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Des frontières indépassables - … · Mathilde COSTIL est doctorante allocataire du Centre de recherche et d’analyse géopolitique à l’Institut français de géopolitique de

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Des frontières indépassables ?

Des frontières d’État aux frontières urbaines

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SOUS LA DIRECTION DE Frédérick Douzet

Béatrice Giblin

Des frontières indépassables ?

Des frontières d’État aux frontières urbaines

Ouvrage publié avec le concours de l’Institut français de Géopolitique

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Parmi nos dernières publicationsPierre Bardelli, José Allouche (dir.), La Souffrance au travail : quelle responsa-bilité de l’entreprise ?, 2012.Jérôme Pelisse, Caroline Protais, Keltoume Larchet, Emmanuel Charrier (dir.), Des chiffres, des maux et des lettres. Une sociologie de l’expertise judiciaire en économie, psychiatrie et traduction, 2012.Chantal Crenn, Laurence Kotobi (dir.), Du point de vue de l’ethnicité : pra-tiques françaises, 2012.Frédéric Monier, Natalie Petiteau, Jens Ivo Engels, Les Coulisses du politique. Vol. 1 La politique vue d’en bas, 2012.Ariel Mendez, Robert Tchobanian, Antoine Vion (dir.), Travail, compétences et mondialisation, 2012.Jean-Pierre Cléro, Emmanuel Faye (dir.), Descartes. Des principes aux phéno-mènes, 2012.Ivan Sainsaulieu, Muriel Surdez, Sens politiques du travail, 2012.Marie-Luce Gélard, Élisabeth Anstett (dir.), Les Objets ont-ils un genre ? Culture matérielle et production sociale des identités sexuées, 2012.Oliver Lazzarotti, Brigitte Frelat-Kahn (dir.), Habiter. Vers un nouveau concept ?, 2012.Françoise Taliano-Des Garets (dir.), Villes et culture sous l’Occupation. Expé-riences françaises et perspectives comparées, 2012.Lise Demailly, Michel Autès, La Politique de santé mentale en France, 2012.Anna Caiozzo, Nathalie Ernoult, Femmes médiatrices. Mythes et imaginaire, 2012.Valérie Assan, Les Consistoires israélites en Algérie au XIXe siècle, 2012.Laurence Badel (dir.), Écrivains et diplomates. L’invention d’une tradition XIXe-XXIe siècles, 2012.Geoffrey Grandjean, Grégory Piet, Polémiques à l’école. Perspectives interna-tionales sur le lien social, 2012.

Maquette de couverture : Raphaël LefeuvreMise en pages : PCAVisuel de couverture : Fort Hancock - Texas 2010 © Maurice Sherif

© Armand Colin, 2012ISBN 978-2-200-28052-9www.armand-colin.fr

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation de l’éditeur, est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scien-tifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).

Armand Colin Éditeur • 21, rue du Montparnasse • 75006 Paris

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David AMSELLEM est doctorant allocataire du Centre de recherche et d’analyse géopolitique à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris  8, spécialisé sur les enjeux énergétiques au Proche-Orient. Il est l’auteur de La Guerre de l’énergie – la face cachée du conflit israélo-palesti-nien (Vendémaire, 2011) et a consacré un travail de recherche sur le tramway de Jérusalem, dans une analyse stratégique et politique. Sa thèse porte sur les enjeux énergétiques en Israël.

Philippe BOULANGER est professeur des universités en géographie et auteur de plusieurs ouvrages de géostratégie, dont Géographie militaire et géostratégie, enjeux et crises du monde contempo-rain (Armand Colin, 2011).

Kevin BRAOUEZEC est doctorant du Centre de recherche et d’analyse géopolitique à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris  8. Ses recherches portent sur l’étude des minorités blanches britanniques dans l’Est londonien et sur les politiques urbaines et ethniques mises en place dans la capitale. L’analyse de fond porte sur la comparaison entre le modèle français d’inté-gration et le modèle britannique, ainsi que sur le contexte de la montée des formations d’extrêmes droites en Europe.

Diana BURGOS-VIGNA est maître de confé-rences en civilisation  latino-américaine à l’Uni-versité de Cergy-Pontoise et membre du CICC (Civilisations et Identités Culturelles Comparées). Ses recherches portent sur  les formes de gouver-nance locale en Amérique latine, et  plus récem-ment sur la diffusion de modèles politiques via les réseaux transnationaux, tels les réseaux de villes. En 2011, elle a codirigé l’ouvrage Femmes  sans Frontières, stratégies transnationales féminines face à la mondialisation (Peter Lang).

Sébastien COLIN est géographe et maître de confé-rences à l’Institut National des Langues et Civilisa-tions Orientales (INALCO). Ses enseignements portent sur la géographie et la géopolitique de la Chine, de la péninsule coréenne et de l’Asie orien-tale. Il est membre des équipes ASIEs et HSTM de l’INALCO où il poursuit notamment ses recherches sur les frontières de la Chine. Il a publié en 2011 La Chine et ses frontières (Armand Colin).

Mathilde COSTIL est doctorante allocataire du Centre de recherche et d’analyse géopolitique à l’Institut français de géopolitique de l’univer-

sité Paris 8. Elle prépare une thèse sur les enjeux géopolitiques du mal-logement sur un territoire d’immigration en reconversion, à travers le cas de Saint-Denis. Elle a travaillé au cabinet du prési-dent de Plaine Commune chargé d’un projet de relogement d’un camp Rom.

Alix DESFORGES est doctorante du Centre de recherche et d’analyse géopolitique à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris 8. Elle travaille sur les enjeux géopolitiques de l’Internet en matière de sécurité et de défense en France. Allocataire de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire, elle bénéficie également du soutien financier de l’Institut de hautes études de défense nationale.

Frédérick DOUZET est maître de conférences à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris 8, membre honoraire de l’Institut universi-taire de France et membre du comité de rédaction de la revue Hérodote. Ses recherches portent sur les questions de géopolitique urbaine, les évolutions géopolitiques contemporaines de la Californie et des États-Unis et les enjeux de la concentration spatiale des immigrants aux États-Unis et en Europe. Elle a notamment publié La Couleur du pouvoir. Géopolitique de l’immigration et de la ségré-gation à Oakland, Californie (Belin, 2007) et The New Political Geography of California (Berkeley Public Policy Press, 2008), avec Thad Kousser et Kenneth P. Miller.

Isabelle FEUERSTOSS est chercheuse postdoc-torale à l’Institut français de géopolitique et au Pôle Méditerranée de l’université Paris 8, spécia-liste de la Syrie. Ses travaux portent sur les enjeux géopolitiques des minorités chrétiennes en Syrie, la politique intérieure et régionale du régime syrien, la représentativité politique des femmes dans le cadre du processus transitoire démogra-phique en Tunisie, et la prostitution et les trafics humains en Syrie. Elle a soutenu en avril 2011 une thèse sur « Les enjeux géopolitiques des rela-tions entre la France et la Syrie ».

Thibaud DE FORTESCU est doctorant allo-cataire du Centre de recherche et d’analyse géo-politique à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris 8. Il prépare une thèse intitulée « Questions liées à l’immigration et l’intégration des immigrants à la frontière sud de l’Europe : le cas de l’Andalousie », sous la direction de Barbara Loyer (Paris 8) et Aron Cohen (université de Gre-

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nade). Ses recherches portent principalement sur les questions migratoires et électorales en Espagne.

Michel FOUCHER est directeur de la forma-tion, des études et de la recherche de l’Institut des hautes études de défense nationale. Géographe et diplomate, il a été ambassadeur de France en Lettonie (2002-2006), conseiller du ministre des Affaires étrangères (1997-2002), envoyé spécial dans les Balkans et le Caucase (1999), directeur du Centre d’analyse et de prévision du ministère des Affaires étrangères (1999-2002) et ambas-sadeur en mission sur les questions européennes (2007). Spécialiste de la question des frontières, il est auteur de nombreux ouvrages de géographie et géostratégie.

Agnès DE GEOFFROY est coordinatrice de l’an-tenne du Centre d’études et de documentation économiques, juridiques et sociales (CEDEJ) à Khartoum et chercheuse au ministère des Affaires étrangères et européennes. Sa thèse, soutenue en 2008 à l’IFG (Paris 8), porte sur l’intégration à la ville des populations déplacées par la force, avec une étude comparée des cas de Bogotá (Colombie) et de Khartoum (Soudan).

Béatrice GIBLIN est professeure à l’Institut fran-çais de géopolitique, directrice d’Hérodote revue de géographie et de géopolitique. Publications récentes : Les Conflits dans le monde. Approche géo-politique (Armand Colin, 2011) ; Géographie des Conflits (Documentation française, 2012).

John HANLEY est postdoctorant en science politique à la Maxwell School de Syracuse Uni-versity. Sa thèse porte sur les enquêtes menées par le Congrès des États-Unis contre des questions concernant les gouvernements présidentiels, le monde des affaires et la société en générale. Il a également publié des travaux sur la Cour suprême et l’opinion publique.

Yohann LE MOIGNE est doctorant allocataire du Centre de recherche et d’analyse géopolitique à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris  8. Il prépare une thèse intitulée « Concen-tration spatiale et intégration politique et crimi-nelle des immigrants hispaniques à Compton, ville “noire” de Californie ». En 2010/2011, il a bénéficié d’une bourse du programme Fulbright qui lui a permis de réaliser son travail de terrain en tant que chercheur invité à la California State University de Fullerton.

Benjamin LECLERE est doctorant du Centre de recherche et d’analyse géopolitique à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris 8 et professeur agrégé d’histoire-géographie. Il prépare

une thèse sur la géopolitique des « peuples pre-miers », à travers le cas des Noongar de la région de Perth (Australie) et des Amérindiens de la baie de San Francisco (États-Unis). Il a obtenu une bourse de la fondation George Lurcy pour un séjour d’un an à l’université de Californie, Berkeley.

Guilhem MAROTTE est doctorant allocataire du Centre de recherche et d’analyse géopolitique à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris  8. Il prépare une thèse sur la géopolitique d’un processus de pacification : analyse des riva-lités de pouvoir sur les territoires de Belfast, capi-tale de l’Irlande du Nord.

Rodrigo NIETO-GOMEZ est enseignant-cher-cheur au Center for Homeland Defense and Security (CHDS) et au National Security Affairs (NSA) Department de la Naval Postgraduate School de Monterey, Californie. Auteur d’une thèse sur la frontière États-Unis/Mexique sou-tenue à l’IFG (Paris 8) en 2009, il est spécialiste des politiques de sécurité nationale aux États-Unis et de la réflexion sur les systèmes, l’innovation et la complexité dans l’élaboration des stratégies de défense.

Côme PEROTIN est doctorant du Centre de recherche et d’analyse géopolitique à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris 8. Il prépare une thèse sur les stratégies de la commu-nauté juive hassidique face à la gentrification de leur quartier de Brooklyn. Il a obtenu une bourse Fulbright grâce à laquelle il a effectué un séjour d’un an à la City University of New York.

Diane REAY est professeure d’éducation à la faculté d’éducation de l’université de Cambridge. Elle s’intéresse particulièrement aux questions de justice sociale dans l’éducation, à la théorie sociale de Pierre Bourdieu et aux analyses culturelles de classe sociale. Ses recherches portent sur les ques-tions de classe sociale, genre et ethnicité dans le premier, le second degré et la formation continue. Elle a récemment obtenu des financements pour des études sur les mobilités scolaires dans le pre-mier et le second degré, l’orientation dans l’en-seignement supérieur et le rapport des classes moyennes blanches aux comprehensive schools. Son dernier livre, publié avec Gill Crozier et David James, s’intitule White Middle Class Identities and Urban Schooling (Palgrave Press, 2011).

Charlotte RECOQUILLON est docteure de l’Institut français de géopolitique de l’université Paris 8. Elle a passé un an à la City University of New York, grâce à l’obtention d’une bourse de la Fondation George Lurcy. Sa thèse, soutenue en 2010, porte sur les conflits et résistances à la gen-

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Les auteurs

trification de Harlem a obtenu le prix de l’inno-vation de la Société de géographie et a été classée deuxième accessit pour le prix de thèse du CNFG, et troisième du prix de thèse Mappemonde. Son travail sera prochainement publié aux éditions Vendémiaire.

Isabelle SAINT-MEZARD est maître de confé-rences à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris  8. Elle a auparavant travaillé comme chercheuse pour le Projet Chine-Inde du Centre of Asian Studies/Institute of Humanities de l’université de Hong Kong et comme analyste sur l’Asie du Sud pour la délégation aux Affaires stratégiques, du ministère de la Défense. Ses

recherches portent sur la géopolitique de l’Asie du Sud, avec un intérêt particulier pour les questions de sécurité et de défense en Inde. Elle enseigne aussi à l’Institut d’études politiques de Paris et à l’Inalco.

Alex SCHAFRAN est chercheur invité à l’Ins-titut français de géopolitique et postdoctorant à l’ENTPE. Il a récemment achevé une thèse au Department of City and Regional Planning à l’université de Californie, Berkeley, intitulée The Long Road from Babylon to Brentwood: Crisis and Restructuring in the San Francisco Bay Area. Ses recherches portent sur les questions urbaines et le développement suburbain en Californie.

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Sommaire

Les auteurs ......................................................................................... 5

Des frontières indépassables ? ........................................................... 13Béatrice Giblin, Frédérick Douzet

Partie IConflits et frontières

Béatrice Giblin et Frédérick Douzet

La réaffirmation mondiale des frontières .......................................... 23Michel Foucher

Jérusalem, des deux côtés du mur ..................................................... 31Isabelle Feuerstoss

Jérusalem, des deux côtés du mur ..................................................... 41David Amsellem

Frontière fortifiée ? Les enjeux de la construction des murs dans la frontière mexico-américaine ................................................. 47

Rodrigo Nieto Gomez

La dispute frontalière sino-indienne : jusqu’où le statu quo ? ............ 59Isabelle Saint-Mézard

La coopération frontalière entre la Chine et la Corée du Nord : projets, limites, et perceptions sud-coréennes ................................... 73

Sébastien Colin

Tracer les frontières et redéfinir l’État : dynamiques en cours aux Soudans ...................................................................................... 89

Agnès de Geoffroy

Les frontières du cyberespace ............................................................ 101Alix Desforges

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Partie IIFrontières poreuses ou frontières étanches ?

Frédérick Douzet et Béatrice Giblin

La Belgique : des frontières poreuses aux frontières étanches ............ 115Béatrice Giblin

Roms en Seine-Saint-Denis .............................................................. 125Mathilde Costil

Quand le désert devient barrière. Les enjeux géopolitiques des frontières aux Émirats arabes unis .............................................. 139

Philippe Boulanger

Belfast après les Troubles : une ville toujours morcelée entre deux communautés ................................................................................... 155

Guilhem Marotte

La stratégie des villes face aux frontières : une autre intégration pour l’Amérique du Sud ................................................................... 169

Diana Burgos-Vigna

L’Andalousie comme frontière sud de l’Europe : enjeux géopolitiques 181Thibaud de Fortescu

L’utilisation de la frontière dans la redéfinition des rapports de force en terres indiennes ............................................................................ 195

Benjamin Leclère

Partie IIIFrontières urbaines : frontières choisies, frontières subies

Frédérick Douzet et Béatrice Giblin

Des frontières urbaines qui enferment la jeunesse ? .......................... 213Frédérick Douzet et John Hanley

Territoires de gangs et rivalités « raciales » à Compton, Californie .... 231Yohann Le Moigne

Londres, une ville sans frontières ? .................................................... 245Kevin Braouezec

Pratiques de classe en milieu scolaire urbain : la construction de frontières choisies et contraintes .................................................. 261

Diane Reay

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Sommaire

L’expansion de Columbia University à Harlem ................................ 273Charlotte Recoquillon

Les juifs hassidiques de Williamsburg (Brooklyn) et la gentrification : de nouvelles frontières ? .................................................................... 285

Côme Pérotin

Exurbs : Les nouvelles frontières politiques de la baie de San Francisco ............................................................................... 301

Alex Schafran

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Des frontières urbaines qui enferment la jeunesse ?

Frédérick Douzet et John Hanley

Le concept de « jeunes des banlieues » évoque à lui seul les frontières plus ou moins tangibles qui se dressent entre les populations urbaines des

agglomérations françaises. Frontières sociales, frontières « ethnoraciales », parfois physiques, elles dessinent les contours souvent flous des quartiers dits « sensibles » où se concentrent les populations issues de l’immigration sur des territoires qui cumulent les difficultés.

Dans le discours médiatique et politique, ces « jeunes des banlieues » sym-bolisent souvent les enjeux de la ségrégation des populations immigrantes, qu’il s’agisse d’intégration socio-économique, d’identités culturelles, de pra-tiques religieuses voire d’appartenance nationale. Or les représentations de la société à l’égard de ces jeunes et leur territoire, et souvent par extension à l’ensemble des immigrants, ont des conséquences politiques. Elles affectent aussi la façon dont ces jeunes se perçoivent et construisent leur rapport à leur territoire et à la nation.

Les « jeunes » représentent par ailleurs une force de vie, une énergie, une visibilité qui en font la vitrine de ces enjeux, mais qui peuvent aussi nourrir un sentiment de menace, qu’il s’agisse d’un niveau d’éducation qui ne ces-serait de baisser, du risque de l’émergence d’identités ou de cultures séparées ou encore de violences individuelles ou en groupe. Les références à la situa-tion américaine sont omniprésentes aussi bien dans le discours des médias que celui des jeunes ou des politiques. Le terme ghetto a ainsi progressi-vement émergé, y compris dans la littérature scientifique (Robine, 2011),

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pour désigner des quartiers que les jeunes surnomment plus prosaïquement « Chicago » ou « Le Bronx ». Nombre de chercheurs soulignent pourtant à quel point la ségrégation en France est loin des niveaux rencontrés par les Noirs aux États-Unis. Cela suffit-il pour autant à ignorer le concept de ghet-toïsation qui véhicule l’idée d’enfermement ?

Nous avons choisi de comparer les niveaux de ségrégation dans 33 zones urbaines en France, aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Les travaux com-paratifs de mesure de la ségrégation entre la France et d’autres pays sont relativement peu développés en raison des défis méthodologiques et concep-tuels qu’ils rencontrent (Kaplan 2005 ; Préteceille 2009 ; Safi 2009 ; Musterd 2009 ; Johnston et al., 2009). Dans l’ensemble cependant, ils démontrent que la ségrégation est effectivement moins élevée en France qu’aux États-Unis ou en Grande-Bretagne. Nous avons alors cherché à savoir si ces différences sont les mêmes selon les groupes d’âge et le pays d’origine des immigrants.

Nous employons ici le terme « immigrant » de préférence au terme « immigré ». En effet, le terme immigré possède une définition statistique précise selon l’Insee et désigne les personnes nées étrangères à l’étranger. Or nous nous intéressons également aux enfants, voire petits-enfants d’immi-grés, qui ne sont d’ailleurs pas distingués du reste de la population française par le recensement en France. En revanche, le terme « immigrant » aux États-Unis englobe les descendants et il n’existe pas d’équivalent du concept d’im-migré, distinguant la première génération des suivantes.

Les difficultés de compatibilité des données et des unités géographiques entre pays rendent la comparaison directe souvent complexe, d’où l’intérêt d’étudier les variations entre groupes au sein de chaque pays et de les com-parer. Inversement, les enjeux liés à l’immigration ont aussi un impact sur le choix des indices de mesure de la ségrégation. L’objectif de ce chapitre est ainsi de comprendre comment s’organisent les frontières urbaines autour de la jeunesse française, en comparaison avec les États-Unis et le Royaume-Uni, et quels en sont les enjeux et les enseignements.

Les enjeux de la concentration spatiale des immigrants

La littérature scientifique foisonne d’études sur les enjeux de la ségréga-tion, dont de nombreuses concernent directement ou s’appuient méthodolo-giquement sur l’expérience des Noirs aux États-Unis. Nous avons cependant choisi de traiter de la question des immigrants dans les trois pays tant la question noire américaine reste spécifique, aussi bien par son histoire que par l’ampleur des phénomènes de concentration. Parmi les multiples enjeux de la concentration spatiale, trois nous semblent particulièrement importants, notamment au regard de la jeunesse.

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Un premier enjeu est la politique d’immigration, qui dans les trois pays fait régulièrement l’objet de déclarations politiques volontaristes, d’objec-tifs chiffrés et de débats sociopolitiques autour de la notion de « seuil de tolérance ». On peut émettre l’hypothèse que le niveau d’immigration sou-haité voire le nombre d’entrées effectives sur le territoire puisse être lié à la distribution spatiale des immigrants déjà présents sur le territoire. Wright (2011) montre par exemple que plus la proportion d’immigrants est forte dans un pays, plus la population tend à privilégier des critères « ethniques » et intangibles plutôt que civiques pour définir l’appartenance nationale. Par exemple, il sera plus important d’être né dans le pays, d’avoir des ascendants dans le pays ou encore d’appartenir à la religion majoritaire, plutôt que de parler la langue, être citoyen, respecter les lois et les institutions ou même se sentir appartenir à la nation. La recherche semble cependant avoir atteint une sorte d’impasse entre les résultats qui démontrent que le contact entre les groupes accroît (Cain et al., 2000) ou au contraire amoindrit la confiance entre les diverses populations (Putnam, 2007). Autrement dit, il n’y a pas de consensus dans la littérature scientifique pour dire si la mixité résidentielle qui favorise l’interaction entre les groupes encourage ou non la tolérance interculturelle. De telles contradictions incitent à affiner les mesures de la ségrégation, en tenant compte de la complexité des situations, afin d’étudier l’impact du contexte spatial sur les représentations à l’égard de l’immigration qui, souvent en raison de considérations électorales, entrent en jeu dans l’éla-boration des politiques publiques.

La question de l’intégration des immigrants est un deuxième enjeu majeur. Certaines études montrent que c’est moins la proportion d’immigrants que la rapidité des changements qui affecte les représentations à l’égard de l’im-migration (Hopkins, 2009). Dans un retentissant article publié en 2004 dans Foreign Policy, Samuel Huntington s’alarmait de la progression d’une immigration hispanique massive qui menaçait les États-Unis de se scinder en deux pays, avec deux cultures et deux langues distinctes (Huntington, 2004 ; Douzet, 2004). En réaction, nombre d’études ont depuis démontré que les Hispaniques non seulement apprenaient l’anglais, mais s’identifiaient prio-ritairement comme Américains et non Mexicains (Citrin et al., 2007). Reste que leur concentration spectaculaire, notamment dans le sud-ouest du pays, pose de réels défis en matière d’accès aux ressources permettant leur intégra-tion socio-économique et d’interaction avec la population anglo-américaine.

De nombreuses études ont démontré comment la ségrégation affecte la destinée et les trajectoires des habitants. La recherche montre que s’il est préjudiciable d’être pauvre, il est encore pire d’être pauvre et de vivre dans un quartier pauvre de forte ségrégation (Massey et Fischer, 2000). La concentra-tion spatiale affecte en effet les ressources disponibles pour les habitants au sein de leurs quartiers, qu’il s’agisse du marché de l’emploi ou de l’éducation,

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des services publics ou des équipements privés, de la qualité du logement ou de l’environnement (Khattab et al., 2010 ; Poulsen et al., 2010 ; Johnston et al., 2009 ; Musterd et al., 2008 ; Jargowsky, 2009). La disponibilité des biens privés ou publics est ainsi moindre dans les quartiers où les logements sont de piètre qualité, les commerces de détails peu nombreux, les opportu-nités d’emplois limitées et les écoles défaillantes. Or le déficit de ressources au sein du quartier est d’autant plus préjudiciable que la mobilité des plus pauvres est souvent moins importante et qu’elle possède un coût ; cela peut les conduire à une relative « dépendance locale » à l’égard des ressources du territoire proche (Fol, 2009).

Ces inégalités territoriales sont particulièrement ressenties par les jeunes des quartiers sensibles, ce qui représente un troisième enjeu, à savoir les représentations et le potentiel de conflit urbain qu’engendre la concen-tration spatiale d’immigrants sur des territoires défavorisés. À l’instar des émeutes urbaines du milieu des années 1960 aux États-Unis, les émeutes de Los Angeles en 1992, Paris en 2005, Oakland en 2010 ou Londres en 2011 témoignent des tensions et des frustrations qui naissent de la corrélation entre la concentration spatiale de minorités et celle de désavantages économiques et sociaux sur des territoires urbains. Si la qualification d’« émeutes raciales » peut prêter à discussion et que seul un petit nombre d’habitants sont géné-ralement impliqués, on constate cependant à travers ces violences la défiance et la susceptibilité qui règnent de part et d’autre entre les jeunes et la police, ou encore l’accumulation de ressentiments qui exacerbent les tensions entre les communautés. Les perspectives de mobilité géographique hors des zones de forte concentration affectent les représentations positives ou négatives qu’ont les habitants de leur quartier, particulièrement dans les deuxième ou troisième générations nées en France et qui n’ont pas participé au projet migratoire de leur famille. L’éducation est alors un enjeu prioritaire pour les jeunes, dans des quartiers où le succès scolaire se gagne souvent dans l’ad-versité, le contexte social, culturel et éducatif étant peu porteur. Or l’échec scolaire réduit fortement les chances de mobilité sociale ou géographique, exaspérant les sentiments de privation voire d’enfermement et les tensions.

Dans le reste de la société, ces phénomènes nourrissent des représenta-tions négatives de ces zones urbaines de forte concentration, susceptibles de s’étendre à l’ensemble de la population de ces territoires – « jeunes des banlieues » – voire à l’ensemble des immigrants. Lorsqu’elles sont exploitées dans le cadre de campagnes électorales, ces représentations peuvent avoir de sérieuses conséquences politiques : manque de soutien aux politiques publiques ciblant ces territoires ou leurs populations, baisse de la participa-tion électorale, montée de l’extrême droite, violences urbaines…

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Mesurer la ségrégation de façon comparative

Nous avons utilisé les données du recensement des trois pays pour mesurer la ségrégation dans les principales métropoles de trois pays. Notre choix s’est porté sur l’indice H de Theil (Theil, 1972 ; Iceland et Douzet, 2009) 1. C’est un calcul « d’isolation » qui mesure à quel point des personnes vivent isolées d’autres groupes, ou encore à quel degré ces personnes sont exposées (ou en contact avec) à des groupes différents.

C’est l’indice le mieux adapté lorsqu’on cherche à mesurer la ségréga-tion entre plusieurs groupes à des échelles géographiques différentes. Cette méthode permet en effet de calculer un indice de diversité E (entropie) pour une entité donnée en fonction des groupes de population qui la compose. Elle permet ensuite de mesurer à quel point les sous-ensembles de cette entité divergent de cet indice. Et on peut décomposer par niveau géographique, sachant que les résultats sont parfaitement additifs.

Par exemple, si l’on cherche à mesurer la ségrégation à l’échelle d’une agglomération, on mesure l’indice de diversité E pour l’agglomération et on calcule le score H en fonction du taux de divergence des IRIS par rapport à l’indice E. Mais on peut aussi, en regroupant les IRIS, mesurer la ségrégation entre communes, entre quartiers au sein de ces communes et entre IRIS. Il est également possible de décomposer par groupe de population lorsqu’on a plus de deux groupes de population en présence, ce que ne permettent pas les autres indices classiques.

Nous avons dans un premier temps sélectionné la catégorie des personnes nées à l’étranger, seule catégorie de recensement commune à nos trois études de cas. Les résultats ont montré des taux de ségrégation dans l’ensemble beaucoup plus faibles pour les agglomérations françaises que pour les agglo-mérations britanniques ou américaines, et ce, même à des taux de personnes nées à l’étranger comparables. Cette mesure n’est toutefois pas très satisfai-sante car elle englobe, par exemple, des personnes nées françaises à l’étranger.

Tableau 1. Populations immigrées

France (1999)(en millions)

États-Unis (2000)(en millions)

Royaume-Uni (2001)(en millions)

Population totale 58,5 281,4 49,1

Nés à l’étranger 5,9 33 4,6

Ajustement 1,6nés français

1,9nés de parents américains

0,9« Britanniques-Blancs »

1. Les résultats complets de cette étude seront publiés prochainement aux États-Unis : Douzet F., Hanley J., Reardon S., à paraître.

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Des frontières indépassables ?

France (1999)(en millions)

États-Unis (2000)(en millions)

Royaume-Uni (2001)(en millions)

Nés étrangers 4,3 31,1 3,8

Pourcentage nés étrangers

7 % 11 % 8 %

Source : données officielles recensement.

Nous avons ensuite affiné cette catégorie afin de créer une catégorie d’im-migrés, à savoir les personnes nées étrangères à l’étranger. Le statut d’im-migration est disponible pour la France et les États-Unis, mais pas pour le Royaume-Uni, qui ne donne aucune information sur la nationalité à la nais-sance, mais offre en revanche des statistiques ethniques. Nous avons donc utilisé une approximation du statut d’immigration en combinant la catégorie « né à l’étranger » avec la catégorie d’« ethnicité non britannique-blanc ».

Tableau 2. Données disponibles par pays et niveau géographique

États-Unis Royaume-Uni France

Statut d’immigré Block group(927*)

non disponible IRIS(2260)

Pays de naissance Block group Output area(295)

TRIRIS/Commune (7500)

Nationalité du pays Block group non disponible IRIS

Autre nationalité non disponible non disponible TRIRIS/Commune

Ethnicité Block(100)

Output area non disponible

*(927) : population médiane de l’unité de recensement.

Marseille arrive en tête des villes au plus fort taux de ségrégation en France avec un score H de 0,083, devant Lille (0,073) et Paris (0,057), mais loin derrière les villes de Bradford (0,209) ou Birmingham (0,138) en Grande-Bretagne, ou Atlanta (0,158) et Boston (0,131) aux États-Unis.

Tableau 3. Population immigrée et score H de Theil

Ville Score H

Bradford, Royaume-Uni 0,209

Atlanta-Sandy Springs-Marietta, Georgia, États-Unis 0,158

Birmingham, Royaume-Uni 0,138

Ann Arbor, Michigan, États-Unis 0,133

Boston-Quincy, Mass., États-Unis 0,131

Houston-Baytown-Sugarland, Tex., États-Unis 0,127

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Des frontières urbaines qui enferment la jeunesse ?

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Ville Score H

Bethesda-Frederick-Gaithersburg, Maryland, États-Unis 0,118

Manchester, Royaume-Uni 0,113

Honolulu, Hawaii, États-Unis 0,103

San Francisco-San Mateo-Redwood City, Calif., États-Unis 0,099

Reno-Sparks, Nevada, États-Unis 0,092

Los Angeles-Long Beach-Glendale, Calif., États-Unis 0,087

London, Royaume-Uni 0,084

Marseille, France 0,083

Seattle-Bellevue-Everett, Wash., États-Unis 0,078

Bristol, Royaume-Uni 0,077

Tucson, Ariz., États-Unis 0,074

Coventry, Royaume-Uni 0,074

Lille, France 0,073

Orlando, Fla., États-Unis 0,072

Lyon, France 0,070

Hartford-West/East Hartford, Conn., États-Unis 0,068

Toulon, France 0,066

Metz, France 0,065

Bordeaux, France 0,059

Paris, France 0,057

Toulouse, France 0,057

Modesto, Calif., États-Unis 0,057

Strasbourg, France 0,056

Grenoble, France 0,054

Brownsville-Harlingen, Tex., États-Unis 0,046

Sarasota-Bradenton-Venice, Fla., États-Unis 0,046

Nice, France 0,040

Lorsque nous distinguons les pays d’origine de ces immigrants, ce qui nous contraint à changer d’unité spatiale d’analyse dans la mesure où l’infor-mation pour la France n’est disponible qu’au niveau du TRIRIS, les résul-tats sont plus contrastés. Les taux de ségrégation sont nettement plus élevés en France pour les immigrants originaires d’Afrique subsaharienne (0,113 à Marseille ; 0,083 à Lille ; 0,068 à Paris) et du Maghreb (0,095 à Lille ; 0,098 à Toulouse ; 0,073 à Paris) que pour l’ensemble des immigrants. Au Royaume-Uni, ce sont les immigrants d’Asie du Sud (0,250 à Bradford ; 0,221 à Bir-mingham), des Caraïbes (0,171 à Bristol ; 0,168 à Manchester) et d’Afrique centrale (0,174 à Bradford ; 0,142 à Londres) qui ont les taux les plus élevés. Aux États-Unis, enfin, la ségrégation touche de façon disproportionnée les

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Des frontières indépassables ?

immigrants d’Amérique centrale et d’Asie, bien que leurs dynamiques d’in-tégration soient très différentes.

La concentration spatiale des jeunes en France

Introduire la variable d’âge ajoute d’autres défis méthodologiques, les mêmes données n’étant pas nécessairement disponibles de façon équiva-lente dans les trois pays par tranche d’âge. Ainsi, nous avons pu calculer pour la France au niveau TRIRIS la ségrégation par âge des personnes nées à l’étranger (qui inclut les personnes nées françaises), des personnes étrangères (qui exclut les personnes nées étrangères et devenues françaises) ainsi que des personnes nées étrangères (en France et à l’étranger, devenues françaises ou non). Mais il ne nous a pas été possible de calculer la ségrégation des personnes immigrées selon la définition du recensement, à savoir nées étran-gères à l’étranger. Ces données permettent toutefois une comparaison entre la ségrégation des jeunes et celle des autres groupes d’âge en France. Des données équivalentes ne sont pas disponibles publiquement pour les États-Unis et le Royaume-Uni.

Pour ce calcul, nous avons choisi d’utiliser l’indice de ségrégation plus classique de dissimilarité (D), qui permet de calculer la proportion de la population qui devrait déménager pour que chaque unité de recensement ait une composition démographique identique. Cet indice, qui contrai-rement à H ne prend en compte que deux groupes et ne permet pas de décomposition par niveau d’analyse, est celui traditionnellement utilisé lorsqu’on mesure la distribution spatiale d’une minorité par rapport à une population majoritaire. Il a l’avantage d’être moins sensible aux varia-tions dans la composition totale de la population que l’indice H et plus sensible au caractère uniforme de la distribution spatiale des groupes. Ainsi, les différences de ségrégation seront mieux mises en valeur par l’in-dice D, même dans des villes qui comprennent une plus grande proportion d’immigrants.

Tableau 4. Exemple de différence de calcul entre H et D en fonction de la composition de la population

Composition de population(minorité/majorité) H D

40/60 0,03 0,2

30/70 0,12 0,4

20/80 0,28 0,6

10/90 0,53 0,8

5/95 0,9 0,9

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Des frontières urbaines qui enferment la jeunesse ?

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Le tableau 5 ci-dessous montre les résultats de la ségrégation entre les per-sonnes nées à l’étranger et nées en France, sans distinction de nationalité. Ce calcul permet d’inclure l’ensemble de la population française. On remarque que les jeunes âgés de 15 à 24 ans sont ceux qui sont en situation de plus forte ségrégation par rapport à tous les autres groupes d’âge. Autrement dit, les jeunes nés à l’étranger vivent plus séparés que leurs aînés de la population née en France. La ségrégation est plus élevée encore avec les personnes les plus âgées 0,33 avec les 60-74 ans, 0,36 avec les 75 ans et plus. La mixité est la plus importante avec les jeunes de leur âge nés en France (0,22 avec les 15-24 ans).

La tranche des 25-29 ans nés à l’étranger est la deuxième plus fortement ségréguée, avec des taux plus importants avec les personnes nées en France les plus âgées. Les personnes nées à l’étranger les plus âgées ont les taux de ségrégation les plus bas.

Tableau 5. Ségrégation par groupe d’âge entre les personnes nées en France et nées à l’étranger dans l’agglomération de Paris, France (D)

Nés en France

Nés à l’étranger

ÂGE 15-24 25-29 30-39 40-59 60-74 75 +

15-24 0,22 0,28 0,29 0,30 0,33 0,36

25-29 0,22 0,23 0,26 0,28 0,31 0,33

30-39 0,18 0,21 0,21 0,24 0,27 0,31

40-59 0,15 0,20 0,20 0,21 0,24 0,29

60-74 0,17 0,20 0,21 0,21 0,21 0,26

75 + 0,23 0,20 0,21 0,21 0,20 0,19

Source : Recensement 2008.

Tableau 6. Ségrégation par groupe d’âge entre les personnes nées françaises et nées étrangères dans l’agglomération de Paris, France (D)

Nés français

Nés étrangers

ÂGE 15-24 25-29 30-39 40-59 60-74 75 +

15-24 0,22 0,27 0,29 0,29 0,32 0,35

25-29 0,20 0,21 0,24 0,26 0,29 0,32

30-39 0,19 0,23 0,24 0,25 0,28 0,32

40-59 0,18 0,24 0,26 0,24 0,28 0,32

60-74 0,19 0,24 0,24 0,24 0,26 0,29

75 + 0,20 0,23 0,23 0,22 0,22 0,23

Source : Recensement 2008.

Le tableau 6 confirme cette tendance. Il distingue cette fois les personnes nées étrangères, en France ou à l’étranger, qu’elles aient ou non acquis la

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Des frontières indépassables ?

nationalité française, des personnes nées françaises. Les personnes nées en France de parents immigrants (la deuxième génération) sont donc comptabi-lisées parmi les personnes nées étrangères. On retrouve une ségrégation plus importante pour les tranches d’âge les plus jeunes.

Le tableau 7 qui suit nuance quelque peu ce résultat. Cette fois, nous comparons les étrangers aux personnes nées de nationalité française, sans tenir compte du lieu de naissance. Nous avons choisi les personnes nées de nationalité française plutôt que « françaises », afin d’exclure du groupe les personnes nées étrangères ayant acquis la nationalité française, qui ne font donc pas partie de ce calcul. Ceci pose un problème, car le calcul exclut les personnes installées de longue date en France et devenues françaises, ainsi que les personnes nées étrangères en France et devenues françaises, c’est-à-dire une large partie de la deuxième génération.

Globalement, les taux de ségrégation sont plus élevés que dans le tableau précédent. On remarque que la ségrégation des 15-24 ans reste plus impor-tante que celle des autres groupes, mais que cette fois la ségrégation de tous les groupes d’âge avec les personnes nées françaises les plus âgées est importante. On note aussi que la ségrégation des 60-74 ans et plus étrangers est plus importante relativement aux autres groupes que dans le tableau précédent.

Tableau 7. Ségrégation par groupe d’âge entre les personnes étrangères et nées françaises dans l’agglomération de Paris, France (D)

Nés français

Étrangers ÂGE 15-24 25-29 30-39 40-59 60-74 75 +

15-24 0,24 0,27 0,30 0,31 0,32 0,34

25-29 0,23 0,22 0,26 0,29 0,30 0,33

30-39 0,21 0,23 0,25 0,27 0,29 0,32

40-59 0,22 0,26 0,28 0,27 0,30 0,33

60-74 0,24 0,28 0,29 0,29 0,32 0,35

75 + 0,25 0,30 0,30 0,29 0,30 0,33

Source : Recensement 2008.

Enfin, nous avons calculé la ségrégation pour les personnes étrangères dont la nationalité est l’un des pays du Maghreb, par rapport aux popula-tions nées françaises. Là encore, ce calcul exclut les immigrants installés en France de longue date, ainsi que la deuxième génération. La catégorie « nés français » inclut en revanche les populations nées françaises au Maghreb au temps de colonies, puis qui sont venues s’installer en France par la suite. Les données disponibles sont donc très insatisfaisantes. Il eut été préférable de disposer des données pour les populations nées étrangères

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au Maghreb, ce qui aurait permis d’inclure la totalité des immigrants de première génération.

On constate toutefois que les chiffres de ségrégation sont nettement plus élevés que pour l’ensemble de la population. En revanche, contraire-ment au tableau 5, la ségrégation la plus forte concerne les personnes les plus âgées. Ceci peut s’expliquer par le fait que cette tranche d’âge n’inclut pas les immigrants de longue date qui ont acquis la nationalité française. Il peut y avoir ainsi un lien de causalité entre le faible niveau d’intégration spatiale et le fait de ne pas avoir acquis la nationalité française. Ceci peut aussi s’expliquer par une immigration récente. Les données par groupe d’origine et année d’entrée sur le territoire ne sont malheureusement pas disponibles au niveau TRIRIS pour vérifier cette hypothèse. Nous pou-vons toutefois comparer les niveaux de ségrégation en fonction de l’acqui-sition ou non de la nationalité, sans critère d’âge, comme nous le verrons un peu plus loin.

Tableau 8. Ségrégation par groupe d’âge entre les personnes de nationalité maghrébine et nées françaises dans l’agglomération de Paris, France (D)

Nés français

Natio nalité maghré bine

ÂGE 15-24 25-29 30-39 40-59 60-74 75 +

15-24 0,33 0,37 0,39 0,39 0,41 0,43

25-29 0,29 0,31 0,34 0,35 0,38 0,40

30-39 0,31 0,35 0,37 0,37 0,40 0,42

40-59 0,35 0,39 0,40 0,40 0,43 0,46

60-74 0,39 0,43 0,44 0,45 0,47 0,50

75 + 0,42 0,46 0,47 0,47 0,49 0,50

Source : Recensement 2008.

Tentative de comparaison internationale

Les données par âge sont en revanche disponibles par groupe ethnique ou racial aux États-Unis et au Royaume-Uni. Nous avons donc choisi de les comparer aux résultats obtenus pour les minorités de grandes villes de ces deux pays avec les populations de nationalité maghrébine. Ceci permet éga-lement de comparer le niveau de ségrégation des jeunes maghrébins à celui de l’ensemble des jeunes immigrants. La très grande différence, cependant, réside dans le fait que les données britanniques et américaines incluent la deuxième génération ainsi que les suivantes.

Le tableau 9 montre les taux de ségrégation par groupe d’âge de la popu-lation asiatique à San Francisco par rapport aux Blancs qui ne sont pas

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d’origine hispanique 1. On constate que les taux restent plus élevés qu’en France, mais la différence est cependant moins importante que lorsqu’on compare les niveaux de ségrégation de l’ensemble de la population. La pré-sence de la deuxième génération dans la catégorie asiatique tire cependant les chiffres vers le bas. La ségrégation des jeunes est là aussi particulièrement élevée, mais moins que celle des plus âgés (75 +). On ne distingue pas de tendance particulière pour la ségrégation des autres groupes.

Le tableau 10 montre des taux plus élevés de ségrégation chez les Hispa-niques, notamment les plus jeunes, mais ce sont les plus âgés qui connaissent les plus forts taux de ségrégation.

Tableau 9. Ségrégation par groupe d’âge entre les personnes asiatiques d’origine non hispanique et les Blancs d’origine non hispanique, San Francisco (D)

Blancs

Asiatiques ÂGE 15-24 25-29 30-39 40-59 60-74 75 +

15-24 0,57 0,59 0,61 0,63 0,62 0,61

25-29 0,54 0,51 0,54 0,58 0,58 0,58

30-39 0,51 0,51 0,51 0,53 0,52 0,52

40-59 0,54 0,56 0,56 0,56 0,54 0,54

60-74 0,58 0,58 0,60 0,60 0,58 0,57

75 + 0,65 0,62 0,65 0,67 0,66 0,63

Source : Recensement 2000.

Tableau 10. Ségrégation par groupe d’âge entre les personnes d’origine hispanique et les Blancs d’origine non hispanique, Houston Texas

Blancs

Hispaniques ÂGE 15-24 25-29 30-39 40-59 60-74 75 +

15-24 0,62 0,62 0,62 0,63 0,60 0,61

25-29 0,61 0,60 0,61 0,63 0,61 0,61

30-39 0,58 0,58 0,57 0,58 0,56 0,58

40-59 0,56 0,57 0,55 0,55 0,53 0,56

60-74 0,60 0,61 0,59 0,58 0,56 0,57

75 + 0,75 0,75 0,75 0,74 0,72 0,71

Source : Recensement 2000.

1. Le terme hispanique désigne un groupe ethnique et non racial. Outre leur appartenance ethnique, les Hispaniques doivent ainsi déclarer leur appartenance à une race. Il faut donc les soustraire pour créer des catégories mutuellement exclusives.

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Au Royaume-Uni, les catégories d’âge sont malheureusement différentes. Nous avons calculé, dans le tableau 11, la ségrégation des non-Blancs par rapport à celle des Blancs pour la ville de Londres et pour le tableau  12 celle des Sud-Asiatiques de Birmingham. Les taux de ségrégation ne varient guère d’un groupe d’âge à l’autre. Ils sont similaires aux taux de ségréga-tion rencontrés par les personnes étrangères en France et inférieurs à ceux des personnes de nationalité maghrébine. Là encore, cependant, la catégorie non-Blanc inclut les deuxièmes générations et suivantes, contrairement aux données françaises.

Tableau 11. Ségrégation par groupe d’âge entre les personnes blanches et non-blanches, Londres (D)

Blancs

1,058 5-15 16-29 30-49 50-pension

Non-Blancs

5-15 0,44 0,41 0,42 0,44

16-29 0,46 0,36 0,40 0,43

30-49 0,42 0,36 0,38 0,40

50-pension 0,43 0,38 0,39 0,41

Source : Recensement 2001.

Tableau 12. Ségrégation par groupe d’âge entre les Sud-Asiatiques et les Blancs britanniques, Birmingham

Blancs britanniques

Sud-Asiatiques

ÂGE 5-15 16-29 30-49 50-pension

5-15 0,73 0,71 0,71 0,71

16-29 0,73 0,68 0,70 0,70

30-49 0,68 0,66 0,65 0,65

50-pension 0,69 0,66 0,66 0,66

Source : Recensement 2001.

Un phénomène français ?

La difficulté d’accéder à des données spécifiques par groupe d’âge, les problèmes de compatibilité des données et l’absence de prise en compte de la deuxième génération en France rendent la comparaison internationale dif-ficile. Elle permet cependant de soulever certaines hypothèses qui pourraient devenir des pistes de recherche intéressantes. Sans en apporter la démonstra-tion, qui nécessiterait une étude plus approfondie et l’accès à des données classées comme « sensibles », notre étude pose la question de la spécificité de

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la ségrégation des jeunes en France. D’une part, les jeunes sembleraient en situation de plus forte ségrégation que leurs aînés ; d’autre part, il semble-rait que ce phénomène soit plus marqué en France qu’aux États-Unis ou au Royaume-Uni.

On peut émettre de multiples hypothèses sur les causes de cette ségré-gation des jeunes en France. La construction de grands logements sociaux, la priorité donnée aux familles nombreuses parmi lesquelles les familles immigrantes sont surreprésentées, les difficultés d’intégration socio-économiques qui retardent le départ des jeunes du foyer ou qui, tout comme les discriminations, limitent la mobilité géographique vers des zones moins concentrées. Cela pose aussi la question de l’intégration des nou-velles vagues d’immigrants par rapport aux plus anciennes, prises en compte par le tableau 5, même lorsqu’elles ont acquis la nationalité fran-çaise.

Afin de tenter d’approcher la question de la ségrégation de la deuxième génération, nous avons mené d’autres calculs sans distinction d’âge. Le tableau 13 ci-dessous montre les différences de niveau de ségrégation entre les populations d’origine maghrébine en fonction de leur lieu de naissance et de leur nationalité pour une sélection de grandes villes. On constate d’une part que, dans toutes les villes, pour les populations nées à l’étranger, le taux de ségrégation est bien moins important lorsqu’elles ont acquis la nationalité française que lorsqu’elles sont encore étrangères. Elle s’éche-lonne entre -12 % pour Lille et -49 % pour Toulon ; elle est de -29% pour Paris.

Nous avons également mesuré ces écarts pour les populations nées étran-gères en France, ce qui pour l’essentiel regroupe les descendants d’immi-grants. On constate d’une part que la ségrégation des personnes nées étrangères en France est clairement plus importante que celle des personnes nées étrangères à l’étranger. Lille possède le plus faible écart (+0,4 %), mais la différence est significative Toulon (+17 %), Toulouse (+26,5 %) ou Stras-bourg (+37 %). Enfin, on constate que le fait d’acquérir la nationalité fran-çaise pour les étrangers nés en France ne modifie pas nécessairement ces tendances, contrairement à ce que l’on a pu observer pour la population née à l’étranger. La ségrégation des naturalisés est parfois inférieure (-18 % à Marseille, -6 % à Grenoble), mais aussi parfois supérieure (+10 % à Toulon, +12 % à Toulouse) à celle des étrangers nés en France. Plus préoccupant encore, le taux de ségrégation des populations naturalisées nées en France (essentiellement la deuxième génération) est nettement plus important que celui des populations naturalisées nées à l’étranger. Ceci pourrait indiquer que les perspectives de mobilité vers des zones de moindre concentration seraient moins importantes pour la deuxième génération de Maghrébins que pour les primo-arrivants.

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Des frontières indépassables ?

Les données nous limitent une fois de plus dans notre exploration et contrairement aux États-Unis ou au Royaume-Uni, il ne nous est pas pos-sible de connaître l’année d’arrivée sur le territoire en fonction du pays (ou du groupe de pays) d’origine. L’évolution de l’indice de ségrégation en fonction de temps passé dans le pays est pourtant un bon indicateur des perspectives d’intégration spatiale. Le tableau 14 montre que pour les Hispaniques, le taux de ségrégation décline fortement en l’espace d’une décennie et diminue de 20 à 30 % au-delà. Les mêmes tendances se retrouvent pour la population asiatique (tableau 15). Ces données ne tiennent pas compte de l’acquisition ou non de la nationalité et il est important de rappeler que toute personne née sur le sol des États-Unis obtient la nationalité américaine.

Tableau 14. Ségrégation des Hispaniques en fonction de leur année d’arrivée aux États-Unis

Année d’arrivée aux États-Unis

% immigrants

D1990-2000

D1980-1990

DPre-1980

! 1990-00/pre-1980

Atlanta 4,1 % 0,640 0,567 0,501 -21,8 %

Bethesda 6,4 % 0,511 0,509 0,357 -30,2 %

Brownsville 24,7 % 0,278 0,243 0,217 -22,1 %

Houston 12,8 % 0,505 0,469 0,435 -13,9 %

Los Angeles 22,1 % 0,478 0,427 0,373 -21,9 %

Modesto 11,9 % 0,449 0,391 0,344 -23,4 %

Reno-Sparks 8,3 % 0,534 0,468 0,401 -25 %

San Francisco 9,1 % 0,576 0,547 0,450 -21,8 %

Source : recensement 2000.

Tableau 15. Ségrégation des Asiatiques en fonction de leur année d’arrivée aux États-Unis

Année d’arrivée aux États-Unis

% immigrant D1990-2000

D1980-1990

DPre-1980

! 1990-00/pre-1980

Ann Arbor 5,4 % 0,559 0,487 0,473 -15,4 %

Bethesda 8,6 % 0,416 0,389 0,359 -13,7 %

Boston 4,1 % 0,587 0,530 0,501 -14,6 %

Honolulu 16,4 % 0,446 0,417 0,324 -27,4 %

Houston 4 % 0,563 0,531 0,494 -12,3 %

Los Angeles 10,7 % 0,515 0,466 0,425 -17,5 %

San Francisco 16,6 % 0,484 0,465 0,424 -12,4 %

Seattle 7,1 % 0,427 0,407 0,349 -18,1 %

Source : Recensement 2000.

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Des frontières urbaines qui enferment la jeunesse ?

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Conclusion

Malgré les limites que constitue la disponibilité des données, cette étude montre que les frontières urbaines tendent à isoler les jeunes immigrants dans des zones de plus forte concentration dont il n’est pas toujours aisé de sortir. L’intégration spatiale des personnes nées étrangères en France semble en effet moins importante que celle des immigrants de première génération, même lorsqu’elles acquièrent la nationalité française, ce qui est le cas des jeunes de la deuxième génération lorsqu’ils atteignent la majorité à 18 ans.

Ces résultats renvoient alors au débat sur les conséquences de cette concen-tration spatiale, des ressentiments et des rapports difficiles à la nation qu’elle peut engendrer, notamment dans un contexte de récession économique, de persistance des discriminations et d’exploitation politique des sentiments xénophobes à des fins électorales. La ville de Clichy-sous-Bois, d’où sont par-ties les émeutes en 2005, possède une population scolaire équivalente à celle d’une ville de 50 000 habitants, bien qu’elle n’en compte que 30 000. Près de la moitié de la population a moins de 25 ans et 40 % des jeunes hommes de moins de 25 ans sont au chômage, ce que d’aucuns considèrent comme une véritable bombe à retardement. Or ces jeunes-là sont aussi l’avenir de la nation française.

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