Développement du Langage et de la Participation Verbale à 1’Ecole Maternelle et à 1’Ecole Primaire: Etude Longitudinale

Agnés Florin Université de Poitiers, France

1. Position du problème et objectifs

On conna’it l’importance que revêt la participation verbale active de l’enfant à la con- versation scolaire, en grande section de maternelle, comme condition de l’adaptation scolaire ultérieure (Loban, 1963; Zazzo, 1978)). Par ailleurs des observations répétées dans les diffé- rentes sections de maternelle nous ont permi de montrer que 30% des enfants ne participent pas ou très peu aux échanges verbaux de la classe (Florin, Braun-Lamesch, Bramaud du Bou- cheron, 1985). L’objectif de la présente étude est triple: préciser les rapports entre le niveau de participation verbale et d’autres conduites de l’enfant à l’école maternelle; étudier l’évolu- tion génétique de ces conduites et de leurs rapports jusque dans les premières classes de l’école primaire; repérer des indicateurs comportementaux précoces, significativement corrélés avec le niveau d’activité ultérieur de l’enfant.

2. Méthode et sujets

II s’agit d’une étude longitudinale d’une durée de 4 ans qui concerne 3 cohortes d’enfants (nés en 1981; en 1980; en 1978) soit 199 enfants au début de l’étude (1984); pour chaque enfant, on recueille chaque année: des renseignements concernant sa famille et les problèmes particuliers éventuels la concernant; un questionnaire rempli par l’enseignant et relatif à dif- férents aspects du comportement de l’enfant à l’école. Une évaluation par l’enseignant des résultats scolaires (pour les enfants qui ont atteint le niveau de l’école primaire). L e recueil des données de la dernière année s’est fait en juin 1987.

3. Résultats obtenus pour les deux premières années

3.1 Les rPsultats obtenus la première année (1983-1984) en maternelle

L‘ensemble des données de base obtenues pour les trois cohortes a été traité statistique- ment par des analyses factorielles des correspondances. Il apparait que les enfants se diffé- rencient principalement par leur degré de participation verbale à la conversation scolaire, qui est lié à leur degré d’insertion dans la vie scolaire (rapidité et efficacité, recherche de con- tacts, capacité à suivre le rythme de la classe ... etc.).

3.2 Comparaison des dmltaîs de la seconde année avec ceux de la première année

On a effectué de nouvelles analyses factorielles des correspondances en considérant les données comportementales de la lère année comme variables principales et en projetant les données de la 2e année comme variables secondaires.

206 A. FiQRIN

Pour les 3 groupes d’âges, on observe globalement une stabilité des comportements d’une année à l’autre; de plus, pour les enfants nés en 1978 qui sont à l’école primaire la 2e année, on trouve une grande proximité entre les variables d’adaptation en maternelle et les niveaux de performance dans les différentes matières scolaires à l’école primaire.

3.3 Anabse partielle de l’évolution de certaines variables

3.3.1. Chaque année les enseignants ont classé leurs élèves en fonction de leur niveau de participation verbale dans la conversation scolaire (tableau 1): grands parleurs (niv l), moyens parleurs (niv 2), faibles parleurs (niv 3).

’iàbleau 1: Répartition des enfants en fonction de leur niveau de participation verbale en 1984 et en 1985

1985 Niv 1 Niv 2 Niv 3

Niv 1

Niv 2

Niv 3

64 18 18

12 44 44

30 35 35

nés en 1981

1985

Niv 1

Niv 2

Niv 3

Niv 1 Niv 2 Niv 3 1985 Niv 1 Niv 2 Niv 3

Niv 2

22 61 Niv 3 36 51

nés en 1980 nés en 1978

Il apparaît que le niveau de participation verbale est stable de la lère à la 2nde année pour les enfants nés en 1980 et 1978: les corrélations entre les 2 classements sont significati- ves à 6 0 0 1 . Pour les enfants nés en 1981, la corrélation entre les 2 classements n’est pas significative; mais si le fait d’être faible parleur (niv 3) en lère année d’école maternelle n’est pas un indicateur de la participation verbale l’année suivante, la majorité des grands par- leurs (niv 1) de la lère année le demeurent la 2nde année (64W).

3.3.2. Pour chaque enfant né en 1978 on a calculé un score d’adaptation en maternelle en considérant les 11 variables ayant les plus fortes contributions dans le le‘ axe dégagé par l’anaiyse des correspondances. On a ensuite calculé la corrélation entre ces scores d’adapta- tion et les résultats scolaires en CP pour les trois matières notées par tous les enseignants (tableau 2).

‘iàbleau 2 Corrélations entre score d’adaptation en G. S. et dsultats scolaires en CI?

lecture expression orale opérations

Score d’adaptation en GS .53 .46 .37

sàp.OO1 sàp.OO1 s à p .O1

L’adaptation, telle qu’elle a été définie à la fin de l’école maternelle, est donc relative- ment prédictive des résultats scolaires au début de l’école primaire.

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4. Conclusion

Les résultats actuellement disponibles confirment l’importance de la participation ver- bale active à la conversation scolaire à l’école maternelle dès l’âge de 4 ans, comme condi- tion de I’adaption scolaire ultérieure. Avec le recueil des données de la dernière année on s’intéressera plus particulièrement aux trajectoires des sujets pendant 4 ans, compte-tenu de leur degré d’adaptation scolaire mesuré au début de l’évolution. On essaiera d’identifier les comportements scolaires précoces les plus prédictifs de la réussité ou de l’échec dans le pas- sage école maternelle - école primaire, et ce, pour aider à définir des aménagements à l’école maternelle qui pourraient réduire les échecs précoces.

aférences

Florin, A., Braun-Lamesch, M. M. & Bramaud du Boucheron, G. (1985). Le langage ù l’école maternelle. Bruxelles:

Laban, W. (1963). The lunguage ofelemeniary school children, Champaign: National Council of Teachers of English.

Zauo, B. (1978). Un gmndpa.vsage. De l’école maternelle O l’école élémentaire. Paris: Presses Universitaires de France.

Mardaga.