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172 Notes de lecture Dans les chapitres II et III, c’est une approche psychosociale fondQ sur des etudes empiriques (observations, entretiens, questionnaires). Quels modeles communs de la beat&$ r6vtlant quelle convergence des gouts ? Exploration du souci de l’apparence a n-avers les soins du corps (et notamment du nu) dam Part, ses canons, ses variantes et ses crises. A l’issue de ces pages, les auteurs proposent quelques hypotheses concernant le sens et les enjeux de la beaute corporelle, precaire et pourtant p&cmre a travers ses rituels et ses tribulations : - selection sociobiologique utile a la survie de I’esp&ce selon une perspective darwinienne ? - inculcation psychosociologique oh (( l’esthetiquement correct )) devient un imp&&if majeur ? - hypothese transactionnelle selon laquelle l’individu peut tenter de moduler le jeu des influences en moditiant plus ou moins son corps, ses representations et ses pratiques sociales ? C’est sans doute d6lib&+ment que les auteurs developpent peu la beaute du corps meme meurtri, use : effet de transcendance que nous communiquent un visage, un regard, une attitude.. . Mais le sujet central etait sufftsamment dense et complexe. Tres utile lecture qui appelle ii decouvrir l’ouvrage de J. Maisonneuve et M. Bruchon-Schweizer, Modkles du corps etpsychologie esth& tique. Paris : Puf; 1981. P. Broussolle des sciences humaines : vers une d6sokaKsation ? Liege : Mardaga ; 1998.3 18 p. A la lecture de ce sous-titre, on s’attend a voir critique et revisit6 le best-seller de Sokal et Bricmont, Zmpostures intellectuelles. Paris : Odile Jacob ; 1997. Professeur a I’universite de Liege, Richelle paralt non seulement adherer a l’afftrmation soka- lienne ddfmissant les mythes post-modernistes sur la science comme une maison btitie sur du sable, mais il estime que (( Paris est sans doute le lieu privilegie )) de ce curieux phtnombne sociologique. I1 adhere aux critiques de textes de Bergson et surtout de ceux de Lacan, omettant de signaler que (( la science de la logique Y de Hegel, dont la lecture est effectivement ardue, n’a pas non plus trouve grace aux yew de Sokal et Bricmont. Cependant, pour defendre les sciences humaines, Richelle considere que si elles font parfois mauvais usage des sciences exactes, ces demieres engendrent des chercheurs (( qui n’hesitent pas a mahraiter des concepts relevant du domaine des sciences humaines sans ce saucier du sens qu’ils y prennent ni de l’etat des recherches a leur sujet U, et il cite comme exemple le physicien Niels Bohr qui s’aventure dans l’etude des Ctats de conscience. S’agit-il dans l’un et l’autre cas d’un (( p6cht d’imposture )) ? Plutot, a notre avis, d’une nostalgie de la philosophie que ces scientiflques voudraient bien retrouver. M. Agathon

Défense des sciences humaines : vers une désokalisation : Liége : Mardaga ; 1998. 318 p

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172 Notes de lecture

Dans les chapitres II et III, c’est une approche psychosociale fondQ sur des etudes empiriques (observations, entretiens, questionnaires). Quels modeles communs de la beat&$ r6vtlant quelle convergence des gouts ? Exploration du souci de l’apparence a n-avers les soins du corps (et notamment du nu) dam Part, ses canons, ses variantes et ses crises.

A l’issue de ces pages, les auteurs proposent quelques hypotheses concernant le sens et les enjeux de la beaute corporelle, precaire et pourtant p&cmre a travers ses rituels et ses tribulations : - selection sociobiologique utile a la survie de I’esp&ce selon une perspective darwinienne ? - inculcation psychosociologique oh (( l’esthetiquement correct )) devient un imp&&if majeur ? - hypothese transactionnelle selon laquelle l’individu peut tenter de moduler le jeu des influences en moditiant plus ou moins son corps, ses representations et ses pratiques sociales ?

C’est sans doute d6lib&+ment que les auteurs developpent peu la beaute du corps meme meurtri, use : effet de transcendance que nous communiquent un visage, un regard, une attitude.. . Mais le sujet central etait sufftsamment dense et complexe. Tres utile lecture qui appelle ii decouvrir l’ouvrage de J. Maisonneuve et M. Bruchon-Schweizer, Modkles du corps etpsychologie esth& tique. Paris : Puf; 1981.

P. Broussolle

des sciences humaines : vers une d6sokaKsation ? Liege : Mardaga ; 1998.3 18 p.

A la lecture de ce sous-titre, on s’attend a voir critique et revisit6 le best-seller de Sokal et Bricmont, Zmpostures intellectuelles. Paris : Odile Jacob ; 1997.

Professeur a I’universite de Liege, Richelle paralt non seulement adherer a l’afftrmation soka- lienne ddfmissant les mythes post-modernistes sur la science comme une maison btitie sur du sable, mais il estime que (( Paris est sans doute le lieu privilegie )) de ce curieux phtnombne sociologique. I1 adhere aux critiques de textes de Bergson et surtout de ceux de Lacan, omettant de signaler que (( la science de la logique Y de Hegel, dont la lecture est effectivement ardue, n’a pas non plus trouve grace aux yew de Sokal et Bricmont. Cependant, pour defendre les sciences humaines, Richelle considere que si elles font parfois mauvais usage des sciences exactes, ces demieres engendrent des chercheurs (( qui n’hesitent pas a mahraiter des concepts relevant du domaine des sciences humaines sans ce saucier du sens qu’ils y prennent ni de l’etat des recherches a leur sujet U, et il cite comme exemple le physicien Niels Bohr qui s’aventure dans l’etude des Ctats de conscience. S’agit-il dans l’un et l’autre cas d’un (( p6cht d’imposture )) ? Plutot, a notre avis, d’une nostalgie de la philosophie que ces scientiflques voudraient bien retrouver.

M. Agathon