36
Problématique du développement au Burundi Défis à la croissance économique et potentiel de relance Janvier D. Nkurunziza Bujumbura, 20 août 2021

Défis à la croissance économique et potentiel de relance

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Problématique du développement au Burundi

Défis à la croissance économique et

potentiel de relance

Janvier D. Nkurunziza

Bujumbura, 20 août 2021

Plan de la

présentation

Objectif global: réaliste ou aspirationnel?

Bilan de la performance économique passée

Essai d’explication de la faible performance économique

Repenser & relancer le développement économique

Objectif global

«Atteindre le niveau

de pays à niveau de

revenu intermédiaire

puis émergent d’ici

20 ans »

Devenir pays à

revenu

intermédiaire

Tranche inférieure du revenu intermédiaire en 2019: $1026-$3995

Passer de $204/habitant en 2020 à un minimum de $1026 en 2040

Certainement que ce seuil aura augmenté en 2040

Nous prenons donc une hypothèse minimaliste

Revenu par habitant

0

50

100

150

200

250

300

1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

Quelle

croissance

faudra-t-il pour

y arriver?

𝑦2040 = 𝑦2020𝑒𝑟𝑡

𝑒𝑟𝑡 =𝑦2040

𝑦2020

𝑒𝑟𝑡 =𝑦2040

𝑦2020=

$1026

$204

20𝑟 = ln 1026 − ln(204)

𝑟 ≈ 8%

Croissance PNBpar habitant

-8

-6

-4

-2

0

2

4

6

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

Croissance

moyenne récente

1998-2005 -0.62%

2006-2020 -0.41%

Qu’observons-

nous?

Revenu moyen par tête très faible

Croissance économique négative

Phénomène de paupérisation: taux de

pauvreté très élevé (voir slide suivant)

Quels sont les facteurs explicatifs majeurs?

Taux de pauvreté(% population avec revenu<$1.25/jour)

-

10.0

20.0

30.0

40.0

50.0

60.0

70.0

80.0

90.0

100.0

19

81

19

82

19

83

19

84

19

85

19

86

19

87

19

88

19

89

19

90

19

91

19

92

19

93

19

94

19

95

19

96

19

97

19

98

19

99

20

00

20

01

20

02

20

03

20

04

20

05

20

06

20

07

20

08

20

09

20

10

20

11

20

12

20

13

20

14

20

15

20

16

20

17

20

18

20

19

Pourquoi une

performance

aussi médiocre?

Pression démographique

Faible accumulation du capital

Moyens de financement très limités

Faiblesses institutionnelles

Crises politiques à répétition

Forte pression démographique pour un faible & volatil taux de croissance du PIB

-10

-5

0

5

10

15

197

1

197

2

197

3

197

4

197

5

197

6

197

7

197

8

197

9

198

0

198

1

198

2

198

3

198

4

198

5

198

6

198

7

198

8

198

9

199

0

199

1

199

2

199

3

199

4

199

5

199

6

199

7

199

8

199

9

200

0

200

1

200

2

200

3

200

4

200

5

200

6

200

7

200

8

200

9

201

0

201

1

201

2

201

3

201

4

201

5

201

6

201

7

201

8

201

9

202

0

Croissance démographique Croissance économique

Investissement très faible: taux au PIB

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

Burundi Kenya Rwanda Tanzania Uganda

Quel est le

message?

Taux d’investissent comparable à celui des autres pays de la région jusque fin 1980s

Chute pendant les années de guerre, reprise après Arusha, chute pendant 2010s

Corrélation négative entre investissement & instabilité politique

Le Burundi est à la traîne par rapport à la région

Investissement

Taux (% PIB)

Période Burundi Kenya Rwanda Tanzanie Ouganda

Avant 1990 12.7 19.8 13.2 … 9.5

1990-1999 9.2 17.6 13.9 22.1 15.9

2000-2004 5.9 16.8 13.1 21.0 19.8

2005-2009 16.4 19.1 17.4 32.2 22.4

2010-2014 14.9 21.1 21.9 33.2 26.5

2015-2020 10.9 17.9 24.8 37.4 24.2

Moyenne 11.7 16.0 16.0 28.3 17.4

Deux types

d’investissement

Investissement public

Investissement privé

Investissement

public

Dépend de la disponibilité des ressources publiques

Trois sources principales: l’aide internationale, la dette, les recettes publiques

Ressources orientées vers le financement de la guerre pendant les périodes d’instabilité

Investissement

privé

National et étranger

Dépend de l’investissement public et de l’environnement des affaires

Décroit sensiblement pendant les périodes d’insécurité

Lié aux mouvements migratoires: investisseurs parmi les réfugiés ou victimes des guerres

Investissement

privé (% PIB)

Période Burundi Rwanda Tanzanie Ouganda

Avant 2005 … 8.0 14.0 10.0

2005-2009 11.0 … 23.0 18.0

2010-2014 9.0 … 25.0 22.0

2015-2020 8.0 … 26.0 20.0

Moyenne privé 9.4 8.3 19.6 14.4

Moyenne total 11.7 16.0 28.3 17.4

Economie dominée

par de petites

firmes (nombre

employés)

PÉRIODE TAILLE MÉDIANE OBSERVATIONS

AVANT 1960 53.0 8

1960-1970 41.5 14

1970-1980 53.5 40

1980-1990 12.0 75

1990-2000 7.0 231

2000s 6.0 993

Productivité du travail (PIB/employé)

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Burundi Kenya Rwanda Tanzanie Ouganda

Faible

productivité du

capital humain

Le Burundi a la plus faible productivité du capital humain dans la région CEA

Pas de croissance depuis 1995 contrairement aux autres pays de la CEA

En 2018, le burundais produisait 1/6 du producteur kényan, ¼ de l’ougandais et du tanzanien

Burundais et rwandais avaient la même productivité en 1995

En 2018, le burundais produisait moins de 1/3 du rwandais

Insuffisance &

inadéquation des

moyens de

financement

Epargne très faible

Recettes d’exportation limitées

Aide étrangère en déclin

Taux d’épargne brute (% PIB)

-60

-50

-40

-30

-20

-10

0

10

20

30

40

197

0

197

1

197

2

197

3

197

4

197

5

197

6

197

7

197

8

197

9

198

0

198

1

198

2

198

3

198

4

198

5

198

6

198

7

198

8

198

9

199

0

199

1

199

2

199

3

199

4

199

5

199

6

199

7

199

8

199

9

200

0

200

1

200

2

200

3

200

4

200

5

200

6

200

7

200

8

200

9

201

0

201

1

201

2

201

3

201

4

201

5

201

6

201

7

201

8

201

9

202

0

Burundi Kenya Rwanda Tanzanie Uganda

Taux d’épargne

très bas

Le Burundi a le plus bas taux d’épargne de la région CEA

Depuis le début des années 1990s, les taux d’épargne sont négatifs

Le Rwanda et le Burundi avaient le même taux en 1970; en 2020, le Rwanda était à 8.2% et le Burundi à -5.6%

Les taux très bas expliqueraient la faiblesse de l’investissement au Burundi

Recettes d’exportation (% PIB)

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

197

0

197

1

197

2

197

3

197

4

197

5

197

6

197

7

197

8

197

9

198

0

198

1

198

2

198

3

198

4

198

5

198

6

198

7

198

8

198

9

199

0

199

1

199

2

199

3

199

4

199

5

199

6

199

7

199

8

199

9

200

0

200

1

200

2

200

3

200

4

200

5

200

6

200

7

200

8

200

9

201

0

201

1

201

2

201

3

201

4

201

5

201

6

201

7

201

8

201

9

202

0

Burundi Kenya Rwanda Tanzanie Uganda

Exportations

(% PIB)

Les recettes sont les plus basses de la

région, réduisant l’enveloppe destinée au

développement

Recettes en dents de scie, traduisant une

incertitude liée aux ressources

Les revenus tirés des exportations sont

devenues insignifiantes au Burundi

Aide publique au développement ($/tête)

0

20

40

60

80

100

120

140

197

0

197

1

197

2

197

3

197

4

197

5

197

6

197

7

197

8

197

9

198

0

198

1

198

2

198

3

198

4

198

5

198

6

198

7

198

8

198

9

199

0

199

1

199

2

199

3

199

4

199

5

199

6

199

7

199

8

199

9

200

0

200

1

200

2

200

3

200

4

200

5

200

6

200

7

200

8

200

9

201

0

201

1

201

2

201

3

201

4

201

5

201

6

201

7

201

8

201

9

Burundi Kenya Rwanda Tanzanie Uganda

Aide extérieure

($ par habitant)

Tous les pays étaient au même niveau début 1970s mais divergence au fil du temps

Burundi a connu des hauts et des bas, généralement liés aux cycles politiques

Volatilité de l’aide ne permet pas de l’utiliser comme variable de planification fiable

Le Rwanda a su maintenir un niveau d’aide en croissance pendant une longue période

Faiblesse

institutionnelle

Politique fiscale & dette publique

Budget & finance

Administration publique

Corruption & transparence

Respect du droit de propriété

Gestion des ressources publiques

Règlementation des affaires

Indicateurs

institutionnels

(valeurs de 1-6)

Période: 2005-2019 Burundi Kenya Rwanda Tanzanie Ouganda

Politique fiscale 2.7 4.2 3.7 4.0 4.5

Politique de la dette 2.8 3.7 3.5 3.7 3.5

Budget & finance 2.9 3.5 4.0 3.4 3.5

Administration publique 2.5 3.5 3.6 3.2 3.0

Corruption & transparence 2.0 3.0 3.4 3.0 2.4

Droit de propriété 2.3 2.8 3.3 3.4 3.5

Gestion ressources Publiques 3.6 3.7 4.4 4.0 4.1

Règlementation des affaires 2.8 3.8 4.1 3.4 3.9

Qualité des

institutions

Le Burundi a les institutions les plus faibles

Seule l’indicateur de gestion des ressources

publiques a une note de plus de 3/6

Tous les autres pays ont généralement plus

de 3/6 pour toutes les catégories

L’indicateur de corruption et celui du droit de

propriété ont les notes les plus basses

E.g. implication des sources de financement de la dette publique intérieure (%)

8782

73

86

61

75

88

66

5258 59

63

76

6662 60

5548

4032 31

05

6

2

5

7

3

12

18

15

25 16

10

18 25 2734

4050

60 61

13 1321

12

34

19

9

22

3127

1621

14 15 13 13 12 12 10 8 8

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

BRB Banques commerciales Autres

Quand politique

épouse

économie

Politique: jeu à somme nulle Economie: parent pauvre des compromis

Crises politiques: morts, réfugiés,

destruction des infrastructures

Crises économiques: pas d’investissement

ou même d’entretien

Changements politiques: le bonheur des uns

fait le malheur des autres

Nouvelle classe économique remplace la

précédente

Forte volatilité politique Forte incertitude qui nuit aux affaires

Négociations pour la paix (e.g. Arusha) qui

débouchent sur un compromis

Peu de place accordée à l’économie;

nécessité d’un débat national

Réformes politiques importantes: celles qui

profitent à l’élite politique

Attention limitée aux réformes économiques

Vision politique associée aux changements

de régimes

Pas de vision économique ou alors une

vision peu réaliste

Dividende politique pour l’élite présenté

comme profitant à tous

Pas de dividende économique pour la

population

Réformes pas totalement inclusives Forte concentration du dividende de la paix

Conclusion

L’économie burundaise a connu beaucoup de défis généralement liés à l’instabilité politique

Dans la région CEA, le Burundi est à la traine dans tous les domaines

Le dirigeants ont eu tendance à privilégier la politique aux dépens de l’économie

Les deux étant intimement liés, il est temps que l’économie soit mise au centre des débats

Nécessité d’organiser les états généraux—de manière inclusive—de l’économie burundaise

Merci

beaucoup! Murakenuye cane!