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DEVENIR HÔPITAL OU STRUCTURE DE SANTÉ PROMOTEUR DE SANTÉ : QUELS AVANTAGES ? H Actes du séminaire 13 novembre 2014 – Ministère de la Santé, Paris

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DEVENIR HÔPITAL OU STRUCTURE DE SANTÉ PROMOTEUR DE SANTÉ :

QUELS AVANTAGES ?

H

Actes du séminaire13 novembre 2014 – Ministère de la Santé, Paris

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DEVENIR HÔPITAL OU STRUCTURE DE SANTÉ PROMOTEUR DE SANTÉ : QUELS AVANTAGES ?

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SOMMAIRE

Ouverture de la journée 4 Thanh LE LUONG Directrice générale de l’ Inpes

HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT À LA MISE EN ŒUVRE 6

Qu’est-ce qu’un hôpital ou une structure de santé promoteur de santé ? 7 François MARTIN Praticien hospitalier, médecin de santé publique, centre hospitalier de Dreux

Améliorer la qualité de vie des usagers 12 François MARTIN Praticien hospitalier, médecin de santé publique, centre hospitalier de Dreux

Claude RAMBAUD Vice-présidente, Collectif interassociatif sur la santé

Développer un milieu de travail favorable à la santé 18Éliane FAGUAIS Référente territoriale « Éducation pour la santé et éducation thérapeutique », groupement de coopération sanitaire « Accompagner et soigner ensemble dans le Bessin Pré-bocage »

Aurélie LAUNAY Référente territoriale « Éducation pour la santé et éducation thérapeutique », centre hospitalier de Lisieux

Véronique GHADI Chef de projet, Haute Autorité de santé

Coopérer avec la communauté et le territoire 25

Catherine GERMAN-LABAUME Responsable du Service observatoire et promotion de la santé du pays de Martigues, chef de projet « Atelier Santé-Ville et contrat local de santé »

Odile SARLEGNA Chargée des actions de santé publique, centre hospitalier de Martigues

Caroline NAVARRE Conseillère municipale déléguée à la prévention et à la santé publique, vil le de Montpellier, membre du Réseau français des vil les-santé de l’OMS

Prendre en compte l’environnement 30Virginie VALENTIN Secrétaire générale, CHU de Bordeaux

Olivier TOMA Président, Comité pour le développement durable en santé

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FAVORISER LA PROMOTION DE LA SANTÉ EN MILIEU DE SOINS : DE LA DÉMARCHE LOCALE À L’APPROCHE GLOBALE 36

Quelle place pour la promotion de la santé dans la future loi de santé ? 37Marie-Christine FAVROT Conseillère médicale auprès du directeur général de la Santé

Comment devenir hôpital ou structure de santé promoteur de santé ? Quels sont les freins et leviers ? 40Table ronde

Réseau international et Réseau national des hôpitaux et structures de santé promoteurs de santé : quels rôles ? 49

Paule DEUTSCH Directrice, Direction de l’animation des territoires et des réseaux, Inpes

Laurence BENTZ Praticien hospitalier, Département de santé publique, CHU de Nice

Clôture de la journée 55

Félix FAUCON Adjoint au directeur général de l’Offre de soins

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OUVERTURE DE LA JOURNÉE

Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureuse de voir l ’auditorium aussi rempli pour le premier séminaire national des hôpitaux et structures de santé promoteurs de santé. Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont accepté notre invitation à présenter leurs pratiques et analyses, notamment Mme Marie-Christine Favrot, conseillère médicale auprès du directeur général de la Santé, et M. Félix Faucon, adjoint au directeur général de l’Offre de soins. Je remercie également le ministère de la Santé de nous avoir accueill is dans ses locaux, ainsi que les équipes de l’ Institut national de prévention et d’éducation pour la santé qui ont permis la tenue de ce séminaire.

L’Inpes est le coordonnateur du Réseau français des hôpitaux et structures de santé promoteurs de santé (HSPS). Autrefois, i l s’appelait

« HPS » (Hôpitaux promoteurs de santé) ; depuis, le visage de l’organisation des soins en France a changé et nous avons donc ajouté les structures de santé promotrices de santé. Ce rendez-vous vise à permettre à l’ensemble des acteurs d’échanger sur leurs pratiques. L’Inpes est en effet particulièrement attaché à favoriser la promotion de la santé dans tous les milieux, y compris en milieu de soins. L’OMS définit la promotion de la santé comme « le processus qui confère aux personnes le moyen d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé et de l’améliorer ». Ce processus inclut la promotion des modes de vie sains, ainsi que l’amélioration des conditions de vie, des facteurs sociaux, économiques et environnementaux qui déterminent la santé.

Qu’en est-il de la promotion de la santé dans les établissements de soins ? Une structure de santé promotrice de santé étend ses responsabilités au-delà de la lutte contre les maladies et promeut une approche globale de la santé. Cela signifie qu’elle doit mener des actions spécifiques et développer des politiques globales pour améliorer la santé et le bien-être des usagers et de leurs proches, mais aussi du personnel de l’établissement et de la communauté au sein de laquelle la structure de santé est implantée, tout en prenant en compte la préservation de l’environnement.

Usagers, professionnels de santé, communauté et environnement constituent ainsi les quatre piliers autour desquels s’élabore la démarche globale de promotion de la santé en milieu de soins. Concrètement, i l est nécessaire de mettre en place des actions d’éducation pour la santé, de travailler en partenariat avec les autres acteurs de la santé pour assurer la continuité des soins, d’améliorer les conditions de travail dans les structures de santé et de faciliter la participation des professionnels et des usagers aux décisions qui concernent leur santé.

Développer la promotion de la santé en milieu curatif permet d’améliorer à la fois les conditions de vie au sein de l’établissement et la qualité des soins. Associer les usagers de l’hôpital ainsi que les citoyens de la communauté leur permet d’être en situation d’empowerment par rapport à leur propre santé. Les hôpitaux et les structures de santé ont commencé à intégrer cette dimension dans leur pratique quotidienne, mais la promotion de la santé en milieu de soins reste encore insuffisamment développée en France, dans un contexte où nous pourrions attendre un continuum entre préventif et curatif, même si des actions de prévention sont menées dans la plupart des établissements.

Pour favoriser le développement de cette démarche, un réseau international de structures de santé promotrices de santé a été créé, le Health Promoting Hospitals and Health Services (HPH). Ce réseau se décline en France sous la

Thanh LE LUONG Directrice générale de l’ Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) 1

Thanh LE LUONG

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forme du Réseau HSPS. Développer la promotion de la santé en milieu de soins et lui donner un cadre, telles sont les grandes missions que s’est fixé ce réseau.

Grâce à ce premier séminaire national, l ’ Inpes et les membres du Réseau français HSPS souhaitent mieux faire connaître le concept des hôpitaux et structures de santé promoteurs de santé. À nous également de montrer quels sont les avantages, pour les établissements de soins, à mettre en place une démarche globale en privilégiant les approches transversales, en construisant des synergies d’acteurs et en inscrivant l ’offre de soins dans un continuum de l’hôpital jusqu’à la communauté pour participer à l’amélioration de la qualité des soins et de la santé de la population.

Nous sommes déjà heureux de constater l ’ intérêt que suscite le thème de ce séminaire et la diversité des participants, puisque sont rassemblés aujourd’hui des représentants d’usagers, des praticiens et des membres de direction de centres hospitaliers publics et privés mais aussi d’autres structures de santé (centres de santé, maisons de santé et cabinet médicaux libéraux), des représentants d’agences régionales de santé (ARS), des membres de réseaux de santé et de réseaux d’hôpitaux, des personnels d’administration centrale. Je suis convaincue que les présentations et les débats auxquels nous allons assister aujourd’hui seront d’une grande richesse.

Cette journée s’articulera autour de deux temps forts. La matinée sera consacrée à la présentation du concept et à sa mise en pratique autour de quatre piliers : usagers, professionnels de santé, communauté et environnement. La parole sera donnée à des professionnels investis dans le réseau, qui présenteront des pratiques de terrain innovantes, ainsi qu’à des grands témoins institutionnels et associatifs, qui l ivreront leur analyse sur l’ intérêt de la promotion de la santé en milieu curatif. L’après-midi consistera en un exposé des motivations et des moyens de développer la promotion de la santé dans les lieux de soins, de la démarche locale à la politique nationale.

Il s’agit en effet d’un enjeu majeur de santé publique, avec des implications pour l’ensemble des acteurs du domaine de la santé. Dès lors, se pose la question de la place qu’occupera la promotion de la santé dans la future loi de santé, et c’est un thème qui sera aussi abordé cet après-midi.

Le projet de loi sera examiné au Parlement en 2015. Parmi tous les sujets dont va traiter cette nouvelle loi, i l y en a un dont je voudrais également vous parler à cette occasion : i l s’agit de la création du futur Établissement pour la prévention, la veille et l ’ intervention en santé publique. Ce nouvel établissement va changer le paysage de la santé publique en France. I l va regrouper trois agences existantes :• l’ Institut de veille sanitaire (InVS) ;• l ’Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus) ;• l ’ Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes).

Cet établissement permettra de doter la France d’un véritable institut de santé publique, qui reprendra l’ensemble des missions des agences existantes et dont la naissance est annoncée à ce jour pour le 1er janvier 2016.

Dans ce monde en mutation, i l nous faut donc innover et nous remobiliser en permanence. Ce séminaire est là pour nous y aider. Je vous souhaite à tous une journée enrichissante et constructive au service de la promotion de la santé en milieu de soins.

1 Depuis le 15 décembre 2014, François Bourdillon, nommé préfigurateur du nouvel Établissement pour la prévention,

la veille et l ’ intervention en santé publique, est le nouveau directeur général par intérim de l’ Inpes.

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT À LA MISE EN ŒUVRE

DEVENIR HÔPITAL OU STRUCTURE DE SANTÉ PROMOTEUR DE SANTÉ : QUELS AVANTAGES ?

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT À LA MISE EN ŒUVRE

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MODÉRATEUR : PASCAL LEMIEUX

Coordonnateur du Département prévention, promotion de la santé, éducation thérapeutique, Direction de la santé publique, agence régionale de santé de Basse-Normandie

La matinée promet des échanges très riches, avec pour objectif de présenter le concept d’hôpitaux et structures de santé promoteurs de santé. Ce dernier sera ensuite il lustré par quatre exemples de pratiques de terrain, centrés sur chacun des piliers du Réseau HSPS :

• les actions en direction des usagers ;• les actions en direction des professionnels ;• les actions en direction de la communauté et du territoire ;• les actions en direction de l’environnement.

Ces présentations seront suivies d’une réaction à chaud, livrée par de grands témoins.

FRANÇOIS MARTIN

Praticien hospitalier, médecin de santé publique, centre hospitalier de Dreux

Je remercie l’ Inpes d’avoir pris l ’ initiative de réactiver ce réseau et d’organiser aujourd’hui cette réunion dans un lieu symbolique. Je remercie Mme la Directrice et les différents intervenants.

Pendant mes 38 années de praticien hospitalier, j ’ai eu la chance de rencontrer des collaboratrices et collaborateurs qui se sont impliqués dans les stratégies d’hôpitaux promoteurs de santé. Je pense en particulier à Isabelle Aujoulat, aujourd’hui directrice de l’ Institut de santé publique à Bruxelles, à qui je dois beaucoup par rapport à ce que je vais vous présenter dans cet exposé sur le concept d’hôpitaux et structures de santé promoteurs de santé.

Par mon parcours de clinicien, pneumologue hospitalier confronté aux pathologies à pronostic vital (cancer bronchique) et aux maladies chroniques, mais aussi par mon activité de médecin de santé publique, j ’ai été amené à interroger les rôles et missions de l’hôpital. Parler des concepts des hôpitaux promoteurs de santé suppose d’abord la

Qu’est-ce qu’un hôpital ou une structure de santé promoteur de santé ?

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ

PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT

À LA MISE EN ŒUVRE

maîtrise minimale (en termes de connaissances et de pratiques) du cadre organisationnel et réglementaire complexe des établissements de santé de notre pays ; c’est donc aussi d’une réflexion d’équipe qu’il s’agit. On ne se situe pas dans un exercice solitaire, mais dans une réflexion collective sur la faisabilité, la transposabilité de concepts et de pratiques, voire des stratégies de projets à mettre en œuvre.

La notion de « réorientation des services de santé » découle de la charte d’Ottawa pour la promotion de la santé, adoptée par l’OMS en 1986. Cette charte soulève la question de la prise en compte des déterminants de santé le plus en amont possible des pathologies. Concernant les déterminants sociaux de la santé, comme le rappelle le document OMS/Europe Santé 20202, le cloisonnement entre le social et le sanitaire (institué par la loi de 1970) est sans doute un obstacle supplémentaire, propice au développement des inégalités sociales de santé.

Sous l’effet de la transition épidémiologique des maladies chroniques, les problématiques de santé revêtent aujourd’hui de plus en plus une question de sens auquel seul le Réseau des hôpitaux promoteurs de santé répond (quel objectif de prise en charge pour les « healthy il l people » ?, par exemple). En effet, la démarche portée par la charte d’Ottawa relève d’un concept définissant la santé aussi comme une ressource de la personne confrontée aux déterminants de santé, voire aux pathologies les plus graves. L’objectif de la prise en charge de la personne est sa qualité de vie, et non seulement sa normativité biométrique.

En France, dans un établissement de soins, la santé demeure encore aujourd’hui le « silence des organes », comme la définissait le professeur René Leriche. Elle vise la restitution ad integrum d’un organe ou d’une fonction lésée à travers une optimisation biométrique. Les difficultés de mise en œuvre, voire d’évaluation des programmes d’éducation thérapeutique, témoignent de cette culture biomédicale (la finalité d’un programme d’éducation thérapeutique d’un patient diabétique n’est en effet pas que la normalisation de l’hémoglobine glyquée…). La mise en œuvre d’une unité transversale d’éducation thérapeutique du patient (Utep) est vraisemblablement bien plus aisée dans un établissement ayant déjà la « culture » d’un hôpital promoteur de santé. Les observations faites dans le cadre de l’évaluation quadriennale des programmes d’éducation thérapeutique autorisés seront contributives pour tester la faisabilité de la mise en œuvre de l’éducation thérapeutique du patient (ETP) dans un système de santé encore centré sur le soin et la pathologie.

La charte de Budapest (1992) est un deuxième texte fondateur, qui redonne du sens à l’exercice professionnel des praticiens de santé. Les principes de cette charte sont fondés sur une médecine humaniste, orientée vers le bien-être des patients. Des réflexions stratégiques sont proposées, prenant en compte les domaines managérial, communicationnel et médico-économique (rapport coût/efficacité).

La charte de Vienne (1997) identifie les différentes stratégies permettant de construire un hôpital promoteur de santé. En outre, l ’hôpital est conçu comme une organisation apprenante dans la durée (processus), dans la diversité de ses professionnels, des usagers et de son environnement.

L’hôpital est conçu comme une organisation apprenante

2 OMS. Bureau régional de l’Europe. Santé 2020. Cadre politique et stratégie. Copenhague : OMS, 2013 : 219 p.

En ligne : http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0005/215258/Health2020-Long-Fre.pdf [dernière consultation

le 03/02/2015].

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT À LA MISE EN ŒUVRE

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En effet, l ’une des caractéristiques d’un hôpital promoteur de santé, c’est qu’il prend bien entendu en charge les patients qui lui sont adressés, mais qu’il s’intéresse aussi à la promotion de la santé des personnes qui y travaillent, aux habitants du territoire qu’il dessert et à son environnement, dans un souci d’interactivité. Nous sommes loin du plateau technique tiroir-caisse T2A que sont devenus nos hôpitaux !

L’intérêt d’une implication dans le Réseau des hôpitaux et structures de santé promoteurs de santé, c’est aussi de contribuer à un outil de réflexion sur les missions, les évolutions, les adaptations des établissements de santé. Le réseau a produit, modélisé des pratiques organisationnelles particulièrement contributives sur les attentes et la place des usagers dans les établissements de santé, par exemple.

Il faut donc réfléchir à la coproduction des usagers de l’hôpital dans un projet de santé. En ouvrant les modèles biomédicaux à d’autres stratégies, y compris éducative et psychosociale, un hôpital promoteur de santé peut agir sur l ’histoire, l ’évolutivité d’une maladie. C’est la raison pour laquelle la pathologie asthmatique voit sa prévalence d’admission aux urgences diminuer de façon importante depuis quelques années. Cette évolution n’est pas due à une thérapeutique biomédicale nouvelle, mais à une inclusion plus systématique des patients asthmatiques dans des démarches éducatives. L’outil de modélisation représenté page 10, proposé par les hôpitaux promoteurs de santé, contribue à recentrer la finalité du soin hospitalier sur les véritables besoins des patients asthmatiques.

Une stratégie globale

ACTIONS DÉVELOPPÉES

EN DIRECTION DES USAGERS

HSPSEN DIRECTION

DES PROFESSIONNELS

EN DIRECTION

DE L’ENVIRONNEMENT

EN DIRECTION

DE LA COMMUNAUTÉ

Extrait du diaporama présenté par François Martin le 13/11/2014

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Pour conclure, les réseaux HPH et HSPS reposent sur un modèle intégratif du système de santé visant à répondre aux problématiques conjointes et non antagoniques des patients et de la santé publique (telles que la problématique de la mise à disposition des médicaments de l’hépatite C, particulièrement onéreux). Pour renouer avec l’Antiquité, Hygie et Panacée en ont été les déesses (la première incarnant la médecine préventive et la seconde, la médecine curative). Leur juste équilibre est le seul moyen de maintenir à flot la barque fragile de notre système de santé.

Offre des soignants

Pronostic vital(soins intensifs)

Pronosticfonctionnel

Qualité de vie• échelles• compliance• éducation

Prévention Primaire• conseillère d’environnement• allergies• pollutions...

Pronosticvital

Surveillancefonctionnelle

Qualité de vie(adhésion

thérapeutique)

Prévention Primaire

Attentes des patients asthmatiques

F. Martin / États généraux de l’asthme / 06.99

SOIN BIOMÉDICAL SOIN ÉDUCATIFConception de la santé Finalité (restitution ad integrum) Moyen (ressource face à la maladie)

Objet du soin Maladie Patient

Objectif du soin Optimisation biométrique (guérison)

« Faire de la santé un projet au lieu de la maladie un cauchemar »Améliorer la qualité de vie

Place du patient Passif Acteur

Temps de la maladieDurée de la maladie

SéquencesAiguë

ProcessusChronique

Organisation CloisonnéeIntra/Extraservice (curatif/préventif, médical/social)

TransversaleTransdisciplinaire, professionnelleContinuité santé/maladie

Environnement Déterminants de santé

« Pas la fonction de l’hôpital » Prise en compte des déterminants de santé du bassin de vie

Pratique soignante Prestataire de servicesIndividuelle

Empowerment (autonomisation face à la maladie) Individuelle et collective (groupe)

F. Martin, La Santé de l’homme, n° 360 (juil let-août 2002)

HPH : un modèle intégratif du soin à la promotion de la santé

Outil de modélisation sur les besoins des patients asthmatiques

HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ

PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT

À LA MISE EN ŒUVRE

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT À LA MISE EN ŒUVRE

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• QUESTION POSÉE DANS LE PUBLIC :

« Le docteur Martin a fait commencer la promotion de la santé après la naissance. Mais comment l’ intégrer pour les enfants à naître, sachant que les inégalités de santé existent avant la naissance ? »

THANH LE LUONG RÉPOND :

« À la suite des expérimentations canadiennes sur les interventions précoces autour de la grossesse, l ’ Inpes a mis en place un projet expérimental baptisé “PANJO” (Promotion de la santé et de l’attachement des nouveau-nés et de leurs jeunes parents). I l s’agit d’organiser, en lien avec les PMI, des visites à domicile de promotion de la santé auprès des femmes enceintes. »

• QUESTION POSÉE DANS LE PUBLIC :

Une représentante de l’ARS Guadeloupe indique que le taux d’analphabétisme est élevé dans cette collectivité d’Outre-Mer. Pour cette représentante, « les messages de prévention n’ont donc pas réellement d’impact ». Elle rappelle que « le chercheur et enseignant Éric Breton met en lumière le fait que l’espérance de vie à bac + 2 est supérieure à l’espérance de vie à bac – 2 » et elle insiste sur ce point : « Les inégalités de santé se construisent dès le plus jeune âge. »

THANH LE LUONG PRÉCISE :

« Pour agir sur les déterminants, une démarche intersectorielle doit être mise en place. L’un des programmes de l’ Inpes consiste à travailler sur la “littératie3“, afin d’assurer l ’accès d’un public moins armé aux informations lui permettant d’agir sur sa santé. »

Échanges avec la salle

3 « Aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la

collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités. » (OCDE.

La littératie à l’ère de l’information [rapport]. Paris : Les Éditions de l’OCDE, 14 juin 2000 : 211 p.

En ligne : http://www.oecd.org/fr/education/innovation-education/39438013.pdf [dernière consultation le 03/02/2015]).

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FRANÇOIS MARTIN

Praticien hospitalier, médecin de santé publique, centre hospitalier de Dreux

Cette présentation reflète un travail d’équipe et une pratique de santé publique qui s’intéresse aux déterminants de santé. La structuration et la mise en œuvre de l’unité que je vais vous présenter – et qui est garante de l’ implication d’un centre hospitalier dans la promotion de la santé – doivent beaucoup aux compétences d’Isabelle Aujoulat, Florence Da Silva et Sylvain Decelle, qui en ont été les coordinateurs successifs.

En 1996, c’est dans le cadre de l’élaboration des projets d’établissements hospitaliers et après une étude des besoins de santé de la population du bassin de vie de Dreux qu’une unité de prévention et d’éducation (UPE) a vu le jour et a d’emblée été identifiée comme axe stratégique de développement de l’hôpital, mais sans bénéficier d’autre moyen que mon mi-temps de praticien hospitalier au sein de cette unité et la responsabilité du centre de lutte antituberculeuse (Clat). La rencontre avec les hôpitaux promoteurs de santé de ces années (chartes de Vienne et Budapest) a permis la modélisation, puis la mise en œuvre de cette unité.

L’action la plus exemplaire a concerné le tabac, avec la mise en place d’un modèle intégratif qui a obtenu le prix MNH des hôpitaux sans tabac, témoignant ainsi de la pertinence des concepts proposés par le Réseau des hôpitaux et structures de santé promoteurs de santé.

Présentation de pratique de terrain

Améliorer la qualité de vie des usagers

HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ

PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT

À LA MISE EN ŒUVRE

Une approche intégrée : l’exemple du dispositif d’information, d’éducation et d’aide à l’arrêt du tabac du CH Dreux (prix MNH)

Actions de promotion de la santé en direction des PATIENTS

Aide à l’arrêt : consultations individuelles, groupe de parole, relaxation, conseils diététiques, suivi

Accès aux substituts nicotiniques en cas d’hospitalisation

DispositifTABAC

FORMATION du personnel

Travail en RÉSEAU

Actions d’éducation pour la santé dans les écoles et les quartiers

Actions de promotion de la santé en direction de la COMMUNAUTÉ

Comité de prévention du tabagisme (RHST) : implication des services (para)médicaux, administratifs et techniques

Actions de promotion de la santé : dimension INSTITUTIONNELLE

Actions de promotion de la santé en direction des PERSONNELS du CH

Accès au dispositif de sevrage

Enquête sur le tabagisme du personnel hospitalier

Extrait du diaporama présenté par François Martin le 13/11/2014

Usagers

Usagers

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT À LA MISE EN ŒUVRE

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Sur le plan de la précarité sociale, l ’UPE s’est rapidement impliquée dans la politique de la vil le en devenant, avec les vil les de Dreux et Vernouillet, le l ieu de la coordination de l’atelier Santé-Ville (ASV) puis du contrat local de santé (CLS). Ce modèle intégratif, qui prévoit l ’ implication d’un médecin généraliste dans le dispositif Pass (Permanence d’accès aux soins de santé) et permet la délocalisation du dispositif dans une épicerie sociale, est à l’origine d’un prix UNCCAS délivré par les centres communaux d’action sociale.

Cette multiplicité des activités témoigne de la faisabilité de la promotion de la santé à l’hôpital, s’i l n’est pas seulement cantonné à être un plateau technique tarifant à l’acte. Pour cela, les stratégies de prise en compte des déterminants de santé et l ’approche globale de la personne sont les prérequis de la réorientation des services de santé, évoquée par la charte d’Ottawa. Des dispositifs permettant « d’aller vers » la personne sont susceptibles d’impacter cette réalité de santé publique (la politique territoriale des contrats locaux de santé en est un bon exemple) et le cadre conceptuel des hôpitaux promoteurs de santé permet l’articulation de dispositifs universels et « ciblés ».

L’UPE est devenue le lieu ressource d’une unité transversale d’éducation des patients qui accompagne aujourd’hui une dizaine de programmes autorisés. Elle permet d’assurer la difficile et contraignante logistique administrative de la mise en œuvre et des évaluations (annuelles et quadriennales) des programmes, tout en assurant des fi les actives suffisamment significatives (environ 1 500 patients).

Le centre hospitalier dispose aujourd’hui d’une équipe transversale de 8 infirmières et 2 diététiciennes diplômées en éducation thérapeutique. Détachées de leur service d’origine, ces 10 personnes font de l’ETP à temps plein. Elles sont en relation les unes avec les autres et elles coordonnent des programmes qui bénéficient aux patients suivis en consultation externe ou en hospitalisation (dans un territoire de santé en désert médical et paramédical).

Par ailleurs, en 2005, l ’université a confié à l’UPE la responsabilité de l’organisation de diplômes universitaires en éducation pour la santé et en éducation thérapeutique. La capacité de l’UPE à articuler la mise en œuvre d’actions de promotion de la santé (par approche populationnelle ou par déterminant de santé) et à modéliser des pratiques, est un levier pour la recherche interventionnelle en promotion de la santé.

Éducation thérapeutique du patient : une approche transversale

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DEVENIR HÔPITAL OU STRUCTURE DE SANTÉ PROMOTEUR DE SANTÉ : QUELS AVANTAGES ?

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CLAUDE RAMBAUD

Vice-présidente, Collectif interassociatif sur la santé (Ciss)

Je vous remercie de donner la parole à une représentante des usagers. L’amélioration de la qualité de vie des usagers soulève la question de la place des hôpitaux et structures de santé dans la promotion de la santé, alors que la tradition curative reste forte dans les établissements. Mais il y a plusieurs signes encourageants. Une impulsion à la promotion de la santé a été donnée dans les années 1970, puis par les réformes de 1986 et 1991. Les projets de loi de financement de la Sécurité sociale comportent désormais des lignes budgétaires dédiées aux personnes non hospitalisées. Les établissements doivent maintenant construire avec les ARS un projet d’établissement au plus proche des besoins de la population. Aujourd’hui, le maillage territorial est extraordinaire et les hôpitaux locaux pénètrent au cœur des territoires. De plus, ces centres hospitaliers sont conduits à prendre en charge un nombre croissant de patients atteints de maladies chroniques, en particulier en zone rurale.

Par ailleurs, i l y a le soi-disant4 déficit de l’Assurance maladie et la pénurie de ressources que l’on nous annonce. Telle Shiva, à la fois déesse de la vie et de la mort, chaque politique possède son envers. Ainsi, on loue souvent l ’avance des Britanniques en matière de promotion de la santé, mais on oublie ses revers, comme l’absence de prise en charge de la dialyse au-delà d’un certain âge. Notre politique comporte aussi ses côtés positifs. Pour lutter contre la diminution des ressources en santé, ou du moins pour faire face à ce besoin croissant de moyens financiers, i l faudra en effet réduire les maladies. Nous sommes au pied du mur. Or, nos structures de santé peuvent répondre à cet objectif en développant une offre nouvelle en matière de promotion de la santé. Par exemple en ce qui concerne la périnatalité.

I l s’agit là d’actions possibles sur le plan collectif. Sur le plan individuel,

Réaction du grand témoin

ADDICTOLOGIE PRÉVENTION ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE

• Tabacologie

• Alcoologie• Pass (Permanence d’accès aux soins de santé)

• Clat (Centre de lutte antituberculeuse)

• Ciddist (Centre d’information, de dépistage et de diagnostic des IST)

• Centre de vaccinations

• UPE (Unité de prévention et d’éducation) :

- atelier Santé-Ville ;

- bilan de santé (CES/CPAM) ;

- centre documentaire à disposition des professionnels et des patients ;

- diplôme universitaire Éducation pour la santé Éducation thérapeutique.

• Asthme, BPCO

• Risque des anticoagulants

• Rhumatismes inflammatoires

• Chirurgie (stomies)

• Diabète (1, 2, gestationnel)

• VIH, schizophrénie : 11 programmes autorisés

Bilan des activités de promotion de la santé au CH de Dreux

HPH Inpes 2013

4 Comme s’il pouvait y avoir un déficit de ce qui fait partie du capital structurel de l’État, mais c’est une façon de parler.

HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ

PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT

À LA MISE EN ŒUVRE

Usagers

Usagers

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il faut prendre en compte la problématique du stress du patient face à sa maladie, qui va nuire à la qualité de sa prise en charge. Toutes les actions d’amélioration de la qualité de vie doivent tenir compte de ce facteur, d’autant qu’il existe des liens chimiques entre le stress et l ’évolution d’une maladie.

Concernant la qualité de vie des usagers, je voudrais également insister sur l ’exemple de la nutrition. Car si des progrès ont été faits dans le domaine de l’hygiène, i l reste une marge d’amélioration importante pour la nutrition. Les cahiers des charges signés avec des prestataires extérieurs sont basés sur le grammage, c’est-à-dire sur la quantité. Or, i l importe de se baser aussi sur la qualité nutritionnelle d’un plateau. J’ai accompagné récemment un proche hospitalisé pour un cancer du pancréas en phase terminale et qui ne pouvait quasiment plus manger : les cinq éléments de son plateau-repas étaient composés essentiellement de protéines animales. I l y a vraiment des progrès à faire sur la nutrition, qui concerne tous les malades. L’Inpes devrait donc s’emparer de ce sujet.

• INTERVENTION DANS LE PUBLIC :

« Les enfants à naître sont les seuls à ne pas bénéficier de l’ interdiction du tabagisme passif. Par ailleurs, les substituts nicotiniques ne sont pas remboursés comme des médicaments. Or les femmes en situation de vulnérabilité sociale sont celles qui fument le plus et ne sont pas aidées. Les pouvoirs publics doivent s’intéresser à ce problème de santé publique qu’est la santé des générations futures. »

CLAUDE RAMBAUD RÉAGIT :

« Dans les pays anglo-saxons, les professionnels de santé profitent du temps de passage des mères dans les hôpitaux pour mener des actions d’éducation de base (hygiène du nouveau-né, allaitement, nutrition, environnement). En France, les établissements ne savent pas s’inscrire dans ces démarches. Bien que les temps de passage soient plus courts, i l est possible de mener des actions d’éducation peu coûteuses et qui peuvent rapporter beaucoup. En effet, la prévention diminue les coûts de santé tout en améliorant le bien-être de la personne.

Échanges avec la salle

De gauche à droite : François MARTIN, Claude RAMBAUD, Pascal LEMIEUX, Thanh LE LUONG

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La situation des femmes à la sortie de la maternité est inquiétante : toutes n’ont pas la chance d’avoir une mère ou une grand-mère pour les éduquer aux soins à apporter à l’enfant. À titre d’exemple, dans les Hauts-de-Seine, j ’ai initié un projet de création de maison d’accueil pour les femmes enceintes ne pouvant pas retourner rapidement chez elles, mais il n’a malheureusement pas abouti. L’éducation à la santé autour de la naissance est un moment important pour la santé de la mère et pour le capital santé de l’enfant. I l reste encore beaucoup à faire en matière de prévention et d’éducation. »

• REMARQUE DANS LE PUBLIC :

« Les représentants des usagers se sont vu accorder une vraie place à l’hôpital, mais leur action ne semble pas assez structurée. I ls pourraient cependant être l’aiguillon de la structure pour promouvoir davantage la promotion et l ’éducation pour la santé. »

CLAUDE RAMBAUD ACQUIESCE :

« Dans les structures hospitalières, les représentants des usagers sont assez isolés dans l’exercice de leur mission face aux “sachants”, alors qu’ils peuvent jouer ce rôle d’aiguillon. Aux États-Unis, la notion d’engagement des patients est de plus en plus évoquée. Parler de l’aspect militant oblige les représentants des usagers à se structurer, à se repositionner dans cet espace où ils vont apporter quelque chose de nouveau, de différent, et parfois même introduire un débat contradictoire. »

THANH LE LUONG AJOUTE :

« L’Inpes a créé une chaire de formation en promotion de la santé à l’École des hautes études en santé publique de Rennes. Cette chaire peut tout à fait s’ouvrir à la formation des représentants des usagers. »

• TÉMOIGNAGE DANS LE PUBLIC :

Un médecin coordonnateur dans une structure d’hospitalisation à domicile ayant une approche médico-psychosociale globale témoigne : « Ma formation en éducation thérapeutique m’a conduite à inscrire l’ETP dans le champ de la promotion de la santé. Depuis quatre ans, j ’ai engagé un programme d’éducation thérapeutique en sortie de maternité de niveau 3 avec une formation à destination de l’ensemble de l’équipe pluriprofessionnelle et un concept de promotion de la santé visant à établir non seulement les thématiques prioritaires autour de l’allaitement, mais aussi celles relevant de la qualité de vie et de la relation mère-enfant, puisque les études scientifiques montrent combien ce lien précoce va éviter les manifestations de violence au moment de l’adolescence. » Cependant, ce médecin s’interroge sur la pérennité de ce programme, qui n’est pas financé, en insistant sur le fait que « l ’éducation thérapeutique n’est quasiment pas valorisée en hospitalisation à domicile », et juge la situation alarmante.

CLAUDE RAMBAUD INDIQUE :

« Des financements peuvent être recherchés du côté des missions d’intérêt général (Mig). Un débat doit avoir l ieu au sein des ARS. »

HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ

PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT

À LA MISE EN ŒUVRE

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT À LA MISE EN ŒUVRE

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• RÉACTION DANS LE PUBLIC :

« Il n’y a pas d’harmonisation au niveau des financements des ARS, les soins sont dissociés de la prévention. »

CLAUDE RAMBAUD PRÉCISE :

« L’importance de la prévention primaire doit également être prise en compte. »

• TÉMOIGNAGE DANS LE PUBLIC :

Une représentante de l’ initiative « Hôpital ami des bébés » (Ihab) explique qu’« en ce qui concerne la périnatalité, cette initiative, mise en place en 1991, offre aux maternités et services de néonatalogie un cadre dans lequel i l est possible de concourir non seulement à la promotion de l’allaitement et à sa gestion, mais aussi à l’accueil des nouveau-nés et des prématurés avec l’ implication des parents ».

• QUESTION POSÉE DANS LE PUBLIC :

« Quelle est la perception de l’offre de soins de la part des usagers ? Les militants sont-ils représentatifs des attentes des usagers et l’offre en éducation thérapeutique correspond-elle à leurs besoins ? »

CLAUDE RAMBAUD RÉPOND :

« La loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) de 2009 a fait entrer l ’ETP dans un registre médical. Elle doit être mieux intégrée à la prise en charge des patients. Ces derniers ne sont peut-être pas assez intéressés par l’ETP, mais il faut s’interroger sur l ’offre qu’on leur propose : i l y a du chemin à faire des deux côtés. I l est important d’améliorer la promotion de l’éducation thérapeutique auprès des patients. De nombreux établissements mènent encore trop peu d’actions en éducation thérapeutique, même si l ’exemple du centre hospitalier de Dreux montre qu’un grand nombre de pathologies peuvent être impactées. »

• QUESTION POSÉE DANS LE PUBLIC :

« De quelle façon le centre hospitalier de Dreux a-t-il pu atteindre une file active de 7 200 patients ? »

FRANÇOIS MARTIN EXPLICITE :

« Au centre hospitalier de Dreux, la fi le active de 7 200 patients porte sur l ’ensemble des activités du pôle. En éducation thérapeutique, la fi le active est de 1 500-2 000 patients, ce qui résulte d’une démarche structurée. En effet, les infirmières coordinatrices de chaque programme ont mis en œuvre une stratégie de “recrutement“ des patients. Les associations d’usagers constituent des relais efficaces, permettant aux patients de s’adresser aux coordinatrices des programmes. Les plus à même d’orienter les patients aujourd’hui, outre les professionnels de santé, sont les associations d’usagers. »

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ÉLIANE FAGUAIS

Référente territoriale « Éducation pour la santé et éducation thérapeutique » du groupement de coopération sanitaire « Accompagner et soigner ensemble dans le Bessin Pré-bocage »

AURÉLIE LAUNAY

Référente territoriale « Éducation pour la santé et éducation thérapeutique » du centre hospitalier de Lisieux

ÉLIANE FAGUAIS

La Basse-Normandie dispose d’une organisation favorisant la promotion de la santé au sein des établissements sous forme de réseau. En 2009, des missions relatives à l’éducation thérapeutique ont été confiées à ce réseau. Puis, à la faveur de la loi HPST, le poste de « chargé de projet en éducation pour la santé » a évolué vers celui de « référent territorial en éducation pour la santé et éducation thérapeutique ».

Ce réseau de référents territoriaux s’adresse aux professionnels de santé, de l’éducation, du social et du médico-social, ainsi qu’aux bénévoles des mêmes secteurs et aux élus des collectivités territoriales qui souhaitent développer des projets de santé dans le domaine de l’éducation et de la promotion de la santé, ou encore dans celui de l’éducation thérapeutique. Rattaché aux centres hospitaliers, ce réseau est coordonné par l’instance régionale d’éducation et de promotion de la santé (Ireps) et financé par l’ARS.

AURÉLIE LAUNAY

Ce réseau a la particularité d’adhérer au Réseau HSPS. I l propose un accompagnement reposant sur quatre piliers :

• Usagers - Coordonner, impulser, animer des actions d’éducation pour la santé/éducation thérapeutique du patient (EPS/ETP) au sein des établissements, - Favoriser l ’accès aux informations en santé ;

• Professionnels - Coordonner, impulser des actions d’EPS/ETP,- Apporter un soutien méthodologique aux acteurs,- Intervenir en formation initiale et continue, - Favoriser l ’accès aux informations en santé ;

• Communauté et territoire - Favoriser le développement de projets communs vil le/hôpital,- Apporter un soutien méthodologique aux acteurs,

Présentation de pratique de terrain

Développer un milieu de travail favorable à la santé

L’action du réseau des référents territoriaux de Basse-Normandie

HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ

PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT

À LA MISE EN ŒUVRE

Professionnels

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT À LA MISE EN ŒUVRE

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- Orienter les acteurs vers les ressources ;

• Environnement - Favoriser le développement de projets communs vil le/hôpital (développement durable), - Favoriser l ’accès aux informations en santé.

AURÉLIE LAUNAY

Ce projet fait référence au pilier « professionnels » que nous venons d’évoquer. I l util ise le théâtre comme outil de médiation pour diffuser des messages sur la vaccination auprès des professionnels de santé. Des professionnels ont volontairement participé à cette démarche visant à adopter une approche positive de la santé et de la vaccination via une intervention par les pairs.

ÉLIANE FAGUAIS

Afin d’améliorer l ’ impact de la Semaine européenne de la vaccination (SEV), la commission « Promotion de la vaccination » de l’ARS de Basse-Normandie a décidé de recourir en 2014 à d’autres modalités de médiation comme le théâtre. Ont été associés à ce projet les référents territoriaux de trois établissements (CHU de Caen, centre hospitalier de Bayeux, centre hospitalier de Lisieux), ainsi que les référents culturels hospitaliers desdits établissements et des partenaires culturels des trois territoires. Ce projet a été soutenu par la Direction de la santé publique de l’ARS, dans le cadre du programme régional « Culture-Santé ».

I l a eu pour objectifs de :

• sensibiliser les professionnels à la promotion de la vaccination ;• mobiliser l ’ intérêt des professionnels à la participation d’un projet de création artistique ;• améliorer la couverture régionale en matière de vaccination.

Un projet innovant : « Vaccin de corps et d’esprit »

Vaccin de corps et d’esprit

Démarche novatrice pour

aborder les enjeux de la vaccination

Utilisation de la forme

théâtrale comme

support de médiation

Stratégie d’intervention par les pairs

Démarche participative

et approche positive de la santé

Extrait du diaporama présenté par Éliane Faguais et Aurélie Launay le 13/11/2014

Professionnels

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ

PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT

À LA MISE EN ŒUVRE

AURÉLIE LAUNAY

Un groupe de travail a été constitué avec des personnels de santé des trois établissements afin d’élaborer une réflexion partagée sur les messages de santé et les idées reçues en matière de vaccination. Les saynètes ont été écrites par une comédienne de la Comédie de Caen et la création du spectacle a associé les personnels de santé. Les participants ont répété pendant 32 heures – dont 8 partagées par les trois établissements : les professionnels de santé des différentes structures se sont alors regroupés au théâtre de Caen pour travailler ensemble, ce qui a créé une dynamique territoriale sur cette thématique de la vaccination.

Les représentations ont été jouées au sein des établissements lors de la SEV. Un reportage vidéo a été réalisé. Cette pièce de théâtre nous a également permis de concevoir un outil de prévention.

I l y a eu environ 550 participants aux représentations de théâtre. À l’ issue de celles-ci, 156 professionnels de santé ont répondu à un questionnaire d’évaluation qui a mis en évidence le souhait des participants de poursuivre la démarche. En effet, 90 % des répondants estiment que le théâtre est un moyen très pertinent ou pertinent pour communiquer autour de la vaccination, 86 % jugent les saynètes intéressantes ou très intéressantes, 69 % ont trouvé des réponses à leurs questions et 42 % déclarent qu’ils évoqueront le sujet avec leur médecin traitant lors de leur prochaine consultation. Enfin, 87 % pensent que cette action mérite d’être renouvelée.

ÉLIANE FAGUAIS

Au-delà des spectateurs, cette action a également eu un impact sur les professionnels acteurs que nous n’avions pas imaginé. Interrogés sur

Vaccin de corps et d’esprit

• Évaluation • Souhait des personnels de santé de poursuivre l’aventure

Implication des professionnelsConstitution d’un groupe de travail collégial

Reportage vidéo et création d’un outil de prévention

Réflexion partagée sur les messages de santé et idées reçues en matière de vaccination

Représentations jouées au sein des établissements lors de la SEV

Écriture de saynètes par un auteur comédien

Mise en scène et répétitions avec les personnels de santé dans chaque établissement

Création du spectacle associant personnels de santé et/ou amateurs de théâtre

Schéma résumant les différentes étapes du projet

Professionnels

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leurs motivations, les professionnels de santé ont notamment répondu que cette démarche leur avait permis de « relever un petit défi ». Certains ont souligné « le caractère innovant du projet dans le cadre de la prévention », ou encore « l ’envie de découvrir le théâtre côté scène, de s’obliger à aller au-delà de ses limites ». S’agissant de l’effet de ce projet sur les acteurs, nous avons relevé les verbatim suivants : « Beaucoup de plaisir et de complicité », « une satisfaction personnelle, un objectif atteint ! », « me découvrir des possibilités que j’ ignorais », « m’a permis de faire sauter certaines barrières que je m’imposais dans ma vie professionnelle », « m’a permis de prendre confiance en moi ».

Le bilan de cette action réalisé par l’ARS est plutôt positif. Les perspectives se situent à trois niveaux :

• création d’un support de promotion de la vaccination mis à disposition des acteurs de terrain, via le réseau des référents territoriaux et l ’ Ireps ;• création d’une troupe de théâtre « Promotion de la santé » mobilisant les personnels de santé ;• délocalisation des représentations de théâtre vers d’autres structures de soins.

AURÉLIE LAUNAY

Ce projet a intégré les autres piliers de la promotion de la santé que sont les usagers, la communauté et le territoire. Les représentations ont été jouées dans les halls des établissements, ce qui a permis de donner aux usagers une autre image de l’hôpital. Une représentation tout public a également eu lieu à la Comédie de Caen.

Le support pédagogique de prévention, édité sur DVD, pourra être util isé dans le cadre de la formation initiale des professionnels de santé et paramédicaux, et pourra permettre d’aborder l’util ité de la vaccination auprès des enfants.

En revanche, ce projet n’a pas inclus d’actions spécifiques à destination de l’environnement. Par exemple, le sujet du recyclage des aiguilles n’a pas été évoqué.

Un extrait de la vidéo « Vaccin de corps et d’esprit : un projet “Culture-Santé” 2014 » a été diffusé à la fin de cette présentation.

Extraits du verbatim :

ISABELLE AUBÉ, chef de projet « Culture-Santé », agence régionale de santé de Basse-Normandie : « Ce projet consistait, par le biais de la médiation culturelle, à interpeller les professionnels de santé sur l’importance d’être vacciné. Il s’inscrit dans le cadre de la Semaine européenne de vaccination 2014. C’est un projet assez ambitieux, puisqu’il implique trois établissements de santé. C’est une démarche collective et participative, qui implique trois groupes d’une dizaine d’agents hospitaliers. Les trois groupes pourront déambuler dans les services et jouer des sketches portant sur l’importance de la vaccination aujourd’hui. »

LAURE WOLF, auteur des textes et metteur en scène du groupe, Comédie de Caen/CHU de Caen : « J’ai écouté les gens : pourquoi ils se vaccinent ou non, ce qui les motive ou pas, quelles sont leurs peurs. Il s’agissait de soulever ces questions pour ne pas les éviter et en rigoler, aussi. Souvent, la peur individuelle est un peu ridicule par rapport au bien collectif. »

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ

PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT

À LA MISE EN ŒUVRE

VÉRONIQUE GHADIChef de projet, Haute Autorité de santé

Je trouve vraiment cette expérience formidable et porteuse de dynamique, car vous avez réussi à inscrire la notion de vaccination, question de santé à proprement parler, dans une démarche participative. Vous avez donc fait vivre la notion d’empowerment en impliquant les professionnels dans l’énoncé des messages. Ce faisant, vous avez probablement atteint un objectif en santé qui va au-delà de la question de la vaccination. Pour ces professionnels, vous avez vraiment été promoteurs de santé. Nous avons pu constater comment, en leur redonnant le contrôle sur cette thématique, vous leur avez permis de se valoriser et de prendre plaisir à travailler ensemble. Leur santé psychique et physique est sans doute meilleure depuis qu’ils ont participé à ce projet. Vous n’avez pas abordé uniquement les risques, mais provoqué un effet levier en ayant une approche positive de la vaccination.

Votre présentation montre également l’ importance de l’évaluation. La Haute Autorité de santé (HAS) incite à l’évaluation des pratiques et des organisations. Les acteurs ne peuvent être impliqués que s’i ls mènent l’expérience à son terme, et cela passe nécessairement par son évaluation. La HAS porte la notion de qualité de vie au travail depuis 2010 et est en phase avec le type de message que vous délivrez aujourd’hui.

La « porte d’entrée » de la qualité de vie au travail n’est pas centrée sur la santé des professionnels à proprement parler. I l s’agit plutôt de développer une approche s’intéressant aux changements technico-organisationnels, qui prenne en considération les conditions de travail : la question de la santé physique et mentale des professionnels doit donc être prise en compte dès qu’une modification de l’organisation de l’activité est envisagée (par exemple, l ’élargissement d’horaires ou la fusion d’établissements).

Ce concept de qualité de vie au travail a été nourri par des négociations entre les partenaires sociaux, que ce soit pour le secteur privé à but lucratif, les fonctions publiques ou encore le secteur privé à but non lucratif. Conformément à sa définition, la qualité de vie au travail constitue une

De gauche à droite : Véronique GHADI, Pascal LEMIEUX, Aurélie LAUNAY, Éliane FAGUAIS

Réaction du grand témoin

Professionnels

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT À LA MISE EN ŒUVRE

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dimension à part entière de la performance. I l ne s’agit pas d’y penser une fois les problèmes techniques, financiers et organisationnels réglés. Au contraire, c’est en traitant l ’ensemble de ces problématiques qu’il convient d’examiner la qualité de vie au travail – qui devient alors un enjeu stratégique à part entière. Cette définition reconnaît une expertise des professionnels sur leur travail et nécessite de repenser l’empowerment de ces professionnels dans leur exercice quotidien. C’est en ce sens que l’expérience que vous présentez est en phase avec la notion de qualité de vie au travail portée par la certif ication.

Nos institutions, quoique différentes, soutiennent des dynamiques de même nature qui peuvent facilement s’articuler. En tant qu’acteurs de terrain, vous pourrez donner du sens à ces démarches.

• QUESTION POSÉE DANS LE PUBLIC :

« Quel est le budget octroyé à l’action “Vaccin de corps et d’esprit” ? »

ÉLIANE FAGUAIS RÉPOND :

« Un budget de 17 500 euros a été alloué à cette action, dont 14 000 l’ont été au titre de la création des textes et l ’organisation des répétitions avec la troupe de théâtre, et 3 500, au titre de la communication. Les professionnels ont participé à cette action sur leur temps personnel et certains établissements leur ont toutefois accordé un temps de récupération. »

• INTERVENTION DANS LE PUBLIC :

Un représentant du Collectif interassociatif sur la santé note qu’« i l est important que les usagers puissent prendre en charge le développement de la promotion de la santé et disposer de la liberté de s’exprimer ». Pour ce représentant, « i l faut passer d’un monde où les professionnels de santé travaillent pour les usagers à un monde où ils travaillent avec eux ». I l cite à titre d’exemple dans le domaine de la prévention des effets du vieil l issement l’association parisienne Générations 13 : « Elle est composée de plus de 500 membres qui organisent des activités de promotion de la santé (marche, théâtre, bridge, ateliers de philosophie, langues…) ; les professionnels n’interviennent que ponctuellement, avec les usagers et non pour eux. »

• AUTRE INTERVENTION DANS LE PUBLIC :

Un médecin du travail souligne que « le bien-être des soignants retentit sur la qualité des soins – question longtemps restée taboue chez les médecins. La qualité de vie au travail rejoint la question de la promotion de la santé. » I l estime que la médecine du travail dans les hôpitaux se dégrade parce que les textes sont décalés par rapport aux objectifs : « Si elle était orientée vers la promotion de la santé au travail des soignants (autrement dit, si elle ne reposait pas seulement sur une visite médicale de dépistage), i l y aurait une progression. » Selon ce médecin, « le ministère de la Santé a pour mission de modifier les textes relatifs à la santé au travail et i l est nécessaire de cultiver la notion de lien entre la santé des personnels et celle des patients ».

Échanges avec la salle

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DEVENIR HÔPITAL OU STRUCTURE DE SANTÉ PROMOTEUR DE SANTÉ : QUELS AVANTAGES ?

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ

PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT

À LA MISE EN ŒUVRE

FRANÇOIS MARTIN (praticien hospitalier, médecin de santé publique, CH de Dreux) RÉAGIT :

« Il existe bien un lien entre la santé des patients et celle des professionnels. Les études sur le burn out parmi les soignants le démontrent et, en tant que pneumologue hospitalier, je peux aussi directement en témoigner. Le modèle des hôpitaux promoteurs de santé est un cadre pertinent et légitime pour prendre en compte de manière institutionnelle les risques psychosociaux en milieu de soins. »

VÉRONIQUE GHADI PRÉCISE :

« Le lien entre les conditions de travail et la qualité des soins est clairement établi par la littérature. C’est la raison pour laquelle la HAS a investi le débat. Les médecins s’autorisent aujourd’hui à dire que leurs conditions de travail sont difficiles. Le travail en équipe doit être promu sous une forme pluridisciplinaire. Une alliance peut ainsi être créée entre les professionnels et les patients autour de critères de qualité des soins et de qualité du travail. Le chercheur Yves Clot, qui a beaucoup étudié les problématiques de risques psychosociaux et de souffrance au travail, réfute le terme de “qualité de vie au travail“, considérant que ce qui se joue aujourd’hui, notamment dans la question des risques psychosociaux, c’est la qualité du travail.

L’enjeu est donc de débattre, entre tous les acteurs, de ce que recouvre la qualité du travail et des moyens nécessaires pour la mettre en œuvre. Les établissements doivent comprendre qu’ils ont aussi une responsabilité managériale en matière de promotion de la santé. »

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Coopérer avec la communauté et le territoire

CATHERINE GERMAN-LABAUME

Responsable du Service observatoire et promotion de la santé du pays de Martigues, chef de projet « Atelier Santé-Ville et contrat local de santé »

ODILE SARLEGNA

Chargée des actions de santé publique, centre hospitalier de Martigues

ODILE SARLEGNA

Je vous remercie de nous avoir invitées à présenter notre partenariat. Le centre hospitalier de Martigues appartient au Réseau HSPS depuis 2007. Le projet stratégique 2012-2016 du centre hospitalier accorde une importance particulière à la santé publique. Son deuxième objectif est de répondre aux besoins de la population directement sur le terrain, par un message adapté. I l est également question de sensibiliser les pairs, d’ouvrir l ’hôpital sur l ’extérieur afin de permettre une accessibilité pour tous et d’améliorer le l ien vil le/hôpital pour éviter les ruptures dans le parcours de santé.

CATHERINE GERMAN-LABAUME

Je travaille au sein de la communauté d’agglomération du pays de Martigues (CAPM), qui représente la moitié du territoire couvert par le centre hospitalier de la vil le. La santé n’est pas une compétence obligatoire pour les communes et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). Le développement de cette compétence repose donc sur la volonté des élus. La communauté d’agglomération a récupéré la compétence santé depuis un an pour trois communes.

Notre politique volontariste repose aussi sur la constitution d’un service dédié à la santé, permettant de favoriser le l ien entre la collectivité et les établissements de santé. Un autre levier est le développement de la politique contractuelle entre les collectivités locales et l ’ARS. Plusieurs projets ont été mis en œuvre, à travers les volets « santé » des contrats de vil le, les ateliers Santé-Ville et les contrats locaux de santé.

Les objectifs de la communauté d’agglomération font écho à ceux du centre hospitalier de Martigues. En effet, i l s’agit de favoriser l ’accès aux soins, la prévention et la promotion de la santé. Un plan local de santé publique est ainsi déployé par l’ASV depuis 2003.

Présentation de pratique de terrain

Partenariat entre le centre hospitalier et la communauté d’agglomération du pays de Martigues

Communauté

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DEVENIR HÔPITAL OU STRUCTURE DE SANTÉ PROMOTEUR DE SANTÉ : QUELS AVANTAGES ?

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ

PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT

À LA MISE EN ŒUVRE

Afin de réduire les inégalités de santé, le pays de Martigues envisage de développer un contrat local de santé autour de quatre axes :

• l’attractivité du territoire en matière d’offre de soins de premier recours et d’accessibilité financière aux soins ;• le rattrapage du retard en équipements en faveur des personnes âgées et des personnes handicapées ;• le développement de la connaissance en santé environnementale ;• la création d’un conseil local de santé mentale.

Par ailleurs, les acteurs de santé et la population sont associés à la démarche. Notre territoire bénéficie d’un partenariat extrêmement riche avec les établissements, les associations de patients et de professionnels libéraux. L’hôpital mobilise ses équipes dans les phases d’analyse des besoins, d’élaboration et de mise en œuvre des plans d’action. La direction de l’hôpital de Martigues est également membre des comités de pilotage de l’ASV et du CLS.

ODILE SARLEGNA

Le centre hospitalier de Martigues mène différentes actions en direction des quatre piliers. S’agissant des professionnels, sont organisées des soirées thématiques (ex. : gastro-entérologie), ainsi que des journées de formation (ex. : diabète et lecteurs de glycémie). Des enseignements post-universitaires sont également proposés (ex. : risque suicidaire chez l’adolescent). S’agissant des usagers, nous conduisons des actions portant sur la grossesse et la nutrition et organisons des ateliers d’allaitement. Nous menons également 6 programmes d’éducation thérapeutique et proposons un dépistage du diabète.

CATHERINE GERMAN-LABAUME

En ce qui concerne le pilier « environnement », le bassin industriel génère des risques spécifiques qui ont conduit le centre hospitalier de Martigues à s’impliquer dans le Réseau de prévention et de soins des maladies professionnelles, coanimé avec la communauté d’agglomération. Ses services contribuent également de façon ponctuelle à la conduite d’enquêtes épidémiologiques sur les relations entre pollution atmosphérique et santé.

ODILE SARLEGNA

Nous avons choisi de vous présenter l ’action en direction de la communauté baptisée « Hôpital promoteur en santé nutrition », initiée en 2006 et renouvelée chaque année. Cette action s’inscrit dans le cadre du schéma régional de prévention PACA, afin de promouvoir une alimentation équilibrée et la pratique d’une activité physique régulière, ainsi que dans le cadre du contrat urbain de cohésion sociale de Martigues pour développer des ateliers santé-nutrition.

Elle vise les populations en situation de précarité dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, et se déroule dans les structures

Actions en direction des piliers HSPS

« Hôpital promoteur en santé nutrition »

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sociales d’accueil et d’insertion sur les communes de Martigues et Port-de-Bouc. Une diététicienne effectue un travail de prévention et d’information en diffusant un diaporama sur l’équilibre alimentaire et les petits budgets, ainsi que sur les repères PNNS et l ’activité physique. Afin d’adapter son message, elle util ise des jeux, des cartes et du photolangage et organise des ateliers de lecture des étiquettes au supermarché. Elle met également en place des ateliers cuisine et des sorties favorisant l ’activité physique.

En 2013, cette action a bénéficié au total à 181 personnes, dont 165 dans le cadre d’interventions auprès du public adulte, et 16, dans le cadre de réunions avec les professionnels. Elle a été menée dans 5 centres sociaux et maisons de quartier, ainsi qu’auprès de 5 associations.

Ce projet revêt une forte valeur symbolique. En effet, i l est directement issu des travaux de l’atelier Santé-Ville et ne pourrait vivre sans le soutien de la communauté d’agglomération.

En direction de la communauté

Extrait du diaporama présenté par Catherine German-Labaume et Odile Sarlegna le 13/11/2014 : mise en scène des différents groupes d’aliments par la diététicienne du projet

Communauté

Bilan de l’autoévaluation de l’action « Hôpital promoteur en santé nutrition »

AutoévaluationForces du projet Faiblesses du projet

L’expérience de la structure porteuse, qui permet une évolution dynamique du projet et des actions menées

Le manque de moyens pour la réalisation d’outils de communication efficaces : plastifieur, possibilité d’impression couleur

Potentiels ObstaclesLa connaissance du public par les professionnels des structures, leur sérieux, leur dynamisme et leur motivation pour intégrer les actions nutrition dans leurs programmes

L’organisation des structures qui ne rend pas facile le positionnement harmonieux des séances (activité réduite lors des vacances scolaires)

Le manque d’assiduité des participants dans certaines structures

En direction de la communauté Communauté

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ

PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT

À LA MISE EN ŒUVRE

CATHERINE GERMAN-LABAUME

La force de ce projet commun est de reposer sur une mutualisation des moyens, chacun apportant des compétences complémentaires mais aussi une crédibilité auprès des financeurs qui ouvre d’autres perspectives. Le CLS a ainsi permis à l’hôpital d’être retenu dans le cadre d’un appel à candidatures pour une méthode d’action pour l’ intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie (Maia).

Ce partenariat favorise également l’ innovation. Un projet de centre de consultations avancées articulé à une offre d’actions de prévention a été conçu pour répondre aux besoins d’une de nos communes sous-dotée en offre de premier recours et marquée par une forte précarité de ses habitants, mais celui-ci n’a pas encore reçu l’aval de l’ARS.

L’incertitude des financements peut décourager les hôpitaux publics. Cependant, grâce à un bon partenariat, le territoire est parvenu à mobiliser une enveloppe de 550 000 euros par an.

CAROLINE NAVARRE

Conseillère municipale déléguée à la prévention et à la santé publique,

ville de Montpellier, membre du Réseau français des villes-santé de l’OMS

Je témoigne ici en tant que nouvelle élue de la vil le de Montpellier, déléguée à la prévention et à la santé publique. Je trouve que l’exemple de Martigues est très intéressant, notamment du point de vue de la mutualisation des moyens entre hôpital et communauté. Lors de l’état des lieux que j’ai dressé à mon arrivée, j ’ai constaté que chaque acteur agissait de manière isolée. Si la Maison de la prévention santé de Montpellier fait intervenir de nombreux professionnels de santé et associations, la vil le ne dispose pas à ce jour d’un plan local de santé publique. Or, la métropole étant bientôt chargée de la compétence « santé », ce système contractuel qui nous fait défaut va être mis en place. I l importe en effet de mutualiser les moyens entre l’hôpital, l ’ARS, l ’Assurance maladie et toutes les associations pour

Réaction du grand témoin

De gauche à droite : Caroline NAVARRE, Pascal LEMIEUX, Odile SARLEGNA, Catherine GERMAN-LABAUME

Communauté

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT À LA MISE EN ŒUVRE

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promouvoir la santé et diminuer les précarités des soins dans certains quartiers.

L’objectif est donc de travailler tous ensemble à l’échelle de la métropole – qui doit nous procurer davantage de forces et moyens – et de réhabiliter la promotion de la santé en incluant la Maison de la prévention santé, ce bel outil unique en France.

• REMARQUE DANS LE PUBLIC :

« La question de l’articulation des crédits affectés aux hôpitaux et aux autres acteurs de terrain doit être posée. Certains responsables des ARS estiment que la prévention et la promotion de la santé ne relèvent pas de la mission de l’hôpital, à plus forte raison lorsque les actions s’inscrivent à l’extérieur de l’hôpital. »

ODILE SARLEGNA RÉAGIT :

« L’ARS encourage au contraire les professionnels du centre hospitalier de Martigues à travailler à l’extérieur de l’hôpital pour chercher les futurs patients et mener des actions de sensibilisation, de promotion et de prévention. Dans le cadre de l’éducation thérapeutique, elle invite le centre hospitalier à travailler en partenariat avec des associations et des réseaux de santé. Elle l ’ incite enfin à trouver les patients ressources amenés à intervenir auprès des autres patients, dans le cadre du programme d’éducation thérapeutique.Il est important d’adapter les messages aux destinataires et, de ce fait, le professionnel apprend autant que les usagers. »

CATHERINE GERMAN-LABAUME PRÉCISE :

« Tous les ASV des Bouches-du-Rhône participent à l’ instruction du schéma régional de prévention. Les délégations territoriales confient le portage des actions à des acteurs qui connaissent bien les besoins du territoire. Les ASV sont interrogés sur l’opportunité de l’affectation des crédits à tel ou tel acteur. »

• QUESTION POSÉE DANS LE PUBLIC :

« Est-il envisagé d’étendre l’action en matière de nutrition auprès des professionnels de santé ? »

ODILE SARLEGNA RÉPOND :

« Une douzaine d’actions en prévention et promotion de la santé sont menées, dont près de la moitié concernent la nutrition. Des actions peuvent être développées en direction des professionnels, mais notre souhait est avant tout d’aller à la rencontre des centres sociaux et des foyers d’hébergement pour apporter un appui à la population. »

Échanges avec la salle

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ

PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT

À LA MISE EN ŒUVRE

VIRGINIE VALENTIN

Secrétaire générale, CHU de Bordeaux

Prendre en compte l’environnement

Virginie VALENTIN lors du séminaire du 13/11/2014

Je vais vous présenter les actions menées par le CHU de Bordeaux dans le cadre de sa démarche de développement durable en faveur de la biodiversité, un sujet qui a progressivement été relié à celui de la promotion de la santé.

Premier employeur régional avec 14 000 salariés, le CHU de Bordeaux assure annuellement 245 000 séjours et séances, 490 000 consultations, 115 000 passages aux urgences et 5 200 naissances.

Précurseur nationalement reconnu, l ’établissement a engagé une réflexion sur le développement durable dès 2008, à travers trois dimensions :

• institutionnelle, en rattachant le projet à la direction générale directement ; • stratégique, en inscrivant le thème du développement durable comme axe stratégique du projet d’établissement 2011/2015 ;• opérationnelle, par la définition d’un plan d’actions dédié sous forme d’Agenda 21, support de la démarche de développement durable depuis 2010.

Au titre de la démarche de développement durable, le CHU de Bordeaux a notamment mis en place un réseau d’« ambassadeurs développement durable », qui s’appuie sur des professionnels de terrain volontaires pour porter des projets et des initiatives locales alimentant l ’Agenda 21, et permettant de trouver des relais efficaces d’information, de sensibilisation et d’actions sur ce thème.

Dès l’origine, le CHU a également souhaité inscrire cette démarche en synergie étroite avec son territoire, qu’il s’agisse des collectivités, de l’université ou des autres établissements de santé avec lesquels il collabore pour la prise en charge des patients. Par ailleurs, le volet « responsabilité

Présentation de pratique de terrain

Environnement

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT À LA MISE EN ŒUVRE

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sociale » articule la notion de qualité de vie avec celle de développement durable, en direction des usagers et des professionnels. La promotion de la santé a été dès le départ incluse dans l’Agenda 21, conformément à la mission de soins de l’établissement et pour donner du sens concret et opérationnel au projet. I l s’agissait d’améliorer la visibil ité de la mission de prévention et d’éducation à la santé à l’hôpital, et de contribuer à diffuser une image d’exemplarité tant en interne qu’en externe.

Le CHU de Bordeaux a été le premier établissement de santé labellisé HPS en Aquitaine (2012/2013). Cette labellisation a permis de définir un programme d’actions « Hôpital promoteur de la santé » pour 2013/2014 présenté à toutes les instances de l’établissement en début d’année, avec un engagement très fort du coordonnateur général des soins et du président de la Commission médicale d’établissement du CHU.

Outre la mise en place d’une équipe ressource dédiée, pour laquelle un soutien a été demandé à l’ARS dans le cadre d’un appel à projets régional, le programme inclut une gouvernance spécifique visant la création d’une fédération de l’éducation thérapeutique et de promotion de la santé, dont la mise en œuvre interviendra en 2015.

Le rapport entre promotion de la santé et environnement n’est pas évident au premier abord : de tels l iens sont-ils possibles et existent-ils ?

Lors de l’élaboration de l’Agenda 21 du CHU, nous avions considéré que la performance environnementale intégrait nécessairement, même à l’hôpital, la dimension de la protection de la biodiversité et la promotion des espaces verts. Les actions ciblées dans l’Agenda 21 visent ainsi à protéger le patrimoine naturel, animal et végétal, présent sur nos sites, et à valoriser les espaces verts (70 hectares). Cela signifie laisser progressivement la place à la nature au gré de l’éloignement des bâtiments et des zones d’ornement qui les entourent immédiatement, en privilégiant une gestion économe de l’eau, l ’abandon des produits désherbants, la valorisation des déchets verts.

Quels liens entre promotion de la santé et environnement ?

Extrait du diaporama présenté par Virginie Valentin le 13/11/2014

Agenda 21 et promotion de la santé

• Cohérence • Sens

• Visibilité • Exemplarité

• CHU de Bordeaux : 1er établissement de santé labellisé HPS en Aquitaine (2012/2013)

• 1er programme d’actions HPS validé (2013/2014) : - 4 axes thématiques, 2 axes transversaux - 1 équipe ressource dédiée

• 1 gouvernance organisée : - Fédération de l’éducation thérapeutique et de la promotion de la santé (2014/2015)

Environnement

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ

PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT

À LA MISE EN ŒUVRE

Il s’agit d’un projet transversal et multidisciplinaire, qui ouvre sur des perspectives intéressantes au-delà de la préservation de l’environnement. Ainsi, la promotion de la santé a progressivement été abordée sous l’angle de l’activité physique. Les actions sur les espaces verts ont permis de faire travailler ensemble un certain nombre de professionnels qui n’avaient pas l’habitude d’échanger entre eux (soignants, jardiniers, logisticiens…).

Dans le cadre de ces échanges, portés par le réseau des ambassadeurs, des idées nouvelles ont émergé concernant la création de jardins thérapeutiques. Un jardin zen a ainsi été mis en place au sein du Pôle des spécialités chirurgicales du CHU, qui accueille de nombreux patients atteints de cancer de la face et du cou. Un second projet a été développé dans le cadre des activités de prise en charge des adolescents et jeunes adultes atteints de troubles aigus du comportement. Une troisième initiative, en cours de mise en œuvre, concerne la création d’un jardin thérapeutique au sein d’un des deux établissements accueillant des personnes âgées dépendantes ; i l sera complété au printemps 2015 d’un quatrième projet, plus ambitieux, prévu dans le cadre du nouvel Ehpad-Alzheimer mis en service par le CHU en décembre 2014.

Par ailleurs, i l est prévu de créer des espaces de marche sur les sites hospitaliers pour inciter à l’activité physique régulière des professionnels et des usagers ; i ls pourront, dans un second temps, être également accessibles aux riverains. Ces espaces, comme le projet d’implantation de ruches sur les sites hospitaliers, s’inscrivent dans la prise en compte de l’ impact de l’environnement naturel en matière de qualité de vie à l’hôpital et de développement de liens avec la cité.

L’idée force de notre démarche est que l’hôpital est un lieu de vie pour les patients, leurs proches et les professionnels, et qu’il convient donc de le valoriser et de l’organiser au mieux pour cela, notamment pour promouvoir la santé.

Le troisième colloque régional sur le développement durable en établissements de santé, organisé chaque année par le CHU, a été en 2014 l’occasion de retenir de nombreuses idées pour poursuivre cette dynamique. Nous avons demandé aux professionnels de penser aux espaces afin d’améliorer la qualité de vie dans les établissements. En matière de développement durable comme de promotion de la santé, i l faut toujours avoir un projet d’avance pour faire adhérer le plus de professionnels possible à la mise en œuvre des actions.

Biodiversité, espaces verts et activité physique : les vertus de la démonstration

Un projet transversal et pluridisciplinaire ouvrant sur des perspectives intéressantes :• dans les pratiques de soins : - jardins thérapeutiques ;• au plan de la qualité de vie à l’hôpital ;• au titre de la promotion de la santé : - parcours de marche, parcours sportifs ;• contribuant à l’ouverture à la cité : - l ’hôpital comme lieu d’activité, l ieu d’éducation (ruches).

Environnement

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT À LA MISE EN ŒUVRE

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OLIVIER TOMA

Président, Comité pour le développement durable en santé (C2DS)

Bravo ! Dans le contexte actuel, entendre les témoignages de ce matin, et notamment celui du CHU de Bordeaux, est un exploit.

Le Comité pour le développement durable en santé est une association regroupant 430 établissements de santé. En dix ans, nous avons assisté aux multiples changements intervenus dans le secteur. En premier lieu, le contexte réglementaire est extrêmement lourd. Outre la charte de l’Environnement, dotée d’une valeur constitutionnelle, i l convient de mentionner les Grenelle I et I I, le Plan national santé-environnement (PNSE), le Programme national nutrition-santé (PNNS), le Plan santé au travail (PST), etc. Les professionnels de terrain ne sont pas formés à cet arsenal réglementaire. I l faut pourtant faire en sorte qu’ils deviennent des acteurs de cette dimension.

Il me paraît important de mutualiser les bonnes pratiques et de dénoncer les mauvaises. Ces dernières années, notre réseau a soulevé plusieurs problématiques : bisphénol A dans les biberons, parabènes dans les cosmétiques destinés aux bébés, nanoparticules dans certains matériaux de construction. Plusieurs campagnes de formation des professionnels ont ainsi été lancées.

La notion d’exemplarité doit être la clé pour les patients et les personnels. Pour ces derniers, nous avons tendance à oublier les problématiques d’absentéisme et de troubles musculo-squelettiques. Le système de santé français est le premier en Europe en termes de suicides. C’est pourquoi i l est nécessaire de mesurer la santé des personnels et les accompagner. Par exemple, le C2DS a lancé une campagne d’aide au sevrage tabagique auprès des professionnels de santé.

Mais en dehors des actions ponctuelles, aucune démarche structurée n’a été mise en place à l’échelle nationale. Par ailleurs, l ’hôpital se doit d’être exemplaire pour aborder le sujet des maladies émergentes. Cette thématique soulève la question de la qualité de l’air intérieur, qui est l iée aux produits d’entretien et aux matériaux de construction. Les hôpitaux et structures de santé doivent également être exemplaires au regard de l’exposition aux nanoparticules.

Pour réussir, i l faut un engagement stratégique de la direction de l’établissement. En deuxième lieu, les acteurs doivent être formés (par exemple, nous lançons en 2015 une campagne « Hôpital sans perturbateurs endocriniens »). Une troisième condition de réussite consiste en la mutualisation des solutions en matière de développement durable et de promotion de la santé. Enfin, i l faut impérativement mettre en place des stratégies d’alliance. Je remercie d’ailleurs l’ Inpes d’avoir organisé cette

Olivier TOMA lors du séminaire du 13/11/2014

Réaction du grand témoin

Environnement

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journée, permettant de représenter différentes familles d’acteurs.

Pour conclure, je souhaite citer Hippocrate qui, deux siècles avant J.-C., écrivait : « Que ton alimentation soit ton premier médicament » ; « D’abord ne pas nuire, ensuite soigner ». Ces devises devraient être affichées au fronton de tous les hôpitaux pour faire en sorte que la promotion de la santé devienne implicite. Ce devrait être notre mission principale. Comme l’a dit Claude Rambaud du Ciss, le seul moyen de réduire les dépenses d’Assurance maladie est de réduire la maladie. Par conséquent, la promotion de la santé sera la solution.

• QUESTION POSÉE DANS LE PUBLIC :

« Quels sont les critères de recrutement des ambassadeurs “développement durable “ ? »

VIRGINIE VALENTIN RÉPOND :

« Le seul critère est celui du volontariat, sous réserve de l’accord de l’encadrement. Actuellement, environ 45 personnes sont des relais très efficaces pour porter et accompagner les projets de développement durable ; elles se réunissent une fois par trimestre pour définir les actions communes et travailler les liens avec tous les groupes de travail thématiques (déchets, mobilité…) qui existent déjà dans l’établissement.

Le colloque régional annuel est l ’occasion de valoriser le travail de ces ambassadeurs. Ceux-ci sont également les porteurs d’un certain nombre de messages institutionnels et les acteurs d’actions ciblées qu’ils choisissent dans leurs pôles (exemples : mobilité, gestion des déchets, jardins thérapeutiques). I l s’agit d’un investissement personnel important et nous constatons une représentation de toutes les catégories de professionnels. »

• QUESTION POSÉE DANS LE PUBLIC :

« Comment obtenir la participation du plus grand nombre, au regard des contraintes en termes de gestion du temps de travail ? »

VIRGINIE VALENTIN PRÉCISE :

« Cette démarche bénéficie du fort soutien de la direction générale et du président de la CME. Par exemple, en septembre 2014, une action pour développer l’activité physique auprès des professionnels a pu être mise en place. Elle a consisté en un parcours sportif dans les étages du CHU, avec pour slogan : “L’escalier, c’est le passeport pour ma santé“. I l a fallu désamorcer certaines réticences institutionnelles, et les ambassadeurs ont très bien encadré les animations de cette journée.

Les démarches qui fonctionnent résultent souvent d’une conjonction d’opportunités : l ’engagement de la direction, l ’ impulsion donnée par quelques personnes convaincues, le climat favorable à l’échelle du territoire, des partenariats efficaces… »

Échanges avec la salle

HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ

PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT

À LA MISE EN ŒUVRE

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HÔPITAUX ET STRUCTURES DE SANTÉ PROMOTEURS DE SANTÉ : DU CONCEPT À LA MISE EN ŒUVRE

355 Déchets d’activités de soins à risques infectieux.

• QUESTION POSÉE DANS LE PUBLIC :

« Les centres de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (Clin) revêtent une forte dimension normative. Sur la question des déchets, comment le CHU de Bordeaux a-t-il réussi à piloter de manière harmonieuse cette dynamique ? »

VIRGINIE VALENTIN EXPLIQUE :

« Quel que soit le domaine concerné (l ’eau, les déchets, l ’air), l ’approche est pragmatique. Systématiquement, un consensus est recherché afin de prendre en compte les différentes contraintes sur le thème travaillé. Concernant les déchets, une démarche pluriprofessionnelle a été conduite avec notamment le Service d’hygiène, la Direction des soins et les équipes logistiques pour définir les évolutions possibles des organisations et des pratiques. Les résultats sont là : i l y a trois ans, le ratio DASRI5/autres déchets était de 70/30. Fin 2014, ce ratio sera inversé à 30/70. »

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FAVORISER LA PROMOTION DE LA SANTÉ

EN MILIEU DE SOINS : DE LA DÉMARCHE

LOCALE À L’APPROCHE GLOBALE

FAVORISER LA PROMOTION DE LA SANTÉ EN MILIEU DE SOINS : DE LA DÉMARCHE LOCALE À L’APPROCHE GLOBALE

DEVENIR HÔPITAL OU STRUCTURE DE SANTÉ PROMOTEUR DE SANTÉ : QUELS AVANTAGES ?

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FAVORISER LA PROMOTION DE LA SANTÉ EN MILIEU DE SOINS : DE LA DÉMARCHE LOCALE À L’APPROCHE GLOBALE

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MODÉRATEUR : PIERRE LOMBRAIL

Président du conseil d’administration de la Société française de santé publique (SFSP)

En introduction de la table ronde, je souhaiterais donner la parole à une représentante de la direction générale de la Santé, Marie-Christine Favrot. Félix Faucon, en tant qu’adjoint au directeur général de l’Offre de soins, interviendra en conclusion de cette journée.

Quelle place pour la promotion de la santé dans la future loi de santé ?

MARIE-CHRISTINE FAVROT

Conseillère médicale auprès du directeur général de la Santé

Je vous remercie de votre invitation et félicite les organisateurs et organisatrices de ce colloque, car je suis profondément convaincue de l’ importance de l’ initiative du Réseau HSPS. Les expériences rapportées ce matin démontrent le bien-fondé de la démarche. I l importe désormais de pérenniser le système.

Il m’a été demandé de résumer les éléments de la future loi de santé et de la stratégie nationale de santé en lien avec la promotion de la santé, l ’éducation à la santé et la prévention. La prévention et la promotion de la santé sont au cœur des missions de la direction générale de la Santé. Au préalable, je tiens à rappeler que le décret du 18 juin 2014 a créé le Comité interministériel pour la santé. Cette instance a pour objectif d’assurer la coordination entre les ministères et de veiller aux conséquences sanitaires des politiques publiques, en sensibilisant l ’ensemble des ministères aux grands objectifs de santé publique. Ce décret va inscrire la prévention au cœur de toutes les politiques publiques (éducation, environnement, urbanisme, travail…). Ce comité est important aussi pour votre réseau, puisqu’il place la promotion de la santé au cœur de la vie du citoyen.

Dans son titre liminaire, le projet de loi précise que la politique de santé comprend deux volets : d’une part, la surveillance et l ’observation de l’état de santé de la population et l ’ identification de ses principaux déterminants (notamment ceux liés aux conditions de vie et de travail) et, d’autre part, la promotion de la santé dans tous les milieux de vie et la réduction des risques pour la santé, via des facteurs d’environnement et des conditions de vie susceptibles de l’altérer. Votre action s’inscrit donc bien dans la volonté exprimée par la loi.

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FAVORISER LA PROMOTION DE LA SANTÉ

EN MILIEU DE SOINS : DE LA DÉMARCHE

LOCALE À L’APPROCHE GLOBALE

Le premier chapitre de ce projet de loi inclut les actions de promotion de la santé en faveur de la jeunesse. I l s’agit de permettre à tout enfant ou adolescent d’apprendre à prendre soin de soi et des autres, et d’éviter les conduites à risques.

Le second chapitre a pour objectif de favoriser l ’appropriation de l’ innovation par les acteurs de la promotion de la santé afin de faciliter leur tâche, en particulier auprès des plus fragiles ou des plus éloignés du système de santé. Dans ce chapitre est prévue la création d’un logo informant les consommateurs de manière plus précise sur la qualité nutritionnelle des aliments. Dans votre champ d’action, la loi intègre le principe de la réalisation de tests rapides d’orientation diagnostique pour les professionnels de santé ou les personnels relevant de structures de prévention ou d’associations, et ayant reçu une formation adaptée.

Bien au-delà de la loi intervient la stratégie nationale de santé annoncée par Mme la ministre en septembre 2013. Le premier axe de cette stratégie a pour objectif de prioriser la prévention par rapport au curatif et d’agir sur les déterminants de santé. Là encore, votre réseau, qui veut faire entrer la prévention dans les établissements de soins ayant aujourd’hui pour mission principale le curatif, se place au cœur de la stratégie nationale de santé. Parmi les différents chantiers figurent :• le plan de réduction des risques tabagiques ;• la santé des enfants et adolescents en milieu scolaire ;• le numérique au service de la prévention et de la promotion de la santé auprès des jeunes ;• le développement d’une offre d’éducation pour la santé et de promotion de la santé de proximité.

Deux chantiers ont par ailleurs été confiés à l’ Inpes :• définir, avec les financeurs et les intervenants, les critères de qualité et d’évaluation des résultats des programmes et interventions collectives ;• identifier les missions, compétences et formations des professionnels de l’éducation pour la santé et la promotion de la santé.

Quelques grandes propositions ont ainsi émergé des rapports :

Mettre en place un parcours éducatif en santé pour tous les élèves :• assurer un suivi de la santé des enfants et des adolescents adapté à leurs besoins,• renforcer les liens entre les acteurs de la santé des enfants et des adolescents autour de l’école,• créer un réseau national des écoles, collèges et lycées en santé,• développer une démarche qualité « éducation santé » pour fournir des ressources au service de l’ intervention auprès des élèves,• proposer un plan national de formation et d’accompagnement des acteurs de la santé des enfants et des adolescents en milieu scolaire ;

Développer des outils permettant à chacun de mieux prendre en charge sa santé :• développer la formation des professionnels de santé aux usages et enjeux du numérique en matière de santé,• encourager les démarches d’expérimentation des professionnels de santé,

La prévention au centre de la stratégie nationale de santé

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• sécuriser ces outils et les évaluer afin de créer la confiance des util isateurs (professionnels et patients) ;

Améliorer l’accessibilité et la qualité de l’offre de proximité en éducation et promotion de la santé :• capitaliser les connaissances et les pratiques entre les régions, et organiser un dispositif sous pilotage national de transfert de connaissances en éducation à la santé, avec un rôle renforcé de l’ Inpes,• intégrer l ’éducation et la promotion à la santé dans le service territorial de santé,• garantir un financement minimum avec l’Assurance maladie, et intégrer une composante prévention dans le programme régional de gestion du risque.

Je souhaiterais prendre connaissance des actes de la réunion, afin de les restituer auprès de la DGS et examiner les axes de progrès avec vous.

• INTERVENTION DANS LE PUBLIC :

Une représentante de l’ARS Guadeloupe signale que cette collectivité d’Outre-Mer compte insuffisamment d’infirmières et de médecins pour les élèves. Elle interroge : « Qui seront les intervenants en milieu scolaire et comment seront-ils rémunérés ? » Elle ajoute qu’« i l reste difficile d’arriver à entrer dans les établissements scolaires ».

MARIE-CHRISTINE FAVROT PRÉCISE :

« Les intervenants ne sont pas encore définis. Néanmoins, la direction générale de la Santé

est tout à fait consciente du sous-effectif de la médecine scolaire en Guadeloupe et, plus largement, sur le territoire de l’Outre-Mer et

de la métropole. I l convient de faciliter les relations entre l’Éducation nationale et la santé, en les inscrivant dans la loi. En créant ce comité interministériel, les pouvoirs publics souhaitent aussi que la santé soit mieux prise en compte à l’école. »

PIERRE LOMBRAIL INTERVIENT :

« Je vous remercie d’avoir attiré l’attention sur l’Outre-Mer et la médecine scolaire. Mais la santé des enfants ne relève pas seulement de la médecine : i l faut les mettre en capacité de gérer leur propre santé.

Je remercie Marie-Christine Favrot d’avoir montré combien la promotion de la santé est au cœur de la stratégie nationale de santé, si elle n’est pas au centre de la loi. »

Échanges avec la salle

Marie-Christine FAVROT et Pierre LOMBRAIL lors du séminaire du 13/11/2014

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Comment devenir hôpital ou structure de santé promoteur de santé ? Quels sont les freins et les leviers ?

Table ronde

PIERRE LOMBRAIL, SFSP

Cette table ronde réunit des représentants d’institutions qui en sont chacune à des degrés différents dans leur implication en matière de promotion de la santé.

Dans un premier temps, i l leur sera demandé ce qui les a conduits à se préoccuper de la thématique de la promotion de la santé.

De gauche à droite :Luc DURAND, coordonnateur général des soins, Département des soins, du service social et des relations avec les usagers, CHU de Bordeaux ;Martine SERVAT, directrice du Pôle stratégie médico-scientifique, CHU de Toulouse ;Hélène COLOMBANI, secrétaire générale, Fédération nationale des centres de santé (FNCS) ;Pierre LOMBRAIL, président du conseil d’administration de la SFSP, animateur de la table ronde ;Gwendoline de GUÉNYVEAU, inspectrice principale, Direction de la prévention et de la promotion de la santé, agence régionale de santé de Pays de la Loire ;Bénédicte BELGACEM, infirmière et ingénieur qualité, Service de santé publique, CHU de Clermont-Ferrand ;Laurence BENTZ, praticien hospitalier, Département de santé publique, CHU de Nice.

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Dans un second temps, le débat portera sur les freins et les leviers de leur action. Pour ma part, j ’estime que tant que nous raisonnerons en termes de financements additionnels, sans poser la question de l’ensemble du financement de nos établissements, nous partirons perdants. Sans politique nationale, i l me paraît difficile de faire progresser la promotion de la santé. C’est pourquoi i l importe d’organiser le partage d’expériences.

GWENDOLINE DE GUÉNYVEAU, ARS Pays de la Loire

Le travail d’intégration au Réseau HSPS en est à ses balbutiements. Cette intégration donnera du sens à de nombreuses actions qui sont actuellement menées de façon non coordonnée.

Lors de la négociation du dernier contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM), la direction de l’ARS a plaidé pour l’ intégration d’un axe relatif à la prévention. Les propositions soumises aux établissements visaient à agir dans le domaine de la vaccination, de la nutrition ou de l’activité physique. I l était également possible de retenir un axe relatif à la prévention de l’alcoolisation des jeunes ou des conduites addictives, ainsi que des actions en faveur du bien-être mental et de la lutte contre le risque suicidaire.

Le deuxième moteur de notre réflexion est intervenu lors de la mise en place du nouveau guide méthodologique de la prise en charge sanitaire des personnes placées sous main de justice, qui met notamment l’accent sur le développement d’actions de prévention et de promotion de la santé dans les sites pénitentiaires. Des comités de pilotage entre les unités sanitaires et établissements de santé de rattachement ont été constitués pour élaborer des plans d’action et développer des projets de prévention. L’ARS a ainsi été conduite à travailler avec les hôpitaux et à lancer un appel à projets assorti d’un accompagnement financier pour les projets probants.

En troisième lieu a été engagée la restructuration en région de la prévention médicalisée. Dans ce contexte ont été créés des centres fédératifs de prévention et de dépistage, adossés à un hôpital. I ls se sont vu à la fois confier des missions d’expertise vis-à-vis des professionnels de santé et de présence hors les murs, afin d’aller à la rencontre des populations à risques ou des publics précaires. Ces centres assument ainsi un rôle de pilotage, d’animation et de coordination des actions de prévention médicalisée.

Enfin, dans le même temps, l ’ARS a été sensibilisée au fait de porter le message d’intégration dans le Réseau HSPS. Ces différents éléments nous ont conduits à penser qu’il fallait aller encore plus loin que la restructuration des centres fédératifs de prévention médicalisée. L’étape suivante est de faire non seulement de la prévention, mais également de la promotion de la santé.

MARTINE SERVAT, CHU de Toulouse

Le directeur général du CHU de Toulouse, particulièrement sensible aux questions de santé publique, m’a demandé de rédiger un projet de santé publique. En effet, notre établissement est confronté aux limites du modèle

Pourquoi devenir hôpital ou structure de santé promoteur de santé ?

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curatif. Les temps de passage y sont extrêmement courts. Parallèlement à cette évolution, se fait jour la nécessité de reconstruire la continuité des parcours de santé pour élaborer une promotion de la santé dont les hôpitaux ne peuvent être exclus. Cette thématique doit d’ail leurs être traitée sur l ’ensemble du parcours de vie. Les soignants du système de santé ont aussi une responsabilité en matière de promotion de la santé.

Il était essentiel de rendre visible l’offre de prévention et de promotion de la santé. Elle nécessite la même structuration et la même force que le curatif. Plusieurs thématiques ont ainsi été identifiées, qui tiennent compte des vulnérabilités. Outre le repérage et les interventions précoces, le projet de santé publique du CHU de Toulouse vise à s’inscrire dans la continuité des parcours de santé et à permettre aux professionnels de conclure des partenariats.

L’éducation thérapeutique s’est construite grâce à des professionnels identifiés, compétents et formés, et sur la base de financements et de programmes spécifiques. L’éducation à la santé ne se développera que lorsqu’elle disposera d’un niveau de reconnaissance similaire. Pour exister, la promotion de la santé doit être structurée. L’ensemble des professionnels de santé doit également bâtir des projets personnalisés. Ainsi, le plan de santé publique du CHU de Toulouse porte à la fois sur la santé sexuelle, l ’addictologie, l ’approche de la vulnérabilité, la réhabilitation et la qualité de vie des patients atteints de pathologies chroniques, ainsi que la promotion de la santé en population générale.

LUC DURAND, CHU de Bordeaux

I l me paraît très important d’établir un lien avec les usagers. Depuis 2011, date de la rédaction du projet d’établissement, le CHU de Bordeaux a identifié des professionnels médicaux et paramédicaux très impliqués dans la vie de l’ institution. Ceux-ci avaient développé de véritables expertises, qui n’étaient pas forcément valorisées. Par conséquent, le CHU a établi un lien avec le CPOM, le programme régional de santé et le contact local de santé.

En 2012, i l a été proposé au directeur général du CHU d’intégrer le Réseau HSPS. Cependant, nous n’avions pas identifié de leader médical. Par conséquent, les groupes de travail ont défini des priorités d’action autour de quatre thèmes : vaccination, activité physique, lutte contre les addictions et nutrition. Une fédération d’éducation thérapeutique a été mise en place pour développer la coordination et l ’évaluation des programmes.

Afin de faciliter la gouvernance et d’améliorer la visibil ité de cette thématique, nous avons proposé la constitution d’une fédération d’éducation et de promotion de la santé. I l a fallu respecter les étapes de maturation des différents groupes de travail et trouver le bon curseur de management de ces problématiques. En définitive, la démarche intégrative me paraît fondamentale dans des établissements aussi importants.

HÉLÈNE COLOMBANI, FNCS

Souvent, les centres de santé entrent dans des démarches de promotion de la santé car ils sont engagés dans la lutte contre les inégalités de santé. De plus, i ls sont ancrés sur un territoire et leur mode d’organisation leur permet de répondre à ces démarches. La lutte contre les inégalités de santé implique d’agir sur les déterminants de santé, et donc sur la prévention – et non uniquement sur le curatif. De par leur implantation

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durable sur un territoire, les centres de santé bénéficient d’une forte reconnaissance auprès de différents interlocuteurs (Éducation nationale, milieu associatif, hôpitaux…). I ls participent à la politique de la vil le en intégrant des ateliers Santé-Ville et en signant des contrats locaux de santé.

Toutes ces démarches les amènent à conduire des diagnostics santé, permettant d’identifier des priorités (ex. : nutrition, obésité, santé mentale, environnement). Grâce à leurs équipes multidisciplinaires, les centres de santé sont à même de mettre en œuvre de nombreuses actions. I ls doivent déposer auprès de l’ARS un projet dans lequel la promotion de la santé tient une place importante. De par leur proximité avec les territoires, i ls peuvent instaurer des démarches articulant prévention et soins. Pour toutes ces raisons, i ls peuvent mener l’ensemble du parcours de santé, allant de la promotion de la santé au dépistage et aux soins.

BÉNÉDICTE BELGACEM, CHU de Clermont-Ferrand

Je travaille dans le Service de santé publique du CHU de Clermont-Ferrand. Nous avons mené une réflexion à partir de deux idées à prendre en considération dans le domaine de la promotion de la santé :• pour les patients, i l y a quelque chose de dissonant lorsqu’ils ont une certaine conscience d’une exposition éventuelle à un risque – retard de vaccination, retard de dépistage, tabagisme, etc. – et que, durant une hospitalisation, aucun professionnel de santé n’évoque ce sujet avec eux. Une bonne pratique est d’interroger les patients sur ces sujets et d’agir ou de signaler l ’action à entreprendre au médecin traitant ;• que ce soit dans la littérature ou en pratique, nous avons constaté que le temps du patient n’est pas forcément celui du soignant. Ceci est d’autant plus vrai que la durée de l’hospitalisation tend à se réduire. Les moments où les patients pourraient intégrer des messages de promotion de la santé ne sont pas toujours ceux durant lesquels ils sont pris en charge pour une pathologie aiguë. Dans ce cas, i l importe d’articuler l ’éducation thérapeutique du patient avec l’action des professionnels qui le suivent en aval de l’hospitalisation.

En s’appuyant sur ces deux idées, le service de santé publique a mis en place, i l y a plusieurs années, des actions sous forme d’enquêtes de pratiques appuyées sur des revues de dossiers. I l s’agissait de savoir combien de fois l ’exposition (ou la non-exposition) à un risque (tabagisme, alcoolisme, retard de vaccination, retard d’action de dépistage) avait été relevée. I l s’agissait aussi de savoir combien de fois les services du CHU avaient programmé eux-mêmes l’examen de dépistage, réalisé le vaccin ou l’éducation thérapeutique nécessaires, ou avaient orienté pour cela vers les professionnels d’aval.

Différentes actions en faveur de la promotion de la santé devaient suivre les résultats de ces enquêtes de pratiques.

LAURENCE BENTZ, CHU de Nice

Mon parcours professionnel a débuté au début des années 1990, dans le contexte du développement de l’épidémie du VIH. Au cours de cette période ont été créés les centres d’information et de soins de l’immunodéficience humaine (Cisih), s’inscrivant dans un continuum entre la prévention, le dépistage, la prise en charge et la réhabilitation. C’est l’épidémie du VIH/sida qui a entraîné la réflexion sur des continuums de cet ordre et sur des organisations transversales qui impliquent l’hôpital en promotion de la santé.

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Le CHU de Nice a bénéficié d’une volonté de mutualisation des compétences en santé publique. Plutôt qu’un hôpital de santé publique, i l a été créé un espace partagé de santé publique, fédérateur de connaissances et d’expériences avec tous les acteurs territoriaux impliqués dans la santé publique, et notamment dans la promotion de la santé.

L’hôpital dispose d’une légitimité dans l’animation de la promotion de la santé ; le passage du patient dans le parcours hospitalier est une très bonne opportunité pour inciter les personnes à une réflexion sur les déterminants de santé.

La promotion de la santé peut parfaitement s’inscrire dans des projets européens. Alors que l’on évoque très souvent les difficultés de financement, des projets en promotion de la santé soumis à l’Union européenne peuvent être dotés d’une capacité de financement. Trois projets développés sur notre territoire ont ainsi bénéficié d’un tel financement, parmi lesquels « Antibios quand il faut » ou celui intitulé « CATTE », qui promeut l’autodépistage en médecine de vil le des infections à chlamydiae chez les jeunes. Outre l’ intérêt scientifique et les financements, le développement de projets à l’échelle européenne permet de générer de nouvelles et fructueuses collaborations.

PIERRE LOMBRAIL, SFSP

Les histoires des structures sont très différentes. Néanmoins, pour chacune se pose la même question : comment réussir à fédérer et à donner davantage de visibilité aux expertises en prévention et promotion de la santé ? Nous constatons aussi la force que représente le fait d’être inscrit dans un territoire. Hélène Colombani a rappelé que la promotion de la santé se rattache à la réduction, sinon la lutte, contre les inégalités de santé. En ce sens, il importe de raisonner en termes de déterminants de santé, et donc de promotion de la santé, depuis l’empowerment des personnes jusqu’à celui de leur environnement, le tout inscrit dans un milieu favorable.

Cependant, ces démarches ne peuvent être mises en œuvre sans volonté politique. Je retiens la place accordée à la prévention dans la stratégie nationale de santé. I l s’agit déjà d’un acquis de tail le, mais cela ne va pas se faire du jour au lendemain. Dans l’attente de ce cadre politique, i l apparaît important de savoir ce qui facil ite actuellement la tâche de chacun et ce qui complique son action.

GWENDOLINE DE GUÉNYVEAU, ARS Pays de la Loire

En premier lieu, les difficultés tiennent au changement de culture que représentent la promotion de la santé et la prévention pour les professionnels de santé, ainsi qu’aux modifications des missions confiées aux établissements. Les structures de soins deviennent des structures de santé et n’interviennent plus seulement à titre curatif. Ces changements se traduisent dans les pratiques, puisque les professionnels sont amenés à se déplacer en dehors des murs de l’établissement. C’est pourquoi i l importe de les accompagner et de les soutenir, en investissant véritablement le champ de la formation.

Pour que la dynamique s’enclenche, une structuration doit être mise en place. En outre, il convient de travailler ensemble pour générer des synergies.

Freins et leviers d’action

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Les CPOM doivent absolument intégrer la notion de prévention, à travers des indicateurs spécifiques. L’organisation des établissements doit d’ailleurs traduire l’importance accordée à la prévention, via l’identification de pôles de prévention. Les comités de pilotage, créés pour accompagner les unités sanitaires, peuvent avoir vocation à s’étendre. Les centres fédératifs, qui portent la démarche de prévention médicalisée au sein des Pays de la Loire, mériteraient d’être étendus au sein même des hôpitaux.

Deux autres leviers me paraissent importants : d’une part, les contrats locaux de santé, qui favorisent une meilleure connaissance des besoins de la population du territoire ; d’autre part, les chartes PNNS, par lesquelles les établissements s’engagent à mener des actions en matière de nutrition ou en faveur de l’activité physique. Un personnel convaincu est porteur de la démarche de prévention de santé, pour lui et sa structure professionnelle. Un premier établissement vient de signer une telle charte dans la région, i l s’agit de la Clinique du Pré. Nous espérons qu’il y en aura d’autres. Le fait de mener trois actions de prévention sur l’année peut être une porte d’entrée à la sensibilisation des établissements et les inciter à aller plus loin.

BÉNÉDICTE BELGACEM, CHU de Clermont-Ferrand

Je vais revenir sur l ’expérience menée au CHU de Clermont-Ferrand que j’ai décrite dans la première partie de la table ronde. Nos travaux ont pu aboutir notamment à la formation de personnels, la nomination de référents, la conduite et l ’évaluation d’actions dans de nombreuses unités de soins pour le volet « éducation thérapeutique du patient », qui a bénéficié de soutien externe. Mais les autres initiatives que nous avions mises en place en matière de promotion de la santé sont plus difficiles à inscrire dans la durée et à étendre dans la pratique courante, en l’absence de signaux clairs de la part de la HAS et de l’ARS.

Nous pensons que pour pérenniser ce type d’actions, dans la période que les hôpitaux traversent actuellement, i l est très utile d’avoir une incitation externe et une politique visible.

LUC DURAND, CHU de Bordeaux

En termes de levier, la créativité des équipes me paraît essentielle. En matière de promotion de la santé, nous pouvons tout nous permettre sur ce plan. Les solutions sont souvent issues des équipes. I l ne faut pas hésiter à mobiliser ces énergies. Par ailleurs, la place des associations doit être réellement identifiée dans la politique de l’établissement, au regard du parcours de soins.

En outre, i l est difficile de définir des indicateurs permettant d’évaluer le bénéfice associé à une politique de prévention de la santé dans le cadre du parcours hospitalier. La stratégie médicale reste centrée sur la dimension curative, la prévention n’apparaissant pas comme une priorité.

PIERRE LOMBRAIL, SFSP

Un changement de culture s’impose.

MARTINE SERVAT, CHU de Toulouse

I l existe déjà des actions de prévention et de promotion de la santé dans les établissements, mais ceux-ci ne savent pas les valoriser. Le CPOM est une première phase, mais encore très insuffisante. De plus, le système de santé est confronté à plusieurs niveaux de territorialisation. Les hôpitaux

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doivent participer aux programmes régionaux de santé. Le projet de loi de santé prévoit la création de groupements hospitaliers de territoires, ayant vocation à construire une politique de santé hospitalière. Si ces groupements peuvent bénéficier des contributions des établissements médico-sociaux, les acteurs de la prévention ne sont pas intégrés en revanche dans la démarche.

Des freins réels concernent encore les questions de décentralisation et de territorialisation non achevée. Par exemple, le projet de loi de santé ne fait pas mention de la santé sexuelle. Nous sommes confrontés à des compétences de nature diverse. Or, celles du conseil général en termes de planification familiale ne sont pas mentionnées. Les centres de santé sexuelle ne pourront voir le jour sans une modification des éléments législatifs. Nous avons un projet de centre de santé sexuelle qui devrait être installé à proximité d’un centre de vaccination, mais la législation actuelle ne nous facilite pas la tâche.

Enfin, i l est nécessaire d’adosser le développement de la prévention et de la promotion de la santé à la recherche. I l existe beaucoup d’appels à projets et i l est important de candidater pour suivre les expérimentations, les évaluer, faire des études médico-économiques, etc. Mais la recherche interventionnelle comporte deux volets. Pour le volet « recherche », i l y a des appels à projets et on sait le financer. En revanche, s’i l est expérimental, le volet « interventionnel » reste difficile à financer. Les établissements doivent pourtant être accompagnés dans le développement de leurs expérimentations.

PIERRE LOMBRAIL, SFSP

Nous avons entendu votre plaidoyer en faveur d’amendements du cadre législatif et, par ailleurs, l ’ importance de la recherche interventionnelle. La question de la territorialisation a été également évoquée et cela entre dans le champ d’intervention de Mme Colombani.

HÉLÈNE COLOMBANI, FNCS

Si l ’on prend l’exemple des communes, lorsqu’on leur parle de bien-être, les élus sont finalement plus enclins à monter des actions de santé publique et de promotion de la santé qu’à ouvrir des centres de santé.

Le travail de promotion de la santé ne doit pas se faire de façon isolée, mais toujours en articulation. Plutôt que d’évoquer les freins et les leviers, qui se recoupent souvent, i l me paraît préférable de s’intéresser au cahier des charges et aux moyens à mettre en œuvre. En ce sens, une volonté institutionnelle est indispensable pour impulser une dynamique et orienter des ressources humaines. Par exemple, au centre municipal de santé de Nanterre, nous avons mis en place des actions d’ETP. En trois ans, 20 personnes ont été formées, ce qui représente du temps et de l’argent. I l a fallu également mobiliser l ’équipe car les professionnels de santé et les travailleurs sociaux étaient dubitatifs. Cependant, i ls ont fini par s’approprier la démarche et ont fait preuve de créativité pour monter des actions. L’exemplarité joue aussi un rôle : en tant que médecin directeur, j ’ai moi-même suivi la formation et montré mon implication. Actuellement, cinq projets d’éducation thérapeutique sont financés.

Enfin, i l est nécessaire de mettre en place un système d’information afin de permettre aux équipes de partager les données et les pistes de travail, mais aussi de facil iter la structuration des actions.

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LAURENCE BENTZ, CHU de Nice

Du côté des freins, les organisations hospitalières en pôles se révèlent relativement cloisonnées et pénalisent la transversalité, qui doit être repensée en termes d’organisation.

Par ailleurs, la gestion d’un projet européen requiert du CHU des adaptations administratives et financières. I l faut apprendre à « bricoler ». I l faut également prévoir de dédier un certain pourcentage du budget à la Direction de la recherche clinique qui met en place des actions facil itatrices, en créant une unité fonctionnelle (UF) dédiée à la réception de ce budget, sachant que les forfaits de remboursement français ne sont pas forcément en adéquation avec les coûts d’hébergement en Europe, etc. En amont, i l est nécessaire d’organiser des réunions avec la Direction de la recherche clinique et la Direction des affaires financières de l’établissement.

• FRANÇOIS MARTIN (praticien hospitalier, médecin de santé publique, CH de Dreux) EXPLIQUE :

« Pour préparer l’avenir, i l faut travailler sur la formation initiale des médecins et des professionnels de santé en général, car cela représente un changement de culture. Ce n’est pas un hasard si un professionnel ne veut pas s’engager dans la gestion de projets de promotion de la santé au sein d’un CHU : cela relève en effet d’un parcours du combattant. Une relève paraît indispensable, mais l’on en voit difficilement les contours lors des discussions avec les doyens, qui sont les garants du savoir universitaire. La promotion de la santé est consubstantielle à la recherche et l ’on ne peut mener de promotion de la santé sans recherche interventionnelle : le champ de promotion de la santé est ouvert et la recherche doit être également ouverte, y compris aux centres hospitaliers. »

• QUESTION POSÉE DANS LE PUBLIC :

« L’impact de la promotion de la santé dans la réduction de l’absentéisme serait-il visible dans les budgets ? »

PIERRE LOMBRAIL RÉPOND :

« L’impact positif de la promotion de la santé du personnel sur l ’absentéisme a été démontré à l’étranger. I l faut opérer un changement de culture à tous les niveaux et développer la recherche interventionnelle en France pour obtenir des données nationales. »

MARTINE SERVAT PRÉCISE :

« Dans les établissements, les équipes savent monter des protocoles de recherche clinique. Mais la recherche sur le système de santé relève d’un montage différent. Les chercheurs en santé publique doivent s’intégrer dans l’établissement auprès des équipes cliniques pour les aider à formaliser les thématiques de recherche. »

PIERRE LOMBRAIL RÉAGIT :

« Malheureusement, l ’appareil hospitalo-universitaire de santé publique n’est pas tout à fait adapté au développement de ce type de recherche. »

Échanges avec la salle

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FRANÇOIS MARTIN INTERROGE :

« Comment évaluer un hôpital promoteur de santé ? Le jour où un hôpital sera en capacité de quantifier le taux d’abstention thérapeutique, i l sera prêt à développer une démarche de promotion de la santé. »

• INTERVENTION DANS LE PUBLIC :

Un représentant du Collectif interassociatif sur la santé souligne que « si les CHU et centres hospitaliers prennent en charge les questions de l’éducation à la santé et de la promotion de la santé, cela concerne également la médecine ambulatoire mais aussi le domaine de l’action communautaire des citoyens ». I l explique que « pour agir sur la prévalence de la maladie d’Alzheimer, i l faut agir sur les facteurs déterminants (insertion sociale des personnes vieil l issantes, promotion de l’éducation physique, par exemple). Mais cela représente un champ très vaste et un frein important tient à l’éclatement des structures médico-sociales. »

PIERRE LOMBRAIL CONCLUT :

« C’est le combat de tous, pas seulement des hôpitaux et des établissements de santé, mais de l’ensemble des structures en lien avec la cité et les ressources de la cité. Quand on évoque la santé communautaire dans notre pays, cela suscite encore l’ incompréhension. I l ne faut cependant pas désespérer car la jeune génération s’investit. Structurer les démarches de promotion de la santé passe par de la formation et de la recherche. En outre, une réorientation des financements s’avère nécessaire. Le simple fait que l’ idée ait été émise constitue déjà une marque de progrès. »

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Réseau international et Réseau national des hôpitaux et structures de santé promoteurs de santé : quels rôles ?

Le Réseau international HPH

PAULE DEUTSCH

Directrice de l’animation des territoires et des réseaux, Inpes

D’après la charte d’Ottawa (1986), la démarche de promotion de la santé confère aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé et d’améliorer celle-ci. Elle a également permis d’identifier des lieux spécifiques pour le développement de la promotion de la santé dans certains milieux, dont l ’hôpital. En 1988, l ’OMS a engagé les premières discussions sur le concept d’hôpitaux promoteurs de santé. L’année 1992 est celle de la déclaration de Budapest, qui encourage les démarches participatives et le développement des programmes éducatifs à destination des patients,

des proches et des personnels, lesquels ont été marqués par l’ouverture à la vil le et à la communauté.

De 1992 à 1997, l ’OMS a lancé un projet pilote impliquant 20 hôpitaux promoteurs de santé. En 1997, les recommandations de Vienne ont établi les principes fondamentaux pour une actualisation des réseaux des hôpitaux promoteurs de santé. Un réseau européen a été créé, regroupant des réseaux nationaux. En 2006, le Québec et Taïwan ont été les premiers pays non européens à adopter la démarche des hôpitaux promoteurs de santé. Le mouvement est ainsi devenu le Réseau international des hôpitaux promoteurs de santé, dénommé « Health Promoting Hospitals and Health Services ». Indépendant de l’OMS, il en demeure le partenaire.

Le Réseau HPH est présent dans plus de 20 pays. I l comprend des réseaux nationaux ou régionaux d’activité et d’importance variables. Parmi les plus actifs figurent Taïwan (100 membres), la Suède (80 membres) et le Québec (réseau régional de 38 membres). Sa mission consiste à intégrer les concepts, normes et indicateurs de promotion de la santé au sein de la structure organisationnelle et de la culture de l’hôpital ou du service de santé. I l a donc pour objectif d’améliorer la santé en améliorant la qualité des soins, l ’accueil et les conditions de vie à l’hôpital, ainsi que les relations entre les hôpitaux ou services de santé, la collectivité et les milieux de vie.

Paule DEUTSCH lors du séminaire du 13/11/2014

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Son rôle est d’être le chef de fi le sur les questions de promotion de la santé et de conclure des partenariats, si nécessaire. I l doit également orienter les programmes de recherche et stimuler la production, le transfert et la diffusion de connaissances. Enfin, i l établit des standards, catalyse le changement et surveille le développement de la promotion de la santé dans les hôpitaux et services de santé.

Pour ce faire, le Réseau international HPH propose :• des outils et ressources méthodologiques en promotion de la santé ou sur des thématiques spécifiques ;• des outils et ressources de communication ;• des formations (master international en promotion de la santé clinique, séminaires) ;• des échanges entre hôpitaux membres ;• une société savante, créée en 2013 et baptisée « Société pour la promotion de la santé clinique » ;• une conférence internationale annuelle. La prochaine est prévue à Oslo, en Norvège, en juin 2015.

Une expérience du réseau de 2003 à 2007 : l’exemple du CHU de Nice

LAURENCE BENTZ

Praticien hospitalier, Département de santé publique, CHU de Nice

Vous m’avez invitée à témoigner de mon expérience en tant que référente du CHU de Nice en promotion de la santé, de 2003 à 2007. Le CHU a adhéré aux réseaux international et national en 2003. À cette occasion, i l s’est engagé à mener au moins trois projets de promotion de la santé pendant la durée de l’adhésion (4 ans), ainsi qu’à participer à au moins

HPH Carte mondiale

Extrait du diaporama présenté par Paule Deutsch le 13/11/2014

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deux groupes de travail ou réunions régulières du réseau national et, enfin, à présenter un rapport annuel. En contrepartie, i l a bénéficié d’échanges d’expériences à l’échelon national et européen et a eu accès à la base de données internationale du réseau.

Au niveau européen, le CHU a notamment échangé avec l’unité de formation et de recherche en promotion de la santé RESO de Louvain en 2006. En France, des séances de travail communes ont été organisées à l’ Inpes pour établir des référentiels d’aide à l’accréditation et à l’évaluation des pratiques professionnelles en promotion de la santé. Le CHU a par ailleurs participé à l’enquête nationale Edupef (Éducation du patient dans les établissements de santé français).

I l a également intégré le groupe « Droits des enfants à l’hôpital », qui a été créé en 2004 par le Bureau européen de l’OMS. Il visait à dynamiser l’application des principes et des critères des hôpitaux promoteurs de santé aux questions spécifiques des droits touchant les enfants et les adolescents hospitalisés. L’enquête que nous avons menée en 2004 à l’échelon national a mis en évidence tantôt des lacunes dans l’adoption des chartes relatives aux droits des enfants à l’hôpital, tantôt une absence d’évaluation du respect de ces droits. Cette question a donné lieu à la rédaction d’un manuel d’application.

En 2004, nous avons ensuite visité l’Emma Hospital for Children, à Amsterdam, dont l ’organisation a été jugée exemplaire en termes de promotion de la santé, car propre à facil iter la participation des jeunes patients et de leur famille à la prise en charge de leur santé.

Échange d’expériences et mise en place de collaborations

Extrait du diaporama présenté par Laurence Bentz le 13/11/2014 :vues de l’Emma Hospital for Children, à Amsterdam (Pays-Bas)

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Le CHU de Nice a participé au congrès HPH, qui s’est tenu à Florence en 2003, ainsi qu’à la troisième conférence internationale, organisée à Dublin en 2005, et traitant du principe d’empowerment en santé. En 2004, l ’ancien directeur général du CHU a présenté la place de la promotion de la santé dans le cadre du Salon Hôpital Expo-Intermedica. En 2007, le CHU a été représenté à un colloque au Luxembourg intitulé « Promotion de la santé : état des connaissances et besoins de recherche ».

Nous avons eu accès aux ressources méthodologiques du réseau international, telles que le manuel d’autoévaluation pour la mise en œuvre de la promotion de la santé dans les hôpitaux6. Par ailleurs, en 2006, le CHU de Nice a participé à un groupe de travail sous l’égide de l’ Inpes. I l s’agissait de définir les objectifs nécessaires à un établissement promoteur de santé pour permettre le développement de l’éducation thérapeutique en faveur des personnes atteintes de maladies chroniques.

L’expérience du CHU de Nice permet d’il lustrer quelques aspects dignes d’intérêt pour une participation à ce qui est devenu ensuite le Réseau français des hôpitaux et structures de santé promoteurs de santé.

Le Réseau français HSPS

PAULE DEUTSCH

Directrice de l’animation des territoires et des réseaux, Inpes

Nous allons poursuivre sur la présentation du Réseau français des hôpitaux et structures de santé promoteurs de santé. En introduction, voici un rappel des principaux textes qui ont permis de favoriser la promotion de la santé à l’hôpital.

La loi du 31 juil let 1991 a introduit dans les missions de l’hôpital la nécessité de participer à des actions de santé publique, notamment en termes de prévention et d’éducation pour la santé. Les ordonnances du 24 avril 1996 ont organisé la mise en place d’une politique nationale et régionale de santé publique, tendant à réduire les inégalités de santé et prenant en compte la satisfaction des usagers.

En 1997 a été créé le Réseau national des hôpitaux promoteurs de santé, dont la coordination était alors assurée par l’AP-HP.

En 2002, la loi du 4 mars relative aux droits des malades et à la qualité des systèmes de soins a établi la notion juridique du malade, permis une meilleure représentation des usagers et instauré la démocratie sanitaire. Cette loi a aussi institué la création de l’ Inpes, auquel a été confiée la coordination du Réseau des hôpitaux promoteurs de santé.

Par la suite, la loi du 21 juil let 2009 portant sur la réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, a stipulé que les

Partage de connaissances

Dynamisation scientifique

6 OMS. Bureau régional de l’Europe. Mise en œuvre de la promotion de la santé dans les hôpitaux. Manuel d’autoévaluation.

Montréal : Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, 2007 : 96 p. En ligne : http://www.eps.santemontreal.

qc.ca/fileadmin/hps/boite_outil/OMS_manuel__16janvier07.pdf [dernière consultation le 03/02/2015].

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établissements de santé peuvent être appelés à assurer des actions d’éducation et de prévention pour la santé, leur coordination ainsi que des actions de santé publique. L’année 2013 a marqué l’avènement de la stratégie nationale de santé et l ’ importance d’investir en faveur de la promotion de la santé et la prévention.

En 2014, le Manuel de certif ication des établissements de santé7 de la HAS a intégré le principe de management porté par le développement durable, ainsi que le respect des droits des patients et la qualité de vie au travail.

En 2012, l ’ Inpes a décidé d’accorder une priorité au développement de la promotion de la santé dans différents milieux, dont celui de soins. À cet effet, un Comité national de coordination du Réseau HSPS a été mis en place. I l regroupe aujourd’hui la DGOS, la DGS, la HAS, trois fédérations hospitalières, deux ARS, le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET), la Fédération nationale des centres de santé, la Société française de santé publique, le Collectif interassociatif sur la santé ainsi que deux hôpitaux membres du réseau national.

Une charte d’engagement des membres, signée en 2013, a permis de formaliser les orientations de la promotion de la santé à l’hôpital. À cette occasion, i l a été décidé d’ouvrir le réseau à toutes les structures participant à l’offre de soins.

Les objectifs du Réseau français HPS sont de :• promouvoir le concept de promotion de la santé en milieu de soins ;• donner un cadre au développement de la promotion de la santé dans les structures de santé ;• soutenir les membres du réseau dans le développement de la promotion de la santé ;• facil iter la coopération et l ’échange d’expériences entre les membres.

Évolution du Réseau français HSPS

7 HAS. Direction de l’amélioration et de la qualité des soins. Manuel de certification des établissements de santé. V2010.

Saint-Denis-La-Plaine : HAS, 2014 : 112 p. En ligne : http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2014-

03/manuel_v2010_janvier2014.pdf [dernière consultation le 03/02/2015].

13 structures membres en 2014 :• Bordeaux • Cherbourg • Clermont-Ferrand• Dreux • Fort-de-France• Lil le• Magny-en-Vexin • Martigues• Maubeuge • Nice• St-Brieuc • St-Laurent-du-Maroni • Vire

Carte du Réseau français HSPS en novembre 2014

Composition du réseau français HSPS

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Élaboration de ressources méthodologiques

Faire partie du Réseau HSPS permet l’échange de pratiques entre les structures membres, à travers la tenue de trois réunions par an. Une journée nationale d’échanges annuelle est également prévue : ce séminaire est ainsi la première journée organisée dans le cadre du réseau.

Des ressources méthodologiques et des outils opérationnels à destination des membres sont en cours de réalisation. En 2015, sont prévus un guide méthodologique en promotion de la santé, des outils spécifiques par « pil ier » (patients et leurs proches, personnels de l’hôpital, communauté, environnement), la traduction et l ’adaptation d’outils du Réseau international HPH, ainsi que la création d’un site internet spécifique : http://www.reseauhsps.fr.

L’Inpes a également réalisé différents outils de communication (logo, affiche, plaquette d’information) pour diffuser les principes et les avantages d’intégrer la promotion de la santé en milieu curatif, dont la charte d’engagement des membres. Afin de valoriser les actions de ces derniers et d’informer des actualités des réseaux national et international, une lettre d’information a vu le jour en novembre 2014.

Le Réseau français HSPS bénéficie d’un ancrage institutionnel fort au niveau national. Outre son rôle de coordinateur, l ’ Inpes assume un rôle de lobbying auprès des ARS, institutions et fédérations, et promeut notamment la formation des directeurs des hôpitaux. La promotion de la santé est inscrite dans la future loi de santé et la loi de refondation de l’école. Le Réseau français HSPS bénéficie également d’un portage institutionnel fort à l’échelle régionale, via les ARS.

La dynamique du Réseau HSPS doit être étendue, pour une promotion active de la santé en milieu de soins.

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CLÔTURE DE LA JOURNÉE

Je vous remercie de votre implication et remercie l’Inpes d’avoir pris l’initiative de redonner un souffle à ce réseau, avec l’organisation de cette première réunion. La structuration de l’action collective est absolument indispensable.

Le champ de la santé dont il est question ici tente de lier à la fois l’éducation, la prévention et le soin. Or, le financement de ces secteurs est historiquement cloisonné. La création des ARS, le Fonds d’intervention régional (Fir) et la possibilité de mutualiser les financements constituent une première étape indispensable pour établir ce lien. Néanmoins, investir la dimension complète de la santé pour un établissement de santé n’est pas simple. En effet, les acteurs peuvent exprimer une réaction de défiance face au poids institutionnel que celui-ci représente sur le territoire. La confiance doit donc nécessairement s’établir entre les différentes parties

prenantes des réseaux, car la dynamique collective passe par la convergence de vues et le respect des spécificités de chacun.

Il convient d’élargir le cercle de ceux qui pourraient vous rejoindre dans cette initiative, sans perdre en efficacité. La carence ou l’échec global des politiques de prévention en France coûte cher, aussi bien à ceux qui se trouvent confrontés à des problèmes de santé qui auraient pu être limités dans leur gravité qu’à la collectivité. Ainsi, nous observons une « décorrélation » entre l’augmentation continue de l’espérance de vie et la stagnation de l’espérance de vie en bonne santé. Ce phénomène reflète une discontinuité entre la prévention et le soin, ainsi qu’un déséquilibre dans les ressources allouées au fil de notre histoire aussi bien localement que nationalement. Il nous revient donc, collectivement, de faire en sorte que la priorité accordée à la prévention dans la loi de santé prenne corps.

Bien que le champ de responsabilité de la DGOS soit plus large, je m’adresse particulièrement aux établissements. Cette initiative va dans la bonne direction dès lors qu’elle repose sur le respect des acteurs. S’il faut s’extraire de l’« hospitalo-centrisme » pour aborder la question de la prévention, cela ne signifie pas pour autant sortir l’hôpital du jeu. Dans un avenir proche comme à plus long terme, les établissements de santé continueront de concentrer les plateaux techniques lourds et les ressources humaines afférentes. Il ne s’agit donc pas de mettre l’hôpital à l’écart de l’offre de soins ou du système de santé, mais de mutualiser davantage les compétences pour mieux les valoriser, de façon à développer l’activité extra-muros des hôpitaux, que ce soit sous la forme de la télémédecine, de la téléformation ou des équipes mobiles. Ces établissements disposent des moyens logistiques nécessaires pour appuyer les différentes initiatives. Des solutions doivent donc être recherchées localement, en fonction des ressources mais également de la disponibilité des autres acteurs.

La DGOS intervient en appui de cette vision extensive de l’action des établissements, tout en étant consciente que cette démarche ne doit pas être vécue par les acteurs extra-hospitaliers comme une prise de contrôle de l’hospitalier sur l’ensemble du système de santé, mais comme une offre de services sincère et désintéressée. Aider à l’éducation et à la promotion de la prévention dans le champ de la santé participe d’une mission de service public. C’est là le sens de la philosophie et la définition du terme même de « santé », portées par l’OMS, qui parraine votre organisation.

Je vous souhaite de trouver les voies et moyens de faire converger les esprits et, localement, de faire mûrir les initiatives, de façon à ce que la promotion de la santé puisse se développer dans les meilleures conditions possibles.

Félix FAUCON Adjoint au directeur général de l’Offre de soins

Félix FAUCON lors du séminaire du 13/11/2014

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AP-HP : Assistance publique - Hôpitaux de Paris

ARS : Agence régionale de santé

ASV : Atelier Santé-Ville

CAPM : Communauté d’agglomération du pays de Martigues

C2DS : Comité pour le développement durable en santé

CES : Centre d’examen de santé

CGET : Commissariat général à l’égalité des territoires

CH : Centre hospitalier

CHU : Centre hospitalier universitaire

Ciddist : Centre d’information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles

Cisih : Centre d’information et de soins de l’ immunodéficience humaine

Ciss : Collectif interassociatif sur la santé

Clat : Centre de lutte antituberculeuse

Clin : Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales

CLS : Contrat local de santé

CME : Commission médicale d’établissement

CPAM : Caisse primaire d’assurance maladie

CPOM : Contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens

DASRI : Déchets d’activités de soins à risques infectieux

DGOS : Direction générale de l’Offre de soins

DGS : Direction générale de la Santé

Edupef : Éducation du patient dans les établissements de santé français

EPCI : Établissement public de coopération intercommunale

Ehpad : Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes

Eprus : Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires

ETP : Éducation thérapeutique du patient

Fir : Fonds d’intervention régional

FNCS : Fédération nationale des centres de santé

HAS : Haute Autorité de santé

HPH : Health Promoting Hospitals and Health Services

HPST : Hôpital, patients, santé et territoires

HSPS : Hôpitaux et structures de santé promoteurs de santé

Ihab : Initiative « Hôpital ami des bébés »

Inpes : Institut national de prévention et d’éducation pour la santé

InVS : Institut de veille sanitaire

Ireps : Instance régionale d’éducation et de promotion de la santé

Maia : Méthode d’action pour l’ intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie

Mig : Mission d’intérêt général

S IGLES

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MNH : Mutuelle nationale des hospitaliers et des professions de santé

OMS : Organisation mondiale de la santé

PANJO : Promotion de la santé et de l’attachement des nouveau-nés et de leurs jeunes parents

Pass : Permanence d’accès aux soins de santé

PMI : Protection maternelle infantile

PNSE : Plan national santé-environnement

PNNS : Programme national nutrition-santé

PST : Plan santé au travail

SEV : Semaine européenne de la vaccination

SFSP : Société française de santé publique

T2A : Tarification à l’activité

UF : Unité fonctionnelle

UNCCAS : Union nationale des centres communaux d’action sociale

UPE : Unité de prévention et d’éducation

Utep : Unité transversale d’éducation thérapeutique du patient

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• Diaporamas et vidéo présentés dans le cadre du séminaire « Devenir hôpital ou structure de santé promoteur de santé : quels avantages ? » : http://www.Inpes.sante.fr/professionnels-sante/HSPS/seminaire-hsps.asp ;

• Newsletter des hôpitaux et structures de santé promoteurs de santé :http://www.Inpes.sante.fr/professionnels-sante/HSPS/newsletter.asp ;

• Dépliant « HSPS : un réseau pour développer la promotion de la santé en milieu de soins » : http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1547.pdf ;

• Compte rendu des Journées de la prévention 2013 consacrées à la promotion de la santé dans les établissements de soins : http://www.inpes.sante.fr/jp/cr/2013/s7.asp;

• La Santé en action, n° 424, « Promouvoir la santé à l’hôpital » : http://www.inpes.sante.fr/SLH/pdf/sante-action-424.pdf ;

• Article d’Équilibres, septembre 2013, « Le Réseau des hôpitaux promoteurs de santé » : http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/equilibre/numeros/96/hopital_le_reseau_des_hopitaux_promoteurs_de_sante.asp

• Réseau international HPH : http://www.hphnet.org

• Réseau français HSPS : http://www.reseauhsps.fr, [email protected]

Pour en savoir plus

• Retranscription du séminaire :Société Ubiqus1, avenue du général de Gaulle92800 Puteaux La Défensehttp://www.ubiqus.fr

• Comité de rédaction et édition :- Dr Paule Deutsch, directrice, Direction de l’animation des territoires et des réseaux (Dater), Inpes- Manuela Cheviot, chef du Département appui aux acteurs et aux institutions, Dater, Inpes- Dr Pascale Échard-Bezault, responsable du Pôle populations et cycles de vie, Direction des programmes, Inpes- Audrey Leclere, chargée de mission en éducation pour la santé, Dater, Inpes- Andréa Limbourg, chargée de mission en promotion de la santé, coordinatrice du Réseau français HSPS, Dater, Inpes- Mariane Borie, chargée d’édition, Département éditions, Inpes

• Mise en page : Parimage22, rue Chauvelot75015 Parishttp://www.parimage.fr

L’Inpes autorise l’util isation et la reproduction des actes de ce séminaire sous réserve de la mention des sources.

Institut national de prévention et d’éducation pour la santé42, boulevard de la Libération93203 Saint-Denis Cedex - France01.49.33.22.22http://[email protected]

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