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Bulletin d’informations et de liaison de la Chambre d’agriculture et de la FDGA de la Sarthe sommaire Document réalisé par la Chambre d’agriculture de la Sarthe 15 rue Jean Grémillon - CS 21312 - 72013 LE MANS Cedex 2 - Tél. : 02 43 29 24 24 Fax : 02 43 29 24.25 E-mail : [email protected] N° d’inscription à la Commission Paritaire : 1037 A.D.E.P. Retrouvez le clip vidéo de cette journée sur www.sarthe.chambagri.fr n° 221 - Déc. 2014 Effluents d’élevage : de l’or en tas ................................................. 2 Couverts végétaux : de l’implantation à la destruction ............. 4 Maïs : implanter avec des techniques simplifiées ...................................................... 6 Colza : quelle technique de travail du sol pour une bonne implantation ? ..... 8 Luzerne : une alliée de poids dans les rotations céréalières ................... 10 Variétés blé : comment réussir son mélange ? ............... 11 Blé : si on parlait fongicides ? ................... 12 Orge hybride : adapter le fractionnement des apports azotés .................................... 15 Blé tendre : le fractionnement de la dose d’azote influe-t-il sur le rendement et le taux de protéines ? ................................ 16 Nouvelle organisation de la Chambre d’agriculture ..................... 18 “La plate-forme cultures : un évènement créé par des agriculteurs pour des agriculteurs”. En Sarthe, de nombreux projets et actions sont mises en place grâce au travail et à la réflexion des agriculteurs et des Groupes de développement. Depuis 4 ans déjà, les adhérents des GDA de Château-du-Loir et du Lude ont réuni leurs forces. Les actions que nous menons en commun permettent de redynamiser le secteur et de répondre au plus près des attentes des agriculteurs. C’est dans cet esprit d’échanges et de travail collectif qu’est née la volonté d’organiser une plate-forme cultures sur notre secteur. L’objectif : expérimenter, créer des réfé- rences locales et trouver des solutions innovantes. Il s’agit aussi de tester de nouvelles méthodes dans lesquelles un agriculteur n’oserait pas forcément s’engager seul. C’est cela aussi la force des groupes ! Une force enrichie par les échanges entre les conseillers, les experts et les partenaires. Le passage en zone vulnérable d’une grande partie des deux cantons a entraîné de nouvelles contraintes réglementaires à intégrer dans nos stratégies d’exploitation. Cela nécessite aussi de développer de nouvelles techniques de production. L’obligation d’implanter des couverts végétaux en fait partie. Nous nous sommes demandés comment transformer une contrainte en un atout. Quand on parle couverts végétaux, une question revient régulièrement : comment les détruire ? Les essais sur l’implantation des cultures intégraient donc 2 choses : la mise en place de différents couverts végétaux ou de plantes compagnes ET les différentes techniques d’implantation pour la culture suivante. Et comme dans nos groupes, chacun a sa manière de travailler et des outils de travail du sol différents, nous avons fait le choix de travailler à partir du matériel existant sur les exploitations du secteur. Et les céréales dans tout ça ? Nous ne les avons pas oubliées. Plusieurs questions à traiter : comment faire un bon mélange et donc choisir les bonnes variétés ? Comment gérer la fertilisation du blé, tout en réussissant à maintenir un taux en protéines intéressant ? Enfin, dans un contexte où l’on parle réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires, comment définir sa stratégie en terme de fongicides ? Vous avez pu voir les essais de la plate-forme qui s’est déroulée le 6 Juin 2014, sur l’exploitation de Nadine et Laurent TOUET, à Lavernat. Nous vous proposons dans ce numéro de la Lettre du Développement plus de résultats et le fruit de notre travail. Par cet édito, nous souhaitons aussi, remercier tous les bénévoles qui ont aidé à créer cet événement. Sans eux, il n’aurait pas vu le jour. Bonne lecture à tous ! Michel Cuinier et Eric Loyau Agriculteurs à Chenu et Saint-Germain-d’Arcé Présidents des GDA de Château-du-Loir et du Lude NUMÉRO SPÉCIAL “Résultats techniques de la plate-forme cultures de LAVERNAT”

de la plate-forme cultures de LAVERNAT” n° 221 - Déc. 2014 ... · Plusieurs questions à traiter : comment faire un bon mélange et donc choisir les bonnes variétés ? Comment

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Bulletin d’informations et de liaison de la Chambre d’agriculture et de la FDGA de la Sarthe

sommaire

Document réalisé par la Chambre d’agriculture de la Sarthe15 rue Jean Grémillon - CS 21312 - 72013 LE MANS Cedex 2 - Tél. : 02 43 29 24 24 Fax : 02 43 29 24.25E-mail : [email protected] N° d’inscription à la Commission Paritaire : 1037 A.D.E.P.

Retrouvez le clip vidéo de cette journée sur www.sarthe.chambagri.fr

n° 221 - Déc. 2014

Effl uents d’élevage : de l’or en tas ................................................. 2

Couverts végétaux : de l’implantation à la destruction ............. 4

Maïs : implanter avec des techniquessimplifi ées ...................................................... 6

Colza : quelle technique de travaildu sol pour une bonne implantation ? ..... 8

Luzerne : une alliée de poidsdans les rotations céréalières ................... 10

Variétés blé : comment réussir son mélange ? ............... 11

Blé : si on parlait fongicides ? ................... 12

Orge hybride : adapter le fractionnement des apports azotés .................................... 15

Blé tendre : le fractionnement de la dose d’azote infl ue-t-il sur le rendement et le taux de protéines ? ................................ 16

Nouvelle organisationde la Chambre d’agriculture ..................... 18

“La plate-forme cultures : un évènement créé par des agriculteurs pour des agriculteurs”.

En Sarthe, de nombreux projets et actions sont mises en place grâce au travail et à la réfl exion des agriculteurs et des Groupes de développement. Depuis 4 ans déjà, les adhérents des GDA de Château-du-Loir et du Lude ont réuni leurs forces. Les actions que nous menons en commun permettent de redynamiser le secteur et de répondre au plus près des attentes des agriculteurs.

C’est dans cet esprit d’échanges et de travail collectif qu’est née la volonté d’organiser une plate-forme cultures sur notre secteur. L’objectif : expérimenter, créer des réfé-rences locales et trouver des solutions innovantes. Il s’agit aussi de tester de nouvelles méthodes dans lesquelles un agriculteur n’oserait pas forcément s’engager seul. C’est cela aussi la force des groupes !Une force enrichie par les échanges entre les conseillers, les experts et les partenaires.

Le passage en zone vulnérable d’une grande partie des deux cantons a entraîné de nouvelles contraintes réglementaires à intégrer dans nos stratégies d’exploitation. Cela nécessite aussi de développer de nouvelles techniques de production. L’obligation d’implanter des couverts végétaux en fait partie. Nous nous sommes demandés comment transformer une contrainte en un atout. Quand on parle couverts végétaux, une question revient régulièrement : comment les détruire ?Les essais sur l’implantation des cultures intégraient donc 2 choses : la mise en place de différents couverts végétaux ou de plantes compagnes ET les différentes techniques d’implantation pour la culture suivante.Et comme dans nos groupes, chacun a sa manière de travailler et des outils de travail du sol différents, nous avons fait le choix de travailler à partir du matériel existant sur les exploitations du secteur.

Et les céréales dans tout ça ? Nous ne les avons pas oubliées. Plusieurs questions à traiter : comment faire un bon mélange et donc choisir les bonnes variétés ? Comment gérer la fertilisation du blé, tout en réussissant à maintenir un taux en protéines intéressant ? Enfi n, dans un contexte où l’on parle réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires, comment défi nir sa stratégie en terme de fongicides ?Vous avez pu voir les essais de la plate-forme qui s’est déroulée le 6 Juin 2014, sur l’exploitation de Nadine et Laurent TOUET, à Lavernat. Nous vous proposons dans ce numéro de la Lettre du Développement plus de résultats et le fruit de notre travail.

Par cet édito, nous souhaitons aussi, remercier tous les bénévoles qui ont aidé à créer cet événement. Sans eux, il n’aurait pas vu le jour.

Bonne lecture à tous !

Michel Cuinier et Eric LoyauAgriculteurs à Chenu et Saint-Germain-d’ArcéPrésidents des GDA de Château-du-Loir et du Lude

NUMÉRO SPÉCIAL“Résultats techniques

de la plate-forme culturesde LAVERNAT”

La Lettre du Développement - N° 221 - Décembre 2014La Lettre du Développement - N° 221 - Décembre 20142 3

DOSSIER : résultats techniques de la plate-forme cultures de Lavernat

Pourquoi t’es-tu investi dans le Comité de Pilotage de la plate-forme cultures ?Je suis adhérent à un Groupe de Développement Agricole depuis mon installation en 1983. J’ai eu envie d’être ac-teur de ce projet. Je pense qu’il faut des volontaires pour évoluer. Il ne faut pas tout attendre des autres. Il est bien de se remettre en cause dans notre métier pour avancer.Les démonstrations grandeur nature me plaisent. Nous avons donné nos idées et la Chambre d’agriculture a été réceptive à nos demandes.

Que peux-tu nous dire sur le pôle céréales ?Les essais sur les fongicides, les produits de bio contrôle, la fertilisation pour la recherche des protéines sont des thèmes que nous souhaitions aborder. Nous avons vu visuellement les différences entre variétés ou entre traite-ments fongicides et cela s’est confi rmé sur le rendement. Ça a été très frappant. Je pense revoir mes choix des variétés par rapport à la qualité boulangère et à la résistance à certaines maladies. J’attends maintenant les résultats totaux pour adapter mes futures stratégies de traitement.

Et sur le pôle implantation ?Nous avons décidé de travailler ensemble sur l’implanta-tion du colza et des cultures de printemps, en utilisant les outils présents dans nos exploitations ou en Cuma.Au départ, je n’étais pas convaincu par le semis simplifi é mais je constate que cela fait aussi bien que le labour. Même si, pour l’instant, je continue de labourer, je me pose la question de simplifi er le travail du sol pour l’im-plantation de céréales, voire même pour l’implantation du maïs sur blé.L’évolution de la réglementation Directive Nitrates rendant obligatoire la mise en place de couverts nous amène aussi à de nouvelles réfl exions, pour l’implantation et la des-truction des couverts. Les essais ont été une excellente démonstration, qu’il serait bien de continuer sur d’autres secteurs avec d’autres types de sol et aussi des années au climat différent.

Et les groupes dans tout ça ?Un évènement comme celui-là est très fédérateur. Les ad-hérents se sont mobilisés. Il y a eu de la motivation ! Il faut continuer, tous les engrenages sont là pour faire avancer nos groupes.

EFFLUENTS D’ÉLEVAGE : de l’or en tas

“Bien plus qu’un simple lisier ou fumier, les effl uents issus de nos élevages présentent une richesse que l’on ne maîtrise pas à son optimum”.“Que représente un épandage de 15 t/ha sur ma parcelle ?”“Comment bien valoriser mon fumier ?”

Toutes ces interrogations soulevées par les agriculteurs du secteur révèlent un besoin d’étudier les effl uents d’éle-vage afi n de mieux les connaître pour bien les valoriser.

Les effl uents d’élevage sont composés d’éléments fertili-sants mais aussi de matière organique. La première étape de valorisation passe donc par sa connaissance.Les fumiers/lisiers se ressemblent mais présentent tous des valeurs agronomiques différentes. Seule une analyse dans un laboratoire agréé permettra de connaître les vraies valeurs et par la suite d’optimiser les doses d’azote pour répondre aux besoins de la culture à fertiliser.Certes, il est possible d’utiliser les références dans le ta-bleau ci-dessous, mais ces valeurs ne refl ètent pas tou-jours celle(s) de votre système. Les valeurs d’un fumier, lisier ou autres sont fonction du mode d’exploitation du troupeau (alimentation, paillage, bâtiment, races,...).

Dès que l’on connaît la valeur agronomique de l’effl uent, il est possible de commencer à ajuster les apports, notam-ment en azote.Les fumiers améliorent les propriétés physiques, chimiques et biologiques du sol avec leur matière organique. Ils ap-portent des fertilisants de fond facilement disponibles.

La minéralisation de l’azote est lente, pluriannuelle et va-riable selon le type de fumier (l’année 1 étant l’année où la minéralisation est la plus importante). Il est recomman-dé de privilégier les apports à l’automne pour une dé-composition des fumiers pendant l’hiver, tout en veillant à bien respecter les calendriers d’épandage. Notons aussi que l’épandage de 30 t de fumier de bovins décomposé apporte environ 3 420 kg de matière organique stable soit les besoins d’une rotation sur 3 ans.

Les lisiers apportent des éléments N, P, K mais peu de matière organique stable. L’azote est rapidement minéra-lisable. L’apport d’un lisier doit être effectué au plus près des semis, contrairement aux fumiers.

Connaître la composition de son effl uent permet d’optimi-ser la dose d’azote à apporter sur la culture pour atteindre son rendement optimum et d’éviter des risques de lessi-vage de l’azote vers les nappes phréatiques.Pour optimiser les apports, il est important de réaliser un plan de fumure qui intègre les besoins de la culture pour un rendement souhaité et les fournitures apportées par le sol. Il permet de calculer la dose d’azote à apporter à la culture.Ce plan de fumure, facilement réalisable grâce à l’outil Mes P@rcelles, est obligatoire en zone vulnérable. Rappelons qu’en matière de fertilisation plusieurs points sont à res-pecter en zone vulnérable. Le graphique ci-dessous re-prend ce qu’il faut réaliser en fonction de la situation de l’exploitation.

Témoignage de Christian HURTELOUP(EARL Hurteloup, Lavernat)

L’épandage est une étape à ne pas négliger. Il est impératif de connaître le tonnage épandu en multipliant le volume de l’épandeur (m3) par la densité (kg/m3) de son effl uent. D’autres techniques permettent de connaître le tonnage épandu par ha :• peser des épandeurs via des pesons (ou une bascule) et

vider l’épandeur sur une surface connue, • disposer des bacs aux sols, peser les bacs après épan-

dage et ramener la pesée à l’hectare.

Une bonne valorisation des effl uents permet un gain éco-nomique grâce à moins d’apports d’intrants et un gain en-vironnemental en limitant la surfertilisation.

Alexandre HATETTechnicien spécialisé pôle agronomie

Chambre d’agriculture de la Sarthe

Matière organique

Fumier de 190 15,5 8,9 6,6 0,5 3,3 8,8 9,4 1,8bovins (150 à 210) (12 à 18) (8,7 à 9,3) (5,1 à 4,7) (0,2 à 0,7) 2,3 à 4) (5,8 à 11,3) (4,8 à 11,6) (1,2 à 2,2)

Compost de 170 13,6 8,9 6,9 0,3 4,8 9,3 14,4 2,6fumier de bovins (140 à 180) (11 à 14,6) (8,7 à 9,2) (5,2 à 7,3) (0,1 à 0,3) (3,3 à 4,9) (6,5 à 11,1) (8 à 17,3) (1,7 à 2,8)

Lisier de 30 6,8 7,8 2,2 1 1 2,3 1,5 0,6bovins (10 à 50) (4,7 à 8,9) (7,5 à 8,1) (1,5 à 3) (0,6 à 1,4) (0,4 à 1,14) (1,3 à 2,8) (0,6 à 2,1) (0,2 à 0,8)

Lisier de 20 2,3 8,1 3,6 2,2 1,6 2,8 1,7 0,6porcins (10, à 20) (1,5 à 2,9) (8 à 8,3) (2,5 à 4,5) (1,4 à 2,5) (0,7 à 2,1) (1,8 à 3,5) (0,7 à 1,9) (0,2 à 0,8)

Fientes de 320 7,8 8,5 21,5 3,5 22,4 17,7 59,1 7,3volailles (210 à 420) (6,7 à 8,6) (8 à 8,9) (14,4 à 26) (1,9 à 4,3) (16,7 à 26) (15,5 à 21) (37 à 77,6) (5,8 à 8,9)

Fumiers de 380 9,3 8,1 22 3,5 20,2 20,8 32,9 6,7volailles (320 à 490) (7,4 à 10,5) (7,7 à 8,9) (17 à 27,5) (1,6 à 5,2) (13,8 à 25) (15,3 à 24) (20 à 39,5) (4,7 à 7,4)

C/N pH Azotetotal

Azoteammoniacal (NH4)

Phosphoretotal (P2O5)

Potassiumtotal (K2O)

Calcul total(CaO)

Magnésiumtotal (MgO)

Comparaison des différents tonnages de fumier.

DE QUELLE RÉGLEMENTATION DÉPEND MON EXPLOITATION ?

SUIS-JE EN ZONE VULNÉRABLE ?

HORS zone vulnérable HORS zone vulnérable

Zone vulnérable

Régime Sanitaire Départemental Installations Classées

JE DOIS RESPECTER : JE DOIS RÉALISER :

• le calendrier d’épandage,• les conditions d’épandages,• la couverture des sols,• le seuil de 170 kg N org/ha SAU,• les nouvelles capacités de stockage.

• cahier d’épandage,• plan prévisionnel de fumure,• reliquat azoté sortie hiver, ou• analyse matière organique, ou• analyse azote totale,• teneur eau irrigation,• analyse d’effl uents (facultatif),• description des effectifs animaux

La Lettre du Développement - N° 221 - Décembre 2014La Lettre du Développement - N° 221 - Décembre 20144 5

DOSSIER : résultats techniques de la plate-forme cultures de Lavernat

Tableau 1 : biomasse produite par les couverts et quantité d’éléments fi xés.

Couvert végétal mélange radis + féverole + phacélie + avoine.

COUVERTS VÉGÉTAUX : de l’implantation à la destruction

De nombreuses communes de Sarthe sont concernées par l’extension de la zone vulnérable avec obligation d’implanter des couverts végétaux et cela suscite de nombreuses questions. Aussi, dans le cadre de la plate-forme cultures de Lavernat, les agriculteurs des GDA de Château-du-Loir et du Lude ont souhaité intégrer l’implantation des couverts végétaux parmi les thèmes à expérimenter. Les éleveurs de bovins s’interrogent également sur l’intérêt à convertir une partie des couverts végétaux en cultures dérobées afi n de produire un fourrage d’appoint.

Pour Eric Loyau, président du GDA du Lude, «ce n’est pas l’obligation réglementaire qui doit inciter les agriculteurs à implanter des couverts mais leurs intérêts agronomiques et leurs effets sur la préservation du sol».

Sur la parcelle servant de support à la plate-forme, différents couverts végétaux et cultures dérobées ont éé implantés en août 2014 :

• couverts végétaux implantés : moutarde seule 6 kg et mélange radis fourrager 3 kg + féverole 12 kg + phacélie 2 kg + avoine d’hiver 10 kg (R + F + P + A),

• cultures dérobées implantées : avoine rude 30 kg + trèfl e d’Alexandrie 10 kg (A + TA), avoine d’hiver 20 kg + pois fourrager 20 kg (A +PF).

Pour l’implantation, 2 techniques ont été utilisées :

• déchaumage avec un outil à dents ou un outil à disques indépendants puis semis,

• pas de travail du sol avant semis.

Pour le semis, un semoir Vadestad a été utilisé. Il peut travailler sur sol travaillé ou en direct.

Les levées ont été hétérogènes, dues à une période sèche après le semis. Ce sont les crucifères (radis et moutarde) et les graminées (avoine rude ou avoine d’hiver) qui ont les mieux levé. La pression en repousses de blé a été forte. Il y a également eu de nombreuses levées de colza, culture très présente dans la rotation sur l’exploitation support. Ces repousses sont venues en concurrence des espèces semées. Sur la partie «sol nu» qui a été déchaumée, ces repousses ont permis une très bonne couverture du sol. Sur la partie non déchaumée, les repousses étaient moins denses et la répartition plus aléatoire.

Le développement des couverts a été faible et la produc-tion de biomasse aérienne a atteint en moyenne 1,04 T MS/ha (mesures effectuées mi-novembre). Au cours de l’hiver, les couverts ont continué à se développer. La production est légèrement plus élevée avec les couverts végétaux, effet de la présence de crucifères, qu’avec les cultures dérobées. Le niveau de rendement atteint début novembre pour les cultures dérobées n’a pas été suffi sant pour justifi er économiquement une récolte mécanisée. De plus, il y un eu un développement précoce et rapide de rouille sur l’avoine d’hiver.

L’effet déchaumage est peu important par rapport au semis direct, variation de – 0,3 à + 0,5 T MS selon les mélanges.

Les couverts ont eu un impact fort sur les quantités d’azote minéral présentes dans le sol.

Bio-masse T MS/ha 1,2 1,5 1,8 1,2 1,2 1,0 1,1 0,9 0,8 0,8 0,5 0,5

N kg/ha 32 35 38 43 38 34 30 22 24 24 13 14

P2O5 kg/ha 6 9 10 12 11 9 10 8 7 7 4 4

K2O kg/ha 38 49 65 67 75 60 54 38 36 35 20 21

CaO kg/ha 35 47 51 39 42 37 11 7 8 8 5 5

MgO kg/ha 3 4 4 3 4 3 2 2 2 2 1 1

Début septembre, à l’implantation, il y avait 99 unités d’azote minéral disponible sur 90 cm. Mi-novembre, sous les couverts, il restait environ 30 unités. Sur la partie sol nu avec peu de repousses, il y avait 150 unités, ce qui traduit une minéralisation automnale importante. Début mars, après un hiver très pluvieux, il ne restait plus que 20 unités sur la partie sol nu. Les pertes par lixiviation ont été très importantes. Sous les couverts, les reliquats azotés va-riaient de 20 à 30 unités. Même avec un développement peu important, les couverts ont permis de limiter forte-ment les pertes d’azote. Pour faire un bilan, il faut aussi intégrer les éléments contenus dans les racines, variables en fonction des espèces et du développement du système racinaire. Les micro-organismes du sol sont plus actifs en présence de racines vivantes et l’azote mieux mobilisé.

Pour la destruction, avec l’absence du gel au cours de l’hiver, il y a eu un passage de glyphosate en mars puis broyage. Ces 2 interventions ont permis de détruire toutes les espèces présentes à l’exception de certaines repousses de colza. Juste avant semis du maïs suivant, ces dernières étaient bien développées localement, là où le couvert n’était pas suffi samment dense pour limiter leur levée. Dans le choix des espèces, la facilité de destruction est un facteur à prendre en considération.

Marc GENDRYconseiller spécialisé domaine végétal

Chambre d’agriculture de la Sarthe

Moutarde R + F + P + A A + PF A + TA

SD Déc Déch SD Déc Déch SD Déc Déch SD Déc Déch dent disque dent disque dent disque dent disque

SD : Semis Direct ; Dech dent : Déchaumeur à dents ; Dech disque : déchaumeur à disques indépendants.

Culture dérobée avoine d’hiver avec repousses de colza.

Moutarde en fl eurs fi n janvier

Repousses de colza non détruites après glyphosate et broyage.

La Lettre du Développement - N° 221 - Décembre 2014La Lettre du Développement - N° 221 - Décembre 20146 7

DOSSIER : résultats techniques de la plate-forme cultures de Lavernat

Pour en savoir plus, consultez notre vidéo “Implantation Maïs – respecter la structure du sol” réalisée sur la plate-forme cultures de Lavernat sur www.sarthe.chambagri.fr

MAÏS : implanter avec des techniques simplifi ées

Sur le dispositif “couverts végétaux” (cf article “de l’implantation à la destruction des couverts végétaux”), un maïs a été implanté avec différentes techniques de travail du sol. Elles peuvent être regroupées en 4 classes :

• labour,• travail du sol superfi ciel (avec un outil à dents ou un outil

à disques indépendants),• semis direct (aucun travail du sol au printemps avant

implantation du maïs),• Strip Till (travail uniquement sur la ligne de semis).

Tous les outils testés sont utilisés par les agriculteurs du comité de pilotage de la plate-forme sur leur exploitation.

L’absence de gel au cours de l’hiver n’a pas permis de détruire les couverts végétaux. Ils ont donc été détruits chimiquement puis broyés en mars. Les plantes les plus diffi ciles à détruire ont été les repousses de colza, qui ont redémarré après broyage. La production de biomasse étant faible, les résidus ont été peu gênants pour la mise en place du maïs.

Le sol est un limon battant à réchauffement lent au printemps. Quelques jours après le semis, de fortes précipitations ont perturbé les levées et entraîné de la battance sur labour principalement ou un engorgement de la ligne de semis, en particulier sur la modalité semis direct.

Toutes les préparations de sol ont été réalisées le jour du semis, le 22 avril. Le sol était bien ressuyé en surface, encore un peu frais en-dessous. Le semis au Strip Till a été réalisé en 2 passages, passage du Strip Till puis semis. Pour assurer une meilleure qualité de semis, il aurait été préférable de laisser quelques jours entre les 2 interventions. Le passage de la dent a remis en surface une terre un peu trop humide pour un semis régulier.Sur chaque modalité de travail de sol, une partie a reçu un engrais starter en localisé au semis (80 kg/ha de 18-46).

Les pertes à la levée en semis direct sont très élevées (près de 40 %) : dégâts de limaces, profondeur de semis très irrégulier dû aux hétérogénéités de surface du sol, engor-gement de la ligne de semis.

A la fl oraison, l’apport de 18-46 au semis a permis de gagner en moyenne 4 jours. A la récolte, cela se traduit par un taux d’humidité des grains plus faible de 2,3 en moyenne. Le niveau de rendement est très bon grâce notamment à un nombre de grains/m² et aux PMG élevés. Cela traduit les conditions climatiques depuis la fl oraison favorables à la fécondation et au remplissage des grains : absence de température très élevée et de stress hydrique.

Sur cet essai, le meilleur rendement est obtenu avec le labour, le moins bon avec le semis direct (trop de pertes à la levée). Les autres techniques (égales entre-elles) sont à un niveau intermédiaire.

Suite à cette plate-forme, les GDA de Château-du-Loir et du Lude, en collaboration avec le GEDAR de Mayet, ont souhaité poursuivre la réfl exion sur la conduite du maïs, de son implantation à sa récolte.Un projet de groupe maïs sera lancé en janvier 2015, en tenant compte des attentes des adhérents. Plusieurs rencontres seront prévues sur les années à venir, pour aborder tous les thèmes possibles décidés par les membres du groupe : implantation, fertilisation, traitements phytosanitaires, ravageurs, irrigation, récolte...

Rapprochez-vous de vos présidents de GDA si vous souhaitez participer à ce projet !Première rencontre prévue le 8 janvier 2015.

Un nombre de grains par épi sur la modalité “semis direct” a permis de compenser partiellement la faible densité de levée.

Quelle que soit la technique d’implantation, le rendement est toujours supérieur avec l’engrais starter en localisé au semis (en moyenne, gain de 8,8 q/ha). L’écart le plus élevé est en labour avec 15,3 q/ha de plus, le plus faible en semis direct à 4,8 q/ha.

Concernant les couverts végétaux, aucun ne se dégage. En tendance, c’est en l’absence de couvert que l’on a le plus souvent le moins bon rendement.

Marc GENDRYconseiller spécialisé domaine végétal

Chambre d’agriculture de la Sarthe

Pieds/ha 78 299 80 373 75 894 75 335 74 290 75 417 50 774 56 475 77 920 71 986

Date fl oraison 24/07 28/07 24/07 28/07 28/07 24/07 28/07 24/07 28/07 24/07

Epis /ha 73 526 74 330 71 017 69 372 67 843 69 959 47 680 51 583 68 698 65 546

Rdt q/ha 136,0 120,7 126,1 118,1 126,0 118,8 102,9 98,1 122,4 113,9

H2O 33,8 37,3 34,7 36,4 35,1 36,3 34,7 37,5 35,5 38,2

PMG 315,9 300,8 309,2 311,2 310,6 314,5 306,1 312,5 295,0 288,3

Grains/épis 550 499 537 505 546 501 662 556 532 549

Grains/m² 4 306 4 013 4 079 3 795 4 055 3 778 3 361 3 138 4 148 3 949

Les résultats obtenus en fonction de l’outil utilisé pour le travail du sol.

Labour Déchaumeur à dents Déchaumeur à disques Semis direct Strip Till

EngraisStarter

EngraisStarter

EngraisStarter

EngraisStarter

EngraisStarter

Sans engraisStarter

Sans engraisStarter

Sans engraisStarter

Sans engraisStarter

Sans engraisStarter

Densité de semis : 83 000 grains. C’est le même semoir qui a été utilisé sur les différentes techniques.

Semis direct (uniquement passage du semoir).

Passage du Strip Till.

Semis maïs Strip Till.

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DOSSIER : résultats techniques de la plate-forme cultures de Lavernat

COLZA : quelle technique de travail du sol pour une bonne implantation ?

Une implantation réussie de colza se traduit par une levée homogène puis un développement du pivot qui doit atteindre au moins 15 cm à l’entrée de l’hiver.Pour atteindre ces objectifs, il y a nécessité de créer un sol favorable à la levée avec un bon contact sol-graine et un semis régulier à 2 cm de profondeur avec absence de paille dans la ligne de semis. Pour favoriser un développement correct du pivot, le sol doit être bien structuré sans zones creuses ou compactées. Pour la plate-forme cultures de Lavernat, les agriculteurs des GDA de Château-du-Loir et du Lude ont souhaité mettre en place un essai implantation du colza afi n de comparer différentes techniques de travail du sol.

5 techniques ont été testées : • le labour avec préparation superfi cielle puis semis,• le travail superfi ciel (2 passages) avec soit un outil à

dents, soit un outil à disques indépendants puis semis,• le semis direct, uniquement le passage du semoir sans

aucun travail du sol au préalable,• le Strip Till, passage d’un coutre à 15 cm et semis en

combiné, travail uniquement sur la ligne de semis.Pour chacune de ces techniques, 2 types de semoir ont été utilisés : semoir monograine écartement 55 cm et semoir céréales type Vaderstad. Avec le Strip Till seul le semoir monograine a été utilisé.

La démonstration a été réalisée sur un sol de limons battants, en sans labour depuis plusieurs années. Le semis a été réalisé le 30 août en bonnes conditions, précédent blé paille enlevée.Avec le semoir monograine, le meilleur rendement est obtenu avec le Strip Till suivi du labour.

Le semis direct est supérieur aux techniques avec préparation superfi cielle du sol.Avec le semoir Vaderstad, les écarts sont moins importants, le meilleur rendement est obtenu en semis direct.Quel que soit le semoir, le rendement le plus faible est obtenu avec la technique utilisant un outil à dents pour la préparation superfi cielle du sol.

Sur cette campagne, le moins bon développement du système racinaire du colza en semis direct n’a pas trop pénalisé le rendement. Les conditions climatiques du printemps avec des pluies fréquentes ont permis une bonne alimentation de la plante. Il n’y pas eu de coup de chaud au cours de la phase de remplissage des grains.

Les légumineuses sont le plus couramment utilisées car elles ne viennent pas en concurrence sur l’alimentation azotée du colza. De plus, après destruction, elles peuvent fournir de l’azote au colza. On choisira des plantes sensibles au gel ou, si besoin, facilement contrôlables par un herbicide foliaire en sortie hiver. Les espèces les plus adaptées sont la féverole, la lentille, la vesce de printemps, la gesce, le fénugrec et le trèfl e d’Alexandrie. Le mélange de plusieurs espèces, en jouant sur leur complémentarité (occupation du sol, système racinaire, capacité de stockage et rélargage d’azote) apporte un plus et plus de régularité. Pour le semis, l’idéal est de pouvoir tout semer en un passage soit avec des trémies indépendantes soit en mélangeant les plantes compagnes et le colza.

Pourquoi réaliser des profi ls de sol ?Le profi l de sol est plus complet qu’un coup de bêche mais celui-ci est plus rapide et moins destructeur. La bêche permet de voir ce qui se passe en surface sans en expliquer les causes. Ce qui se passe au-dessus est

souvent la conséquence de ce qui se passe en-dessous. Le profi l de sol permet d’expliquer le comportement du sol (ex : une faible portance est souvent due à une nappe perchée qui repose sur un plancher hydraulique vers 50/60 cm de profondeur).

Sur la plate-forme de Lavernat, que dire de l’implantation du colza ?En fonction des techniques utilisées, différents constats peuvent être faits sur la qualité de l’enracinement, en observant le pivot et le développement des racines secondaires. Le pivot doit être droit et bien développé jusqu’à 15 cm de profondeur. Les racines secondaires doivent couvrir toute la masse du sol et bien se répartir dans le sous-sol.

A Lavernat, sur la modalité travail superfi ciel avec outil à dents, les racines secondaires ne s’observent en profondeur que dans les galeries de vers de terre. Sur la modalité semis direct, le pivot était quasiment absent. Pour le strip-till, on constate un bon enracinement dans la zone travaillée mais moins dans la zone non travaillée.

Dans ce type de sol fragile qu’est le sol de la plate-forme de Lavernat, même si les engins marquent peu en surface, les tassements se répercutent loin en profondeur et nuisent à l’enracinement profond, ce qui peut entraîner une moins bonne valorisation de l’eau, voire un développement réduit de la plante et une perte de rendement.

AVIS D’EXPERT Jean-Luc MICHONNET, agro-pédologue

Résultats obtenus en fonction des techniques d’implantation et du semoir utilisé.

Labour 26 35,4 54 31,0

Déchaumage outils à dents 36 26,6 66 29,8

Déchaumage disques indépendants 28 28,2 62 33,2

Semis direct 54 31,9 48 34,4

Strip Till 18 37,6 / /

Semoir monograine Semoir Vaderstad

Pieds levés Rdt q/ha Pieds levés Rdt q/ha

Les plantes compagnesSemer le colza avec des plantes compagnes permet de limiter le recours aux herbicides grâce à une biomasse plus importante qui va concurrencer les adventices. Pour être effi cace, cette technique nécessite de semer un peu plus tôt, dès le 15 août pour le colza et les plantes compagnes, qui vont se développer rapidement, plus vite que les adventices.

Semis directStrip Till Labour

Sur la plate-forme de Lavernat, les plantes compagnes n’ont pas gelé (pas de gel durant l’hiver 2013-2014) et nous avons pris la décision de ne pas les détruire chimiquement, stade du colza trop avancé lorsque les conditions d’intervention ont été favorables. Les baisses de rendement mesurées varient, en fonction de leur densité et nature, de quelques quintaux à plus de 10. Les plus gros écarts de rendement sont là où le sol a été le plus travaillé (meilleures levées et densités des plantes compagnes plus élevées). C’est surtout la féverole qui a pénalisé le colza.

Marc GENDRYconseiller spécialisé domaine végétal

Chambre d’agriculture de la Sarthe

Féverole dépassant le colza le 5 juin.

Pour en savoir plus, consultez notre vidéo “Implantation Colza – contrôler les adventices avec les plantes compagnes” réalisée sur la plate-forme cultures de Lavernat sur www.sarthe.chambagri.fr

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DOSSIER : résultats techniques de la plate-forme cultures de Lavernat

Pour en savoir plus, consultez notre vidéo “Céréales – construire son mélange de variétés” réalisée sur la plate-forme cultures de Lavernat sur www.sarthe.chambagri.fr

LUZERNE : une alliée de poids dans les rotations céréalières

La luzerne présente des atouts agronomiques qui en font une excellente tête de rotation : fourniture d’azote, diminution de l’utilisation des produits phytosanitaires, effet structurant pour le sol... Avec la recherche d’autonomie fourragère et protéique, elle a trouvé son intérêt chez les éleveurs. Mais qu’en est-il en système céréalier ?

Entre 150 et 250 unités d’azote aux cultures suivantesComme toutes les légumineuses, la luzerne est capable de fi xer l’azote de l’air. Cette capacité combinée à ses effets restitutions d’azote permet une réelle économie d’azote minéral dans la rotation. Les différents essais qui ont été conduits sur le sujet chiffrent entre 150 et 250 kg N/ha restitués par la luzerne sur les 3 à 4 ans qui suivent sa destruction (Essais longue durée INRA Clermont 1969-2000, Justes et al. 2001...). L’intensité du relargage est notamment liée au stade de la luzerne lors de la destruction et à son âge. Par exemple, entre une rotation céréalière (Colza - Blé - Orge) et une rotation avec luzerne (Luzerne 3 ans - Blé - Orge - Colza - Blé), on peut estimer à 90 uN/ha/an supplémentaires nécessaires pour la rotation céréalière, soit plus du double de la rotation avec luzerne (en moyenne 170 uN/ha/an contre 80 uN/ha/an). Sur 7 ans, cela représente une économie de 1,9 t d’ammonitrate 33,5.

Moins d’utilisation de produits phytosanitairesLa culture de la luzerne peut aussi avoir un rôle bénéfi que sur certaines adventices, grâce notamment au nombre éle-vé de fauches sur la campagne culturale (minimum 3 à 4 par an). En rotation céréalière, la luzerne va nécessiter des interventions de désherbage et ponctuellement d’insecti-cides mais dans des proportions nettement moindres que les cultures annuelles. L’IFT (Indice de fréquence de traite-ment) moyen d’une luzerne de 3 ans peut être estimé à 0,9 contre 4,1 pour un blé (IFT de référence régionale PDL) et 6,92 pour un colza (IFT de référence nationale).

Quel prix de vente pour un intérêt économique ?La luzerne présente un coût de culture modéré, de l’ordre de 350 €/ha hors récolte.

On peut évaluer l’intérêt économique de la luzerne, indépendamment de ses intérêts agronomiques, avec une approche de marge nette équivalente à celle obtenue en rotation céréalière. Ainsi, une rotation Blé-orge-colza peut dégager sur 3 ans en moyenne 355 €/ha (cf. tableau). Pour une marge équivalente avec la luzerne, avec en moyenne 350 €/ha de charges hors récolte, il faut la vendre entre 60 et 90 €/t MS sur pied selon le rendement. Ce prix d’équivalence évolue également suivant les prix des céréales.

Fertilisation (€/ha) ......................................................... 200Semences(1) (€/ha) ...........................................................60Désherbage(1) (€/ha) ........................................................ 45Méca Implantation(1) (€/ha) .......................................... 45Charges hors récolte (€/ha) ...................................... 350

Charges sur luzerne hors récolte - (1) Charges lissées sur 3 ans

Rendement (q/ha) 70 67 30 Prix (€/t) 160 145 340 Paille (30 €/t) 4 3 Produit 1 240 1 060 1 020 Charges y compris méca 755 730 770 Marge nette (€/ha) 485 330 250 355

Le mélange de variétés, on en entend parler, on sait de quoi il s’agit, mais il est parfois diffi cile de se lancer. Lors de la plate-forme cultures, les agriculteurs des GDA souhaitaient faire le point sur cette technique en complément de l’essai variétés blé et triticale.

Les avantagesLa Chambre d’agriculture de la Sarthe teste depuis de nombreuses années des variétés de blé. Lors de chaque essai, un mélange de 3 variétés est testé. Ces trois variétés étant, dans un même temps, présentes en pures. Nous disposons donc du retour de 5 années d’expériences dans ce domaine, soit plus de 10 essais. Ces données départementales nous permettent d’en apprendre un peu plus sur ce que l’on peut attendre de cette technique.• Avec + 1,6 q/ha en moyenne en faveur du mélange par rapport à la moyenne des variétés en pures, il permet de sécuriser le rendement sur plusieurs années.• + 1 q/ha de mieux sans protection fongicide pour le mélange par rapport à la moyenne des trois variétés en pures, il permet de limiter le développement des maladies et de potentiellement diminuer la protection fongicide.

Ainsi, on ne va pas déplafonner les rendements mais on limite les variations entre les années et on sécurise les charges dans le même temps.Du point de vue technique, l’utilisation d’un mélange de variétés ne nécessite pas d’adaptation spécifi que. On utilise le même semoir et on visera la même densité de semis que pour des variétés en pures.

Les inconvénients et les limitesIl existe cependant quelques inconvénients qu’il est important de connaître. Pour s’assurer de la composition initiale du mélange, il est préférable de semer en “pur” les variétés que l’on souhaite mélanger l’année suivante. Ainsi on connaîtra les PMG de chaque variété et on pourra établir le mélange dans les proportions souhaitées.

VARIÉTÉS BLÉ : comment réussir son mélange ?

En ce qui concerne la commercialisation, il est préférable de s’assurer au préalable que son organisme stockeur (OS) collecte bien les mélanges de variétés. Pour certains débouchés, les exigences des acheteurs sont parfois bien précises et il est important pour l’OS de bien connaître les spécifi cités de sa marchandise. Si le blé produit est à destination de l’alimentation animale (autoconsommation ou fi lière alimentation animale), le mélange pose alors moins de problèmes.

Retour sur l’essai de la plate-forme culturesCette année, sur la plate-forme de Lavernat, le mélange Cellule + Premio + Rubisko était testé. Avec trois variétés faiblement sensibles à la rouille jaune, le mélange s’en est bien sorti. Mais surtout, le mélange fait mieux que les trois variétés en pures avec 4,5 % de rendement en plus et l’écart traité et non traité n’est que de 5,5 q/ha, contre 9,7 q/ha pour la moyenne des variétés en pures.

Adrien OCCREconseiller spécialisé agronomie et environnement

Chambre d’agriculture de la Sarthe

Blé Orge Colza

Préférer la vente sur piedLa récolte de la luzerne est délicate techniquement, coûteuse et exigeante en temps. Dans ces conditions, il est préférable de laisser la récolte à la charge de l’utilisateur qui sera maître de la qualité récoltée.Si la luzerne dans un système céréalier est intéressante tant du point de vue agronomique qu’économique, le choix de la fi lière de valorisation l’est aussi. Il peut s’agir simplement d’un accord avec un éleveur à proximité ou bien d’un projet de territoire (fi lière de déshydratation par exemple).

Stéphanie GUIBERTChambre d’agriculture de la Mayenne

Moyenne des3 cultures

120

100

80

60

40

20

0Bon (530 €/h) Moyen (355 €/h) Faible (180 €/h)

Bon 12 tMSMoyen 10 tMS

Faible 8 tMS

75

90

70

55

65

90

110

60

45

€/tMS

Rdt luzerne (tMS/ha)

Marge nette culture de ventes

Prix de vente de la luzerne sur pied

Variété 1 43 25 % 50 = PMG*Densité /100 = 21,5

Variété 2 50 25 % 50 25

Variété 3 42 25 % 50 21

Variété 4 46 25 % 50 23

Total 200 90,5

PMG Proportion Densité Dose semis (gr/m²) (kg/ha)

Construire son mélange de variétés

Associer 3 ou 4 variétés possédant des tolérances aux maladies et à la verse complémentaires :• 1 variété sensible pour 2 ou 3 tolérantes

Choisir des variétés aux caractéristiques proches :• PMG• Précocité à montaison et épiaison• Classe CTPS• Qualités technologiques• Sensible/tolérante au chlortoluron

Conserver la densité habituelle de semis.

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DOSSIER : résultats techniques de la plate-forme cultures de Lavernat

F20 72 1,10 86,1 A

F16 57 0,75 85,6 A

F18 70 0,40 84,6 AB

F14 79 1,60 84,0 AB

F17 76 1,25 83,9 AB

F15 96 1,25 83,3 AB

F19 80 0,40 83,1 AB

F13 74 1,00 82,5 AB

F11 81 1,70 81,1 ABC

F12 71 1,80 79,5 ABCD

F6 79 1,60 77.4 BCDE

F7 89 1,70 75,3 CDEF

F2 38 1,20 74,8 CDEF

F3 52 0,70 73,6 DEF

F4 54 0,50 73,6 DEF

F5 81 1,70 72,2 EF

F9 92 1,90 71,8 EF

F8 84 1,80 69,9 F

F10 80 1,53 69,4 F

F1 0 0,00 38,2 G

Moyenne 70 1,19 76,5

BLÉ : et si on parlait fongicides ?

Chaque année, la Chambre d’agriculture met en place un essai fongicides sur blé pour tester différents programmes et évaluer ceux donnant le meilleur rapport effi cacité/coût. Cet essai a servi de support à un atelier dédié aux fongicides lors de la plate-forme de Lavernat. Les agriculteurs du comité de pilotage de la plate-forme ont souhaité travailler plus particulièrement la question des intérêts économiques et commerciaux de l’utilisation des fongicides : “les fongicides ne servent pas qu’à produire des quintaux en plus mais ils permettent aussi d’avoir un produit commercialisable de qualité. Il faut prendre en compte le coût du traitement sans oublier la vente. Comment peut-on éviter le systématique et ne pas perdre de quintaux ?”.Ces questions ont été abordées lors de la journée du 5 juin (voir Zoom).

Présentation de l’essaiL’essai a été implanté sur une parcelle de limon battant à bon potentiel, en précédent colza, avec la variété Alixan, sensible aux maladies, en particulier à la rouille jaune.Sur les 20 modalités (voir tableau 1), il y avait un témoin non traité, 3 programmes à passage unique à DFE (dernière feuille étalée) et 16 programmes en 2 passages mais avec des positionnements différents.

La visite d’essai était précédée d’un rappel sur les leviers agronomiques à mettre en œuvre avant d’avoir recours aux fongicides. Parmi ces leviers, le premier réside dans le choix d’une variété peu sensible en fonction de la maladie visée.Les différents outils d’aide à la décision disponibles étaient aussi présentés. Ces outils permettent de positionner l’intervention au bon moment et d’intervenir uniquement si nécessaire. Ils sont à associer avec les observations au champ, les seuils de nuisibilité et les leviers agronomiques.Enfin, une approche économique permettait de faire un état du niveau de dépense fongicide optimale sur blé en fonction de la pression parasitaire attendue et selon différentes hypothèses de prix du quintal (source : Arvalis - Institut du végétal). Par exemple, pour une nuisibilité (septoriose et rouille brune) de 20 q/ha et un prix du blé à 16,5 €/q, la dépense idéale serait de 71 €/ha.

Dans le cadre de l’essai, nous avons respecté les stades d’application des interventions. Cela nous a conduit à des délais entre 2 interventions assez longs. Dans la pratique et selon les doses appliquées, on revient plutôt entre 21 et 25 jours après.Parmi les produits utilisés, il y avait Opus New associé à Sportak EW, Adexar à différentes doses, Aviator Xpro à différentes doses, Madison, Prosaro, Cherokee et Osiris Win.Nous avons aussi introduit dans nos programmes un SDN (stimulateur de défense naturelle des plantes), Vacciplant Grandes Cultures, ainsi que des activateurs physiologiques : AGN BDI 023, Appetizer, Fixa NS et Nectar Céréales (voir tableau 2). Seul Vacciplant est reconnu comme un produit de bio-contrôle et a été comptabilisé pour les calculs d’IFT.

La stimulation des défenses des plantes est basée sur le même principe que la vaccination : il s’agit d’activer les défenses naturelles avant contamination par l’agent pa-thogène. Pour cela, il faut préventivement mettre la plante en contact avec un éliciteur, c’est-à-dire une molécule capable d’activer les défenses naturelles végétales. Ces molécules peuvent être d’origine animale (acides aminés, micro-organismes), végétale (acides aminés issus d’algues

ou de plantes), minérale (oligo-éléments) ou synthétique.Les produits SDN sont souvent peu phytotoxiques et peuvent contribuer à limiter l’impact des pratiques agricoles sur l’environnement.Les activateurs physiologiques agissent sur le métabolisme des plantes en accroissant leurs capacités naturelles à s’alimenter. Ils aident les plantes à mieux capter les éléments minéraux du sol.

ZOOM sur la journée du 5 juin 2014

AGN BDI 023

Appetizer

Fixa NS

Nectar Céréales

Vacciplant Grandes Cultures

Zn, Mn + éliciteur

Zn, Mn + fi ltrat GA 142

147 g N/l + 640 g SO3/l + alginates

600 g SO3/l + 60 g Mn/l + extraits enzymatiques

de Trichoderma sp.

37 g/l LaminarineHomologué sur oïdium

et septoriose du blé

Tableau 2 : SDN et activateurs physiologiques testés dans l’essai.

Ces produits ont été appliqués en préventifau stade 1 nœud.

Produits Composition

Tableau 1 : protocole de l’essai fongicides blé.

1 nœud - 25/03/20146,2°C - 82 % hygro

vent 0

Opus New 0,75 + Sportak EW 0,7 Adexar 1 Aviator Xpro 0,7 Opus New 0,75 + Sportak EW 0,7 Madison 0,57 Opus New 0,75 + Sportak EW 0,7 Adexar 0,8 Opus New 0,75 + Sportak EW 0,7 Adexar 1 Opus New 0,75 + Sportak EW 0,7 Aviator Xpro 0,6 Opus New 0,75 + Sportak EW 0,7 Aviator Xpro 0,7 Osiris Win 1 + Sportak EW 0,7 Madison 0,57 Opus New 0.75 + Sportak EW 0,7 Madison 0,57 Opus New 0.75 + Sportak EW 0,7 Prosaro 0,6 Adexar 0,8 Prosaro 0,6 Opus New 0,75 + Sportak EW 0,7 Adexar 0,8 Vacciplant GC 0,5 + Appetizer 0,5 + Cherokee 0,7 Adexar 0,8 + Appetizer 0,5 Cherokee 0,7 Adexar 0,8 Vacciplant GC 0,5 + Cherokee 0,7 Adexar 0,8 Nectar Céréales 5 Adexar 0,8 AGN BDI 023 0,75 + Fixa NS 8 Adexar 0,8 Cherokee 1,4 Adexar 0,8

Floraison - 27/05/201411,6°C - 90 % hygro

vent 0

Epiaison - 14/05/201411,2°C - 84 % hygro

vent 0

2 Nœuds - 01/04/20148°C - 91 % hygro

vent 0

DFE - 23/04/201410,8°C - 79 % hygro

vent 0

RésultatsLes écarts de rendement entre modalités sont signifi ca-tifs (tableau 3). Le témoin non traité (F1) réalise 38,2 q/ha alors que le rendement moyen des modalités traitées est de 78,5 q/ha. Cela représente un écart de 40,3 q/ha. La modalité F20 à 1,4 L/ha Cherokee à 1 nœud puis 0,8 L/ha Adexar à DFE arrive en tête avec 86,1 q/ha. Cela permet de gagner 0,5 q/ha par rapport à la modalité F16 à 0,7 L/ha Cherokee mais cela n’est pas rentable économiquement.

L’écart important entre le témoin non traité et les parties traitées s’explique par une pression maladie forte. La campagne a surtout été marquée par l’arrivée précoce de la rouille jaune (vers mi-avril) sur les feuilles. Cette maladie a été favorisée par un printemps où le temps était souvent couvert avec des températures moyennes entre 10 et 15°C. En situation mal protégée, elle a même gagné les épis.

Effet du positionnement

Tableau 3 : résultats de l’essai fongicides blé.

*IFT : indice de fréquence de traitement. *Test NK : test statistique de Newman-Keuls.

Modalités Coût IFT* Rendement Test* €/ha à 15 % q/ha NK

Témoin

La Lettre du Développement - N° 221 - Décembre 2014La Lettre du Développement - N° 221 - Décembre 201414 15

DOSSIER : résultats techniques de la plate-forme cultures de Lavernat

La rouille jaune a une forte nuisibilité mais peut être faci-lement contrôlée si elle est prise en compte suffi samment tôt. C’est ce que confi rme l’essai. La date d’intervention a été capitale pour maîtriser la rouille jaune (graphique 1).

En rendement, les stratégies en 2 passages (1 nœud - DFE) se placent devant les stratégies en 2 passages (DFE - Floraison), les stratégies en passage unique à DFE et les stratégies en 2 passages (2 nœuds - Epiaison).

Ce classement est aussi valable si on s’intéresse au gain économique comparé au témoin non traité. Les stratégies en 2 passages (1 nœud - DFE) ont permis de gagner 735 €/ha, soit 59 €/ha de plus que les stratégies en 2 passages (DFE - Floraison), 149 €/ha de plus que les stratégies en passage unique à DFE et 219 €/ha de plus que les straté-gies en 2 passages (2 nœuds - Epiaison).

Dans les stratégies en 2 passages (1 nœud - DFE), il y a 29 jours entre les 2 interventions. Pour les stratégies en 2 passages (DFE - Floraison), l’écart est de 34 jours et avec les stratégies en 2 passages (2 nœuds - Epiaison), il y a plus d’1 mois (43 jours exactement) entre les 2 passages. Il est normal que les résultats soient moins bons pour les 2 dernières stratégies car les programmes étaient largement arrivés en bout de course et le positionnement en passage unique à DFE ou d’un premier passage à DFE était trop tardif pour maîtriser totalement la rouille jaune.

Effet du SDNLe graphique 2 représente le rendement ainsi que le gain économique de la modalité F16 (Chimique) comparée à la modalité F17 (Chimique + SDN). L’application du SDN en plus du fongicide ne fait pas

Graphique 2 : comparaison tout chimique à SDN + chimique.

gagner de rendement. En terme économique (pour un prix du blé à 18 €/q), on gagne 727 €/ha par rapport au témoin non traité mais on perd 49 €/ha par rapport à la même modalité sans SDN.

Parmi les activateurs physiologiques testés, Nectar Céréales est le mieux placé (modalité F18). Son application semble avoir bien préparé la plante aux agressions extérieures mais cela n’apporte rien en rendement ni ne fait faire d’économie. L’intérêt de ce type de produit porte avant tout sur l’aspect environnemental car la modalité donne un IFT parmi les plus faibles.

Laëtitia TEMENconseiller spécialisé domaine végétal

Chambre d’agriculture de la Sarthe

8481

74 73

516586

676735100

9590858075706560555045403530

800750700650600550500450400350300250200150100500

1 nœud/DFE DFE/début floraison DFE 2 nœuds/épiaison

Rend

emen

t à

15 %

q/h

a

Gain éco

nom

ique ap

rès passages

€/ha

Rendement à 15 % q/ha Gain économique après passages €/ha

Fongicides BLÉ Lavernat 2014 - Effet du positionnement

Graphique 1 : effet du positionnement.

1009590858075706560555045403530

Rend

emen

t à

15 %

q/h

a

86 84

800750700650600550500450400350300250200150100500

Gain éco

nom

ique ap

rèsp

assages €/ha

776 727

Chimique Chimique = SDN

Fongicides BLÉ Lavernat 2014 - Effet SDN

Rendement à 15 % q/ha

Gain économique après passages €/ha

La rentabilité des orges hybrides est incertaine dans un contexte de prix bas. Elle nécessite un écart de rendement entre lignée certifi ée et hybride plus diffi cile à atteindre (de l’ordre de 10 q). On réservera donc les variétés hybrides aux parcelles où le rendement des lignées est limité. Pour mettre à profi t la vigueur hybride pendant le cycle de la culture sans accentuer la verse et la pression des maladies du feuillage, l’itinéraire technique doit être adapté, notamment en termes de fractionnement de l’azote. C’est ce fractionnement d’apport azoté qu’ont voulu tester les GDA de Château-du-Loir et du Lude, en partenariat avec la Chambre d’agriculture, lors de la plate-forme cultures.

Le protocole mis en placeL’essai a été semé le 14 octobre. La variété choisie est une variété hybride SY Bambou. La dose totale d’azote calculée selon la méthode des bilans est de 140 kg/ha (reliquat sortie hiver : 20 kg N/ha sur 90 cm). Un apport de soufre de 40 kg/ha SO3 a été apporté au stade épi 1 cm. Quatre modalités de fractionnement des apports d’azote pour une même dose totale ont été mises en place :• 1 apport unique au stade épi 1 cm (6 mars), FeO4,• 2 apports (épi 1 cm 6 mars + DFE 22 avril), FeO2,• 2 apports (tallage 19 février + épi 1 cm 6 mars), Fe01,• 3 apports (tallage 19 février + épi 1 cm 6 mars + DFE 22

avril), FeO3.

Les conséquences sur le rendementLes pertes à la levée atteignent près de 40 % avec 110 plantes/m² pour 180 grains/m² semés. Le coeffi cient de tallage est décevant pour une variété hybride (3,5 épis/plante). Le nombre d’épi/m² est inférieur à 400, la fertilité épi de 35 grains/épi. Malgré un PMG de 50 g, le rendement objectif de 80 q/ha n’a pas été atteint.

La modalité apport unique à épi 1 cm aboutit au meilleur rendement de l’essai à égalité avec la modalité à 2 apports (épi 1 cm + DFE). L’apport du 6 mars qui a été suivi d’une période sèche a été bien valorisé.Les rendements pour les modalités avec apport au tallage sont inférieurs. L’apport pendant le tallage semble ne pas avoir été valorisé par la culture, trop précoce par rapport aux besoins ou lessivé (107 mm en février puis 19 mm en mars). Ces 40 kg ont manqué à la culture dans la suite du cycle de la culture. La modalité avec fractionnement en 3 apports (tallage + épi 1 cm + DFE) produit le rendement le plus faible de l’essai. Pour expliquer ce résultat, on peut faire l’hypothèse que l’apport tallage n’a pas été valorisé et que la dose apportée au stade épi 1 cm (60 kg/ha) n’a

pas été suffi sante pour satisfaire les besoins de la culture à ce stade clé.

Les conséquences sur le taux de protéinesLe fractionnement en 3 apports (tallage + épi 1 cm + DFE) aboutit au taux de protéines le plus élevé (10,7 %). Ce taux peut être la conséquence d’un rendement plus faible (- 10 q/ha par rapport à la modalité apport unique épi 1 cm) ou/et de l’apport au stade DFE. La modalité apport unique (épi 1 cm) produit le taux de protéines le plus faible.

En résuméL’intérêt du fractionnement de l’azote sur le rendement et sur le taux de protéines d’une variété d’orge hybride n’est pas confi rmé par l’essai.Le positionnement d’un apport au stade épi 1 cm est le principal levier pour atteindre le rendement objectif. L’effi cacité d’un apport pendant le tallage est incertaine et accentue la verse. Il faut donc mettre à profi t la vigueur hybride pour atteindre le stade épi 1 cm avant tout apport. Quant à l’apport au stade épi 1 cm, il doit représenter 2/3 à 3/4 de la dose totale.

Philippe RABILLERconseiller spécialisé domaine végétal

Chambre d’agriculture de la Sarthe

Les résultats obtenus en fonction des différentes modalités

Rendement à 15 % q/ha 69,8 69,6 65,7 59,8 66,2

Test N&B A A AB B

Rdt par rapport à la moyenne % 105 105 99 90 100

Humidité % 11,1 11,3 11,5 11,3 11,3

Grains semés/m2 180

Densité levée/m2 113 107 111 115 112

Pertes % 37 41 38 36 38

Epis/m2 393 375 386 422 394

Cœffi cient de tallage 3,5 3,5 3,5 3,7 3,5

PMG à 15 % 50,3 51,2 51,1 48,5 50,3

PS kg/ha 69,1 69,5 69,0 69,2 69,2

Grains/m2 13 873 13 616 12 881 12 329 13 175

Grains/épi 36 36 34 30 34

Protéines % (N x 6,25 % du brut) 9,9 10,5 10,3 10,7 10,4

Hauteur récolte cm 114 115 114 108 113

18 juin Verse inclinaison 2 1 3 2 2

Produit €/ha 1 047 1 044 986 897 993

Coût fertilisation €/ha 125 135 135 145 135

Marge €/ha 922 909 850 752 858

Test N&K A A A B

Modalités Fe04 Fe02 Fe01 Fe03 Moy.

ORGE HYBRIDE : adapter le fractionnement des apports azotés

La Lettre du Développement - N° 221 - Décembre 2014La Lettre du Développement - N° 221 - Décembre 201416 17

DOSSIER : résultats techniques de la plate-forme cultures de Lavernat

BLÉ TENDRE : le fractionnement de la dose d’azoteinfl ue-t-il sur le rendement et le taux de protéines ?

Depuis juillet 2014, le blé tendre destiné à l’exportation doit présenter un taux de protéines du grain de 11,5 %, soit un point de plus que la norme antérieure. Poursuivre cet objectif de qualité n’est pas sans conséquence sur l’itinéraire technique de la culture et son coût de pro-duction. En effet, la fertilisation azotée représente déjà entre 40 et 50 % des charges opérationnelles et le prix de l’azote poursuit une hausse modeste mais continue. Pour ne pas alourdir la part de la fertilisation azotée dans le total des charges opérationnelles du blé tendre, le pro-ducteur dispose de plusieurs leviers : le choix variétal, la dose d’azote, le fractionnement avec pilotage du dernier apport. A noter que le climat et la minéralisation de l’hu-mus du sol sont des facteurs mal maîtrisés, qui pèsent + ou - 0,5 à 2 % de taux de protéines.

Les GDA de Château-du-Loir et du Lude ont souhaité comparer différentes modalités de fractionnement des apports d’azote pour une même dose totale. L’essai a été semé le 14 octobre. La variété choisie est Arezzo. La dose totale d’azote calculée selon la méthode des bilans est de 180 kg/ha (reliquat sortie hiver : 20 kg N/ha sur 90 cm). Un apport de soufre de 40 kg/ha SO3 a été apporté au stade épi 1 cm sauf pour la modalité Fe4.

10 modalités ont été étudiées : Apport unique, 2 apports, 3 apports, 4 apports. (cf tableau descriptif).Date des apports : tallage (19 février), épi 1 cm + SO3(6 mars), 2 nœuds (7 avril), DFE (22 avril).

Les conséquences sur le rendementBien que les pertes constatées à la levée soient de 20 %, avec 91 q/ha, l’objectif de rendement de la parcelle est dépassé. Toutes les composantes de rendement sont bonnes : 2,7 épis/plante, 530 épis/m², une fertilité épi de 36 grains/épi, près de 20 000 grains/m² et un PMG de 47 g.

La modalité apport unique au stade épi 1 cm obtient le meilleur rendement de l’essai (96,8 q/ha), devant la modalité “classique” à 3 apports (tallage + épi 1 cm + DFE) à 95,3 q/ha. Le soufre n’a pas été un facteur limitant du rendement, la modalité sans soufre produit un rendement proche des autres.

Les conséquences sur le taux de protéinesLes taux de protéines obtenus sont élevés, quelle que soit la modalité testée (12,5 % de moyenne). La modalité avec apport de 80 u au stade DFE obtient le meilleur taux de protéines à 13,4 %, tandis que la modalité avec apport unique au stade épi 1 cm obtient un taux de protéines correct mais plus faible (11,9 %). La modalité avec apport sous forme de solution foliaire au stade DFE obtient le plus faible taux de protéine de l’essai avec 11,6 %. La solution foliaire n’est donc pas une alternative pour augmenter le taux de protéines.

Les conséquences sur l’état de nutrition azotéLes mesures N-Tester au stade DFE mettent en évidence que les blés bien alimentés correspondent aux modalités qui ont reçu au moins 140 kg/ha d’azote entre tallage et épi 1 cm. L’absence de pluie au mois de mars au moment où le blé a des besoins en azote qui augmentent de manière exponentielle explique probablement ces résultats.

Pour atteindre le double objectif rendement et protéines dans cet essai, la fertilisation azotée repose donc sur la stratégie suivante : 75 % de la dose totale au stade épi 1 cm (en 1 ou 2 apports), puis 25 % entre 2 nœuds et DFE selon le climat.

Philippe RABILLERconseiller spécialisé domaine végétal

Chambre d’agriculture de la Sarthe

Fe1 Azote 3 apports (tallage - épi 1 cm - 2 nœuds)

Fe2 Azote 3 apports (tallage - épi 1 cm - DFE)

Fe3 Azote 3 apports (épi 1 cm - 2 nœuds - DFE)

Fe4 Azote 3 apports sans soufre (tallage - épi 1 cm - 2 nœuds)

Fe5 Azote 3 apports (épi 1 cm - 2 nœuds - DFE en foliaire)

Fe6 Azote 1 apport (épi 1 cm)

Fe7 Azote 2 apports (épi 1 cm - 2 nœuds)

Fe8 Azote 2 apports (épi 1 cm - DFE)

Fe9 Azote 4 apports (tallage - épi 1 cm - 2 nœuds - DFE)

Fe10 Azote X + 40

N° Modalités

Rendement à 15 % q/ha 96,8 95,3 93,8 92,7 92,4 92,1 89,2 88,7 87,4 85,4 91,4

Rendement par rapport à la moyenne % 106 104 103 101 101 101 98 97 96 93 100

Humidité % 12 11,9 12,3 12,6 13 11,7 12,7 12,2 12,2 12,3 12,3

Densité levée/m² 208 199 183 190 197 198 189 201 215 193 197

Perte % 17 20 27 24 21 21 24 20 14 23 21

Epis/m² 553 526 551 518 513 517 514 537 562 539 533

Coeffi cient de tallage 2,7 2,6 3 2,7 2,6 2,6 2,7 2,7 2,6 2,8 2,7

PMG à 15 % g 47,7 47,2 47,2 47,7 48 47 47,2 46,9 48,6 46,5 47,4

PS kg/hl 76,9 76,7 77,8 77,4 77,1 76,9 77,1 78,1 77,3 77,5 77,3

Grains/m² 20 305 20 164 19 895 19 401 19 256 19 590 18 865 18 929 18 018 18 372 19 280

Grains/épi 37 39 36 37 38 38 37 35 32 34 36

Protéines % (N x 5,7 % du sec) 11,9 12,1 13 11,6 13 13,4 12,2 12,4 12,8 12,5 12,5

Modalités Fe6 Fe2 Fe10 Fe5 Fe4 Fe8 Fe1 Fe9 Fe3 Fe7 Moyenne

Résultats obtenus en fonction des différentes modalitésAvec une densité de grains semés de 250 grains semés/m2

Les 10 modalités mises en place

La force d’un groupe pour un évènement réussi !

Assemblée générale de la FDGA, le VENDREDI 27 MARS 2015. Au programme, Conférence de Pierrette Desrosiers sur le bien-être des agriculteurs/trices.« Devenez producteur de votre vie, choisissez de réussir ».

À NOTER

DANS VOS

AGENDAS

La Lettre du Développement - N° 221 - Décembre 2014La Lettre du Développement - N° 221 - Décembre 201418 19

NOUVELLE ORGANISATION

Afi n de toujours mieux répondre aux nouveaux besoins et attentes tant individuels que collectifs des agriculteurs sarthois, votre Chambre d’agriculture vient de déployer une nouvelle organisation qui se traduit par le renforce-ment de ses équipes de secteur.

Ce dispositif entre dans une logique d’amélioration conti-nue de nos services favorisant la plus grande réactivité des conseillers au service de la performance des exploitations. Nos 5 bureaux de secteurs seront ainsi renforcés par l’af-fectation géographique de 2 conseillers en agronomie. Ils vont notamment accompagner les agriculteurs sur la ferti-lisation, dans un contexte réglementaire en pleine muta-tion.

NOUVELLE ORGANISATION de la Chambre d’agriculture : une proximité renforcée au service des agriculteurs et des groupes

De nouvelles missions pour les conseillers de dévelop-pement territorial Nos conseillers d’entreprise resteront bien entendu dé-ployés sur le terrain pour répondre à tous vos besoins en matière d’installation, de stratégie/développement d’en-treprise et d’études technico-économiques.A leurs côtés, les conseillers de développement territo-rial verront leurs missions évoluer pour porter des actions de territoire de plus en plus diversifi ées se développant tant avec les agriculteurs qu’avec les collectivités locales (marchés et services de proximité, énergie, aménagement, forêt, bois, bocage, paysage, environnement, biodiversi-té...). Ils continueront naturellement de travailler en lien étroit avec vos Groupes de Développement Agricole.

qui se tiennent aussi à la disposition des agriculteurs pour tout besoin spécifi que.

Isabelle ALLAINResponsable du domaine territoires - environnement

Chambre d’agriculture de la Sarthe

BUREAU DE FRESNAY-SUR-SARTHETél. : 02 43 39 62 10

Conseillers entreprise : Amélie THOURET + nouveau conseiller attendu au 1er janvier

Conseiller développement territorial : Marine DESCAMPS

Conseillers Agronomie : Adrien OCCRE - Anne PROUST

BUREAU DU MANSTél. : 02 43 29 24 26

Conseiller entreprise : Olivier MARTINEAU

Conseillers Agronomie Florence FERRET - Philippe RABILLER

BUREAU DE SABLÉ-SUR-SARTHETél. : 02 43 29 62 15

Conseiller entreprise : Céline CAILLON

Conseiller développement territorial : Lucie JUGE

Conseillers Agronomie Grégorie BULTINCK - Laëtitia TEMEN

BUREAU D’ECOMMOYTél. : 02 43 29 61 90

Conseiller entreprise : Jean-Claude FOUCAULT

Conseiller développement territorial : Justine DESRUELLE

Conseillers Agronomie : Philippe RABILLER - Laëtitia TEMEN

BUREAU DE BOULOIRETél. : 02 43 39 62 00

Conseillers développement territorial : Jeanick SALMON - Hélène TESSIER

Conseillers développement territorial : Virginie DARLOT - Cécile BODET

Conseillers Agronomie : Virginie DARLOT - Marc GENDRY

LES ÉQUIPES DE SECTEUR

LES AUTRES COLLABORATEURS

Il s’agit ici de développer l’écoute et d’accompagner toutes les formes d’innovation. Gageons que leurs compétences d’animation locale seront précieuses pour les agriculteurs.

Ces conseillers seront appuyés par les autres collaborateurs du Domaine Territoires-Environnement, basés au Mans,

Conseiller de développement territorial

Territoire couvert(Pays et collectivités de ce Pays)

Spécialisation

Marine DESCAMPS

Justine DESRUELLE

Cécile BODET

Lucie JUGE

Virginie DARLOT

Pays de la Haute Sarthe et d’Alençon

Pays de la Vallée du Loir

Pays du Perche

Pays Vallée de la Sarthe

Animation Groupe de Développement Agricole, formation, accompagnement des projets du territoire.

Natura 2000, Accompagnement MAE, Biodiversité.

Formation, appui aux projets de territoire, fertilisation.

Urbanisme - Aménagement Anne LE MARECHAL 02 43 29 24 45

Forêt-Bois-Bocage Paysage Philippe GUILLET,

Abdallah MEGHAZI,

Mathieu REBENDENNE 02 43 29 24 0

Energie Hubert GUERAULT, 02 43 29 24 45

Marchés et services de proximité Véronique BROCHERIEUX,

Carine DUVAL, 02 43 29 24 45

Servane GOUGEON

Environnement

Irrigation Laëtitia TEMEN 02 43 29 24 16

Biodiversité (Natura 2000, MAE, réseau de références) Lucie JUGE, Alexandre HATET 02 43 29 24 45

Déchets agricoles Adrien OCCRE 02 43 29 24 45

Directive nitrates Anne PROUST, Isabelle LECOMTE 02 43 29 24 16

Etude d’épandage agro-pédologique Jean-Luc MICHONNET 02 43 29 24 45

Installations classées, RSD Arnaud CAHAGNIET 02 43 29 24 30

Etude/suivi agronomique des boues de station d’épuration Alexandre HATET 02 43 29 24 16

Zones vulnérables Anne PROUST 02 43 29 24 45

Nos conseillers de développement territorial interviendront à l’échelle d’un Pays et se spécialiseront sur plusieurs champs de compétence :

La Lettre du Développement - N° 221 - Décembre 201420

RELIQUAT AZOTÉ

La mesure du reliquat d’azote permet d’ajuster la dose d’azote prévisionnelle sur les céréales. Un reliquat élevé est source d’économie. Dans le cas contraire, il peut confi rmer l’intérêt de déclencher un apport d’azote pendant le tallage du blé. Depuis septembre 2012, la mesure du reliquat d’azote est aussi un moyen de répondre à la réglementation en zone vulnérable.

Ce que mesure le reliquat d’azoteLe reliquat d’azote en janvier correspond au stock d’azote minéral du sol sous forme nitrique (NO3) et ammoniacale (NH4). Il se mesure sur la profondeur potentielle d’enraci-nement de la culture par horizon de 30 cm quel que soit le travail du sol. Il est le résultat d’une équation à plusieurs variables : • La fertilisation azotée et la nature du précédent in-

fl uencent le reste à la récolte,• Le niveau de la minéralisation estivale,• L’effi cacité du piégeage de la culture en place, propor-

tionnelle à la biomasse produite (15 u pour un blé au stade 1 talle),

• La lame drainante entraîne les nitrates peu retenues par le complexe argilo-humique.

QUEL RELIQUAT D’AZOTÉ dans les sols en janvier ?

Effet des pluies d’automne sur le stock d’azoteLe cumul de pluies depuis le 1er août est assez variable selon les secteurs. Il se situe entre 250 et 300 mm pour une moyenne sur 20 ans à 252 m. Avec moins de pluviométrie et la douceur enregistrée cet automne on devrait mesurer des reliquats élevés en 2015.

Conseils de prélèvementL’échantillon de terre doit être représentatif de la parcelle où de la zone choisie pour l’analyse. Les parcelles homo-gènes sont rares, il faut donc répéter les prélèvements en évitant les zones “anormales”. Les tarières de type Agro-sonde permettent de prélever une petite quantité de terre tout en répétant plusieurs carottages. Dans les sols profonds, la variabilité est forte selon les pratiques et il faut mesurer le reliquat jusqu’à 90 cm.

Philippe RABILLERconseiller spécialisé domaine végétal

Chambre d’agriculture de la Sarthe

180

160

140

120

100

80

60

40

20

0 Août Septembre Octobre Novembre Décembre (1-10)

2012

2013

2014

Moyenne 21 ans

Pluviométrie (mm) Campagne départementale de mesure des

reliquats azotés :

pour une fertilisation effi cace répondant à la réglementation,

INSCRIVEZ-VOUS AVANT le 16 JANVIER au

02 43 29 24 16