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L’effondrement du commerce dans la crise mondiale de 20082009 : à qui la faute ? Philippe Martin (SciencesPo) et Thierry Mayer (SciencesPo et CEPII) La crise financière de 20082009 est exceptionnelle à de nombreux égards mais tout particulièrement par l’impact qu’elle a eu sur le commerce mondial. Entre le dernier trimestre 2008 (juste après la faillite de Lehman de septembre), et le 1er trimestre 2009: le décrochage du commerce, de 22%, a été sensiblement plus fort que celui du PIB mondial (8%). Utilisant les derniers chiffres disponibles de l’OMC, le CEPII (http://www.cepii.fr/francgraph/themes/commerce.asp) a annoncé en octobre 2009 que le commerce mondial avait augmenté de 8% au second trimestre 2009 par rapport au premier trimestre. Cette reprise des échanges est supérieure à celle du PIB (5,8%) pour la même période. Il y a donc dans cette crise une surréaction du commerce par rapport aux variations de l’activité, qui joue à la hausse comme elle avait joué à la baisse. La figure 1 cidessous reprise de Giovanni et Levchenko montre à la fois l’ampleur de la chute et le rebond récent de la croissance du PIB mondial et des exportations mondiales et illustre l’impact plus important de la crise sur le commerce que sur le PIB. Figure 1 : le PIB mondial et les exportations mondiales Source : http://www.voxeu.org/index.php?q=node/4185

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L’effondrement du commerce dans la crise mondiale de 2008‐2009 : à qui la faute ?  

 

Philippe Martin (Sciences‐Po) et Thierry Mayer (Sciences‐Po et CEPII) 

 

La crise financière de 2008‐2009 est exceptionnelle à de nombreux égards mais tout particulièrement 

par l’impact qu’elle a eu sur le commerce mondial. Entre le dernier trimestre 2008 (juste après la 

faillite de Lehman de septembre), et le 1er trimestre 2009: le décrochage du commerce, de 22%, a 

été sensiblement plus fort que celui du PIB mondial (8%). Utilisant les derniers chiffres disponibles de 

l’OMC, le CEPII (http://www.cepii.fr/francgraph/themes/commerce.asp) a annoncé en octobre 2009 

que le commerce mondial avait augmenté de 8% au second trimestre 2009 par rapport au premier 

trimestre. Cette reprise des échanges est supérieure à celle du PIB (5,8%) pour la même période. Il y 

a donc dans cette crise une sur‐réaction du commerce par rapport aux variations de l’activité, qui 

joue à la hausse comme elle avait joué à la baisse. La figure 1 ci‐dessous reprise de Giovanni et 

Levchenko montre à la fois l’ampleur de la chute et le rebond récent de la croissance du PIB mondial 

et des exportations mondiales et illustre l’impact plus important de la crise sur le commerce que sur 

le PIB. 

Figure 1 : le PIB mondial et les exportations mondiales 

Source : http://www.voxeu.org/index.php?q=node/4185 

 

 

 

 

 

 

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Figure 2 : l’évolution historique du commerce américain rapporté au PIB 

 

Source : Levchenko et al. (2009) 

Le caractère historiquement sans précédent sur la période de l’après guerre est illustré par la figure 2 

montrant les exportations et les importations en pourcentage du PIB dans le cas des Etats‐Unis 

(Levchenko et al., 2009). Les récessions précédentes (figurées en gris) n’ont jamais eu un tel impact 

même si celles de 2001 et de 1982 avaient eu un effet important. 

Il faut en fait remonter à la crise des années 1930 pour trouver un effondrement comparable du 

commerce mondial. Almunia et al. (2009) font cette comparaison dans un papier de recherche 

récent. La figure 3 ci‐dessous repris de leur article montre le commerce mondial en données 

mensuelles où la base 100 est choisie pour les deux crises (celle des années 1930 et celle de 2008‐

2009) au mois caractérisé par le pic de production mondiale : juin 1929 et avril 2008 respectivement. 

On voit que la chute du commerce mondial des premiers mois de la crise actuelle a été plus forte que 

celle des débuts de la crise des années 1930, s’accélérant à partir de septembre 2008, c’est‐à‐dire 

après la faillite de Lehman. Il est encore trop tôt pour juger si la reprise récente du commerce 

mondial ressemble aux reprises temporaires qui ont été observées lors de la Grande Dépression ou 

s’il s’agit d’une reprise permanente. 

 

 

 

 

 

 

 

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Figure 3 : Une comparaison de l’effondrement du commerce lors de la crise actuelle et lors de  la 

grande dépression des années 30 

 

60

70

80

90

100

110

5 10 15 20 25 30 35 40 45 50

June 1929=100 April 2008=100

Months since peak

Source : Almunia et al. (2009) 

 

L’effet d’amplification du commerce par rapport au PIB semble aussi avoir été plus fort dans la crise 

récente que dans la crise des années 1930. Cet effet d’amplification est important à plusieurs égards. 

Tout d’abord, même si le commerce a rebondi, il reste beaucoup plus faible en valeur qu’au début de 

la crise. On peut légitimement se demander si l’on assiste à une pause momentanée dans le 

mouvement de mondialisation ou si cette crise marque un retour sur ce mouvement qui paraissait ne 

jamais devoir s’interrompre.  

 

Au‐delà du simple intérêt académique de l’identification des causes d’une plus grande volatilité des 

échanges par rapport à celle du PIB, les implications de politique économique sont radicalement 

différentes selon la ou les causes que l’on pourra identifier. Quatre grandes explications ont été 

immédiatement avancées : 

 

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 L’effet revenu. Les crises financières sont typiquement associées à des récessions longues et 

particulièrement graves (voir Reinhart et Rogoff, 2008 et Claessens, Kose et Terrones, 2009), plus 

graves et plus longues par exemple que les récessions causées par un resserrement de la 

politique monétaire ou par un choc pétrolier. Ces récessions produisent des chutes de la 

consommation et des importations. En outre, il semble que le commerce réagisse plus fortement 

au revenu pendant une récession globale que pendant les périodes plus tranquilles.  

 

L’effet du crédit commercial: La crise financière de 2008‐2009 a révélé le rôle, sous‐estimé 

par les économistes, de toute l’ingénierie financière qui sous tend le commerce 

international. Comme toute transaction économique pour laquelle la livraison du bien n’est 

pas immédiate et pour laquelle le risque sur le paiement et la livraison existe, le commerce 

international requiert l’intervention d’intermédiaires financiers. Du fait de l’effondrement du 

crédit et de la liquidité, le coût de ces opérations de crédit commercial a fortement 

augmenté et dans certains cas le crédit commercial a totalement disparu pendant plusieurs 

mois. Il s’agit d’une forte augmentation du coût du commerce qui peut aussi expliquer la 

chute de celui‐ci.  

L’effet de la spécialisation verticale: Il s’agit ici d’une implication de l’existence au niveau 

mondial d’une chaine de production de plus en plus intégrée. Chaque pays est devenu un 

chainon pour la production de biens intermédiaires dans différent chaines de production 

aboutissant à la production d’un bien final. De ce fait, la baisse des importations de biens 

finaux se répercute sur le commerce mondial des biens intermédiaires. Toute la chaine de 

production est ainsi affectée.  

L’effet du protectionnisme : Dans les années 1930 le protectionnisme a été une conséquence 

de la crise (plutôt qu’une cause) et explique une partie de la chute du commerce mondial. On 

peut donc se demander si dans la crise actuelle, le protectionnisme a pu jouer un rôle. Le FMI 

et la Banque Mondiale ont mis en avant une augmentation des licences d’importations et de 

certains tarifs.  

Chacune de ces hypothèses a été soumise récemment à une ou plusieurs investigations empiriques 

pour tenter de la quantifier. C’est un autre signal de l’importance du phénomène : les spécialistes du 

commerce international, d’habitude plus intéressés par les questions de long terme de spécialisation 

des économies se sont passionnés pour l’explication de ce « trou d’air » dans les échanges 

internationaux. Nous allons tenter de faire un état des lieux de cette recherche, et les implications 

que l’on peut en tirer. 

 

1. L’effet de revenu 

Il est utile d’analyser la manière dont le commerce mondial réagit aux variations de revenu pour 

comprendre la sévérité de la chute du commerce dans la crise actuelle. Freund (2009 a et b) rappelle 

que l’élasticité du commerce au revenu a augmenté fortement au cours des 40 dernières années : 

selon Irwin (2002) cette élasticité valait environ 2 dans les années 1960 et 1970 et elle est passée à 

3,4 dans les années 1990. Ainsi, si l’on prend cette dernière estimation cela signifie que la chute du 

commerce mondial devrait « normalement » être plus de trois fois supérieure à la chute du PIB. 

Cette augmentation de l’impact du revenu explique en partie l’impact de la crise du commerce. 

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Pendant les récessions mondiales précédentes (1975, 1982, 1991, et 2001), l’élasticité estimée par 

Freund est même supérieure. Cependant, cet effet d’amplification joue à la baisse comme à la 

hausse et le regain de croissance du commerce au sortir de la récession est aussi très fort.  

Cette analyse est intéressante mais ne nous éclaire que partiellement sur les mécanismes à l’oeuvre. 

Pour aller plus loin, il peut être utile d’analyser un cas spécifique, celui des pays africains et la 

manière dont leurs exportations ont réagi à cette crise ainsi qu’aux crises financières passées. Ce cas 

est intéressant à plusieurs égards, tout d’abord, car si une caractéristique de cette crise est son 

caractère à peut près mondial, elle peut être particulièrement douloureuse pour les pays qui étaient 

déjà les plus pauvres avant qu’elle ne se déclenche. De plus, les pays africains, très souvent 

hyperspécialisés dans l’exportation d’un nombre très réduit de biens (souvent des biens primaires), 

ont pour la plupart un taux d’ouverture important, et donc une sensibilité aux chocs internationaux 

particulièrement forte.  

Le cas des pays africains 

L’effondrement du commerce mondial a été la porte d’entrée de la crise financière pour de 

nombreux pays. C’est particulièrement le cas des pays Africains. Au début de la crise financière, le 

faible développement financier et la faible intégration des économies africaines aux circuits 

financiers internationaux avait pu faire espérer que les économies africaines seraient relativement 

peu touchées par la crise financière. De fait, les banques africaines n’avaient pas investi dans les 

subprimes et autres produits financiers exotiques et les gouvernements africains n’ont pas eu besoin 

de renflouer leurs systèmes financiers. L’effet direct de la crise financière a donc été quasi‐nul pour 

les pays africains protégés par leur faible développement financier. Mais celui‐ci a pu jouer un rôle 

amplificateur via l’effet du commerce international sur l’Afrique. Un papier récent de Berman et 

Martin (2009) suggère que les exportations africaines sont particulièrement vulnérables aux crises 

financières frappant leurs partenaires commerciaux.  Une indication de cette vulnérabilité est la 

chute plus forte des exportations africaines vers les Etats‐Unis. La figure 4 montre le total des 

exportations vers les Etats Unis ainsi que celles de l’Afrique  sub‐saharienne et de l’Amérique latine. 

Septembre 2008 (la faillite de Lehman) a été choisi comme base 100. Les exportations africaines ont 

clairement été plus touchées. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Figure 4 : Exportations de différentes zones vers les Etats‐Unis 

 

Exportations vers les Etats-Unis : Septembre 08 à Juillet 09(Source: USITC)

40

60

80

100

120

SEP OCT NOV DEC JAN FEB MAR APR MAY JUN JUL

monde

Afrique sub‐saharienne

Amérique latine

 

Source : Berman et Martin (2009) 

 

Il ne s’agit pas seulement d’une baisse liée à la chute des prix des matières premières (qui est de 

toute façon intervenue avant septembre 2008, les prix se stabilisant en décembre 2008). Si on 

distingue les exportations manufacturières et les exportations de biens primaires, ce sont les 

premières qui, dans le cas des exportations africaines aux Etats‐Unis, ont été les plus touchées par la 

crise.  

Deux mécanismes sont à l’œuvre. L’un, qui a déjà été évoqué, est l’effet revenu. L’autre mécanisme 

vient du fait que pour une baisse donnée du revenu et de la consommation, les coûts de transaction 

du commerce international augmentent lors d’une crise financière.  

En renforçant les contraintes de crédit, une crise bancaire, peut affecter les flux commerciaux. Le cas 

des lettres de crédit est souvent donné en exemple. L’importateur utilise une lettre de crédit émise 

par sa banque comme un moyen d’assurer l’exportateur que celui‐ci sera payé. Si l’exportateur 

soumet les documents requis (factures commerciales, le connaissement maritime ou bill of Lading en 

anglais, dans le cas de transport maritime..) à sa banque (appelée la confirming bank), le paiement 

peut être versé à l’exportateur. Le bon fonctionnement de ce système requiert la confiance et la 

liquidité à toutes les étapes de la chaine. Si par exemple la banque émettrice a des fonds insuffisants 

pour garantir un crédit à l’importateur, celui‐ci peut apparaitre financièrement peu fiable. De même, 

la banque de l’exportateur peut avoir des doutes sur la liquidité de la banque de l’importateur. Le 

rôle précis du crédit commercial dans l’effondrement du commerce dans la crise présente est en fait 

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une question assez controversée sur laquelle peu d’évidence empirique existe1. L’organisation 

mondiale du commerce (contrairement à d’autres institutions internationales) a mis en avant cet 

aspect de la crise pour expliquer la chute du commerce (voir Auboin, 2009). Elle se base sur le fait 

que pendant la crise les taux d’intérêt sur les lettres de crédit ont très fortement augmenté en 

particulier pour celles émises par des pays en voie de développement alors même que ceux‐ci 

n’étaient pas au cœur de la tourmente. Cette augmentation du coût des lettres de crédit a été 

confirmée par le FMI (2009) sur la base d’une enquête auprès des banques. Cette enquète suggère 

aussi que le commerce intra‐régional entre pays industrialisés a été peu affecté par cette 

augmentation du coût du crédit commercial. La Banque Africaine de Développement (2009) note que 

« paradoxalement, alors même que les banques commerciales africaines sont prêtes à offrir un 

financement pour les opérations commerciales, elles ne peuvent le faire car la crise financière 

mondiale a forcé nombre de banques travaillant avec les exportateurs (confirming banks) à retirer 

leur crédit du marché. »  L’augmentation du coût du crédit commercial a pu avoir un effet 

disproportionné sur les exportateurs de produits à faible marge très sensibles à toute augmentation 

de coût du commerce.  

L’effet de la crise financière actuelle sur les importations américaines:  

En utilisant les données mensuelles des importations bilatérales sur la période Janvier 2005 à Juillet 

2009 et en contrôlant par un indice mensuel de la production industrielle, par les variations 

mensuelles de taux de change bilatéral ainsi qu’un effet saisonnier, Berman et Martin (2009) 

obtiennent les conclusions suivantes : 

‐ La baisse des importations américaines pendant la crise financière peut s’expliquer par ces 

déterminants (production industrielle, taux de change bilatéral et effet saisonnier). Il n’existe 

pas d’effet additionnel de la crise financière.  Ce résultat est cohérent avec ceux de Eaton et 

al. (2009).  

‐ Cependant, ce n’est pas le cas des exportations africaines vers les Etats‐Unis. Leur chute à 

partir de la faillite de Lehman ne peut pas être entièrement expliquée par ces déterminants. 

Il existe, dans le cas africain, un effet additionnel.     

Les crises financières passées permettent aussi d’analyser la vulnérabilité des exportations africaines 

à la crise actuelle. Une première possibilité est que l’effet revenu est plus important pour les 

exportateurs africains parce que les exportations africaines sont plus sensibles au cycle du pays 

partenaire commercial. Ce n’est pas ce qui ressort au premier abord du travail de Berman et Martin 

(2009) : l’élasticité des exportations africaines au revenu du pays de destination, n’est pas différent 

des autres régions. Cette élasticité est un peu au dessus de l’unité, c’est‐à‐dire e pourcentage 

d’augmentation des exportations africaines vers une destination lorsque le PIB de cette destination 

augmente de 1% est un peu au dessus de 1%. Cependant, la crise financière a eu un effet très 

fortement négatif sur le revenu et il se peu que l’effet sur les importations ne soit pas linéaire. De 

fait, une récession (définie comme une croissance négative du PIB sur l’année) dans le pays 

partenaire a un effet beaucoup plus négatif sur les exportations d’un pays africain vers le pays en 

récession que sur les exportations des autres pays vers ce même pays. Les exportations africaines 

sont donc plus vulnérables aux forts chocs négatifs des pays vers lesquels ils exportent. Le 

                                                            1 Certaines contributions récentes ont permis d’identifier une chute plus forte pour les secteurs qui dépendent fortement du financement externe à l’entreprise. Nous décrivons ces résultats plus loin dans ce chapitre. 

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mécanisme de contagion d’une récession via le commerce international est donc plus puissant dans 

leur cas.  

Berman et Martin (2009) quantifient ensuite l’effet de destruction de commerce due à une crise 

financière qui ne passe pas par l’effet revenu. Pour cela, ils utilisent une méthodologie aujourd’hui 

bien connue dans la littérature empirique du commerce international, celle des équations de gravité. 

Le point de départ de cette méthodologie est que le niveau de commerce entre deux pays est très 

bien prédit par quelques déterminants : le niveau de PIB des deux partenaires (qui mesurent l’offre 

de l’exportateur et la demande de l’importateur) affecte positivement le commerce bilatéral alors 

que la distance entre les deux pays a un impact négatif parce qu’elle augmente les coûts de 

commerce via les coûts de transport. D’autres déterminants commerciaux (l’appartenance à un 

accord commercial) ou culturels (langue commune, histoire…) jouent aussi un rôle. A partir de ces 

équations de gravité, on peut déterminer le niveau de commerce « naturel » entre deux pays c’est‐à‐

dire celui prédit par ces différents déterminants. On peut alors se poser la question suivante : de 

combien le commerce observé entre deux pays dévie du commerce « naturel » lorsque l’un des deux 

pays est touché par une crise financière. L’analyse empirique de Berman et Martin (2009) montre 

que cette « déviation » est non négligeable et durable. Rappelons que la baisse du commerce ainsi 

estimée est celle due à d’autres mécanismes que l’effet de baisse du revenu de l’importateur puisque  

celui‐ci est pris en compte dans le commerce « naturel ». La figure 5 montre cette déviation pour 

l’ensemble des pays2 : l’année de la crise financière (l’année 0 sur le graphe), les exportations 

chutent d’environ 5% vers le pays en crise par rapport aux exportations « normales ». Il s’agit de 

l’effet de « destruction » de commerce qui s’ajoute donc à l’effet de revenu déjà discuté. L’effet est 

durable puisqu’il existe encore sept ans après la crise. Il n’est pas négligeable mais reste relativement 

limité. 

 

 

 

 

                                                            2  Les pointillés autour de la courbe estimée représentent les intervalles de confiance à 5%. 

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Figure 5: exportation vers un pays en crise financière 

 

Source: Berman et Martin (2009) 

 

Ce n’est pas le cas lorsqu’on considère les exportations africaines vers un pays en crise financière 

comme le montre la figure 6  aussi tiré de Berman et Martin (2009). 

 

Figure 6: exportation vers un pays en crise financière 

 

Source: Berman et Martin (2009) 

 

La destruction de commerce due à la crise est beaucoup plus forte l’année de la crise (environ moins 

35%) et ce n’est que sept ans après la crise que cet effet disparait.  Cette vulnérabilité particulière 

des exportateurs africains ne vient pas seulement de la spécialisation des pays africains dans les 

produits primaires.  Berman et Martin (2009) montrent que l’effet est un peu plus fortement négatif 

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pour les exportations de produits primaires que pour les produits manufacturés mais cette différence 

n’est pas très marquée.  

D’où vient cette vulnérabilité particulière? Une explication possible et déjà mentionnée est que les 

exportations africaines sont des exportations à faible marge (biens primaires et biens manufacturés 

avec une faible valeur ajoutée sur des marchés fortement concurrentiels). Dans ce cas, une 

augmentation des coûts du commerce peut rendre certaines exportations non profitables et obliger 

certains exportateurs à sortir du marché. Cette hypothèse très plausible n’a pas pour le moment été 

testée. 

Une autre explication est que les pays africains sont particulièrement vulnérables à un resserrement 

des conditions de crédit du fait d’une plus grande dépendance au crédit commercial. Ce dernier point 

est important : les exportateurs africains ont plus souvent recours aux opérations de crédit 

commercial que la moyenne. En moyenne dans le monde, le ratio crédit commercial sur exportations 

d’un pays est environ de 60%. Pour les pays africains, ce ratio est de 95% indiquant une forte 

dépendance au crédit commercial et donc à son possible dérèglement pendant une crise financière. 

Le rôle de cette dépendance au crédit commercial est suggéré par le travail de Berman et Martin 

puisqu’ils montrent que plus un pays est dépendent du crédit commercial, plus l’effet de destruction 

des exportations vers un pays en crise financière est fort. L’impact du faible développement financier 

africain est aussi marqué puisque les pays avec un faible développement financier voient leurs 

exportations vers les pays en crise financière plus fortement chuter. Une interprétation est que les 

exportateurs africains peuvent plus difficilement se retourner vers leur propre système financier en 

cas de crise financière (et donc de dérèglement des mécanismes de crédit) dans le pays vers lequel ils 

exportent. De ce point le faible développement financier africain n’a probablement pas, tout au 

contraire, atténué l’effet négatif de la crise financière. 

 

La peur du retour protectionniste semble (pour l’instant) exagérée. 

 

La crainte que l’effondrement du commerce ne résulte d’une résurgence du protectionnisme au 

niveau mondial est sans aucun doute ce qui constitue la motivation la plus importante des 

économistes, mais aussi des gouvernements pour tenter d’expliquer ce qui se passe. L’ensemble des 

acteurs a conscience que le risque d’une spirale de contraction des échanges qui aggraverait et 

prolongerait la crise n’est pas nul. Même si un scénario du type années 30 avec une escalade des 

barrières tarifaires semble impossible aujourd’hui (c’est sans doute là l’un des rares consensus 

mondiaux en ce qui concerne les questions d’ouverture internationale), des répliques plus 

sophistiquées sont possibles. Au fur et à mesure du mouvement de libéralisation multilatérale des 

échanges sur les 60 dernières années, les états ont appris à élaborer des mesures plus subtiles de 

protection de leurs économies, au travers de droits anti‐dumping, de mesures de sauvegarde 

(d’ailleurs autorisés sous certaines conditions par l’OMC) ou encore de mesures nationales comme 

les primes à la casse automobile qui peuvent se révéler protectionnistes de manière plus ou moins 

directe. Les instruments sont donc là, peut être même plus dangereux qu’avant puisque faisant appel 

à une expertise administrative importante, et donc plus difficiles à détecter et plus inégalitaires, les 

pays pauvres étant désavantagés sur ce terrain.  

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Comment mesurer si le protectionnisme est l’un des facteurs dans l’effondrement du commerce ? 

Deux méthodes sont possibles : l’une consiste à tenter de recenser les mesures au fur et à mesure de 

leur mise en place. Au vu de la sophistication mentionnée des nouveaux modes du protectionnisme 

qui peuvent porter sur des milliers de produits pour chacun des états‐membres, même l’OMC 

reconnaît la difficulté de la tache. En fait, ce travail de collecte de l’information est tellement 

complexe, qu’une initiative récente soutenue entre autres par la banque mondiale fait appel aux 

déclarations volontaires sur internet (http://www.globaltradealert.org/) en temps réel. Ce type 

d’analyse permet de remettre en perspective les engagements des états du G20 de ne pas prendre 

de mesures de protection pour répondre à la crise. Très souvent, ces promesses sont assez 

franchement contredites par les faits, comme on peut le voir dans le tableau 1 

 

Tableau 1 : Mesures protectionnistes récemment détectées 

 

Source : http://www.globaltradealert.org/sites/default/files/Broken_promises_GTA_second_report.pdf 

 

Mais aussi intéressantes que peuvent être ces informations, elles sont nécessairement incomplètes 

et surtout elles ne traduisent pas ce qui nous importe in fine, à savoir l’impact des mesures sur les 

flux. Idéalement, l’impact du protectionnisme ne peut être mesuré qu’en combinant deux types 

d’information : une mesure complète des barrières érigées et une mesure de la sensibilité du 

commerce à ces barrières3. La construction devient alors encore plus complexe, puisque cette 

sensibilité est elle aussi très difficile à mesurer. 

 

                                                            3 L’impact sur la valeur du flux commercial dans la plupart des modèles de commerce combine donc un équivalent ad valorem de l’ensemble des changements de barrières au commerce avec l’élasticité prix de la demande (qu’elle soit finale ou intermédiaire). 

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Une deuxième approche devient alors préférable et cherche à détecter le protectionnisme au travers 

de son impact sur les flux commerciaux. Eaton et al. (2009) ont récemment  utilisé l’indice de Head et 

Ries (2001) pour mesurer la part des frictions au commerce dans l’effondrement récent des 

échanges. Cet indice part de l’idée suivante : pour détecter l’impact d’une barrière aux échanges, il 

faut comparer les flux internationaux aux flux intra‐nationaux. En effet, toute augmentation de la 

difficulté à importer doit se traduire par une redirection de la demande en faveur des producteurs 

domestiques. En revanche, si l’effet de la crise est simplement de réduire la demande agrégée du 

pays, cela doit affecter toutes les importations bilatérales dans les mêmes proportions, y compris les 

ventes locales, et dès lors le ratio imports sur flux internes devrait rester inchangé. Pour prendre un 

exemple, si les Etats‐Unis subissent une baisse de la demande agrégée de 10 %, la demande de biens 

fabriqués en France devraient baisser d’environ 10%,4 mais il en est de même en ce qui concerne la 

demande adressée aux producteurs américains. Ce premier rapport neutralise donc l’effet de la 

chute de la demande du pays importateur. Il existe néanmoins une autre source de variation des 

importations relatives : plus un pays exportateur a une part mondiale de la production importante, 

plus les Etats‐Unis auront tendance à importer de ce pays. Il faut donc neutraliser cet effet, ce qui est 

fait en utilisant un deuxième ratio, cette fois ci des exportations américaines  en provenance de la 

France divisé au commerce interne de la France. On obtient alors une mesure « pure » des frictions 

au commerce entre la France et les Etats‐Unis, exercice que l’on peut répliquer pour obtenir une 

matrice de coûts aux commerces bilatéraux, dont on peut évaluer l’évolution au cours du temps, et 

en particulier lors de la crise récente.  

 

Les résultats montrent que les craintes liées à une résurgence du protectionnisme semblent pour 

l’instant largement exagérées. Même si le commerce a chuté fortement, il semble que pour la 

plupart des pays, la baisse des échanges soit très bien expliquée par l’évolution de la demande 

domestique et par celle de la production des pays partenaires. Au contraire de l’évolution des 

échanges en valeur absolue, ou en pourcentage du PIB, l’indice des barrières aux échanges ne 

montre quasiment aucune rupture de trend au cours de la crise de 2008‐2009, pour presque tous les 

pays. Pour reprendre l’exemple des USA, la figure 7 reprend les données de commerce et les 

confrontent à l’indice de Head et Ries estimé sur données mensuelles par Eaton et al. (2009). Si les 

barrières aux échanges fournissaient une explication à l’évolution de l’effondrement du commerce, 

l’indice de Head et Ries devrait connaître un décrochement  brutal en fin de période,  ce qui n’est pas 

le cas.  

  

 

 

 

 

                                                            4 La quasi‐intégralité des modèles théoriques de commerce international prédit une élasticité revenu unitaire, résultat confirmé par ces centaines d’estimations empiriques.  

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Figure 7 : Commerce et indice de Head et Ries pour les Etats‐Unis, 1995‐2009 

25

45

65

85

105

125

145

165

18519

95

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

md

s U

SD

Exports

Imports

 

 

 

Source : US Census Bureau et Eaton et al. (2009)  

 

 

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Le trade collapse vu du coté des entreprises.  

 

Une équipe française de chercheurs a très récemment tenté de décortiquer l’effondrement du 

commerce en utilisant les données de commerce très détaillées fournies par les douanes. L’intérêt 

est de pouvoir dire des choses plus précises sur les causes de l’effondrement. Par exemple, une crise 

mondiale comme celle que nous vivons affecte‐t‐elle plus particulièrement les petites entreprises ou 

les grands groupes mondialisés ? Est‐ce que les difficultés d’accès au crédit sont importantes dans le 

canal d’ajustement des exportations à une crise de cette ampleur ? Les auteurs utilisent les données 

mensuelles concernant l’activité des exportateurs français pour formuler des réponses à ces 

questions.  

 

Le premier constat est que le nombre d’exportateur a subi une baisse importante. Si l’on observe une 

baisse tendancielle du nombre de firmes exportatrices en France depuis le début la décennie, cette 

baisse d’accélère avec la crise. Entre octobre 2008 et avril 2009, environ 3800 firmes ont cessé 

d’exporter ce qui correspond à 7% du nombre mensuel moyen de firmes exportatrices sur les dix 

dernières années. En ce qui concerne les montants exportés, les facteurs les plus importants 

semblent être l’orientation géographique et sectorielle des exportations, plus que la taille des 

entreprises. Une fois neutralisés l’effet de la spécialisation sectorielle et géographique, toutes les 

firmes semblent atteintes dans des proportions similaires, quelque soit leur taille : en avril 2009, les 

firmes les plus petites comme les groupes les plus globalisés accusent une chute de leurs ventes à 

l’étranger de l’ordre de 30% par rapport à avril 2008. Il semble donc que l’accès plus facile au crédit 

au sein des grands groupes très ouverts au commerce international ne les protègent que 

marginalement des effets de cette crise. Par conséquent, lorsque l’on cherche à séparer l’effet total 

entre « marge extensive » (le nombre d’exportateurs) et « marge intensive » (valeur exportée 

moyenne), c’est cette dernière qui explique 80% de la baisse totale des flux pendant les premiers 

mois de la crise. La figure suivante montre bien que le décrochage le plus important se situe sur le 

plan des valeurs exportées par les entreprises en moyenne plutôt que sur leur nombre.  

 

 

 

 

 

 

 

 

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Figure 8 : nombre d’exportateurs et exportations totales en France depuis Janvier 2000 

 

Source : Bricongne et al. (2009) 

 

Lorsque l’on se concentre sur la marge extensive, c’est‐à‐dire les entrées et sorties de l’activité 

internationale, on constate que les entreprises ont suivi une stratégie de repli. Elles préfèrent se 

concentrer sur leur cœur de métier, en réduisant à la fois le nombre de produits exportés et le 

nombre de destinations. Les firmes les plus diversifiées « réduisent donc la voilure », et sont 

logiquement plus susceptibles de survivre que les firmes qui n’exportaient qu’un produit sur un 

nombre réduit de marchés. Le taux d’entrée reste remarquablement stable sur la période, ce qui 

traduit certainement que la décision de devenir exportateur est une stratégie de long terme, peu 

affectée par les fluctuations conjoncturelles, même lorsque celles‐ci ont une ampleur importante. En 

revanche, les grandes lignes de démarcation semblent suivre le type de produit exporté. Ce sont les 

exportateurs d’automobiles, de biens d’équipement et de biens intermédiaires qui subissent  les 

baisses les plus massives.  

 

Les données disponibles permettent également de dépasser l’analyse descriptive et d’étudier 

l’impact des contraintes financières. Utilisant une méthode maintenant classique inspirée de Rajan et 

Zingales (1998), Bricongne et al. (2009) cherchent à identifier si les firmes ayant le plus recours à des 

financements externes sont les plus vulnérables.5 Ils calculent un taux de dépendance au 

                                                            5 L’hypothèse identificatrice de cette stratégie empirique est que la dépendance aux financements externes dépend principalement des caractéristiques technologiques des différents secteurs. Les différences de technologies sectorielles étant extrêmement stables dans le temps, il est peu probable que les entreprises puissent réajuster leur dépendance financière en période de crise.   

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financement externe pour chaque secteur en France sur la période récente. Un premier constat est 

que, en période « normale » les firmes appartenant à ces secteurs ont plutôt tendance à connaître 

une croissance de leurs exportations supérieure aux autres entreprises. Mais lorsque la crise 

financière survient, cet avantage s’inverse, et ces entreprises subissent une contraction plus 

importante que les autres, et cela indépendamment de la taille. Iacovone et Zavacka (2009) utilisent 

une méthode très similaire mais sur des données au niveau sectoriel pour un ensemble large de pays 

qui ont subi ou non une crise bancaire entre 1980 et 2006. Ils trouvent eux aussi, que la dépendance 

aux financements externes a un effet négatif important sur le commerce en temps de crise. 

Levchenko et al. (2009) trouvent également une baisse de commerce américain plus importante pour 

les secteurs qui utilisent intensément le crédit commercial lors de la  crise de 2008‐2009, mais l’effet 

est moins fort, peut être en raison du caractère plus agrégé des données utilisées.  

 

Enfin, les auteurs poursuivent pour tester l’idée de la spécialisation verticale comme source de 

réaction forte du commerce à la crise. Toujours au niveau sectoriel, on peut définir un degré de 

spécialisation verticale, définit comme la part des consommations intermédiaires importées dans la 

valeur totale de la production du secteur. Encore une fois, en interagissant cette variable avec une 

variable indicatrice du déclenchement de la crise, on peut capter un effet décuplé pour les 

entreprises de ce secteur. En temps normal, la spécialisation verticale est un facteur accélérateur de 

la croissance des exportations, mais l’impact négatif de la crise est beaucoup plus fort pour ces 

secteurs. Il semble donc bien que la spécialisation verticale ait joué un rôle important dans 

l’ajustement des entreprises en termes de commerce international. Ce résultat est confirmé par un 

certain nombre de chercheurs ayant travaillé sur le commerce des Etats‐Unis au cours de la crise. 

Levchenko et al. (2009) cherchent à expliquer la chute des importations et exportations américaines 

dans les différents secteurs en construisant une variable d’intensité d’utilisation du bien en question 

en tant que bien intermédiaire.  

 

Conclusion  

 

La crise actuelle est la première crise de la mondialisation et l’effondrement du commerce en est une 

des symptômes les plus frappants. Le commerce est ainsi un formidable moyen de contagion de la 

crise. On l’a vu dans le cas des pays africains qui, contrairement aux pays européens, n’ont pas été 

frappés par l’effet direct de la crise ni par un effet de contagion financière mais l’ont été 

essentiellement via la chute de leurs exportations. Si l’intégration commerciale a été un formidable 

vecteur de contagion de la crise, peut‐elle être aussi un vecteur d’amplification de la reprise ? L’effet 

de contagion est il symétrique ?  La réponse dépend des causes de cet effondrement. Si 

l’effondrement est en partie causé par une montée du protectionnisme, alors le commerce perdra en 

sortie de crise une partie de son rôle d’amplificateur de la reprise. La raison, et la crise des années 

1930 qui a déclenché une montée du protectionnisme, l’a bien montré, est qu’il est lent et difficile de 

démonter les mesures protectionnistes sont très une fois mises en place. Notre interprétation des 

travaux récents est que la crise n’a pas généré une forte montée du protectionnisme. L’effet 

Page 17: L’effondrement du commerce dans la crise mondiale de 2008 ...econ.sciences-po.fr/sites/default/files/file/t... · commerce international, d’habitude plus intéressés par les

amplificateur devrait donc jouer un rôle positif en sortie de crise. Il reste que cette crise a révélé à 

quel point le commerce international était un facteur d’amplification du cycle au niveau mondial.  

 

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