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Aparna Rao Des Nomades méconnus Pour une typologie des communautés péripatétiques In: L'Homme, 1985, tome 25 n°95. pp. 97-120. Citer ce document / Cite this document : Rao Aparna. Des Nomades méconnus Pour une typologie des communautés péripatétiques. In: L'Homme, 1985, tome 25 n°95. pp. 97-120. doi : 10.3406/hom.1985.368592 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1985_num_25_95_368592

Des Nomades méconnus: Pour une typologie des communautés péripatétiques

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Aparna Rao, L'Homme, 1985, tome 25 n°95. pp. 97-120.

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Aparna Rao

Des Nomades méconnus Pour une typologie des communautéspéripatétiquesIn: L'Homme, 1985, tome 25 n°95. pp. 97-120.

Citer ce document / Cite this document :

Rao Aparna. Des Nomades méconnus Pour une typologie des communautés péripatétiques. In: L'Homme, 1985, tome 25 n°95.pp. 97-120.

doi : 10.3406/hom.1985.368592

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1985_num_25_95_368592

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Aparna Rao

Des Nomades méconnus

Pour une typologie des communautés péripatétiques

Aparna Rao, Des Nomades méconnus. Pour une typologie des communautés péripatétiques. — L'anthropologie des populations nomades s'est concentrée sur l'étude des pasteurs et des chasseurs-cueilleurs, ignorant largement les centaines de communautés endogames non productrices de nourriture, que l'on rencontre dans le monde entier et qui vivent de la vente de leurs biens et services. Indépendamment de leur identité ethnique et linguistique et de leur organisation sociale, ces communautés ont été souvent rangées au hasard dans la catégorie des « Tsiganes », des « vagabonds », des « tribus criminelles » ou des « parasites », ce qui est source de confusion, aussi bien terminologique que théorique. Cet article s'efforce d'y remédier en proposant une vue d'ensemble de ces communautés dont la stratégie économique essentielle consiste à migrer d'un groupe de clients à un autre.

Il nous faut d'abord mettre de l'ordre dans les mots eux-mêmes et bien définir [...] Décider du mot, c'est un peu décider de la méthode d'analyse [...] Décider du mot, c'est en outre établir la frontière...

Guy-H. Allard (1975 • *7)

Les récits de voyage et la plupart des monographies sur les sociétés tant pastorales que paysannes mentionnent l'existence fréquente — de nos jours et dans un passé plus ou moins récent — de groupes itinérants endogames. Briggs (i960 : 70) note qu'ils se rencontrent partout dans le monde islamique ; Musil (1928 : 125) les a observés chez les Bédouins Rwala ; Spooner (1972 : 124) signale leur présence au Baloutchistan et Vainshtein (1980 : 220-221) en Asie centrale. Mais peu ont fait l'objet d'études systématiques, à l'exception de certains groupes tsiganes, des Travellers d'Irlande (Gmelch 1977), des Gaduliya Lohar (Ruhela 1968 ; Misra 1975),

L'Homme 95, juil.-sept. 1985, XXV (3), pp. 97-120.

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des Nandiwalla d'Inde (Hayden & Malhotra 1977), des Qalandar du Pakistan (Berland 1982), des Ghorbat d'Afghanistan (Olesen 1977 ; Rao 1979, 1981, 1982a) et des forgerons Enaden au service des Touareg. Selon Arnold (1980 : 11) et Piasere (1980 : 3), l'activité de ces communautés, qui ne pratiquent ni l'élevage ni l'agriculture, serait une sorte de cueillette. En réalité, à la différence des chasseurs-cueilleurs, ces gens n'ont pas le contrôle des ressources alimentaires qui leur sont nécessaires et qu'ils obtiennent de tiers auxquels ils proposent en échange biens et services.

I. PROBLEMES DE TERMINOLOGIE

Au cours des derniers siècles, les autorités administratives, les voyageurs et les ethnologues ont désigné ces groupes sous le nom de « Tsiganes » ou de « vagabonds » ; en Inde britannique, on a même parlé de « tribus criminelles ».

Les Tsiganes et les gens du voyage

En Europe, ces communautés se sont rarement identifiées aux Tsiganes et n'ont jamais été acceptées comme tels par ceux-ci. Même de nos jours, l'interaction sociale entre elles et les divers groupes tsiganes est limitée et problématique (Rehfisch 1961 : 121 ; Kenrick 1977 : 23 ; Vaux de Foletier 1981 : 21 ; Lerch 1981, etc.). Au Moyen-Orient, en Asie du Sud, en Asie centrale et en Afrique du Nord, elles sont, bien souvent aussi, classées comme « Tsiganes » ou du « genre tsigane » en raison de leur nomadisme, de leurs langues (différentes pourtant du romanes), de leurs professions traditionnelles et, peut-être avant tout, de leur marginalité. La présence dans ces langues d'un grand nombre de termes dont on connaît mal la signification (Rao 1982b, 1983, 1985), et dont la littérature ne fournit que quelques références éparses, complique encore le problème. La compilation de glossaires a permis de repérer quelques mots qui, à première vue, semblaient proches du romanes. Les professions qu'exercent ces communautés sont sans doute analogues à celles qui étaient et sont encore en partie attribuées aux Tsiganes d'Europe, et certains auteurs prêtent aux unes comme aux autres des comportements communs — rapt d'enfants, vol de chevaux, port de vêtements bariolés — sans trop se soucier de leur réalité et de leur généralité. Mais cet amalgame ne repose sur aucune base scientifique.

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Errance et vagabondage

Tous ces groupes mobiles non producteurs de denrées alimentaires ont été taxés fort souvent de vagabondage, et la législation de nombreux pays leur a été hostile, en Europe et ailleurs. En Anatolie par exemple, à partir de la fin du xve siècle, le terme aptal (ou abdal) désignait aussi bien les individus errants que les Tsiganes (G. Lewis 1950-1955 : 222), et à la fin du xixe siècle en Inde du Nord, « la plus basse couche de la société » était composée de « tribus errantes, criminelles et tsiganes » (Ibbetson 1974 : 3O)-

La définition juridique du vagabondage a connu des variantes, mais toutes retiennent trois caractéristiques. La première est ce que Mauro (1972 : 134-135) appelle la « mobilité professionnelle non rythmée » ; il s'agit d'un mode de déplacement irrégulier, indépendant des facteurs économiques, culturels ou saisonniers. En fait, toutes les données empiriques disponibles sur l'économie et les schémas de nomadisation révèlent une mobilité régulière — souvent saisonnière — et en tout cas étroitement liée à des paramètres fixes. La seconde est l'absence de lieu où s'établir, de domicile au sens large du terme. A nouveau, un examen même superficiel montre que ces populations possèdent « un endroit pour dormir » : tentes, wagons, charrettes, caravanes, cabanes ou encore maisons, dans le cas où seule une partie de la famille se déplace. Enfin, les vagabonds n'ont pas d'occupations précises, pas de ressources bien définies. Or, les nomades dont nous parlons exercent au moins une profession, parfois plusieurs (éventuellement liées aux catégories de sexe), plus ou moins spécialisées. En outre, dans quelque région que ce soit, les vagabonds ignorent évidemment l'endogamie caractéristique des communautés dont il est question ici.

Les « tribus criminelles »

Si, dans l'Inde britannique et même pré-britannique, les administrations centrales et régionales qualifiaient ainsi les groupes itinérants, c'est qu'elles considéraient comme criminel tout refus de reconnaître la loi et l'ordre qu'elles avaient établis (Kosambi 1977 : 15). Tout défi lancé contre le système politique dominant était un « crime », alors que les « délits » s'expliquaient souvent par le dénuement et la famine. De nos jours encore, bien que le Criminal Tribes Act ait été depuis longtemps révoqué, survivent en Inde des stigmates de ce passé.

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II. LES COMMUNAUTÉS PÉRIPATÉTIQUES

Quelques auteurs (Weissleder 1978 : xvn ; Rao 1982b) ont tenté d'établir une nouvelle terminologie. Posant la question du bien-fondé d'un classement de ces communautés parmi les nomades pasteurs, Leshnik (1975 : xv) a suggéré de réserver le terme « nomade » aux pasteurs nomades et de désigner les communautés mobiles ne se consacrant pas à la production alimentaire par le terme wanderers ; de même, en français, il est courant de parler des « gens de voyage », mais les deux qualificatifs manquent de précision. Luiz (1961 : 299) avait distingué itinérants commerçants, artisans et non-artisans, abondant ainsi dans le sens de Baines (1912 : 105). Misra (1978) a avancé non-ecological nomads, par opposition aux nomades pasteurs qui sont plus directement dépendants de facteurs écologiques. L'expression service nomads lancée par Hayden (1979) fait référence à un échange de services contre paiement en espèces ou en nature, mais elle ne rend pas compte des cas où des biens sont vendus. Enfin, Berland (1978, 1979) et avant lui Srinivas (1969 : 10) et Rosander (1976 : 151) ont proposé peripatetics, et nous les suivrons.

On reconnaît ces péripatétiques à trois caractères :

1. Leur mobilité spatiale régulière relève essentiellement d'une stratégie économique et une partie au moins de la famille se déplace pendant quelques mois de l'année.

2. Même si certaines de ces communautés possèdent des troupeaux comme, par exemple, les Humli Khyampa du Népal (Rauber 1980) et certains groupes iraniens (Ivanow 1920 : 282), ou un petit terrain comme les Hussaini Brahman du Nord de l'Inde, même si elles s'adonnent à quelque activité de chasse et de cueillette comme les Ras Phase Pardhi de l'Ouest de l'Inde (Kosambi 1967 : 107), elles tirent leur subsistance primaire de la vente de biens et services, et dépendent d'une clientèle disposant d'un certain pouvoir d'achat.

3. Il s'agit de groupes endogames, ce qui les distingue des voyageurs de commerce, des colporteurs et des camelots dont le choix de la profession est indépendant de l'appartenance à un groupe.

L'expression « communautés péripatétiques » peut s'appliquer à toutes les communautés endogames itinérantes dont les activités essentielles ne consistent pas à produire des denrées alimentaires, et qui vivent principalement de la vente de biens et de services à des individus ou groupes humains que nous désignerons désormais comme leur « clientèle ».

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De même qu'il existe des Tsiganes péripatétiques et d'autres qui ne le sont pas, on rencontre des groupes endogames d'artisans dont certains sont péripatétiques et d'autres non. Les communautés péripatétiques peuvent ainsi être placées dans la même catégorie que certains Tsiganes, non pas selon des critères ethniques ou linguistiques mais en fonction de stratégies de subsistance.

III. STATUT SOCIAL

Examinons maintenant quelques traits qui, sans être communs à toutes les communautés péripatétiques, concernent le plus grand nombre d'entre elles.

Marginalité sociale et activités méprisées

Dans certaines sociétés, une corrélation existe entre marginalité sociale et identité ethnique ; dans d'autres, c'est l'activité économique qui est cause de marginalité. Si l'identité ethnique détermine toutes les activités d'un groupe donné (Barth 1969 : 17), elle intègre l'identité professionnelle. Nous avons suggéré ailleurs (Rao 1982a) que la marginalité sociale peut être liée à la fois à l'origine présumée du groupe et à son identité actuelle, elle-même largement influencée par les activités professionnelles de ses membres. Ceux-ci et leurs clients sont souvent d'origine ethnique différente, mais ce n'est pas toujours le cas. On observe une tendance marquée à voir dans les péripatétiques des « étrangers », ce qui contribue à accentuer leur marginalité sociale.

De surcroît, il arrive que les idéologies morales ou religieuses de la clientèle l'induisent à mépriser certaines professions, même — ce qui est fréquent — si elles ont une importance considérable. Le travail du bois, par exemple, est moralement condamné dans les sociétés bouddhistes ; en Inde brahmanique, tous les métiers manuels étaient généralement considérés comme impurs et l'Islam dévalorisait catégoriquement les poseurs de ventouses, les musiciens professionnels, les artisans du cuir, les barbiers, etc. Diverses autres professions ont ainsi été réprouvées ou dédaignées à différentes époques dans diverses parties du monde.

La marginalité sociale peut aussi se traduire par des prescriptions et prohibitions de mariage. Les exemples sont nombreux de pasteurs nomades et de communautés sédentaires s'interdisant toute union avec les membres des communautés péripatétiques voisines. Bataillon (1963 : 30) cite le cas des Maures pasteurs qui obligèrent les forgerons à une stricte endogamie. Schlee (1970 : 215) fait état d'observations semblables

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à propos des Rendille. Au Nord-Est du Yémen (Dostal 1974 : 31), l'endo- gamie est imposée aux musiciens péripatétiques et les Kurdes refusent de se marier avec les Qeraci péripatétiques (Van Bruinessen 1978 : 140). En Iran, le mariage avec un Tsigane est considéré comme répugnant (English 1966 : 78).

On trouve également des prohibitions relatives à la commensalité. A Kerman en Iran, il est interdit aux Tsiganes de toucher à la nourriture ou à l'eau avant que les autres habitants de la ville ne se soient servis (English, ibid.; Ivanow 1914 : 443). Nous avons signalé une situation analogue en Afghanistan (Rao 1982a : 161). De tels interdits existent parmi les Bédouins, les Sluba n'étant pas même autorisés à prendre un récipient dont se sert un Bédouin pour manger ou boire (Al-Hilâlî 1940 : 109). Dans la péninsule arabe, on somme les Qawâwila de dresser leurs tentes hors du village ou de la ville (ibid.) et, dans l'ancienne Bokhara, les membres d'une communauté péripatétique n'avaient pas le droit d'entrer dans une ville ni de rester dans l'enceinte après le coucher du soleil (Ivanow 1920 : 283). Des restrictions au port d'armes affectent spécialement les groupes péripatétiques du Moyen-Orient (Coon 1955 : 30). Combinées avec le statut minoritaire de ces groupes dans leur environnement local, elles contribuent à accentuer leur accablante faiblesse politique. Dans les sociétés où ces mesures n'étaient pas en vigueur, des membres de communautés péripatétiques pouvaient se livrer au brigandage et à d'autres activités criminelles. Afin de survivre, certains se sont parfois tournés entièrement vers la délinquance, cessant peu à peu de faire partie de leur propre groupe (Hobsbawm 1972 : 38-39).

Statut rituel spécial

Toutefois, la marginalité sociale et politique n'exclut pas forcément un statut élevé dans le domaine des rites et du surnaturel, donc un certain pouvoir symbolique. Les Tsiganes dans l'Europe médiévale, les voleurs et bandits dans maintes parties du monde pratiquaient, croyait-on, la « magie noire ». Actuellement, les sédentaires prétendent que nombre de communautés péripatétiques s'adonnent encore à la sorcellerie, à la nécro- phagie, etc. En Scandinavie, on imputait autrefois aux colporteurs de grands pouvoirs surnaturels (Rosander 1976 : 158). Les forgerons et les rétameurs du Sahara étaient autant méprisés qu'ils inspiraient la peur (Briggs i960 : 71) ; il en était de même en Iran (Amanolahi 1978 : 15). Dans certaines régions d'Afghanistan, les sédentaires croient que les Jogi mangent des cadavres et pratiquent la magie noire (Rao 1982a : 31, 1985).

Ce statut rituel se trouve souvent renforcé par des mythes d'origine. Les communautés péripatétiques évoquent volontiers leurs liens de

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parenté ou autres avec un personnage historique ou légendaire, religieux ou laïc. Tandis que les légendes des Tsiganes font vaguement état de leur participation à la crucifixion du Christ, les ancêtres des Sulaib d'Arabie auraient combattu à Kerbela et déserté l'armée de Hussain (Pieper 1924 : 553). Les Midgan de Somalie se disent descendants de Dir, lignée la plus ancienne de Somalie (Goldsmith & Lewis 1958 : 189) ; les Ghorbat d'Afghanistan pensent être les descendants du roi sassanide Key Kayhan (Rao 1982a : 41 sq.) et les communautés péripatétiques du Fars en Iran revendiquent le prophète Mohammad comme ancêtre (Amanolahi 1978 : 15). Les Gaine du Népal (Helffer 1977 : 51) et les Ramosis de l'Inde occidentale (Schlagintweit 1884 : 72) affirment descendre les uns des Gan- dharva, les autres de Ramai Parfois, ces généalogies sont directement utilisées par le groupe péripatétique pour mettre en valeur son pouvoir rituel et son prestige, comme par exemple dans le Sud de l'Iran où des Tsiganes sont acceptés comme Seyyed (descendants du prophète Mohammad) dont ils arborent les insignes et pratiquent les rites (Amanolahi 1978 : 15).

Stratégies de survie

Minoritaires et méprisés, les péripatétiques doivent se protéger, notamment par le recours à un moyen de communication linguistique qui leur soit propre. Les Tsiganes d'Europe, d'Amérique et d'ailleurs, les Vangâ- wâlâ et les Shâdibâz d'Afghanistan usent de cette stratégie et ce phénomène est courant en Asie du Sud (Ryan 1953 ; Childers 1975 ; Kurian & Bhanu 1980 ; Berland 1982, etc.). Même quand une communauté péripatétique parle couramment les langues pratiquées par ses clients, ses membres ont tendance à utiliser entre eux un langage différent. Ce langage peut être un dialecte, comme par exemple le romanes anglais, le gammon des Travellers irlandais, le qâzulâgi des Ghorbat d'Afghanistan (Rao 1982a), le nûrî des Nawar arabes (Macalister 1909-1913 ; Littmann 1920) ou le môkki des Sarmashtârï du Baloutchistan (Bray 1911). Il peut s'agir aussi d'un jargon (en partie artificiel), comme le blesche de certains colporteurs péripatétiques au xvne siècle en France (Chartier 1979), Vâdurgari des Sheikh Mohammadi d'Afghanistan (Olesen 1977), le sïm des Ghagar égyptiens (Kremer 1863) qui parlent arabe entre eux mais passent au sïm quand un Arabe se trouve à proximité, ou encore le langage des Luti iraniens qui remplacent certaines voyelles ou consonnes par d'autres dans les mots persans, de sorte qu'ils ne sont pratiquement pas compris de leurs voisins.

Que le langage soit naturel ou artificiel, souvent le vocabulaire comprend un mélange de diverses langues. Le but visé est celui de toute

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langue secrète : ne pas être comprise de l'entourage. Ainsi, en Europe septentrionale, la langue des colporteurs comportait des mots romanes (Rosander 1976 : 156). De même, Digard (1978 : 46-47) a relevé en Iran, dans un groupe de forgerons péripatétiques, des mots qui présentent une parenté avec le romanes. En réalité, pour ce qui concerne le Moyen- Orient, ces langues sont généralement des dialectes locaux parlés par la majorité de la population dans les provinces ou les districts traversés par ces communautés, qui les « tsiganisent » par adjonction de suffixes, transposition de syllabes, etc. (Ivanow 1922 : 375). Ivanow (1927 : 243) a mis en évidence les ressemblances entre le jargon des derviches persans et celui des Tsiganes iraniens ; selon lui, ces ressemblances résulteraient du fait que les deux parlers ne sont que les modifications d'un troisième, celui des mendiants et des criminels.

Enfin, les communautés péripatétiques sont valorisées à leurs propres yeux par une religion ou une vision du monde particulières. Ainsi, dans certaines sociétés islamiques en majorité sunnites, les communautés péripatétiques sont chiites ; les conceptions strictes des Tsiganes en matière de pureté et d'impureté constituent un autre exemple de ce phénomène. De même que la langue, l'idéologie morale élève une barrière entre la communauté péripatétique et ses voisins et clients.

IV. RÔLE DES COMMUNAUTÉS PÉRIPATÉTIQUES DANS LES SOCIÉTÉS ENVIRONNANTES

Rares sont les études systématiques portant sur l'organisation économique des communautés péripatétiques et la place qu'elles occupent dans les relations structurelles entre les diverses communautés. Si l'on reprend la notion de « niche péripatétique » de Berland (1979), on peut considérer cette place comme invariable, quels que soient le groupe et son environnement ; par contre, pour Barth (1956 : 1079), la niche d'un groupe varie en fonction de l'environnement ainsi que des rapports de ce groupe avec ses ressources et ses concurrents. Si l'on admet que les communautés péripatétiques sont toutes des groupes mobiles qui offrent à la vente leurs biens et services et se consacrent à une forme d'activité spécifique — différente de celle des pasteurs, des agriculteurs, etc. — , toutes occupent alors une niche semblable. Cependant, la nature des biens et services vendus varie d'une communauté à l'autre et d'une société à l'autre.

Les données existantes indiquent que les rôles des communautés péripatétiques envers leurs clients consistent en :

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1) Fourniture de biens en des endroits éloignés des marchés ou dont les marchés ne disposent pas : approvisionnement des paysans en bœufs de trait par les Gaduliya Lohar d'Inde (Misra 1975), en tamis, étoffes, etc., par les Ghorbat d'Afghanistan (Rao 1982a) ; des pasteurs Rendille d'Afrique orientale en objets de métal par les forgerons Tumalé (Schlee 1979) et des pasteurs Touvas de Sibérie par les forgerons Dargan (Vainsh- tein 1980) ; des pasteurs nomades Baxtyâri d'Iran en divers objets (vêtements, ustensiles de bois, laine, cuir, etc.) par les Kowli et autres péripatétiques (Digard 1978).

2) Fourniture de services spécialisés : par le « groupe ' K ' » parmi les Rendille, comme diseurs de bonne aventure (Schlee 1979) ; par les Lori du Baloutchistan, musiciens, coiffeurs et cuisiniers (Field 1959 : 65) et les Baloutches, souvent appelés « Chalu », par les sédentaires en Afghanistan, pourvoyeurs de services sexuels (Rao 1981, 1982a : 30-31, 1985) ; par les Tsiganes dans l'armée turque au xvie siècle en tant que bateleurs et musiciens attachés aux armées éloignées de leur lieu d'origine (Brepohl- Wiesbaden 1911-1912) ; en Inde, par les Banjara, transporteurs de céréales (Balfour 1844), les Pardhi, usuriers (Birch 1971), les Hussaini Brahman du Cachemire et, au Sud du pays, les montreurs de bœufs dressés (Misra 1969 : 83-84), diseurs de bonne aventure et astrologues.

3) Fourniture de services qui, bien que non spécialisés, sont en fait exécutés dans des contextes spécifiques, principalement — mais non exclusivement — par les communautés péripatétiques : approvisionnement des paysans en argent liquide là où la circulation monétaire est encore limitée (Rao 1982a) et, dans les sociétés où l'aumône est considérée comme un acte méritoire, mendicité sous des motifs religieux (Misra 1970, 1971 ; Gmelch & Gmelch 1978).

4) Fonction de liaison entre les groupes de clients dispersés géogra- phiquement. Ainsi, dans des régions relativement reculées, fourniture d'informations d'utilité sociale (Dave 1951 ; Fûhrer-Haimendorf 1951 ; Rosander 1976 ; Rao 1982a) et transmission des valeurs urbaines (Misra 1971 ; Rao 1982a).

5) Fonction de conservation et de perpétuation des formes culturelles et des traditions. Dans un contexte de changement social rapide, ce phénomène pourrait être comparé à ce que Salzman (1981) a mentionné comme le rôle de la « minorité déviante » : un sous-groupe particulier qui, par son mode de vie différent de celui de la société globale, préserve les orientations et modèles traditionnels d'organisation. En Arabie du Nord, les Sulubba sont devenus des musiciens itinérants à une époque où les Bédouins commençaient à perdre leur tradition de littérature orale

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(Dostal 1964). En cela, les Sulubba sont comparables aux Tsiganes qui, au xixe siècle, ont maintenu la musique populaire hongroise progressivement abandonnée par les paysans hongrois. Des faits semblables sont rapportés en Roumanie (Vekerdi 1976), en Inde (Misra 1971) et en Grèce (B. Wild, communication personnelle).

En dépit de leurs rôles multiples, ces nomades ont souvent été qualifiés de « parasites » et de « prédateurs » (Baines 1912 ; Barth 1975 ; Fisher 1981, etc.). Les parasites requièrent des hôtes et les prédateurs une proie. De tels qualificatifs ne sauraient donc être utilisés sans une analyse des caractéristiques des environnements respectifs ainsi que des modalités d'échanges réels (directs et indirects, à long ou à court terme) entre les communautés péripatétiques et leurs clients. On ne dispose que de rares renseignements sur ces échanges, mais il semble que plus ceux-ci sont nombreux, plus le degré de spécialisation est élevé. Les types d'interaction entre les péripatétiques et leurs clients se situent entre deux pôles — symbiose et parasitisme — , en fonction de divers facteurs dont le plus important est le niveau de développement des forces productives dans une société donnée. Un même groupe peut, selon la nature de ses activités, occuper des positions différentes à divers moments. Une communauté qui vivait presque en symbiose avec ses clients peut être jugée parasitaire en raison de changements importants dans l'organisation économique et sociale. Ce fut le cas en Irlande, où les professions traditionnelles des Travellers dans le monde rural sont tombées en désuétude à la suite de la modernisation ; nombre d'entre eux se sont installés en ville où ils touchent l' allocation-chômage (S. B. Gmelch 1980). L'assistance de l'État est pour eux l'équivalent moderne de la mendicité (Okely 1979), mais le sédentaire ne voit là que pur parasitisme, d'autant qu'il n'en tire même plus la gratification morale que procurait l'acte charitable.

V. DÉPENDANCE ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE

Les clients, pris individuellement ou en groupe, achètent aux communautés péripatétiques biens et services. En retour, celles-ci reçoivent une compensation immédiate ou différée, directe ou indirecte : paiements en espèces, en nature ou en services, ou selon une combinaison des trois. La figure ci-après représente un modèle construit à partir des données disponibles, et illustre les investissements des péripatétiques ainsi que leurs stratégies d'exploitation des ressources. Le contexte d'interaction économique et politique est comparable à une « chaîne de dépendance » (Van den Berghe 1975 : 73-75), les péripatétiques occupant toujours l'extrémité la plus faible de la chaîne. On peut dégager deux types d'interactions

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entre péripatétiques et clients : l'un de contiguïté, l'autre d'attachement. Une communauté péripatétique est contiguë à sa clientèle quand elle vit indépendamment de celle-ci, mais lui rend visite à intervalles plus ou moins réguliers. Elle lui est attachée quand elle vit avec ses clients et travaille avant tout pour eux. En situation de contiguïté, une communauté péripatétique peut dépendre économiquement de plusieurs groupes de clients alors qu'attachée à un seul elle en dépend souvent entièrement. La forme extrême de la dépendance se traduit par le paiement d'un tribut ; Goldsmith et Lewis (1958) parlent même de servage.

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Cycle des investissements et de l'exploitation des ressources dans les communautés péripatétiques.

L'attachement et la contiguïté sont surtout fonction de la structure socio-économique des groupes de clients, de leurs systèmes et moyens de production. La clientèle d'un groupe péripatétique peut être entièrement constituée de villageois et /ou de citadins sédentaires, comprendre exclusivement des nomades pasteurs ou encore une combinaison des trois catégories dans des proportions variables. Baines (1912 : 105) rapporte l'unique exemple, à ma connaissance, de groupe péripatétique attaché à un groupe de chasseurs-cueilleurs itinérants. En général, la contiguïté semble

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être la forme d'interaction la plus courante quand les clients sont des sédentaires, tandis que l'attachement est plus fréquent dans le cas des groupes pastoraux (Coon 1955 : 30 ; Lewis 1955 : 51-55 ; Briggs i960 : 234 ; Bataillon 1963 : 30 ; Digard 1978). Bien que presque tous les groupes de pasteurs en Arabie (Dickson 1951 : 515), en Afrique du Nord (Toupet 1963 : 67), en Iran (Amanolahi 1978 : 6) et au Baloutchistan (Bray 191 1 : IV, 173) vivent avec au moins un groupe péripatétique, on trouve de nombreux cas (Barth 1961 : 92 ; Ehmann 1974 : 144 ; Amanolahi 1978) où l'interaction tient à la fois de l'attachement et de la contiguïté, les groupes péripatétiques ayant aussi des clients ruraux sédentaires. Les péripaté- tiques Anne du Niger qui, à l'origine, n'avaient comme protecteurs que des agriculteurs sédentaires, se tournent maintenant vers les nomades pasteurs Fulani et Bugaje (Erlmann 1981 : 74).

La nature de la compensation reçue par les groupes péripatétiques est en relation directe avec les conditions d'existence des clients : en général, la clientèle urbaine donne immédiatement de l'argent liquide ou de la nourriture, tandis que les sédentaires ruraux et les pasteurs ont plutôt tendance à verser une compensation en nature et /ou en services, parfois sur-le-champ, mais le plus souvent dans un délai assez long. La compensation en nature consiste surtout en denrées alimentaires mais aussi en vieux vêtements, chaussures, etc. Les groupes péripatétiques consomment immédiatement les aliments reçus ; s'il y a surplus, il est stocké en vue d'une consommation ultérieure (voir Misra 1965 : 168 ; Rao 1982a ; Rao & Casimir 1983 et à paraître) ou bien en partie vendu avec bénéfice dans les régions urbaines non productrices de telles denrées (voir Berland 1982 ; Rao 1982a ; Rao & Casimir 1983 et à paraître). Quant aux services rendus par les clients, ils consistent principalement en une protection politique dont la nature diffère selon leur mode de vie sédentaire ou nomade, mais aussi selon la structure socio-économique de leur propre société. Si les péripatétiques ont à la fois des sédentaires et des nomades pasteurs pour clients, ce sont, le cas échéant, les seconds qui la leur accordent. En situation de contiguïté, ils peuvent bénéficier, outre de paiements en espèces ou en nature, d'une protection politique qui leur permet d'accéder à tous les clients potentiels dans la zone d'influence du protecteur et, accessoirement, d'obtenir de l'élite régionale la solution de problèmes administratifs (Gmelch & Gmelch 1978 ; Rao 1982a). En situation d'attachement, cette protection est plus marquée, et Van Brui- nessen (1978 : 140) et Toupet (1963) ont alors parlé de « castes » ; à l'inverse, Digard (1978 : 44) récuse l'existence de castes « hors [...] d'une société dont tous les membres sont organisés en castes ». Si l'on se réfère au système jajmâni — sur la nature duquel le débat entre indianistes est ouvert depuis longtemps — tel que le définit Mandelbaum (1972 : 161), on

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peut affirmer que toutes les communautés péripatétiques attachées à une clientèle entretiennent avec celle-ci des relations de type jajmâni. Il semble d'ailleurs (Hayden 1979) en être de même en situation de contiguïté. Sans doute, en Inde, doit-on résider dans un village donné pour que ce système fonctionne (Wiser 1969 : 44). S'agissant des péripatétiques, non seulement leurs circuits de migrations sont invariables, mais leurs clients restent longtemps les mêmes (Malhotra 1974 ; Ehmann 1974 ; Hayden & Malhotra 1977 ; Berland 1982 ; Rao 1982a, 1982b).

VI. LE NOMADISME COMME STRATÉGIE D'ADAPTATION

Les communautés péripatétiques doivent circuler dans des régions suffisamment peuplées pour y trouver des débouchés (Hayden 1979). Ceux-ci sont plus ou moins importants selon la taille de la population péripatétique. Il faut tenir compte aussi de la nature des biens et services offerts, de leur disponibilité chez les producteurs et sur les marchés, des surplus — en espèces ou en nature — existant dans l'ensemble de la région et de leur distribution parmi les différentes familles clientes.

Si nous essayons de classer les biens et services offerts, trois variables — prévisibilité et fréquence de la demande, importance de la clientèle — déterminent l'existence et la viabilité des communautés péripatétiques. Deux situations sont à distinguer : (a) grande prévisibilité et fréquence relativement basse de la demande ; (b) pré visibilité réduite. La demande en équipement agricole ou ménager neuf ou d'occasion, en services rituels, etc., peut être placée dans la catégorie de grande prévisibilité et de moindre fréquence, puisque les activités qui requièrent ces biens et services sont généralement saisonnières ou annuelles. En outre, la fréquence dépend de la durabilité et du prix des produits. Plus grande est la durabilité et, généralement, plus élevé est le prix, moindres sont les chances d'achat fréquent. C'est pourquoi colporteurs et artisans itinérants réussissent souvent très bien dans les centres ruraux et urbains malgré la forte concurrence des sédentaires : ils maintiennent en effet des prix bas. Dans les régions plus reculées, ils font de bonnes affaires en dépit de prix élevés. La demande des services qu'offrent les prostituées, les guérisseurs, les diseurs de bonne aventure, les musiciens (en dehors des cérémonies) et les bateleurs, demande latente mais non générale, est difficile à prévoir. Il en résulte que plus la prévisibilité est réduite, plus l'effectif de la clientèle potentielle doit être important pour permettre à la population péripatétique de subsister. Que la prévisibilité soit grande ou restreinte, la mobilité est indispensable aux communautés pour avoir accès au plus grand nombre possibles de clients, mais elle est fonction de

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l'importance de la clientèle dont elles ont besoin. Plus la fréquence de la demande est basse, plus la mobilité est élevée.

VII. ÉVOLUTION DES COMMUNAUTÉS PÉRIPATÉTIQUES

Pas plus que les anthropologues les historiens n'ont étudié ces minorités. Néanmoins, les références éparses que l'on peut relever donnent à penser qu'elles existent depuis des temps reculés (Avé-Lallemant 1858 ; Bacchar 1890 ; Ninomiya 1933 ; Basham 1954 ; Beckingham & Hunting- ford 1954 ; Passin 1955 ; Planhol 1966 ; Jacobson 1975 ; Arnold 1980 ; Gunda 1981, etc.). Il semble que certaines d'entre elles proviennent de groupes de chasseurs-cueilleurs, d'autres de pasteurs, d'autres encore descendraient de groupes paysans ou d'artisans sédentaires.

Le passage d'un mode de subsistance basé principalement sur la chasse et la cueillette à un mode de subsistance péripatétique s'est probablement produit lorsque les chasseurs-cueilleurs ont été repoussés par les paysans en quête de terres ou par les pasteurs nomades dans des régions reculées aux ressources insuffisantes (Bacon 1954 ; Bose 1956 ; Adhikari 1974), ou bien quand les défrichements les ont empêchés de vivre exclusivement de la chasse et de la cueillette (Bhowmick, in Gupta 1976). Quant aux péripa- tétiques qui étaient à l'origine pasteurs nomades, c'est la perte de leurs troupeaux et pâturages (Doughty 1888) ou un appauvrissement généralisé (J. Legrand, communication personnelle) qui les ont obligés à abandonner leur ancien mode de vie. Il a pu se faire que des agriculteurs soient devenus péripatétiques après avoir été chassés de leurs terres par des agresseurs (Doughty 1888) ou par des catastrophes subites (et peut-être périodiques) : famines, tremblements de terre, etc. (Berland 1982 ; Crooke 1888). Parfois, enfin, des artisans sédentaires sont devenus péripatétiques à la suite de guerres (Planhol 1966 ; Crawford 1975 ; Rao 1982a). De plus, il est probable que certaines communautés péripatétiques sont issues du rassemblement d'individus isolés (Arnold 1980 ; Olofson 1980).

Dans l'ensemble, ce sont donc des événements désastreux qui ont incité, sinon obligé des groupes ou des individus à adopter un mode de vie péripatétique : bouleversements écologiques ou sociaux, soudains ou progressifs. Leurs légendes en font souvent état et y voient le résultat d'une malédiction ou la conséquence directe d'une conduite condamnable. Il se peut que quelques communautés aient choisi de devenir péripatétiques mais, dans la majorité des cas, ce sont les pressions de la société sédentaire, et parfois pastorale, qui les ont fait naître et qui, aujourd'hui, conduisent à leur plus ou moins rapide disparition.

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Abstract

Aparna Rao, The. Neglected Nomads. Towards a General Concept of Peripatetics, — On the whole, anthropological studies of migratory populations have focused on pastoralists and hunter-gatherers, thus largely ignoring hundreds of endogamous, non-food-producing communities scattered across large parts of the world, who subsist primarily on the sale of goods and services, and employ spatial mobility in varying degrees as a strategy for obtaining food. Such communities have often been indiscriminately classified as "Gypsies", "Vagrants", "Criminal Tribes" or "Parasites", principally by virtue of their social marginality ; this had led to considerable confusion both terminologically and with regard to the concept of nomadism. In this paper the author attempts to formulate a unifying concept of all communities who, irrespective of ethnic, linguistic and social features, share a primary economic strategy : nomadism coupled with the commercial exploitation of client-clusters.

Zusammenfassung

Aparna Rao, Die unbekannten Nomaden : Zur Typologie peripatetischer Gesell- schaften. — Die Ethnologen, die sich mit nomadisierenden Gesellschaften beschafti- gen, haben sich bisher fast ausschliesslich Viehzuchtern oder Sammler-Jager Kulturen gewidmet. Sie haben weitgehend die zahlreichen endogamen Gruppen in der Welt unbeachtet gelassen, die keine Nahrung produzieren, sammeln oder jagen, sondern ihre Waren und /oder Dienstleistungen veraussern. Bisher wurden sie oft unbegrundet den Zigeunern zugerechnet oder sagar Vagabunden, ,,Kriminelles Volks" oder Parasiten genannt. Dièse klassifikatorische Willkiir ist Quelle sowohl terminologisch/klassifikatorischer als auch theoretischer Ungenauigkeiten. Die vorliegende Arbeit bemiiht sich, die genannten Problème zu beseitigen und schlàgt eine Kategorisierung vor, die die Gemeinsamkeiten all diser Gesellschaften, unab- hângig von der en ethnischer Identitat, deren Sprachen und Formen ihrer Sozial- organisation, aufzeigt. Dabei liegt der Schwerpunkt in der Betrachtung ihrer Wirtschaft, die auf der Stratégie der Migration durch die Siedlungsgebiete ihrer Klienten beruht. (Traduit par l'auteur.)

Resumen

Aparno Rao, Nômadas desconocidos. Para una tipologia de las comunidades peripa- téticas. — La antropologia de las poblaciones nômadas se ha concentrado sobre el estudio de pastures y de cazadores-recolectores, ignorando extensivamente los centenares de comunidades endôgamas no productoras de alimentaciôn que encon- tramos en el mundo entero y que viven de la venta de sus bienes y servicios. Inde- pendientemente de su identidad étnica y linguistica y de su organizaciôn social, estas comunidades han sido ordenadas al azar en la categoria de "Gitanos", de "vagabundos", de "tribus criminales" o de "parasites ". Esta falta de rigor es fuente de confusion, tanto en su terminologia como en la teoria. Este articulo se esfuerza en remediar esta confusion y propone un examen del conjunto de estas comunidades donde la estrategia econômica esencial consiste en migrar de un grupo de clientes a otro.