de gestion, c 'est-à-dire avoir une structure. La prévention, ça s 'organise ! ;

• déterminer les activités de prévention à favoriser ;

• préciser les normes de rendement souhaité ;

• aider l ' employeur à adopter des standards pour intégrer la prévention à son processus global de gestion ;

• faire participer la base, c 'es t -à-dire les travailleurs, les contremaîtres, les représentants des travailleurs ;

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• déterminer les besoins de formation de façon systématique ;

analyser indépendamment chaque besoin de formation ;

• fixer des objectifs clairs à chaque cours ;

• bâtir une matière personnalisée ;

• structurer une démarche d 'apprentissage adaptée au contexte de l 'entreprise et qui présente un bon équilibre entre la théorie et la pratique.

Roger Genest, responsable de la formation en santé et en sécurité, FTQ

M m e Monique Jérôme Forget nous a parlé de la Semaine de la santé et de la sécurité du travail qui s 'en vient et qui a pour thème La santé-sécurité, ça s'apprend ! Nous aussi, à la FTQ, nous avons un thème pour la Semaine de la santé et la sécurité, qui est Ma santé, ma vie, j'y tiens !

En plus des 600 000 accidents survenus au cours des deux dernières années, il y a eu, en 1986,171 décès et, en 1987, 163 décès. Ce ne sont que ceux connus et causés par des accidents du travail. Comme c 'est le cas pour les autres organismes syndicaux représentés ici, la FTQ n'est pas un organisme de service. Nous re-présentons les travailleurs et les travailleuses qui revendiquent des conditions de travail suffisam-ment bonnes pour pouvoir profiter d 'abord d 'une bonne vie et ensuite de quelques bonnes années de retraite ; pour ne pas arriver à la retraite avec des morceaux en moins ou avec une maladie professionnelle qui te colle à la maison, si ce n 'est à l 'hôpital.

Il n ' y a qu 'une seule façon, à mon avis, de régler le cas qui nous préoccupe, c 'es t par la formation des travailleurs et des travailleuses sur leurs droits. D s'agirait de les informer de l 'objectif des lois qui est l 'abolition à la source des dan-gers, de les mettre au courant de l 'existence du droit de refus, du droit au retrait préventif, des obligations qu 'ont les travailleurs et les tra-vailleuses de protéger leur santé et leur sécurité et des obligations qu ' a l ' employeur de ne pas mettre en danger la santé et la sécurité des travailleurs et des travailleuses. Enfin, nous leur parlerions aussi du service d ' inspect ion de la CSST, qui aurait un rôle important à jouer dans le cas qui nous occupe.

Une fois la sensibilisation faite, nous mettrions immédiatement sur pied le seul moyen capable de régler cette situation, c 'est-à-dire un comité syndical de santé et de sécurité, avec un mandat très clair venant des travailleurs et des travail-leuses.

Ensuite, nous rencontrerions l ' employeur pour lui faire part des revendications afin de nous assurer que tout monde est au courant de ce dont on parle.

Il paraîtrait très urgent de mettre au point un programme d'adaptat ion aux normes de sécurité qui ne sont pas les normes légales, parce qu ' i l y a une différence entre les deux. Il serait aussi important d 'établir un échéancier très rigide en n 'acceptant aucun compromis, car la santé et la sécurité ne se négocient pas.

Ce programme devrait être mis sur pied en présence des trois parties intéressées, c 'es t -à-dire les employeurs, les représentants et re-présentantes des travailleurs et aussi 15 inspecteur de la CSST. Une fois que nous nous serions entendu sur un échéancier très précis, nos tra-vailleurs et nos travailleuses accepteraient peut-être de travailler, à la condition de limiter leur exposition à la durée permise par la loi et de

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porter des dispositifs individuels de protection, bien qu ' i l s ne soient que des béquilles. L ' e m -ployeur devrait permettre aussi au représentant des travailleurs et des travailleuses de participer au suivi de la situation en lui donnant les pouvoirs requis et en lui fournissant les appareils de mesure nécessaires à l 'exercice de ses fonctions.

La date d ' échéance arrivée, si la situation n'était pas corrigée, aucun délai supplémentaire ne serait toléré, et l ' inspecteur de la CSST devrait faire son travail, c 'es t -à-dire fe rmer des services ou sceller certains équipements avec des avis écrits, conformément à l 'art icle 186 de la loi. S ' i l y avait des avis écrits, cela voudrait dire que les travailleurs et les travailleuses seraient réputés au travail, ils n 'auraient donc pas à en faire les frais. Ensuite, si les employeurs avaient commis des infractions, la CSST, et non les travailleurs, devrait engager les poursuites prévues à la loi.

Si l ' on tolérait une telle situation dans cette usine, une cinquantaine de personnes seraient exposées à des accidents ou à des maladies à très court terme. On parle de bonne volonté. Mais si ces travailleurs et ces travailleuses subissaient un accident ou s ' i l s contractaient une maladie, comment les indemniserait-on ? On leur dirait d ' abord que c ' e s t de leur faute, que ce n 'es t pas en raison de mauvaises conditions de travail, que c 'es t dû à l ' e r reur humaine, et ainsi de suite. Pour être indemnisé, le travailleur devrait d ' a -bord essuyer le r e fus de l ' employeur , le refus de la Commiss ion, le refus des bureaux de révision, pour se rendre ensui te à la Commission d 'appel .

Il devrait faire faire une évaluation qui lui coûterait de 800 $ à 1 000 $. Là, il aurait gain de cause s ' i l était représenté et, au cas où il ne serait pas syndiqué, il devrait payer 1 000 $ un avocat qui le représenterait . Si la personne mourait à la suite d ' u n accident ou d ' u n e maladie, et c 'es t le cas de Nicole Trépanier qui s 'es t fait écraser par un chariot élévateur à Trois-Rivières, on don-nerait à la famille une somme dérisoire.

Il ne faut pas attendre que les accidents arrivent, cela, c ' es t très clair. Il faut agir tout de suite et faire payer les vrais responsables, et les vrais responsables, ce ne sont pas les travailleurs. Il faut faire payer les bonnes personnes.

Dans le cas présenté aujourd 'hui , on a bien dit que la responsabilité de la santé et de la sécurité aurait été confiée au comptable de l 'entreprise. Ce n 'est pas au comptable qu ' i l faut laisser cette responsabilité, mais plutôt à des personnes res-ponsables, dont les représentants des travailleurs.

Nicole Lepage, responsable de la formation en santé et en sécurité du travail, CEQ

La Centrale de l 'enseignement du Québec re-présente des adhérents des secteurs de l 'enseigne-ment, de la santé, des loisirs, des services so-ciaux et des communicat ions. Je précise parce que vous allez voir pourquoi j e fais le lien avec le fait que nos membres sont tous dans ces secteurs-là. Le problème vient du fait que ces secteurs se trouvent dans les groupes jugés non prioritaires. C o m m e nos membres doivent don-ner l ' exemple , soit parce qu ' i l s font de la forma-tion, soit parce qu ' i l s sont en relation d 'a ide , nous nous voyons confinés dans les groupes V et VI.

Tout à l 'heure, que lqu 'un parlait des groupes I, II, III. Qu 'es t -ce que ça signifie, groupe priori-taire ? Que les travailleurs des groupes V et VI et des groupes IV et III n 'on t pas les mêmes droits que ceux des groupes I et II ?

En effet , les comités de santé et de sécurité, les programmes de prévention, les programmes de santé, la nomination de représentantes et de représentants à la prévention, tous ces moyens de prévention obligatoires dans les groupes I et II ne le sont pas dans nos secteurs. Parce qu ' un jour un comité spécial a reçu le mandat d 'é tabl i r

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des priorités d'intervention et de mesurer les dangers selon leur importance. Les prévisions de départ étaient de réglementer tous les secteurs au rythme d'un groupe par année pendant six ans. En somme, selon ces prévisions, tous les secteurs auraient dû être réglementés à partir de 1986. Nous sommes en 1988 et seulement deux groupes ont l'obligation, par règlement, de dis-poser des moyens de prévention mentionnés plus haut.

Nous pensons que les dangers existent partout, dans tous les secteurs, ils sont simplement différents, et i l nous paraît pour le moins dangereux de tenter de les mesurer. On a beau-coup mis l'accent sur les dangers liés à la sécu-rité, et on a malheureusement négligé les dan-gers liés à la santé. Ces dangers sont peut-être moins spectaculaires, mais combien plus in-sidieux et dévastateurs. Pourquoi faire deux catégories de travailleurs et de travailleuses ? Ceux et celles qui ont des droits, et ceux qui n'en n'ont pas parce qu'ils sont dans des secteurs non prioritaires.

Pour obtenir des moyens de prévention, nous dépendons de la volonté patronale. Vous avez vu, tout à l'heure, ce que ça donne, la dépen-dance à la vi lonté des patrons qui, trop souvent, font f i de la parité et organisent leur comité de santé et de sécurité comme ils l'entendent. Us vont même jusqu'à nommer eux-mêmes des personnes qu'ils appellent représentants à la prévention. Ou bien, il va sans dire, dans la majorité des cas, ils ne font absolument rien.

L'objet de ce colloque est de parler de formation. Si nous devions intervenir dans un établissement comme celui qui est décrit dans le scénario qu'on ^ous a présenté, ce serait nécessairement dans un établissement des groupes V et VI, secteurs que nous représentons. Nous ne pour-rions donc pas compter sur un comité de santé et de sécurité, sur un représentant à la prévention, sur un programme de prévention ou de santé, ni sur les services des DSC qui n'interviennent que

dans les groupes I et I I , ni sur l'inspecteur de la CSST, qui ne se déplace dans nos secteurs que si nous exerçons un droit de refus.

I l n'existe pas non plus d'association sectorielle paritaire dans le secteur de l'enseignement. Pourquoi ? Parce que le processus de formation de l'association sectorielle a été suspendu, parce qu'on nous a dit qu' i l y a un moratoire. On est en train d'évaluer les associations sectorielles paritaires ; i l y a donc absence de responsables en santé et en sécurité dans l'entreprise en question.

Notre première intervention auprès de nos membres consisterait, d'abord et avant tout, à les informer de leurs droits, à leur faire prendre conscience des dangers. Nous leur donnerions de l'information sur le droit de refus, entre autres, afin qu'ils puissent exécuter leur travail dans des conditions qui répondent aux normes de sécurité.

Nous pensons que, dans l'entreprise décrite dans le scénario, le temps ne serait pas à la formation sur le bruit, la ventilation, l'aménagement des postes de travail. Les accidents du travail se multiplient dans l'entreprise. Les trente nou-veaux employés sont jeunes et non formés. Ce problème aurait été en partie éliminé si l'école avait joué son rôle de formation en matière de santé et de sécurité du travail, comme nous le recommandons depuis de nombreuses années. Les problèmes énumérés devraient trouver rapidementune solution. L'employeur de bonne foi devra trouver un autre local et l'aménager de manière appropriée. La vie, la santé et la sécurité de nos travailleurs sont plus importantes à nos yeux que quelques jours de production.

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Cécile Vanasse, responsable de la formation, Centrale des syndicats démocratiques

I l me paraîtrait important de préciser au départ que nous avons peut-être eu de la difficulté à faire un lien avec les revendications que soule-vait Nicole Lepage. C'est que, dans le cas fictif qui nous est présenté aujourd'hui, i l n'est ab-solument pas précisé à quel secteur appartien-drait cette PME. Elle ferait donc possiblement partie d'un secteur jugé non prioritaire, ce qui modifierait complètementlanaturedel'interven-tion. Les interlocuteurs qui sont passés avant nous l'ontd'ailleurs exprimé de façon bien claire. C'est dans ce sens-là que Mme Lepage a décou-vert une nouvelle perspective en supposant que cette entreprise ne ferait pas partie d'un secteur prioritaire.

Pour notre part, nous n'avons pas à nous astrein-dre à la réglementation selon laquelle certains groupes sont considérés comme prioritaires et certains autres non. Ainsi, notre intervention serait la même quel que ce soit le secteur d'acti-vité auquel appartiendraient ces travailleurs, parce que depuis toujours les organismes syndi-caux ont revendiqué pour les travailleurs le droit de travailler dans des conditions saines et sûres peu importe le secteur d'activité'. Au départ, notre intervention viserait à sensibiliser tout le groupe à l'urgence de passer à l'action, compte tenu des dangers dont on nous a fait mention dans la présentation du cas.

Ce sont les personnes directement intéressées qui seraient le plus en mesure de déterminer clairement les conditions de santé dans lesquelles elles devraient travailler. Le diagnostic ainsi que les priorités d'intervention devraient donc s'établir avec elles. Parallèlement, un programme de formation serait aussi mis sur pied afin d'as-surer une prise en charge par le milieu. Mais qu'on me comprenne bien : i l ne faut pas croire que, pour les syndicats, la prise en charge, ça

veuille dire remettre le dossier entre les mains des salariés et de l'employeur en les laissant seuls trouver les solutions. Certains respon-sables de la CSST le font encore malheureuse-ment trop souvent à l'heure actuelle.

Le programme de formation comprendrait à la fois de l'information sur les droits reconnus par les diverses lois, mais surtout des éléments concrets afin qu'on sache s'organiser pour que ces droits soient reconnus. Cela veut dire que ça concernerait à la fois la mise en place du comité de santé et de sécurité, le rôle du représentant en prévention, l'utilisation de différents appareils de mesure et des équipements individuels de protection et les limites que comportent ces équipements. Évidemment, toute cette forma-tion serait aussi très concrète, avec des exercices en milieu de travail.

Mais i l ne faut pas se faire d'illusions. Malgré la formation, la situation de cette entreprise ne changerait pas tout de suite, parce qu' i l faudrait avant tout changer les mentalités. La volonté de concertation entre les parties ne me paraît pas très grande pour le moment. L'expérience nous amène malheureusement à constater que trop souvent les employeurs ont une vision comptable de la prévention.

Le cas qui nous a été soumis l'illustre claire-ment: on avait confié la responsabilité au comptable. Un investissement en prévention est pris en considération s' i l est rentable à court terme. L'élimination à la source des dangers est oubliée parce que ça coûte cher et qu' i l n'y apas de recours judiciaires pour faire modifier rapide-ment les mentalités. On aurait pu compter sur un service d'inspection en prévention de la CSST aussi pour changer la situation. Mais on constate présentement que le service d'inspection de conformité avec les normes ne se fait plus systématiquement. M. Dansereau l 'a signalé : les visites aux groupes jugés non prioritaires ne se font que s'i l y a une plainte ou droit de refus. Encore là, le cas est clair ; i l démontre qu' i l n'y

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aurait pas eu de visite d'inspection de con-formité avec les normes parce qu'on se serait rendu compte qu'un ensemble de règlements n'auraient pas été respectés. Ce cas n'est peut-être pas aussi fictif qu'on pourrait le croire, parce qu'on le rencontre trop souvent. Les services d'inspection de la CSST sont occupés par l'Opération moins 10 %, et toutes les ressources sont mobilisées dans ce sens.

Cependant, la formation demeurera un outil essentiel à l'action. Les organismes syndicaux ont rempli leur devoir auprès des groupes qu'ils représentent. Le même travail, par contre, reste encore à faire auprès de beaucoup trop d'em-ployeurs. L'action concertée, c'est en ce mo-ment l'exception. I l faut par conséquent se dire que le moyen le plus efficace d'améliorer les conditions de santé et de sécurité, c'est la vo-lonté et l'action collective des travailleuses et des travailleurs dans chacun de leur milieu de travail.

Étienne Giasson, coordonnateur du service de formation, CSN

Je n'ai pas réussi à déterminer, d'après le docu-ment de présentation, si les travailleurs de cette entreprise étaient syndiqués. Je supposerai qu'ils l'étaient et qu'on aurait eu la possibilité d'in-tervenir, parce qu'i l y a une différence énorme entre les nonsyndiqués et les syndiqués.

À la CSN, nous avons une méthode d'interven-tion intégrée qui permet de donner une forma-tion générale à ces travailleurs et de les suivre ensuite jusqu'à la fin, si nécessaire.

Contrairement aux premiers interlocuteurs, je me demande tout d'abord comment i l se fait que l'inspecteur de la CSST n'aurait pas fermé les portes de l'entreprise. Il me semble qu'on a là

des cas urgents à régler et qu'i l faudrait immé-diatement intervenir pour s'occuper des problèmes les plus sérieux.

Or, l'usine continue à produire. Deux possibi-lités se présentent. La formation de base donnée par la CSN permettrait aux travailleurs de prendre connaissance de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, et d'en connaître la portée, ainsi que leurs droits. Par la suite, selon le secteur, parce que la CSN représente tous les secteurs, on pourrait inscrire les travailleurs à des cours beaucoup plus avancés. En cette matière, nous nous occupons des membres du comité de santé et de sécurité afin de leur assurer une certaine formation.

Enfin, puisque l'usine ne serait pas fermée, nous disposerions d'une équipe spéciale qui ex-pliquerait les circonstances où l 'on peut exercer un droit de refus et comment on peut l'exercer.

Un troisième niveau de formation s'appliquerait particulièrement à la personne qui agirait comme représentante ou représentant à la prévention. Cette personne, qui aurait un rôle primordial à jouer en santé et en sécurité dans un secteur prioritaire, serait appelée à venir suivre des ses-sions un peu plus spécialisées, conçues spéciale-ment pour elle.

Cette information permettrait aux membres du comité de travailler à l'élaboration d'un pro-gramme de prévention susceptible de résoudre leurs problèmes, parce que la formation que nous donnons doit permettre à chaque syndicat d'aller le plus loin possible sans que la centrale ait besoin d'intervenir. Cette formation permet de bien comprendre la réglementation volu-mineuse qui touche l'industrie. L'entreprise qui nous occupe faisant face à des problèmes de nature diverse, elle devrait tenir compte de plusieurs réglementations. Une session spéciale serait donc organisée pour familiariser les tra-vailleurs avec cette réglementation.

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Nous cherchons principalement, et c'est très important aux yeux de la centrale, à éliminer le danger à la source. Une autre unité de service de la CSN serait donc appelée à intervenir auprès de l'entreprise afin d'analyser, avec le comité, ce qui pourrait être fait pour éliminer à la source les dangers qui existeraient dans l'établissement. Le comité pourrait à ce moment-là recueillir les suggestions proposées pour modifier l'organi-sation du travail. On nous a dit ici que l'em-ployeur serait de bonne foi, mais trop souvent les employeurs réagissent très mal à certaines sug-gestions pouvant toucher l'organisation du tra-vail.

Si, comme l'indique le document de présenta-tion, un travailleur aurait été victime d'un acci-dent, une autre unité de service de la CSN aurait pu intervenir afin de mettre en branle le proces-sus de réparation couvert par la Loi sur les accidents du travail et les maladies profession-nelles.

I l est peut-être difficile de vérifier si le secteur est prioritaire ou non. Mais je vous dis qu'actuel-lement i l y a un déséquilibre marqué. C'est un message que je veux laisser autant à l'intention de la CSST qu'à l'intention des employeurs. Tant qu' i l existera des secteurs non prioritaires et que la loi ne s'appliquera pas à l'ensemble des comités, le déséquilibre restera trop marqué pour qu'on puisse avancer dans le domaine de la santé et de la sécurité. I l est urgent que tous les secteurs soient reconnus comme prioritaires.

Micheline Laliberté, directrice des services de santé et de sécurité, Conseil du patronat du Québec

Depuis tout à l'heure qu'on parle du pauvre employeur ! Évidemment vous imaginez bien que je vais essayer de venir à sa rescousse. Je vous avoue qu 'après avoir entendu mes collègues proposer leurs solutions qui vont d'un comité d'étude à la fermeture de l'établissement, que je trouve un peu trop exagérée, je me demande si quelqu'un a pensé à une chose bien importante: donner la possibilité à l'employeur de continuer à remplir ses contrats, parce qu' i l est là d'abord et avant tout pour remplir ses contrats.

Je vous avoue que si une personne, un beau matin, m'avait exposé tous ces problèmes, j'au-rais réagi sûrement de la façon suivante. Je pense que trois solutions se présenteraient à cette entreprise. La première, fermer ses portes. C'est la solution la plus facile, mais ce n'est évidemment pas la meilleure, quoique ce serait peut-être, comme certains l'ont souligné, la façon d'éliminer le danger à la source. Mais je doute que ça ferait l'affaire des travailleurs et de l'en-treprise. Comme deuxième solution, j ' aurais dit au patron de l'usine : « Aviez-vous pensé à abandonner le contrat que vous avez signé ? »

Encore là, je pense que ce n'est pas la façon de résoudre le problème. On ne peut pas résoudre des problèmes en en créant d'autres. Je pense que la meilleure solution aurait consisté à lui dire: « I l va falloir que vous regardiez les choses en face, vous avez de sérieux problèmes. H faut que vous y trouviez des solutions. »

Bien que tout le monde semble en douter, moi je ne doute pas de la bonne foi du patron. Souvent, ce qui arrive dans ce milieu, où la concurrence est souvent très féroce, c'est que les entreprises finissent par être dépassées par les événements. Une entreprise se réveille un beau matin avec

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des problèmes, mais ce n'est pas parce qu'elle a des problèmes qu'i l faut présumer qu'elle n'est pas prête à les résoudre. L'activité économique du Québec, ça va vite. I l faut faire vite, i l ne faut pas y penser trop longtemps. Si on veut des contrats, i l faut les remplir. Évidemment, je crois que, de toute évidence, cette entreprise est dépassée par une expansion qu'elle n'aurait probalement pas voulue aussi rapide.

Je pense que la première mesure consisterait à nommer un responsable de la santé et de la sécurité dans l'usine. Ce n'est pas au comptable de s'assurer de la qualité des interventions en cette matière. I l est nécessaire d'avoir une personne nommément désignée et, autant que possible, une seule et unique personne à qui reviendrait la charge de prendre des décisions. Compte tenu de la brochette des problèmes soulevés, l'entreprise devrait faire appel, de toute évidence, à des spécialistes pour déterminer les mesures à prendre. Je pense à l'aménagement des lieux, à la sécurité des équipements, à l'équipement de protection individuelle, à l'hy-giène industrielle.

Évidemment, i l y aurait aussi les travailleurs à consulter. I l y aurait également des consignes de sécurité claies à donner, notamment en ce qui a trait au port de l'équipement de protection indi-viduelle. Quand toutes les mesures seraient déterminées, je pense qu'i l serait utopique de penser qu'une entreprise comme celle-là puisse, du jour au lendemain, tout mettre en oeuvre. C'est impossible. I l y a des contraintes de temps. I l y a des contraintes financières : on a beau être contre les contraintes financières, elles sont là. I l faut vivre avec elles.

Donc à partir du moment où les problèmes seraient connus, i l y aurait un échéancier à res-pecter, compte tenu de l'urgence des mesures à prendre, un échéancier serré de réalisation des corrections. On ne peut pas demander à une entreprise de déménager demain matin dans des locaux plus grands. Ce n'est pas comme cela que ça marche, dans la vraie vie. On ne peut pas demander à une entreprise de tout changer son matériel du jour au lendemain, ce n'est pas comme cela non plus que ça marche dans la vie.

Donc ça prendrait un échéancier serré qui tien-drait compte des urgences. Je pense que ça prendrait aussi la collaboration de la CSST. Dans un cas comme cela, je demanderais à la CSST de ne pas envoyer une meute d'inspecteurs du jour au lendemain, mais de faire preuve, non pas de tolérance, mais de compréhension envers l'employeur.

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PÉRIODE DE QUESTIONS

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PÉRIODE DE QUESTIONS

Question adressée à Gérard Dansereau, inspecteur à la CSST par Gilles Boucher, responsable des politiques de main d'oeuvre, CSD :

« Monsieur l 'inspecteur, je crois que vous avez omis de parler de l'article 54 du code des modi-fications d'excavation et de bâtisse. »

Gérard Dansereau, inspecteur, CSST

« Oui, l 'article 54 qui dit que l 'employeur doit fournir les plans et les devis d'aménagement. Vous m'en posez une bonne. C'est un article qui touche seulement certaines parties réglementées, entre autres, sur les travaux de construction.

Même avant la création de la Commission, il y a eu des études de plan. C'est très difficile de déceler les risques pour la santé et la sécurité sur les plans. Je sais qu'actuellement, la Commis-sion fait beaucoup d 'efforts pour que ses ins-pecteurs ne restent pas au bureau et aillent sur les lieux de travail. C'est là qu 'on peut être le plus efficace. »

Question adressée à Me Micheline Laliberté, du Conseil du patronat, par Gilles Boucher

« Je n 'a i rien entendu de la part du Conseil du patronat concernant la planification des change-ments. »

Micheline Laliberté, Conseil du patronat :

« Je pense qu'au contraire j 'en ai fait état quand j 'a i abordé l 'idée qu 'on devait faire appel à l'extérieur, appel à des spécialistes et qu'on devait mettre sur pied un calendrier, un échéan-cier, des mesures à prendre, compte tenu de l'urgence. Je pense que oui, c 'est quelque chose qui est évident pour nous et cela a été apporté surtout dans l 'optique du principe suivant : On peut pas tout faire en même temps. On a beau vouloir que tout se fasse en même temps, ce n'est pas comme cela que ça marche. »

Commentaire de Monsieur Gilles Boucher à l'intention de l'animatrice de l'atelier, madame Andréane Lafond

« Madame Lafond, il ne me reste plus qu 'à conclure que la santé ça coûte plus qu'un mil-liard de dollars. Un milliard ça en représente des pertes humaines majeures. Les humains, on les oublie tout le temps. On parle de piastres, de cents, un milliard en pertes humaines, près de 900 millions pour les accidents de travail à court et à long terme. »

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ATELIER : LA FORMATION EN MILIEU DE TRAVAIL, DES RÉUSSITES INTÉRESSANTES

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ATELIER : LA FORMATION EN MILIEU DE TRAVAIL, DES RÉUSSITES INTÉRESSANTES

Présentation de Denise Turenne

Le thème de notre atelier est La formation en milieu de travail, des réussites intéressantes. Je pense qu 'avec un thème comme celui-ci, une foule de questions vous viennent en tête.

Pour ma part, je vous poserai les questions suivantes :

• À toutes fins utiles, quel genre de formation les entreprises offrent-elles ?

• À qui offrent-elles cette formation ? • Est-ce que les entreprises répondent

aux besoins des utilisateurs ? • Est-ce que c 'es t rentable pour l 'entreprise

de faire de la formation ? • Quels sont les avantages, s ' i l y en a,

à court, à moyen et à long terme ? • Est-ce que les messages passent bien ? • Qu ' en est-il exactement de la communica-

tion entre employeurs et travailleurs ? • Est-ce que les initiatives de formation

s ' intègrent dans un plan d 'ensemble à l ' in-térieur de l 'entreprise ?

• Quels moyens assurent les meilleurs résultats ?

• Quel contexte permet d 'opt imiser la formation ?

Cet après-midi, nous avons le plaisir d 'avoir des témoignages de trois entreprises leaders en for-mation et qui obtiennent des résultats intéres-sants. Ces entreprises ont, au fil des années, assumé leurs responsabilités de formation en matière de santé et de sécurité, et elles l 'ont fait avec la participation des travailleurs. Aujour-d 'hui , nous avons des gestionnaires et des tra-vailleurs pour présenter ces témoignages de formation en milieu de travail.

J 'a i demandé à ces représentants de nous situer leur expérience en la plaçant dans un cadre d'entreprise, un cadre large, de façon à ce que nous puissions mieux en comprendre l 'environ-nement et retenir les expériences qui nous sem-blent intéressantes à appliquer dans nos entre-prises. Ces entreprises n 'ont pas réponse à tout. Elles ne prétendent pas être des modèles par-faits, mais nous croyons qu'el les ont des réalisa-tions à faire partager, des réalisations expor-tables et que nous pouvons utiliser dans nos milieux de travail respectifs.

Mais j 'a imerais dire auparavant quelques mots sur l 'expérience que le Centre patronal a acquise concernant la gestion de la santé et de la sécurité durant les cinq dernières années, expérience qui nous permet d 'assurer la formation des entre-prises.

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L'EXPÉRIENCE DU CENTRE PATRONAL DE SANTÉ ET DE SÉCURITÉ DU TRAVAIL DU QUÉBEC

Denise Turenne, directrice

Le Centre est une fédération d'associations pa-tronales. Quarante-huit associations patronales en sont membres, c 'est-à-dire qu ' i l rejoint 26 000 entreprises dans divers secteurs éco-nomiques. Ce qui en fait le plus important orga-nisme patronal en matière de santé et de sécurité au Québec.

Que faisons-nous ? Quelle est notre but ? Notre but c 'es t d 'o f f r i r des services de formation et d ' informat ion aux employeurs en favorisant l ' intégration eff icace et rentable de programmes de santé et de sécurité aux activités courantes de l 'entreprise. Nous existons depuis cinq ans et nous organisons des sessions de formation et d ' informat ion au cours desquelles les gens d 'en-treprise sont conviés à mettre leur expérience en commun.

Nous organisons également des cours, et nous donnons différents types de conférences. Nous publions un bulletin technique en matière de santé et de sécurité, intitulé Convergences, à l 'intention des divers paliers hiérarchiques des entreprises. Nous avons également eu l 'occa-sion, au fil des années, en écoutant ce que nos gens faisaient dans les entreprises, de faire une synthèse des activités de gestion de la santé et de la sécurité en entreprise. Le Centre répond aux questions suivantes que se pose le milieu pa-tronal et qui sont très importantes :

• Pourquoi vaut-il la peine de s 'occuper de la santé et de la sécurité ?

• Comment gérer la santé et la sécurité ?

Notre organisme ne fait pas de représentation politique. Nous aidons les entreprises à assurer le leadership de la gestion de la santé et de la sécurité. Nous en favorisons une approche intégrée dans l 'entreprise, qui nécessite un en-gagement soutenu de la part de la direction et des cadres de même que la participation des tra-vailleurs.

Vous allez peut-être me demander comment nous nous y prenons pour amener les entreprises à devenir conscientes des avantages d 'une ges-tion efficace de la santé et de la sécurité. Notre principe est le suivant : nous considérons que la santé et la sécurité font partie de la gestion de l 'entreprise. C'est un dossier comme un autre dans l 'entreprise. Ça se gère, la santé et la sécurité : ce n'est pas un petit dossier extérieur à l 'entreprise.

Intégration de fa santé et de la sécurité aux activités courantes de l'entreprise

La gestion de ce dossier doit se faire de façon à ce qu 'à l ' intérieur de l 'entreprise il y ait des avantages à court, à moyen et à long terme. 11 ne faut pas investir juste à court terme en santé et en sécurité : il faut voir un petit peu plus loin que

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son nez. Cette façon de voir encourage les entreprises à investir dans la santé et la sécurité du travail.

De façon plus détaillée, quelle est la stratégie de gestion de la santé et de la sécurité ? Pour une entreprise, ce sujet correspond à trois grandes préoccupations. Premièrement, les cotisations. Ça coûte cher, les cotisations à la CSST. Que peut-on faire pour diminuer ces frais ? La deuxième préoccupation, les accidents, et la dernière préoccupation, la prévention.

Le sujet des cotisations implique qu'on se pose les questions suivantes : Combien paie-t-on ? Pourquoi paie-t-on ? Pourquoi paie-t-on si cher? Est-ce qu'on peut faire quelque chose ? Où sont nos problèmes ?

Une fois qu'on a mis le doigt sur les problèmes, qu'on a établi un diagnostic, on est plus en mesure d'essayer de résoudre ses problèmes, et ça c'est toute la question de la prévention.

Nous invitons les entreprises à poursuivre un objectif tout simple : réduire les pertes humaines et les pertes financières occasionnées par les accidents du travail. Jusqu'à présent, en cinq ans, je n'ai Jamais rencontré une personne en entreprise qui n'était pas d'accord avec moi là-dessus. C'est le début de tout ce grand dossier-là.

Nous avons avec nous, ici, aujourd'hui des spécialistes de la formation. Je pense que les principes de gestion, de formation et d'éduca-tion ont beaucoup de traits en commun. Pour établir une gestion de la santé et de la sécurité, il faut au départ analyser la situation. Il faut regarder le tableau qu'on a en face de soi.

On regarde le tableau sous trois angles : le financement, la gestion des accidents et la ges-tion de la prévention. Dans chaque cas l'entre-prise doit établir des priorités après avoir déter-miné ses problèmes. Ensuite, elle doit choisir

des moyens d'action, puis mettre en place un plan d'action. Les résultats sont toujours en-courageants quand ils sont bons. On se dit que ça vaut la peine de s'en occuper.

On continue, on analyse, il y a une dynamique. C'est vraiment un cycle, cette gestion. Avec de bons résultats, on a le goût de boucler la boucle et d'aller plus loin dans la projection.

Le secret des entreprises qui ont réussi la gestion de la santé et de la sécurité

J'aimerais partager notre expérience avec vous. Nous avons beaucoup écouté, au Centre pa-tronal, ce que les entreprises qui ont réussi ont à dire. Nous les avons observées, nous les avons invitées également à venir parler à d'autres en-treprises. Je vous dirai quel est le secret de ces entreprises. Ces entreprises qui ont réussi la gestion de la santé et de la sécurité ont d'ailleurs du succès dans une foule d'autres domaines.

Le secret numéro un de ces entreprises est l 'en-couragement de la haute direction. La direction qui a accordé de l 'importance à ce sujet-là, qui fixe des orientations, établit des objectifs, énonce une politique de santé et de sécurité.

Le deuxième secret, c 'est la volonté de l'entre-prise d ' établir un climat harmonieux de commu-nication. C'est à l'entreprise de prendre l'initia-tive.

Le troisième secret consiste à implanter une méthode de gestion de la santé et de la sécurité. Qu'est-ce que ça veut dire ? Profiter de la hiérarchie pour intégrer les responsabilités en matière de santé et de sécurité à ce qui existe et définir les rôles de chacun. Il faut que ça forme un tout, que ça forme un ensemble, cette affaire-là. Il ne faut pas que ce soit des initiatives individuelles de part et d'autre. Il faut que tous les efforts soient tendus vers le même but.

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Autre secret, la formation. Il ne s 'agit pas seulement de former les travailleurs. Si on veut que tout le monde participe, il faut que tous comprennent le système. Il faut donc aussi expliquer aux cadres le rôle qu ' i ls doivent jouer.

Après la formation, c 'es t la participation des travailleurs aux différents mécanismes mis en place dans l 'entreprise, en fonction des aptitudes de chacun. Les entreprises qui ont réussi nous disent clairement que la prévention, c 'es t une question d 'at t i tudes et de comportement.

Elles nous disent qu ' i l est nécessaire de sensibi-liser les gens au fait que la prévention au travail, sur la route, au foyer, dans les loisirs et le souci de l 'environnement naturel sont divers aspects d ' une m ê m e préoccupation. Il ne faut pas que le comportement en matière de prévention soit différent dans ces multiples sphères d'activités. Ce sont, de façon très schématique, les princi-paux secrets de ces entreprises gagnantes.

Deux grands thèmes constituent les clés du succès de l ' implantat ion d ' un programme de santé et de sécurité dans une entreprise :

• l ' intégration de la santé et de la sécurité aux activités de l 'entreprise ;

• l ' implantat ion d ' une méthode de gestion.

Nous travaillons dans ce sens-là avec les entre-prises depuis cinq ans.

Cinq styles de gestion chez les coordonnateurs en santé et en sécurité

La gestion de la santé et de la sécurité est un processus délicat. En caricaturant un peu, on peut définir cinq styles de gestion chez les coor-donnateurs en santé et en sécurité :

Le solitaire :

on le trouve plus particulièrement dans les entreprises qui ont dû se pencher rapidement sur la question de la santé et de la sécurité par suite d ' une obligation légale imposée de l 'extérieur, comme, par exemple, le pro-gramme de prévention. On donne alors la responsabilité de la santé et de la sécurité à une seule personne, mais avec des réserves.

Cette personne doit répondre aux exigences externes, elle dispose de peu de marge de manoeuvre et généralement de peu d 'appui, tant de la haute direction que des gestion-naires. Les résultats se font attendre longtemps.

Le superman :

Superman a un autre problème. Son entre-prise est convaincue de l ' importance de la question mais estime aussi qu 'une seule personne peut s 'en occuper efficacement; il est responsable des accidents et de la préven-tion.

On oublie, hélas, que la santé et la sécurité touchent à des champs de compétences fort divers comme la production, l 'équipement, l ' ingénierie, les ressources humaines, les relations de travail, l 'entretien préventif. C'est un fardeau bien lourd pour une seule personne.

Le pompier :

le pompier, c 'est le symptôme d 'un manque de planification et de stratégie d 'ensemble dans l 'entreprise. Le problème considéré comme important à un moment très précis a priorité. Ce qu 'on oublie, c 'es t que les plus gros problèmes sont souvent causés par un ensemble de facteurs qui apparaissent moins importants a priori.

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On éteint le gros feu sans se soucier d'en chercher l'origine. Beaucoup d'énergie est consacrée au même problème sans pour autant obtenir des résultats proportionnels aux efforts déployés.

Le caméléon :

le caméléon estime que la gestion de la santé et de la sécurité, c'est l 'affaire des autres : de la CSST, du département de santé commu-nautaire, du CLSC et des autres partenaires. C'est à eux de voir ce qui ne va pas dans l'entreprise et d'en exiger des modifica-tions. Il change de couleur selon les deman-des. Malheureusement, sa vision de la situa-tion n'est souvent pas compatible avec les besoins réels de l'entreprise.

L'inspecteur de la CSST pourrait remettre un avis de dérogation concernant la hauteur d'un marchepied, alors que la plupart des accidents du travail sont tout simplement causés par l'encombrement des lieux.

Le coach :

le bâtisseur d'équipe. C'est une espèce très recherchée dans les entreprises où l'on con-sidère que la santé et la sécurité, c'est l'af-faire de tout le monde.

De la haute direction aux simples travailleurs, chacun a des responsabilités déterminées en fonction de ses compétences et de ses apti-tudes. En fait, on favorise l'intégration des questions relatives à la santé et à la sécurité aux activités quotidiennes de l'entreprise.

La haute direction définit les orientations et les objectifs en matière de santé et de sécu-rité, et tout le monde pousse dans la même direction. Le coach coordonne les différen-tes activités et il joue le rôle de conseil auprès des gestionnaires. Bref, il motive une équipe, il lui donne les moyens nécessaires pour en faire une équipe gagnante.

Après cette énumération, vous aurez probable-ment compris de quel côté on pousse au Centre patronal. Je n'ai pas besoin de donner davantage d'explications. Dans cette vision de gestion, les mots d'ordre sont : créer un objectif commun, favoriser la participation et contrôler la situa-tion.

Pour clore notre rencontre, je dirai qu'il y a dans les entreprises des expériences fort intéressantes en matière de formation. Toutefois, je convien-drai facilement avec vous que le milieu des entreprises n'est pas encore parfait. Néanmoins, je vous répéterai à nouveau que de plus en plus d'entreprises sont conscientes des avantages d'une gestion appropriée de la santé et de la sécurité et reconnaissent que la formation des cadres et du personnel est une des clés importan-tes de l'intérêt de l'entreprise à gérer ce dossier.

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L'EXPÉRIENCE DE LA CONSOLIDATED BATHURST

Robert Pelletier, directeur des ressources humaines, Consolidated Bathurst

J 'aimerais d 'abord remercier la CSST ainsi que le directeur régional, M. Pierre Roy, de me donner la chance de présenter notre programme de prévention.

À la Consolidated Bathurst, division Pontiac, située à Portage-du-Fort, nous produisons de la pâte blanchie kraft ; le mot kraft veut dire fort en allemand. C 'es t un procédé relativement simple. Vous prenez du bois, vous le mettez en copeaux, vous le cuisez, ça vous donne une pâte brune que vous devez blanchir. Après le blanchiment, vous la mettez en feuille, vous l 'emballez et vous l 'expédiez sur le marché international. Nosplus gros clients sont Eastman Kodak aux Etats-Unis, Fuji au Japon et aussi une compagnie qui se nomme Felix Shuler, en Allemagne de l 'Ouest , et qui fabrique du papier photogra-phique pour la compagnie Polaroid.

Nous avons 375 travailleurs. Vous allez vous demander pourquoi un directeur des ressources humaines se mêle de santé et de sécurité ? Ça fait

déjà 12 ans que je m 'en mêle, bien que je ne sois pas coordonnateurde la sécurité. Nous en avons un chez nous, mais je me suis toujours occupé de santéetde sécurité, et je suis le président régional de l 'Association de sécurité des pâtes et papier depuis environ huit ans. J 'a i toujours fonctionné avec l 'équation Formation, sécurité, motivation et rendement. Si vous donnez une bonne forma-tion à vos travailleurs, votre programme de sécurité devrait fonctionner rondement. Et s 'ils sentent que la compagnie fait beaucoup pour la sécurité, ils vont être motivés, et s'ils sont heureux dans votre entreprise, vous allez avoir u n meilleur rendement.

La prise de conscience

Tous les moyens nécessaires ont été mis à la disposition de l 'ensemble du personnel, du di-recteur jusqu 'au manoeuvre, pour que nous obtenions de bons résultats en santé et en sécu-rité. Nous pensions que nous avions un bon programme de sécurité, mais les résultats obtenus n'étaient pas tellement reluisants. Nous avions un beau manuel de sécurité où nous trouvions de tout : des méthodes de cadenassage, des méthodes d 'entrée di.ns les espaces clos, etc.

À l 'usine même, nous avons tous les gardes imaginable s : des garde-mains, des garde-fous, des déroga ions. Je suis sûr que si vous êtes un familier de la CSST, vous êtes au courant de la signification du mot dérogation. Us vont vous voir et ils vous disent : « Vous devez apporter vingt corrections aux dérogations trouvées ». Lorsque nous leur déclarons des dérogations, nous nous assurons que les corrections exigées ont été apportées. Nous en faisons à peu près trois cents par année. Mais malgré cela, nous avions encore beaucoup d'accidents. En 1985, nous avons eu 22 accidents avec perte de temps. Le nombre des accidents est passé à 32 en 1986, puis à 34 en 1987, donc pas loin de trois accidentsp trmois. Çadevenaitassezinquiétant . Comme tout bon gestionnaire, j ' a i aussi regardé

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les dollars. Nos contributions à la CSST aug-mentaient. Au début, nous.payions 2,73 $ par tranche de 100 $, ensuite ça a monté à 4,12 $ et ça a continué à augmenter. J 'a i commencé à me poser la question suivante : qu'est-ce qu 'on peut faire pour arrêter ça ?

La sécurité n 'est pas seulement un service ou un manuel, c 'est une préoccupation de 24 heures sur 24, tous les jours de l 'année. Il ne s'agit pas seulement de fournir des manuels de sécurité ou de donner de la formation ordinaire. Après avoir réfléchi, je me suis dit : « Il faut que je travaille sur les attitudes de tous, du directeur jusqu'au manoeuvre », et j 'ai concen tré me s efforts sur cet objectif. Que doit-on faire en pareille situation ? On doit faire connaître tous les dangers inhérents à la tâche de chaque travailleur.

La responsabilité de l'entreprise

Je vais vous parler ici de l 'affaire Roula. Je ne sais pas si vous avez entendu parler de cela. Il s'agit d 'un manoeuvre dans une usine de l 'État de l'Illinois, aux États-Unis, qui a subi un acci-dent mortel en 1983. Ce travailleur est mort d 'une exposition à un produit toxique, le gaz de cyanide d'hydrogène. L'employeur était au courant du rrveau inacceptable des émissions de substances toxiques, il savait que certains tra-vailleurs souffraient de nausées ou de vomisse-ments.

La compagnie n ' a absolument rien fait pour avertir les travailleurs du danger. Aucun équipe-ment, aucun vêtement de protection n'étaient disponibles, aucune douche d'urgence en cas d'éclaboussure et aucun antidote en cas d 'em-poisonnement au cyanide. Ce qui devait arriver est arrivé. La compagnie a été mise en vente pour comportement criminel, accusée de négli-gence criminelle. Le président de la compagnie, le directeur de l 'usine et la contremaîtresse ont été condamnés à 25 ans de prison.

La sécurité, une responsabilité personnelle

Cette affaire fait réfléchir et je me suis dit que j e me devais de transmettre le message à nos chefs de service. Je leur ai dit qu 'un chef de service qui n ' informe pas ses subalternes des dangers inhérents aux tâches à accomplir s 'expose à des ennuis. Nous avons ensemble fait un examen de conscience. Je leur ai posé la question suivante: « Est-ce que la sécurité est une responsabilité personnelle ? »

J 'ai posé la question à tous les travailleurs, du directeur jusqu'au manoeuvre. Évidemment, la première personne à qui je devais la poser, c'était le directeur. Après une longue discus-sion, le directeur a conclu qu ' il était responsable du programme de sécurité, de la même façon qu ' il était responsable de la production. Ensuite, j ' a i posé la question aux chefs de services, aux contremaîtres, à tous les travailleurs et toutes les travailleuses.

La conclusion a été la suivante. Chaque tra-vailleur doit connaître le programme de santé et de sécurité; il doit le promouvoir et accepter la responsabilité de la sécurité, au même titre que les autres responsabilités relatives à ses fonc-tions.

Notre slogan : Production avec sécurité

Notre programme de sécurité s'intitule État d'esprit, et notre slogan, est Production avec sécurité. Dans la pratique, l 'un ne va pas sans 1 ' autre. Ici, j ' aimerais vous donner un exemple parce que, comme vous savez, dans des usines de pâtes et papier, vous avez deux activités bien distinctes, les opérations et l 'entretien.

J 'aimerais porter à votre attention le fait qu 'un jour, nous avons eu une rupture de feuille. Pour donner un peu de lâche à un ruban qu 'on devait replacer sur sa course, il s 'avérait nécéssaire de remplacer un contrepoids. Le contremaître a demandé au travailleur de service de le rem-

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placer en montant sur le garde-fou. Ça n'était pas tellement grave, il s'agissait seulement de monter sur le premier rail. Il n 'y a pas grand risque de tomber, mais ça, c'était la première erreur. Car ce que vous ne voyez pas d 'en bas, c 'est un triturateur. C'est un gros cuvier et, dans le cuvier, vous trouvez quatre grosses hélices. Si le travailleur y était tombé, il en serait sorti en carton-pâte.

Un des travailleurs a eu assez de tripes pour m'appeler et me faire part de ce qui était arrivé. J 'ai rencontré le contremaître et nous avons immédiatement adopté un règlement pour cor-riger la situation à court terme. Par la suite, nous avons installé des poids pour que le travailleur n 'ait pas besoin de monter sur le garde-fou pour tirer sur le contrepoids.

Pour les préposés à l 'entretien, la situation est différente. Le contremaître a quatre, dix ou vingt hommes qui travaillent pour lui, et lorsqu'il se prépare à faire de la réparation, il doit plani-fier, penser productivité, penser production. Il doit aussi voir à ce que le travail soit bien exécuté. Il doit penser à nettoyer par la suite, c 'est très important pour la sécurité. Si votre contremaître veille à tout cela, vous n 'aurez pas de problèmes parce que vos travailleurs vont faire exactement la même chose.

Notre devise : un lieu de travail sûr et sain

Notre devise, à l 'usine Pontiac, c 'est de procurer à tous nos travailleurs un lieu de travail sûr et sain. Lorsque je vais, en tant que directeur des ressources humaines présenter un programme de sécurité, n 'al lez pas vous imaginer que les travailleurs, les chefs de services et les contre-maîtres ne m'ont pas vu venir. À la suite d 'une de mes présentations, trois m'ont sauté à la figure avec une question de santé. Il y avait un problème particulier dans l 'usine, la ventilation des salles de commandes. Elles étaient bien climatisées, mais la ventilation n'était pas saine. Cette demi-heure de discussion a jeté une douche

d 'eau froide sur la présentation, mais j ' a i quand même vu que les gens étaient très sérieux. Ils m'ont demandé de faire une enquête, et c 'est ce que j ' a i fait. J 'ai quitté la salle après la réunion et je suis allé voir le chef du service pour lui demander ce qui se passait et il m ' a répondu : « Si je devais travailler dans cette atmosphère viciée, je refuserais de travailler ». Quand le chef du service vous dit cela, vous savez que vous avez un problème majeur. On a donc fait une vérification. On a demandé au service de l'instrumentation de vérifier la ventilation et on s'est aperçu que les filtres n'avaient pas été changés depuis 18 mois et que le filtre lui-même était contaminé. On a évidemment immédiate-ment résolu le problème, mais on aussi établi un calendrier d'analyse de l 'air et de remplacement des filtres. Si le travailleur a un problème, écoutez-le. C'est tout ce que je peux vous dire.

La rentabilité de la formation

Ce matin, Mme Jérôme Forget a parlé de forma-tion, en disant que c'est rentable. Si vous voulez établir une bonne crédibilité auprès de vos tra-vailleurs et de vos travailleuses, je vous encou-rage à améliorer la formation dans vos entre-prises. Chez nous, nous avons révisé tous nos manuels de formation. Certains ne nécessitaient que quelques petites mises à jour, mais d'autres, avec lesquels nous travaillons toujours, n'avaient pas été mis à jour depuis 21 ans, c'est-à-dire depuis l 'ouverture de l 'usine. Nous avions apporté des modifications au matériel, mais nous avions oublié de modifier les manuels. Nous avons augmenté la durée de la formation, puis la main-d'oeuvre.

On a mentionné ce matin qu'i l est nécessaire de former des agents de formation. C'est exacte-ment ce que nous avons fait. Nous avons choisi des gens dans l 'usine pour nous aider à donner la formation. À l'origine, ces gens-là n'avaient aucune formation professionnelle ; il fallait les former et nous avons donné un cours pour les former.

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Ce que nous pouvons faire, tous ensemble, pour la sécurité

Nous avons aussi donné des descriptions de tâches relatives à la sécurité aux chefs de ser-vices, aux contremaîtres, aux travailleurs et aux travailleuses. L'employeur a des obligations et le travailleur a des obligations. C'est quand même assez simple. L'employeur a comme obligation de former le travailleur, il doit le payer pour sa journée de travail, mais il doit aussi le protéger. Ce sont les trois principaux éléments de la tâche de l'employeur. Le tra-vailleur, lui, adeux obligations, c'est-à-dire qu'il doit donner une bonne journée de travail pour le salaire qu'il reçoit. 11 doit suivre les règlements, c'est-à-dire qu'il doit prendre garde à sa propre sécurité. Si on lui demande de porter son équipe-ment de protection, il doit le porter.

Le mot faire est probablement le mot le plus important pour moi. Je vous ramènerai en 1961, lorsque le président John F. Kennedy s'est adressé au peuple américain en disant : « Ne me deman-dez pas ce que l 'Amérique peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour l'Amérique.» Nous disons exactement la même chose à nos travailleurs : « Ce n'est pas ce que je peux faire pour la sécurité, ce n'est pas ce que vous pouvez faire pour la sécurité, mais ce que nous pouvons faire tous ensemble pour la sécurité.»

En résumé, la bonne attitude consiste à prendre un intérêt particulier à la sécurité, à se sentir personnellement responsable de sa propre sécu-rité et de celle de ses collègues, des autres travailleurs. C'est prendre les mesures immé-diates afin d'apporter des corrections aux problèmes de sécurité. C'est s'assurer que les suivis sont faits, que les tâches assignées sont bien comprises, d'assumer ses responsabilités et

ne pas pointer du doigt le voisin. C'est être fier de travailler pour la sécurité, pour améliorer la qualité de vie de l'usine. Bref, la sécurité, dans notre usine, est devenue une façon de vivre.

J 'ai demandé des volontaires pour faire des présentations sur différentes questions de sécu-rité, afin que ce soit les travailleurs et les tra-vailleuses qui transmettent le message. En juin 1988, 12 travailleurs ont fait des communica-tions sur la protection des mains et des doigts. D'autres porteront sur le nettoyage, et ce sont les travailleurs qui ont choisi le sujet et qui en feront la présentation.

Pour vous montrer à quel point ils sont sérieux et qu'ils ont beaucoup d'énergie, un travailleur a même pris le temps de préparer un vidéo pour accompagner sa présentation. Il l 'a fait après les heures de travail et n 'a pas demandé à être rémunéré. Cela n'arrive pas souvent.

Vous allez me demander si cela a réglé quelque chose? Si nos accidents ont diminué? Au mois de janvier, nous avons eu trois accidents avec perte de temps. Le deuxième mois, nous avons eu deux accidents avec perte de temps. Au mois de mars, trois accidents. Là, c'était pas mal décourageant. Le quatrième mois, nous avons eu deux accidents avec perte de temps. Puis, un changement s'est opéré. Un accident au mois de mai, un accident au mois de juin, aucun accident au mois de juillet. C'était la première fois qu 'on avait un mois sans accident du travail. C'est beaucoup plus encourageant. Nous avons eu, en août et en septembre, trois accidents avec perte de temps, mais il s ' agit de trois accidents mineurs.

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L'EXPÉRIENCE DE LA COMMISSION DE TRANSPORT DE LA COMMUNAUTÉ RÉGIONALE DE L'OUTAOUAIS

Nicole Girard, coordonnatrice du programme de santé et de sécurité du travail, et Femand Richard, coprésident du comité de santé et de sécurité, CTCRO

Tout d 'abord , qu 'es t ce que c 'est , la CTCRO ou Commission de transport de la communauté régionale de l 'Outaouais ? Ceux de la région de Montréal sont familiers avec la STCUM. Divisez la S T C U M par dix, puis divisez encore par deux, vous allez avoir la CTCRO. Nous avons 400 travailleurs. C'est une société publique juridique-ment constituée en vertu de l 'article 205 de la Loi sur la Communauté régionale de l 'Outaouais, depuis 1971, à Hull. Pour ce qui est de la santé et de la sécurité, nous relevons de la juridiction fédérale.

!

Notre but consiste à offr ir à tous les citoyens de la région de l 'Outaouais, qui comprend cinq villes, un service de transport en comjnun fiable, économique et répondant à leurs besoins. Nous desservons 185 000 habitants sur un territoire de 582 kilomètres carrés. Nous transportons douze millions de voyageurs par année. Nous avons un budget de 25,5 millions de dollars qui provient

de quatre sources : des usagers, des subventions gouvernementales, des municipalités et d 'autres revenus.

Comme ressources humaines, nous comptons 223 chauffeurs urbains, 90 travailleurs à l 'entre-tien, dont des mécaniciens et des hommes de service, 44 employés de bureau, 25 gestion-naires de premier niveau, 20 cadres supérieurs et intermédiaires. Nous avons trois associations syndicales, dont deux faisant partie de Y Amal-gamated Transit Union, avec une section pour les chauffeurs et les mécaniciens de garage et une autre section pour les gestionnaires de pre-mier niveau. Une section d 'employés de bureau dépend de la FTQ. Nous avons 161 autobus, 1 400 panneaux d'arrêt et 202 abribus.

Lorsque je suis entrée en poste comme coordon-natrice des programmes de santé et de sécurité du travail, en décembre 1985, je pensais être consciente de l 'ampleur du défi. Maintenant, après trois ans, je dois avouer que je ne connais-sais qu 'une infime partie du travail. Je dois avouer aussi, humblement, qu 'à cette époque, de la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles je ne connaissais que le titre. J 'avais bien de la difficulté à la différencier de l 'ancienne loi. Mais j ' avais un avantage, je connaissais déjà le thème, La santé-sécurité, ça s'apprend !, et j ' y croyais aussi.

Aller chercher l'information de base

Ma première préoccupation, en 1986, ça été d 'assurer ma propre formation. J 'a i utilisé les sessions de formation du Centre patronal de santé et de sécurité, j ' a i fait des contacts à la CSST de la région de Hull. C 'es t très important. Je suis allée chercher des appuis auprès des médecins, des responsables du service de répara-tion, des agents, de mes pairs dans les commis-sions de transport du Québec. Çaété très précieux dans mon cheminement. Puis je suis allée suivre quelques cours à l 'Université du Québec. Je n 'avais pas peur de dire que je ne savais pas, je

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posais des questions Ce sera difficile ici de vous parler seulement de formation parce que la ges-tion de la santé et de la sécurité, c'est beaucoup d'activités interreliées. C'est pourquoi je vais parler aussi de bien d'autres sujets.

Le problème des contestations

Ma première responsabilité, et mon entreprise ne fait pas exception à la règle, a été de diminuer les accidents du travail et la facture qui en résulte. Mon premier moyen de sensibilisation de la direction a donc été la facture. Ça coûte cher, les accidents du travail. J 'ai commencé à faire le ménage dans les dossiers, ce qui n'est pas agréable. Mais il ne faut pas se le cacher, il y avait des abus dans les réclamations. C'est à ce moment-là que mes bonnes relations à la CSST m'ont été utiles.

Je voudrais ici parler de procédures de contesta-tion, même si ce n'est pas agréable. Ç'a été important dans notre cheminement pour changer un peu les mentalités et ç 'a été notre premier pas pour intégrer la gestion de la santé et de la sécurité dans la ligne hiérarchique de l'entre-prise. Pendant près d'un an, j 'a i fait seule toutes les contestations, c 'est-à-dire que toutes les lettres étaient sign <es par moi, toutes les interventions faites par moi. Cela m'a mené à une petite guerre froide avec les syndicats. Ce qui a failli me coûter la peau. Nous nous sommes assis pour se demander : qu 'est-ce qu 'on peut faire pour régler ça ? Les directeurs sont venus à mon secours. Nous avons mis au point une procédure de contestation en vertu de laquelle il revient au chef du secteur de rencontrer le travailleur pour l ' informer que sa demande est contestée et pour lui donner les raisons de la contestation. Paral-lèlement, le syndicat est avisé. Depuis que nous faisons ça, je peux vous dire que les relations se sont vraiment améliorées et même que nous nous sommes fait des alliés de la partie syndicale pour nos dossiers de contestation. Les syn-diqués aussi sont contre les abus, alors ça va très bien de ce côté.

La participation de tous les niveaux de l'entreprise

Je voudrais vous parler maintenant du comité de santé de sécurité. J 'ai avec moi Fernand Richard, coprésident syndical du comité, qui a fait un travail vraiment extraordinaire. En juin 1986, grâce à la sensibilisation que nous avions faite du comité de gestion, la création du comité de santé et de sécurité a été acceptée. Nous avons au comité quatre représentants des travailleurs : des gestionnaires de premier niveau, des mécani-ciens de garage, des chauffeurs et des employés de bureau. Nous avons trois représentants de l'employeur : le chef comptable, le directeur du service de l'entretien et le chef des opérations.

Nous y avons invité des gens qui peuvent prendre des décisions, car ça accélère la procédure. Moi, j 'assiste aux activités du comité de santé et de sécurité en tant que personne-ressource.

Les débuts du comité de santé et de sécurité

Le comité a commencé ses activités à l 'automne de l 'année 1986, après avoir reçu de l ' informa-tion, des représentants de Travail-Canada, au sujet des lois qui régissent les comités de santé et de sécurité, de leur rôle et de leur fonctionne-ment. Au début, les interventions étaient timi-des parce que nous étions tous à peu près étrangers à cette affaire de santé et de sécurité dans l'entre-prise. Nous avons appris ensemble. Il y a eu de nombreuses discussions pour établir nos respon-sabilités. Chose très importante, le comité n 'a jamais été le lieu de discussions syndicales. Vraiment, nous avons eu de la chance, parce qu'aux réunions du comité, nous parlions prin-cipalement de santé et de sécurité. Comme je vous l'ai déjà mentionné, cela démarré lente-ment. Je compare le cheminement du comité à une dynamique de groupe. Au début, chacun a essayé de faire sa place, c 'est la phase d'inclu-sion. Après cela, il y a eu une petite période où nous nous sommes demandés qui allait con-

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trôler, et c ' e s t normal aussi. Finalement, nous sommes parvenus à une certaine phase d' inti-mité qui nous permet de travailler ensemble et de nous dire en face ce que chacun pense et veut.

Au cours de l 'é té 1987, nous avonseu un stagiaire de l 'Universi té du Québec pour monter un regis-tre des postes. Tous les membres du comité, chacun son tour, ont été appelés à participer à cette démarche. Par la suite, nous avons eu plusieurs rencontres spéciales du comité pour passer en revue tous ces postes de travail et recommander des mesures correctives au be-soin. A l ' au tomne 1987, lors de la Semaine de la santé et de la sécurité, nous avons lancé le programme de conservation de la vue, initiative d ' un des membres du comité, directeur de l 'en-tretien.

Chaque mécanicien de garage a droit a un exa-men de la vue et à des lunettes de sécurité adaptées à sa vue et à sa physionomie. Ce programme a permis de réduire les blessures aux yeux. En 1987, elles représentaient 18,2 % de toutes nos réclamations, tandis qu ' en 1988, nous n ' avons eu q u ' u n e réclamation en ce sens.

Deux réalisations remarquables sont â souligner. Deux réalisations du comité de santé et de sécu-rité pour le poste de travail du chauffeur d 'au-tobus. On entend beaucoup parler de ce fameux poste de travail du chauffeur . C 'es t un endroit exigu où le chauffeur est soumis à des mouve-ments d 'é t i rement , des mouvements de torsion. L ' année dernière, nous avons gagné le prix de l 'excellence attribué par la CSST à Hull. Nous avons modif ié les sièges des autobus de modèle classique qui comportaient une anomalie et qui donnaient du fil à retordre et des maux de dos à nos chauffeurs .

Après recherche, nous avons modifié l 'angle avant du siège et nous avons baissé le socle d ' un peu plus de sept centimètres. Ceci a permis d ' amél iore r beaucoup la situation. Ces mesures concernaient une vingtaine d 'autobus seulement,

parce que les modèles classiques sont relative-ment récents et qu ' i ls ne font partie de notre parc que depuis 1984. Tous les autres véhicules dataient d 'avant cette année-là. Les critiques au sujet des autres véhicules continuaient à pleuvoir, ce qui a incité le directeur de l 'entretien à tra-vailler pendant plus de six mois à un prototype de poste de chauffeur qui permet d 'économiser au moins 80 % des mouvements de torsion et d 'étirement. D ' ic i deux ans tous nos autobus seront modifiés en conséquence. Fernand Richard est là pour vous en parler.

Les modifications apportées aux autobus : communication de Fernand Richard, chauffeur d'autobus et coprésident du comité de santé et de sécurité

Je vais énumérer quelques-unes des modifica-tions que nous avons apportées.

Tout d 'abord, la Commission de transport a accepté de nous fournir un nouveau siège. C 'es t un siège orthopédique de marque Récarro. Tous nos autobus, du moins ceux que nous utilisons huit heures et plus par jour, seront équipés de ces sièges d ' ici deux deux ans.

Les chauffeurs de haute taille, pour leur part, avaient un problème, car on ne pouvait reculer le siège assez loin pour eux. Ils devaient conduire les genoux très pliés. Nous avons alors reculé d 'environ dix centimètres la cloison verticale située derrière le siège du chauffeur . Ensuite nous avons remplacé la vitre et le rideau par un panneau rigide pour minimiser les reflets des plafonniers, le soir. Un recul de quinze cen-timètres de la manette servant à ouvrir les portes a été prévu pour que le chauffeur n 'a i t plus à se pencher vers l 'angle avant gauche de l 'autobus chaque fois qu ' il veut ouvrir . Cet aménagement a été fait par le constructeur de G M dans ses autobus, depuis 1985. Nous allons apporter des modifications à tous nos autobus, sans excep-tion.

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Nous avions un problème d 'une autre nature avec la boîte de perception. Les chauffeurs, en se rendant à leur poste de travail ou en essayant d ' en sortir, par exemple pour aider une personne âgée à descendre ou pour faire monter une poussette, se heurtaient les genoux sur la boîte de perception. Nous avons fait replacer la boîte de perception, ce qui a mis fin à ces ennuis. Nos autobus sont munis de récepteurs radio et de micro-ordinateurs. Or, tous ces appareils avaient été placés au petit bonheur. Tout cela a été étudié et les appareils ont été replacés dans un endroit plus approprié. En tout, 14 modifications on été apportées. Nous avons même réussi à faire installer un ventilateur. Lorsqu'i l pleut, ou lorsqu'il y a beaucoup de monde dans nos au-tobus, les vitres s 'embuaient. Nous avons donc installé un ventilateur supplémentaire .

Nicole Girard, reprenant la parole

L'évolution de la participation de chaque membre du comité est remarquable. En 1987, j ' a i dû planifier et organiser presque seule les activités de la Semaine de la santé et de la sécurité. En 1988, j ' a i été exclue de l 'organisation de la Semaine, le comité ayant tout pris cela en main, et 0 me réserve une surprise.

Le regroupement provincial pour la santé et la sécurité dans le secteur du transport urbain

L'année 1987 représente un tournant en matière de santé et de sécurité à la CTCRO. Au prin-temps 1987, j ' a i senti vraiment qu'i l fallait ab-solument que j ' intéresse les gestionnaires de premier niveau, parce que dans leurs têtes, la personne qui possédait le titre de responsable de la santé et de la sécurité en était vraiment entière-ment responsable. Il m'était impossible de leur faire prendre leur part de responsabilités. J 'a i donc pris les moyens que j 'avais à ma disposi-tion: la formation et l ' information. Nous avons commencé par les cadres intermédiaires. Avec l 'aide du Centre patronal, la session de forma-

tion a été adaptée à tout le secteur du transport urbain. Nous avons regroupé des participants de la STL, de la CTCEQ, de la CTRSM, de la CMTS, et c 'est à ce moment-là que nous avons aussi formé un regroupement provincial pour la santé et la sécurité dans le secteur du transport urbain. Ceci nous a amené à travailler ensemble. Nous nous réunissons quatre fois par année pour nous poser la question : « Comment pouvons-nous, dans le secteur du transport urbain, améliorer les conditions de vie de nos travailleurs et réduire nos frais d'exploitation ? »

L'importance de la technique d'enquête et d'analyse

À cette session de formation je tenais à la présence de quatre cadres. J 'étais ainsi assurée d ' un appui dans tous les secteurs de l 'entreprise, au garage, à l 'exploitation. J 'avais aussi une autre personne des ressources humaines avec moi. Puis le temps est venu de sensibiliser les gestionnaires de premier niveau, ce qui était mon premier objectif. Sans eux, je n 'aurais pas pu continuer la sensibilisation auprès des travailleurs. J ' a i donc fait d 'une pierre deux coups.

Comprenant que, dans un organisme qui se préoccupe vraiment de prévention, le processus appelé enquête et analyse d 'accidents du travail est l 'une des premières activités à mettre sur pied, j ' a i organisé une session de formation sur les techniques d 'enquête et d 'analyse.

À cette occasion, je suis allée chercher un ani-mateur, celui-là même qui avait donné le cours intitulé l'intégration de la santé. Je savais qu ' i l pouvait communiquer le message à mes gestion-naires de premier niveau. Le message était clair et leur signifiait que j 'avais besoin de leur appui pour convaincre les travailleurs.

Mon message était le suivant : la C T C R O est en train de se prendre en main. Vous tous, tra-vailleurs, devez également vous prendre en main

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pour travailler en toute sécurité. Ce n 'es t pas facile. En m ê m e temps ils ont appris une tech-nique d 'enquête et d 'analyse qui ne cherche pas de coupables, mais plutôt des causes qu 'on peut corriger. Ils ont dû avaler le fait qu 'ils avaient un rôle clé à jouer , jour après jour, en matière de santé et de sécurité dans leur secteur d'activité. Bien sûr, ils n 'avaient pas de temps à consacrer à ce surplus de travail. C 'étai t une résistance normale. Encore aujourd 'hui , au moment de la révision de chaque rapport d 'enquête et d 'ana-lyse, nous profi tons de l 'occasion pour sensibi-liser le contremaître à son rôle.

Pour ce qui est des enquêtes et des analyses d 'accidents , le comité a reçu la même formation que nos gestionnaires de premier niveau et nous avons établi une méthode commune. À la pre-mière étape, c 'est-à-dire à l 'enquête, c 'es t toujours le supérieur immédiat qui est respon-sable de recueillir les faits. À la deuxième étape, c 'est-à-dire à l 'analyse, un représentant des tra-vailleurs, en l 'occurence Fernand Richard pour les chauffeurs et Daniel Gendron au garage, se joignent aux gestionnaires de premier niveau pour étudier la question. Us font des recomman-dations de mesures correctives qu ' i ls soumettent au superviseur ou au chef de service. Le chef de service approuve ou change les mesures correc-tives qui sont ensuite soumises au comité de santé et de sécurité. Si le comité décide de les modifier , il faut se rendre au comité de gestion. La participation se fait à tous les niveaux, et je peux vous dire que cela s 'améliore tous les jours. Je crois que Fernand Richard aurait quelque chose à dire là-dessus.

Deuxième communication de Fernand Richard

Au début, quand un travailleur disait à un contre-maître qu ' i l allait l 'assister dans l 'analyse d ' un accident du travail, il n 'était pas vraiment pris au sérieux. Les contremaîtres étaient assez réticents, mais le tempset lapat ienceont fa i tqu 'au jourd 'hui on peut s 'asseoir à la même table.

Le programme de formation : Madame Nicole Girard reprend la parole

Nous sommes aussi en train d ' implanter un programme d' inspection qui va beaucoup nous aider à faire de la santé et de la sécurité une préoccupation quotidienne. Nous prévoyons deux heures de formation pour tous les mécani-ciens de garage sur la prévention des maux de dos, qui mettra l 'accent sur la planification de la tâche. Cette activité a été organisée à la suite de la collecte des besoins, faite par une infirmière spécialisée en prévention des maux de dos. Ce programme sera lancé la semaine prochaine.

Nous avons également rencontré M m e Carole Gervais, du cégep de l 'Outaouais, qui met au point un programme de formation sur mesure relatif à la détermination des risques. Le pro-gramme comprend, entre autres, trois cours qui ont pour titre Introduction à /' hygiène du travail, Régime de la santé et de la sécurité du travail au Québec et enfin Contrôle des agresseurs.

Vers une politique de santé et de sécurité du travail

Je vais terminer en parlant de la politique de prévention. Conscient que l 'employeur doit conserver toute l 'initiative, le conseil d 'adminis-tration de la Commission vient d 'entériner une politique de prévention en matière de santé et de sécurité. Vous avez commencé à l 'envers, allez-vous me dire ? Je ne suis pas venue vous dire que nous sommes une entreprise modèle, mais plutôt pour vous parler de ce qui a fonctionné chez nous et surtout où nous en sommes.

C 'es t certain que j ' aurais évité bien des déboires, parce que j ' a i été obligée de me battre pour faire accepter les budgets de formation, mais c 'es t fait et de façon honnête. Il y a trois ans, lorsque j ' a i commencé, j e n 'aurais pas été suff isamment informée pour élaborer une telle politique.

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Les résultats

Quelques chiffres illustrent ce que donnent chez nous la santé et la sécurité. En 1986, nous avons déploré 96 accidents avec perte de temps, c'est beaucoup. En 1987, ce chiffre est passé à 65. Alors, déjà en un an, nous avons fait un grand pas.

Pour ce qui est des coûts, je ne vous donnerai pas de chiffres en dollars parce que ce n'est pas très flatteur pour nous, mais je peux vous dire que de 1987 à 1988, nous avons baissé notre démérite de 22%. Notre cotisation était à 3,99$ en 1987, elle est montée à 5,49 $ en 1988 et la semaine dernière j 'a i appris, officieusement, qu'elle va redescendre en 1989, à 3,93 $. L'ensemble des commissions de transport se sont donné la main, c'est pour cela que notre taux commence à baisser. C'est sûr que les résultats ne se feront pas tous sentir à court terme, mais je crois fermement que la formation, c 'est rentable. Nous sommes en train de nous prendre en main. Nous avons réuni une bonne partie des éléments du dossier de la santé et de la sécurité. II en reste quelques-uns, mais ça s'en vient, nous sommes sur la bonne voie.

L'EXPÉRIENCE DE LA COMPAGNIE BANDAG CANADA LIMITÉE

Jean Duchaine, administrateur à l'entretien, responsable en matière de santé et de sécurité et Yves Turcotte, représentant des travailleurs

Voici en quelques mots l'origine de la compa-gnie Bandag.

En 1957, au cours d 'un voyage en Allemagne, M. Carver a été fasciné par un procédé de re-chapage à froid. Il a acquis les droits nécessaires et, le 20 décembre 1957, Bandag est née. En 1958, la production a commencé avec du caout-chouc importé d'Allemagne, à Muscetine, dans l'Iowa. En 1961, M. Carver a obtenu les droits de fabrication pour le monde entier et la produc-tion a commencé.

En 1967, Bandag employait au-delà de 150 personnes à son usine des États-Unis et possédait 50 franchises dans le monde. C'est alors qu'une deuxième usine a été inaugurée à Shawinigan, première usine à l'extérieur des États-Unis. À cette époque, Bandag Canada produisait envi-ron 5 000 1b de caoutchouc par jour à Shawini-gan ; aujourd'hui, nous en produisons 65 000 lb.

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Lorsque M. Gary Bell est an ivé à Shawinigan en mars 1986 pour prendre la direction de l 'usine, il s 'est occupé très rapidement de santé et de sécurité du travail. Son ouverture d'esprit et sa grande préoccupation de la santé et de la sécurité des travailleurs ont été bientôt mises à profit. M. Bell a offert au comité de santé et de sécurité son entière collaboration, car au cours des trois années précédentes, soit de 1983 à 1985, le nombre des accidents survenus chez Bandag justifiait l ' intervention du comité de santé et de sécurité. C 'es t de là que vient l ' idée du manuel de sécurité.

La formation par la conception d'un manuel de sécurité

La réalisation du manuel de sécurité a été, chez Bandag, 1 'élément déclencheur de 1 ' adhésion de tous les travailleurs aux efforts déployés en matière de santé et de sécurité du travail. Une première version de ce manuel a tout d 'abord été rédigée. Elle s ' inspirait de notre programme de sécurité. Par la suite, des modifications y ont été apportées par les travailleurs. Chacun était res-ponsable de son poste de travail et devait l 'ana-lyser en fonction des risques d 'accidents qu ' i l présentait. En faisant l 'exercice, les travailleurs prenaient conscience des dangers et proposaient des solutions. En réalisant le manuel de sécurité, les travailleurs, en collaboration avec la partie patronale, établissaient ainsi une politique de prévention, tout en se donnant des moyens de contrôle des risques. Aujourd 'hui , chezBandag, la sécurité est devenue un mode de vie.

Chaque mois, lors de la réunion de production qui réunit tous les administrateurs de la compa-gnie, une partie de la réunion est réservée à la santé et à la sécurité. Le mot sécurité est devenu un mot d 'ordre et est rappelé constamment, par des affiches, des chandails, etc. La formation de notre personnel s 'est accomplie par la réalisa-tion de ce manuel de sécurité où chaque poste est étudié par les travailleurs.

Sensibiliser aussi les familles

Nous avons voulu que les familles des travailleurs partagent aussi cette préoccupation de santé et de sécurité sous toutes ses formes. Nous les avons sensibilisées par une chronique spéciale dans notre journal interne La Semelle, et aussi par plusieurs autres moyens. Le journal et beau-coup d 'autre documentation sont en effet en-voyés par la poste au domicile du travailleur. De cette façon, on engage la femme et les enfants à s 'occuper de santé et de sécurité, tout en souhai-tant qu ' i ls influencent leur mari ou leur père.

Lorsqu'i l y a accident du travail, nous faisons toujours enquête, mais cela se fait en présence de l 'intéressé, d 'un représentant du comité de santé et sécurité et en ma présence. Ceci n ' a aucune-ment pour but d ' incriminer le travailleur, au contraire, c 'est pour analyser l 'accident et les circonstances et surtout pour apporter des modi-fications au matériel, si cela s 'avère nécessaire. Par le passé, nous avons eu beaucoup de cas où un accident du travail avait été traité à la légère. Maintenant, chaque cas est étudié avec soin et franchise, autant par l 'employeur que par le travailleur.

Il existe entre l 'employeur et le travailleur un esprit vraiment positif en ce qui concerne la santé et la sécurité du travail. Nous prenons cette chose très au sérieux. Il ne se passe pas une journée sans que quelqu'un nous dise qu ' i l serait peut-être bon de corriger ceci ou cela, toujours dans le but d 'éviter un accident. C'est le genre d'esprit qui règne dans notre usine désormais.

Maintenant, parlons un peu des résultats. Parce que, entre 1983 et 1985, nous éprouvions des problèmes réels. En 1986, sur une moyenne de 60 travailleurs, nous avons eu 17 accidents et une perte s 'élevant à 440 jours de travail. En 1988, nous n 'avons encore eu que deux acci-dents mineurs et une perte de huit jours de travail, et nous sommes très confiants de pouvoir finir l 'année sans aucun autre accident.

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Il ne faut pas oublier que la compagnie Bandag récompense ses travailleurs. Dernièrement, nous avons eu un tirage de quatre prix de 500 $. Aussi, tous les deux ou trois mois, nous organisons un souper sur charbon de bois pour tous les tra-vailleurs, à la condition qu'il n 'y ait pas d'ac-cident pendant ce temps. Tout ceci s'explique par une volonté très nette de la haute direction de s'occuper de la santé et de la sécurité du travail et par une forte collaboration des travailleurs. Nous n'avons pas fait de miracles. Rien d'ex-traordinaire ne s'est passé, mais chacun y a mis du sien et tout le monde a collaboré.

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BILAN ET PERSPECTIVES

LA PARTICIPATION DES TRAVAILLEURS À LA FORMATION EN MATIÈRE DE SANTÉ ET DE SÉCURITÉ

Karen Messing, codirectrice du Groupe de Recherche-Action en biologie du travail, Université du Québec à Montréal

En 1976, l 'Université du Québec à,Montréal a signé un protocole d 'entente avec la CSN et la FTQ, qui prévoyait des ressources pour la for-mation et la recherche sur le milieu de travail. Sur demande, des professeurs devaient assurer l 'enseignement des sujets jugés utiles aux tra-vailleurs et aux travailleuses.

Dans le cadre de cette entente, j ' a i donné des cours sur le travail avec les radiations ionisantes, l ' oxyded 'é thy lène , les médicaments anticancer, sur la protection des femmes enceintes et du foetus et sur la protection des cellules reproduc-trices des deux sexes. D'autres chercheurs de notre équipe ont donné des cours sur la manuten-tion des charges, sur la protection de l 'ouïe et sur

les agents chimiques. J 'a i également participé à des projets de recherche visant à déceler et à prévenir les risques associés à l 'exposition aux radiations ionisantes. Nous avons transmis les résultats de ces recherches aux partenaires du milieu.

Je ne peux pas démontrer que les cours que je donne ont sauvé la vie ou la santé de travailleurs. Quand Mme Champoux Paillé, directrice des Communications à la CSST, m ' a demandé de prédire les perspectives de formation en milieu de travail, je ne me sentais pas assez clairvoyante pour lui répondre. Par contre, mes 12 ans d 'expé-rience de formation me permettent de tirer cer-taines conclusions et de formuler certaines re-commandations. Je suis sûre que les futurs pédagogues seront assez avisés pour suivre mes recommandations.

Le cours doit traiter de la réalité du milieu de travail

Des chercheurs montréalais ont fait une expé-rience en pédagogie des mathématiques. Ils ont choisi des bols, les premiers de classe en algèbre, et ils leur ont fait subir un test consistant à résoudre des problèmes d 'algèbre d 'ordre pra-tique. Par exemple, si on veut mettre des dalles d 'un mètre carré autour d 'une piscine, comment déterminer le nombre des dalles nécessaires, en fonction des dimensions de la piscine.

Élémentaire pour des premiers de classe, penserait-on ? Non seulement ils n 'ont pu répondre correctement à cette question, mais ils n 'ont même pas reconnu le problème comme un problème d'algèbre. Pour eux, l 'algèbre, qui s 'occupait des x et des y, n ' avait rien en commun avec la façon de gagner sa vie.

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Nous avons fait une étude sur l'utilisation des produits radioactifs dans les laboratoires de recherche où nous avons constaté une tendance semblable. En l'absence de formation particu-lière, les nouveaux utilisateurs ne font pas le lien entre leur cours de physique et la nature des produits radioactifs. Ainsi, ils ne voient pas nécessairement que la façon de calculer la décroissance, (demi-vie) de la radioactivité d'un produit est reliée au risque qui lui est associé. Comment parvient-on à faire établir ce genre de l ien?

Pour relier la formation au monde du travail, il faut consulter les travailleurs sur leur situation réelle de travail avant de concevoir leur programme de formation

Nicole Vézina, ergonome et membre de notre groupe de recherche, a été consultée par un employeur qui désirait un programme de forma-tion en milieu de travail. L'employeur trouvait que ses travailleurs avaient trop de maux de dos découlant de leur refus d ' utiliser certains équipe-ments protecteurs. Par exemple, ils maniaient des boîtes à bout de bras, sur la pointe des pieds, alors qu'il y avait un escabeau tout près d'eux. On a demandé, entre autres, à Mme Vézina d'expliquer aux travailleurs l'importance d'uti-liser l'escabeau.

Elle a demandé à faire une tournée de l'usine et elle a questionné les travailleurs pour savoir pourquoi ils n'utilisaient pas l'escabeau. La réponse obtenue décrivait l'escabeau comme très instable et précisait qu'il était impossible de descendre les boîtes sans un grand risque d'ac-cident.

L'ergonome a donc élaboré un programme de formation qui expliquait l 'importance de manier des charges sans mouvements de torsion de la colonne, en se référant aux situations précises où ces torsions peuvent sembler nécessaires et en suggérant certains réaménagements très simples

des postes de travail. Dans ce cas-là, il aurait été tout à fait inutile de donner un cours théorique sur les maux de dos et les bonnes façons de lever des boîtes.

On pourrait aussi parler des personnes qui manipulent des produits radioactifs sans écran protecteur parce que les écrans fournis sont trop grands et gênants quand la manipulation dure plus de quelques minutes.

On pourrait également souligner la raison pour laquelle 1 '1RS ST a commandité une étude sur les gants de protection. Dans les abattoirs de volaille, les travailleuses n'utilisentpas leurs gants d'acier maillé à certains postes de travail. Elles ont peur — fait basé sur l 'expérience — que les dents de la scie ronde qu'elles utilisent pour dépecer la volaille accrochent leurs gants.

Donc, pour bien orienter un programme de for-mation, il faut connaître le contexte où la forma-tion sera appliquée. Ceci nous amène à formuler un autre principe.

La formation doit consister en une recherche de solutions qui permettent aux travailleurs de mettre leurs connaissances en commun avec celles de la personne-ressource

Souvent, le travailleur est la seule personne qui connaisse certains éléments d 'un problème. Seule la préposée de la cafétéria sait que la lumière doit être suffisante pour voir les plats, mais que cette lumière ne doit pas, d'autre part, être trop éclatante, ce qui rendrait impossible la lecture du menu. Les employées qui travaillent aux écrans cathodiques savent quelles sont les couleurs les plus fatigantes, même si seul un spécialiste peut en expliquer la raison.

Une personne m ' a raconté qu'elle avait été appelée à trouver des solutions à un problème d'accidents et de malaises liés à la manutention

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de boîtes de biscuits. Elle est arrivée dans une atmosphère tout à fait hostile parce que le problème coïncidait avec la venue des femmes à l 'uni té d 'empaquetage, poste auparavant occupé uniquement par des hommes.

À la suite d ' une succession d 'accidents mineurs et de maux de bras et de dos, employeurs et travailleurs étaient unanimes : il fallait que les femmes retournent à leur poste original. Mais après quelques minutes de discussion — ils avaient d 'ai l leurs accepté d ' en discuter seule-ment parce que la désexisation des emplois avait exigé beaucoup d 'énergie — ils convenaient qu ' i l suffisait de changer les dimensions des boîtes, tout en gardant le m ê m e volume. De cette manière, les bras des femmes pouvaient les entourer. Le problème était résolu à peu de frais.

Un aspect très important de la mise en commun des connaissances consiste à organiser des échanges entre travailleurs. Souvent au cours d 'une session, certains travailleurs se rendent compte qu ' i l s ont, avec l 'expérience, mis au point des façons de faire qui peuvent être utiles à d 'autres. Par exemple, dans une session sur la stérilisation par l 'oxyde d 'é thylène, les tra-vailleurs d ' u n hôpital ont fait part d ' une façon relativement sûre de charger le stérilisateur avec ce gaz toxique. Leurs collègues ont, bien en-tendu, profité de ce partage de connaissances.

Il faut donner le maximum d'information

Bien sûr, la personne possède des connaisssances et une formation dont le milieu a besoin. Nous avons une compréhension des problèmes dont nous pouvons faire profiter le milieu. Et il ne faut surtout pas hésiter à le faire. Plus les travailleurs comprennent les bases d ' u n risque, plus ils sont capables d 'appl iquer ces connais-sances à la prévention.

J ' a i appris qu 'après une session de formation destinée à des techniciennes, un hôpital avait commencé à identifier les porteurs de sources

radioactives, de façon à minimiser l 'exposition des malades et des employés. Je n 'avais pas mentionné cette précaution lors de mon cours.

En fait, j e n ' y avais pas pensé. Mais la liste des paramètres de radioprotection dont j ' ava is parlé comprenait l 'ét iquetage des sources, avec ex-emples, et une discussion sur la façon de recon-naître une source. Les travailleuses ont fait le cheminement elles-mêmes. J 'a i appris plus tard que cette mesure de radioprotection était déjà appliquée dans plusieurs hôpitaux de l 'ouest des États-Unis.

Pour bien écouter, il faut mettre au point des techniques d'écoute

Quand on est consulté sur une question, on a des facilités d 'échange avec les personnes du mi-lieu. Mais si on est invité à donner une formation spécialisée l 'auditoire aplutôt tendance àécouter poliment.

Nous avons mis au point certaines techniques qui nous permettent de faire ressortir les problèmes. Nous commençons chaque session avec un tour de table où les participants s ' iden-tifient et parlent de leur poste de travail dans l 'optique de la santé et de la sécurité. Ceci permet à l 'animateur de connaître son auditoire et de faire une mise en commun de l ' informa-tion.

Après les explications de l 'animateur, nous échangeons nos vues afin de permettre l 'appli-cation des connaissances en milieu de travail. C 'es t surtout pendant cette période que les solu-tions d ' un milieu de travail sont expliquées aux autres. Il est souhaitable, pour permettre cet échange de perspectives, que des gens de différents milieux soient présents.

Il est également nécessaire de s 'assurer que l 'exercice sera évalué. C 'es t surtout grâce à ce mécanisme que mes propres interventions sont

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devenues de moins en moins théoriques. Au début, quand je parlais des dangers que peuvent encourir les femmes enceintes, j 'avais tendance à me concentrer sur les problèmes dont l 'effet est bien documenté, tels les produits chimiques, qui ne sont pas la source la plus commune de problèmes pour les travailleuses québécoises. De plus en plus, j 'aborde les problèmes qui peuvent résulter en une carence d'oxygène du foetus : certaines postures, l'épuisement, etc.

Ne pas isoler les éléments d'un problème de santé ou de sécurité

Au premier abord, écouter les travailleurs peut faire surgir des complications. Lorsqu 'on écoute bien, on se rend compte qu'il faut considérer le contexte des problèmes qui sont posés pour bien déterminer la formation nécessaire.

Je l'ai appris lorsque j 'a i été consultée par un groupe de travailleuses d'hôpital exposées aux radiations ionisantes. Elles étaient préoccupées à la fois par leur exposition, certaines failles de la dosimétrie et la possibilité d'expositions ac-cidentelles. En les écoutant parler, j 'a i appris qu'elles souffraient également de maux de dos etd'épuiserrentprofessionnel, qui les affligeaient tout autant.

Les radiations ionisantes, risque bien connu inhérent à leur profession, étaient plus facile-ment décellées. Mais la manutention des charges et 1 ' aménagement des périodes de repos posaient des problèmes et avaient des effets perceptibles dans la vie quotidienne. Les périodes de forma-tion ont donc porté autant sur ces aspects que sur la radioprotection.

Les questions portant sur des propositions de remplacement : il ne faut pas avoir peur de notre propre ignorance

Un des aspects les plus fascinants de mon travail de scientifique, c'est la découverte de nouveaux champs de recherche à la lumière des questions posées dans le milieu de travail. Malheureuse-ment, ce n'est pas toujours amusant, en plein milieu d'une session de formation, de se rendre compte qu'on ne possède pas la réponse à une question. Plus on est à l 'écoute des questions, plus celles qui ressortent sont inattendues.

Ceci est dû, en partie, au fait que, jusqu 'àprésent, les moyens dont disposait la communauté scien-tifique ne permettaient pas d'étudier des situa-tions réelles. Au lieu d'étudier les effets de la chaleur sur les calandreuses de buanderie, on amenait des femmes ou plus souvent des hom-mes en laboratoire dans des conditions con-trôlées.

Toutefois, à cause de ces conditions contrôlées, on ne pouvait pas tenir compte des effets sur la thermorégulation de courants d'air, de change-ments dans le rythme de travail ou de l 'effet produit par le levage de grandes charges de linge mouillé. De façon similaire, la vaste majorité des études de manutention des charges étaient faites sur des étudiants d'université, souvent des athlètes, dont le corps était en meilleur état que celui de la plupart des travailleurs.

Je me souviens très bien de mon étonnement, en 1978, quand je me suis rendue compte que je ne pouvais pas dire si un groupe de travailleurs exposés à une poussière radioactive risquait de contracter des cancers ou d'avoir des enfants malformés. J 'ai réagi à la question en pensant que mon ignorance serait vite comblée par des lectures scientifiques. Mais la science com-mençait tout juste à se pencher sur la question de savoir quelle quantitéde radium peut être stockée dans le corps d 'une personne qui le respire ou l'ingère involontairement.

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Mais il ne faut pas avoir peur de susciter les questions, même quand on ne peut y répondre. L'important est d'assurer le meilleur échange d'information possible où l 'animateur et les travailleurs peuvent profiter chacun des con-naissances de l 'autre et où les lacunes d' infor-mation sont clairement décelés.

Il ne faut surtout pas oublier de soumettre les questions les plus difficiles à l ' IRSST et à ses chercheurs, qui ont pour objectif de trouver des réponses aux questions pratiques soulevées par les situations réelles en milieu de travail.

LA RECHERCHE AU SERVICE DE L'INFORMATION ET DE LA FORMATION

Louis Berlinguet, directeur de l'Institut de recherche en santé et en sécurité du travail

Je sors à peine d 'un sommet technologique convoqué par le premier ministre Bourassa. Au cours de ce sommet, une question revenait sou-vent, la formation. On ne peut pas développer la technologie au Québec si on n 'a pas de gens formés. Si c 'est vrai pour la technologie, ça doit être vrai aussi pour la santé et pour la,sécurité du travail.

Pour moi la formation a un rôle capital, et je suis heureux de voir qu'il y a des gens comme vous qui, dans divers milieux, facilitent la formation de leurs collègues. C'est un rôle ingrat, mais absolument essentiel.

L'importance d'une information objective

Selon moi, la formation se fait à condition qu'il y ait une bonne information. Je pense que vous avez un rôle de formation, et il est important que vous disiez aux gens dont vous avez la responsa-bilité les vraies choses. Il faut que vous leur transmettiez une information tout à fait juste. C'est là où s 'impose le rôle de la recherche parce qu'il existe beaucoup de questions qu'on com-prend encore mal. Pour résoudre ces questions-là, il faut faire de la recherche.

Pour moi la recherche précède le reste. Elle fournit une information qui doit être la plus objective et la plus vraie possible. A partir de ce principe, votre travail commence. J'essaie de préciser ce que j 'entends par fournir de la bonne information. Pour moi, c 'est dire les choses telles qu 'elles sont, telles que la science nous les montre actuellement. La science ne peut pas apporter de réponses à tout, mais on doit tenir compte des notions scientifiques quand on dit des choses. C'est là que la recherche a un rôle important à jouer, que les chercheurs ont une grande responsabilité.

Au Québec, la santé et la sécurité est un domaine considérable, comme dans tous les pays indus-trialisés, et la CSST a cru bon, il y a quelques années, de former un institut de recherche que je dirige, l ' IRSST ou ïnstitutde rechercheen santé et en sécurité du travail.

11 y a, dans cet institut, à peu près 150 personnes qui font de la recherche tous azimuts sur des sujets très divers. On y étudie en effet la pous-sière d'amiante, le bruit, la surdité, les maladies pulmonaires, le stress, l 'ergonomie, les agents

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toxiques. Nous avons aussi, dans les universités, une centaine de chercheurs, comme Mme Mes-sing, subventionnés par l'Institut pour faire des recherches pour lesquelles nous n'avons pas les compétences qu'ils peuvent avoir.

Ces recherches sont essentielles. Mme Messing vous a dit que souvent les travailleurs ont peut-être une meilleure connaissance que les cher-cheurs des dangers de leur métier, de leur travail, et qu'ils proposent spontanément des sujets sur lesquels on doit travailler afin de trouver la meilleure information possible.

Cette information-là doit être la plus objective possible. C'est bien beau de dire, comme les médias, que les BPC, les dioxynes, les furanes sont très toxiques, mais encore faut-il nuancer cette information. Les dioxynes sont peut-être mille fois plus toxiques que les BPC et i l faut, lorsqu'on donne de l'information, que ce soit à la radio, à la télévision, dans les journaux ou dans les colloques de formation, qu'on se tienne le plus près possible de la réalité et des résultats scientifiques actuels.

La formation doit donc d'abord s'appuyer sur une information objective et bien faite.

Trouver les mots pour faire comprendre les résultats de la recherche scientifique

Deuxièmement, cette information, doit être comprise. Les hommes de science ont beaucoup de difficulté à traduire leur recherche en langage simple. H y a des exceptions, comme Mme Messing, chercheuse comme je n 'en ai pas beau-coup vu dans ma vie, parce que non seulement elle fait de la recherche de pointe, mais elle sait en communiquer le contenu. Elle parle aux gens en se mettant à leur niveau.

I l y a une façon de communiquer les résultats de la recherche scientifique. Si je vous dis que l'acide cyanhydrique est un poison, je dis une vérité. Si comme chercheur, je vous dis que l'acide cyanhydrique ou les cyanures sont un poison parce qu'ils bloquent les cytocônes C situés dans la mitochondrie des cellules, là je pense qu' i l n'y a pas grand monde qui va m'écouter. Le mineur qui utilise du cyanure dans les mines d'or ne s'intéressera pas vraiment au blocage des cytocônes C. I l faut donc que les recherches soient communiquées dans un lan-gage compréhensible pour tous. Ça, c'est diff i-cile, les chercheurs ont beaucoup de difficulté à le faire. Qui devrait le faire ? Les chercheurs ? Les agents de formation ? I l s'agit d'un long débat, mais parce que j 'a i travaillé toute ma vie avec des chercheurs, je peux vous dire que ceux qui savent transmettre clairement leurs résultats, font figure d'exception.

I l n'y a pas que les agents de formation qui ait un rôle à jouer. Je pense que les dirigeants d'entre-prise également en ont un. Je pense que les travailleurs eux-mêmes ont un rôle à jouer pour prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles.

Donc, la chaîne est très longue. Elle part de la recherche de la vérité, elle passe par une traduc-tion des résultats en langage simple. Elle passe à l'agent de formation que vous êtes et qui a objectif de donner cette information aux tra-vailleurs. Cette information-là doit être trans-mise aux dirigeants d'entreprise et, dans certains cas, ça peut donner lieu à des changements technologiques.

I l y a donc toute une série de maillons à la chaîne, qui doivent jouer un rôle. Le rôle du chercheur n'est pas plus important que celui de l'agent de formation. Nous sommes partie d'une longue chaîne, et si cette chaîne-là fonctionne bien, si chacun joue bien son rôle, je pense que nous atteindrons nos objectifs.

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Nous, à l'Institut, nous sommes très ouverts pour entreprendre des recherches sur des sujets qui nous sont inspirés par le milieu de travail. Nous ne sommes pas les seuls, bien sûr, i l y a d'autres instituts du même genre dans le monde. Nous nous tenons au courant de la recherche scientifique faite ailleurs et nous pouvons aller chercher l'information nécessaire pour répondre aux besoins de telle et telle industrie ou de tel et tel milieu.

LA COMMUNICATION-MARKETING AU SERVICE DE LA SANTÉ ET DE LA'SÉCURITÉ DU TRAVAIL

Claude Cossette, professeur en communication et image à l'Université Laval et fondateur de Cossette Communication—Marketing

I l est important aussi d'avoir des publications scientifiques qui nous donnent de courts résumés de recherches de deux pages faciles à com-prendre. Deux pages qui donnent, en langage simple, les résultats des recherches. Dix pages, s' i l y a des illustrations. Les études de 300 pages qu'on avait l'habitude de me soumettre et qui sont incompréhensibles, on peut les enfouir dans la bibliothèque. Aux agents de formation, ce sont les synthèses de quelques pages qui sont le plus utiles.

Je voudrais vous dire encore une fois jusqu'à quel point votre rôle est considérable. Nous sommes très heureux de pouvoir travailler avec vous. Vous pouvez compter sur notre assistance la plus totale. Je dois vous dire que, jusqu'à i l y a quelques

semaines, je ne connaissais rien au domaine de la santé et de la sécurité du travail. Sinon que, parce que je travaille à l'université, que je suis attaché à la Faculté des ans et que mes collègues travaillent avec des acides en gravure et qu'ils réclament une douche et que finalement l'ordi-nateur étant plus important que la douche, on donne le budget pour l'ordinateur plutôt que pour la douche servant à enlever l'acide qu'on a partout quand on a fini de travailler.

Ce qui m'a surpris énormément, c'est de voir jusqu'àquel point lesentreprisesqui s'intéressent à la santé et à la sécurité du travail obtiennent des résultats qui ont l'air si évidemment convain-cants. On se rend compte qu'introduire des programmes de santé et de sécurité, ça ne coûte pas de l'argent, mais ça peut même en rapporter.

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Quand je vois des entreprises comme Québécor, qui réduit de 55 % son taux d'accidents en deux ans et qui investit dans une semaine de formation pour ses 270 cadres, je me dis que pour des gens comme M. Péladeau, ça ne doit sûrement pas coûter de 1 ' argent, que ça doit plutôt en rapporter quelque part. Donc, quelquefois, je me demande jusqu'à quel point ce n'est pas l'espèce d'in-conscience des entrepreneurs, des gestionnaires qui fait qu'ils n'investissent pas plus que cela dans la prévention. I l y a peut-être aussi un petit défaut des responsables de la prévention qui ne travaillent pas encore assez pour les sensibiliser aux bienfaits de la prévention.

Quand je vois l'Alcan, qui coupe en quatre ans son taux d'accidents de 30 % t je me dis qu'i l doit être devenu évident pour l'Alcan que la matière première n'est pas la bauxite, c'est la matière grise. Ils se préoccupent de la personne et ils se

Tsont sans doute servi de leur matière grise pour y arriver.

Le coût de la négligence

Lorsque je constate qu'i l y a 1 000 accidents par jour, je trouve cela effarant. Je ne m'étais jamais rendu compte de cela. Je trouve épouvantable de constater qu 'entre 200 et 300jeunes de 25 ans et moins sont sacrifiés par des inconscients plus expérimentés autour d'eux.

Je pense à un slogan qu'a utilisé l'assurance-automobiledu Québec à ma suggestion d'ailleurs et qui disait : La personne avant toute chose. C'est cela que tous les entrepreneurs devraient avoir en tête, que c'est la personne avant toute chose. C'est donc du travailleur qu'i l faut se préoccuper à tous les niveaux.

Ça coûte cher, et j 'a i constaté que moi-même, en frais directs, je verse à peu près 200 $ par année à tous ces accidentés qu'on dédommage; 1200 000 $ divisés par 6 millions de Québécois. Car même si ce n'est pas mon financement

direct, en tant qu'impôts, c'est le produit na-tional brut qui tombe. Finalement, ça vient de ma poche quand même, c'est-à-dire que chaque Québécois donne environ 200 $ par année au financement de ce programme-là.

Je discutais avec différents interlocuteurs aujourd'hui, qui m'ont dit qu'en frais indirects, c'est deux à trois fois plus élevé. Quelqu'un d'autre a même réussi à me prouver que c 'est dix fois ce montant-là en frais indirects. Je me dis que c'est épouvantable.

Je me rends compte que pour les Constructions du Saint-Laurent, une poussière dans l 'oeil peut coûter 10 000 $ par semaine sur un chantier. J'ai calculé que le seul problème de la poussière sur les chantiers cause une irritation de 10 minutes par heure en dérangements de toutes sortes. Si vous avez un chantier de 100 travailleurs, i l vous en coûtera 100 travailleurs X 40 heures/sem. X 14,79 $ (manoeuvre) X 17 % (10 min/h), c'est-à-dire plus de 10 000 $ en perte de temps par semaine.

Je pense à tous ces entrepreneurs, tous ces gens d'affaires un peu partout qui ont de la difficulté à atteindre 2 % de taux de profit net à la f in de l'année avant impôt, ou 5 %. C'est épouvantable! Et qui en dépensent de 15 à 17% en pertes, dont ils ne se rendent pas toujours compte. On a eu la preuve aujourd'hui que des entreprises réussis-sent à baisser de façon spectaculaire ce taux de dépenses par des efforts conscients.

Le marketing de la santé et de la sécurité

I l peut y avoir une utilisation plus efficace de la communication dans l'ensemble de ce proces-sus. Je vends de la communication, j 'a i fait ma carrière dans ce domaine, parce que je suis persuadé que la communication publicitaire, celle qu'appelle la persuasion, la manipulation est un outil extrêmement précieux pour atteindre de grands groupes. Nous avons besoin de moyens de communication de masse.

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Contrairement à ce qu'on pense» l'objet de la communication-marketing est le destinataire avant tout. Qui est-il ? Que veut-il avoir ? De quoi s'attend-il qu'on lui parle ? On se met sur son terrain à lui pour lui parler. Je me rappelle que pendant des années, par exemple, on voyait, affichée au-dessus des routes, la banderole de la Semaine de la sécurité routière. Même si vous dépensez plusieurs centaines de milliers de dol-lars à chacune de ces semaines annuelles, vous ne créerez pas plus de sécurité routière.

Que faut-il faire ? C'est aller porter un message qui parle le langage des destinataires qu'on a identifiés puis jouer avec leurs cordes sensibles. Qu'est-ce qui fait bouger les gens ? On convain-cra peu de jeunes travailleurs (la cible) à porter le casque (l'objectif) en disant simplement Portez le casque ! I l faut user d'un axe motivateur : Qui aimera vous embrasser après ce coup sur la tête? et qu'on montre l'image d'une clef an-glaise tombant d'un étage ou l'image d'une pelle mécanique effleurant la tête d'un travailleur casqué. Là on se met sur son terrain. Quand tu as moins de 25 ans et que tu aimes ça, embrasser, c'est à cela que tu penses. Si tu es défiguré, i l y en apeut-être qui vont moins aimer cela, penses-y. C'est ça, se mettre sur son terrain, à lui.

Donc, faire de la communication-marketing, c 'est se mettre sur le terrain du destinataire, le con-sidérer comme un client et aller sur son terrain. De cette façon-là, on présente ses messages d'une façon différente. Si on est vraiment imprégné de cette idée, on présente ses messages différemment.

L'Image comme moyen de communication

Comme deuxième remarque, je dirai que les mots disent certaines choses, mais les mots, en général, sont le langage de la raison. Ce n 'est pas terrible pour faire bouger les gens, les ébranler dans leurs attitudes profondes.

Nous avons un autre moyen plus important et qui s'appelle l'image, mais dire quelque chose en image, c'est aussi long que de fabriquer un texte qui dit quelque chose. Aujourd'hui, les gens pensent souvent qu'on n'a qu'à prendre une image banale, dessinée rapidement, une photo et que ça va donner des résultats. Pas du tout. Vous savez, on est prêt à payer une semaine un rédac-teur qui va travailler sur un texte et cette semaine va coûter environ 500 $. Qui va accepter de payer une image 500 $ ?

Je dis que ce qui parle à la majorité et de façon instantanée, c'est l'image. Les gens ne lisent pas. Continuez à faire des revues, des bulletins, si vous le voulez. Seuls vos amis vont lire le bout d ' article que vous avez écrit. Même les journaux ne sont lus par personne.

Vous savez que La Presse n'est pas imprimée pour être lue. Elle est imprimée pour porter la publicité. Je suis un peu cynique. Même une bonne annonce d'un quart de page dans La Presse sera vue seulement par le tiers des lecteurs de La Presse et elle commencera à être lue que par le dixième des lecteurs de La Presse. Ce n'est pas beaucoup pour une bonne annonce.

Si l 'on compte seulement sur le texte à lire et que toute notre persuasion vient de ce véhicule qu ' on maîtrise mieux, pour la plupart, que les autres, encore que l'image, encore moins bien maîtrisée par plus de gens parce qu'on n'apprend pas à l'école à écrire des images, hélas, mais si on n'apprend pas à utiliser l'image comme moyen de communication, on manque le bateau.

Qu'est-ce qui fait la force d'une campagne comme celle de Provigo ? Campagne qui ne dit rien en pratique, mais l'image nous transmet cette espèce de feeling qui parle instantanément. C'est sur ce marché qu' i l faut aller si on veut parler un peu à tout le monde autour de soi.

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Donc, première chose que je vous dis, c'est qu'il faut se mettre sur le terrain du destinataire. Deuxième chose, i l ne faut pas oublier ce lan-gage extrêmement efficace et surtout instantané qui est l'image. I l faut investir autant d'argent, d'énergie dans ce moyen de communication, dans ce langage qu'on a en main, qu'on en dépense pour écrire des textes, si on veut vraiment pouvoir être entendu. D'autant plusqu'il y ades choses qui ne peuvent pas se dire autrement qu'en image.

Investir dans les communications internes

Troisième chose, c'est l'argent consacré à la communication de masse. Toutes les entre-prises ont des budgets de publicité. I l y a toujours une partie de cet argent qui devrait être utile à la communication interne, et celle-ci devrait être faite avec 1 ' aide de gens compétents, de publicitaires, de graphistes.

En général, ce qui arrive, c'est que lorsqu'on doit parler à l'extérieur on fait appel à des spécialistes. Quand on parle aux siens, tout est fait sur le coin du bureau, tout brinch à brang. Tout cela ne résout pas les problèmes. Pourquoi la clientèle :nterne n'est-elle pas aussi impor-tante que la clientèle externe ? D'autant plus que

ce sont nos premiers publicitaires. Si votre directeur du marketing ressent le besoin de parler aux clientèles externes par la publicité, i l devrait bien savoir que son premier canal de communi-cation, qui va lui faire de la bonne ou de la mauvaise publicité, ce sont ses proches collabo-rateurs, ce sont les employés, c'est l'ensemble du personnel de l'entreprise. I l devrait être d'accord avec le fait de mettre un peu d'argent pour convaincre tout ce monde de son système à lui. On dépense souvent à l'externe pour tra-vailler plus professionnellement et on refuse la plupart du temps de mettre les ressources finan-cières nécessaires pour s ' adresser aux employés, au personnel. On devrait se poser des questions là-dessus.

Je vous rappelle que, sûrement, la santé et la sécurité du travail, ça s'apprend, et je pense que grâce à la communication-marketing, vouspour-riez arriver à percer toutes les défenses, toutes les résistances. Je vous invite juste à réfléchir là-dessus.

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ANNEXE

LISTE DES PARTICIPANTS ET PARTICIPANTES

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LISTE DES PARTICIPANTS ET PARTICIPANTES

Allard, Lise Responsable du Service de santé du personnel Centre d'accueil Pierre-Joseph-Triest

Allard, Reine Présidente du comité CSST paritaire au CHUL

SCFP, local 1108

Archambault, Paul La Brasserie Molson du Québec ltée

Arsenault, Gérard Conseiller en prévention Kamyr Entreprise inc.

Asselin, François Chef du Service de F encadrement Centre Jeunesse de Ti l ly

Audy, L. Denis Directeur des services techniques Fortier Auto Montréal ltée

Auger, Richard Coordonnâtes, Marine Industrie ltée

Bachand, Richard Contremaître, Sidbec-Dosco inc.

Barsamian, E. Directeur administratif et commercial Société d'ingénierie Air Liquide

Beaudet, Yvon Infirmier, Hydro-Québec

Beaudoin, Pierre Intervenant en santé et sécurité du travail

Beaudry, Raymond Chargé de formation, Hydro-Québec

Beaulieu, Fernand Contremaître, B.F. Goodrich Canada

Beaulieu, Jean Les Câbles Canada ltée

Beaulieu, Johanne Coordonnatrice santé et sécurité M i l Davie inc.

Bélanger, Richard Responsable santé et sécurité du travail Conseil provincial des travailleurs unis de l'alimentation

Bélanger, Hélène Directrice des ressources humaines Fabrication Labrie inc.

Bell, Michel Pompier instructeur Institut de protection incendie du Québec

Bellefeuille, Normand Chef de division, Hydro-Québec

Beilerive, Pierre Président

Syndicat canadien des travailleurs du papier

Bergeron, Roger Président du comité de santé et de sécurité du travail Newman Steel

Bernier, Lionel Directeur, Groupe DMR inc.

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Berthiaume, Yves Comité de santé et de sécurité Travailleurs unis de la pétrochimie, local 7

Bertrand Jean-Louis Directeur général Association pour la santé et la sécurité du travail - Secteur affaires sociales

Blain, René Conseiller pédagogique Collège Lionel-Groulx

Blouin, Claude-Roch Consultante Les Établissements R.B. inc.

Bonneau, Gérald Vice-président Automobile Transport inc.

Bouchard, Caroline Hygiéniste du travail CH-DSC Valleyfield

Bouchard, Marcel Gérant de production Christina Canada inc.

Bouchard Andrée

Confédération des syndicats nationaux

Boucher, Gilles Responsable politique de main-d'oeuvre Centrale des syndicats démocratiques Boudreau, Michel Superviseur Pharmacia (Canada) inc.

Boudreau, Danielle Technicienne en prévention Mi l Davie inc.

Bourdages, Louise Professeure, Télé-Université

Bourdages, Hélène Préposée aux ressources humaines F. Pilon inc.

Bourque, Bernadette Technicienne en hygiène industrielle CLSC Saint-Hubert

Bouthiller, Lise Directrice adjointe, Service de gestion Service correctionnel du Canada

Branchaud, Maurice Directeur, Sécurité et Service La Brasserie Molson du Québec ltée

Brulotte, Roger Conseiller en gestion des ressources humaines Société de développement industriel du Québec

Campagna, Réal Directeur des services administratifs Cégep Joliette-de-Lanaudière

Careau, Gérard Comité santé-sécurité Syndicat des employés municipaux de Charlesbourg

Carmo, Léopoldina Secrétaire de direction Les Breuvages Nora inc.

Carrier, Bernard Agent d'information Fédération de la construction du Québec

Casavant, Luc Superviseur, F.W. Woolworth

Champoux, Huguette Responsable santé et sécurité du travail Résidence Jean-de-Lalande

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Charest, Gilles Syndicat pour la protection des travailleurs unis de Kénogami

Charest, Daniel Technicien en hygiène du travail CLSC des Seigneuries

Charron, Gilles Directeur santé, sécurité et environnement Dominion Textile inc.

Chassé, Noël QIT - Fer et Titane inc.

Clément, Michèle Présidente-directrice générale Michèle Clément, Récréologue

Clermont, Yves Fraternité des policiers de la CUM

Cloutier, Renald Agent de gestion du personnel Responsable de l' information universitaire Université du Québec à Trois-Rivières

Cloutier, Hertel Vil le de Beauport

Compagnat, Serge Représentant des travailleurs à la prévention Bombardier inc.

Cormier, Jeannot Directeur du service Champlain Pontiac-Buick-Cadillac inc.

Corriveau, Guy Représentant syndical Vi l le de Sherbrooke

Cosentino, Tina ASP fabrication de produits en métal et de produits électriques

Courchesne, Michel Gérant d'usine

Les Emballages Cascades inc.

Courcy, Herold Coordonnâtes en santé et sécurité Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec inc. Courtemanche, Lucie Confédération des syndicats nationaux

Cyr, Gilles Conseiller en prévention Association nationale de l'industrie du bois de sciage inc.

Daigle, Sabin Syndicat pour la protection des travailleurs unis Kénogami inc.

Dalcourt, Daniel Directeur du personnel Bow-Plastique ltée

Delamarre, Michel Conseiller en gestion du personnel CH Saint-Joseph de La Tuque

Delorme Gingras, Ginette Conseillère en santé et sécurité C.H. de Gatineau

Déry, Gaétan Vice-président Syndicat des salariés, Nutribec

Descheneaux, Raymond QIT - Fer et Titane inc.

Desranleau, André Prévention santé-sécurité Chagnon (1975) inc.

Desrochers, Line Les Emballages Cascades inc.

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Doyon, Roland Représentant syndical Vil le de Sherbrooke

Dubé, Denis Vice-président Syndicat des fonctionnaires municipaux de la ville de Victoriaville

Duchesneau, Louise Secrétaire administrative Musée David M. Steward

Dufault-Lacerte, Madeleine CLSC du Havre

Dufour, Lucien Service de prévention, Désourdy inc.

Dussault, Caroile Conseillère en santé et sécurité Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche

Dutremble, André Responsable santé-sécurité syndical Syndicat des employés Molson

Flynn, DanM Représentant syndical Union des employé-e-s de service Local 298 - FTQ

Fontaine, Réal Chef du Service du personnel Centre Jeunesse de Ti l ly

Fortin, Jacques Contrôleur Les Entreprises Lagacé inc.

Fortin, Michel Ingénieur de projets Les Produits Nacan Itée

Francoeur, André Secrétaire-correspondant Syndicat canadien des travailleurs du papier

Fraser, Jacques Coordonnâtes des services du personnel Commission scolaire Baldwin-Cartier

Gagné, Julien Coordonnâtes en santé-sécurité Bombardier inc.

Gagné, Claude Président comité santé-sécurité Syndicat des Métallos

Gagnon, Paul Directeur adjoint Santé, sécurité et formation Aciers Slater

Gagnon, Mona Personnel F.W. Woolworth Cie ltée

Gagnon, Paul-Henri Contremaître, Hydro-Québec

Gaudreau, Gilles Représentant en santé et sécurité Les Autobus M.C.I.

Gauthier, Réjeanne DSC, Maisonneuve-Rosemont

Gauthier, Roxanne Conseillère en santé et sécurité CH Hôtel-Dieu-de-Saint-Hyacinthe

Gauthier, Serge Directeur général Centre de gestion des risques du travail

Gemme, Denis Représentant syndical Canada Packers inc., division Shur-Gain

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Gendreau, Louis Directeur Affaires éducatives Direction générale de renseignement collégial Ministère de l'Éducation

Généreux, Alain Représentant à la prévention Syndicat T.C.A. local 187, unité M C I

Gervais, Carole Collège de l'Outaouais

Gignac, Michel Vice-président, responsable du dossier santé-sécurité Syndicat des employés de l 'Hôpital du Saint-Sacrement (CSN)

Giguère, Dr Richard, D.C. Président

Association des chiropraticiens du Québec

Girard, Yvan

Conseiller en formation en santé et sécurité Cégep de Valleyfield Godin, Pierre Enseignant, C.S. Charlesbourg

Gonthier, Dr André-Marie Ordre des chiropraticiens du Québec

Gosselin, Michel Syndicat des fonctionnaires municipaux de vi l le de Victoriavil le

Guay, Jean-Claude Agent de prévention La Brasserie Molson du Québec ltée

Hallé, Richard Représentant syndical Vi l le de Sherbrooke

Harrisson, James Coordonnâtes en santé et sécurité Les Emballages Mitchell-Lincoln ltée

Harvey, Gilles Fédération des syndicats du secteur de l 'aluminium

Harvey, Léonce Comité de santé et de sécurité Syndicat des employés manuels

Hinse, Jean-Marie Agent de prévention, Hydro-Québec

Huard, Serge Camoplast inc.

Jeanrie, Alain Directeur du Service du personnel Commission scolaire des Écores

King, Johanne Directrice des soins infirmiers Hôpital Sainte-Anne-de-Beaupré

la Krick, Monique Comité de santé et de sécurité CÉGEP de Valleyfield

L'Heureux, Léo Vice-président, Ressources humaines Scierie Saint-Michel inc.

Labbé, Paul-André Chef d'équipe Tôle gaufrée de Québec inc.

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Goyetie, Serge

Contremaître, Canada Packers inc.

Gravel, Marie-Anna

Infirmière, Service de santé au travail

Grenon, Marcel C o o r d o n n â t e s en prévention Forage à diamant Philippon inc.

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Laferrière, Jean-Pierre Directeur de distribution Pharmacia (Canada) inc.

Laflamme, Rolland Président Roméo Laflamme & Fils inc.

Lafontaine, André Vice-président Kingsway Transports Ltd

Lafrance, Lomer Coordonnâtes ministériel Ministère de l'Environnement

Lalonde, Michèle Conseillère, ASSTIC

Lanctôt, Andrée Coordonnante en santé et sécurité G.L.C. Canada inc.

Langlais, Diane Coordonnatrice en santé et sécurité Forage Saint-Lambert

Laporte, Ja« ;ues Représentant syndical Marine Industrie ltée

Laramée, Gisèle Adjointe au directeur des ressources humaines Collège Edouard-Montpetit

Larivière, Michel Directeur Le Groupe Jean Coutu

Lebeau, Jean-Jacques Chef de section - Prévention Sidbec-Dosco inc.

Leblanc, Denis Coordonnâtes en santé et sécurité B.F. Goodrich Canada

Leblanc, Claude Directeur en santé et en sécurité M I L Davie inc.

Lecavalier, Claude-Clément Syndicat des employés du Sol l ic i tes général du Canada

Leclerc, Damien Ministère de l'Agriculture

Lefebvre, Nicole Direction de la santé publique Ministère de la Santé et des Services sociaux

Lemieux, Albert Chef de service, Santé-sécurité Sidbec-Dosco inc.

Lemire, Suzanne Coordonnatrice à l'éducation Société canadienne du cancer

Lemoyne, Gabriel Coordonnateur en santé et sécurité Les Câbles Canada ltée

Lemyre, Andrée Directrice du personnel Institut du cancer de Montréal

Léonard, Robert Vice-président Kingsway Transports Ltd

Lepage, Luc Directeur Service administratif C.H. D'Youvi l le de Saint-Jérôme

Lessard, Ginette Infirmière, Bombardier inc.

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Lévesque, Gastin Directeur général C.P.A. Cantons de l'Est

Lizotte, Réginald Représentant à la prévention Syndicat 301 W, TV AC

Maltais, Jeannot Papetier, Syndicat local 50

Manny, Jean-Pierre Direction générale des ressources humaines Ministère de l'Éducation

Marcelais, Lise Rédactrice en santé et sécurité, Bell Canada

Marier, Benoit Président Clinique de médecine industrielle des Laurentides

Marion, Gilles Coordonnâtes en santé et prévention au travail Papiers Scott ltée

Martineau, Claude Coordonnâtes de l'enseignement professionnel

Commission scolaire de Charlesbourg

Massé, Lucie Responsable en santé et sécurité du travail Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche Mathieu, Claude Contremaître B.F. Goodrich Canada

McCabe, Denise Ergothérapeute Les Services d'ergothérapie de Montréal inc.

McDougall, Nelson Directeur de sécurité Transport McCallum inc.

Mercier, Micheline Infirmière CLSC de la Petite Nation

Messier, Thérèse Exeltor inc.

Métivier, Louis

Syndicat des Métallos, local 8897

Métivier, Gilles Conseiller en santé et sécurité Vil le de Montréal Miller, Serge

Menuisier, Chambly Entretien, local 57

Moisan, Réjean Conseiller en santé et sécurité Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec inc. Montpetit, Ève Ergothérapeute Aide à l'autonomie physique et professionnelle

Montreuil, Réjean Comité de santé et de sécurité Syndicat des employés manuels

Morin, Johanne Directrice de douanes et trafic Messageries de presse Benjamin inc.

Morissette, Bernard Coordonnâtes

Commission scolaire des Draveurs

Normand, Conrad Président, Syndicat des employés de l 'Hôpital Saint-Sacrement (CSN)

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Ohannessian, Chavarche Enseignant CECM-SEA, Antonio-Barrette

Pageau, Benoît-Marie Chef du service de santé Centre hospitalier Georges-Frédéric

Pappas, Georges Association de la prévention des accidents industriels

Patenaude, Suzanne Conseillère en ressources humaines Métro-Richelieu inc.

Péclet, Carole Vice-présidente aux relations publiques Ordre des chimistes du Québec

Pelierin, Eddy Conseiller en hygiène du travail DSC Hôpital Chales-Lemoyne

Pelletier, Denis Infirmier

CH-DSC Hôtel-Dieu de Lévis

Perron, Lévis Comité de w i t é et de sécurité Groupement forestier Charlevoix Picard, Jean-Yves Syndicat des employés d'Esmond

Pigeon, Pauline Coordonnatrice en santé-sécurité Catelli inc.

Plante, Micheline Chef da service de santé Centre hospitalier Cooke

Pommier, Raymond Adjoint à l'indemnisation des accidentés Chemins de fer Nationaux du Canada

Potvin, Roland Responsable de santé et sécurité Victoria Précision inc.

Poulin, Christine Département de santé communautaire Centre hospitalier Grand Portage

Poulin, Marie-Thérèse Infirmière, Hydro-Québec

Provencher, Henri Responsable de santé et sécurité SECTR Cégep de Trois-Rivières

Provost, Louise Conseillère en ressources humaines Hudon et Daudelin ltée

Rainville, Jocelyne Comité de santé et de sécurité Syndicat des employés municipaux de Charlesbourg

Rajotte, Martial QIT - Fer et Titane inc.

Rancourt, Norman Directeur en santé et sécurité Bombardier inc.

Ricard, Hélène Gérante de bureau Christina Canada inc.

Ricard, Gaétan Les Câbles Canada ltée

Riel, Louis Agent de prévention Société du Port de Québec

Rioux, Guy Conseiller en sécurité Hydro-Québec

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Robitaille, Gilles Coordonnateur en santé et sécurité du travail Service de protection en santé et sécurité Université Laval

Robitaille, Marie-Josée Conseillère, Association pour la santé et la sécurité du travail — Secteur affaires sociales

Roby, Christiane Frito-Lay Canada

Rolland-Taillon, Francine Bureau de santé Centre hospitalier D'Youvil le

Roy, Suzanne Technicienne en hygiène du travail CLSC des Seigneuries

Roy, Camille Régisseur, terrains et bâtiments Collège Bois-de-Boulogne

Roy, Jean Directeur général A.P.S.S.A.P.

Sabourin, Anne Directrice des ressources humaines Technilab

Salois, Lise Directrice de l'administration U.S.F.E.G. Assurance Canada

Samson, Raymond Coordonnateur

Centre hospitalier régional Baie-Comeau

Sévigny, Lise Infirmière, Service de santé du personnel Centre d'accueil Edmond-Laurendeau

Simard, Louis Agent de gestion Hôpital de Chibougamau ltée

Soucy, Roger Superviseur régional en sécurité Kingsway Transports Ltd

Saint-Onge, Donald Exeltor inc.

Sztankovics, Marie Personnel-Dossier CSST Xcaliber Division de 147911 Canada inc.

Tanguay, Marcelle Infirmière, CLSC Katéri

Tardif, Jacques Chef de division formation, Hydro-Québec

Tartière, A. Joël Président (comité) employeur Comité de sécurité et de santé

Tétreault, Guilaine Infirmière, Catelli inc.

Théberge, Lise Service de santé et sécurité au travail Centre hospitalier Saint-Eustache

Therrien, Marcel Directeur des ressources matérielles Ministère de l'Éducation

Tremblay, Robin Directeur— personnel et sécurité J.R. Théberge (1980) ltée

Tremblay, Martin Coordonnateur en santé au travail CRSSS de la Côte-Nord

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Tremblay, Claude Papetier, Syndicat local 50

Tremblay, Donald Comité de santé et sécurité Syndicat des employés manuels

Trépanier, Maurice Chef de section - Prévention-Sûreté Sidbec-Dosco, usine de Montréal

Turmel, Hélène Gestionnaire des risques et assurances Commission scolaire régionale de Chambly

Vanasse, Cécile Responsable de la formation Centrale des syndicats démocratiques

Vandal, Jacques Organisateur communautaire CLSC Arthur-Caux

Verreault, Francis Répondant local patronal Ministère de la Sécurité publique

Weiss, Fran? Chef de service Volkswagen Canada inc.

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F 8109 Monique Jérôme-Forget, Yves Morisset et al.

AUTEURActes du colloque sur la for-mation en santé et en sécurité du travail. (Montréal, 14 oct. 1988)

TITRE

NUMÉRO • - « t c i iq

F 8109

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Gouvernement du Québec U S d c 4 < x m o i o < * m