Dictionnaire des Sciences Historiquesby André Burguière

EHESS

Dictionnaire des Sciences Historiques by André BurguièreReview by: Jean BaubérotArchives de sciences sociales des religions, 32e Année, No. 64.2 (Jul. - Dec., 1987), pp. 247-248Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30129097 .

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BULLETIN DES OUVRAGES

64.206 BUHEZ.

Les Bretons et Dieu. Rennes, Ed. Ouest- France, 1985, 251 p., bibliogr., index, ill.

Une illustration abondante et de qualit6, une diffusion A grande 6chelle, on trouverait difficilement mieux en matibre de catalogue d'exposition. Celle-ci a 6t6 conque par l'asso- ciation Buhez, qui regroupe la plupart des conservateurs des mus6es d'archdologie, d'eth- nographie et d'histoire de Bretagne, avec le concours d'universitaires sp6cialistes des questions religieuses, Alain Groix, Michel Lagr6e, Yves Lambert, Frangois Lebrun et Fanch Rou- daut. Seul le titre est d6faillant. II faut pr6ci- ser: ( Du XVe sibcle A nos jours >. Le catalogue suit 6videmment le plan de l'exposition: 1) < La marque du pass6 lointain; ;2) < La transformation > (des missions du XVIIe sibcle aux lendemains de la R6volution) ; 3) < Ef- fondrement ? Diversification ? Remise en cau- se ? w. Tripartition globalement chronologique, mais qui n'exclut pas les chevauchements.

A plusieurs titres, l'ouvrage est compl6men- taire de celui sur Les Bretons, la mort et Dieu, dejA signal6 ici (Arch., 62, nw 247). D'abord parce qu'il renforce la d6monstration A partir des 363 objets ou documents pr6sent6s, et que cet examen d6taill6 permet A la fois de pr6ciser le vocabulaire et de restituer le v6cu, notamment, quand c'est possible, le v6cu des fidrles. Ensuite parce qu'il insiste plus sur l'6poque contemporaine et la d6stabilisation relative - trbs in6gale dans le temps et dans l'espace - de l'univers culturel ant6rieur; on appr6cie, entre autres, les pages relatives A l'anticl6rica- lisme breton. Enfin parce que le genre m~me du catalogue rend plus sensible A certains aspects, et notamment A ce que l'on pourrait appeler la christianisation par les sens: il y aurait ici matibre A une description de la vue, de l'ouie, de l'odorat, du toucher et du gott catholiques, 616ments de cette christianitude dont Emile Poulat a donn6 une pr6sentation suggestive dans Modernistica (Arch., 55, no 416).

L'impression d'ensemble est bien r6sum6e par ce qu'6crit Alain Groix dans l'introduction g6n~rale, A propos du XVIe sibcle: Ce n'est pas Dieu qui est partout, mais bien le religieux, et un religieux infiniment plus comple- xe que ne le voudrait le seul catholicisme orthodoxe w (p. 22). Reste l'interrogation fina- le, induite par les changements les plus r6- cents: savoir si la singularit6 religieuse de la Bretagne, du XVIIe au XXe sidcle, n'a 6td qu'une << parenthbse >, la r6gion retrouvant d6sormais

le modrle frangais. Assistons-nous aujour- d'hui A la deuxibme mort de Julien Maunoir ?

Yvon Tranvouez.

64.207 BURGUIERE (Andr6), 6d. Dictionnaire des Sciences Historiques. Pa- ris, PUF, 1986, 693 p.

Pour 6laborer ce dictionnaire critique An- dr6 Burguisre a r6uni une 6quipe brillante et riche de sa diversit6. II a puis6 aussi bien dans le vivier des universit6s parisiennes et de pro- vince, du C.N.RS., de la Ve section de I'E.P.H.E., de I'E.H.E.S.S. Il a eu le souci de mettre en valeur toutes les p6riodes historiques (de l'6po- que du < cun6iforme > au < temps pr6sent >>) et de donner une place A des historiographies diff6rentes meme si, on s'en doute, les r6f6- rences aux Annales et A leurs fondateurs par- courent l'ouvrage.

Dictionnaire des Sciences historiques, non de < l'histoire > l'expression est significa- tive. Il s'agit de bien se distinguer d'une tradition litt6raire qui conf~re au discours historique un pouvoir de proph6tie et un pouvoir d'6vasion. I1 s'agit aussi, face A une tradition idrologique, de donner les r~gles qui permet- tent A l'histoire une w conversion scientifique >. Le dictionnaire s'est done plus sp6cialement attach6 A ce qui fonde le caractbre scientifique des disciplines historiques, c'est-A-dire : 1) les m6thodes (histoire biographique, histoire quan- titative, d6mographie historique, prosopogra- phie, traitement informatique de l'histoire, etc.); 2)les concepts (crise, croissance, d6ca- dence, fait historique, lutte des classes, menta- lit6s, etc.); 3) les domaines (histoire 6conomi- que, militaire, rurale, etc.); 4) les questions qui ont provoqu6 des d6bats importants chez les historiens (la R6volution frangaise, etc.); 5) les objets (alimentation, banque, cahiers de do- 16ances, etc.); 6)enfin les 6coles historiques (notamment des notices trbs pr6cieuses sur des pays 6trangers) et les principaux historiens (voire sociologues ou philosophes de l'histoire).

Le lecteur des A.S.S.R. pourra trouver de nombreuses allusions et certains paragraphes concernant la religion dispers6s dans l'ensemble. (Plusieurs entr6es lui sont 6galement sp6ci- fiquement consacrdes). Signalons quelques- unes des plus significatives: Byzance (E. Pat- lagean montre bien les enjeux religieux de l'histoire byzantine), christianisme (oi A. Rous- selle critique avec justesse une certaine histo-

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

riographie qui a prrsuppos6 l'unit6 concep- tuelle de l'exprrience religieuse), islam (L. Valensi indique les effets de l'absorption de l'histoire de l'islam par l'orientalisme), Juifs (selon M. Kriegel l'histoire du judaisme sorti- rait ~A peine de l'enfance >), musulmans (interrogation d'A. Cheddadi sur I'6quivalence faite entre l'histoire musulmane, le tArikh et l'histoire au sens occidental du terme), mytho- logies (rien n'est plus historique que les my- thes nous dit M. Detienne), Qoumran (quand une drcouverte archbologique permet de r6- soudre des problkmes auxquels l'exrghse n'ar- rivait pas A donner de solution satisfaisante, E.M. Laperrousaz), Reforme (l'6volution d'une historiographie de type confessionnel A une historiographie de type scientifique A partir de Ranke nous est rapportre par B. Roussel et B. Vogler), religion (oi Cl. Langlois nous donne en quelques pages une brillante synth~se de l'6volution de l'histoire religieuse durant ces dernibres drcennies, dans la francophonie. II n'y manque, point de drtail, que l'indication des 6tudes rrcentes sur le protestantisme).

Aucun dictionnaire ne saurait 8tre exhaus- tif. On peut, bien sOir, regretter un peu l'absence d'items portant directement sur certaines religions ou d'un item laicisation/laicit&. Cela n'enl~ve rien A l'interet grnrral de l'ouvrage qui defend l'identit6 propre des sciences historiques tout en se montrant tout A fait ouvert a d'autres sciences sociales, la sociologie en particulier.

Jean Baubrrot.

Sur l'rconomie. La parole au peuple de Dieu. Paris, Le Centurion, 1987, 218 p. (Coll. ( Documents d'Eglise >).

64.208 CALVEZ (Jean-Yves), 6d.

Dossier-synth~se, par les soins du P. Calvez, de la rrflexion organisre dans le catholicisme frangais de 1975 A 1985 sur le th~me vie 6conomique, 6thique, message chrrtien et parole de l'Eglise >, autour de quelques problkmes aigus: croissance, travail, participation, Etat, solidarit6. Quelques tenors et deux ve- dettes, si l'on peut dire: Jacques Mrraud, directeur d'6tudes A l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, et Michel Albert, ancien Commissaire grnrral au Plan. Aucune 6valua- tion n'a 6t6 tentre. Le dossier restera un bon trmoignage d'6poque. On est tout de m~me frapp6 par deux de ses limites : une participation finalement 6troite et assez peu reprrsen-

tative; une absence de problkmatique pour traiter l'exphrience mobilisre.

Emile Poulat.

La Mission des Jrsuites chez les Hurons (1634-1650). Montreal, Bellarmin, et Rome, Institutum Historicum S.I., 1987, 487 p. (Bi- bliotheca Instituti Historici S.J., vol. XLVI); suivi de La Formation des noms de peuples et de bourgades en Huron, par Pierrette-L. Lagarde.

64.209 CAMPEAU (Lucien).

Les relations des jrsuites en Nouvelle-Fran- ce sont des documents bien connus et utilisrs depuis longtemps par les historiens du Cana- da frangais. Leurs lacunes peuvent etre sup- pl66es par l'abondante correspondance entre les missionnaires jesuites et le general, conser- vee dans les archives de la Societ6 de Jesus A Rome. Cette documentation constitue la base du travail du Pbre Campeau, jesuite lui-meme et dejA connu par ses travaux anterieurs sur les missions en Nouvelle-France. Ce qui est nou- veau, c'est I'interpretation historique qu'il en tire. Les relations des jesuites avaient souvent ete utilis~es telles quelles, sans esprit critique et sans reference aux peuples 6vangelises. Les Hurons que Champlain rencontra en 1616 residaient dans le Sud de l'actuel Ontario et constituaient une peuplade sedentaire qui s'adonnait A la culture. D'abord 6vangdlises par les recollets, ils furent ensuite pris en charge par les jesuites, qui 6tablirent une mission permanente, confiee au Pere Jean de Br&- beuf. Ce fut le debut d'une oeuvre de conversion qui se poursuivit jusqu'en 1648-50, terme de cette 6tude, quand les Hurons furent vaincus par leurs voisins, les Iroquois, expul- ses de leurs terres, et les survivants emmenes A Quebec et dans l'ile d'Orleans. L'auteur fait justice des affirmations des historiens : les jesuites auraient 6chou6 dans leur ceuvre d'6- vangelisation et caus6 la ruine et la quasi- disparition des Hurons. Selon lui, c'est la superiorite materielle des Iroquois qui expli- que l'extermination des Hurons : mieux armes, grice aux Hollandais, les premiers ne pou- vaient qu'imposer leur imperialisme A leurs voisins. L'explication, sans etre tout A fait convaincante, est interessante. En fait, avant l'arrivee des Europeens, la guerre 6tait endemi- que en Amerique du Nord, le fort dominant facilement le faible. L'arrivre des colons n'a fait qu'exacerber cette tendance jusqu'au mo- ment oP la degenerescence des tribus a impos6

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