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LE SUPPLÉMENT COMMUNICATION Les céréales, l’autre richesse régionale Des savoir-faire et des produits de qualité Photo Fotolia/ dejank1

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LE SUPPLÉMENTCOMMUNICATION

Les céréales, l’autre richesse régionaleDes savoir-faire et des produits de qualité

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LE SUPPLÉMENT

ments de haute technologie,la minoterie peut faire du surmesure pour répondre à desdemandes particulières.« Nous faisons des mélanges,un procédé comparable à lavinification : nous assem-blons les céréales pour appor-ter du goût ou améliorer larichesse en protéine par exem-ple », souligne Didier Sauvin.

Le bio se développe

La Bourgogne-Franche-Comtéest la 3e région française deproduction de céréales en bioet la 1e pour la meunerie biolo-gique. L’un des principaux ac-teurs de cette filière est lemoulin Decollogne à Aiserey(Côte-d’Or), 100 % bio et lea-der dans l’hexagone.La Minoterie Sauvin est égale-ment fabricant de farine biolo-gique. Le marché de niche desdébuts s’est transformé en unvéritable débouché et devraitconstituer 8 % de la produc-tion en 2017.

fonctionner 7/7j et 24/24h.Les établissements Sauvin n’écrasent que du blé tendre(80% provenant de Bourgo-gne-Franche-Comté), trans-formé en farine selon les be-soins spécifiques de sesclients, industriels ou boulan-gers. Avec 15 000 tonnes écra-sées chaque année, le moulinfigure dans les 100 premiersfrançais. Grâce à ses équipe-

moulin à papier, dont les ori-gines remontent au XVe siècle.Didier Sauvin, représentant lasixième génération, a pris lesrênes de l’entreprise en 2000.Les dirigeants successifs ontchacun laissé leur empreinteen modernisant l’outil de pro-duction. Pour Didier Sauvin,cela aura été la construction,en 2008, d’une unité ultramo-derne automatisée, capable de

La meunerie est le premier dé-bouché des blés de Bourgo-gne-Franche-Comté, meune-r i e e x p o r t m a i s a u s s i régionale. On compte une qua-rantaine d’entreprises demeunerie sur l’ensemble duterritoire régional. Outre leursemployés, les minoteries fonttravailler nombre d’organis-mes de collecte et stockage, detransporteurs et de laboratoi-res. A l’image de la minoterieSauvin, elles ont su perdureren diversifiant leur offre et enaugmentant leurs capacitésde production. Située à Patornay, sur la riviè-re d’Ain, la Minoterie Sauvin asuccédé au XIXe siècle à un

R éputée pour ses productions vitico-les et ses produits issus de l’élevage(viandes, fromages), la Bourgogne-

Franche-Comté est moins connue du grand public pour sa production céréalière. Etpourtant, les cultures de blé, orge, maïs ou triticale (hybride de blé et seigle utilisé pour l’alimentation animale) occupent 15% du territoire. 4,8 millions de tonnes decéréales sont produites chaque année.La production locale se caractérise par sa qualité. Les blés sont issus de variétés pani-fiables supérieures, très recherchées tant par les meuniers hexagonaux que par les acheteurs internationaux. Les blés tendres d’ici se distinguent par leurs taux de protéi-nes supérieurs à la moyenne nationale. Les récoltes peuvent être qualifiées d’« excel-lents crus ». La meunerie est le premier débouché des blés de la région Bourgogne-Franche-Com-té, qui compte pas moins de 40 moulins et de nombreuses entreprises industrielles deboulangerie, pâtisserie et biscuiterie, aux-

quelles viennent s’ajouter quelque 1800 ar-tisans boulangers. La fabrication d’aliments pour animaux et la malterie-brasserie sont d’autres activitésqui dynamisent la filière. Tous acteurs con-fondus, la culture et la transformation des céréales génèrent 21 000 emplois dans la région dans une grande variété de métiers, du champ à l’assiette.

Qualité, traçabilité, responsabilité

La gastronomie est l’un des piliers de la re-nommée de la région Bourgogne-Franche-Comté. Une notoriété à laquelle contribue

la filière céréalière en œuvrant pour favori-ser l’accès aux labels d’origine et de qualité tels qu’APO/AOC, IP… Pour ce faire, l’agri-culture régionale est particulièrement at-tentive à la qualité de ses productions mais aussi de ses terroirs. Entretien des paysa-ges, préservation des sols, respect de la bio-diversité, réduction des apports chimi-ques… Diverses solutions alternatives et techniques innovantes sont utilisées pour préserver la richesse naturelle des terres. Il est à noter que la région est n°3 français de la production de céréales biologiques avec 17 000 ha de cultures dédiées.

On le sait peu mais la Bourgogne-Franche-Comté est une grande région céréalière, dont la produc-tion, 4.8 millions de tonnes/an, est recherchée même à l’international.

Une filière aussi Une filière aussi dynamique que discrètedynamique que discrète

Les blés de la région sont issus de variétés panifiables supérieures.Photo Fotolia/X BEGUET-ZEFOTO.NET

Le meunier des temps modernesLe meunier des temps modernes

Près de 40 moulins sont implantés dans la région.Photo Fotolia/magdal3na

La Bourgogne-Franche-Comté, terre de céréalesLa Bourgogne-Franche-Comté, terre de céréales

Tous acteurs confondus, la culture et la transformation des céréales génèrent 21 000 emplois dans la région. Photo Fotolia/Toutenphoton

15%du territoire cultivé en céréales, soit 740 000 ha

30 000exploitations agricoles, dont plus de la moitié cultivent des céréales

4.8 millions de tonnes de céréales produites

1 milliard d’euros de valeur ajoutée par la filière céréalière pour la région

21 000emplois tous secteurs confondus

Les chiffres clés de la filière céréales

On compte une quarantaine de meuneries dans la région. Exemple avec Sauvin, qui a su se moderniser et a investi le bio.

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Belenium propose huit sortes de bières dont les goûts, loin des stan-dards industriels, plaisent autant aux néophytes qu’aux connais-seurs. Certaines, mises au point pour le Groupe Bernard Loiseau, comprennent des graines de mou-tarde, du miel de Bourgogne ou encore du nectar de cassis. De vraiesformules magiques puisque Bele-nium a quasi doublé sa production en 2017 avec 450 hectolitres. «Il y a un bon esprit entre les petits bras-seurs régionaux, dit-il. On ne peut pas parler de concurrence : avec un même grain d’orge, on peut obtenir 1000 bières différentes ! »

Micro-brasserie, maxi succès ! Orge

Les brasseurs beaunois de Belenium rencontrent un franc succès. Photo BeleniumEt si la recette du comté était finale-

ment aussi « simple » que cela ?Terre Comtoise est une coopérativeagricole dont l’une des activités estla fabrication d’aliments à base decéréales pour les animaux d’élevage.Comme d’autres de ses consœurs,elle structure le lien entre les filiè-res céréalières et animales, tout enrépondant aux cahiers des chargestels que ceux des fromages, fleuronsgastronomiques de la région. Clé-ment Tisserand, président de la coo-pérative, explique : « Une partie denotre production sert à nourrir lesvaches qui produisent le lait utilisépour la confection de fromages sousAOC comme le comté, le morbier oule mont d’Or. La terre de la région etle savoir-faire de nos agriculteurs

permettent de faire pousser des cé-réales de qualité, de quoi fourniraux bêtes une excellente nourritu-re. »Pour Clément Tisserand, choisir lesproductions locales, et notammentles céréales, c’est mettre en placetout un cercle vertueux incluant lamaîtrise des coûts de transport, laréduction de l’empreinte carbone etbien sûr la traçabilité.

Les céréales Les céréales et le fromage d’ici et le fromage d’ici

Auparavant polyculteur et éleveur,comme ses parents et son frère, EricBonnefoy est « céréalier pur » de-puis quatre ans. Installé dans leDoubs, ce passionné fait pousseressentiellement du blé sur ses 134hectares, mais pas n’importe le-quel : un blé biscuitier, utilisé pourla fabrication des gâteaux. Ce grainparticulier, peu protéiné, est une« spécialité régionale ». Il est trèsrecherché par les grandes marques,comme LU, implantée à Besançon.Traitements à minima, respect del’environnement, choix des varié-tés, conduite des cultures, biodiver-sité… Eric Bonnefoy n’a rien laisséau hasard. Il est même allé jus-qu’au bout de la démarche en stoc-kant ses céréales à la ferme, dansdes cellules adaptées et ventilées.Des pratiques qui donnent unevraie plus-value à ses produits.« J’élève des céréales, dit-il fière-ment. Je les sème, je les soigne, jeles nourris… ». Travaillant sans relâche sur l’amé-lioration de sa récolte, il jongleentre ses champs, les réunions, lesformations et les clubs de réflexion.« Il faut être ouvert et curieux, seremettre en cause, savoir évoluerpour ne pas subir », insiste ce sagequi « n’aime pas se plaindre ».Paysan, chef d’entreprise, gestion-

naire : le céréalier est tout cela à lafois, à l’écoute des consommateurset de la nature. Son amour de laterre et de son métier, Éric Bonne-foy le vit en famille : son épouse leseconde sur l’exploitation et sesenfants marchent sur ses traces.

Ce blé dont on fait Ce blé dont on fait les biscuits…les biscuits…

Eric Bonnefoy, céréalier dans le Doubs. Photo Eric Bonnefoy

La Bourgogne-Franche-Comté, terre de céréalesLa Bourgogne-Franche-Comté, terre de céréales

Tous acteurs confondus, la culture et la transformation des céréales génèrent 21 000 emplois dans la région. Photo Fotolia/Toutenphoton

Des céréales de qualité à l’origine des fromages AOC. Photo Fotolia/Philippe Paternolli

La Bourgogne-Franche-Comté est la3e région française productrice d’orge, une céréale majoritairementemployée localement pour l’ali-mentation animale, mais qui est aussi le principal ingrédient de la bière. Une culture qui se développe et une boisson qui se réinvente avecl’éclosion, ces dernières années, desmicro-brasseries. Celle fondée par Nicolas Seyve illustre cette chaîne du champ au verre. Cet ingénieur enagroalimentaire et grand amateur de bière a décidé, il y a trois ans, de devenir brasseur ! Avec deux amis etassociés, Jean David Camus et Alexandre Faupin, il a créé à Beauneune micro-brasserie artisanale baptisée Belenium. Une manière derenouer avec le passé brassicole de la capitale des vins de Bourgogne dans les années 50 . L’orge qui entre dans la compositionde ses boissons « cousues main » est100 % française. Nicolas Seyve souhaite inclure prochainement del’orge crue pour travailler avec des céréaliers locaux. Actuellement,

Une partie de la production sert à nourir les vaches qui produisent le lait utilisé pour les fromages locaux.

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U ne fois le grain récolté, ilfaut le vendre ! C’est lebut de Cérévia, qui re-

groupe six coopératives de Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes. Cetteorganisation unique en songenre, dont le siège est implan-té à Longvic (Côte-d’Or), est di-rigée par Laurent Vittoz. « L’es-sence de notre métier est de vendre au mieux pour assurerle meilleur revenu aux agricul-teurs, explique le directeur. La Bourgogne-Franche-Comté faitpartie de ces régions qui ont le culte de la qualité variétale, avec des blés valorisables en meunerie qui répondent bienaux exigence de nos clients. »Cérévia « traite » trois millionsde tonnes de céréales par an. Elle intègre l’ensemble des ser-vices - commerce, logistique,facturation et informatique.

« Nous vendons 55% des céréa-les sur le marché intérieur,commente Laurent Vittoz. Le reste de notre clientèle se situeessentiellement en Europe,mais aussi dans le bassin médi-terranéen. Et nous venons tout récemment de signer un con-trat avec la Chine pour de l’orgede brasserie.»La particularité et la force deCérévia résident dans ses in-frastructures, comme le silod’exportation de Fos-sur-Mer(Port Tellines), dont la capacité

originelle a été doublée en 2015pour passer à 60 000 tonnes. Dix personnes sont employées sur le site où interviennentaussi des manutentionnaires et des dockers marseillais, pré-cieux auxiliaires. Des entre-pôts de stockage à plat ont éga-lement été construits sur place,abritant les engrais de la cen-trale d’achat Area, un moyen pour Cérévia de diversifier sesactivités.La puissance logistique de Cé-révia lui permet véritablement

de désenclaver la région et de vendre les céréales produites en Bourgogne-Franche-Comté bien au-delà des frontières de la région. Transport ferroviaire en partenariat avec Europorte, routier grâce à Logivia, fluvialde la Saône-et-Loire à Mar-seille, ou maritime avec la pla-teforme multimodale de Fos-sur-Mer : Cérévia achemine leblé régional partout, par tous les moyens, offrant des débou-chés mondiaux aux céréaliers d’ici.

Six coopératives de Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne- Rhône-Alpes se sont associées au sein de Cérévia pour commercialiser leur production.

Des grains qui vont loinDes grains qui vont loin

La puissance logistique de Cérévia lui permet de vendre des céréales régionales dans toute la France et à l’étranger. Photo Cérévia

Relever les défis de l’agriculture dedemain pour assurer de nouveaux dé-bouchés aux céréales locales sur unmarché mondialisé, telle est la raisond’être de la plateforme Artémis, quirassemble les coopératives de Bourgo-gne-Franche-Comté. Pour Frédéric Im-bert, son directeur général, égalementdirecteur scientifique, recherche-dé-veloppement-innovation chez DijonCéréales et directeur général d’AgrO-nov (pôle d’innovation en agricultu-re), la compétitivité des productionsvégétales régionales passe par le déve-loppement de nouveaux produits pourl’alimentation humaine et animale. A travers ses études sur les variétés etles pratiques culturales en région, Ar-témis veut définir des axes d’amélio-ration pour parvenir à une agricultureà la fois productive et économe enintrants (engrais, produits phytosani-taires…etc.). Les informations collec-tées depuis six ans sur les douzestations expérimentales de Bourgo-

gne-Franche-Comté vont ainsi permet-tre d’orienter le travail des agricul-teurs dans une démarche agro-écologique.

La robotisation pour produire mieux

L’intégration du numérique et de larobotique dans les exploitations cons-titue un autre facteur de performancesur lequel se penche Artémis. « Ils’agit d’un progrès comparable à l’ar-rivée du tracteur dans les annéessoixante », affirme Frédéric Imbert. Ledésherbage mécanique par des robots,les images aériennes des champs pri-ses par des drones pour déterminerprécisément les besoins du sol, lesconsoles de pilotage dans les tracteurs(avec positionnement au centimètreprès !) … Ces techniques du futur vontcontribuer à « produire mieux en res-pectant l’environnement ». Organisme de recherche appliquéeagricole, Arvalis, l’Institut du végétal,dispose aussi de relais en Bourgogne-Franche-Comté. Sa mission est de fa-voriser l’émergence de systèmes deproduction toujours plus performantset durables et de promouvoir l’innova-tion technologique pour aider les agri-culteurs et les entreprises des filièresà s’adapter aux besoins des marchés.

Innovation

Les céréales du futurLes céréales du futur

rager Philippe Dubief, qui croit en son métier et en ses grains. « La région est mondialement reconnuepour sa gastronomie et ses vins, et les céréaliers y participent », rappel-le-t-il.Pour le président de Passion Céréa-les, la filière doit communiquer davantage, « ouvrir des espaces de dialogue » pour mettre en avant sonrôle essentiel dans l’alimentation etson poids dans l’économie locale. Une valorisation qui prend de multi-ples formes : interventions dans lesécoles, publications à destination des élèves et des enseignants, outilsnumériques pour faire découvrir lesmétiers (par ex : le portail www.monchamp.fr)…

Philippe Dubief, un agriculteur à la tête de Passion Céréales

Portrait

Philippe Dubief est producteur de céréales en Côte-d’Or. Photo Didier Quintard

n L’export représente 1,6 million de tonnes decéréales régionalesl 400 000 tonnes de blé et 300 000 tonnes de maïs, exportées versl’Europe du Sud et le Maghrebn400 000 tonnes d’orgeexportées vers l’Allema-gne, le Bénélux, l’Euro-pe du Sud et le Maghrebn 70% des exportationssont destinées au bas-sin méditerranéen (Maghreb, Italie, Sicile, Grèce, Sardaigne…)n Soit : •900 000 tonnes vers le port de Fos-sur-Mer•400 000 tonnes vers les ports de Moselle-Rhin•200 000 tonnes vers l’Italie (voie terrestre)•100 000 tonnes vers leport de Rouen et la Belgique

En chiffres

Les exportations de Cérévia

Contact Editions déléguées Dorothée de Boudemange - Tél : 06 81 17 29 10 - dorothee.deboudemange@leprogres.� COMMUNICATION

Recherche, numérique, robotisation : la filière réfléchit à l’agriculture de demain, via la plateforme Artemis ou encore l’orga-nisme de recherche Arvalis.

Créée en 2006, Passion Céréales estune association qui rassemble l’ensemble des acteurs de la filière céréalière. Sa mission est de faire connaître au grand public les céréa-les et les produits qui en sont issus, mais aussi et surtout le travail d’hommes et de femmes passionnéspar leur métier. Agriculteur à Losne(Côte-d’Or), Philippe Dubief en est leprésident depuis le 15 juin dernier.Sur son exploitation poussent du colza, du blé, de l’orge, du maïs, du soja et même des plants de vigne pour le compte d’un pépiniériste ! Labonne terre du Val de Saône facilite la croissance des fameux porte-gref-fes et permet la production de céréa-les haut de gamme. « Les céréaliers de Bourgogne-Franche-Comté ont toujours privilégié la qualité au rendement, explique Philippe Dubief. C’est un choix culturel inscrit dans l’histoire de la région, comme en témoignent les nom-breux moulins. »Une tradition d’excellence qu’il veutdéfendre et promouvoir face à la concurrence des blés des pays de l’Est. Alors que les céréales locales ont subi des aléas climatiques, la Russie et l’Ukraine ont engrangé desrécoltes records, faisant chuter les cours mondiaux. Pas de quoi décou-