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EHESS Des Juifs dans la collaboration. L'U.G.I.F. (1941-1944) by Maurice Rajsfus Review by: Jacques Gutwirth Archives de sciences sociales des religions, 26e Année, No. 52.2 (Oct. - Dec., 1981), pp. 279-280 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30115990 . Accessed: 17/06/2014 01:49 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.251 on Tue, 17 Jun 2014 01:49:56 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Des Juifs dans la collaboration. L'U.G.I.F. (1941-1944)by Maurice Rajsfus

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Des Juifs dans la collaboration. L'U.G.I.F. (1941-1944) by Maurice RajsfusReview by: Jacques GutwirthArchives de sciences sociales des religions, 26e Année, No. 52.2 (Oct. - Dec., 1981), pp. 279-280Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30115990 .

Accessed: 17/06/2014 01:49

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BULLETIN DES OUVRAGES

Portes < puisqu'il y a de l'autre c6t6 tant de seuils 5 franchir, tant de clefs i poss6der, tant de demeures i connaitre. Livre de la Sortie vers la Lumibre, ou Livre-liturgie, que nous devons lire sans h&te dis ce jour et qu'on lira lors de notre mort. Livre de la Vie et de l'Esp6rance qui contient (<pour aujourd'hui un art de vivre; pour demain (et ce demain peut &tre fort lointain) un art de mourir; et pour aprbs-demain un art de survivre >. Tout cela revient au mime autant d'expressions qui n'6puisent pas la port6e de ce trbs beau texte mystique articul6 en douze portes; celles de la Terre, de l'Ombre, du Matin, puis la porte immense, celle des Limbes, de l'abime, de la mer, enfin la porte 6troite, celle du soir, des myriades, des dieux, pour s'achever sur la Porte de Dieu.

L'homme d'Occident ne se sentira plus d6muni devant la mort pense J.P. car il dis- pose d6sormais et grice t lui des textes et invocations qui assisteront le d6funt dans son agonie et dans son long voyage, qui permet- tront au ressuscit6 qui se dirige vers l'Au-delh << de reconnaitre les gardiens des seuils, de discerner les entit6s favorables et les entitis hostiles >>, de s'avancer de sphere en sphere vers le Dieu Supreme, Esprit, Lumibre, Amour.

Ce livre ne convainc que les mystiques et tous ceux qui croient en l'Au-delh, 5 la valeur des Signes, au prestige du Sens et de l'Esprit.

Les textes sont souvent tris beaux et m6riteraient une longue analyse. Mais trop d6marqu6s des systimes de sagesse extra- occidentaux, non d6nu6s de syncr6tisme, conviennent-ils vraiment t notre 6poque? Suffiront-ils h ncs contemporains pour 6chap- per h I'angoisse du mal vivre et surtout du mal mourir ? On peut aussi se demander ce que Hugo, Baudelaire, Novalis, Lamartine viennent faire dans ce concert ang6lique. Je sais bien que l'6poque est friande de bricola- ges mystico-cecum6niques mais quand mime.

Enfin, I'immortalit6 qu'on nous promet est aux antipodes de l'a-mortalit6 vers laquelle tendent beaucoup d'hommes et de femmes d'aujourd'hui. A tort, sans doute, dira l'au- teur. F6licitons n6anmoins J.P. de sa coura- geuse entreprise qui ne saurait laisser indiff6- rent, mime le plus parfait agnostique.

Louis-Vincent Thomas.

52.503 RAJSFUS (Maurice). Des Juifs dans la collaboration. L'U.G.I.F. (1941-1944). Paris, E.D.I., 1980, 406 p. (Pr6f. de P. Vidal-Naquet).

Ce livre, qui a d6ji fait beaucoup de bruit, soulkve en effet une question 6pineuse l'organisation, sous l'6gide du gouvernement de Vichy avec son Commissariat G6n6ral aux Questions juives, et bien entendu des occu- pants allemands, d'un service de < bienfai- sance >, destin6 5 rassembler toutes les organisations juives dissoutes d'autorit6. Ce service, l'Union G6n6rale des Juifs de France (U.G.I.F.), Judenrat 5 la frangaise, se chargea en zone nord surtout, mais 6galement en zone sud, de recenser les Juifs, de les taxer lourde- ment, de rassembler des enfants i d6couvert (donc promis i la d6portation), prodiguant aussi des paroles anesth6siantes et rassurantes i l'6poque oii les pires 6v6nements se pr6- parent (que I'U.G.I.F., par ses fonctions, ne pouvait ignorer).

L'auteur, journaliste et non pas historien de m6tier, de surcroit passionni (on le com- prend, il a perdu ses plus proches dans le g6nocide nazi) n'a peut-8tre pas tout le savoir faire indispensable pour dominer en toute objectivit6 et de la manibre la plus efficace la matibre qu'il a trouv6e dans les archives et dans les t6moignages (mais on ne lui a pas toujours partout facilit6 la tache); toute- fois il d6montre avec suffisamment de preuves i l'appui, qu'une partie de la < bonne > bour- geoisie juive, notamment celle de plus ou moins ancienne origine frangaise, a Et6 quel- que peu vichyste en 1940-42, qu'elle a d'abord cru que sa fid61it6 i la France la pr6serverait du sort r6serv6 aux < m6thques > d'Europe de l'Est. Mais pire encore, certains notables, au d6but avec une totale inconscience probable- ment, ensuite en croyant sauver ainsi leurs proches et eux-m~mes, se sont engag6s sur la pente de la collaboration qui, pour &tre en grande partie bureaucratique, n'en a pas moins facilit6 la ttche des nazis pr6parant le rep0rage et le rabattage des Juifs en vue de la d6portation, sans mettre pour autant i I'abri les bureaucrates autoritaires et paterna- listes de I'U.G.I.F. Aveuglement volontaire ou non ? Li n'est pas tout a fait la question; ce qui est certain c'est I'effet catastrophique, et M.R. le d6montre amplement. Que I'U.G.I.F. n'ait pas 6t6 la principale respon- sable du g6nocide des Juifs en France, c'est 6vident. Mais pr6cis6ment le partage des taches et des responsabilitis constitue une technique et un mode de fonctionnement des plus efficaces et largement pratiqu6 par les systimes totalitaires. C'est d'ailleurs pourquoi toute r6sistance, aussi mince que puisse appa- raitre au premier abord son effet, a des r6percussions importantes; elle grippe la m6canique bien huil6e de la << division du travail >> pratiqu6e par les tyrans. Or que fait I'U.G.I.F. ? Elle recense, rassemble les gens,

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

pr6pare des 6tiquettes d'identit6 pour les en- fants & rafler!

Certes les Juifs n'eurent pas le privilege, loin de lI, de la collaboration, mais ils n'en furent pas exempts. L'A. a fait ueuvre salubre et son livre devrait Stre le d6but de recherches plus pouss6es encore sur ce que fut l'attitude des notables et des dirigeants des communau- t6s officielles en place, notamment le consis- toire et le rabbinat face & I'U.G.I.F. M.R. fait quelques allusions h ce problkme, qui int6resse plus sp6cialement le sociologue des religions. Or il transparait que rabbins et notables du consistoire eurent des attitudes attentistes et plus ou moins collaboratrices avec les autorit6s de Vichy, notamment en 1940-41, tout en ne se < mouillant > pas dans I'U.G.I.F. II resterait une etude h faire sur cet aspect de la vie juive o officielle >. Ce n'est pas une question acad6mique car ces institutions existent toujours et se considbrent (sont consid~rdes aussi) comme repr6sentant un nombre (tout 5 fait incontr616) de Juifs, dont beaucoup n'ont pas le moindre lien avec ces institutions. Le pr6sent, qu'on le veuille ou non, est bien enracin6 dans ce pass6 proche que l'A. a contribu6, avec grand m6rite, a devoiler.

Jacques Gutwirth.

52.504 REDEKOP (Calvin). Strangers Become Neighbors. Mennonite and Indigenous Relations in the Paraguayan Chaco. Scottdale (Penn.) - Kitchener (Ont.), Herald Press, 1980, 305 p.

Dans le Chaco central vivent c6te B c6te trois populations : les mennonites, d'origine imm6diate russe ou canadienne, parlant tous Plattdeutsch, et arriv6s en diverses vagues, h partir de 1926, des Indiens indighnes, enfin des Paraguayens. La colonisation mennonite des terres rudes du Chaco a r6ussi admira- blement, apr~s des d6buts difficiles (Arch., 13, no 147). D~s leur installation, les menno- nites se sont sentis une responsabilit6 reli- gieuse et sociale a l'6gard des Indiens, jusque- 10 mi-nomades et paiens; ils en ont fix6s au sol et convertis un certain nombre: il existait dans les 5 000 Indiens mennonites vers 1970, soit la moiti6 de la population indigene de Chaco central. Ces nouveaux chr6tiens sont devenus agriculteurs, ou ouvriers sur des terres ou dans des entreprises mennonites. Ils ont adopt6 des meeurs et des valeurs occi- dentales; leur propre organisation sociale, leurs croyances, leurs pratiques, leur genre de vie disparaissent dans cette acculturation partielle; mais l'int6gration dans la commu- naut6 mennonite immigr~e n'apparait pas,

pour autant, possible, pour des raisons diverses. De 1 naissent des problbmes psycho- sociaux classiques dans les processus de colonisation.

Les mennonites du Chaco exploitent-ils et se subordonnent-ils les Indiens ? La question a 6t6 pos6e, parfois, et regoit des r6ponses vari6es, selon les prisuppos6s des uns et des autres. C.R., mennonite et sociologue profes- sionnel a 6t6 charg6, par le Mennonite Central Committee (U.S.A.) d'6tudier le pro- blame ainsi pos6. En 1971-72, il a s6journ6 onze mois dans les colonies de ses coreligion- naires du Paraguay; il nous livre ici les r6sultats de sa recherche et de sa r6flexion.

L'ouvrage de C.R. a pour lui d'&tre de pre- mibre main. I1 a su 6chapper h la fascination exclusive des deux ethnies dont les relations justifiaient son enqu~te. II a su les 6tudier par rapport B I'ensemble des relations ethniques et religieuses dans lesquelles elles s'insbrent : les rapports entre Indiens, mennonites et Para- guayens constituent le v6ritable objet de ce livre. Cette manibre de proc6der permet de sauver Indiens et mennonites du face a face exclusif, et, par la m~me occasion, d'6pargner aux seconds le r61e de peuple dominant colonisateur.

Pour I'A., la soci6t6 du Chaco central est form6e de trois sous-systhmes, dont aucun ne r6alise pleinement son utopie >, dont aucun non plus n'est parfait sans les autres. Tous s'efforcent vers le m~me but, devenir un peuple > les mennonites r6alisent cet ideal mieux que leurs deux voisins, parce qu'ils en savent mieux le sens (< peuple de Dieu, mis

s part >>, etc.). Au Chaco, conclut I'A.,

trois ethnies vivent c6te h c8te, dans les conflits et les tensions plus souvent que dans une parfaite int6gration, mais aucun de ces ( sous-ensembles > ne s'est soumis les deux autres ou un des deux autres.

Le beau travail de C.R., remarquablement inform6, trbs lisible, m6rite l'attention des sp6cialistes en 6tudes interethniques, tout autant que celle des sociologues des religions. Avouons, cependant, que l'argumentation laisse au pr6sent lecteur un arribre-gofit apolog6tique. Est-ce l'effet d'un pr6jug6 ?

Jean Sbguy.

52.505 RtGEARD (Philippe). Jesus a tant de visages. L'imagination dans l'expirience de la foi. Paris, Le Centurion, 1980, 230 p.

Oui, J6sus a tant de visages. Est-ce une d6couverte ? Pendant longtemps, cela parais-

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