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DÈS LA MATERNELLE COMMENT VIVRE MA VIE · ISBN epub : 978-2-7554-0376-3 PREMIÈRE PARTIE ... maman : « Je ne reste pas à la cantine à midi. » Valérie, calme d’habitude, est

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DÈSLAMATERNELLECOMMENTVIVREMAVIE?

©ÉditionsFrançois-XavierdeGuibert,2011ISBN:978-2-7554-0478-4

ISBNepub:978-2-7554-0376-3

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PREMIÈREPARTIE

COMMEUNARBREJEDEVIENSGRAND

Commentmesparolespeuventfaireévoluerlesenfants

INTRODUCTION

L’arbrequigranditPour des enfants de 4 à 5 ans,mon action éducative a été

orientéeparlepremierversetdupsaume1:

«Heureuxceluiquiressembleàunarbreenracinéauborddeseaux,ilporteradufruitensontemps,sonfeuillageresteratoujoursvert,toutcequ’ilfaitprospère.»

J’invitais les enfants, notamment en l’exprimant par leurcorps, à se comparer à un arbre en plein développement. Je levoyais,cetarbre,enracinédanslaterredesréalitésconcrètesdelaviehumaine,baignédans le courantd’amour etorientéversun idéal d’amour. Je leur ai appris à dire comme un poème,gestesàl’appui,avecunecraiedanschaquemain:

«Jedessineetfaispousserunarbre.Danslaterre,jeplanteunepetitegrainevivante,ellepoussedesracinessolidesdanslaterre,quis’enfoncentprofond,profond,ellepousseunetigesolideversleciel,quigrandit,grossit,grandit,grossit…etdevientungrandarbre,

et les oiseaux du ciel viendront nicher dans sesbranches.»

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Notreforcedevieestnotrevie.Nousl’utilisonspourtoutcequenousfaisons.

FabienneetDidiersesontmontrésintelligentsAgnès va chez le dentiste scolaire ; elle est encombrée de

soncartabledeGrande.Fabienneluiprendcecartableetessaiede l’accrocher àunportemanteaudupréau.Elle constatequ’ilest trop haut et elle, trop petite. Elle va un mètre plus loin,grimpesurlebancetpeutatteindreleportemanteauLecartableaccroché,ellerevient,satisfaite,àsaplace.

Lamaîtresseditauxenfants:«Vousavezvu,Fabiennes’estmontrée intelligente. Elle a regardé, elle a pensé dans sa tête,ellearéfléchi,elleacherchécommentfairepourréussir.Elleabiensudirigersespiedsetsesmains.»

Dans la classe, Didier se montre intelligent en cherchantcommentvenirprèsdelamaîtressesansgênerlesenfantsréunisautourd’elle.

-Bravo,Didier.Tut’esbiendirigépartonintelligence!

Nousavonstendanceàqualifierd’intelligentsceuxqui réussissent dans le travail intellectuel en oubliantles possibilités concrètes de notre intelligence. Ici, cesenfants se sont montrés intelligents en adaptant leurconduiteàlasituationpourréalisercequ’ilsvoulaient.

Je pense que tous les enfants peuvent développercetteintelligenceconcrètequilesguideradansleurvied’homme.

J’emploie à dessein la formule « se montrerintelligent », car les enfants qui ont le moins depossibilités intellectuelles abstraites, posent,manifestent des actes intelligents lorsque leurs forces

vitalesdisperséessontbienorientées.Ainsi, je ne classe personne en « intelligent » ou

«pasintelligent».Jevoisdesactesintelligents.Autraversdesactivitésproprementintellectuelles:

mathématiques, déchiffrage des mots, etc., les enfantssaisissent que leur intelligence a des idées qu’ilspeuventréaliserconcrètement.

(Enprenantconsciencedenotrecorps,nousavonsdécouvert notre « front» vertical, droit, différent deceluidesanimaux.Dansnotretête,derrièrenotrefront,nousavonsdesimages,dessouvenirsetdesidées.)

LajoiedeValérieValérie paraît « absorbée » toute lamatinée ; elle vit dans

l’angoisse et la terreur à l’idée d’aller à la cantine bruyante etsurchargée où elle ne veut pas aller. Cela l’empêche de bientravailleretceladuredepuisdesmois.J’essaiedel’encouragerparunbaiseraumomentoù,pleurant,ellepartpourlacantine.

Un matin, elle est arrivée radieuse, avec un mot de samaman:«Jenerestepasà lacantineàmidi.»Valérie,calmed’habitude, est survoltée. Elle rit très fort sans raison, s’agite,agacesesvoisins…

Je luisdis :«Tues trèscontente,Valérie.C’estparcequeMaman vient te chercher ? Moi aussi, je suis heureuse de tajoie.»

LefaitdeluiavoirfaitprendreconsciencedesajoieacalméValérie.Elleapubientravailler.

Unesemaineplustard,elleadécouvertenlevivant(p.62)qu’ellepouvaitêtreaussiheureusequecejour-là…enrestantàlacantine!

Valérie a pris conscience de sa joie. Cela a suffipourqu’ellesecalme.

Sil’intelligencedel’enfantselaisseenvahirparsessensations ou émotions ou imaginations, il n’a plusd’énergiedisponiblepourêtreprésentàcequenousluidemandonsde réaliser.Si jemetsdesmots surcequesentetimaginel’enfant,ilpeutalorssedétendre.

ÀladécouvertedenotreimaginationAumoment de la fête des Rois, un film fixe montrait un

petitprincemaladeparcequ’ildésiraitlalune.Desbulles-nuagesmontraientcequisepassaitdans la tête

dugarçon : désir que le chien aille chercher la lune ; que sonpèreleRoiyenvoiesesserviteurs,etc.

Lesenfantsnecomprenaientpascequesignifiaitce«chiendansunnuage».Françoisadit:

-Ilrêve.- Oui, il rêve, il a des images dans sa tête… Fermez vos

yeux. Voyez-vous vos mamans ? en vrai ? Pouvez-vous fairevenirdansvotretêtel’imagedemaman?

Exclamations:-Jevoismaman,masœur!monfrère!- Vous avez de l’imagination. Vous pouvez imaginer des

choses.Dans l’escalier, Didier vise le mur avec son mouchoir. Je

demande:-Quefais-tu?-Jetuelelion!Jeremarquealorslapeinturedulion:-Est-ilvraicelion?c’estunlionvivant?-Ohnon!(rire),c’estunlionenpeinture.

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CHAPITRE4

PUIS-JEFAIREDESCHOSESDONTJEN’AIPASENVIE,ENPLEINACCORD

AVECMOI-MEME?

Alexn’estpasencoresonmaîtreAprèsunejournéedepluie,lestrenteenfantsprésentssont

survoltés.Alex,quis’agiteencorebeaucoup,«embête»Tristanenluiébouriffantlescheveux.

Lesenfants:«Ilestvilain,Alex!»Lamaîtresse:«Ilfaitsurtoutencorecommeunbébé,ilne

saitpasencorecequ’ilfait.»Vincent,d’untonpénétré:«Alexn’estpassonmaître.»Surprisegénérale. J’ajoute : «Oui, il n’est pas encore son

maître,ilembêtelesautresetilneveutpaslesembêter!»Isabelle : «Moi, je suismamaîtresse, je suis grande. J’ai

enviedebouger,jeresteassise.Jemecommande.»-Oui,tucommandesàtonenviederemuer.Lessemainesprécédentes,j’avaisfaitremarquer:- Isabelle, pourquoi as-tu giflé Fabienne ? L’avais-tu

commandéàtesmains?Alors,tesmainsfontdeschosesquetunedirigespas?(Surpriseetairpenaud.)Oui,temontres-tuunebonnemaîtressede tesmains?Qu’est-ceque tuvas faireavecton envie de bouger tesmains n’importe comment ?Commentvas-tudirigertonenviedebouger?Tuchoisisde…Quepeux-tufairedebeauavectesmains?

Lesmotsde«maître»et«maîtresse»reliésauRoi(delafève!)ontpoureuxunerésonanceaffectivetrèspositive. De même, ils voient que la Directrice« dirige » : « Moi, mon frère, il a un Directeur quidirige l’école des garçons », annonce Fabienne.« Diriger » est perçu comme plus grand qu’être samaîtresse.

Ce jourde janvier,nousavonsdécouvertquenouspouvons réaliser des actes sans les vouloir. L’élan devie éparpillé en actes impulsifs ou agressifs doit êtreaccueillipourêtredirigéverscequel’onveut.

Ayantmieux dirigé ses énergies, Alex a pu réussirversfévrierdesactesconstructifs:rangerdesbancsaulieudelesremuersanscesse;frapperdesmainsselonunrythme…Cessuccès,applaudispartous,donnentàAlexledésirdecontinueràsestabiliser.

Endisant:«Alexn’estpasencoresonmaître»,onlaisse ouvertes toutes les possibilités pour qu’il ledevienneunjour.(Cf.p.71:Alexconduit…Alex).

IlétaitunefoisMichka1

Ilétaitunefoisunpetitoursenpeluche…Ils’estsauvé,ilneveutplusêtreunjouet.Ilatellementenviedecourirdanslaneige comme un ours vivant ! Il aide le renne de Noël àdistribuerlesjouetstirésdesongrandsac.

Ilsarriventàunemasureenruines.Unenfantmaladeydort,seul.

«Commejevaisluifaireunbeaucadeau!penseMichka.Jeveuxluidonnerbeaucoupdejoie.»

Il plonge dans le grand sac, jusqu’au fond… vide ! Quefaire?Quedonner?LerennedeNoëlregardeMichka,lepetit

oursenpeluche.Michkasentcommeilaenviedecourirdanslaneigeetdeneplusjamaisêtreunjouet.Ildonnecequ’ila:sonenviedecourirpourdonnerdelajoie.Une,deux,une,deux…ilentre,vas’asseoirdansunebotte,attendlematin.

Il pense dans sa tête : « Je lui ai donné quelque chose debeau,detrèsbeau.Je luiaidonnémonenviedefaireetd’êtreautre chose ; parce que je veux lui donner de la joie. Je suisredevenuunjouet.Jesaisquejel’aimepourdevrai;jemesuismontrésonami ; jemesuisdonnémoi-mêmeetmoncœurestpleindejoie!»

Comme Michka, nous pouvons vouloir des chosesquenousn’avonspas enviede faire, et sentir ennouscettecontradiction,cetécartèlement.

Michkaaaccueilli la forcede sondésirde courir,faceaubutdedonnerdelajoie.Ils’estservidelaforcede sondésirpour être et faireautre chose. Il n’a rienforcé en lui, et son cœur est dans la joie.Michka estdevenunotremodèle.

FabiennedonnesondésirdemangerunbonbonFabiennequi,d’aprèsceque jevois, aimebien lesbonnes

choses,metendunbonbon:-Tuavaisbienenviedelemanger,Fabienne?-Oui.(Soupir.)-Ettumedonnestonenviedemangerlebonbon?-Oui.(Sourire.)-Parcequetuveuxmefaireplaisircommelepetitoursde

l’histoire?-Oui.(Largesourire.)-Tuvois, tu es contente, ton cœur est pleinde joie, parce

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CHAPITRE6

PEUT-ONAIMERAVECTOUTSONETRE?

LucedonnesonenviedefermerlaporteVers Noël, Alex et Luce se disputent l’honneur de fermer

silencieusementlaportedelaclasse.

Jem’approche:- Vous avez bien envie tous les deux de fermer la porte ?

Lequelvadonnersonenvieàl’autrepourluifaireplaisir?Luce,4ans,dit«moi»ets’enva.-Alex,situdisaismerciàLucequit’adonnésonenviede

fermerlaporte?Ilssesontembrassés.-Es-tucontente,Luce?Toncœurestpleindejoieparceque

tuasbienaiméAlex.Jel’aiembrassée.Elleajuste4ans.

En fait, pourmoiadulte,« faireplaisir»n’estpasunbutmaisuneconséquence.Pour«faireplaisir»àunpetit,vais-jelelaisseragirn’importecomment?

Là, le but était pour l’enfant d’aimer commeMichka.Luce,toutepetite,asudonnercequ’elleavaiten propre : son désir ardent de « fermer la porte ensilence»,exercicedifficileetenvié.ElleasuaimerAlexenacteetenvérité.

Depuis ce jour de décembre c’est devenu un rite -

quej’observesansintervenir-desepasserlesunsauxautreslajoieetlafiertédefermerlaporte.Celuiquilafermeendernierprendsoindevérifierd’abordl’ordredesmanteauxdanslecouloir.

Danslesecret,AudreydonneàCélinesonenviedeconduirelesautres

C’est lundimatin,enmars.Lesenfantsattendentdesavoirqui sera responsable cette semainedeconduire les filles et lesgarçons.Lesyeuxd’Audreym’implorent.MaisilestplusurgentderéintégrerCélinedanslaviedelaclasse,aprèssatrèslongueabsence.Jemerisque:

-Céline,voudrais-tunous rendre serviceenconduisant lespetitesfilles?

Elle a toujours refusé jusqu’à présent, mais acquiesce.Audreysebraqueetcommenceàbouder.Jevaisverselle.

-Audrey,jesaisquetuastrèsenvied’être«devant».MaisCélinemanque souvent. Tu veux bien lui donner ton envie deconduirepourluifaireplaisir?

Sourired’Audrey.Jecontinue:-Noussavons toutes lesdeuxque tuasdonné tonenvieà

Célinepourtemontrersonamie.Maisellenelesaitpas,ellenepeutpastediremerci.C’estnotresecret.D’accord?

Largesourirepourdireoui.

Enclasse,nousavons replacé leprénomdeCélinedans letableaudesenfantsprésents.

LamèredeCélinem’avaitprévenue:«Elleapeurderevenirenclasse.»Or,dèssonarrivée, lesenfantsl’ont entourée en s’exclamant : « Notre Céline est

revenue!»Cecim’amontréquelesenfantss’aimententreeux,

tousensembleetchacunenparticulier,silesadultesenmontrent l’exemple. Ce jour-là, grâce au geste gratuitd’Audrey,«notreCéline»s’estréconciliéeaveclaviescolaire : puisque nous avions besoin d’elle pourconduire,ilfallaitqu’ellevienne!

J’aiadmiréAudrey,4ansetdemi.Ellequijusqu’àprésent exigeait toujours la première place, a su faireaveclefondd’elle-même,«detoutesonintelligence,detoutesaforceetdetoutsoncœur»cecadeaudecéder,paramitié, son enviede jouerun rôle, et ceci dans lesecret.

Unemanifestation…dejoieEnrécréation,jesuis«deservice».Mescollèguesetnotre

Directrice,danslepréaufermé,décorentlesapindeNoël.Desenfants s’en aperçoivent, se collent contre la porte, sebousculent pour voir. J’imagine qu’ils vont se faire gronder etdisperser.Aussi,jesuggère:

- Vous avez envie de voir le sapin ? On voit mieux enreculantloin!

Lesenfants jugent leconseilbonetbeaucoupgrimpentsurunbancquilesmetàhauteurdelavitre.

Tout à coup, leurs cris de joie éclatent : à deux cents, ilsscandent:«ViveNoël,lebeausapin!»Undéfilés’improviseen s’accrochant par les manteaux ; leurs pieds, leurs mainsrythment leuracclamationspontanée.Pour lapremière fois, ilssonttousensemblesanssebattre.

Jepense :«Usontvudes“manifs”de laRépubliqueà laBastille pour revendiquer. Eux manifestent leur joie et leur

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À Noël, Loïc avait affirmé à un groupe de petites fillesterrorisées, dont Anne et Sophie : « Le bon Dieu, c’est unegrossebêteméchantequisecachedanslesarbrespourfairedumalauxpetitsenfants.»

Àquelque tempsde là,avantdesortirde laclasse,LoïcetBrunodiscutentfort.Bruno,désolé:

-Moi,magrand-mèreellem’adit:«MonJésus,ilestdansletrou!»

Loïc,de famille anticléricale :«Non, il estvivant, il est àl’église.»

Bruno:«Maismagrand-mère,ellem’adit…»Loïc:«Ilestvivant!»Bruno:«Dis,maîtresse,oùilestmonJésus?»

Comment les respecter tous deux et ce que disent leursparents,cequi,pourmoi,correspondàlavraielaïcité?

- Bruno, ta grand-mère t’a dit le début de l’histoire.Demande-luicequis’estpasséensuite.

«Oùqu’ilsvontlesmorts,quandilsontmorts?»C’estlemomentduchant.L’unademandé«lachansondu

petitavocat»…«Ilmourut,onl’enterra,tirelirelire…sonpetitchapeausoussonbras,tirelirela!»

Sergeinterrompt:-Oùilsvontlesmortsquandilssontmorts?J’écoute les réponses spontanées, en silence, pour les

respecter:- On les met dans une boîte, dans la terre…, dans les

nuages…Maguycoupe:«Onchanteuneautrechanson?»

MaisSergeresteavecsaquestionsansréponse.J’eninformesamère.

Lelendemaindel’enterrementd’ungénéralvupartousàlatélévision,Sergenousannonce:

-Moi,jesais:lesmortsquandilssontmorts,siilsontpasétésages,ilsvontdanslaterre…Siilsontétésages,ilsvontauciel…aveclePèreNoël!

Quileurapprendralavérité?

«Deuxfemmesensemble,çasepeut?»En sortant des W.C., en juin, les enfants discutent. Des

enfantsenCoursPréparatoireontinforméleurscamaradesdela«fabrication»desenfants…Lesujetestàl’ordredujour.Toutàcoup,Catherinelance:

-Maîtresse,pourfairedesenfants,unhommeetunefemme,çava?

-Oui,ilfautunpapaetunemaman.-Etdeuxfemmesensemble,çasepeut?-Unpetitenfantabesoind’uneseulemamanetd’unpapa…

Cetteréponselesasatisfaits.Nousavionsbeaucoupadmiréen classe la formation des fruits de jonquilles. Le « secret dumariagedes fleurs»,présentéen film, les avaitpassionnés. Ilsl’avaientvécu tellementcomme«notre» secret,quemême lesmamansn’enavaientriensu.MaisaprèslesvacancesdePâques,ilsm’avaientsubmergéedefleurspourlesvoirsetransformerenfruits.1

«Mademoiselle,vousavezunhomme?»En récréation, finmai,ungrouped’anciens,déjàauCours

Préparatoire, discute ferme. Myriam, 7 ans, me lance leurquestion:

-Mademoiselle,vousêtesmariée?-Non,Myriam,jenesuispasmariée.Myriams’adresseauxautresetaffirme:-C’estpourçaqu’onl’appelleMademoiselle.-Oui,c’estpourça.Myriamcontinuesonenquête:-Etvousn’avezpasdemari?-Non,jen’aipasdemari.-Etpasd’hommenonplus?Vousavezunhomme?-Non.-Etdesenfants?Vousn’avezpasd’enfants?Audreyrépondpourmoi,péremptoire:-Elleanouscommeenfants!Etellenousaime!

1.Voir,enbibliographie,lesovragesdestinésàrépondreauxquestionsdesenfants.

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PREMIÈRESPRISESDECONSCIENCEPREMIERSLIENS1

PÉRIODEDERENTRÉE

Avantlarentrée,lapréparationintérieuredelamaîtresse

Après des années d’expérience en classe deMoyens, voilàquej’arrivedansuneécoleinconnue,avecuneDirectriceetdescollègues inconnues ! Je ne connais pas non plus les trenteenfantsquimeserontconfiés,ni leurs familles.C’estdoncunterrain d’action nouveau et je l’aborde avec une certaineappréhension.

•Quelle sera mon action éducative ? Je vais essayer deformer, selon une expression d’enfant que j’ai retenue, unpeuplede«roisd’eux-mêmes»,c’est-à-diredesêtresquiserontcapables de plus en plus de gouverner leur propre vie pourréaliser leurs buts, des êtres libres à leur niveau puisqu’ilsaurontdécouvertcommentdirigeretconduireleursforcesdevieverslepositif.

•Quelestceterrain?Jeseraichargéepourlapremièrefoisd’une section deGrands de 5 ans et demi. «Ces enfants,m’aexpliquéMadamelaDirectrice,étaienttrèsattachésl’andernier,enclassedeMoyens,àunemaîtressetrèsjeuneettrèsdoucequiles laissait faire tout ce qu’ils voulaient.Us avaient l’habitude

de commander la maîtresse et de n’accepter que ce qui leurplaisait.»

•Quelleestl’ambiancedecetteécolematernellepublique?D’aprèscequej’aipuvoir,ils’ypratiqueunepédagogieasseztraditionnelle:chacunrespecteMadamelaDirectriceetsonrôleparcequ’ellesemontretrèsprochedesenfants, trèsattentiveàleurbesoindevivreenenfants.

Pour réaliser mon action éducative, comment vais-je doncm’yprendre?Quelsliensvais-jecréerentrelesenfantsetlebutquejeveuxleurfairedécouvrir:devenirgrands,semontrerleurroi?Jesaisisdavantageencore,àl’occasiondecechangementd’école,àquelpointlabonnemarchedel’annéescolairedépendde l’orientationque jedonnerai lepremier jour,c’est-à-diredecequelesenfantsvivrontlejourdelarentrée.

LejourdelarentréeMonpremiercontactavecmesélèvessefaitavantdemonter

en classe, au fur et à mesure de leur arrivée. Les enfantsdécouvrent ce jour-là que leurmaîtresse de l’année dernière aquitté l’école.Unemaîtressequ’ils connaissentmemontrequicorrespondàtelnomsurmaliste.Jelesaccueillelesunsaprèsles autres, faisant un lien avec chacun et par mes paroles :«BonjourBruno, je suisMademoiselle Peaucelle, ta nouvellemaîtresse, la maîtresse des Grands », et par mes gestes :poignéesdemains,baisersousourires.

C’est enfin le moment de prendre en main le groupe lui-même.Jedis:

- Pour montrer que vous devenez des Grands qui irontl’annéeprochaineàlagrandeécole,regardezbiencommentsont

faiteslestoilettesdesGrands(ellessontàlaturque),comments’enservir.

-Puisquevousn’êtesplusdesMoyensquicourentpartout,comment allez-vous monter l’escalier? Comment allez-vousmarcherdanslecouloir?

Les voilà installés, émus, sur le tapis ! Silence. Je leursouris, ilsmesourient…Ensemble,nousécoutons lapluiesurles vitres. Je chante la pluie, nous chantons la pluie… Notregroupe-classecommenceàvivre.

Jedis:«Puisquenoussommesdesgrands,qu’allons-nousfaire en classe de Grands, pour aller l’année prochaine à lagrandeécole?»Lesréponsessontdiverses,maischacunpensequ’ilva«écrire».

Pourécrire,toutlemondechoisituneplacedanslesrangéesde tables. J’ai été prévenue que les filles de cette classe sont«unebandedechipies»etque je feraisbienaussideséparer« les trois mousquetaires », Christophe, Lionel et Richard.Malgrécesconseils,jechoisisdelaisserjouerleursaffinitésetjedis:«J’aimebeaucouplesamisquis’aimentbienens’aidantàdevenirgrandsensemble;jevouslaisseensemble,assisl’unàcôtédel’autre,sivousvousaidezàdevenirgrandsensemble.»Pourécriresurunpapiersesnometprénom,jedonneàchacunune«carte»qu’ilpourracopier,puischacundessineradessussa«photo».

Envuedefaireunlienavecl’annéedernière,nousclassonsces«photos» en relation avec lenomde lamaîtressede l’andernier : j’étais de la classe de Madame Petit, de MadameDurand,d’uneautreécole…

Ainsi, parmi les-enfants-de-la-classe-des-Grands-qui-iront-à-la-grande-école-1’an-prochain,nousprenonsenconsidérationtroissituationsdevie.Parlà,chaqueenfantaprisconsciencede

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jour où il se roule dans le couloir, en dirigeant consciemmentmonénergie,paramour,jeluidonneunmagistralcoupdepied!J’expliqueàtous:

-Auxenfantsquiseconduisentenenfants,jeparleavecdesmots ; à ceuxqui agissent commedes « bêtes », je parle avecmon pied. C’est aux « enfants » que je peux demander unservice,pasauxbêtesquin’ontpasd’intelligenceetnesaventpascommanderà leurenviede fairen’importequoi,n’importecomment!

Les enfants ont très bien saisi cette logique. Pour Julien,celaaétéledébutdesonévolution.Àpartirdecettesensationque j’aidû renouvelerplusieurs fois, il aprisconsciencequ’ilagissaitenbêtedansunefamilleoùl’intelligenceest tellementprônée. Par le biais des « services » auxquels je l’aiprogressivementadmis,ils’estintégréaugroupe.Ennovembre,je luiaiditqu’il avaitdesyeuxd’enfantheureuxetcalme.Ladame de service, qui l’avait classé fou, a observé pendant unesortiequ’onneleremarquaitplus.

JeconstatequecetteévolutiondeJulienaeupourpointdedépart une sensation forte, la prise de conscience de sasensation. Mais cette expression inusitée de « prendreconscience»pouvais-jeladonnerauxenfantsetcomment?J’aitentél’expérienceennovembreàl’aidedescontesdeJanou-le-Bêtassou3etd’Épaminondas4.

Prendreconscience:Janou-le-BêtassouetÉpaminondas

Pourquoiappelle-t-on«bêtassou»cepetitJanou(unlutincommeColégram)?Lesenfants ledécouvrent trèsviteàpartirdes imagesdulivrequi leprésententdansdessituationsqu’ils

ontpuvivreeux-mêmes.Janous’étonne:- « Ma veste neuve est plus longue d’un côté que de

l’autre.»Lesenfantss’écrient-Prendsconscience,Janou,tul’asboutonnéedetravers!-«Moncrayonneufn’écritpas!»-Prendsconscience,Janou,tunel’aspastaillé!-«Jetombedutabouretquejemesuisfabriqué!»- Prends conscience, Janou, tu lui as fait des pieds pas

pareils!-«Mespantouflesmefontmalauxpieds!»-Prendsconscience,Janou,tuasmislepiedgaucheaupied

droit!

Ces situations simples amusent les enfants. Ils lesreproduisentpour lesvérifier.Ainsiuncrayonneufquin’écritpasabeaucoupdesuccès.Finnovembre,j’entendsauvestiaire:

-Prendsconscience!Tonmanteauestparterreettumarchesdessus!TufaiscommeleBêtassou!

Joëlacommentépendantunentretiensurletapis:-Moi,j’aiprisconscience!J’aientenduavecmesoreillesle

portemanteau qui tombait, je l’ai vu avecmes yeux, et je l’airamassé. La maîtresse, elle a dit : « Joël se sert bien de sonintelligence,ilprendconscience!»

À l’occasion, je signale ainsi à chacun et au groupe uneexpériencevécue,une«prisedeconscience».

LepetitAfricain,Épaminondas,doitapprendre,luiaussi,àprendre conscience.À cause deChristophe, enfantmétis noir,j’ai précisé qu’au pays d’Épaminondas, le soleil a donné à lapeaudespersonnesunejoliecouleurbrunfoncécommecelledupapa deChristophe. Ce papa est unmonsieur qui, lui, sait se

servir de son intelligence. Épaminondas n’est qu’un enfant, ildoitdoncapprendre.

Eneffet,ilfaitexactementcequelesadultesluiconseillent,maissansprendreconsciencequecequiestvraipourdubeurre(quifondausoleild’Afrique)nel’estpaspourunchien;quelepain,parcontre,nesetraînepasenlaisse,etc.Aprèslerécitdechaque méprise du petit Noir Épaminondas, les enfantss’essaientàrépéterlalonguephrasedesamaman:

- De ma vie, Épaminondas, qu’est-ce que tu as fait del’intelligence que je t’ai donnée à ta naissance ? Prendsconscience:unchien,çan’estpasdubeurre,c’estvivant!Çaaquatrepattespourmarcher, çane se trempepasdans la rivièrepourl’empêcherdefondreausoleil!Etc.

Lesenfantssontd’aborddéçusque l’histoiren’aitpasunefinheureuse.Alorsilseninvententuneàlaquellejen’avaispaspensé :ColégramestallévoirÉpaminondasenAfrique.Nous,nousluiécrivons,ennousservantdespancartesdeColégram.

Chacun a choisi de dessiner et d’écrire un épisode, une« histoire » du livre d’Épaminondas. Pour eux, lorsque nousclassons ces épisodes dans l’ordre de leur succession dans letemps, le dernier est celui où Épaminondas, aidé par nosconseils,faitbiencequ’ilavaitd’abordfaitdetravers.

L’autobusdelalibertéUneautreannée,lepremiermois,nombred’enfantsavaient

gardél’habitudedelasectiondeMoyensd’êtrelaissés«libresdeleursmouvements»,c’est-à-direquejelesvoyaischangerdeplace dix fois en une minute, se rouler par terre ou ramperdurantl’entretien,grimpern’importeoù,sedisperserdèsqu’ilsétaientenfinrassemblés…,sansparlerdubavardageincessantetdubruitquienrésultait.

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Unetroisième,quiaunevoiture,seproposepourallerchercherlagrand-mèred’Henri.Jelesremercie.

PourrefairedesliensaveclaDirectrice,dèsquejelepeux,je descends auprès d’elle et essaye d’échanger. Tout d’abord,ellesemblem’ignorer.AlorsjevaisvoiretembrasserHenri,puisje reviens l’informer de mon soulagement : la lèvre ne saigneplus,lesdentsontprobablementpeusouffert;surtout,l’enfantne paraît pas choqué.Ce geste d’intérêt semble la rassurer. Jedis:«Cetaccidentvavousdonner,enplusdel’inquiétude,dutravail supplémentairepour faire ladéclarationd’accident.S’ilvousplaît, j’auraibesoindevouspourlafaireselonlesrègles,carc’estlapremièrefoisquecelam’arrive.»

Ellerépond:«Étienneseraprivéderécréationpendanthuitjours!»

Le lendemain, au moment de la récréation, j’amène doncÉtienne auprès de la Directrice. A ma surprise, elle reprendl’expression que je viens d’employer devant elle et dit àl’enfant:«Avectaforce,monbonhomme,tuvasaideràhabillerlesPetits!Puis,setournantversmoi,elleajoute:«Nuln’estàl’abri d’un accident dans sa classe, mais hier, en tant queDirectrice,ilfallaitbienquejedisequelquechose.»

Lesurlendemain,Étienneaétéautoriséà retournerdans lacour. A la fin de la récréation, ses camarades sont venusannoncertoutjoyeux:

-Aujourd’hui,avecsaforce,Étienneajouébien!

Avec la dame de service aussi, j’ai refait des liens et, ensigne de réconciliation, je lui ai offert des chocolats. Mesrapportsaveclesadultesdel’école,jel’aiconstatéparlasuite,sontdevenusencoremeilleursaprèscetincident.

Lorsquelamamand’Henriapuvenir(elletravaille), jel’aiaccueillieàpartirdesonétatàelle:

-Voiciunemamanquiaeuunebiengrandeémotion!-Oui,jemesuistrouvéemal:sonpère,lui,étaitfurieux!-Ilyavaitdequoi!Cesparolesontdétendu lamaman.Laconfiance revenuea

étéaffermieencoreparunautregeste.

Legeste-liendelaclasseenversHenriPour aider Étienne et Henri à revenir l’un vers l’autre, et

touslesenfantsàvivredanslaligneducontedeMichka,nousavonschoisid’écrireànotreblessé:«Commentçava?Reviensviteguéri!»Afind’exprimeretdedire«jeregrette»,Étiennes’est chargé de remettre lui-même ce courrier au jeune frèred’Henrietàsagrand-mère.

À la suite de cette lettre, Henri, aux réactions pourtantcraintives, a demandé à revenir en classe. Devant lui, j’aiexpliquéauxenfants:

-Vousvoyezsongrospansement?Pourvousmontrersonami, restez loin de lui afin d’éviter de lui donner un nouveaucoupetdelefaireencoresaigner.

J’ai regardé sans intervenir les retrouvailles d’Étienne etd’Henri : Étienne s’est approché pour examiner lesconséquencesdesonacte,trèssérieusement,peut-êtreangoissé.Puisj’aidit:

- Quand Henri sera guéri, peut-être allez-vous devenir debonscopains,desamisquijouentensemble…

En réponse, ils souriaient, détendus. J’ai surprotégé Henrijusqu’àsacicatrisationcomplète.Ilm’ademandédevenirchezlui. Comme il a attrapé une bronchite, j’en ai profité pour lui

rapporter le disque de Pomme d’Api qu’il avait apporté enclasse.

Par la suite, lorsque j’étais prévenue de la maladie d’unenfant,nousluiécrivionsunelettre;celafaisaitunlien.Sijelepouvais,j’allaismoi-mêmeporterlalettre:celafaisaitunevisitecomme notre héros Tistou en avait fait une à la petite fillemaladedel’histoire.

Maconclusion?D’unmal,enfaisantdesliensd’amour,onpeuttirerunbien.Certainspenserontpeut-être:voilàbeaucoupdecomplicationspourpeudechose!Maisest-ceunechosedepeu d’importance que puisse ou non circuler l’amour ? Etl’amournecircule-t-ilpasàtraversd’infimesparolesougestesdanslesdétailsdelaviequotidienne?

LavisitedesparentsàNoël:liensavectouteslesfamilles

Peudeparentsmesonttotalementinconnuspuisque,depuisledébutdel’annéescolaire,j’essaiedeprofiterdesoccasionsderencontredanslaruepourleurparlerdutravaildeleursenfants.Mais ils n’en ont encore rien vu ; les enfants ont conscienced’avoir bien travaillé : normalement, les parents devraient êtrecontentsdeleursréussites.

Eneffet,presquetousontréponduànotrecarted’invitation.Presque tous sont au courant, par leur enfant, de la vie de laclasseetsemontrentsensiblesautravailquej’essaiedefaire.Jele leur explique àpartir des réalisationsdes enfantsqu’ils ontsous leurs yeux, et j’en profite pour leur dire ce que j’espèreencoretirer,letrimestreprochain,del’histoiredeTistou.

La plupart montrent leur accord et plusieurs viennent medemanderconseilausujetdeleuractionéducativeàlamaison.Tous s’inquiètent de l’entrée de leur enfant à la grande école.

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Eneffet,un1erdécembre, j’avaisallumélabougiegraduée« pour attendre Noël ». Cette bougie, ai-je expliqué, nousl’allumeronschaquejourunpeuetelledeviendratoutepetite.

Au moment d’éteindre la bougie, tous en ont le désir etbeaucoupleréclamentbruyamment.Alors,j’annonce:

-Pouréteindrelabougie,ilfautsavoirdirigersaforce,êtresonmaître.Quienestcapableaujourd’hui?

Parmi la douzaine d’enfants possibles, je tire au sort, enchantantunecomptine ; l’éludu jour,c’estFlavie,que jevoissouventcraintiveeteffacée.Stef,furieux,s’écrie:

-Flavie,jetedonneraiuncoupdepiedenrécré!- Moi aussi, moi aussi, disent d’autres enfants, filles et

garçons.- Stef, tu lui donneras des coups de pied ! Quel drôle de

cadeau !Aimerais-tu ce cadeau-là ?Si vous lui faisiezunvraicadeau?Quiaenviedesoufflerlabougie?

Toushurlent:«Moi,moi!»-EtquiveutfaireunvraicadeauàFlavieenluidonnantson

enviedesoufflerlabougie?Touslesdoigtsselèvent,lesvoixsontplusposées:«Moi,

moi!»Rosie:-Moi,Flavie, je tedonnemonenviedesoufflerdessus, tu

sais, je ne suis pas jalouse, je ne te donnerai pas un coup depied!

-Bravo,Rosie!Etj’enchaînepourtous:-Rosievientdedécouvrirquelquechosede très important

quil’aideratoutesavie:elleasu,parsonintelligence,dirigerlaforcedesonenvied’unechosepourfaireautrechose:faireuncadeau.C’estpourçaqu’ellenesesentpasjalouse.C’estse

montrertrèsgranddebienseservirdesonintelligence.

Après cet épisode, il y a eu de plus en plus de « cadeauxspontanés » dumême genre. Par exemple,Véronique a donnésonenvied’avoirlafèvedelagalettedelaclasseetj’aiconstatémoinsdechamaillerieetmoinsdecoupsdepiedentreenfantsdurantlesjeux.

Celam’amontré que c’était bien par lamême force qu’onréalisait le coup de pied ou l’acte d’amour choisi parl’intelligence.Il faudraitdoncpouvoirfaireprendreconscienceaumomentmêmeà l’enfantde sa frustrationpourqu’ilpuissede tout son cœur - c’est-à-dire intelligence et force réunies -réaliseravecsaforcefrustréeunacted’amouraulieudel’acteagressifspontané.

Ainsijeconstatequesilemouvementderetournementdelaforce est bien fait, parce que conduit par les bonsmots, touterancœur, envie, jalousie disparaissent chez l’enfant, car sesénergiescirculentalorslibrement.Ledond’amourestvraimentfait avec tout sonêtreet l’enfant enapleinementconscience :«Jenesuispasjalouse».C’estuneconséquencedelapositionintérieured’amouretnonunidéalimposéparl’éducateur.

NOSACTESONTDESCONSÉQUENCES

LacrêpedeCédricCédric est « nouveau » depuis trois semaines. Il semble

imaginer qu’à l’école on peut faire n’importe quoi, n’importecomment,selonsesdésirsdumoment.

Pournotrefêtedescrêpes,j’airappelél’incendierécentduC.E.S. que tous les enfants ont vu à la télévision.À cause du«feu»demonbutacamping,nousavonschoisid’êtreprudents,d’installerlestablesenferàchevalautour,maisloindufeu.

Il est entendu que chacun peut, soitme regarder sans rienfaire d’autre, soitme dessiner en action, soitme demander unjeu,letoutsansbougerdesaplace.Parprudence,siunenfantoublie cette loi, je l’enverraidans la classevoisineoù il n’y apasdefeu,ni…decrêpes!

OrCédric,trèsrapidement,semontreimprudentetenfreintnotre loi. Alors, très calmement, je la fais redire par sescamarades:«Qu’est-cequej’aidit?Cequej’aidit, jelefaistoujours!»Etj’amèneCédricdanslaclassevoisine.

Aumoment du goûter, après la récréation, je constate queCédricestrevenuparminous.Desenfantssesontproposéspourallerporter les crêpesdestinées auxadultes. Je sers aussi touslesenfantsprésents,aidéeparlapsychologuescolairequivientd’arriver.Maisjepasseostensiblementl’assiettedeCédric.Àlafin,jeposelaquestionrituelle:

-Est-cequej’aipenséàtoutlemonde?Yvettesembleprèsdepleureretrépondfaiblement:-Non,Cédricn’enapas!L’émotionnousgagnetous;maispourlebiendeCédricet

dechacun,ilfautquejesoisferme:-Non,Cédricn’enapas.Vois-tu,Cédric,cequejedis,jele

fais.Sij’aipromisquelquechosed’agréable,jelefais;sic’estdésagréable, je le fais aussi !Puisque tu asbougéde taplace,c’estjustequetun’aiespaslapremièrecrêpe!

Ainsi fut fait.Mais comme je n’avais pas parlé des autrescrêpes,Cédricaeulesdeuxmorceauxsuivants!

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vousgrandirezsivouslefaites.AlorsAnnick,quandtudisnon,qu’est-cequetuveuxdire?Veux-tudire:non, jeneveuxpasdevenirgrande?

- Ah si, dit Annick, je veux devenir grande ! Alors jet’écoute,Maîtresse!

- Moi aussi, moi aussi, disent plusieurs enfants, trèstouchés.

Aprèscedialogue, certainsont saisi - et je l’ai approfondipour moi-même - le pour quoi de l’obéissance ainsi que sesbienfaits. Ils n’ont pas à obéir à l’ordre de lamaîtresse parcequ’elleesttellepersonne,maisilsontàluiobéiràcausedesafonction,puisquecette fonctionestenvuede les«ordonner»vers ce qu’elle pense être un bien pour eux5. La maîtressepermettantauxenfantsderéaliserleurbut,enl’écoutant,enfaitilsobéissentàeux-mêmes.

Unejeuneremplaçante,àquijerapportaiscetteexpérience,enaété réconciliéeavecsa fonctiondechefquiesten faitunservice,celuidefairegrandirdesêtreslibres.

Après cette découverte, Véronique en a fait une autre,capitalepour elle : sa tendance si forte à la contradiction, ellepouvait l’exercer par son intelligence sur ses désirs à elle,Véronique(sanslesrefoulerpourautant):

- Maîtresse, je désirais traîner dans la classe au lieu dedescendreàlacantine:maispourêtremamaîtresse, j’airangémesaffairesetj’aimismonmanteauaveclesautres.Regarde,jesuisgrande!

Rosieaenchaîné:-Moi,cematin, jedésiraissauterquatremarchesà lafois,

commePedro,mais jeme suis arrêtée et j’ai descendu commeunegrande.Lamaîtresseadit :«Quandtutesersbiendetonintelligence,tudevienslamaîtressedeRosie.»Jel’aiditàma

maman,elleestcontente.En janvier, j’ai fait remarquer à Véronique : « Tu vois,

maintenantlamaîtressen’aplusbesoindetedireleschoses,tutelesdistoi-même;c’estçaêtretareine!»

Audeuxièmetrimestre,cetteannée-là,lesenfantssaisissentpeuàpeuquejeleurproposedesmoyensd’allerversleurbutdegrandir ensemble et que, si je leur refuse quelque chose, c’estparcequedésordre,chahut,bruit,menacesdePedro lorsque jelereprends,lesempêcheraientdegrandir.Alors,Rosieexpliqueà Pedro : « La maîtresse, elle t’aime, elle peut pas te laissermontersurlarampeniappelerlapolice!»

Ils se donnent ainsi d’eux-mêmes des principes d’action.Dès la rentrée de janvier, Annick et Véroniquem’ont réclamé« les chansons pour écrire »6. Elles montraient ainsi qu’ellesadhéraient au but et choisissaient lesmoyens pour y parvenir.EllessontdevenuesdansmesdifficultésavecPedro(dontnousferonslaconnaissanceplusloin)mesaideslesplusprécieuses,carellesluiexpliquaientle«pourquoi»demessanctions:

-Lamaîtresse,ellet’aime,maiselleaimepasquetuasfaituntroudanslatêtedeRémiaveclaboîtedesdéguisements!

J’aidoncunefonctionauprèsdesenfants.Étantdonnéleurâge, c’est surtout en faisant appel à leur imagination que jeremplis cette fonction, ce service.C’estpourquoi, à l’occasiondePâques,j’aichoisilecontedePauv’Coco7.

Pauv’Coco:«Ils’estouvert,ilenestsortiquelquechose»

Il s’agit d’un pauvre œuf sans amis. Après maintesexpériencesmalheureuses, ilseclasse«bonàrien»,dont« il

ne sortira jamais rien ». Nicolette, une petite abandonnée, lerecueillesurlefumieroùilaétérejeté.

Elle le lave, l’examine, etpar cet examenellevoit cepourquoiilestfait.Personnenel’avaitcompriscarjamaispersonnenel’avaitvraimentregardéavecamour:«Tuesenbois,dit-elle,tupeuxm’aideràraccommoderlesbasdelapatronne.»

Etunjour,ils’ouvresoussesdoigts,etilyaquelquechosededans!

Quelenfantnes’estentendu traiterde«bonà rien»dont«onnesortirajamaisrien»,etnes’estsentirejetéàunmomentouàunautre?Chaqueannée,jeconstatequelesphrasesdececonte8permettentàdesenfantsd’ouvrirleursmécanismes.C’estsouvent,pourceuxquisontrestésenpanne,unnouveaudépartdevie.

1. Tistou les Pouces verts, Maurice DRUCN, Hachette-Jeunesse,1989.

Sur lemêmesujet,onpourraitexploiterLecontechaudetdouxdesChaudoudoux,ClaudeSTEINER,Éd.Interlivre,2000.2.NathaCAPUTO,Flammarion-PèreCastor,1980.3.Op.cit.4.ÉlisabethSAINTPIERREetJacquelineCORREARD,Éd.Fr.-

X.deGuibert,épuisé.5.Lesenfantssententbiensi l’adulte«ordonne»paramour

poureux(pourleurvraibien),ouparamourdelui-même,pourqu’onlui«fichelapaix»oupargoûtdupouvoir.6.Moyenséducatifsjeanquirit,Marie-BrigitteLEMAIRE,Éd.

Téqui,2000.7.MarieCOLMONT,Flammarion-PèreCastor,1980.8.Lemerveilleuxconted’ANDERSEN:Levilainpetitcanard,

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couveuse,lajeunemamanestrentréesansluiàlamaison.Rosienous a expliqué:«Quandon le ramènera à lamaison,on feraunefête;cejour-là,jeneviendraipasàl’école.»

Lafêteaeulieu,puisilyaeule«baptême»(laïque).Rosienousaapportéetdistribuédesdragées.

ÀNoël,j’aiditàlamamancombienj’avaisadmirélafaçondontRosieavaitétépréparéeàcettenaissanceetcommentelleavaitsaisiqu’ellepouvaitdosersaforceviolenteparamourdubébé-frère:«Moi,jenesuispasjalouse,répète-t-elle,jesaisluidonnermesenvies.»

Lanaissancedecebébéaétévraimentpourellel’occasiond’unimportant«passage»delacaptationspontanéenormaleàsonâgeàl’étatplusoblatifde«grandesœur».

IlmesemblequeRosieapufairecepassageparcequesesparents l’ont fait participer à cette naissance en donnant àl’aînéesadosed’amouretdeconsidération.

Sielleaeuunbébé-frère«envrai»,Lionelnousprésentemaintenantsonbébé-soeur…imaginaire!

La«petitesœur»deLionelLionelestlevoisindetabledeJuliendontlamamanattend

unbébé.Un jour,enmai,Lionelnousannonce :«Mamamanestpartieàl’hôpital,ellevachercherunpetitbébé.»

Je n’ai encore jamais vu la maman de Lionel ; j’accueilleavec chaleur cette bonne nouvelle. Quelques jours après, jem’enquiers:

- Alors, Lionel ? Maman a-t-elle eu le bébé ? Qu’est-cequ’ellet’adonné,unepetitesœurouunpetitfrère?

-Unepetitesœur!Ainsi, jour après jour, à la suite demes questions, Lionel

faitvivrepournous sapetite sœur : elleestgrandecommeça,mamanluidonnelebiberon,elleestsage,etc.

Le jour de l’exposition de travaux, Lionel est tout fierd’amenersonpèrequejeconnais.Mamanviendrademain.NousparlonsdutravaildeLionel,puisjedemandedesnouvellesdelapetitesœur.Lepèrerépond:

-Lapetitesœur?Quellepetitesœur?Nousn’avonsqu’unegrandefille!

-Votrefemmenevient-ellepasd’accoucher?Lionelnousaditqu’ilavaiteuunepetitesœur!

-Pasdutout,etiln’enestpasquestion,çasuffitcommeça!

Aumilieudemastupéfaction, je remarquequeLionel, têtebaissée,s’estréfugiéderrièresonpère!

-Alors,Lionel,lapetitesœur,c’étaitunehistoirequetuteracontaiset tunous laracontaisaussi?Maisc’étaitseulementuneimagedanstatête?

-Oui!- Et tu es bien contentmaintenant que nous sachions que

c’estunehistoiredetonimagination?-Ohoui!-Mais toi, tusavaisque lapetitesœurétait seulementune

belle histoire ? Tu savais qu’elle n’était pas une petite sœurvivante?

-Oui!- C’est ça qui est important, vois-tu.Quand on se raconte

deshistoiresdanssa tête, il faut toujoursserappelerquec’estde l’imagination et dire aux autres que tu leur racontes unehistoireinventée.Lapetitesœur,pourquoil’as-tuinventée?

-J’enveuxune!

RECONNAITRESESRATÉSPOURENTIRERUNBIEN

RémiaditunmensongeDeuxansplus tard, l’annéedu thèmedePinocchio4,Rémi

(5 ans et 10mois) demande à Issam d’apporter des allumettespour la récréation. À la vue de la boîte d’allumettes, Marieaccourtversmoi:

-Maîtresse!Issamiladesallumettespourfaireunvraifeu,unincendie!

Je la rassure,disant :«Cedoit êtredesallumettesbrûléespourfaireunfeuimaginé!Allonsvoir!»

NousallonsversIssametjeluidemande:«Montre-moilesallumettesquetuasapportées.»

Issam sort une boîte de sa poche, je l’ouvre et jem’écrie:«Oh!cesontdesvraiesallumettes!…quipeuventfaireunvraifeu!…Issam,est-cequetutesersdetonintelligencepournousfairedubien?»

Issam,confus,répond:«C’estRémiquim’adit:“apportedesvraiesallumettes!”»

Tous les enfants de la classe se sont rassemblés autour demoi.Rémi et Issam sont aumilieu. Je dis : «Alors, Issam, tuobéisàRémiaulieud’obéiràtonintelligence!»Issambaisselenez.JeregardeRémietpoursuis:«Toi,Rémi,raconte-nous.Qu’est-cequetuasditàIssam?d’apporterdesvraiesallumettespourfaireunvraifeu?»

Rémirépondavecaplomb:-Non,jeluiaiditd’apporterdesallumettesbrûlées!-Es-tubiensûr,Rémi,quec’estcequetuasdit?M’as-tu

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maîtresseàfairegrandirLionel;doncilaimeaussiLionel,bienplusque si, pour sedéfendreoupour sevenger, il avait laissésesforcesattaquerLionelsansrienluiexpliquer.

Circélamagicienne:deviensquituesLamagiedeCircéconsisteàtransformerenbêtesceuxqui

seconduisentenbêtes,parexempleencochonsqui se roulentdans laboue,en loupsquiattaquent,enchiensetchatsquisebagarrent,enpiesquijacassent!Maislebreuvagemagiquen’apasd’effetsurUlysse,carUlysseseconduitenhomme,«avectoutesonintelligencequidirigetoutesaforceverssonbut,detoutsoncœur».

Ulysseprometqu’ilessaierad’apprendreàsescompagnonsàseconduireenhommesetdemandeàCircédeleurrendreleurforme humaine. Circé explique àUlysse comment se sortir denouvellesaventures.

Nous,enclasse,nousnousconduisonsenhumainscommeUlysselorsquenouschantons,peignons,modelons,écrivons,etque notre intelligence conduit toute notre force de tout notrecœur.

Lessirènes:quandlechefmontrelebut,ilestbondel’écouter

Cette fois, les compagnons écoutentUlysse et réalisent cequ’ildemande.Laconséquence?C’estquetoutsepassebien!

Nous,sinousécoutonsbienlesexplicationsdelamaîtresse,enmathématiques par exemple, nous réussissons. Sinon, nousnous servons de travers de l’intelligence que nous avons et,comme José ou Lionel, nous réalisons n’importe quoi sansapprendrecommenttravailler!

LesvachesduSoleil:lemouvementd’orientationdesforcesdevie

Ulysse a recommandé à ses hommes de manger lesprovisionsdubateauetderespecterlesvachesmagiquesdel’îleduSoleil.Il«veillesureux»jouretnuit,maisfinitparsombrerde nouveau dans le sommeil ainsi que son « compagnonintelligent».Les autres, une fois deplus, se laissent entraînerpar leurdésiret,parcequ’ilsontenviedemangerde labonneviande,ilsfontrôtirdesvachesduSoleil(dudieu-Soleil)!

Laconséquenceest terrible : ils sont tousexterminés, saufUlyssequiéchouedansl’îledeCalypso.

Nousnousdemandonscommentilsauraientpufairequandilsonteuenviedemangerdecetteviandedevachemagique(oudevachefolle!?)!Ilsauraientpudirigerleurforcedevieensedisant:

-J’aifaim;j’accueillemondésirdemangerdelaviandedevacheduSoleil;

-Jeregardemonbut:reveniràlamaison.Pour pouvoir revenir à la maison, avec la force de mon

désir:- Je choisis d’écouter ce qu’a dit Ulysse, peut-être de le

réveillerpourl’informerdecequisepasse!

J’ai préparé toute l’année les enfants à cette manoeuvreintérieure,enleurfournissantlesmotsexactsaumomentoùilslesvivaient:

•L’accueil.L’accueildel’hôte.L’accueildesnouveauxdanslaclasse:Carole,José,Andrès.

•Ledésir.Lescompagnonsd’Ulyssedésirentmangerdelaviande de vache du Soleil. Dans notre classe, Nadine désire

boirel’eaudelapeinture.•Lebut.Lebutd’Ulysse:revenirchezlui.Lenôtre:revenir

enclassepourtravailleretdevenirgrand.• Le choix. Le choix d’Ulysse : prendre les moyens pour

retrouversafemmeetsonfils.Notrechoixdetelleactivité,d’unjeu,d’unbonbon,detelleoutelleattitude.

Ainsiai-jepuaidercertainsenfantsàvivreleursdifficultés.C’estPierre,trèsévolué,quipleurepourallerpasserlesvisitesmédicales.Ilditavecmoi:

- J’accueille ma peur et mon désir de pleurer et de m’enaller.

-Jeregardemonbutdedevenirunhommecommepapa.- Alors, je choisis d’y aller avec ma peur et d’essayer de

changermespleursenunsourirepourlemédecin.

Puisc’estJoséquis’amusesansrienécouter.Ildit:-Avecmondésir de ramper sur le tapis, de jouer avecma

petitevoiture,- parce que je veux devenir grand en écoutant l’histoire

d’Ulysse,- jechoisis d’allermettremavoiture dansmon tiroir et de

revenir trouverunebonneposition sur le tapispour écouter lamaîtresse.

Depuiscejour,José,Daniel,Laurentmefontremarquer,ens’installant,qu’ilsontremiséd’abordleurvoiturepourécoutermieux:ils«collentleurenviedebouger».

Ouc’estSylvianequivientàl’écoleavecsonenviederesterdormiràlamaison.Eneffet,lesenfantsontétéfrappésparlesactualités :Monsieur lePrésidentde laRépubliqueacontinué

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Sij’aibiencompris-lesliensaveclafamilleétantdifficiles-Andrèsapassédesmois,peut-êtredesannéesàl’hôpital,carila«del’eaudanssagrossetête»(diagnostic:hydrocéphale).Onl’amisàlaMaternellepourvoirs’ilyévoluerait:«Jevousleconfie,m’aditladirectrice,bienqu’ilsoitplutôtunPetit.»

Lepremierjour,Andrèsaeuunecrisededésespoirviolentaudépartdesamère;puissonpremierprogrèsaétéd’accepterde«suivre»lesenfantsdesaclasse,desuivrelamaîtresse.Dèsquejeluiaiindiquéuneplace,prèsdelafenêtreetdesplantes,il s’y est comme incrusté, refusant toute activité collective oupersonnelle.

Pendantdessemaines,ilestrestéàcetteplacesansbouger;mais,parsesexpressionsdevisage,jevoyaisque,dèsquejenele regardaisplus, il semettaitàs’intéresseràcequisepassaitautour de lui. Il observait tout. Deux mois après son arrivée,nous avons pu constater qu’il connaissait l’emplacement dechaqueobjetetàquiappartenaittelgant,écharpeoubonnet.Illerapportaitàsonpropriétairesansjamaissetromper.

Comme j’aurais voulu pouvoir connaître le secret querecélait la forme corporelle de ce petit enfant déshérité ! Sa« grosse tête », son front démesuré, son visage triangulaire etpourtant bien en chair, qu’auraient-ils révélé qui aurait permisde l’aider à sortir de la prison où il s’enfermait ? Était-ilvraiment incapablederienréaliser?Oubarrait-il toutesaforceréalisatricepourprotestercontresasouffrancededéraciné?

Jemesuisobstinéeàdécouvrirenluilamoindretraced’unepossibilité.J’aicruqu’ilpourraitaccepterpeuàpeudevivredeschosesnouvellesquientreraientalorsdanssaroutine.Et,pourqu’ellesentrentdanssaroutine,ilfallaitqu’unefoisilfîtunpasinaccoutumé !Cepremierpas a été, lorsque j’ai voulu le faire

asseoir sur le tapis avec les autres (au lieu de le laisser secalfeutreràsaplace),qu’ilaccepted’yrester!Cefutauprixdehurlementscommesionavaitvoulul’écorchervif(corpsraidietrenverséenarrièrecommeunarctendu).

Quelques joursaprèscette lutteacharnée, ils’yest installédelui-même,souriant,etacontinuéchaquematin.

Lemois suivant, ayant remarqué son regardpendant qu’unautrepeignait, je luiaiapportétoutlematérielnécessaire,àsaplace.Làencore,cris,hurlements,puisrefus totalenposant latête sur sa table.Le lendemain, enprésencede lapsychologuescolaire (ni l’une ni l’autre n’avons paru le voir agir), Andrèss’estlevé,estalléprestementprendreunpinceaudansunpoteta barbouillé de vert une des grandes photos documentairesaffichéesaumur.

Scandaledesescamarades!Jeleurexpliqueaussitôtqu’euxeneffetsont tropgrandspouragirainsi,maispourAndrèsquiestencorepetit,c’estunmoyendenousdire:«Jeveuxdevenirgrand. » Andrès a-t-il perçu cette réaction première de sescamarades?Ena-t-ilétébloqué?Lefaitestqu’ilaarrêtélàsesélansverslapeinturependantencoredeuxmois.

Un jour pourtant, il est allé de lui-même à l’atelier depeinture et, en un éclair, a mélangé les pinceaux de plusieurspots. Ce que voyant, j’ai expliqué aux enfants : « Je donne àAndrèsdespotspourluiseul.»Maisdecespots,Andrèss’estéloigné commed’undanger et a refusé toute autrepropositionde peindre. Trop tard, j’ai saisi que j’aurais dû le laisser fairesans intervenir d’aucune façon. Les enfants auraientprobablementacceptéunenouvelleexplicationsurlefaitquejele traite autrementqu’eux (onnegrondeun enfantque si celapeutl’aideràprogresser).

Pour toutes les activités, c’était lemêmescénario :Andrèsobservait toutdeloin,puissedéplaçaitpourallerregarder,parexemplelesballonsdonnésauxautrespourlagymnastique.Dessemainesaprès,ilosaitytouchersionneleregardaitpas,maisrefusait encore de prendre celui qui lui était offert ! AprèsPâques,enfinfamiliarisé,ilenchipaitunfurtivementpourjouerenriantdeboncœur.

Ilm’estarrivé,devantlapsychologuescolaire,d’essayerde« forcer » un peu ses progrès en l’obligeant, par exemple, àresterassisaveclesautresaumomentdujeudela«chandelle».Ilraidissaittoutsonêtre,ilhurlait,puissecalmaitbrusquementquand il acceptait enfin de vivre cette situation nouvelle.Ensuite,plusdedifficultés:cequ’ilavaitdéjàfait,ilpouvaitlerecommencer de lui-même. Cependant, en gymnastiquecollective,ilajusqu’àlafinrefusétouteparticipationactive.

Àma surprise heureuse, aumoment dumardi gras, voyantles autres enfants se fabriquer un masque, Andrès s’est levévivementet est allé sechercherdans les casiers ciseaux, colle,crayons-feutre. Il a réalisé son masque très rapidement, sansaucune aide.Ainsi, comme je l’espérais, il « savait » faire deschoses et il les réalisait avec une grande adresse ; mais sespossibilitéssetrouvaientbloquées.

Je voyais sur son visage qu’il comprenait les histoires enfrançais ; ilriaitdevant lesdiapositivesoùilreconnaissaitsoitlui-même, soit d’autres enfants. Il allait se chercher lavisionneuse sur mon bureau pour prolonger le plaisir desprojectionscollectives.Autroisièmetrimestre,ilsepassionnaitàregarderdeprèslemétieràtisseroùs’exerçaienttroisenfants.Je m’apprêtais donc à lui donner un métier et en espérais unautreprogrès.Hélas,àcemomentAndrèsadisparu:safamilledéménageait…

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Eneffet,àquelquessemainesdeses6ans,iln’emploiepasencorele«moi-je»quimontrequ’unenfantaconscienced’êtreunepersonne,d’êtrelui.Samèremeditqu’enportugaisilparledefaçonencoreplus«bébé».

J’en suis venue à me demander si le « je » existait enportugais.Unemamanportugaisem’aconfirméqu’iln’étaitpasemployéetcelam’aexpliquéenpartieladifficultédePedro.

Je raconte au groupe l’histoire de l’accident d’Henri etcomment son agresseur a appris à bien jouer avec sa force.Comme promis à Étienne, lors de l’accident, je n’ai jamaisrévélésonidentité(p.134).

En réalité, je n’arrive pas à cerner ce qui se passe avecPedro:danslacourilsemblen’avoiraucunedifficultémotrice,mais son grand corps le gêne en gymnastique. En classe, ilréalisetrèsadroitementlestravauxmanuelsquandilleveut.

Que se passe-t-il en lui pour qu’il s’oppose ainsinégativement, qu’il détruise presque systématiquement tout cequipourraitl’aideràgrandiretàselibérerdesesmécanismes3(empêcher toutes les chansons rythmées par exemple) ? Queldegré de liberté a-t-il ?Est-il capable d’adhésion consciente ?A-t-ilbesoinquejem’occupespécialementdeluipuisque,pourle moment, il ne sait encore vivre aucune frustration, aucunecontrariété, si légère soit-elle, aucune sensation d’injustice (ilsembleenéprouveràtoutpropos)?

PoursuivantmaréflexionausujetdePedro,jemedemandeencore si je dois faire semblant de l’ignorer quand il est « encrise».Serait-ceunbienpour luietserait-ceunbienpoursescamaradesquiadmirentsaforcephysiqueetenfontleurchefenrécréation « pour attaquer les filles » (qui essaient de se leconcilier par des bonbons) ? D’où vient que l’an dernier,pendantquelquesmois,samaîtresseaitréussiàle«dominer»?

L’accidentd’ÉrikUn jour, nous apprenons qu’Érik est en observation à

l’hôpital après avoir, sous les yeux de son père qui n’a puintervenir à temps, enjambé le balcon du troisième étage de lapiscine!«ÉrikestunadmirateurdePedro,quiestsondieu»,m’aditsonpère.

J’insistesur le faitquec’est intéressantd’avoirde la forcemaisquecepeutêtredangereuxquandonnesaitpasencorelaconduire,carnotreforceaenviedefairen’importequoietellen’est pas intelligente, elle ! Pour que cela pénètre mieux, jefrappesur lefrontdePedro:«Jesuissûrequecegarçon-làaune intelligenceetqu’ildeviendracapabledeseservirbiendesonintelligencepourbienconduiresaforce.»

ProtégeravecsaforceLorsd’unerécréationdefévrier,Pedro-quia recommencé

depuispeuàseprécipitersurmoidufondde lacourquand ilmevoitgronderuncamarade-vientm’annoncer,scandalisé:

- Lofti, il a cassé des arbres ! (Il s’agit des buissons quientourentlacour.)

-Alorstoi,tuesvenupourquenousprotégionslesplantes.Viens,onvaparleràLofti.

Ensemble,nousallonsversLofti.- Lofti, aimes-tu quand on t’arrache ton bonnet ? (Et

j’arrachesonbonnet).Alors,pourquoiarraches-tulesrbres?Pourlapremièrefois,Pedrosembletrouver«juste»queje

morigèneuncamarade.Alorsj’essaiededirigersonénergiequisorthabituellementdefaçonbrutale:

-Tuvois,Pedro,avec ta force tupeuxprotéger lesplantesvivantes, tu peux aussi protéger les enfants au lieu de lesattaquer.Tupeuxteservirdetabouchepourparleraulieudete

servirdetonpied!C’estainsique,chaque foisoùc’estpossible, j’oriente les

énergiesdesenfantsversdesattitudesetdesactespluspositifsqueleursbataillescontinuelles.

Lamaîtressechanged’attitudeintérieureEcrivant tout ceci pendant les vacances de février, je me

disais:quelleprétentiondevouloirqu’unenfantseretourneenuneseuleannéeverslepositif!S’ilnelefaitpasavecmoicetteannée, il le ferapeut-êtreavecd’autres,plus tard,s’il leveut !Lagrandeécoleluiserapeut-êtresalutaire,àmoinsqueneportefruit la conversation que sa mère vient d’avoir avec lapsychologue qui, pourtant, m’avait avoué : « Je suis commevous,jen’yvoispasclairdutout.D’aprèsJung,çaviendraitdesoninconscientcollectif!»

L’accueilduserpentLematindelarentréedefévrier,jecroiselamèredePedro.

Ellemedit:«Ilaimel’école,ill’aréclamée!»Dès qu’ilme voit, Pedro fonce de l’autre bout de la cour.

Ses yeux sont rayonnants, il m’entraîne : « On a trouvé unserpent,viensvoir!»

Je l’accompagne avec joie et j’admire comme il se doit unver de terre de grande taille. Une foule d’enfants en rond lecontemplentsetortillantsurleciment.Aumomentoùlaclochesonne,jesuggèredeleremettredanslaterre,cequefaitPedrotrèsposément.«Posément»,c’estl’adverbequiconviendrait,àmagrandesurprise,pourtouslesactesdePedrocejour-là;maissachant combien il se froisse facilement, je ne fais rienremarquer.

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-Alexandra, tuasbienenvied’emportercheztoi ta têtedepigeoncouronnéd’or,maiscommentpourrons-nous jouersanslepigeon?Vois,nousenavonsbesoindanslaclasse.Est-cequetuveuxbiennousfairelecadeaudelalaisserdansnotreclasse?Je la suspendrais avec le « renard » de Laurent, ton ami…D’accord?

Alexandra sourit et, tandis que j’expose la tête du pigeoncouronnéd’oraveclesautrestêtes,j’enchaînepourtous:

- Regardez, les enfants ! Alexandra nous fait un beaucadeau!Ellenousdonnesonenviedegardersonpigeonpourelletouteseule,ellenouspermetdeleregarderdanslaclasse.

Etj’aiembrasséAlexandratoutefière,devantsamamantrèsheureuse.

C’était un premier pas. A partir de ce moment, Alexandras’estmiseàparticiperdebonnegrâceauxactivitéscommunes,etpasseulementaumime,occasiondemettresatêtedepigeon.Ellea laisséexposersespeintures,emportant-c’étaitpermis-lestoutpetitsdessins.

Mais, et je m’en agaçais fort, elle continuait à se retarderd’une demi-heure chaquematin en commençant par jouer avecsespetitsjoujouxàelle.

VersPâques,elles’estrapprochéephysiquementdugrouperassemblé pour la conversation. Elle mettait sa chaise tout aubout du demi-cercle, mais quand même avec les autres ; ellemaintenaitunedistance,mais-jelevoyaissansriendire-ellese mettait à créer des liens avec chacun. Comme et avec lesautres, elle commençait par le travail sur son cahier et leterminait avant de jouer avec son ami Laurent. Elle acceptaitenfindesuivrelerythmecollectif.

Elle a fait le pas décisif à l’occasion de son sixième

anniversaire,finmai.Quellesurprise!Quelques semaines avant l’anniversaire, Alexandra, d’elle-

même,a recopiéenclasse les trenteprénomsdechacundesescamarades affichés au tableau, et elle a emporté chez elle sacopie. Samèrem’a dit ensuite qu’à lamaison, toute seule, lasemaine qui a précédé le grand jour, elle a quadrillé un grandcarton, au feutre, sans règle, afin d’obtenir autant de petites« cartes », qu’elle a ensuite découpées. Puis elle a copié leprénomd’unenfantsurchaquecarteetl’adécoréeaufeutre.

Le jourJ,elleaapportéenclassesonpaquetdecartes,ungâteauetdujusdefruits.Selonleritedelaclasse,elleareçudesdessinsdetouslesenfantsdansunegrandeenveloppeàsonnom.

Mais elle a ajouté au rite, en donnant à chacun sa petitecartedédicacée.Elleatenuégalementàverseràchacununverrede«sa»boissonetaveilléàladistributiondespartsde«son»gâteauenseservantspontanémentladernière.

Manifestement, ce jour-là, l’important pour elle, si peuencline,semblait-il,àvivreengroupeetàdonner,était lebiendesautresenpremier,etnonplusd’abordsasensationagréabledegarderpourelle.N’avait-ellepasexpérimentélechemindelalibertéetde l’Amour?Enconséquence,ellerayonnaitde joie,etcelaaduréjusqu’àsondépartpourlesgrandesvacances.

L’annéesuivante,j’aisuqu’AlexandraétaittêtedeclasseenCoursPréparatoireetsemontraitbonnecamaradeavecchacun,mêmeen récréation.Celanevalait-il pas lapeined’avoir tenutoutel’annéedanslaconfiance?

Cette histoire évoque pourmoi ces paroles de l’Évangile :« Celui qui (par amour) perd sa vie », la vie de sa sensationagréable,«latrouvera»parlajoiequ’ilreçoit.Etjem’écrie:

«Bénissois-tu,Père,d’avoir révélécelaaux tout-petits !»(Mt11,25).

Puissent Alexandra et chacun de ces enfants entendre unjour parler de Dieu sous son vrai nom de Père très aimant.Puissent-ils découvrir qu’au-delà des bases humainesspirituellescommunesàtousceuxquiveulentvivreleurvieau-delàdelamatière-cellequ’ilsontvécueà4-5-6ans-,ilsontlapossibilitéd’adhéreretdecommunieràl’AmourinfinientroisPersonnes,révéléesparleChristJésus.

C’estpourquoijeterminecelivreparquelquesréflexionsàl’intentiondesparentsetéducateurschrétiens.

1.C’étaitl’annéeoùnousavonstravailléautourducontedePinocchio,dixansaprèsmonarrivéeensectiondeGrands.

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GrandsBACH R., John Livingstone le Goéland, Flammarion-PèreCastor,1998.(Àtraverslesdifficultés,poursuivresonidéaletletransmettre.)

COLLODI,Pinocchio, Gallimard 1996; et DISNEY W., d’aprèsfilmetalbum.(Devenirunvraigarçonquiseconduitenvraigarçon.)

DRUONM.,Tistou les pouces verts, Hachette-Jeunesse, 1979.(L’importancedesparoles.)

FENELON, Télémaque, en Petits Classiques. (Devenir grandcommesonpapapartiau loin,envivantavecsamèreet sesgrands-parents.)

HOMERE,L’Odyssée, Gallimard, 1973. (La vie en groupe avecUlysseetsescompagnons.)

KIPLING R., Le livre de la jungle, Éd. Delagrave, 1996. (Aucontactdesanimauxdevenusses«frères»,Mowgliaffinesesorganes des sens, mais il domine les animaux par sonintelligenced’homme.)

LOCHAK M., Les histoires d’Yvan, Éd. Fleurus (épuisé). (Lemondeintérieurdel’enfant,commentvit-ilsessensations,sesimaginations,sesdésirs?)

VERNE J., L’île mystérieuse, Flammarion, Collection J’ai lu,1996. (Se servir concrètement de son intelligence enfabriquantdesobjets.)

PouréduquerdesêtressexuésBELAUNDE, Y.,C’est quoi la vie ? 4-6 ans, Bayard-Jeunesse,1996.

DUMONTB.,Merveillesdel’amour,Éd.Droguet-Ardant,1988.(Albumillustrépourles5-10ans,etguidepourlesparents.)

JOYEUXH.,Prof.,L’éducationsexuelleparledialogueparents-enfants,Éd.F.-X.deGuibert,1990.

LEMOINEP.,Transmettrel’amour,Éd.NouvelleCité,1990.PELISSIE DU RAUSAS I., S’il te plaît, parle-moi de l’amour.PréfacedeX.LACROIX.Saint-Paul,2000.

AusujetdelamortARENE J.,Dis, un jour, moi aussi je mourirai ? Éd. Fleurus,1998.

ENCREVE-LAMBERTM.-H.,Lamort,Éd.Bayard,1999.

PourformerdescitoyensDE BIEVIELLE C., DE PENNART I., Julie, apprentie citoyenne,Collection«Citoyensengraine»et«Citoyensenherbe»,F.I.V.A,36,rueBoileau-75016Paris.

LECOQ G., La démocratie rend-elle l’éducation impossible ?Revitaliserlalaïcité.Éd.Paroleetsilence,1999.

Pouréveillerlafoidespetitsenfants•OuvragespourlesadultesANGOTM.-B.,Lavied’adoration,LeSarment-Fayard,1998.BOULVINY.,Choisislavie,Éd.desBéatitudes,2001.CHAUVETP.,Éduquerdesêtreslibres,Éd.ParoleetSilence.FOUCHERD.,Jerépondsdemafoi,Éd.deMontligeon,1998.LEBOUTEUX-RUDELLE, V., MARCEL JOUSSE ou la simplicitéretrouvée,Éd.Téqui,1997.

LUBIENSKADELENVALH.,L’éducationdel’hommeconscientetl’entraînementàl’attention,Éd.DonBosco,2001.

NEYRETM.,Un renouveau catéchétique à l’école de JOUSSE,MONTESSORIetH.LUBIENSKA,Éd.DonBosco,2001.

PACOT S., L’évangélisation des profondeurs, Cerf, 1998. –Reviensverslavie,Cerf2002.

PELLETIERL.(Père),VivrecachéenDieuavecleChrist,CoursdeThéologiemorale,ÉcoleCathédraledeParis,2000-2001.

PONSARDC.,Lafoienfamille,Éd.desBéatitudes.VINGT-TROIS A. (Mgr), Connaître la foi catholique, Éd. LeSénevé-CERP,2000.

ZUNDELM.,Quelhomme?Queldieu?RetraiteauVatican,Éd.Saint-Augustin,1997.

•OuvragespourlesenfantsGAUDC.,Monlivredelaprière,Éd.Mame,1996.GAUDRAT M.-A., Pour te parler de Dieu, je te dirais, Éd.Bayard-Jeunesse,2000.

ROCHEM.,Lejourdubaptême,Éd.Mame,2001.SUROX,Tuesunique,Éd.Mediaspaul,2001.Et qui donc est Dieu ? 150 réponses à de vraies questionsd’enfants,Éd.Bayard-Jeunesse,2000.

•CassettespourlespetitsCOLOMBIERN.,JerencontreJésus.GELINEAUJ.Cantilènesbibliquespourlacatéchèse.KLINGERJ.etC.,J’aimelavie.LEDUC N., Prières chantées pour les enfants, Éd. Notre-

Dame.deVie.(Pourinitieràlaprièrecontemplative.)SitusavaisledondeDieu,Éd.LeSénevé-Cerp.IlschantentDieudetoutleurcorps,Éd.LeSénevé-Cerp

Achevéd’imprimerle22août2011surlespressesde

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