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DECLARATION LIMINAIREDP ECT DE PRGDU 05 FEVRIER 2015
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DECLARATION LIMINAIRE CGT DP ECT DE PRG DU 05 février 2015 Page 1
DECLARATION LIMINAIRE
DP ECT DE PRG
DU 05 FEVRIER 2015
Monsieur le Directeur,
Il y a un mois, des attentats ont causés la mort de 17 personnes. La CGT avait
immédiatement condamné ces attentats et appelé aux divers rassemblements qui
s’étaient déroulés le jour même. Elle voudrait, à l’occasion de ces DP, revenir sur
ces journées qui ont marquées la société française dans toutes ses composantes
et commencer cette déclaration en rendant une nouvelle fois hommage à toutes
ces victimes. Certaines sont mortes à cause de leur profession, d’autres juste
parce qu’elles se trouvaient là au mauvais moment, d’autres encore parce qu’elles
se trouvaient là au mauvais moment et parce qu’elles étaient juives. Les
fanatiques qui ont commis ces crimes au nom d’une doctrine politique basée sur la
violence et la manipulation du sentiment religieux n’ont aucune excuse. Ce sont
des fascistes et le fascisme n’a aucune excuse. Et ceux qui professent ses idées
d’une manière ou d’une autre, basées sur l’idée d’un rejet de l’autre qui conduit au
bout de cette folie par son élimination n’ont aucune excuse. La CGT rappelle
qu’elle a toujours combattu toute forme de racisme, qu’il soit islamophobe,
antisémite ou autre.
Ces attentats ont causé une émotion qui a traversé la société française et bien
au-delà. Il en est résulté une « union » politique et des millions de personnes sont
descendus dans la rue le dimanche suivant. D’autres ne s’y sont pas allés.
Descendre dans la rue ou pas était un choix qui appartenait à chacun et les
militants et adhérents CGT se sont également retrouvés dans chacun de ces
choix. Mais la CGT, comme nombre de ceux qui ont pourtant choisi de manifester,
n’est pas dupe des arrière-pensées qui se cachaient derrière cette unité
politique, sans parler de l’hypocrisie à voir défiler des chefs d’états ou leurs
représentants derrière la défense des libertés alors que ces mêmes libertés
sont allègrement piétinés dans leurs propres pays. Il n’était pourtant pas anodin
de voir réunis tous ces dirigeants (ou presque) du monde entier. Le terrorisme
touche aujourd’hui tous les pays (rappelons qu’à l’échelle mondiale ce sont les
musulmans qui en paient le prix le plus fort). Mais ce terrorisme n’est pas né par
hasard et il s’inscrit effectivement dans un contexte géopolitique. La progression
du terrorisme islamiste coïncide avec la chute de l’empire soviétique et la
nécessité pour les Etats-Unis de se créer un nouvel axe du mal. C’est à ce
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moment là, au moment où l’hégémonie économique capitaliste s’est retrouvée
toute puissante, que le concept de « choc des civilisations » a été inventé par des
libéraux américains. Il n’y a pas de hasard là dedans. C’est le résultat d’une
politique impérialiste qui a toujours eu besoin d’une vision binaire du monde pour
favoriser les intérêts privées des grands groupes américains. L’intégrisme
religieux, au niveau international et national, se nourrit de cette réalité là. Et
cette unité internationale aujourd’hui affichée, en plus d’être hypocrite, met un
voile sur les responsabilités de chacun dans le chaos qui en résulte aujourd’hui.
Avec notamment le conflit israélo-palestinien comme épicentre.
Pour la CGT, il n’y a pas que l’unité internationale qui pose problème. L’unité
nationale également. Car si la CGT n’a rien contre le principe en soi, encore faut-
il définir autour de quoi elle se réalise et pour quelles finalités. Et là les
divergences ne tardent pas à apparaître. Car il est évident que cette unité de
façade n’est qu’un vernis qui cache une réalité autrement plus désagréable pour
la société française, celle d’une société divisée et fracturée par les inégalités,
ces inégalités qui ici aussi sont exploitées à fond d’une part par l’intégrisme
religieux, et notamment dans les banlieues, et d’autre part par le Front National.
Or les seules réponses apportées par cette unité de façade sont d’ordre
sécuritaire. Bien sûr, la CGT n’a pas la naïveté de penser que ce volet là n’est pas
nécessaire. Mais il existe déjà en France un arsenal juridique très développé et
renforcé à chaque changement de gouvernement. Il n’a pas empêché les
attentats, mais tout comme le Patriot Act aux EU après le 11 septembre n’a pu
empêcher l’attentat de Boston. Les libertés individuelles les plus élémentaires
avaient par contre été touchées de plein fouet par cet arsenal juridique. Le
risque zéro en matière d’attentat n’existe donc pas. En réalité, cette surenchère
sécuritaire n’est qu’une manœuvre politicienne brandi par la droite et l’extrême-
droite pour rassurer son électorat. En plus d’être inefficace, elle permet surtout
d’occulter la question sociale. C’est pourtant sur ce terrain là que se joue l’avenir
d’un « vivre ensemble » dont tout le monde a les mots à la bouche aujourd’hui.
Mais vivre ensemble dans la liberté et la fraternité sans l’égalité, vivre ensemble
alors que les politiques menées depuis plus de trente ans ne font que creuser
l’écart entre la richesse et la pauvreté, vivre ensemble alors que des ouvriers
sont jetés de leur entreprise pour que les dividendes des actionnaires puissent
augmenter, vivre ensemble alors que le racisme est instrumentalisé à des fins
politiciennes, vivre ensemble alors que tout est fait pour que l’extrémisme et le
communitarisme progresse, vivre ensemble alors que l’école, qui est au cœur de
l’apprentissage de ce vivre ensemble et de la laïcité est dépecée de ses
enseignants, vivre ensemble dans une société où l’idée du chacun pour soi règne
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en maître, vivre ensemble dans ces conditions là est un leurre. Bien sûr, il y a une
part irréductible à la personnalité des fanatiques qui commettent ces actes, à
leur part intime, à leur folie propre que seule la psychanalyse pourrait peut-être
expliquer. Les mécanismes à l’œuvre dans la fabrique d’un terroriste sont
multiples et complexes. Mais il y a un environnement social qui les favorise et le
rôle des politiques est de jouer sur cet environnement social. C’est là que leur
responsabilité est engagée. C’est là que la politique libérale à l’œuvre, en
détruisant le tissu social et associatif, en augmentant les inégalités avec
toujours moins de services publics, en détruisant méthodiquement les acquis
sociaux issus du Conseil National de la Résistance basés sur l’idée de solidarité,
c’est là que cette politique est engagé. C’est là que sans une remise en cause de
ce système économique qui crée une fracture sociale dans laquelle s’engouffre
extrémisme religieux et FN, c’est là que sans cette remise en cause les larmes
de nos gouvernants ne resteront que des larmes de crocodiles.
Mais comment peut-on imaginer que cela va changer quand le gouvernement
s’obstine dans cette politique qui ne continue à créer, à défaut d’emplois, que
toujours plus d’exclusion et d’inégalité. Le premier ministre a parlé d’apartheid
pour qualifier la situation dans laquelle se trouvaient certaines zones du
territoire français. On peut discuter du mot mais il a le mérite de mettre le
doigt sur une réalité qui est que, malgré la loi, tout le monde n’a pas les mêmes
droits sur le territoire français. Et pas seulement dans les banlieues. Ceux qui
vivent dans des campagnes abandonnées par un service public qui devient de plus
en plus un service de rentabilité vivent aussi, à un autre niveau bien sûr, une
forme d’exclusion sociale. Fermer des écoles, des hôpitaux, des gares n’est pas la
meilleure des solutions pour créer du vivre ensemble. C’est pourtant celles qui
sont à l’œuvre depuis des dizaines d’années et que continue de perpétuer le
gouvernement Hollande. La loi Macron en est le dernier avatar. Après les
attentats, le monde politique brandissait le pacte républicain comme un étendard
à défendre. Mais cette loi, par les inégalités d’accès au service public qu’elle va
provoquer, est une atteinte pure et simple au socle républicain. Elle est une ode à
la libéralisation avec notamment la libéralisation du travail du dimanche et de
nuit et la libéralisation du transport de voyageurs en bus. Sans parler de la
sécurisation accrue des employeurs avec par exemple la réforme de l’Inspection
du travail ou la simplification des mesures de licenciements. Et la remise en
cause des conseils des prud’hommes n’est que la dernière touche à ce
démantèlement des droits des travailleurs. Là encore, que l’on soit patron ou
salarié les droits ne sont visiblement pas les mêmes pour tout le monde dans le
monde merveilleux du libéralisme. La Poste n’a d’ailleurs même pas attendu le
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vote de cette loi pour montrer qu’elle en comprenait l’esprit puisque, confondant
probablement permis de conduire et permis de licencier, elle a révoqué pour la
première fois depuis 60 ans un de ses employés, militant à SUD PTT, pour
activité syndicale ! Dans cette période où tout le monde semble d’accord pour se
battre pour la liberté d’expression, la CGT rappelle que le militantisme syndical
est une partie intégrante de la liberté d’expression.
La réforme ferroviaire s’inscrit directement dans cette logique de
démantèlement des services publics, guidé par les politiques d’austérité dictées
par Bruxelles et mises en œuvre par les divers gouvernements français. Cette
réforme qui ne devait rien changer d’après la communication SNCF va pourtant
avoir quelques « petites » conséquences. Elles vont toutes se faire sur le dos des
cheminots et des usagers. Pour les cheminots, les plus visibles et immédiates
sont la suppression des postes (la CGT estime à 2000 postes en moins pour
2015), le gel des salaires et la dégradation des conditions de vie et de travail
avec la refonte du RH 077 qui prévoit moins de repos, des taquets horaires
distendus et une adaptation des règles en fonction des exigences des activités.
Et ici comme ailleurs les prochaines notations donneront un petit aperçu de ce
que sera demain la remise en cause de nos droits en matière de déroulement de
carrière. Pour les usagers, les hausses des tarifs, la fermeture des lignes, des
gares et des guichets impacteront directement leurs conditions de transport. Et
donc de vie. A PAZ la suppression des trains de nuit est déjà programmée et le
projet LGV « Poitiers –Limoges » met forcément en danger le POLT, avec un axe
Paris –Brive qui sera forcément réduit à sa portion congru. Ce qui ne sera
sûrement pas sans conséquence pour l’avenir de cette gare. Mais partout ce
seront des pans entiers du territoire qui seront touchés par ces suppressions de
lignes, favorisant ainsi de véritables zones de no man’s land. Et tout ça guidé par
une seule idée directrice, celle de la recherche du profit optimal au détriment de
la recherche d’un bien être maximal. Avec en toile de fond la dette SNCF. Parce
que la réalité, c’est que cette réforme n’est pas financé, qu’elle ne résout en rien
cette dette, et que comme la précédente réforme qui était sensé régler le
problème, elle ne va faire que l’aggraver. Elle va s’aggraver et c’est donc aux
cheminots et aux usagers qu’il va être demandé de la payer en faisant preuve de
compréhension devant ces mesures d’austérité parce que bien sûr il n’y a pas
d’autres choix possible. La CGT, en portant un projet alternatif basé sur l’idée de
service public, pense que cette logique uniquement financière, par tous les mal-
êtres qu’elle va engendrer, est destructrice pour la création de ce vivre
ensemble qui est pourtant nécessaire pour l’avenir de notre société. Et que cette
politique, par ce qu’elle va engendrer de mécontentements et de colère chez
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ceux qui la subissent, ne sera pas sans conséquence pour l’avenir du pays. Bernard
Marris, cet économiste tué lors des attentats à Charlie Hebdo ne disait pas
autre chose lorsqu’il écrivait : « Le capitalisme canalise les frustrations des
hommes, les empile, comme il accumule le capital, et fait gonfler des bulles qui
finissent par crever comme des bombes ». Le peuple grec a lui choisis de crever
ces bulles pacifiquement, dans les urnes, en rejetant les dogmes libéraux de
l’austérité et en proposant l’espoir d’une société où l’humain serait au cœur du
projet politique. C’est cette orientation qui devrait nous servir de boussole. Un
tel projet ne pourra se réaliser sans une lutte ensemble du monde citoyen,
politique, associatif et syndical. C’est la condition pour un vrai vivre ensemble.