des histoires pour les moins

de 6 ans Texte de Marie Tenaille Illustrations d'Editn Barker

Editions Fleurus, 31 rue de Fleurus, Paris 6"

FLEURUS IDEES

FIEURUS Ions v o u s

PROPOSE DANS LA MÊME SÉRIE 1. Jeux «utiles» pour 2 à 6 ans 2. L'histoire et les petits 3. Premiers modelages 4. Comptines d'hier et d'au- jourd'hui 5. Formulettes pour jouer et chanter 6. Jeux faciles pour petits 7. Des histoires à mimer 8. Terrains et parcs à jeux pour petits 9. Premiers découpages 10. Sensibiliser les petits à la nature 11. Mon cahier de chanson 12. Activités manuelles avec des «fils» 13. Voici des rondes 14. Les petits fabriquent leurs jeux 15. Des histoires pour les moins de 6 ans.

DANS LA SÉRIE 100 Des idées à prendre dans: les 4 volumes de la série Bricola- ges faciles (N° 22, 30, 38 et 47)

DANS LA SÉRIE 101 Des idées à prendre dans: Jouez avec la feutrine (N° 104) Brins de laine (N° 1 1 6) Le modelage sans cuisson (N° 121) «Peindre» avec du papier (N° 123) Le papier crépon (N° 129) Jeux de papier (N° 135) Le non tissé (N° 136)

DANS LA SÉRIE 112 Des idées à prendre dans: Bouchons dociles (N° 4) Décors en papier déchiré (N° 9) Tout en tricotin (N° 12)

DANS LES SÉRIES «ACTI PLANS» et «PLANS ET MODÈLES» Des idées à prendre dans: Jouets simples (N° 14) Quelques masques (N° 19)

Introduction

A quel âge faut-il commencer à raconter des histoires aux pe- tits? Très tôt, le plus tôt possible, et même avant que l'enfant sache parler, car il aime et comprend déjà la musique des mots et y est très sensible. L'histoire peut déjà être, à ce moment, un merveilleux moyen de communication entre parents et enfants, ou éducateurs et en- fants. C'est une sorte de mes- sage que l'enfant perçoit à sa manière. Il l'attend de vous.

Quel genre d'histoires faut-il ra- conter aux moins de 5 ans? Il est nécessaire de choisir ou d'inventer des histoires très courtes, et toujours simples, en

partant de personnages, d'ob- jets ou de situations familières. On peut aussi prendre comme point de départ des animaux connus, aimés, déjà rencontrés, ou que l'enfant sait reconnaître en images.

Faut-il lire, raconter, broder, in- venter? Cela dépend d'abord de vous, car chaque conteur a vraiment son style, mais vous aurez aussi à vous adapter aux réactions de votre auditoire: Certains conteurs préféreront s'aider de graphismes destinés aux enfants, à partir desquels ils sauront inventer l'histoire. D'autres se serviront de textes déjà écrits qu'ils adapteront en leur apportant leur note person- nelle, qui sera immédiatement perçue par leur auditoire. Ce sera un terrain d'entente parti- culier à chaque groupe, à chaque conteur. Il est certain que le vrai conteur doit pouvoir s'évader du texte en y ajoutant sa propre inspira- tion. Celui-ci pourrait n'être qu'un support...

Comment faut-il raconter aux très jeunes enfants? Nous ne devons jamais oublier l'importance du ton de la voix qui saura se faire tendre, douce, mystérieuse, quelquefois sé- vère, même méchante pour un bref moment, afin de mieux «coller» à l'histoire. A tout âge on peut s'amuser à avoir un peu peur! Rappelons-nous que le mime des yeux, de tout le visage, et les gestes parlent plus encore à l'enfant que le texte lui-même — surtout s'il a entre trois et cinq ans. Le vrai conteur «joue» ses per- sonnages, et même son pay- sage. Il ne peut avoir le même langage, la même voix, pour parler d'un matin de neige ou d'un orage d'été... il devient ac- teur pour son auditoire.

Quelle est l'importance de «l'histoire» dans la vie de l'en- fant? Comme nous l'avons déjà dit — mais nous insistons car c'est im- portant — «l'histoire» est un message que l'enfant perçoit à

sa manière. L'enfant, même très petit, a soif de cette évasion que le conteur (parent ou éducateur) lui procure, et pour laquelle l'a- dulte se fait «petit» avec lui. Cela se passe en dehors de la réalité de chaque jour qui peut devenir pesante, même pour un petit enfant. Cela représente déjà une sorte d'échange, même si l'enfant ne fait qu'écouter. Doit-il y avoir des moments ré- servés à «l'histoire»? Très vite, le moment de l'his- toire devient un des moments privilégiés de la journée. L'en- fant l'attend, l'espère. Dans le cercle familial cela peut être le matin au réveil, avant la sieste, ou plus souvent avant le cou- cher. Dès qu'il sait ramper ou mar- cher, le petit enfant est parfaite- ment capable de vous rappeler ce moment en allant chercher lui-même le livre qui a pour lui une sorte de pouvoir magique, puisqu'il permet au conteur (le père ou la mère dans ce cas) de s'exprimer d'une manière spé- ciale, de faire passer quelque chose pour lui.

Dans le cadre de l'école mater- nelle, le moment de l'histoire a sa place après les activités de groupe, souvent avant «l'heure des mamans» ou bien avant une séance de peinture libre.

Mais l'histoire peut toujours ve- nir à tout moment, sans livre, sans image, au hasard des ren- contres de l'enfant, de ses «pourquoi?» et de ses questions formulées ou non.

Là, c'est à nous de nous laisser emporter par notre invention, notre imagination, notre sensibi- lité, nos souvenirs. Ne craignons pas d'être «animiste», de nous

lancer dans l'humour, la poésie, le merveilleux et même le far- felu... et d'y croire nous aussi un moment! Notre trouvaille pas- sera et enchantera les enfants. A cet âge, l'explication exacte est bien inutile et décevante quelquefois... A l'âge scolaire, les explications scientifiques ne manqueront pas à l'enfant. Il ai- mera d'ailleurs les rechercher lui-même et peut-être vous les li- vrer à son tour. Pour vous aider dans votre rôle de conteur, et spécialement pour vous lorsque vous vous adressez aux «moins de 6 ans», nous avons réuni ici un en- semble d'histoires inédites, à

partir de thèmes variés. Nous les avons groupées par genre pour vous en faciliter l'utilisa- tion. Notre espoir est qu'elles soient pour vous un canevas sur lequel vous aimerez broder, un point de départ pour d'autres histoires ou épisodes que vous continue- rez pour les petits et avec eux, en suivant votre inspiration et selon l'ambiance de votre audi- toire. Après quelques conseils d'ordre général, ce recueil comprend 4 chapitres d'histoires précédés chacun d'un court texte de pré- sentation destiné à vous expli- quer nos intentions et dans quel esprit ces histoires ont été écri- tes.

Avant de commencer à raconter

Rappelons-nous que les enfants sont un merveilleux auditoire, mais un auditoire fragile: e Une histoire pour les petits doit finir bien, et de préférence avec humour, gaieté, imprévu.

0 Une histoire pour les petits ne doit jamais faire peur, bien qu'il puisse y avoir parfois «un mé- chant» (loup, sorcière...). e Une histoire pour les petits ne doit jamais sembler triste. Si elle l'était ou le devenait, votre «ton» doit immédiatement la transfor- mer. 0 Il vaut toujours mieux plu- sieurs histoires courtes qu'une seule longue histoire. e Il n'est jamais nécessaire que les héros soient extraordinaires, les petits seront plus à l'aise si les héros leur ressemblent par certains côtés. e Une longue histoire dont vous raconterez chaque jour un épi- sode sera toujours bien accueil- lie. Mais, attention, ces épisodes doivent chacun former un tout cohérent. e Le conteur ne devra jamais se servir de son histoire pour dève- nir moralisateur, soit en y ajou- tant sa note personnelle, soit en faisant parler les personnages... e Une histoire doit toujours être «gratuite» (même si elle est ra- contée en récompense!). C'est

dire qu'elle est faite pour appor- ter joie et détente, pour donner un peu plus de rêve et de beauté. Il ne doit pas y avoir d'intention sous-jacente. e Mais une histoire aura beau- coup de succès si elle est cen- trée sur un intérêt occasionnel, par exemple l'actualité si elle est accessible aux enfants: l'arrivée du printemps, l'orage, une ren- contre imprévue, un petit inci- dent... 0 Le conteur, même, s'il se sert d'un texte, doit avoir son audi- toire sous les yeux afin d'adap-

ter son récit, son langage et son «ton» aux réactions des petits. L'histoire pour les petits doit vi- vre, elle ne peut rester figée. 0 Plus vous ajouterez de vous- même à l'histoire, plus elle son- nera juste! Si le ton général de l'histoire doit être très simple pour être bien compris par l'auditoire, il n'est pas impossible d'utiliser de temps en temps des mots nou- veaux, à condition de les expli- quer rapidement... c'est une ex- cellente occasion d'enrichir leur vocabulaire.

Le petit enfant prend rarement un objet simplement pour ce qu'il est... Essayons d'entrer un moment dans la «mythologie» du petit enfant qui prête une âme, des sentiments, des réactions, et même la parole aux objets qui l'entourent... Cela peut être des objets fami- liers qu'il voit tous les jours, des choses qu'il aime ou bien qu'il découvre pour la première fois, ou encore des objets inconnus, mystérieux, qu'il ne comprend pas, qui lui font un peu peur, et dont il ne parle pas. Les histoires très courtes que nous vous proposons dans cette

première partie sont volontaire- ment «animistes». Les petits en- fants le sont, ils y entreront de plain-pied avec vous. Ils ne se- ront pas étonnés d'entendre parler une belle descente de lit, un petit miroir dans lequel on peut se regarder, une paire de bottes mystérieuses ou un pouce si bon à sucer... Ils seront heureux que vous pensiez comme eux et très à l'aise dans ce genre de «merveilleux» très simple et quotidien pour eux. Vous devrez vous efforcer d'y croire à votre tour pour bien leur faire passer! Ces histoires, construites à par- tir d'objets de la vie courante que tous les petits connaissent, peuvent être aussi pour vous un point de départ pour inventer avec les enfants d'autres histoi- res animistes. Ils vous aideront car ils possèdent tous, entre trois et cinq ans, et souvent p,lus tard, des objets qui leur parlent et auxquels ils parlent, même s'ils n'en ont pas encore pris conscience. Ici, pour créer un lien à travers ce chapitre, nous avons gardé

pour chacune de ces histoires très courtes les deux mêmes pe- tits personnages entre 3 et 5 ans, Sylvain et Florence, qui vi- vent alternativement ces scènes enfantines. Mais vous les remplacerez avec succès par des personnages de votre choix que les enfants ai- meront retrouver avec vous. Ceci donnera à vos récits une note plus personnelle, plus in- time, qui permettra à votre audi- toire de se sentir plus concerné. Les enfants comprendront très vite que le vrai héros de ces courts récits, où le dialogue a une place importante, sera sou- vent l'objet autour duquel l'his- toire a été construite. L'objet qui fait peur, que l'on aime ou qui étonne..., ou qui ressent à sa manière les petits événements auxquels il participe: il est con- tent, mécontent. Il s'anime et parle. C'est lui qui capte l'inté- rêt. Il peut à son tour faire parler l'enfant... Sans se servir de ces histoires pour «moraliser», n'oublions pas qu'elles peuvent avoir une réso- nance un peu plus profonde:

nous avons essayé à plusieurs reprises de dialoguer avec des choses un peu effrayantes comme pour les apprivoiser (les bottes de géant, l'énorme coffre noir, la cave...), nous avons dé- crit des situations qui peuvent faire peur à l'enfant (la visite chez le dentiste, le vent invisible qui agite les rideaux...) ou cité des bruits inquiétants que l'en- fant ne comprend pas (le vi- de-ordures). Nous avons tenté de «dédramatiser» en riant, tout en faisant participer l'enfant à une petite aventure très simple. Toutefois sans vouloir tirer de morale de ces récits, nous pen- sons que l'enfant saura très bien y reconnaître cette petite leçon de choses amusante que nous lui adressons: il vaut mieux ran- ger ses vêtements, sucer son pouce n'est pas toujours prati- que, jouer avec une «vraie» clef peut poser des problèmes..., en regardant travailler sa maman on apprend beaucoup de cho- ses, un enfant ne peut pas tou- jours avoir tout ce qu'il désire, les histoires que l'on se répète ne sont pas toujours vraies...

Texte de Marie Tenaille Illustrations d'Edith Barker Couverture de Pierre Baulig

Marie Tenaille, spécialiste des contes pour enfants, nous propose ici toute uni gamme d'histoires très adaptées au jeune public qu'elle connaît bien. \ 1

pis, tu me racontes une histoire ? Qui d'entre nous n'a entendu cette petite phrase ? Les histoires c'est tellemen important pour les petits, ils en ont besoin comme ils ont besoin d'amour et de nourriture car, grâce aux histoires, petit à petit ils apprennent à apprivoiser ce gran monde mystérieux et un peu effrayant qui les entoure... Mais voilà, que raconter ? Eh bien, voici justement toute une série d'histoires composées et choisies pour mieux répondre à cette faim des enfants. Elles son simples, courtes, gaies ou un tout petit peu tristes, mais toujours adaptées Il ne vous reste qu'à choisir.

maquette yves setton ISSN 0336-290$ ISBN 2-215-00138-0

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