« Il y a un tel souffle dans les vers, une telle vibration, qu’on pourrait jouer la pièce dans sa nudité, presque sans décors. »

Ces propos de Georges Lavaudant semblent bien résumer son parti pris de metteur en scène : faire résonner les alexandrins d’Edmond Rostand, leur verve et leur passion. Avec au centre, l’acteur, ce passeur de nos classiques, de nos « immortels » selon la formule d’Italo Calvino. Et pourtant, la postérité n’était pas gagnée pour ce Cyrano de Bergerac du 19e siècle, jugé parfois surfait, trop « fin de siècle »… Mais relire Cyrano aujourd’hui en compagnie de Georges Lavaudant, c’est se rendre compte que loin de toute gaudriole, l’œuvre est une grande pièce d’amour.

COMÉDIE HÉROÏQUE OU DRAME ROMANTIQUE ?

En 1897, Edmond Rostand définit sa pièce lui-même comme « une comédie héroïque en cinq actes ». Il revendique ainsi ses influences, entre comédie espagnole, commedia dell’arte mais également drame romantique. Tout comme ses prédécesseurs Hugo ou Musset, il affirme une esthétique du mélange des genres, sans frontières nettes entre comique et tragique. Cependant si l’auteur ne cache pas ses modèles, il s’en écarte avec finesse dans ce Cyrano de Bergerac. Le pathétique dénouement en est la preuve : le comique a levé les masques, le grotesque a laissé place au sublime et dévoile une pièce d’amour grave et puissante. « On peut trouver ridicule les derniers mots de Cyrano sur le panache qu’il emportera au paradis. Mais au fond, les mots sont bouleversants, profonds et d’une

dans ce rôle, Patrick Pineau, artiste associé au Grand T et compagnon de toujours de Georges Lavaudant qui lui offre une mise en scène au service de l’acteur : peu de décors pour une place totale laissée au vers et à son héroïsme, au corps et à son combat avec les mots. Pour Daniel Loayza : « Cyrano, en somme, joue un rôle, le sien, celui du Cyrano qu’il doit être pour être à la hauteur de Cyrano : comme tout comédien jouant un rôle, il n’existe qu’à force de le faire croire à ceux qui l’entourent, en brûlant d’une flamme qui ne brille qu’en le consumant. Acteur et auteur de sa propre pièce, Cyrano est peut-être l’un des noms du théâtre. Pour assumer un nom pareil, il fallait un interprète hors normes… »

GEORGES LAVAUDANT

Ancien directeur de la Maison de la Culture de Grenoble, codirecteur du TNP de Villeurbanne, avec Roger Planchon, directeur de l’Odéon Théâtre de l’Europe, Georges Lavaudant a mis en scène de nombreux spectacles. En novembre 2007, il crée sa compagnie LG Théâtre et monte La Mort d’Hercule, d’après Sophocle à la MC2 de Grenoble. En mars 2008, il met en scène à l’Opéra de Montpellier Scènes de chasse de Kleist et à l’automne 2008, il crée La Clémence de Titus et reprend sa mise en scène des Géants de la montagne de Pirandello à Tokyo. Parmi ses dernières mises en scène figurent notamment Roberto Zucco de Koltès, La Nuit de l’iguane de Tennessee Williams, Le Misanthrope de Molière, Ajax en collaboration avec Matteo Bavera, Une Tempête d’après La Tempête et Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare,

sincérité totale. Quand on met en scène Cyrano, on ne peut pas se permettre de faire le malin avec cette sincérité » explique le metteur en scène. Ainsi, les personnages de l’œuvre se construisent et se métamorphosent à travers leur cheminement amoureux. Ils ne sont ni superficiels, ni stéréotypés, mais au contraire, mus par leurs transformations intimes. Roxane, légère, inconséquente au début de l’œuvre, finit en prise avec ses vertiges amoureux. Consciente de la supercherie au dénouement, elle comprend que la part spirituelle de Christian n’était rien d’autre que celle de Cyrano. « Signant son nom à la pointe de son épée et de sa plume, Cyrano, né de l’excès, est donc toujours “trop” Cyrano, superlativement drôle, incomparablement brave – toujours en représentation. C’est comme s’il ne vivait que d’un crédit tiré sur son propre néant, et dont les intérêts ne lui seraient payés qu’en mots. Bons mots au demeurant, ardents, étincelants, spirituels, lestés du poids d’une existence qui se sait si vide et fragile » explique Daniel Loayza, le dramaturge du spectacle. Impossible donc de déplorer la fanfaronnade de Cyrano de Bergerac : l’œuvre d’Edmond Rostand est un coup de tonnerre dramatique dont l’écho résonne encore aujourd’hui sur nos scènes contemporaines.

CYRANO, « ACTEUR DE SA PROPRE PIÈCE »

Au centre de la pièce, un homme, un personnage, un acteur. Le Cyrano exhibitionniste, comédien aux mille facettes, prêt à jouer des tours pour venir en aide à son ami. Un être de l’outrance et de l’hyperbole. Et

Macbeth Horror Suite de Carmelo Bene et Fado Alexandrino de Lobo Antunes, en collaboration avec Nicolas Bigards. En janvier 2012, il met en scène La Cerisaie de Philippe Fénelon à l’Opéra National de Paris.

PATRICK PINEAU

En tant que membre permanent de la troupe de l’Odéon et sous la direction de Georges Lavaudant, Patrick Pineau participe à Féroé, la nuit, Terra Incognita, Un chapeau de paille d’Italie, Ajax/Philoctète, Tambours dans la nuit, La Noce chez les petits bourgeois, L’Orestie, Fanfares, Un fil à la patte, La Mort de Danton, La Cerisaie. Au cinéma, il travaille, entre autres, avec Éric Rochant, Francis Girod, Bruno Podalydès, Tony Marshall, Marie de Laubier et Nicole Garcia. En 2006 au Théâtre de l’Odéon, il met en scène Des arbres à abattre de Thomas Bernhard. L’année suivante, il met en scène trois spectacles : les pièces en un acte de Tchekhov (La Demande en mariage, Le Tragédien malgré lui, L’Ours - présentées par Le Grand T en Loire-Atlantique en 2008 et 2009) ; On est tous mortels un jour ou l’autre d’Eugène Durif et Les Trois Sœurs de Tchekhov créé au Grand T en 2007. En 2009, après La Noce de Bertolt Brecht, il crée un festival avec le Rayon Vert à Saint-Valéry-en-Caux autour de lectures de textes de Flaubert et d’Annie Ernaux. À l’automne 2010, il monte Sale août de Serge Valletti (programmé au Grand T en janvier 2013), puis en juillet 2011, pour la 65e édition du Festival d’Avignon, Le Suicidé de Nicolaï Erdman (présenté au Grand T en mars 2012). Patrick Pineau est artiste associé au Grand T depuis 2011.

Texte Edmond Rostand

Mise en scène Georges Lavaudant

Avec

Patrick Pineau Cyrano

Marie Kauffmann Roxane

Frédéric Borie Christian

Gilles Arbona De Guiche

François Caron Le Bret

Olivier Cruveiller Ragueneau

Laurent Manzoni Le fâcheux, Carbon de Castel Jaloux

Muriel Solvay La duègne, Mère Marguerite

Bernard Vergne Bellerose, un cadet, Bertrandou

Emmanuelle Reymond Lise, la comédienne, Soeur Marthe

Pierre Yvon Montfleury, un cadet, le capucin

Stéphane Czopek Le bour-geois, le mousquetaire, un cadet

Alexandre Zeff Valvert, un apprenti, un poète, un cadet

Loïc-Emmanuel Deneuvy Un marquis, un apprenti, un poète, un cadet

Julien Testard Un marquis, un apprenti, un poète, un cadet

Maxime Dambrin Lignière, un cadet

Marina Boudra Une servante, une apprentie, Sœur Claire, un cadet

Dramaturgie Daniel Loayza

Décor et costumes Jean-Pierre Vergier

Assistante costumes Géraldine Ingremeau

Son Jean-Louis Imbert

Lumières Georges Lavaudant

Vidéo Mathias Szlamowicz

Maître d’armes François Rostain

Maquillages et effets spéciaux Sylvie Cailler

Perruques Jocelyne Milazzo

Assistante à la mise en scène Fani Carenco

Construction des décors et réalisation des costumes Ateliers de la MC93, Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis

CYRANO DE BERGERACEDMOND ROSTAND

DURÉE DU SPECTACLE 2h20 sans entracte

Coproduction LG Théâtre, MC93 Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Les Nuits de Fourvière, département du Rhône, Les Gémeaux/Sceaux scène nationale.Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National et de la Maison Louis Jouvet/ENSAD de Montpellier.

Patrick Pineau est artiste associé au Grand T, théâtre de Loire-Atlantique.

84, rue du Général Buat BP 30111 44001 Nantes Cedex 1Le Grand T est subventionné par le Département de Loire-Atlantique, avec le soutien de la Ville de Nantes, du Conseil régional des Pays de la Loire et de l’État – Préfet de la région Pays de la Loire – direction régionale des affaires culturelles - dans le cadre du programme scènes conventionnées.

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07 - 16 NOV - LE GRAND T

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LES PROCHAINS RENDEZ-VOUS DU GRAND T

SÉISME Texte et mise en scène Cristián Soto Mercredi 13 et jeudi 14 novembre - Le Grand T - La Chapelle

LE PASSÉ ET LE PRÉSENT Concert de Wassifudin DagarFilm de Mani KaulDans le cadre du Festival des 3 Continents Mercredi 20 novembre - Le Grand T

MODÈLES Mise en scène Pauline BureauDramaturgie Benoîte Bureau Du mardi 19 au jeudi 21 novembre - TU-Nantes THÉÂTRE DES HUMANITÉS

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Rédaction : Agathe Le Taillandier de GaboryLicences d’entrepreneur de spectacles 1-142915 2-142916 3-142917