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E L L E S (théâtre 140) samedi 16 octobre 2010, 13:53:41 | deashelle Le vendredi 15 et samedi 16 octobre 2010 à 20h30 le nouveau One-Man-Show de JEAN-JACQUES VANIER Elles Texte de François Rollin et Jean-Jacques Vanier Mise en scène de François Rollin « C'est l'histoire d'un homme qui voudrait comprendre les femmes. C'est donc, un peu, l'histoire, de tous les hommes. Mais en une heure et demi et en plus drôle. Tout commence avec une sombre histoire de chaussures. Quand le héros de la pièce décide d'aller acheter une nouvelle paire, alors que, explique-t-il, il n'avait aucune raison de le faire n'étant pas un grand connaisseur de chaussures, il était loin de se douter que cet acte, on ne peut plus simple, allait bouleverser sa vie. Parce que la vendeuse laisse négligemment un bouton de sa chemise ouvert, offrant à tous une vision de rêve sur son décolleté, avec le précédent client et qu'elle le referme quand c'est à son tour, Jean-Jacques Vanier, ou tout du moins son personnage, se pose des questions. Il va même jusqu'à remettre en question tout son pouvoir de séduction. Oui, il en faut peu pour déstabiliser un homme... » Eloge de l altérité, chef-d’œuvre de finesse psychologique, voici que Jean-Jacques Vanier ouvre les vannes du tendre, de la fausse naïveté, de l’ironie affectueuse pour plonger dans la connaissance de l’autre qui n’est autre que celle de la femme. . . Il se construit une cathédrale dhypothèses, de questions « lancinantes » sans réponses, mot à mot, en toute logique, suivant ses plans, exposant ses objectifs avec précision : démarche ultra masculine. La nef principale est faite d’une séance absurde d’achat de chaussures dont il n’a cure. Par contre le corsage de la vendeuse semble révéler des mystères qu’il veut soudain approfondir. Qui est la femme ? Quel est son rapport à lui, l’homme? Et le voilà parti à l’assaut de ses chimères, dans un patient travail de construction de l’éternel féminin. Un clocher à escalader ? Il a décidé de la déchiffrer enfin et de la percer à jour. L’astuce : l’expérience scientifique. Il faut donc se glisser dans la peau de cet être énigmatique, prendre sa place dans un jeu de rôles, jouer ce jeu de l’autre à fond comme au théâtre et attendre le miracle. La vérité profonde ne peut que se distiller entre les lignes. Le décor est un savant montage de drapés rouge-théâtre, illuminés par les lustres de joyeux lampions. « Life is a stage ! Isn’t it ? ». A la conquête de la reine de la nuit, il est sûr de sa méthode, même sous forme de soliloque drôlatique, puisqu’il est seul … en scène. Le gain : à travers la connaissance plus intime de la femme, il appréhendera le monde et l’âme humaine. Peut -être aussi il reconnaîtra sa part de féminité et acceptera des traits très « masculins » chez la femme ! Mais le désir, le moteur premier, qu’en adviendra-t-il ? Et la s éduction l à dedans ? Est-il si indispensable de connaître d’avance celle qui vous promet monts et merveilles, n’est –il pas tr ès réjouissant de se laisser aller à sa découverte sans se poser mille questions ? Quand la chose est connue, ne devient-elle pas insipide et dénuée d’intérêt ? Ne signe-t-on pas là, l’arrêt de mort du désir ? Une catastrophe : serons -nous un jour confrontés à l’horreur du « même » ? Jean-Jacques, en pur artiste, prendra le parti d’effacer d’un coup de pinceau l’image de la prétendue « connaissance » , pour que l’Autre existe et Deashelle sur Arts et Lettres Arts et Lettres Page 1

Deashelle Sur Arts Et Lettres

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La critique théâtrale de Deashelle sur Arts et Lettres

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E L L E S (théâtre 140)samedi 16 octobre 2010, 13:53:41 | deashelle

Le vendredi 15 et samedi 16 octobre 2010 à 20h30

le nouveau One-Man-Show de JEAN-JACQUES VANIER

EllesTexte de François Rollin et Jean-Jacques VanierMise en scène de François Rollin

« C'est l'histoire d'un homme qui voudrait comprendre les femmes. C'est

donc, un peu, l'histoire, de tous les hommes. Mais en une heure et demi et en plus drôle. Tout commence avec une sombre histoire de chaussures.

Quand le héros de la pièce décide d'aller acheter une nouvelle paire, alors que, explique-t-il, il n'avait aucune raison de le faire n'étant pas un grand

connaisseur de chaussures, il était loin de se douter que cet acte, on ne peut plus simple, allait bouleverser sa vie. Parce que la vendeuse laisse

négligemment un bouton de sa chemise ouvert, offrant à tous une vision de rêve sur son décolleté, avec le précédent client et qu'elle le referme quand c'est à son tour, Jean-Jacques Vanier, ou tout du moins son personnage, se

pose des questions. Il va même jusqu'à remettre en question tout son pouvoir de séduction. Oui, il en faut peu pour déstabiliser un homme... »Eloge de l’altérité, chef-d’œuvre de finesse psychologique, voici que Jean-Jacques Vanier ouvre les vannes du tendre, de la fausse naïveté, de l’ironie affectueuse pour plonger dans la

connaissance de l’autre qui n’est autre que celle de la femme. . .Il se construit une cathédrale d’hypothèses, de questions « lancinantes » sans réponses, mot à mot, en toute logique, suivant ses plans, exposant ses objectifs avec précision : démarche ultra masculine. La nef principale est faite d’une séance absurde d’achat de chaussures dont il n’a cure. Par contre le corsage de la vendeuse semble révéler des mystères qu’il veut soudain approfondir. Qui est la femme ? Quel est son rapport à lui, l’homme? Et le voilà parti à l’assaut de ses chimères, dans un patient travail de construction de l’éternel féminin. Un clocher à escalader ? Il a décidé de la déchiffrer enfin et de la percer à jour. L’astuce : l’expérience scientifique. Il faut donc se glisser dans la peau de cet être énigmatique, prendre sa place dans

un jeu de rôles, jouer ce jeu de l’autre à fond comme au théâtre et attendre le miracle. La vérité profonde ne peut que se distiller entre les lignes. Le décor est un savant montage de drapés rouge-théâtre, illuminés par les lustres de joyeux lampions. « Life is a stage ! Isn’t it ? ». A la conquête de la reine de la nuit, il est sûr de sa méthode, même sous forme de soliloque drôlatique, puisqu’il est seul … en scène. Le gain : à travers la connaissance plus intime de la femme, il appréhendera le monde et l’âme humaine. Peut-être aussi il reconnaîtra sa part de féminité et acceptera des traits très « masculins » chez la femme ! Mais le désir, le moteur premier, qu’en adviendra-t-il ?

Et la séduction là dedans ? Est-il si indispensable de connaître d’avance celle qui vous promet monts et merveilles, n’est –il pas très réjouissant de se laisser aller à sa découverte sans se

poser mille questions ? Quand la chose est connue, ne devient-elle pas insipide et dénuée d’intérêt ? Ne signe-t-on pas là, l’arrêt de mort du désir ? Une catastrophe : serons-nous un jour

confrontés à l’horreur du « même » ? Jean-Jacques, en pur artiste, prendra le parti d’effacer d’un coup de pinceau l’image de la prétendue « connaissance » , pour que l’Autre existe et

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d’un coup de pinceau l’image de la prétendue « connaissance » , pour que l’Autre existe et reste « autre » !

http://www.theatre140.be/

Féminaire (théâtre de la Clarencière)jeudi 14 octobre 2010, 11:30:00 | deashelle

Feminaire, un sanctuaire

« Mon père était couvreur. Je louchais du subconscient : un œil dans la mine, l'autre sur lui. Le gouffre et les hauteurs simultanément épiés, créateurs d'un unique émoi. De mon père,

j'admirais le glissement sur les tuiles, en évadé, en rocambole, , mais aussi parfois, la pâle, la lente reptation. C'était un couturier des toits. Il ne pratiquait certes que l'alpinisme des

humbles, néanmoins, il connaissait le royaume du vent (...) Acrobate pur de public, funambule méconnu, mon père fût-il mon premier héros ? » Marcel Moreau sécrète une

écriture pulsionnelle et charnelle, établissant l’existence de deux corps, le corps charnel d’abord et le corps verbal ensuite. Il lui faudra l’accès à l’écriture, toute jeunesse passée, pour

enfin révéler son corps verbal fait de jaillissements et de peintures sensuelles et érotiques, toutes décrivant au plus précis, la femme et le désir de la femme. « Le corps a donné corps à

ma rage d'interpréter l'Homme, et le monde. » Sa dernière pièce injouée et injouable a deux personnages : le rythme et le verbe. C’est dire si son univers est illuminé et insolite."La mort de

mon père met fin à mon inconscience. Tout ce qui l'a précédé a été l'enfance des sens. Tout ce qui la suivra sera l'enfance du verbe"

Jean-Claude Drouot établit le parallèle entre le monde minier du Borinage de l’enfance du poète belge, amnésié comme par un coup de grisou par la mort de son père lorsqu’il avait 15 ans et ce monde des profondeurs de la sensualité où l’on débarque comme dans un monde tumultueux, impétueux, fantasmagorique et jamais dit. Où l’on pénètre dans des veines

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tumultueux, impétueux, fantasmagorique et jamais dit. Où l’on pénètre dans des veines

souterraines jamais explorées… celles de l’érotisme incandescent et paroxystique, seule valeur sûre dans les flottements et dérives modernes. Quant aux dérives anciennes… dans ce texte

dont on n’ose dire le nom, Moreau est plein de colère contre ceux qui touchent à l’intégrité féminine. Féminaire, un sanctuaire !

Jean-Claude Drouot a évoqué de grands noms dans ce spectacle : Alechinsky, Topor, Anaïs Nin. L’actrice Suzy Falk, l’Eve du Théâtre, était présente… et Marcel Moreau, " l’objet d'une véritable

passion chez ses innombrables (lecteurs) lectrices anonymes ou célèbres" sera là en personne vendredi soir… à la Clarencière!

Marcel Moreau est né le 16 avril 1933 à Boussu en Belgique. Marcel Moreau a construit une oeuvre majeure dont quatre grands titres, Quintes, L'Ivre livre, Le Sacre de la femme et Discours contre les entraves, ont récemment été

réédités. Son cinquante-troisième livre, Une philosophie à coups de rein, apprivoise l'énigme de sa propre mort et

nomme les leurres de notre modernité.

http://www.dailymotion.com/video/xd6hw9_la-seve-de-marcel-moreau_creationhttp://www.youtube.com/watch?v=Nwowpxs0eDYD O N C ,Les mercredi 13, jeudi 14, vendredi 15 octobre 2010 à 20h30,

Le dimanche 17 à 16h00 (sous réserve) http://www.laclarenciere.be/

Au Magic Land Théâtredimanche 10 octobre 2010, 22:00:00 | deashelle

LES MUTINÉS DU FISH AND SHIPVu le succès : reprise de cette saga délirante par la compagnie du « MAGIC LAND THÉÂTRE » écrite et mise en scène

par Patrick Chabou.Lorsque le gouverneur et sa trop charmante épouse embarquent sur le « Fish and Ship », chargés par le roi de

remettre de l’ordre dans les lointaines colonies, ils sont loin de se douter du sort terrible qui les attend…

On devait s’y attendre… croisière de rire, déjà le titre était délirant…Des archétypes, de la grivoiserie plein les oreilles, des chants de marins de part et d’autre du rideau magique, le bonheur partagé des acteurs-et-spectateurs… voilà les ingrédients de l’amusement. A-t-on vraiment envie de s’y laisser prendre ? Et puis, non, c’est quand même irrésistible, on se jette à l’eau !Le dimanche après midi, il y avait beaucoup d’enfants dans la salle, de trois à 12 ans, ils ont sans doute adoré les magnifiques costumes d’époque, l’embarquement sur le bateau à voiles mythique, la tempête mémorable, les combats de la mutinerie, l’abordage d’un bateau collègue, pirate lui aussi, et l’épisode de l’arche de Noé totalement burlesque pour arriver à Port au Prince et couler des jours heureux et candides. L’action débridée les a sans doute ravis et fascinés… Sirotant leur grenadine à l’entre acte dans un vrai bateau de pirates… au milieu des cordages, gaillard avant et arrière, filets, ponts et cabines en tout genre, ils pouvaient rêver de puissance et de liberté. Magique pour eux sûrement. Et fort mystérieux, conscients que les adultes possèdent certainement des clés encore interdites. L’assaut des mots, des calembours, allusions oiseuses, contrepèteries et autres figures de styles les ont sans doute laissés pantois.Côté adulte, c’est une beuverie collective d’humour et de comique chansonnier. La tête vous tourne, une vraie java verbale, mais les comédiens sont si bons et si artistes que l’on ne peut s’empêcher d’aimer quand même tout ce baroque, ces mélanges généreux, ces pots-pourris, ces anachronismes en tout genre, ces gauloiseries bien enveloppées pour ne pas heurter les jeunes sensibilités, ces gallégeades à tiroirs, ce tout pour… la surprise théâtrale sans fond ni loi !Du 7 octobre au 24 octobre 2010Distribution : Daniel Cap, Pascaline Crèvecoeur, Christelle Delbrouck, Sophie D’Hondt, Philippe Drecq, Thomas

Linckx, Juan Marquez Garcia, David Notebaert, Stéphane StubbéCréation d’éclairage : François Noé Décors : Isis Hauben et Yves Goedseels Régie : Yves Goedseels et François

Noé Costumes : Frédéric Neuville Création sonore : Hughes Maréchal

http://www.magicland-theatre.com/index.php5?pageId=1

Au théâtre de Pochesamedi 9 octobre 2010, 11:00:00 | deashelle

Devinez le titre de la pièce...

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Devinez le titre de la pièce...L’histoireJohn, la petite trentaine, vit avec son petit ami depuis ses 20 ans. Après une rupture, il se retrouve dans une situation très inattendue : il se sent pour la première fois attiré par une

femme qu’il a rencontrée sur le chemin du travail… Il sent que cette nouvelle relation pourrait se transformer en quelque chose de solide et de durable. Mais bien qu’il ait de vrais sentiments

pour cette femme, John est à plusieurs égards toujours étroitement lié à son ami. Il doit maintenant faire un choix et ce choix est terriblement douloureux car il l’oblige à se définir.

Cette situation le tétanise et le réduit au silence. Il doit pourtant décider de la direction que prendra sa vie. La situation est poussée à son apogée dans une scène finale, drôle et

dérangeante, où John invite cette femme à manger chez son ami en présence du père de celui-ci, l’ambiance est atrocement inconfortable alors que tous attendent le verdict de John avec sur

la table un rôti de bœuf qui n’en finit pas de refroidir.

NOUSY ÉTIONS,HIERSOIRVoici une très, très, belle pièce d’un auteur anglais volubile et moderne qui jette un regard sans préjugés sur la sexualité masculine, et sans exhibitionnisme non plus. Tout reste dans la mesure et une certaine retenue. Bravo, le sujet aurait pu vite déraper. Au contraire, alors que le début de la pièce est un peu inquiétant, on s’attache soudain aux quatre comédiens qui mènent leurs

approches avec beaucoup de pittoresque et d’honnêteté. C’est presque aussi captivant qu’un vaudeville, mais c’est bien plus.

Beaucoup de nuances, alors que les personnages semblent être un peu des archétypes. Seuls éléments du décor, les terrasses en escaliers sur lesquelles ils évoluent sont autant de points de

vues différents, de rapports de forces à géométries variables… et permettent une mise à nu très respectueuse et subtile de chacun. Quatre interprétations vigoureuses, en bleu, rouge, blanc, et

mélanges de vert camouflage pour John l’indécis. Il a tant de mal à se dire, il est torturé par ses incertitudes tandis que sa faiblesse tyrannise les deux amours de sa vie. Tout le monde souffre.

Pour lui, le choix – c’est mourir un peu –, une douloureuse épreuve, comme pour Hamlet ou Le Cid… ou le John du Meilleur des Mondes.

Mais quelle idée de s’attarder indéfiniment sur la recherche de son identité véritable quand on peut trouver comment nous sommes, et comment on se relie aux autres ? La jeune femme

divorcée pleine de tendresse pour John rêve ses rêves de vie et l’invite au voyage. Difficile de ne pas citer Baudelaire :

- Qui aimes-tu, homme énigmatique,dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?

- Je n'ai ni père, ni mère, ni frère, ni sœur.

- Tes amis ?

- Vous vous servez là d'une parole dont le sens

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- Vous vous servez là d'une parole dont le sensm'est resté jusqu'à ce jour inconnu.

John dit lui-même qu’il n’est qu’un trophée contre la solitude, le vide et l’ennui de son ami, son frère… mais il lui manque le courage et la volonté de choisir la relation où il pourra exister et être respecté. Démuni, tout entier dans la faiblesse humaine, il est victime des étiquetages pour supermarchés.

Sera-t-il maudit ? Qui ne dit mot … consent : l’adage sera-t-il vérifié ? Ou bien sa résistance silencieuse marquera-t-elle la souffrance indéfinie et muette de celui qui est dans l'absence?

Avez-vous deviné le titre de la pièce ?Indice : http://www.poche.be/saison1011/cock/index.html

25 Septembre 2010 >> 23 Octobre 2010 Traduction Xavier Mailleux - Mise en scène Adrian Brine assisté de Xavier Mailleux - Avec Christian Crahay, Cédric Eeckhout, Grégory Praet,Erika SainteDu mardi au samedi à 20h30 Réservations : 02/649.17.27 - [email protected] -

Jacqueline BIR et Alexandre VON SIVERS dans SARAH ( théâtre Argan42 )mercredi 6 octobre 2010, 10:00:00 | deashelle

SARAH Le Cri de La LangousteAvec Jacqueline BIR et Alexandre VON SIVERS

Titre original: Memoir (1978) de John MURELL adaptation de Eric-Emmanuel SCHMITT Mise en scène : Daniel Hanssens, création de Argan 42

Eté 1922… Sarah Bernhardt, vieillie, tente de dicter ses mémoires à son secrétaire Pitou. Pour l’aider à se souvenir de cette vie d’aventure, d’audace et de fantaisie, il accepte de jouer les personnages qu’elle veut retrouver. Ainsi, sa mère, sa sœur, son amant, son mari, son fils, son imprésario américain, un machiniste, Oscar Wilde et George Bernard Shaw répondent tour à tour à une Sarah Bernhardt

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Wilde et George Bernard Shaw répondent tour à tour à une Sarah Bernhardt défiant sa propre mort entre vie et théâtre.Personne ne me croira, mais je regarde Jacqueline Bir et Alexandre Von Sivers jouer Sarah Bernhardt dictant la 2e partie de ses mémoires à son’ P majuscule de Patient secrétaire nommé

Pitou, et avant de devenir elle-même une p minuscule poussière, …. et je vois soudain une femme croulant sous l’expérience de deux ou trois siècles contigus, refaire tout le chemin

exploratoire de l’imagination, comme le fait avec tant de passion et de grâce, un enfant de trois ou quatre ans quand il invente le bonheur magique du théâtre.

J’explique : en scène il y a l’enfant qui veut faire éclore son histoire avec une détermination flambante… Ni boire ni manger ne l’intéressent, encore moins dormir ! Comme Sarah ! Il faut inventer des excuses pour arrêter le jeu… Le jeu bouge sans cesse : glissements de personnages, de temps et de lieux, l’imparfait ludique relie le tout, l’enfant exulte. Une toute nouvelle réalité pour lui, celle qu’il crée de toutes pièces, voit le jour. Son esprit ne connait pas de limites. Liberté sauvage, quelle excitation dans ses yeux ! Il se fâche quand le compagnon de jeu ne se plie pas à ses caprices créateurs, force à continuer quand on voudrait s’évader, mais il est craquant de candeur et de plaisir sur les chemins de ses histoires et frissonne sous le plaisir du jeu pour le jeu. Et le compagnon de jeu lui aussi de s’embarquer inévitablement pour Thespies ! Voici ce que nous avons connu sur scène ce soir. Arrêter le temps et la réalité ambiante pour se livrer aux plaisirs fascinants de la création vivante … même s’il y a un texte adapté par de E.E Schmitt derrière, qu’importe , on dirait qu'ils improvisent! La grande Jacqueline s’amuse de son secrétaire avec ravissement. Celui -ci endosse avec bonheur le rôle poétique du petit prince : « Je suis responsable de vous ! »déclare-t-il. On dirait qu’il parle à la rose !Quant à Sarah, les souvenirs ne sont qu’un moyen de retrouver le frisson, c’est le jeu qui la galvanise. Même si c’est au prix d’une âcre réflexion sur l’âge et ses destructions : « Rien ne vaut la peine d’être vécu, le soleil a raison de se consumer le plus vite possible » Le tragique grec nous saisit à la gorge: « Devoir se fondre dans la boue et l’obscurité définitive. Nous

rentrons tous dans le même marais im-monde » …Est-ce à dire « Sans monde ? »

Le pathétique abonde : elle cite les paroles de Phèdre : « Tout m’afflige et conspire à me nuire, Soleil, je viens te voir pour la dernière fois… » Des salves répétées d’ironie amère accusent

l’absence de sens de la vie et la finitude même de « la boule » au rang du quel elle n’hésite pas à se hisser. Vous aurez compris, Il s’agit encore du soleil : « A quoi sert le soleil ? A me faire

oublier que l’univers est obscur ! » Et soudain, une lueur d’espoir: « Le soleil ne se couche pas, il se lève ailleurs ! »

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Jacqueline partage sans doute frénétiquement avec Sarah l’immense mélancolie de la vie et celle du bout de la course… Les deux étoiles se réunissent, à défaut d’atteindre l’éternité rêvée.

Et puis, qui sait ? Sarah a lancé à la volée et sans la moindre honte les documents soigneusement étiquetés par son fidèle secrétaire. Quelle importance ? Voyez la jouissance

dans son jeu de scène, dans les comptes qu’elle règle avec sa mère, sa sœur, « J’ai rêvé de l’impossible puisque tu ne rêvais de rien pour moi ! » son mythe fondateur, accusateur et

tragique. Elle se complait dans le plaisir de donner « J’ai nourri l’ogre (le public) » et se réjouit « Il te sera beaucoup pardonné car tu as beaucoup aimé…». Elle s’empare de la réplique, de la

joie du drame, des mimiques savantes et autres gestuelles théâtrales. Sarah Bernhardt pleure sa vie qui s’éteint, mais Jacqueline, s’amuse au firmament. Quoi de plus beau et de plus

étincelant? On ne vous dira pas son âge à la fin, lorsque tombe le rideau !Pièce solaire

http://www.argan42.be/fr/home.html

Les Fugueuses au théâtre de la Flûte Enchantéelundi 4 octobre 2010, 10:30:00 | deashelle

Les Fugueuses

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Se fuir soi-même et les autres et quand même se retrouver sur une route avec une alter ego, et malgré la vieillesse odieuse ou l’abandon mesquin, retrouver le plaisir des premières fois ? Voici le programme que les deux excellentes actrices Chantal Pirotte et Jacqueline Préseau, nous propose dans « les Fugueuses » de Pierre Palmade. Claude et Margot vont se concocter une échappée belle, belle comme leur nuit dans leur hôtel à trente étoiles.Dans l’obscurité la bande sonore nous répète avec la chaleur de Stéphane Grapelli « the show must go on ». Le décor change souplement, comme des vignettes d’hiéroglyphes, épurés et

parlants, mais la quête sera toujours aussi pathétique, malgré les éclats de colère à en rire ou de rire à en pleurer, ou les scènes de fourberies évidentes qui nous ramènent à la farce. « Ils

ont des chapeaux ronds… En Afrique les dromadaires /Ont la peau qu'est si tendue, Que pour fermer les paupières/ Ils doivent …. »

Passée maître dans la comédie humaine Jacqueline Préseau, pétrit l’hypocrisie, l’égoïsme forcené, sa belle armure contre les souffrances de la vie, et la mauvaise foi… avec autant de

naturel que les hommes pétrissent la jambe d’une femme, quel que soit son âge … Personne ne la croit vraiment, ni elle non plus… « Même l’instinct maternel, c’est de la foutaise» lâche-telle.

Mais elle joue, désespérément, faisant croire. Elle y va de la comédie, même pour sa partenaire de route… jouant sur un fil et se jouant d’elle chaque fois qu’elle le peut ! Elle est donc une

comédienne attachante qui se bat pour faire vivre un théâtre sans prétention mais où règne l’amour de la scène et le plaisir de dire. « Votre mère ne perd pas le Nord, elle le choisit » « Je

voulais être ailleurs et je suis ailleurs !» Ain't Misbehavin'!

Les trois sœurs au théâtre Variasamedi 2 octobre 2010, 18:30:00 | deashelle

D’Anton Tchekhov.Adaptation et mise en scène de Michel Dezoteux.Avec: Rosario Amedeo, Karim Barras, Erwin Grünspan, Blaise Ludik, Sophie Maillard, Fanny Marcq, Emilie Maquest, AntojO,Dominique Pattuelli, Julien Pillot, Achille Ridolfi, Alexandre Trocki.www.varia.be

Un spectacle bouillonnant de vie, d’humanité et d'émois... et pourtant il n'y a pas vraiment d’intrigue! De la magie théâtrale pure et simple, mais ô combien

fignolée! Le spectateur est happé du plus profond de ses affects, et hissé au-delà de son ennui. C’est que l’émotion circule dans tous les sens, le théâtre est une

rotonde, les spectateurs tous invités sur scène vibrent à l’unisson avec les comédiens, cœurs déchaînés. Tous dans le même creuset. Le thème de l’ennui

provincial se fond avec celui de la recherche éperdue du sens de la vie. « Quel est

le sens de tout ça ? Tiens il neige, où est le sens ?» Macha : « Il me semble que

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le sens de tout ça ? Tiens il neige, où est le sens ?» Macha : « Il me semble que l'homme doit avoir une foi, du moins en chercher une, sinon sa vie est complètement

vide... Vivre et ignorer pourquoi les cigognes volent, pourquoi les enfants naissent, pourquoi il y a des étoiles dans le ciel... Il faut savoir pourquoi l'on vit, ou alors tout

n'est que balivernes et foutaises. » En filigrane le pessimisme foncier de Gogol

fuyant vers l’Europe en berline ressort: « On s'ennuie à se pendre, dans ce monde, Messieurs ! » Tour à tour le rêve, l’imagination s’emparent de chaque protagoniste

… et l’inaction sert chacun à la gorge. Le public ne fait rien que regarder. Les comédiens à travers rires et pleurs comme aux giboulées de Mars, ne font pas

avancer l’histoire. Rien ne change, malgré le temps qui passe, d’année en année, et c’est juste la vieillesse qui creuse son désespoir, tarit l’enthousiasme, tue,

comme l’alcool, à petit feu.

Il ne reste plus rien du médecin militaire. Il a tout oublié, il n’existe plus, d’un geste évocateur il fait mine d’ouvrir sa boîte crânienne, c’est le vide, tout est

parti, envolé, et il s’en fout : seul remède contre le désespoir ! « Nous ne vivons pas, il n'y a rien en ce monde, nous n'existons pas, nous le croyons seulement... Et

n'est-ce pas bien égal ?... » Ses solos d’ébriété déchainent les rires, l’humour est triste.

Irina, la plus fantasque, celle qui poursuit son rêve avec le plus d’acharnement, qui vit le plus d’imaginaire sera la plus grande victime. « Mais mon cœur est comme

un piano précieux fermé à double tour, dont on aurait perdu la clé. » Elle n’arrive pas à dire les mots que le baron, qu’elle est sur le point d’épouser, voudrait

entendre avant d’ouvrir la porte sur la dernière affaire à régler de sa vie. « Un baron de plus ou de moins… » ironisera encore le médecin, impassible devant

l’absurdité.

Le frère adoré, Andreioucha, à l’avenir tellement prometteur est devenu fonctionnaire administratif au lieu de sa brillante carrière de professeur. Il a été

berné par une femme fatale prédatrice et dure, qui fabrique des enfants avec l’égoïsme d’une féline sans cœur. Ce n’est pas tant la mort du père un an avant

qui « a libéré son corps et son âme » comme il le prétend, c’est la privation d’action, imposée par la Natalia toute puissante qui le fait grossir à vue d’œil !

Humour triste et affectueux. Et si approprié ! Quand la mante religieuse va-t-elle

le dévorer ? Il est à point, couvert de dettes de jeu, il a hypothéqué la maison familiale sans l’avis de ses sœurs.

Et pourtant, à la fin le souffle mêlé des trois sœurs fait renaître l’espoir insensédans la vie, crié à tue tête. Malgré la neige glacée éparpillée sur le sol, la maison

perdue… Le mari de Macha accueille sa femme comme s’il ne s’était jamais rien passé avec le Verchinine, sagesse de cœur, confiance radieuse en l’inaction. Les

défaillances du réel sont si négligeables ! Voilà pour l’homme. « La vie est immuable, Monsieur, elle a ses propres lois que nous ne comprenons pas.» Mais

l’homme est éphémère : « On nous oubliera » répètent inlassablement les

personnages tour à tour : « Pour nous le travail, rien que le travail pour que les générations de l’avenir aient un avenir élargi ...heureux ! » Cette pièce a ressuscité

Tchékhov, l’auteur, et nos espoirs.L’interprétation, les mouvements, l’élocution, la vivacité des répliques sont pour le spectateur, une ronde de délices que l’on savoure minute par minute. Quel

plaisir !

LES GRECS (II) …. LE SOUFFLE, L’ESPRIT (au théâtre des

Martyrs)jeudi 30 septembre 2010, 11:30:00 | deashelle

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d'après Homère, Eschyle, Sophocle, EuripideAu théâtre des Martyrs, splendide deuxième partieŒuvre de transmission, la suite de l’épopée est tout aussi grandiose. Si pas plus percutante car il s’agit de découvrir, grâce aux textes millénaires, notre ajustement dans ce monde si

éphémère, parvenir à la vie bonne, trouver notre juste place, se fondre dans l’harmonie de l’ordre cosmique. Combattre le chaos et les forces du mal. Retrouver la paix. Le texte est

magnifique, intemporel et cadencé. L’empreinte des grandes tragédies laissera sa trace de sagesse pour ceux qui n’y ont jamais été exposés, quel défi et quel bonheur à la fois ! Rien ne

dure, sauf l’écriture.

Le jeu d’Electre, fleur de sel sauvage, opiniâtre et noble, est digne du Grand Sophocle. Elle paraît si jeune, tout amour pour son père et son frère, et si forte. De la passion à l’état pur,

cheveux courts en broussaille, nervosité, rage et débordements. « Je ne fais que montrer la vraie nature de celle qui m’a conçue ! » « Ta colère a fait de moi ce tas de haine ! »

Clytemnestre, comme d’habitude ne l’écoute pas et s’adressant à Apollon le supplie : « Accorde-moi ce que je n’ose dire et que, dieu, tu auras compris ! » Elle appelle la mort de son propre fils pour protéger sa vie et celle de son amant, Egisthe. Au mépris du bien de ses enfants, si facilement reniés.

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« L’outrage répond toujours à l’outrage » Clytemnestre aurait pu s’exiler après avoir vengé le sacrifice de sa fille Iphigénie, et aller expier sa culpabilité pour arrêter la malédiction. Non, elle

veut avec son amant, jouir de la gloire et du prestige, du pouvoir, spoliant ses enfants à jamais. Electre, devenue animale et gonflée de rage, rejetant tous les honneurs de princesse, est

saisissante : c’est la vie même qui se débat dans un cadre de mort. On voudrait la prendre dans le creux de sa main et la sauver. Comme essaie de le faire désespérément, sa sœur

Chrisothémis, délicieuse, humaine, d’une extrême compassion pour sa sœur, une fleur de vie. « Electre, réfléchis, la justice peut être mortelle ! »

« Ceux qui font le mal, souffrent ! » Le chœur ne souligne-t-il pas : « Le plus grand des dons des dieux est un esprit modéré ». Il clame sa confiance dans l’homme, fondement de l’humanisme :

« il n’est rien que les humains ne puissent surmonter ! » Hélas l’humanité est prise aux filets du Destin, Cassandre la première, dans sa robe de dentelle, elle sait qu’elle va mourir, que les

hommes ne croiront pas ses prophéties. Elle est, selon le concept grec, déjà morte. Clytemnestre, suffocant de jalousie, lui souffle : « Orgueilleuse, tu es maintenant sans patrie! ».

La malédiction est sur tous les Atrides. Oreste est pris de folie après le meurtre de sa mère. « Le mal engendre toujours le mal » Il faut donc interrompre le cycle infernal : « La loi, non la vengeance ! » Mais aucun homme n’est jamais libre, nous sommes toujours esclaves de quelque chose….

Cette création théâtrale est magistrale, costumes, coiffures, mise en scène prodigieuse. La foule de comédiens est un vrai peuple transmetteur. Agamemnon, Oreste, Pylade, sont des virtuoses

de notre humanité. Le chœur est pétri d’humour, de sagesse et de bonne distance ... et les rôles de DOLORÈS DELAHAUT et d’ HÉLÈNE THEUNISSEN sont interprétés avec l’énergie … du

dés’Espoir !

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http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece1.htmlPremière partie :

La Guerre - Les Femmes Deuxième partie :

Les Crimes - Les Dieux Du 28/09 au 31/10/2010

L'héritage des Beulemans (au théâtre des Riches-Claires)mercredi 29 septembre 2010, 14:30:00 | deashelle

Le décor est pauvre et moche, chaises tubulaires anachroniques, murs moutarde ou blondasse, affiches Beulemans, photo d’ancêtre et scène breughélienne, rien du goût du

jour. En cinquante ans par contre, l’Europe a fait du chemin, hymne à la joie vers le toujours plus propre, plus efficace, plus rentable, la machine a gommé les particularismes,

les microbes à fromage et à bières vivantes, les pieds de vignes arrachés contre subsides, on est dans l’ère de la pasteurisation, rationalisation et uniformisation. Le meilleur des

mondes.

L’HÉRITAGE DES BEULEMANS

… Fausse note, la future héritière de l’empire Beulemans-Meulemeester , Colette Sodoyezraccroche avec efforts, accent, intonation bruxelloise et belgicismes à deux balles quand elle est

en famille, tandis qu’elle essaie de recommencer cahin-caha une vie sentimentale goût du jour, avec un Français très verbeux, à la langue doublement compliquée puisqu’il y ajouté …le jargon

européen. C’est l’excellentMichel Hinderyckx qui tient le rôle, du plus pur comique. Retour à la case départ : y aura-t-il un second mariage de Mademoiselle Beulemans ?

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Mais rien à voir avec l’histoire d’il y a cent ans, la langue, comme la bière ont été aseptisés. C’est que la verve de Raymond Pradel a heureusement trouvé une nouvelle

cible : jeu d’escrime ou de fronde délirant contre tous les défauts de l’Europe et sa bureaucratie dévorante. Les Français roucouleraient de plaisir! La salle se gondole de rire, larmes aux coins des yeux.

Et c’est le bonheur total à écouter la caricature de l’esprit bruxellois sur scène. Michèle Robson,reine du jeu et de la vraisemblance sans le moindre semblant, ne démord pas de son

appartenance, de son particularisme ou de sa mauvaise foi. A cela ajoutez le port royal de la chef d’entreprise, son assurance à toute épreuve et pieds sur terre comme on ne peut pas! Elle

est grandiose ! Chatoiement de postures, la gestuelle est bien de chez nous et vraiment plaisante : le comptable Lauwers (avec un W) est irrésistible. Le grand-père mâle et malicieux,

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plaisante : le comptable Lauwers (avec un W) est irrésistible. Le grand-père mâle et malicieux, léger et drôle reprend les rennes, juste quand il faut. Les prénoms –Fernand ! – exclamations et interjections savoureuses, le vocabulaire senti, le mépris dans certains mots comme snul, soukeleir, labekkak, vagabond et autres vocables pittoresques… nous font rebondir au temps de nos grand-mères, ces années cinquante huit au moche décor, où Bruxelles brusselait partout, même à l’école primaire, et pas qu’aux Marolles…. Jubilatoire. Qu’il est « gai » ce spectacle du temps des lectures du Gai laboureur… « J’èèèèèème, …ce spectacle ! »

Jusqu'au jeudi 30 septembre 2010Centre culturel des Riches-Claires Rue des Riches-Claires, 24 1000 Bruxelles

http://www.lesrichesclaires.be/reservation2.cfm?event_id=86

Avec MICHEL HINDERYCKX, MICHÈLE ROBSON, NOËL BAYE, COLETTE SODOYEZ. ET JACQUES VAN DEN BIGGELAAR

Pièce Montée (théâtre Argan 42)lundi 27 septembre 2010, 12:30:00 | deashelle

croquer la figurine de "La Pièce Montée" De Pierre Palmade

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On est allé revoir LAURE GODISIABOIS pour son style. Joli divertissement ! Immense pouvoir comique de « cette vraie actrice » seule en scène, sont les mots susurrés à gauche et à droite que l’on peut entendre à la sortie du spectacle. Le jeu est incessant, à peine moins turbulent que celui d’une jeune chatte enfermée dans une cuisine. Les intonations et la voix sont au bord de l’étrange, sorcière morte de solitude, ou Bobo du XVI è ? Tour à tour pétillante ou frissonnante et inquiète elle se joue du temps qui passe. Duel serré. Heureusement qu’il y a le tiers : dès le début s’installe une absolue connivence avec public puisqu’il est là, lui, alors qu’amis et famille se font désespérément attendre, cela nous mène au bord de l’attendrissement. Pathétique, sa chanson d’accueil, une ode à l’amitié, si dérisoire ! On sortirait bien de son fauteuil pour aller la consoler !

Pièce montée. Comment passer le temps ? Meubler le silence implacable de la rue sans voitures, parler au voisin et son chien par la fenêtre, raconter et vivre un cauchemar, dévoiler

avec ironie incisive les inimitiés profondes des pièces rapportées, tout un montage ! S’affairer sans cesse pour les détails domestiques. Elle marche sur le fil poétique: voici un savoureux coup

de téléphone où elle n’est pas toute blanche, et où elle épèle son nom un peu comme dans le fameux sketch du Télégramme. « Je m’appelle Françoise Lumière : C’est comme PUMA, mais

avec un -L- et à la place du A à la fin : i-è-r-e……» Hier ou Demain ? Consulter les horoscopes, chanter et danser des souvenirs heureux tant qu’on y est, puisqu'on attend!

Broder avec verve et humour quelqu'accent anglais. S’adressant à son seul partenaire, le public : « You’re welcome !» dit-elle avec un clin d’œil irrésistible elle fait de son angoisse une somptueuse dentelle inutile et belle.La table de style dit tout son cœur débordant d’amour et de brocarts rêvés, l’installation dinatoire pour pages de maisons de charme dit sa solitude profonde. Doux-amer parfait.

Loufoque sérieux. Espièglerie et tristesse. D’un bout à l’autre : du vrai talent, à croquer!Spectacle de clôture du festival d'été de Bruxellonshttp://www.argan42.be/fr/piecemontee.html

Vy : Bonjour les frissons quand l’alouette joue dans la lumière…(au théâtre de la Vie)

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lumière…(au théâtre de la Vie)dimanche 26 septembre 2010, 22:00:00 | deashelle

…« Je suis née en Algérie de père vietnamien et de mère belge. Quand mes parents se sont séparés, nous sommes venus vivre à Mons avec ma grand-mère maternelle qui développait un racisme totalitaire. Nous représentions le “péril jaune”. Pour elle, éduquer un enfant consistait à l'empêcher de rire, de jouer, d'avoir des secrets. L'adulte avait le pouvoir absolu », raconte la comédienne toute menue.

Devant l’immense mur de briques du théâtre surgit une véritable enchanteresse, légère comme une plume en robe ethnique noire, épaules et pieds nus, cheveux tirés comme une ballerine. Une phrase soudaine détonne dans son cœur fou de vivre. Une phrase innocente de la femme-oiseau, une voisine maghrébine, chaleureuse mère de famille nombreuse chez qui elle se réfugie de temps en temps. Une permission de vivre et d’ouvrir les yeux : « Il faut de tout pour grandir » dit-elle à la petite fille comme la bonne fée… « Pourquoi as-tu besoin de la musique de l’oiseau en cage au bord de la fenêtre?» demande-t-elle, elle qui d’habitude muselée, n’ose que de rares pourquoi. « Pour retrouver mes ailes » répond la voisine sibylline. Son professeur

de piano lui disait : « Ecoute le chant, raconte l’histoire, même dans une gamme… ». Mais elle a dû apprendre à rire en silence. Et à fuir sur la pointe des pieds.

Vy en vietnamien veut dire « tout petit », c’est le nom de sa poupée de bois, son doudou, qui raconte ses déboires avec humour et douceur et s’échappe par le verbe gracieux et tendre par-

dessus les murs de silence hostile. C’est cette poupée qui a pleuré silencieusement quand la grand-mère a coupé sauvagement les magnifiques cheveux de sa sœur. « J’ai cru que j’allais

vomir ! » nous confie-telle, pour l’atteinte symbolique à l’intégrité de sa sœur, en attendant son tour. Touches par touches l’enfance et l’adolescence se disent sur les pages blanches du cahier

d’écolière cent mille fois visitées par l’ancêtre curieuse et méchante, comme dans les contes de fée. La poésie, la grâce vont faire d’elle une artiste de gestes et de mots. C’est le conte de fée.

Au fond d’elle il y a cette détermination de vie de la mauvaise herbe, « de cochon jaune », oserait persifler la marâtre … et une jeune fille amoureuse de la danse, de la musique et des

mots en train d’éclore et de briser sa coquille.Parfois, dans son lit elle s’écrie en silence « Dis-moi papa je ne sais plus me servir de mes ailes, je ne sais plus où est le ciel». Yen l’hirondelle est au bord du désespoir. Mais quand elle a vu

Ismaël, un ange aux yeux si brillants, amoureux des oiseaux, elle a senti « ce battement d’ailes de ce frémissement du ciel ». Au comble du malheur elle dit avec une douceur de papier de soie « la vie est un rêve, je vais me réveiller ou mourir ! » … Et jamais elle n’accusera, pas d’amertume, car elle a découvert la Vie en elle, devenue comédienne … et facteur. Et quoi de plus beau : la Vie ! Les Lettres ! Avec amour, sur la croix noire de sa grand-mère elle grave avec le crayon doré de ses plus beaux poèmes un message de paix:

« Elance ton âme vers le ciel … Vis ! »

« Vy » de et par Michèle Nguyen, Atelier Théâtre de la Vie, 45 rue Traversière, 1210 Bruxelles

http://www.theatredelavie.be/

LES GRECS :"Une oeuvre qui creuse le sillon lancinant du

malaise de la civilisation" (théâtre des Martyrs)dimanche 26 septembre 2010, 14:30:00 | deashelle

Toute l'ambassade grecque était présente et la salle du Théâtre des Martyrs, comble !« LES GRECS », épopée en deux parties d’après Homère, Eschyle, Sophocle et Euripide

Fabuleux exploit : le tragique ancien nous revient. Le Théâtre en Liberté se lance à l’assaut des grands mythes méditerranéens qui ont mis en place notre pensée il y a 2500 ans. L’entreprise

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grands mythes méditerranéens qui ont mis en place notre pensée il y a 2500 ans. L’entreprise

est osée mais très réussie et dans la tradition grecque du questionnement on ne cesse de se demander : que font les dieux, qui sont-ils ? Nos actions ne sont-elles les reflets de leurs décisions, Le destin est- il tout puissant détermine-t-il nos heurs et malheurs ? Sont-ils dignes de notre respect ? Nos choix sont-ils libres ? Les choix masculins ne penchent-ils pas inévitablement vers le pouvoir et le pouvoir absolu qui tue tout sur son passage ? Quelle est cette soi-disant Nécessité qui fait froid dans le dos, justifie et entraine la folie des hommes et le carnage ? A bout de souffle dans une scène émouvante, Clytemnestre conjure Agamemnon de « ChaN-GeR » ! De ne pas faire les choix « de l’intérêt de l’état » mais de choisir la vie…. Toutes ces questions valent la peine de se poser au bord de la route et de réexaminer nos motifs profonds et notre loi morale, pour nos libérer des démons de la cupidité de l’orgueil et du pouvoir…. « Nous sommes tous esclaves… »La pièce est faite d’une mosaïque d’éléments qui réactualisent ces questions de cette culture grecque éternelle, avec justesse, finesse et force. Le temps, tout puissant, a consacré les douleurs humaines et en a fait matière de réflexion et d’apprentissage. Qui pourrait sciemment continuer à Choisir Aphrodite plutôt qu‘Athéna ? La pièce s’ouvre sur le chaos aquatique promis par l’imposant Poséidon puis se mue en bord de plage où les prisonnières de la guerre de Troie attendent avec angoisse l’ esclavage….Le rapprochement avec les camps de sinistrés ou de réfugiés modernes …est saisissant et la misère humaine à fleur de lèvres, les costumes et les écuelles sont les mêmes. Hécube, la femme de Priam et ses filles, et la prêtresse Cassandre

montrent leur courage dans la défaite et l’émotion est forte. Le Grec victorieux a commis le péché d’Hubris en saccageant les temples troyens, et la Victime en appellera à la justice divine…. Puis il y a cette brisure incongrue du temps et de l’espace, nous sommes à Argos, dix ans plus tôt. Le duo désespéré de Clytemnestre et Agamemnon au moment du choix fatidique du sacrifice d’Iphigénie. Meurtre fondateur d’une Grèce unie et puissante qui abattra l’illustre civilisation troyenne trop prospère. Une scène presque insupportable à nos yeux modernes, c’est que les choses ont peut-être changé et… la preuve que les choses peuvent changer. Cependant que le chœur, les petites gens d’Argos, vêtus d’habits noirs du dimanche

argumentent… et que Clytemnestre, forcée au meurtre va accomplir son funeste dessein….La mise en scène, le jeu des acteurs et la vérité éclatent à chaque réplique qui vient du fond des temps et s’articule en toute actualité dans notre réalité. Bravo. Nous attendons la deuxième partie du spectacle avec impatience.http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece1.htmlPremière partie :

La Guerre - Les Femmes Du 15 au 25/09/2010

Deuxième partie :

Les Crimes - Les Dieux Du 28/09 au 09/10/2010

La nuit de l'audience (théâtre Royal du Parc)vendredi 24 septembre 2010, 18:00:00 | deashelle

La nuit de L’audienceDe Jean-Claude Idée & Jean des CarsAnnée 1900. On s’attend à un piano à queue caché sous le drap, et on découvre un empilement de chaises dorées au milieu d’une pièce fastueuse et vide ! Empilement de barreaux dorés , car la pièce qui se joue est une prison. Des colonnes grises comme la pluie belge rendent l’endroit encore plus sinistre. Loin des palmeraies du Mexique… Au pied du balcon, les douves glacées du château de Bouchout, sont nettement plus carcérales que les jardins français du château de Tervuren qui vient de brûler ! Charlotte, impératrice du Mexique y est enfermée avec sa folie ou non, soumise à la volonté de son frère Léopold II qui l’a dépouillée de ses biens, de ses droits de son identité et même de sa filiation. Avec sa dot il a acheté le Congo et la sœur se meurt, par raison d’état, pour raison de folie. Qui eût cru que de si sombres desseins puissent se tramer au nez et à la barbe de l’Europe entière ? Camille Claudel revisitée. La visite : l’autre femme, Agnès de Salm-Salm, femme d’extérieur, aventurière hors du commun, n’ayant peur de rien, entreprenante, guerrière même, qui s’est « battue contre la guerre », belle, par ce que c’est Brigitte Fossey, vient la délivrer et peut-être l’aider à fuir. Armée, elle a balayé les geôliers, le

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Brigitte Fossey, vient la délivrer et peut-être l’aider à fuir. Armée, elle a balayé les geôliers, le docteur et sa seringue calmante et la gouvernante allemande.

Les deux femmes qui ne se connaissaient que sur dossier détaillé se rencontrent enfin, se mesurent, se jaugent, se scrutent, s’auditionnent, s’esquivent, et tombent dans la connivence

des secrets partagés. Le duo de femmes devient alors musique de cœur, un peu de tequila -Mexique oblige. Agnès a quitté son chapeau de voyage et la coiffe de folle de Charlotte tombe

après avoir revêtu sa dérisoire couronne. Elles sont devenues « sœurs d’orgueil !». Emergeant par dessus la camisole de forcenée, le cheveu vivant, brouillon, blanc et court apparaît, une vie

volée renait. La vérité aussi…. se dévoile, petit à petit. Carlotta est femme victime, Agnès est femme protectrice. La condition de la femme ? Comment s’advenir ? Comment refaire surface

dans la réalité après 25 ans d’internement ? « Vous avez peur de la réalité ! … C’est que j’en ai perdu l’habitude ! » Comment s’extirper de la machination machiste, des serres de l’avidité qui

méprise superbement la vie ? Léopold a enterré sa sœur vivante. La pièce réhabilite sa mémoire, fait revivre un pan de l’histoire belge très peu glorieuse et soigneusement dissimulée

dans nos cours d’histoire.

Le seul refuge pour Carlotta sera dans les chimères du monde intérieur, la magie de la folie, feinte ou non, loin de la « volupté des fonctions végétatives ! ».

Expression du talent féminin : Ce duo de femmes, Brigitte Fossey et Frédérique Tirmont, totalement opposées tant par la voix que le langage corporel, les postures et la photogénie jouent chacune dans leurs registre, superbement. « Le jour où je cesserai d’être neuve je serai

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http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2010_2011_001 Mise en scène: Patrice KERBRAT.

Décor: Edouard LAUG. avec: Brigitte Fossey (Agnès) Frédérique Tirmont (Charlotte) Nathalie Stas (La suivante) Olivier Cuvellier (le médecin)

jouent chacune dans leurs registre, superbement. « Le jour où je cesserai d’être neuve je serai morte ! » Maîtrise totale et nuancée de l’élocution et de la théâtralité…Jeu comparable à une

orchestration de musique faite de contrebasse et violoncelle…Emouvant et beau.

Histoires Comme ça ( au théâtre des Martyrs)jeudi 23 septembre 2010, 15:00:00 | deashelle

Un gâteau, dans un gâteau, dans un gâteau...

Comment le Rhinocéros acquit sa peau,

Comment le Léopard acquit ses taches,Comment la Baleine acquit son gosier,

L'Enfant Éléphant,

La rengaine du père Kangourou,Comment naquit la première lettre,

Drôle et poétique, ce spectacle réveille les histoires comme ça de Kipling. Nostalgique

aussi, car Best Beloved , sa fille Joséphine, est morte de pleurésie à huit ans…

Elle n’a plus de regard pour s’émouvoir des couleurs, la lumière lui a été ravie… mais elle entend toujours la voix du cœur paternel qui bat pour elle. Son père lui parle inlassablement, à

peine s’il fait face au public… Il brandit un atlas pour témoigner de la véracité des histoires à prendre au sérieux. Tout ça s’est passé quelque part, dans des temps lointains, une réalité contée, pour taire l’immensité du chagrin. Fataliste mais tendre, comique à dessein, il commente les vraies estampes de l'écrivain projetées sur les cartons, et, à force de détails répétés, il ponctue les histoires si vivantes avec des accents d’incantation: ...Best beloved !La scène est jonchée de caisses de déménagement, il est entre deux. La voix sauve,

qu’importent le décor ou la réalité. « Un jour, les hommes appelleront ça l’écriture… »

Elle n’est plus, il est Orphée et ressuscite les mots avec attendrissement, pour la faire rire et la surprendre encore, recréant l’amour….un monologue sans fin. Langue loufoque par moments,

mime théâtral passionné, les silences aussi sont éloquents. Chemin faisant, un mystérieux gâteau se prépare, voici des miettes de bonheur pour la petite fille. Là-bas, à gauche sur la

scène derrière le rideau, qu’y a t- il ? On imagine, sans doute un gouffre béant et vide vers où se tourne inlassablement le visage du père illuminé du sourire de la tendresse pour l'absente…

Pour qui est le gâteau ? Et voici des broderies musicales enthousiastes sur piano à queue

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Pour qui est le gâteau ? Et voici des broderies musicales enthousiastes sur piano à queue Hanley… qui scandent joyeusement la vigueur des histoires et la blancheur des falaises d’Albion. Quelques chansons anglaises farcies d’humour. La salle acquiesce, rit et murmure, l’émotion est palpable. Comme un refrain toujours renouvelé de la dernière histoire, voici le crescendo : les variations de Mozart sur « Ah vous dirais-je maman» et en point d’orgue, l’adagio. Que d’amour dans cette musique qui, plus que les mots encore, enlace et découvre l’invisible…Nous avons reçu en plein cœur cette interprétation très fine du comédien et artiste Bernard Cogniaux, on a redécouvert des histoires très touchantes….

Un gâteau, dans un gâteau, dans un gâteau…http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/atelier/piece1.html…Très originale, la mise en scène signée Marie-Paule Kumps

Du 21/09 au 30/10/2009Dim : 26.09 et 03.10

L’INCENDIE DE LA VILLE DE FLORENCE (le théâtre de la

Balsamine)mercredi 22 septembre 2010, 15:00:00 | deashelle

Il est où l'incendie?L’INCENDIE DE LA VILLE DE FLORENCETexte de : OLIVIER COYETTEJoué avec brio au THÉÂTRE DE LA BALSAMINE21/09/2010 >> 02/10/2010avenue Félix Marchal - 1030 Bruxelles – Belgique Site Web : http://www.balsamine.be

Le public est sous le livre qui égrène les images de merveilles humaines, époques et horizons confondus. Brouhaha étourdissant, tant il y en a. Quand la page blanche se meut, la page est

pliée en deux, au creux du pli, quatre femmes, de chair, de cheveux, de rires, d’humeurs et de voix surgissent et s’élancent au plus près du public, comme la voile dans le vent. Qui souffle ?

Pour aller loin, au près serré, à travers les déferlantes…. Nouvelles Euménides ? Leur chaleur caresse le premier rang, facettes dévoilées, elles Vivent. Leurs voix émeuvent, leurs gestes

captivent, parlent les yeux… Ecoutez-les respirer, faites de même, voyez battre leur col plein de vie, vous sentirez la vie déferler. C’est ce qu’elles font tout au long du spectacle, une ode à la

vie.

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Quatre voix de femmes qui ne font qu’une, qu’un chant réveillant la torpeur moderne. A la bouche un poème d’élan juvénile, de ravages, d’existence. J’aime donc j’existe… Elles

racontent, en faisant tout autre chose - qu’on se gardera bien de vous dire, pour ménager l’effet de surprise. Ne sont-elles pas toutes multi-tâches… ? Elles racontent, en feuilletant une

encyclopédie. Mais sous ce réel récité, il y a l’à venir qui va éclore des bouches vivantes…Le poème a été écrit pour elles, par elles ? Par un homme qui veut percer leur mystère, les connaître enfin, les dévoiler, qui a lâché ses balises pour traverser l’océan. Il y a tant de culture,

de tissu complexe fabriqué par l’humanité, tant à découvrir, à apprendre, à faire connaître. Où est l’essentiel ? Wikipedia s’en mêle… recherche: la ville de Florence est passée au peigne fin….

L’histoire, l’actualité, peintures d’une époque, d’une réalité ? L’art, peinture d’une réalité plus haute ? Jamais vue ?

Voici une pièce de théâtre audacieuse et innovante… Las, voici l’avenir, une page blanche, lieu de tous les possibles, angoisses gommées, tant la vie peut être présente et vive, si on le veut. Que sommes-nous maintenant, une cacophonie ? Alors que tout se joue à l’intérieur. Et qu’il faut oser dire, atteindre le vrai et le senti, faire péter les nœuds, se mettre en colère, pleurer et trouver et pincer cette corde ou cela vibre et où cela vit… la femme ose, la vie déferle. Nous ne sommes pas des cellules virtuelles ou mortes…

Le duo pataphonique… au théâtre de la Samaritainelundi 20 septembre 2010, 8:30:00 | deashelle

Pataphonie, euphorie....Le duo pataphonique… à la Samaritaine

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Max Vandervorst en direct de la maison de la Pataphonie, entendez un atelier d’objets abandonnés métamorphosés en instruments de musique aussi insolites qu’harmonieux, s’est

arrêté quelques soirs à LA SAMARITAINE pour nous servir de la musique bien trempée. Marc Herouet, pianiste génial lui donne le ton et le tempo.

Que la fête commence : Daydream des Wallace Collection nous éclabousse de bonheur. Plus que la réminiscence, la cascade de diamants du clavier et les gouttes de musiques échappées

du scoutophone, un ensemble de gourdes de métal suspendues dans un râtelier spectaculaire, égrènent du pur bonheur. Et le gong des plats de service. Pari gagné, c’est beau et étrange, et

on se laissera guider dans ce voyage autour de ma cuisine.Un balai de rue rouge se transforme mystérieusement en contrebasse vibrante sous la caresse d’un archet, le détecteur à métaux imite le bagpipe, les pattes d’une chaise sont autant de

flûtes pour jouer un quadrille. Voici une sorte de trombone à coulisse en tubes de plastique blancs emmanché d’un socle de bouteille de plastique et d’un moule à tartelettes. Ca marche et

c’est juste ! Public ébahi, salle comble. Histoire de souffler un peu voici les sons séraphiques et inconnus d’une valise mystérieuse, et le savatophone qui s’emballe sur l’air de Leila, toujours guidé par le piano sans queue… Des sons de flûte indienne dans les bouteilles d’un casier de bière pour conter à petites gorgées What a Wonderful World. Merci Louis ! Une salsa bolivianaau chanrango et lapin mécanique. Un des clous de l’harmonie est une armée de vieux fers à repasser… Il ne faut pas tout énumérer, secrets de composition obligent, mais c’était un spectacle de pure prestidigitation musicale. La magie dans ces objets hétéroclites faisait soudain frissonner leur âme sauvage sous les doigts et le souffle de Max Vandervorst, un prince

de la musique des origines.

www.lasamaritaine.be/Saison 2010-2011 (détails)Aperçu de la saison 2010-2011

Musiques chatoyantes...Moonly Delights (théâtre du Marni)

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Musiques chatoyantes...Moonly Delights (théâtre du Marni)dimanche 19 septembre 2010, 17:00:00 | deashelle

Festival de Jazz: Le projet Cordes et percussions de André KlenesMoonly DelightsDans la vallée…. Ils ont fait un très beau parking souterrain, inondable et inutilisable. Donc l’accès du Marni est plus que problématique pour les visiteurs de la périphérie…. à moins de

faire à pied le chemin depuis l’abbaye de la Cambre, parapluie sous le bras pour le retour! Mais nous avons été récompensés. C’est un ancien cinéma au confort exceptionnel, de la place, de

l’air et des airs de jazz romantique ce soir là en clôture d’un festival de quatre jours.Le projet Cordes et percussions de André Klenes, nous a présenté une croisière musicale de grand talent, qui devient spectacle poétique alternant les odes à la lune et à la nature et des

créations musicales très inspirées, Orient-Occident. Des pointes de Vivaldi. Des accents hispaniques. Réminiscences dans tous les sens. Une suite celtique, La mer et ses cinq sens,

violoncelle et contrebasse vibrantes d’émotion, bleu lunaire, vagues de bonheur musical. Ajoutez le gémissement des oiseaux de mer, le fracas du baiser de la mer sur les rochers, la voix

des vents, le goût du sel et la rose des vents. En suite, un hommage senti, aux musiciens du Titanic. Aux percussions Etienne l’Asiatique aux baguettes fascinantes et pleines d’humour. De

la délectation. Le dernier morceau, Amalia, nous arrête devant un bar méditerranéen, amples mouvements de jupes à volants, œillades, talons intarissables. Olé! La reprise, Flying Angel

raconte un foxtrot aérien… Dans la vallée, quelle découverte !Sébastien Walnier : violoncelle Etienne Plumer : percussions Jacques Pirotton : guitaresAndré Klenes : contrebasse,compositions.

rue de Vergnies 25 - 1050 Bruxelles . t +32 2 639 09 80 . f +32 2 639 09 [email protected]

L’hiver de la cigale de Pietro Pizzuti (théâtre le Public)samedi 11 septembre 2010, 16:00:00 | deashelle

Face à face...Une pièce bouleversante, un texte magnifique et fort : L’hiver de la cigale de Pietro PizzutiEclairage sur la trame : il s’agit de Laura Welter, maintenue en détention préventive, hors de son pays natal, … le Chili sans doute, accusée d'avoir tué le général Oscar Antonio Roederer,

ancien dictateur de son pays. Elle risque l’extradition et ses conséquences innommables. L'avocate de la défense, Maître Nathalie Franchi, va avoir du mal à arracher des aveux à sa

cliente qui ne veut rien moins à travers son procès obtenir une révision au niveau international de l’immunité parlementaire. Extrait : « …Un vieux Monsieur dont la mauvaise santé était le plus

efficace des passeports diplomatiques..»Prenez deux personnages féminins, quarante ans, aussi contrastés que possible : une avocate très élégante, bourrée de féminité, coupe garçonne et voix de tragédienne, femme protectrice ... et une terroriste comédienne, feignant l’autisme, les cheveux mi-longs cachant le visage, la démarche mince et hésitante, en tenue de prisonnière kaki, bottines aux pieds,

femme victime courageuse.Mettez-les face-à-face et que la joute commence. Le combat singulier s’engage avec subtilité. Il y a un mystère à découvrir, une question fondamentale à comprendre. Rien ne progresserait

sans cette interrogation et sans cet interrogatoire, minutieux, presque socratique. Qui des deux est la fourmi ou la cigale, on ne cesse de se poser la question.

L’empathie est le tiers personnage. On découvre qu’elles ont en effet la capacité de se mettre à la place l’une de l’autre, elles possèdent une qualité d’écoute profonde et ces deux femmes

vont mutuellement se métamorphoser peu à peu au contact de l’autre, de révélations en révélations, les émotions devenant de plus en plus palpables et partagées. Le sujet est grave, le

texte de la loi inflexible. Le texte de Pizzutti est saisissant et fourmillant de nuances. Tout les

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sépare et tout va les faire se rejoindre dans un même combat, celui de la vie ! Peu à peu, on assiste à un crescendo de révélations de plus en plus violentes au fur et à mesure que le meurtre semble devenir justifiable. Quel tour de passe-passe, ce combat verbal féroce et obstiné de filles d’Hercule, aussi fortes l’une que l’autre, où les rôles finissent par se renverser ! Et voilà le transfert du pouvoir absolu de l’une ... vers le pouvoir de l’autre, car on l’aura reconnu : c’est la liberté et le pouvoir de la vie qui doivent émerger ! C’est qu’elles ont en commun une confiance éperdue dans le progrès humain et la victoire du Bien sur le Mal. Et en secret, la nécessité d’une certaine rédemption.Pourtant tout les séparait. Cigale et fourmi se rejoignent dans une nouvelle Antigone qui ne mourra pas, ni l’été, ni l’hiver. Pièce admirable servie par des comédiennes de haut vol…du 09/09/2010 au 30/10/2010 - Théâtre Le Public - 1210 Bruxelles Salle des Voûtes - Création mondiale -Avec Nathalie Cornet et Laurence Vielle, Mise en scène Magali Pinglaut

Un beau salaud ( théâtre Royal des Galeries)vendredi 10 septembre 2010, 11:00:00 | deashelle

S’offrir une coupe de bonheur théâtral et voir - Un beau salaud -

Voyageur impénitent des cœurs, il est dans la transhumance et l’impermanence. Pénélopes impénitentes elles sont dans la permanence et veillent dans l’attente. Il sera le narrateur débraillé, sans costume d’acteur, électron libre entre le public et la scène des scènes… de ménages. Il prend le public à témoin, se gausse avec lui du théâtre qui se joue à côté de lui, comme si ce qu’il allait dire, n’était pas dans la pièce. Double imposture, déjà. Ce n’est qu’après "l’entre-acte" qu’il quittera " l’entre-deux " et se fera cerner par sa meute féminine.

On irait jusqu’à le plaindre, tant son discours a savamment distillé ses bonnes excuses. Il est égoïste, hypocrite, menteur invétéré et tout cela passe….malgré sa carrière d’imposteur. Le public penche de son côté, François a réussi la gageure d’emberlificoter les cœurs, une fois de plus. Les femmes réunies sur le plateau sont belles, attachantes, sensibles, élégantes, on comprend à peine pourquoi elles ont été plaquées….et ne peuvent que devenir complices et réunir leurs foudres bien qu’elles se détestent avec classe. François est un beau salaud! Qu’elles tricotent, brodent ou fassent de la tapisserie, elles ne feront pas dans la dentelle pour le confondre dans sa duplicité à tiroirs et lui donner quelques fils à retordre!

Le décor unique est splendide: un magnifique appartement design à Neuilly avec grandes terrasses, raffinement phare de ces dames. Une salle à manger télescopique avec des couleurs

de paradis…c’est bien le but! Mais l’oiseau n’a qu’une envie, c’est quitter l’enfer doré pour des contrées improbables et des îles aphrodisiaques! Avec ses enchaînements de bons mots

coulissants, de répliques à double sens, de situations cocasses, de quiproquos et de

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coulissants, de répliques à double sens, de situations cocasses, de quiproquos et de cachotteries, cette comédie moderne fait rire aux larmes et s’esclaffer la salle de tellement bon cœur que parfois les répliques en deviennent inaudibles! Et le Don Juan d’attirer une dernière fois la pitié : " Même lorsqu’il souffre beaucoup, on ne voit jamais les larmes du poisson qui pleure." , comble de mauvaise foi. 'On ne peut pas condamner les gens sur les intentions quand même!' … Sommet de la fourberie! Du comique, et de qualité, c’est rare et beau.

Une interprétation savoureuse et très parisienne! Une mise scène sublime de Pierre Pigeolet.Avec : Pascal Racan, Marie-Paule Kumps, Martine Willequet, Marie-Hélène Remacle, Fanny Jandrain, Gaston Richard, Catherine Claeys.

Théâtre Royal des Galeries 32, Galerie du Roi, 1000, Bruxelles http://www.trg.08/09/2010 >> 03/10/2010

Etats de couple (théâtre Argan 42)jeudi 9 septembre 2010, 12:00:00 | deashelle

Etats de couple : tu m’aimes, pour quoi ?Voici une composition fantaisiste de scènes de couple, tantôt acerbe, tantôt tendre, toujours

humoristique à travers leur grandeur et leur décadence. L’absurde et le surréalisme plantent le décor dès la première scène … dérapage immédiat pour s’être fiés à un livre de savoir vivre plutôt qu’au savoir être. La toile de fond est faite de pure mauvaise foi. Les nuances de cette toile lumineuse revêtent les couleurs pastel de l’arc en ciel, au propre et au figuré, pour faire le tour de toutes les situations et en voir de toutes les couleurs ! Savants jeux de projecteurs, sensibles et épicés. Les liens musicaux légers et discrets sont de vrais morceaux choisis. Les scènes éclair se succèdent, les mimes, les mimiques, les rires, les pleurs, les crises et quelques abandons. On se reconnait par flash soudains d’une phrase que l’on a sûrement déjà prononcée un jour et

cela chatouille le cœur.

Tout est une question d’optique et de ses illusions. Les changements de lumières, ceux des costumes nous emmènent dans le kaléidoscope amoureux, fracturé par les tâches domestiques, la télé, le boulot, les mille et une incompatibilités et hostilités rentrées. Scènes d’heurs et malheurs domestiques, puis comme un refrain de Zazie dans le Métro on se retrouve soudain avec la même scène, déjà vue, jouée de dix manières différentes, à la Raymond Queneau…. C’est comme dans la vie: ces nœuds sur lesquels on bute sans jamais vouloir changer une ligne du dialogue. Survient alors une magnifique scène de solistes - couple oblige -qui commence tout en douceur, chacun sa partition, et se termine en apothéose cacophonique aussi hilarante que brillante. Qu’ils sont beaux quand ils sont en colère, lorsque homme et femme orchestre se déchaînent! Les deux comédiens se lâchent complètement dans le pastiche de la scène d’ouverture de la Jalousie de Sacha Guitry. Bonheur d’interprétation! Colette

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de la scène d’ouverture de la Jalousie de Sacha Guitry. Bonheur d’interprétation! Colette Sodoyez est exquise ! La fin ressemble comme deux gouttes d’eau à du Guillaume Musso. Au

milieu de toutes les scènes turbulentes dans la mosaïque de ce chaos organisé, on découvre… un couple enlacé dans le vitrail !

Une comédie de Marc Pheline et Odile Clair

Avec Colette Sodoyez et Michel Hinderyckx

Mise en scène: Laurent RenardPhotos LucTourlouse 2010, festival Bruxellons

Une production de Argan42, la comédie de Bruxelles, Au Théâtre des Martyrs

pour la saison 2010-2011

souvenir musical à la galerie...lundi 6 septembre 2010, 9:30:00 | deashelle

De la vraie musique dans une salle ‘ceci n’est pas une salle’ dont on aurait voulu repousser les murs tant les invités étaient nombreux. Notre violoncelliste japonaise prend la parole et explique

le programme. Elle a la détermination tranquille du mélange réussi avec l’occident et va nous livrer avec bonheur toute sa sensibilité asiatique à travers une première œuvre de Mozart. Le

bonheur est dans l’écoute. Le Duo pour violoncelle est soutenu par basse continue très profonde et sensible. Puis on s’embarque dans les replis italiens de Vivaldi. ♪♫•*¨*•.

¸¸♥¸¸.•*¨*•♫♪♪♫•*¨*•.¸¸♥¸¸.•*¨*•♫♪♪♫•*¨*• Surprises de mélancolie et facéties joyeuses, danse et soleil. La fête perle sur les cordes, les sourires, l’entente et l’écoute mutuelle.

Crescendo : nous voilà dans un feu d’artifices, avec Rossini et son humour. Les auditeurs vont faire éclater leur joie pour ce merveilleux temps de partage, puisque la musique c’est du temps,

gratuit, artiste et rêvé. Merci pour ces premières couleurs d’automne dans la très belle galerie d’art. Encore : l’air des pêcheurs de perles de Bizet. Tout à fait à propos.Shiho NISHIMURA (Jp) au Violoncelle etSvetoslav DIMITRIEV (Be) à la ContrebasseC'était le samedi 04 septembre de 20 h à 21 h.Lieu : Espace Art Gallery 35, rue Lesbroussart à 1050 Bruxelles.

Le trio Animus (théâtre de la Samaritaine)vendredi 3 septembre 2010, 11:00:00 | deashelle

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Tous Trois Talentueux et Très applaudis : le Trio Animus

Triomphant sur la scène de la SamariTaine… hier soir et encore jusque samedi soir ! Oh Happy Days !Le pianiste Jean Jadin est le «master of ceremonies» et, tout cool et tout rythme, présente les gospels avec cœur et humour. Le saxophoniste Tom François joue de la musique angélique sur sa flûte traversière, caresse des percussions, glousse et rit dans son saxo. Déjà le duo vaut la peine. Composition duelle, entente, registre, variété, inventivité, virtuosité. L’interprétation de Amazing Grace est saisissante de beauté, d’esprit et de profondeur. La salle est muette d’admiration. Est-on dans une église ou dans des catacombes ?

Et nous découvrons la soprano Myriam Gilson. Sa voix généreuse partagée entre le cuivre, l’or et le velours se répand dans les cœurs, fuse vers les cimes, redescend dans les gorges

profondes, le regard brille, les sons sont magiques, palpitants, donnent des frissons et pourtant il n’y a pas de courants d’air. Beau comme une prière d’action de grâce, le Deep in the Water.

Motherless child : un comble de profondeur et d’intériorité. Avides, nous recevons cette beauté vocale et ces musiques afro-américaines en plein cœur. Le courant magnétique de l’émotion

saisit tous les participants, il y a ce silence révélateur de la chose partagée. On est tellement ému que l’on ose à peine applaudir en rythme, muser et se joindre à la joie des musiciens. On

marche délicatement sur de la perfection : du jamais vu, cette rencontre de trois âmes si différentes par leur tessiture, leur couleur, leur rondeur… Puis on nous autorise et la salle

entière chante Hey Man ou A-men, c’est la liesse. On ressort les larmes aux yeux. Oh Happpy Days…. Une soirée de note bleue. Qui voudrait durer jusqu’à l’aube…

Et pourquoi pas continuer l’ivresse ? « THE WILD PARTY » vous sera présenté à la Samaritaine duDu mardi 7 au samedi 11 septembre 2010 à 20h30D'après l'œuvre de Joseph Moncure MarchMise en scène et adaptation scénique de Frederik Haùgness

The Wild Party nous plonge au cœur du New York des années 30, en pleine prohibition, quand les Blancs ont découvert le Jazz... Celui des Noirs. Chez Queenie et Burrs, la fête bat son plein, jusqu'à l'arrivée fracassante du ténébreux Mister Black qui fait chavirer le cœur de la maîtresse des lieux.

Comme un cri de rage des années folles, ce long poème écrit en 1928 et censuré dès sa sortie à Boston, raconte sans pudeur aucune, une nuit de débauche, un amour tragique, une fête sans lendemain: ça chante, ça danse, ça boit, ça sniffe, ça hurle, ça pleure, ça touche... ça transpire le jazz. Sur scène, un acteur et quatre jazzmen se fondent en un formidable quintet pour nous raconter cette histoire avec autant de mots que de notes, c'est du Jazz-Théâtre!http://www.lasamaritaine.be/topic/index.html

Avec Benoît Verhaert (paroles), Laurent Delchambre (batterie), Samuel Gerstmans (basse), Grégory Houben (trompette) et Mathieu Vandenabeele (piano)

Candide (théâtre de la Clarencière)mercredi 1 septembre 2010, 14:00:00 | deashelle

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Candideoul'optimisme, versionludiqueetféérique

Dès l'âge de 7 ans, bientôt, du 26 au 29 octobre 2010 - Bruxelles : Théâtre Littéraire de la Clarencière Réservations : 02/640.46.76 [email protected], le sitewww.laclarenciere.beJ’ai eu la chance d’assister aux répétitions d’un petit spectacle croquignolet joué sur la scène minuscule du théâtre de la Clarencière, avec beaucoup d’élégance et de vivacité. Ce spectacle a

été présenté en Avignon cet été !« Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin, si vous n'aviez pas été chassé d'un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l'amour

de Mlle Cunégonde, si vous n'aviez pas été mis à l'Inquisition, si vous n'aviez pas couru l'Amérique à pied, si vous n'aviez pas donné un bon coup d'épée au baron, si vous n'aviez pas

perdu tous vos moutons du bon pays d'Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches. -- Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. »

Candide est désarmant, les yeux que l’on voit de près sont limpides et sans fard. Cunégonde, la mèche folle, le regard jeune et assuré, le costume ravissant, charmante, fraiche, malgré son

histoire, est attendrissante. …. Pangloss, le tiers philosophique, rassurant, chaleureux et bouillant d’optimisme. Mais voilà que Cunégonde contrefait sa voix et sa personne, vieille édentée, elle conte à Candide ses aventures extraordinaires…Une pièce très dynamique pleine de mouvements, la scène sur le navire est magnifique, cela tangue jusque dans la salle ! L’eldorado est saisissant, on se croirait au Carnaval de Venise. Prestance, rythme, beau parler, que demander de plus ? Pour Candide, en fin de compte, le bonheur est dans le jardin : il faut le cultiver. Et Cunégonde d’étendre le linge au soleil des collines méditerranéennes… Pour nous réchauffer cet hiver à Bruxelles !Cette création couronne les 10 ans de collaboration artistique du Théâtre d'Une Pièce et du Théâtre de la Clarencière. Bernard lefrancq et Fabienne Govaerts souhaitant continuer dans leur volonté de faire aimer au plus grand nombre les grands auteurs et les belles Lettres. Dans ce cadre Bernard lefrancq, dans un souci de respect de l'esprit de Jean Vilar, a tenu à accrocher le public avec un texte d'auteur souvent présenté comme trop obscur, intellectuel ou élitiste. Dans sa démarche de vulgarisateur au sens noble du terme, il crée pour ce Festival 2010 un spectacle féérique et poétique autour de Candide qui habitant dans le château de son oncle, le baron de Thunder-ten-Tronckh est renvoyé à cause d'un baiser donné à sa cousine Cunégonde... Venez rire des péripéties de l'attachant Candide et découvrir en sa compagnie sa nouvelle devise selon laquelle " il faut cultiver son jardin !"

Avec : Jean-Louis Leclercq, Antoine Motte dit Falisse et Lola Pauwels

Affiche : Lionel Pinchetti

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Affiche : Lionel Pinchetti

Mise en scène de : Bernard lefrancq

Co-production : Théâtres d'Une Pièce, Verbe Fou/Clarencière

Avec le soutien de la COCOF – Commission communautaire française de Belgique

Michaël P i a n g e r e l l i…dit « le P i e n g » ( théâtre de la Samaritaine)dimanche 29 août 2010, 12:30:00 | deashelle

Michaël P i a n g e r e l l i…dit « le P i e n g »

Attention, ils sont presque connus, ils viennent de gagner à l'Alhambra de Paris la finale 2010 de Zickmeup, le portail accélérateur de talents ! Ils sont tombés sur la scène de la Samaritaine

pour ouvrir la nouvelle saison avec la joie des saltimbanques et nous offrir un magnifique bouquet de chansons françaises décapantes, nostalgiques ou rebelles. . . « Et Dieu créa le

saltimbanque et vit que ce fut le bordel, mais le plus beau bordel qui soit… »Cela démarre souvent en douceur, puis les décibels s’emportent, mais qu’importe ! Le talent est là, nerveux, fougueux plein de feu. Le jazz est là, l’artiste touche à peine terre au milieu de ses acrobatiques pas de charleston, sur guitares aux accents manouche! Cela sautille de toutes parts. Cela pétille dans les cœurs. Fascinant ! Et l’orchestre enchaîne, impassible comme une

rivière de rythmes.« Fais-moi confiance, c'est pour toi que mon cœur danse... »

Tout charisme et chaleur humaine, Michaël Piangerelli, dit le Pieng, dialogue joyeusement avec le public qui exulte, ravi d’être convié au jeu de la fête… Les textes ont du fond, de la poésie, de l’humour, de la dérision, de la musicalité. De jolis titres de chansons : Ma gitane, Je cherche ce mot, Il y a des nuits, Pieuse brebis, … Son employeur : Le monde, son école : les ghettos de Mouscron paraît-il! Ses muses, toutes les femmes, et la sincérité comme étendard. Sa présence en scène vous coupe le souffle et arrache des larmes de rire. « Piangere » en italien. Sa troupe l’entoure de bonheur, de chœurs et vibre sous sa magie. Le public est saturé de plaisir, mordu par le diable, enivré de vie. Vivent les bateleurs!

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Chant: Michaël PiangerelliGuitare, choeurs: David CaporasoGuitare, choeurs: Paul GuernierBasse: Dimitri EversBatterie: Benoît Deryckehttp://www.lasamaritaine.be/informationsprat/index.html

L'art musical et l'esthétique des jardins à Beloeillundi 23 août 2010, 11:07:33 | deashelle

C’est l’heure où les oiseaux se taisent - pas de perruches bruyantes à Beloeil - c’est l’heure bleue de l’empire des lumières de Magritte… Cette fois, pas de maison, mais tout un château princier aux couleurs changeantes, tout au bout du canal qui mène jusqu’à la fontaine de Neptune. La féerie du soir est partout dans le parc, même le bruissement des feuilles se fige; les théâtres de verdure accueillent une foule silencieuse qui glisse respectueusement entre les morceaux de musique. On s’attarde - arrêt sur musique - les arbres majestueux écoutent, et le cloître de charmes résonne des scènes de chasse de Mozart. Fusant derrière les fourrés des applaudissements nous guident vers la scène suivante….. La voûte céleste et la lune pour

accueillir les notes et les émotions. La nuit musicale de Beloeil n’attire pas que les amoureux de la musique classique, c’est une très belle façon d’initier les timides et les frileux, la merveille du cadre et de l’organisation parfaite

de cette nuit musicale aura semé ce nouveau plaisir au cœur des plus récalcitrants. C’est aussi une fête populaire : on pique-nique sur la pelouse à côté de la musique avec nappe à carreaux

et vin italien ou avec des huîtres et du champagne sur de hautes tables de cocktail.Sur notre parcours semé de milliers de bougies posées au sol, les arbres se sont travestis de lumières vertes et dorées. Arrêtons-nous à Neptune. Voici le kiosque qui accueille des extraits

de « La création » de Haydn. Velours des voix, bruissement du chœur de Clerlande, concert d’instruments qui jouent aux oiseaux du ciel, au tonnerre, à la lumière et aux anges. C’est

magnifique. Jasmine Daoud, soprano « Gabriel » en brocart de soie bordeaux nous interprète

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magnifique. Jasmine Daoud, soprano « Gabriel » en brocart de soie bordeaux nous interprète l’archange « Gabriel », Patrick Kabongo , ténor « Uriel »,Charles Dekeyser, basse « Raphael ». C’est l’avènement du monde, la séparation des eaux et de la terre, celle des créatures vivantes. Le chaos originel contraste avec l’éclatement aveuglant de la Lumière et le chœur de louer le Créateur….

Changement de scène : voici le vol fauve d’une pipistrelle par-dessus un piano qui nous régale des célèbres sonates de Robert Schumann, « Waldszenen » par Olivier de Spiegeleir, au

piano…..C’est l’été.Un détour au champ des roses pour scruter le firmament et entendre les deux sœurs Ouziel qui jouent Ludwig van Beethoven et sa Symphonie Pastorale à quatre mains…

Plus tard, suivant les accents profonds d’un violoncelle, on tombe sur une muse dans un hamac, tel un cocon déchiré. Suspendue à un arbre de lumière, elle nous conte en gestes et musique

comment elle a apprivoisé son violoncelle et se relie au mystère de la nature. Une intimité dévoilée. Une compagnie, de si de la, de Montpellier…

Un immense hululement de hibou ponctue la soirée. Ou est-ce un commencement ? Les bords du canal sont noirs de monde joyeux et bavard. Musiques enregistrées et lumières

pétaradantes fondent les cœurs dans un feu d’artifice superbe dans son extravagance, sa composition et ses éblouissements… Chaque année, tout est plus beau.

Sainte Fatima de Molem par Ben Hamidou (théâtre Varia)samedi 21 août 2010, 17:00:00 | deashelle

Sainte Fatima de Molem par Ben Hamidou, très beau spectacle

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Sainte Fatima de Molem par Ben Hamidou, très beau spectaclePetit billet de Molem.... rive gauche!

Molem : « Le seul pays arabe qui ne soit pas en guerre ! » Tout est humour et amour dans ce texte bienveillant pour tout le monde. Nous découvrons dans ce seul en scène la véritable sein-biose d’un kid de Molem qui a tout compris... avec sa grand-mère. Il est le petit prince, à jamais. Cette femme battante porte encore ses vêtements du désert, elle est tatouée de haut en bas pour dire son appartenance, son visage de sphinx tyrannique est tout amour jaloux et exclusif. Avec elle il a appris l’art de scène depuis la plus jeune enfance…. Ce plaisir de l’imaginaire le transcende et lui forge peu à peu une identité, une dignité, des choses à dire. « Une fois les rôles attribués, on coupait le son de la télé et on jouait ensemble les westerns façon berbère ! ».Ensuite il se laissait enivrer par les parfums d’une cuisine faite de recettes d’amour fou et de citrons confits.

Adolescent, il rêve d’embarquement pour les grands élans, recherche éperdument ce qui le rapprocherait de l’amour, mais les murs protecteurs dressés par l’auguste ancêtre sont presque infranchissables. Voici un chapelet savoureux de souvenirs d’enfance, tendres, très émouvants…et drôles, loin des errances des barons désœuvrés arpentant superbement les pavés de la rive gauche du canal!

Un premier mensonge, à 19 ans, lui ouvre enfin la porte de la liberté : l’école d’art dramatique. Il est doué, pour le mime, les imitations, le jeu corporel, il fait rire….il déborde de sensibilité. La

vie et le spectacle se mêlent dans l’écriture, le voilà celui qui sur 300.0000 immigrants va saisir sa chance, toujours aussi tendre avec sa vieille Hanna mythique, son égérie, sa patrie, et il va

réussir -pas - à la grâce de Dieu, mais par son assiduité, sa ténacité et le rêve qui l’habite.

Point de discours hostiles ou agressifs, c’est un bonheur pour l’occidental sans cesse culpabilisé… le jeu de l’humour fait mouche, la salle n’en peut plus d’applaudir et de rire, et

l’acteur s’envole dans l’univers plein d’étoiles du plaisir de dire, de conter, de séduire et d’enchanter. Tandis que veille là-haut, la grand-mère, éternelle, pareille à elle-même, brillante

sentinelle du bonheur. Un conte ?-le 20 août à 20h -Festival des Théâtres Nomades - Grand Chapiteau -Parc de Bruxelleshttp://www.festivaldetheatredebruxelles.be/Réservations :-le 25 septembre à 20h - Festival du Rire d'Anderlecht - Café Théâtre des 2 Gares 124b rue des deux gares 1070 Anderlecht-du 30 novembre au 5 décembre à la Maison des Cultures et de la Cohésion Sociale de Molenbeek-St-Jean-du 7 au 18 décembre, au Théâtre Varia

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« Le chant de la source » (compagnie des B a l a d i n s du MIROIR )vendredi 20 août 2010, 12:00:00 | deashelle

l'art de la fête foraine...Les Baladins du Miroir, théâtre forain musical et poétique, nous présentent des contes et

légendes délectables :« Le chant de la source »L’arbre aux trésors de Henri Gougaud nous chuchotte : "Non point changer la vie, mais l’aider à éclore. Voilà pourquoi sont au monde ces récits parfois millénaires qui ont atteint à la gloire insurpassable des œuvres : l’anonymat. Car je ne suis pas l’auteur de ceux qui sont dans ce livre. Je n’ai fait que les raviver, les ranimer, les restaurer, comme d’autres restaurent de vieux

châteaux. J’ignore qui en sont les premiers auteurs. D’ailleurs, qu’importe ? Ils sont au monde parce qu’ils sont nécessaires, comme l’air, comme la lumière du jour, comme les arbres. "Et l’arbre à soleils de renchérir :"Les légendes sont ce que nous avons de plus précieux en ce

monde. Elles ne sont pas une pâture puérile. Elles ne sont pas une manière d’oublier le réel, mais de le nourrir. S’insinuer tendrement en elles c’est apprendre la liberté, éprouver le bonheur parfois douloureux de vivre".

Après des cascades de rires et une ovation générale digne de nos concours royaux de musique, le public quitte à regrets le chapiteau, ruisselant d’émotion, applaudissant encore la fanfare de

bonheur des comédiens qui se sont remis à chanter et jouer sur leurs instruments de musique !.... Tous les cœurs sont à l'unisson, on a apprivoisé le murmure de la source. Ce

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musique !.... Tous les cœurs sont à l'unisson, on a apprivoisé le murmure de la source. Ce

murmure fait d’humour, de rires, de musique, de poésie, de danse, de supplément d’âme.Grâce à une fabuleuse distribution et une metteuse en scène divine, ces 12 contes et légendes du monde se sont emboîtés comme les pièces d’une pyramide, toujours plus stupéfiants,

tendres, philosophiques, et drôles. Les costumes, pastels de ciel et de terre, semblaient moulés sur chaque personnage, et vivre, vibrants eux aussi, de tous les possibles. Et voilà entre les

bribes d’histoires contées, dans une atmosphère de moyen âge doré, les chants ancestraux, polyphonies aux accents slaves, turcs, napolitains qui mobilisent l’harmonie, et c’est le silence

ému dans toute la salle.

L’universalité de ces contes qui ont traversé les âges, les contrées, les mers, sans papiers, dans l’oralité et la tradition ancestrale nous chatouille le ventre, nous met des paillettes dans les yeux et force notre écoute sans partage ! Les personnages bien campés dans leurs accents et leur parler parlent vrai. Sortent-elles des mille et une nuits ou des contes de Canterbury? Ces histoires racontent, la terre, la femme, la mère, l’enfant, la vie, la mort, Dieu, l’esprit, l’âme et la bonté… et plein d’autres filigranes intimes que seuls nous pouvons entendre ou percevoir. La Joie, peut-être.La musique, la danse et poésie virevoltent, personnifiées devant nous par enchantement et nous bercent notre essence originelle, sensible aux histoires mythiques qui ravissent le corps et

l’âme. Question de chant et de source.Et la violoniste n’a rient dit, mais a tout dit.

http://www.festivaldetheatredebruxelles.be/

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http://www.festivaldetheatredebruxelles.be/

Du jeudi 19 au dimanche 22 août 2010 au Parc Royal de Bruxelles 4ème édition

Bientôt l'Espace Art Gallery II au restaurant Yen...mercredi 11 août 2010, 13:20:15 | deashelle

Les honneurs de la cimaise et l’appel des papilles au Yen 49 rue Lesbroussart 1050 IxellesAu sortir de l’admirable exposition aux Beaux Arts « a Passage to Asia » nous nous sommes réfugiés, l’esprit vibrant encore des trésors racontés, dans ce lieu quasi introuvable mais très

connu des asiatiques. Ils y réservent un an d’avance leur nouvel an et y investissent la moindre table depuis 20 ans. Aucune chance pour les occidentaux d’y mettre les pieds ce jour-là. Le

maître du lieu, Hanh Nguyen nous a conté son arrivée en Belgique, ses études d’ingénieur à Mons, sa séparation d’avec sa famille pendant 14 ans alors que les boat people cherchaient

tous à accoster quelque part. La cuisine, c’est le rayon de sa femme, Mme Nguyen Thi Thu Hong, elle nous a préparé des choses délicieuses, nous qui sommes sans cesse à la recherche

de L’Asie perdue de notre expatriation. Retrouvé ici, une cuisine loin des sentiers foulés par les amateurs de pseudo-exotisme. Un visage souriant et noble, des manières délicates, une cuisine

exquise et rare. Des prix doux. La fraîcheur des produits ? La rue du Cygne est juste à côté…Nous lui avons demandé s’il savait préparer le canard farci de Saïgon, que l’on cuit à la

vapeur pendant 10 heures. Un asiatique ne dit jamais non, mais cette fois c’était un vrai oui…. Pour notre prochaine visite, en plat unique car c’est copieux. Une splendeur pour les papilles,

ce bœuf sauté à la citronnelle et aux arachides hachées, cuit sous nos yeux dans un bol fermé serti d’une écharpe dansante de flammes bleues.

Le logo, le ‘yen’ en forme d’oiseau signifie hirondelle. Une courbe de vol splendide, un dépouillement savoureux! Mais les saveurs tellement fines et parfumées se mélangeront bientôt aux œuvres d’art de L'Espace Art Gallery II exposées en bas et dans la mezzanine. La question des "correspondances" entre les sons, les parfums, les couleurs et les mots, de notre cher Baudelaire nous est revenue à la mémoire, vaste champ d’explorations futures, nous avons fait un plein panier d’émotions présentes …

Surprise, à la sortie, on découvre que ce resto si effacé dans sa façade est dans le GaultMillau et dans le Michelin !téléphone: 02 649 95 89

http://www.diningcity.com/brussels/restaurantyen/index_fr.jsp

A Passage to Asia: a labour of love (exposition à Bozar) et plus encore....A S I A ON S T A G Elundi 9 août 2010, 12:30:00 | deashelle

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P comme "A Passage to Asia"Le Dialogue politico-économique Asie-Europe ou ASEM (Asia-Europe Meeting) a été créé en 1996 au sommet de Bangkok. ASEM est un forum interrégional qui regroupe d'une part les 27

membres de l'Union européenne, et d'autre part les 13 membres de l'ASEAN Plus Trois, c'est-à-dire le secrétariat de l'ASEAN ainsi que la Chine, le Japon, la Corée du Sud, la Mongolie, l'Inde et

le Pakistan. En 2010 c’est Bruxelles qui accueille les huitièmes rencontres les 4 et 5 octobre prochains. C’est dire si la prodigieuse exposition « A Passage to Asia » organisée à l’occasion

par les commissaires Dr Jan Van Alphen et Dr Kenson Kwok nous promet un voyage extraordinaire à travers le temps et à travers les contrées les plus diverses. En marge de cette

réunion internationale, cette exposition ambitieuse met donc en scène pas moins de 25 siècles d’échanges commerciaux, artistiques, philosophiques et religieux entre l’Asie et L’Europe. « A

labor of love ! » comme le souligne Dr K. Wok.

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Des trésors prestigieux, en provenance d’une quarantaine de musées à travers l’Eur-Asie ont repris la route pour nous raconter l’invisible derrière le visible. Trois cents objets mythiques, magnifiquement choisis par les curateurs évoquent le commerce phénoménal, les merveilleux voyages porteurs de promesses de profits fabuleux qui se qui se firent pendant deux mille cinq cents ans entre les Philippins, les Indiens, les Indonésiens, les Scythes, les Dong, les Chinois et les Occidentaux. Particulièrement actifs, les Portugais - puisque le pape avait donné aux Espagnols le côté ouest d’un méridien de partage du monde en deux- purent se saisir impunément de toute nouvelle terre ou comptoir du côté est, pourvu qu’on y répandît la parole

évangélique. Une aubaine pour les jésuites parlant, certains, jusqu’à 17 langues, acceptés par le grand empereur moghol Akbar contrairement aux pratiquants du bouddhisme, pour leur savoir, leur intelligence et leur sens commercial. Circulation intense des biens et des idées, essor des religions et de leurs arts respectifs. Production intensive d’ivoires, de manuscrits d’objets liturgiques que l’on revendait en Europe.Conquêtes militaires. Un armement mongol invincible de l’époque de Dzjenghis Khan évoque des images de la Route de la Soie et des conquêtes du monde. Ce fut ce même empereur Akbar qui rejoignit tous les tronçons de la route de la soie. On y circulait porteur d’une plaque de métal richement décorée, sorte de preuve en métal certifiant l’acquittement de taxes de voyage et transports…au bénéfice de toutes les contrées traversées.On troquait de la soie, des chevaux, des chameaux, des armes, du lapis lazuli, des épices, du thé, de l’ivoire, des bijoux, des céramiques, le verre, si précieux pour les Orientaux, sur une

route qui menait des Balkans au Japon. Quant aux routes maritimes, typhons, pirates, ouragans, rien n’arrêtait les marchands intrépides et aventureux. Arrivés à Goa, on traversait la

péninsule Malaise par la terre, pour rejoindre d’autres navires, les attendant en mer de Chine. Les marins qui arrivaient ensuite dans l’Extrême Asie du Sud-est, s’installaient là pendant trois

mois, attendant les vents favorables du retour. Mais ils ne restaient pas inactifs, amenant avec eux des matières premières précieuses, ils faisaient réaliser des objets localement qu’ils

revendaient au retour! La main d’œuvre était experte et bon marché ! Le développement local d’accueil florissait !

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Les jarres exposées - dont une des Philippines pesant 3 tonnes - les tambours de pluie rituels, la céramique tant domestique que funéraire, toutes deux, réceptacles de vie, matérielle ou

spirituelle; la statuaire, les textiles - monnaie d’échange de choix, les bijoux et même des trésors retravaillés par la mer et repêchés dans des cargaisons de caravelles disparues lors d’affrontements ennemis, attendent le visiteur pour lui conter des histoires fascinantes…Commerce et religion firent toujours bon ménage ! Une salle est consacrée à l’animisme. Une autre nous montre les premiers bouddhas, … de facture hellénique! Cette vitrine au cœur de

l’Europe témoigne d’un immense foisonnement de cultures et d’influences… On en ressort étourdi! Et on voudrait y retourner et rêver encore…Informations pratiques A Passage to Asia 25 Centuries of Exchange between Asia and EuropePalais des Beaux-Arts Rue Ravenstein 23 1000 Bruxelles du 25.06 > 10.10.2010 Heures d’ouverture De mardi à dimanche, 10:00 > 18:00 Jeudi, 10:00 > 21:00 Fermé le lundi BOZAR Info & tickets +32 2 507 82 00 – www.bozar.behttp://www.bozar.be/activity.php?id=10213&

A S I A O N S T A G E : les magnifiques spectacles de danse et de musiqueswww.bozar.be

[email protected] DES BEAUX-ARTS23 rue Ravenstein,

1000 Bruxelles

T. +32 (0) 2 507 84 27

F. + 32 (0)2 507 85 15

L'Art du Rire selon Les Souffleurs aux gradinssamedi 31 juillet 2010, 12:30:00 | deashelle

OYEZ! OYEZ! L’oreille en coin …Si vous voulez les revoir….Si vous ne les avez pas encore vus ….Nous y étions …Sur le bateau ivre du Bouche à Oreille pour entendre les « Souffleurs aux gradins », spectacle survitaminé - 592 représentations de 1996 à 2009- avec Thierry Decoster, le sympathique

brasseur Jef de la Kriek Belle-Vue qui est comédien et clown hors pair, alerte, jovial, à l’imagination débordante et aux accents tous pays, d’une variété époustouflante. On l’imagine

bien bambin ou ado farceur en train de chahuter dans une classe, il a un goût inné du spectacle! Ses profs devaient être morts de rire ! Ses comparses ne valent pas mieux, Odile Matthieu est

d’un dynamisme breughélien, nous sommes en pleine fête populaire, gouailleuse, et paillarde, jamais en mal d’inspiration. Belle palette d’émotions rendues par Marc De Decker et Gaétan

Bayot, charme et élégance. Quatre équilibristes de l’allégresse et de la jubilation.Le tirage au sort donne un thème d’improvisation dans une ambiance surexcitée de Club Med dès l’ouverture du spectacle. Musique fracassante, le quatuor noir et blanc se fige quelques instants et c’est parti pour un collier de perles d’improvisations, toutes plus chahutantes les unes que les autres ! Si le bateau n’était pas ivre… on se gondolerait de rire! Mais là c’est pire

on est dans l’ivresse du rire, on nage dans la bonne humeur. Les quatre comédiens rivalisent d’inventivité, de postures comiques, d’accents d’une variété époustouflante, de gestuelles

imagées, et de bruits non moins évocateurs. Les constructions tiennent les planches, avec comme seuls accessoires quatre chaises, comme celles des spectateurs. Le spectacle se corse, à

l’aide d’une cloche, d’un nom, d’un mot : des contraintes supplémentaires pleuvent sur les artistes qui ne se démontent pas… une course à l’exploit, tels des trapézistes dans les haubans

du navire qui vogue dans l’hilarité générale. Verve, humour, audace, tout est bon pour nous ravir dans cette création mondiale qui nait tous les vendredis soir de l’été au Bouche à Oreille

par les champions du monde de l’impro !

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par les champions du monde de l’impro !http://www.bao.be/

Et en première partie il y avait une chanteuse exquise….T-Fanny n’est qu’émouvance ! Elle lâche son cœur du jour pour saisir sa guitare et nous proposer ses émotions de nuit ! Un chapeau aux reflets rouges l’abrite pour qu’elle ne soit pas

trop nue…. Mais elle se donne, entière. J'adore l'accent Canadien de Grenoble! Ses rimes en ‘use’… ses hululements de clair de lune, le petit voile sur les cordes vocales, l’imitation de

Barbara la légendaire du bout des lèvres… et des accents 68 si ce n’est les cheveux de Joan Baez. Elle termine avec brio par une bise de Bizet : Carmen a capella ! Elle est vaillante, libre

comme Max, elle rit franchement sur scène une fois ses larmes essuyées, se révolte et nous envoûte. Elle mérite tout un spectacle à elle toute seule ! Vive le Dauphiné !

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