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RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008 | 147 Description de fonction de l’ergothérapeute au sein d’un service de gériatrie Cette description de fonction a été réalisée par la VE, a été traduite en français à l’attention des membres de l’AE 1. Introduction Le présent profil professionnel ne pouvait être élaboré sans décrire avec préci- sion une image de l’homme ainsi qu’une vision des soins particulière. Après une orientation générale, nous approfondissons donc les fondements théoriques du vieillissement. Ensuite, nous traitons en détail de la vision spécifique dans laquelle s’inscrit le profil. Cette base est suivie d’une description très concrète des activités professionnelles et des tâches possibles. Pour ce faire, nous nous basons sur le profil professionnel général de l’ergothérapeute tel qu’élaboré en 1997, sur le statut professionnel repris dans le Moniteur Belge de 1996, sur la ter- minologie uniforme 1 ( Willard et Spackman, 1999 ) ainsi que sur la Classification Internationale du Fonctionnement, du handicap et de la santé ( CIF, 2001 ). Enfin, il nous semblait également important de prêter attention à la place de l’ergo- thérapie dans le service de gériatrie des hôpitaux généraux et, dans le prolon- gement de cet élément, d’indiquer d’éventuels points communs avec d’autres disciplines. L’ergothérapie et la qualité de vie Le fonctionnement autonome et le développement ou l’application de compé- tences sont deux éléments qui définissent fortement notre qualité de vie. En agissant, l’homme s’exprime et donne du sens à sa vie. Un trouble ou une limita- tion de nos actions peut provoquer une diminution du bien-être. En s’adaptant, c’est-à-dire en adaptant l’environnement ou en adaptant l’activité, il est possible d’optimiser ( à nouveau ) ce bien-être. Le maintien, le rétablissement et l’amélioration de nos actions dans notre fonctionnement quotidien font partie du domaine spécifique de l’ergo- thérapie. Le fonctionnement quotidien concerne les trois types d’actions suivantes : la prise en charge, la productivité et la détente. L’ergothérapie utilise « l’action » de la personne comme moyen thérapeutique. Dans ce cadre, le passé, le présent et l’avenir sont volontairement impliqués. En 1 Les membres de la VE peuvent télécharger cette « terminologie uniforme » sur le site Internet www.ergo- therapie.be. Les non membres peuvent commander cette « terminologie uniforme » via l’adresse info@ ergotherapie.be. Profils de fonction

Description de fonction geriatrie

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Page 1: Description de fonction geriatrie

RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008 | 147

Description de fonction de l’ergothérapeute

au sein d’un service de gériatrie

Cette description de fonction a été réalisée par la VE, a été traduite en français à l’attention des

membres de l’AE

1. Introduction

Le présent pro"l professionnel ne pouvait être élaboré sans décrire avec préci-sion une image de l’homme ainsi qu’une vision des soins particulière. Après une orientation générale, nous approfondissons donc les fondements théoriques du vieillissement. Ensuite, nous traitons en détail de la vision spéci"que dans laquelle s’inscrit le pro"l. Cette base est suivie d’une description très concrète des activités professionnelles et des tâches possibles. Pour ce faire, nous nous basons sur le pro"l professionnel général de l’ergothérapeute tel qu’élaboré en 1997, sur le statut professionnel repris dans le Moniteur Belge de 1996, sur la ter-minologie uniforme1 ( Willard et Spackman, 1999 ) ainsi que sur la Classi"cation Internationale du Fonctionnement, du handicap et de la santé ( CIF, 2001 ). En"n, il nous semblait également important de prêter attention à la place de l’ergo-thérapie dans le service de gériatrie des hôpitaux généraux et, dans le prolon-gement de cet élément, d’indiquer d’éventuels points communs avec d’autres disciplines.

L’ergothérapie et la qualité de vie

Le fonctionnement autonome et le développement ou l’application de compé-tences sont deux éléments qui dé"nissent fortement notre qualité de vie. En agissant, l’homme s’exprime et donne du sens à sa vie. Un trouble ou une limita-tion de nos actions peut provoquer une diminution du bien-être. En s’adaptant, c’est-à-dire en adaptant l’environnement ou en adaptant l’activité, il est possible d’optimiser ( à nouveau ) ce bien-être.

Le maintien, le rétablissement et l’amélioration de nos actions dans notre

fonctionnement quotidien font partie du domaine spéci!que de l’ergo-

thérapie. Le fonctionnement quotidien concerne les trois types d’actions

suivantes : la prise en charge, la productivité et la détente.

L’ergothérapie utilise « l’action » de la personne comme moyen thérapeutique. Dans ce cadre, le passé, le présent et l’avenir sont volontairement impliqués. En

1 Les membres de la VE peuvent télécharger cette « terminologie uniforme » sur le site Internet www.ergo-therapie.be. Les non membres peuvent commander cette « terminologie uniforme » via l’adresse [email protected].

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e+et, nous pensons que les actions peuvent in/uencer une restriction parce que les gens se développent et apprennent tout en exécutant des activités.

L’ergothérapie chez la personne dans un service de gériatrie

Le patient gériatrique a généralement plus de 75 ans et a, pour plusieurs des raisons suivantes, besoin d’une approche spéci"que :

– une fragilité et homéostasie réduite ;

– une polypathologie active ;

– des tableaux cliniques atypiques ;

– une pharmacocinétique perturbée ;

– un risque de déclin fonctionnel ;

– un risque de malnutrition ;

– une tendance à être inactif et à rester alité, avec un risque accru d’institu tion-nalisation et de dépendance dans la réalisation des activités de la vie quoti-dienne;

– des problèmes psychosociaux. ( AR relatif au programme de soins pour le pa-

tient gériatrique du 29 janvier 2007, Moniteur Belge du 7 mars 2007 )

En ce qui concerne les patients gériatriques, l’ergothérapie place l’accent sur l’évaluation, l’activation, la validation et le maintien de l’énergie disponible et les capacités à agir présentes. Tout en tenant compte des restrictions, les anciennes actions sont réparées et des nouvelles sont enseignées.

Lorsque la dépendance des personnes est importante, l’ergothérapie s’oriente davantage vers le confort de vie et les possibilités d’autodétermination de la personne âgée.

Le programme de soins pour la personne gériatrique est axé sur le diagnostic, le traitement et la rééducation pluridisciplinaire du patient tout en garantissant la continuité des soins en concertation avec le médecin généraliste et les autres prestataires de soins.

L’ergothérapie et l’autonomie

L’ergothérapie se concentre sur la valeur et l’unicité de chaque individu et ap-plique une vision holistique fondamentale. En analysant chaque aspect de la relation « personne – environnement – activité », l’ergothérapeute peut soutenir et con"rmer l’identité du patient gériatrique.

Par le biais d’un apport, le contrôle ergothérapeutique place les actions du patient dans un contexte qui se focalise sur le patient. L’observation permet de constater les points forts, les problèmes et les problèmes potentiels des actions.

L’ergothérapeute dé"nit les compétences que le patient maîtrise et ne maîtrise pas. Il les interprète et en explique la raison. Ensuite, il met au point des activi-tés thérapeutiques permettant de rétablir ou de développer e+ectivement les actions. Pendant le processus thérapeutique, il évalue en permanence si l’action s’est améliorée ( si le patient est capable d’apprendre dans le but de rétablir la fonction = entraînement fonctionnel ).

Lorsque la fonction ne peut être rétablie, l’ergothérapeute applique des stra-tégies d’adaptation a"n d’in/uencer de manière positive la qualité des actions

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dans les domaines d’action du patient. De la sorte, il lui enseigne des techniques alternatives ou compensatoires, il le conseille en matière de moyens d’aide et il adapte les tâches et/ou l’environnement physique et/ou matériel du patient. A cette "n, il est nécessaire d’e+ectuer une analyse de l’environnement matériel.

En concertation avec les parties concernées, les informations, les renseigne-ments et l’accompagnement peuvent faire partie du processus ergothérapeu-tique = fonction consultative ( Fisher, 1995 ).

L’évaluation de la charge et des moyens permettant de conserver/rétablir l’entente entre le patient et ses dispensateurs de soins est un élément fondamental du conseil ergothérapeutique et vise à proposer au patient de rester vivre à son domicile aussi longtemps que possible. Les ergothérapeutes possèdent l’expertise a"n d’accorder la dynamique de l’environnement ( social ) et les actions du patient.

2. Historique

Le service de gériatrie a été instauré par l’AR du 12 avril 1984.

Son prédécesseur était le service R de Gériatrie et Revalidation ( 1974 ). Bien que ce service R était théoriquement destiné aux patients gériatriques, la pratique était souvent bien di+érente. Bon nombre d’hôpitaux généraux voyaient ce ser-vice comme un prolongement de la rééducation pour les patients d’autres ser-vices de l’hôpital. L’AR mentionné ci-dessus a permis de corriger ce malentendu. En outre, les lits V et les lits R ont été convertis en lits G ou MRS au pro"t des services de gériatrie et de rééducation.

En outre, cette évolution explique qu’un certain nombre de lits G ne fassent pas partie d’un hôpital général. Le cas échéant, celui-ci doit conclure un contrat avec un autre hôpital général qui dispose d’un service de gériatrie.

Le 29 janvier 2007, le roi a signé le « programme de soins gériatrie ». Il a été pu-blié au Moniteur Belge le 7 mars 2007.

3. La personne vieillissante

L’intérêt porté au processus de vieillissement ne cesse de grandir en raison de l’espérance de vie plus longue et de l’augmentation du nombre de personnes âgées. L’une des conséquences de cet aspect est, outre les modèles biologi-ques déjà existants, le développement de théories sociales sur le vieillissement. L’ergothérapie utilise principalement ces théories comme base pour sa propre vision. L’accent est avant tout placé sur les phases de développement de la per-sonne, et plus particulièrement sur le vieillissement.

La vision de base est la suivante : l’être humain se trouve en permanence dans un processus de croissance, de crise et d’équilibre.

Comme le fait de vieillir comporte des changements, il faut sans cesse chercher un nouvel équilibre entre la personne et l’environnement. Par conséquent, le vieillissement va de pair avec le développement. Pendant toute la vie, la capacité d’adaptation augmente et diminue. Les personnes investissent donc perpétuel-lement dans la croissance, le maintien ou le rétablissement des connaissances adaptatives, des compétences et de la régulation de la perte ( Marcoen, 2005 ).

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Le tableau ci-dessous donne un aperçu non exhaustif de ces théories :

la « Lifespan Theory », également appelée « Life Course Theory », l’approche du parcours de vie ( Atchley, 1991 et al. )

la « Theory of Human Development », la théorie du développement humain( Erikson, 1985 )

les « Stages of Psychological Development », les étapes du développement psychologique ( Peck, 1968 )

la « Exchange Theory », la théorie de l’échange( Homans, 1961 ; Dowd, 1975, 1980 )

la « Holistic Lifespan Theory », la théorie du parcours de vie holistique( Haight, Barba, Tesh & Courts, 2002 )

4. Vision et principes

La mesure dans laquelle la vision et les principes ergothérapeutiques peuvent être d’application dépend fortement de la vision générale du programme de soins en gériatrie. L’avis de la discipline est traité dans le premier point de ce quatrième chapitre. Ensuite, nous envisageons l’intervention ergothérapeuti-que même avant de conclure par une référence à quelques modèles ergothé-rapeutiques.

Le programme de soins gériatriques

Les collaborateurs, dont l’ergothérapeute fait partie, forment une équipe qui se soucie des capacités des résidents.

L’attention prêtée à la situation et au cadre de vie de la personne âgée constitue une partie essentielle du traitement ergothérapeutique.

Il en va de même lorsque la dépendance augmente.

Le programme de soins du patient gériatrique est composé des éléments suivants :

– une consultation de gériatrie ;

– un service de gériatrie ;

– un hôpital de jour pour le patient gériatrique ;

– une mission liaison interne ;

– une mission liaison externe.

La consultation de gériatrie : les patients ayant un pro"l gériatrique peuvent être envoyés par le médecin généraliste à la consultation du gériatre lorsque l’auto-nomie diminue subitement. Ceci permet d’éviter ou de retarder un placement dans une institution ou une hospitalisation d’urgence ultérieure.

Le service de gériatrie se charge du diagnostic gériatrique médical, du traitement et/ou de la rééducation des patients gériatriques sous la direction du gériatre.

L’hôpital de jour pour le patient gériatrique peut s’avérer utile dans le cas d’une observation et d’un traitement ambulatoire et pluridisciplinaire. Ceci peut se faire à la demande d’un médecin de famille, d’un collègue médecin ou suite à une consultation gériatrique.

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L’hôpital de jour s’avère utile lorsqu’il s’agit de continuer la rééducation. En outre, il permet de limiter le nombre d’hospitalisations.

Grâce à la mission liaison interne, la compétence gériatrique pluridisciplinaire est mise à disposition du spécialiste traitant des patients gériatriques hospitalisés dans un autre service que le service de gériatrie.

Grâce à la mission liaison externe, la compétence gériatrique pluridisciplinaire est mise à disposition du médecin généraliste pour les patients gériatriques soi-gnés de manière ambulatoire à domicile ou dans un domicile de substitution ( services intégrés de soins à domicile, cercles de médecins généralistes, maisons de

repos et de soins et centres de soins de jour ).

Le programme de soins doit prévoir une équipe pluridisciplinaire comprenant un gradué en ergothérapie en plus du gériatre et des in"rmiers. Cette équipe est organisée de manière à ce que les patients gériatriques d’autres services que le service gériatrique de l’hôpital ( fonction de liaison interne ) puissent faire ap-pel à l’ergothérapeute. Ce dernier ne se concentre pas sur la maladie mais sur ses conséquences dans le fonctionnement quotidien et accompagne le patient dans sa recherche de solutions.

La qualité de vie

Au sein de l’équipe gériatrique, l’ergothérapeute tente, en collaboration avec l’équipe interdisciplinaire, d’améliorer la « qualité de vie ». Cependant, la « qua-lité de vie » est une donnée subjective. En e+et, c’est l’individu et son entourage proche qui déterminent dans quelle mesure la qualité de vie est bonne et les facteurs importants qui l’in/uencent. L’ergothérapeute prend alors cette per-ception comme point de départ et y apporte des informations pertinentes de manière professionnelle.

Les actions signi!catives

Ce processus se déroule dans le cadre de la relation entre la personne, l’environ-nement et l’activité et avec le parcours de vie de la personne âgée en arrière-plan. Le contexte est la situation actuelle, basée sur un long passé déterminant.

La possibilité de pouvoir faire des choix et d’entreprendre des actions qui contri-buent au sentiment de bien-être donnent du sens à la vie.

L’ergothérapeute tient compte de ces trois aspects en ce qui concerne :

La prise en charge de soi

Le fait d’être occupé de

manière productive

La détente Les choses qui donnent du sens

à la vie, le côté spirituel

L’ergothérapie s’oriente principalement vers la personne en tant qu’être actif et autonome. L’on souhaite donner l’opportunité à la personne âgée d’entrepren-dre les choses qu’elle estime importantes.

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Ces actions sont décrites comme suit dans les di+érents modèles ergothéra-peutiques :

Domaine d’action

Rôles

Conditions d’action Contexte d’action

MOHO AVQ

Travail/productivité

Jeu ou détente

Kielhofner parle de

« situations d’action » :

l’environnement

de vie, le voisinage,

l’école ou le lieu de

travail et les endroits

de loisir

Sensori-moteur

Cognitif

Psychique - psychosocial

Kielhofner traduit

les éléments

mentionnés ci-

dessus par « système

corporel de volonté,

d’accoutumance et

d’esprit-cerveau »

Système ouvert :

in#uence mutuelle :

une action a

de l’in#uence

sur le domaine

sensorimoteur et

sur le domaine

cognitif ; en outre,

l’environnement est

déterminant pour

la manière dont

l’activité est exécutée.

En résumé : le

comportement

découle du système

humain, de

l’environnement et de

la tâche.

Facteurs physiques/écologiques de l’environnement

Objets écologiques

Environnement matériel : objets matériels

Groupes et facteurs sociaux de l’environnement

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RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008 | 153

CMOP Prise en charge de soi

Productivité

Détente

Spirituel*

Physique

Socioculturel

Mental

*La spiritualité

constitue l’essentiel

de l’être humain,

l’unicité en tant qu’être

humain, l’expression

de la volonté, de

la raison et de la

motivation, la source

du contrôle personnel,

le guide des choix

propres ( cf. système

Wilsub MOHO )

Politique/lois

Economique ( dispositions,

aspects &nanciers

de l’organisation

patronale )

Physique

Culturel

Social ( institutionnel,

procédures,

accessibilité,

bureaucratie )

ATO

( R&S )

Autonomie

Productivité

Détente

Sensoriel

Moteur

Cognitif

Intrapersonnel

Interpersonnel

Environnement biopsychologique

Environnement physique

Environnement socioculturel

Lorsque la capacité de la personne à « agir seule » diminue, l’accent est davan-tage placé sur les soins qui rendent la vie plus confortable dans un environne-ment sûr. La personne âgée a alors besoin d’un environnement de vie adapté, à domicile ou dans un domicile de substitution.

L’intervention ergothérapeutique

La personne âgée détermine elle-même ce qui lui convient. En outre, elle garde son autonomie. Des « bons soins » sont donc des soins qui préservent tant que possible l’autonomie individuelle, qui respectent le droit à l’autodétermination et qui stimu-lent l’indépendance tout en tenant compte de ce qui est le mieux réalisable.

L’ergothérapeute actif dans un service de gériatrie s’adresse au demandeur de soins dont le fonctionnement est limité de manière temporaire ou permanente. Ces limi-tations peuvent être de nature physique, mentale et cognitive ou psychologique/psychosociale. Elles empêchent l’exécution d’activités de la vie quotidienne, d’ac-tivités professionnelles ou d’activités de détente et engendrent des problèmes de participation. Les activités dont l’exécution pose problème au demandeur de soins sont corrigées par le biais d’activités et d’exercices adéquats tout en tenant compte de la pathologie/du processus de maladie/des contre-indications du patient.

Si le rétablissement n’est plus possible, l’ergothérapeute se concentre sur :

– la proposition et l’o+re de soutien et d’accompagnement ;– les conseils et l’apprentissage de changement de méthode ;– les conseils et l’instruction relatifs aux moyens d’aide ou aux adaptations de

l’environnement de vie ;– le développement de nouvelles compétences.

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Dans les trois domaines d’action, il est indispensable de parvenir à une autono-mie aussi grande que possible et d’arriver à la maintenir.

En outre, l’ergothérapeute intervient chez les patients qui présentent en per-manence une autonomie fonctionnelle limitée et durable en raison d’une forte dépendance.

Il accepte la passivité et propose des soins de confort sur mesure. L’ergothé-rapeute répondra aux demandes d’aide du demandeur de soins, des dispen-sateurs de soins et d’autres professionnels du secteur des soins en analysant et en élaborant des techniques, des adaptations et des outils adéquats, en les enseignant et en conseillant.

Pendant toute l’intervention ergothérapeutique, l’apport du patient, des dis-pensateurs de soins et des professionnels du secteur des soins se trouve au cen-tre de l’attention, ce qui résulte en un plan de traitement ergothérapeutique personnalisé.

Concepts et approches

L’ergothérapeute utilise un ou plusieurs concepts a"n de classer les données rela-tives au fonctionnement de la personne âgée et de faire un choix entre les di+é-rentes stratégies de traitement et d’accompagnement. Les modèles suivants sont disponibles pour un ergothérapeute actif au sein d’une équipe gériatrique :

– le « Model Of Human Occupation » ( Kielhofner, 1995 )

– le « Canadian Model of Occupational Performance » ( DNHW & CAOT, 1983 )

– l’« Occupational Performance Model » australien ( Chapparo &et Ranka, 1998 ) ;

– le « Model Adaptation thourgh Occupation » ( Reed et Sanderson, 1984 ) ;

– les « Adaptive Skills » ( Mosey, 1981, 1986 ) ;

– le « Cognitive Model of Disability » ( Allen, 1992 ) ;

et l’« Activity Health » ( Cynkin et Robinson, 1990 ).

Cette liste n’est pas exhaustive. Les concepts et les approches ont un caractère évolutif et dynamique. Par conséquent, l’intervention ergothérapeutique est également de nature évolutive et dynamique.

5. Description des activités professionnelles

La liste des activités professionnelles est basée sur le pro"l professionnel géné-ral de l’ergothérapeute ( 1997 ).

Le traitement

Analyser les besoins et les possibilités et en faire l’inventaire

L’ergothérapeute :

– prend contact avec le patient et fait sa connaissance ;

– se concerte avec la personne qui lui a envoyé le patient ;

– observe, analyse et fait l’inventaire des possibilités et des restrictions du pa-tient ( fonctions et compétences ) ainsi que de son entourage ( encourageant

ou limitant ) ;

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– évalue les possibilités et les restrictions du patient et de son entourage à l’aide d’instruments d’évaluation gériatriques ;

– formule la demande globale ;

– sélectionne les données pertinentes sur le plan ergothérapeutique ;

– place les données ergothérapeutiques dans un cadre pluridisciplinaire.

Fixer des objectifs, plani!er l’intervention

L’ergothérapeute :

– "xe et classe les objectifs à l’aide d’une logique phénoménologique, médi-cale, paramédicale et agogique tout en tenant compte de l’apport du patient et de son entourage ;

– dé"nit les stratégies d’intervention, en ce compris la méthode, l’approche, le timing et la ( les ) méthode( s ) d’évaluation à suivre ;

– rend les sous-objectifs et les objectifs "naux opérationnels ;

– détermine les priorités des fonctions et des compétences à entraîner ;

– gradue les activités ergothérapeutiques à l’aide de matériel et de l’entourage ;

– formule les exigences auxquelles les adaptations, les moyens d’aide et les orthèses doivent satisfaire.

E#ectuer le traitement

L’ergothérapeute :

– enseigne des fonctions et des compétences au patient, il les entraîne et lui apprend à les intégrer dans son fonctionnement quotidien ;

– soutient et conseille le patient dans l’analyse de ses possibilités et/ou de ses restrictions ;

– apprend au patient à vivre avec ses restrictions et lui propose des alternatives ;

– encourage le patient à traiter réellement ses possibilités et/ou ses restrictions ;

– corrige le comportement, l’attitude et les actions déviants et, le cas échéant, il cherche des moyens de les compenser ;

– adapte le matériel, l’équipement et l’environnement de la thérapie en fonc-tion de l’accentuation de leur valeur thérapeutique et/ou de l’ampli"cation des possibilités du patient ; élargit les possibilités du patient ;

– crée des moyens d’aide, les contrôle et les adapte ;

– crée des moyens de rééducation temporaires à l’aide de matériel thermofor-mable et les adapte ;

– conforme et instruit les membres de l’équipe traitante quant aux restrictions et aux possibilités du patient ;

– propose aux membres de l’équipe des formations et des exercices relatifs au maniement d’orthèses, de prothèses, de moyens d’aide et d’adaptations ;

– "xe des exigences auxquelles doivent répondre les dispensateurs de soins, les prestataires de soins généraux et/ou l’accompagnement permanent et conclut des accords en matière de soins de suivi ;

– évalue les résultats du traitement lors d’une discussion "nale avec le deman-deur d’aide ;

– participe à des discussions relatives au patient et à son entourage ;

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– est ouvert aux contacts avec des experts externes en fonction du traitement et du traitement de suivi du patient ;

– rapporte les résultats du traitement à l’équipe traitante ( oralement ou par

écrit ) lors de la réunion hebdomadaire de l’équipe ;

– "xe le déroulement du traitement, adresse ses constatations et ses conseils dans des rapports internes aux membres de l’équipe et dans des rapports externes aux instances de contrôle, aux instances subventionnantes et aux instances "nancières ;

– élabore un rapport "nal, un rapport de transfert ou un rapport d’orientation.

Evaluer

Evaluation permanente en fonction de la correction du processus thérapeutique

L’ergothérapeute :

– évalue en permanence la qualité de ses actions thérapeutiques lors de cha-que phase du traitement ainsi que le niveau de traitement atteint lors de cha-que contact dans le cadre du traitement ;

– examine si le patient met en pratique ce qu’il a appris, s’il l’utilise dans les situations quotidiennes et s’il l’applique dans la plupart des di+érentes situa-tions possibles en exécutant des interventions à domicile et en dehors du domicile ;

– adapte ses interventions grâce à une évaluation permanente ( entre autres

grâce aux résultats limités ) ;

– examine régulièrement l’évolution du traitement avec le patient ;

– analyse pendant tout le traitement si l’environnement de vie actuel du patient in/uence le traitement de manière positive ou négative et en tient compte lors du traitement ;

– évalue la qualité de la relation thérapeutique ;

– évalue la collaboration au sein de l’équipe et son impact sur la qualité des actions thérapeutiques.

L’évaluation en fonction des actions ergothérapeutiques futures

L’ergothérapeute :

– analyse et évalue l’approche, l’eXcacité, les objectifs et le déroulement du traitement ;

– évalue l’e+et du traitement et examine si les objectifs ergothérapeutiques "xés à long terme ont été réalisés ;

– se concerte avec l’équipe quant à la réalisation des objectifs de traitement généraux ;

– a+ecte ses expériences et ses convictions dans le cadre d’actions futures.

Les soins de suivi

L’ergothérapeute :

– prend des décisions concernant les soins de suivi ( l’évaluation, le contrôle ) ;

– communique aux personnes concernées les données pertinentes relatives aux soins de suivi ;

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RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008 | 157

– évalue, dans le cadre des soins de suivi, le fonctionnement du patient en ce qui concerne la manière dont il vit, dont il se prend en charge, dont il travaille et dont il se détend ;

– donne des conseils quant au maintien de l’équilibre entre les moyens et la charge du patient et de son entourage ;

– accompagne ou donne des conseils quant aux exercices d’entretien ;

– adapte les moyens d’aide ;

– conseille dans les domaines d’action suivants : « l’autonomie, la productivité et le temps libre » ;

– informe le patient et/ou la personne concernée sur d’autres possibilités d’aide.

Les actions préventives

L’ergothérapeute :

– développe et exécute des programmes ergothérapeutiques préventifs rela-tifs aux compétences dans les situations de vie telles que la prévention de chutes, les techniques permettant de protéger les articulations, les techni-ques de déplacement, l’entraînement cognitif, le style de vie, etc. ;

– tient compte des facteurs sensorimoteurs, cognitifs, psychologiques et psy-chosociaux ainsi que des circonstances dans lesquelles vit le patient lors de l’élaboration du programme ;

– analyse le rapport entre les moyens et la charge du patient et de son entourage ;

– donne des conseils en matière d’adaptation et de moyens d’aide ;

– donne des conseils ergonomiques.

Les conseils, les renseignements et les informations

Envers le patient, sa famille et/ou le( s ) dispensateur( s ) de soins

L’ergothérapeute :

– aide à informer le patient en ce qui concerne ses problèmes dans le cadre des domaines d’action suivants : la prise en charge de soi-même, la productivité et le temps libre ;

– donne des informations quant aux conséquences de la maladie sur les do-maines d’action du patient ;

– partage des informations et donne des conseils sur la manière dont le patient peut vivre aussi bien que possible avec ses restrictions ;

– conseille le patient et son entourage en ce qui concerne son fonctionnement sur le plan de la propre prise en charge, de la productivité et du temps libre ;

– donne des conseils permettant d’éviter, d’éliminer, de diminuer et/ou d’adap-ter les facteurs qui in/uencent de manière négative les actions dans un cadre de vie et de détente ;

– donne des conseils sur les adaptations de l’habitation, sur les moyens d’aide per-mettant d’augmenter l’autonomie, sur la communication et sur les déplacements ;

– donne des conseils en matière d’ergonomie ;

– développe des méthodes et du matériel adaptés a"n d’informer et de renseigner ;

– conseille des instances payantes ;

– oriente le patient pour un autre traitement ou accompagnement.

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158 | RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008

Envers les collaborateurs, les membres du personnel et les collègues

L’ergothérapeute :

– donne des conseils en ce qui concerne l’ergonomie ( les adaptations du poste

de travail ) ;

– donne des informations sur les conséquences de la maladie pour le fonction-nement du patient et enseigne des techniques qui améliorent la rééducation ( par exemple les techniques de déplacement, le positionnement, l’utilisation de moyens d’aide, l’entraînement cognitif, etc. ) ;

La recherche scienti!que appliquée

L’ergothérapeute peut participer à une recherche scienti"que. En outre, il faut pouvoir mener des recherches scienti"ques au sein de la profession dans le ca-dre de la gériatrie.

La communication

L’ergothérapeute :

– communique les sujets théoriques et pratiques qui peuvent être étudiés dans le domaine de l’ergothérapie ;

– rassemble, sous la supervision de membres du personnel académique, des données et des arguments a"n de soutenir l’importance et la nécessité de la recherche.

L’exécution

L’ergothérapeute :

– participe à des études impliquant des aspects ergothérapeutiques, par exem-ple des enquêtes d’eXcacité ( en fonction du contrôle de la qualité ) ;

– participe à des études axées sur le développement des connaissances scienti"-ques en matière de soins de santé, de soins de bien-être et d’enseignement.

La contribution au développement de la profession

L’ergothérapeute :

– se pro"le clairement en tant qu’ergothérapeute ;

– écrit des textes pour des revues professionnelles et donne des conférences ;

– est engagé et participe à des activités et des groupes de travail de l’associa-tion professionnelle ;

– adapte en permanence ses actions ergothérapeutiques aux développements sociaux et scienti"ques les plus récents ;

– transmet des informations ;

– transmet ses connaissances.

L’évaluation des actions professionnelles

L’ergothérapeute :

– applique tant que possible l’« Evidence Based Practice » ( EBP ) ;

– base ses évaluations sur des modèles de qualité ;

– participe aux réunions d’équipe et à l’évaluation des patients ;

– évalue l’eXcacité des programmes ergothérapeutiques et e+ectue si néces-saire des adaptations et des corrections ( suivi et remédiation ).

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RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008 | 159

La collaboration intradisciplinaire et interdisciplinaire

La concertation en équipe

L’ergothérapeute :

– participe aux réunions de travail et d’équipe intradisciplinaires ;

– participe aux réunions d’équipe interdisciplinaires ( hebdomadaires ) ;

– participe aux réunions de la liaison interne, de l’hôpital gériatrique de jour et de la liaison externe ;

– transmet des informations relatives aux possibilités et aux besoins du pa-tient ;

– prend des décisions relatives au trajet de traitement qui comprend l’apport ergothérapeutique ;

– signale et enregistre les possibilités et les restrictions d’action ;

– communique à l’équipe les éventuels changements de l’état actuel ;

Les contacts individuels avec les autres prestataires de soins

L’ergothérapeute :

– rassemble des informations pertinentes auprès des autres prestataires de soins, des personnes ayant orienté le patient chez lui et des instances externes ( prescriptives, de contrôle, subventionnantes, etc. ) et se concerte avec eux ;

– transmet des informations pertinentes, des instructions et des conseils aux autres prestataires de soins, aux personnes ayant orienté le patient chez lui et aux instances externes ;

– établit un rapport pour les instances externes ;

– reçoit des instructions et des conseils des autres prestataires de soins, des personnes ayant orienté le patient chez lui et des instances externes ;

– entretient des contacts écrits et oraux avec les autres prestataires de soins et les instances externes en ce qui concerne les développements au sein des soins de santé, des soins de bien-être et de l’enseignement.

La formation permanente et le développement des connaissances et des compétences individuelles

Le système de documentation

L’ergothérapeute s’informe et se documente en fonction des actions profession-nelles.

Le développement

L’ergothérapeute :

– participe à des groupes d’étude

– suit des formations et des cours de perfectionnement.

La gestion au niveau de l’ergothérapie

Les missions dirigeantes

L’ergothérapeute :

– établit un rapport annuel ;

– représente et coordonne l’équipe ergothérapeutique ;

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160 | RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008

– oriente et accompagne les bénévoles qui aident lors des sessions ergothéra-peutiques ;

– dirige des groupes de projet ;

– se concerte avec les personnes responsables de la gestion ;

– dirige les réunions internes de l’institution ( à di/érents niveaux ).

La gestion

L’ergothérapeute :

– gère et dé"nit le budget ergothérapeutique ;

– gère le matériel et l’équipement pour le propre service ;

– gère les moyens d’aide.

Les contacts externes

L’ergothérapeute entretient des contacts avec :

– les personnes entourant les patients ( le milieu ) ;

– l’enseignement ;

– les prestataires de soins et les fournisseurs de moyens d’aide ;

– les pouvoirs publics et les instances oXcielles.

Les soins de qualité

L’ergothérapeute utilise entre autres, le modèle de qualité de P. J. Van Delden a"n de parvenir à des actions de qualité et d’arriver à les maintenir.

Ce modèle repose sur les quatre principes suivants :

1. La mission et la vision : l’ergothérapeute est impliqué dans la vision et la stra-tégie générale de l’hôpital et du programme de soins gériatrique. Il pro"le clairement l’ergothérapie dans ce contexte.

2. La place centrale occupée par le patient dans le travail : l’action ergothéra-peutique se fait sur mesure pour le patient. En outre, l’ergothérapeute fait un brie"ng intra-muros et extra-muros systématique.

3. La qualité de l’ergothérapeute même : l’ergothérapeute applique le principe de « life long learning » ( l’apprentissage pendant toute une vie ) et suit donc des formations. A"n de maintenir ses connaissances à niveau, il utilise le système « d’intervision » et participe à des groupes de travail internes et externes.

4. Le travail méthodique : il est nécessaire de développer et d’uniformiser des modèles et des instruments de travail. A cette "n, des systèmes d’échange sont créés. En outre, les décisions prises et les procédures établies permet-tent d’encourager la collaboration.

5.10. L’enseignement et l’accompagnement

L’ergothérapeute :

– accompagne les étudiants dans leur processus d’apprentissage et leur travail de "n d’études ;

– donne des formations et transmet des informations relatives à l’ergothérapie.

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RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008 | 161

6. La description du processus ergothérapeutique

( Propre adaptation de l’OTIP ( ou l’« Occupational Therapists in

Independent Practice » ), A. Fisher )

Le passé, le niveau fonctionnel de prise en charge, la productivité et la détente du patient sont évalués avant l’hospita-lisation par le biais d’un entretien. Cet entretien nous permet de connaître la prestation fonctionnelle du patient.

Dressez l’inventaire des tâches et des ac-tivités occupationnelles que le patient sait ou ne sait plus e+ectuer.

La nécessité d’une intervention et d’une évaluation est également déterminée par les besoins, les projets et les objectifs du patient, de sa famille et/ou du presta-taire de soins.

A"n d’observer les actions, l’ergothé-rapeute utilise des moyens, des instru-ments et des méthodes d’évaluation spé-ci"ques. Dans ce contexte, il sélectionne des évaluations qui se concentrent sur les points suivants :

– la prise en charge de soi ( les soins personnels, la mobilité fonctionnelle, etc. ) ;

– la productivité ( le ménage, les jeux, l’école, le travail rémunéré ou non rému-néré, etc. ) ;

– la détente ( la récréation passive ou active, les contacts sociaux, etc. ).

Identi"ez les compétences qui in/uencent les actions de manière positive ou néga-tive. Cette in/uence est déterminante pour l’élaboration d’un plan de traitement.

L’ergothérapeute décrit les composants de la prestation sous-jacents ( troubles

fonctionnels ) qui engendrent les limites fonctionnelles de la prestation.

Quelles troubles fonctionnels provo-quent ou peuvent provoquer un dys-fonctionnement au niveau des tâches, des activités ou de la participation ?

Placez l’action dans un contexte dans lequel le client occupe une place

centrale.

Observez les points forts, les problèmes

et les problèmes potentiels dans les

actions.

Observez les actions

Décrivez les compétences que la personne possède et

ne possède pas

Expliquez ou interprétez la cause réelle ou possible.

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162 | RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008

La facilité d’apprentissage, la motivation et la spiritualité sont des facteurs détermi-nants lorsqu’il s’agit d’entreprendre les in-terventions ergothérapeutiques suivantes :

– les interventions orientées vers la fonc-tion et les compétences ( la sélection

d’un modèle de rétablissement ou de dé-

veloppement ) ;

– les interventions structurelles ou de compensation ( la sélection d’un modèle

de compensation ).

Entraînez les fonctions touchées a"n d’obtenir un bon résultat de prestation oc-cupationnel. Diminuer le dysfonctionnement des fonctions permet d’e+ectuer les actions de manière plus adroite.

En d’autres termes, l’on tente de rétablir les actions. Le changement auquel l’on peut s’attendre est de courte durée. Les objectifs à court terme sont directe-ment en relation avec les objectifs fonctionnels à long terme.

A l’aide d’interventions orientées vers les tâches et les activités, l’ergothérapeute entraîne les fonctions sur le plan physique, mental et cognitif, psychologique et/ou psychosocial.

A"n de proposer une thérapie au patient, l’ergothérapeute peut e+ectuer des interventions orientées vers les tâches et les activités. Il adapte le niveau de dif-"culté et crée une gradation à l’aide des caractéristiques du matériel utilisé. De la sorte, il crée une variation. Si le patient ne progresse plus, l’ergothérapeute a recours au modèle de compensation.

Lorsque le patient ne se rétablit pas, l’er-gothérapeute enseigne des techniques alternatives ou des techniques de com-pensation et conseille éventuellement l’utilisation de moyens d’aide en guise de compensation des fonctions perdues.

A"n de rendre le fonctionnement possible au niveau de la participation dans le propre environnement ( même avec des troubles de certaines fonctions ), la tâche et l’environnement physique ou social peuvent être adaptés.

En collaboration avec le patient, ses proches, sa famille et le prestataire de soins, l’ergothérapeute choisit des méthodes d’intervention qui permettent de garan-tir une vie de qualité dans le propre environnement.

Ces méthodes peuvent engendrer une intervention à domicile suivie d’un plan de soins.

Lorsqu’une vie de qualité dans le propre environnement n’est plus garantie, l’on s’oriente vers un domicile de substitution ( équipements ).

Pendant tous ces processus, l’on évalue en permanence si les actions se sont améliorées. Il s’agit en réalité d’un contrô-le continu des objectifs à court et à long terme. Il est parfois nécessaire d’e+ectuer des corrections.

Choisissez un modèle de rétablissement ou de développement.

Choisissez un modèle compensatoire

Véri#ez à nouveau si les actions se sont

améliorées.

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RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008 | 163

Voici un aperçu des moyens d’évaluation issus de l’ergothérapie :

– les entretiens ;

– l’autoévaluation à l’aide de questionnaires ;

– les listes de contrôle et de classement ;

– l’historique occupationnel ;

– les narrations occupationnelles ( l’histoire de la vie de la personne ) ;

– l’observation des compétences ;

– la cotation des compétences ;

– la simulation de tâches ;

– les tests standardisés et non standardisés ( Moyers P.A. ).

Si le patient en est capable, les compétences perdues sont à nouveau ensei-gnées. En e+et, celles-ci s’acquièrent à l’aide d’exercices et d’expériences.

Les activités peuvent être graduées en fonction des compétences sensorimotri-ces, cognitives et psychologiques / psychosociales disponibles.

Lorsque les fonctions sous-jacentes ne se rétablissent pas, il est possible de pré-voir des moyens d’aide a"n de rendre les actions plus adroites.

L’apprentissage d’alternatives et/ou l’adaptation de l’environnement peuvent résulter en une prestation des activités plus adroite.

Intervention directe ou indirecte

Faites varier le niveau de di%culté, changez et adaptez l’activité

Donnez des conseils en matière de

moyens d’aide et/ou d’équipement.

Enseignez des alternatives ou des techniques

de compensation.

Adaptez la tâche ou

l’environnement physique ou

social.

Enseignez et exercez / entraînez

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164 | RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008

La participation des proches, de la famille et d’autres prestataires de soins est déterminante pour la manière dont le patient est soutenu chez lui.

Le soutien des proches, de la famille et du prestataire de soins sur le plan de la participation à la société permet d’éviter des formes de soins institutionna-lisées.

Informations, renseignements,

accompagnement

Utilisez les compétences de

chacunDonnez des conseils

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RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008 | 165

Annexe 1. Lexique

AVQ Les activités de la vie quotidienne. La terminologie uniforme( 1 ) est appliquée dans le cadre de ce pro"l de fonction. Dans d’autres publications, l’AVQ est divisée en une activité basale ou personnelle de la vie quotidienne ( ABVQ ou APVQ ) d’une part et, d’autre part, en une acti-vité instrumentale de la vie quotidienne ( AIVQ ).

Anamnèse ( hétéro- )

Les informations provenant d’autres personnes que le client même, par exemple du partenaire ou de la famille.

Evaluation Le processus de collecte des informations qui peuvent être importantes dans le cadre de l’élaboration d’un plan de traitement.

Restriction Les diXcultés éprouvées par une personne lors de l’exécution d’activités ( CIF ).

Soins de confort L’ensemble des actions, des mesures et des dispositions qui contribuent à un accompagnement, un soin et un traitement optimal de personnes dont le manque de prise en charge est irrémédiable.

Compétence Une caractéristique observable qui prend la forme de connaissances, d’un savoir-faire et/ou d’un comporte-ment qui contribuent au bon fonctionnement dans un rôle ou une fonction spéci"que, plus précisément celui de l’ergothérapeute.( http://www2.vlaanderen.be/personeelsopleiding/competenties.htm )

Evidence-based practice ( EBP )

Il s’agit-là d’un processus décisionnel qui permet de prendre des décisions cliniques en se basant sur les meilleures preuves disponibles, sur les connaissances et l’expérience d’un membre du personnel paramédical et sur les valeurs et les préférences du patient individuel.En d’autres termes, il s’agit d’une pratique basée sur des preuves et sur l’eXcacité.

Pharmacocinétique Les connaissances relatives à la manière et à la vitesse de résorption, de distribution, de chimisme et d’excré-tion de médicaments sur le plan du fonctionnement pharmacologique, thérapeutique et toxique.( A.A.F. Jochems et F.W.M.G. Joosten, 2003 : Zakwoorden-

boek der Geneeskunde )

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166 | RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008

L’action et la relation avec une tâche ou une activité

L’action ne correspond pas à une tâche ou une activité. Le fait d’agir comporte plusieurs tâches et est lié aux di+érents rôles de la personne.

Voir une activité constitue l’unité de base d’une tâche. Une tâche est composée d’une série d’activités ciblées. L’action est quant à elle plus large que la tâche ou l’ac-tivité. Tandis que les tâches et les activités visent à sa-tisfaire directement certains objectifs, l’action donne du sens ( occupation ) à la vie. Le fait d’agir est un pro-cessus complexe pendant lequel la personne satisfait à des besoins et remplit des objectifs tout en étant en in-teraction avec son environnement. La complexité n’est pas visible car la signi"cation, les objectifs, les valeurs et les convictions derrière l’action humaine ne sont pas immédiatement perceptibles

( Selon Law et al.,1996 : dans Townsend et al., 1997, 2002 : auteurs de CMOP )

Homéostase La capacité d’un organisme à compenser dans une cer-taine mesure l’in/uence environnementale qui gène les fonctions du corps humain.

( A.A.F. Jochems et F.W.M.G. Joosten, 2003 : Zakwoorden-

boek der Geneeskunde )

Intervention Chaque action de l’ergothérapeute dans le cadre du plan de traitement global du patient.

Intervision L’intervision est une forme d’amélioration des compé-tences, une méthode qui permet d’utiliser et de déve-lopper davantage les propres compétences au sein de l’organisation. L’objectif est d’améliorer la qualité du tra-vail. Il ne s’obtient pas en apportant des solutions mais en posant des questions. La propre capacité analytique à résoudre des problèmes sert alors à comprendre le problème soumis et à agir de manière adaptée.

CIF La Classi"cation internationale du Fonctionnement, du Handicap et de la Santé, ou la CIF, est composée d’un ensemble de classi"cations qui forment un outillage conceptuel standardisé pour la description du fonc-tionnement humain et les problèmes qui peuvent sur-gir dans ce contexte.

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RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008 | 167

Patient ( comme

l’on parle d’un

patient en milieu

hospitalier,

nous avons

volontairement

remplacé client par

patient )

Le patient représente chaque individu, chaque groupe ou chaque système ( de soins ) qui entreprend avec un ergothérapeute une relation professionnelle formée dans le cadre de l’exercice d’une profession. Il s’agit de personnes sou+rant de troubles de leurs actions mais aussi d’organisations et de systèmes de soins qui in/uencent les actions de leurs individus ou de leurs groupes spéci"ques et, par conséquent, leur bien-être personnel ( adaptation de la dé"nition CAOT de 1996 ). Quoi qu’il en soit, le « patient » est une personne ou un système orienté vers la personne ( Kinebanian, 1998 ).

Intervention à domicile

Les e+ets du traitement sur les actions de qualité dans le propre environnement sont visibles lors d’une inter-vention à domicile. En fonction des possibilités/res-trictions du patient, l’on peut donner des conseils en matière d’adaptation, de moyens d’aide et de change-ments de méthode. L’implication de dispensateurs de soins et/ou de prestataires de soins professionnels fait partie des possibilités permettant de garantir/soutenir la qualité de vie. Le plan des soins individuel est éla-boré en concertation avec l’équipe. Cette intervention est discutée lors de la réunion de l’équipe.

VE Vlaams Ergotherapeutenverbond VZW, ou l’Association /amande des ergothérapeuteswww.ergotherapie.be

Autonomie Pouvoir exécuter les activités de la vie quotidienne de manière autonome. Ceci implique également que l’on sache demander de l’aide lorsque l’on n’arrive pas à faire certaines choses soi-même.

Plan de soins Ce plan donne un aperçu de toutes les décisions concernant les soins du patient prises par les dispen-sateurs de soins et les professionnels du secteur. Il est élaboré lors d’une réunion d’équipe ou d’une réunion individuelle consacrée au plan de soins lors de la sortie imminente du patient.

L’ergothérapeute fait part de ses observations et de ses conseils. Il en parle avec tous les acteurs, il tient compte de leurs remarques et, sur la base de cette concertation, donne des conseils et propose des solutions. Les conseils de l’équipe sont ensuite appliqués au plan de soins.

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168 | RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008

Annexe 2. Les membres du groupe de travail

Dirk Watthy Ergothérapeute, chef de service à l’AZ Damiaan, Ostende, professeur à la KHBO de Bruges

Dirk Caulier Ergothérapeute à l’AZ Sint-Jan à Bruges, professeur à la KHBO de Bruges

Els Cokelaere Ergothérapeute à l’AZ Sint-Jan de Bruges

Brecht Botteldoorn Ergothérapeute

Annemie Colenbier Ergothérapeute à l’AZ Sint-Augustinus de Wilrijk

Trui De Cuyper Ergothérapeute à l’hôpital Elisabeth de Sijsele

Rudi de Henau Ergothérapeute, professeur à la haute école EHSAL de Bruxelles

Nele Gekiere Ergothérapeute à l’AZ Zusters van Barmhartigheid de Ronse

Walter Habils Ergothérapeute à l’hôpital régional Heilig-Hart de Leuven

Katrien Neven Ergothérapeute à l’hôpital régional Sint-Trudo de Saint-Trond

Patricia De Vriendt Ergothérapeute et gérontologue à l’Arteveldehogeschool à Gand, à la Vrije universiteit Brussel et de l’UZ-Brussel

Jonny Peeters Ergothérapeute, président de la VE

Els Roos Ergothérapeute à l’AZ Sint-Jan de Bruges

Karolien Seys Ergothérapeute

Kaat Simons Ergothérapeute et gérontologue à la Hogeschool Antwerpen

Melanie Van Daele Ergothérapeute à l’AZ Damiaan d’Ostende

Els Van Malderen Ergothérapeute, professeur à la Vesalius Hogeschool de Gand

Jan Valy Ergothérapeute, professeur à la PHLimburg de Hasselt

Petra Van Oevelen Ergothérapeute à la ZNA St.-Elisabeth Anvers, Président d’EdiTh

Ida Van Weyenbergh

Ergothérapeute à l’AZ Maria Middelares de Gand

Melissa Verhulst Ergothérapeute à la VZW Sint-Andriesziekenhuis de Tielt

Anne-Marie Verstraeten

Ergothérapeute

Leslie Vincke Ergothérapeute, professeur à la KHBO de Bruges

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RECUEIL ANNUEL D’ERGOTHÉRAPIE 1-2008 | 169

Bibliographie

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– A.R. relatif au programme de soins pour le patient gériatrique du 29 janvier 2007

– Kinebanian, A.,Thomas, C. Grondslagen van de ergotherapie. Maarsen Elsevier/

De Tijdstroom, 1999

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