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Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Dictionnaire raisonné des onomatopées françaises , par Charles Nodier

Dictionnaire raisonné des onomatopées françaises , par ... · «L'Onomatopée, dit Dumarsais, est » une figure par laquelle un mot imite » le son naturel de ce qu'ilsignifie

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Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Dictionnaire raisonné desonomatopées françaises , par

Charles Nodier

Nodier, Charles (1780-1844). Dictionnaire raisonné desonomatopées françaises , par Charles Nodier. 1808.

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ONOMATOPÉES

FRANÇAISE S.

DICTIONNAIRE

RAISONNÉ

DES ONOMATOPÉES

FRANÇAISES,

PAR Charles NODIER.

ADOPTÉ

Par la Commission d'Instruction publiques

POUR LES BIBLIOTHEQUES DES LYCÉES.

PARIS,DEMONVILLE, Imprimeur Librai re

rue Christine, !Sr«. a.

1808.

A

MONSIEUR OUDET,

BIBLIOTHÉCAIRE DE LA. POLICE GENERALE.

HOMMAGE

Del'estime et de la reeo/ï/ïtî~ïce.

tPRÉFACE.

V/ka desiré quelquefois un diction

naire des Onomatopées françaises. On.-a^

cru que ce recueil serait utile à ceuxquiétudient notre langue, et je souhaite

que mon ouvrage ne trompe pas cetteespérance.II y a, sans doute, peu de mérite à

ces sortes de compilations. Ce sont deces travaux qui, suivant l'expression deDuverdier, exigent plus de zèle que detalent, et plus de patience que d'indus-trie. Maisc'est en cela même qu'ils sont

dignes de quelque considération, quandils atteignent leur but, puisqu'ils sup-posent à la fois du désintéressement etdu courage. On connaît ces vers deScaliger

Si quem dura manet sententia judicis olimDamnatum œrnmnis suppllcusque caput J

Hune neque fabrili lassent ergastula ~/za~a jNec rigidas vexent jhsxa métallo, ma/itts.

Lexica contextat nani cœtcrâ quid moror ? Omries

Pœnarum facies hic labor unus habet.

« L'Onomatopée, dit Dumarsais, est

» une figure par laquelle un mot imite

» le son naturel de ce qu'il signifie. On

»réduit sous cette figure les mots formés

» par imitation du son, comme leglou-i> gtou de la bouteille le cliquetis, c'est-» à-dire le bruit que font les boucliers

les épées et autres armes en se cho-

» quant le tric trac qu'on appelait au-» trefois tic tac, sorte de jeu assez com-» mun ainsi nommé du bruit que font« les dames et les dez dont on se sert a

» ce jeu tinnitus acris tintement»c'est le son clair et aigu des métaux» bilbire bilbit amphora la petitebouteille qui fait glouglou, on le dit

» d'une petite bouteille dont le goulot

» est étroit taratantara c'est le bruitIlde la trompette,

At tuba terribili sOrtitèt taratantara dîxtt.

,)C'est un ancien vers d'Ennius au

» rapport de Servius. Virgile en a changé

» le dernier hémistiche qu'il n'a pas

» trouvé assez digne de la poésie épique ¡

voyez Servius sur ce vers de Virgile

At tuba terribilem sonïtum procul <œre canoroIncrepuit.

» Cachinnus, c'est un rire immodéré.'» Cachinno onis, se dit d'un, homme» qui rit sans retenue. Ces deux mots» sont formés du son ou du bruit que*> l'on entend, quand quelqu'un rit avec» éclat.

» II y a aussi plusieurs mots qui ex-n priment le cri des animaux, comme» bêler qui se dit des brebis.

» Baubarl, aboyer, se dit des gros» chiens. Latrare aboyer, hurler, c'est» le mot générique. Mutire, parler en-« tre les dents, murmurer gronder

» comme les chiens. Les noms de plu-sieurs animaux sont tirés de leurs cris,

» sur-tout dans les langues originales.

» Upupa, huppe, hibou.

» Cuculus, qu'on prononçait coucou-» Ions, un coucou, oiseau*

Hirundo, une. hirondelle. '•• "

.«.Hulula, une chouette.

j> Bubo un hibou.» Gracculus un choucas, espèce de

» corneille.» Gallina une poule»» Le nom de cette figure est composé

j> de deux mots grecs, onoma, nomen*» et poïo fingo. Nominis seu vocabuli

» fictio.»Il paraîtra, peut-être, étonnant qu'on

ne, puisse citer sur l'Onomatopée quecette notice imparfaite et à-peu'-prèsinsignifiante. Elle n'a été, traitée "qu'en

passant par Dumarsais parce que lesdétails auxquels elle aurait pu le con-duire étaient étrangers au plan et à lamarche de son ouvrage. Ici même il se-rait hors de propos d'épuiser cette 'ma-tière, et de rassembler les raisonnemensqui attestent que les langues n'ont paseu d'autre type et n'ont pas suivi dansleur formation d'autre mode que cette

r a b f a g n.

figure. Eu attendant que je puisse offrirau public le résultat des études dont cettequestion a été pour moi l'objet, je dois

me borner à des applications purementclassiques; et si j'y attache cependantquelques considérations élémentaiues quiferont pressentir mon système, c'est quej'ai cru qu'il étoit nécessaire à la tête d'unrecueil d'Onomatopées, de donner del'Onomatopée une idée plus distincte etplus précise que celles qu'on puiseraitdans les vagues définitions des rhéteurs.

La parole est le signe de It pensée,L'écriture est le signe de la parole.

Pour faire passer une sensation dansl'esprit des autres, on a dû représenterl'objet qui la produisait par sou bruit oupar sa figure.

Les noms des choses, parlés, ont doncété l'imitation de leurs sons et les nomsdes choses écrits, l'imitation de leursformes.

L'Onomatopée est donc le type des

langues prononcées, et l'hiéroglyphe, letype des langues écrites.

Les êtres qui n'ont pas des formes

propres et des bruits particuliers n'ontété dénommés que par analogie soitdans le langage, soit dans l'écriture.

Les abstractions morales qui sont plusou moins postérieures à l'établissementdes premières sociétés, du moins entrès-grande partie, ont dû être dénom-mées, conformément à la même règle.ly

Les premiers rapports des choses sen-sibles et des choses intellectuelles telsqu'ils ont été saisis par des sens neufs,ayant échappé à nos organes, à traversla succession'des temps, ne peuvent être

que difficilement retrouvés..Les motifsqui ont déterminé la désignation de cesidées, étant assez généralement perdus,il restera dans les langues une partiequ'on peut appeler la langue abstraite,et dont l'origine ne se démontreraqueparune longue suite d'analyses et de compa-raisons.

L'autre partie s'expliquera d'elle-même. La nature se nomme.

On aurait tort de conclure, cepen-dant, que suivant les principes quej'émets, tous les hommes dussent par-ler la même langue, ou que toutes leslangues du moins, dussent rapporterleurs' termes aux mêmes racines carnon-seulement, les objets physiques nenous apparaissent pas à tous- sous lesmêmes rapports, en raison de la variétéde notre organisation; mais encore iÈ

n'en est aucun qui ne puisse nous appa-raître sous un grand nombre de rapportsdifférens, parmi lesquels notre choixs'est fixé quand il s'est agi de détermine*des signes. Il n'est donc pas surprenantque dans des temps postérieurs à la créa-tion d'une langue première, et après degrandes révolutions du globe qui ontdispersé les hommes et effacé les tradi-tions, on en soit venu à reconstruire donouvelles langues, formées sur des racines

nouvelles mais le procédé aura été lemême, l'analyse de ces langues n'exigera

que le même genre d'études, et on re-montera par elles, comme par les lan-gues antérieurement parlées, aux ra-cines naturelles, seule et véritable sourcede tont idiome.

Il en sera de même des mots à sensabstrait ou figuré, car l'esprit ne fait paspar-tout les mêmes comparaisons et nesaisit pas toujours les mêmes analogies.Tel aperçoit entre deux objets une rela-tion qui n'y sera point pour les autresou qui ne se révélera à leur esprit qu'au

moyen d'une série d'observations moinsrapides. •

Ces modifications dans la nature des

sons dont se composent les langues, dé-pendentde toutes sortes d'influencesdontil serait trop long d'examinerl'effet; maiscelle des climats s'y fait sur-tout reconrnaître. Dans le vocabulaire des payschauds, tous les mots sont vocaux et

fluides.. Le grec a une emphase majes-tueuse, comme le bruit des flots duPénée. L'italien roule dans ses syllabes

sonores, le murmure des cascatelles etle frémissement des oliviers. Dans celuides pays froids tous les mots sont rudeset consonnans leurs sons retentissans etheurtés rappelle,ntla rumeur des torrens,le cri des sapins que l'orage courbe, et lefracas des rocs qui s'écroulent. t

L'extension des sons radicaux qui ex-priment.une chose bruyante à des sen-sations d'un autre ordre, n'est pas plusdifficile' à comprendre. Parmi les sensa-tions de l'homme il n'y en a qu'un cer-tain nombrequi soientpropres au sens dal'ouïe, mais comme c'est à ce sens ques'adresse la parole, et que c'est par luiqu'elle transmet le signe de l'objet qui

nous frappe, toutes les expressions pa-raissent' formées pour lui. Des sons nepeuvent- exprimer,par eux-mêmes lessensations .de la Vue1,du goûtdu tact

et de l'odorat mais ces sensations peu-

vent se comparer jusqu'à un certain pointavec celle de l'ouïe et se rendre mani-.festes par leur secours. Ces comparaisonsn'ont rien d'ailleurs qui ne soit naturelet facile. C'est à elles que toutes les lan-gues

doivent les figures et tout concourtà prouver que le langage de l'hommeprimitif était très-figuré.

Quand on dit qu'une couleur est écla-

tante, par exemple, on n'entend pointpar là qu'une couleur puisse produiresur l'organe auditif la sensation d'unbruit violent, comme celui dont la ra-cine du mot éclatant est l'expressionmais bien que cette couleur produit surl'organe visuel une sensationvive et forte,

comme celle à laquelle on la compare.L'impression

.que font éprouver à-

l'organe du goût les substances acres.,âpres ou aigres, n'est accompagnée d'au.cun bruit qui reproduise à l'oreille la.

racine de ces mots qualificatifs; mais elle

rappelle à l'organe de l'ouïe les impres-sions qui ont agi sur lui d'une manièreanalogue. Si on était porté à croire queces idées sont forcées, et que l'esprit nefait pas aisément les comparaisons desensations il suffirait de jeter un coup-d'œil sur les poésies primitives qui ensont remplies, ou de donner un instantà la conversation d'un homme ingénieuxet simple. Le langage des enfans abonde

-en ligures de cette espèce, et au défautdu terme propre, ils emploient souvent'le signe d'unesensation étrangère pour.représenter la leur. Les femmes qui ontla sensibilité plus délicate, et qui sai-sissent plus vite les rapprochemens lesplus fins, en font aussi un grand usage.Enfin, on peut dire que les sens seservent si nécessairement les uns les au-tres, que sans les emprunts qu'ils sefont, on ne pourraitguère peindre qu'im-parfaitement les effets qui leur sont pro-pres, et qu'il n'y a rien qui en rende la

N,perception plus exacte et plus" profonde".

Indépendamment des mots "formés

par imitation il y a dans les langues untrès-grandnombre de mots qui sans avoir

la même origine n'en sont pas moinscomposés très-naturellement, et doiventêtre rapportés à la même figure, c'est-à-dire, à l'Onomatopée, littéralement-,fiction de nom.

Par exemple, chaque touche vocaleétant appropriée à deux ôii trois sonsparticuliers, on ne s'étonnera pas'quèle nom de ces touches ait été construit

sur les sons auxquels elles étaient affec-tées. C'est ce que j'appellerais langue mé-canique. Ainsi, la lettre labiale B a désigné

initialement dès le commencement deslangues l'organe qui la forme.

Les lettres dentales D et P ont carac-térisé les dents.

Les lettresgutturalesG etkexprimentuniversellementl'idée de gorge et de go-sier.

La nazale N indique le nez.La lettre L a été consacrée à la lan-

gue, parce qu'elle est le plus liquidedes sons que la langue forme, et que lalangue, pour la prononcer, ne faisantqu'agir contre la voûte du palais, enparait d'abord la seule touche et le seulagent.

Qui ne voit quelles immenses géné-rations, cette petite quantité de mots apu fournir, etjusqu'à quel point leursdérivations ont dû s'étendre dans leslangues ?

Ensuite, en considérant, avec'tousles philosophes qui ont analysé la pa-role, les sons simples ou vocaux commela première langue de l'homme, et enpassant de là aux sons compliqués, ouconsonnans, qui ont dû se succédersuivant le degré de facilité de leur pro-nonciation nous verrons les languess'enrichit d'une immense famille d'ex-pressions également naturelles, et c'est

ce que j'appelle la langue puérile, parcequ'elle se retrouve toute entière dans lepremier langage des enfans.

Le desir, la haine, l'épouvante, leplaisir toutes les passions que peutéprouver l'homme si voisin de son ber-

ceau, ne se manifestent d'abord quepar une émission de sons simples, decris ou de vagissemens. C'est sa languevocale.

Il invente de nouvelles lettres à me-sure que ses organes se développent, etqu'il commence à juger de leurs rap-ports et de leurs actions réciproques. Ilapprend l'emploi des touches de la pa-role. C'est sa langue consonnante ou ar-ticulée.

Mais comme il ne s'en instruit quelentement j et dans un ordre successif,

en allant du plus simple au plus com-posé, les sons dont l'artifice est le plusfacile sont les premiers qu'il saisisse, etpar conséquent les premiers qu'il attache

à ses idées. Telles sont les lettres la-biales.

Aussi observe-t-on que ces lettressont les caractéristiques de toutes les^dées essentiellement premières qu'ad-

met l'esprit des enfans. C'est par ellesqu'ilsdésignent presque toutes les chosesqui les touchent immédiatement, commele bien et le mal physique, les rapportsde parenté les plus prochains, le boire,le manger, l'action même deparler, etc.

Parcourez les peuples de l'universanciens et modernes, dit M. de Brosse

vous verrez que dans tous les siècles etdans toutes les contrées, on employe lalettre de lèvre, ou à son défaut la lettrede dent, ou toutes les deux ensemble,dans la construction des mots enfantinsqui représentent ceux de père et de

mère.

Le Ghananéen, continue-t-il, l'Hé-breu le Syriaque, l'Arabe, 'et autresdérivés de l'Assyrien et du Phénicien,

que nous n'avons plus disent aB,aBBa, aVa, aBoh, aBou-,i

Le Grec le Latin l'Italien l'Es-pagnol, le Français PaTer, PaDre,Père;

L'Istrien le Catalan, le Portugaisle Gascon Pari, Para, Pae, Paire;

LeTudesque, leFrancisque, l'Anglo-Saxon, le Belgique le Flamand leFrison, le Rhunique, le Scandinavel'Écossais, l'Anglais, l'Allemand lePersan, et autres qui paraissent dérivésdu Scythe FaDer, FaTer, VaTTer,VaDer, PaDer Payer, Peer, Feer,FoeDor, FaDiir, FaTker, FaTTer,etc.

L'Arcadien FaVor;Le Malabare. PiTaVe;Le Chingulais de l'île Ceylan, Pi Ta;L'Ethiopien l'Abyssin le Mélin-

dien des- Côtes d'Afrique, et autres quiparaissent dérivés de l'Arabe a£i,aBBa, aBa, BaBa;

Le Turc BaBaLe Moresque, aBBé;Le Sarde, BaBuL'ancien Rhoetique PaPa;Le Hongrois aPa;Le Malais de l'Inde et du Bengale,

BaPPa;Le Balie des Siamois -PooLe Mogol, BaaB;Le Tangut, kaPaLeThibet, Fa;Le Hottentot Bo

Les Chinois, l'Annamitique du Tun-quin, Fu Phu

Le Tartare, BaBa;Le Mantcheou, aMa;Le Tunguz, aMitl;Le Georgien et l'Ibérien MaMa;Le Caraïbe BaBa;Le Grbënlandais uBia;

Le Galibis, BaBa;Le Sauvage de la rivière des Ama-

zones/PaPe;i b3

Le Kalmouck aBegaLe Samoïède aBaM;Le Moluquois, BaPaLe Tamoul, BiTa, VIDaPassant ensuite a la lettre de dent, le

même Savant rapporte les synonimies del'Egyptien du Cophte de l'A&icaind'Angola qui disent TaauT TheuT,TkoT, ToT;

L'Africain du Congo dit TaT;Le Cimraëc, le Celtique, TArmo-

rique le Bas-Brejtea le Gallois leGantabre disent TaaT TaaD TaD

TaTh, Taz, aiTaL'Irlandais, naThair;Le Gothique,aTTa;L'Epirote, aTTi;Le Frison-, haiTeLe Valaque, TaTuliL'Esclavon le Russe, le Polonais,

le Bohémien le Dalmate, le Croate,leVandale, le Bulgare, le Servite, le Car-nique, le Lusacien et autres dérivés de

l'ancien illyrien et de l'ancien oarmateoTTse, oTsche, oTshe, ou par corrup-tion, oièze woTzo wschzi, oTzkiwosche

Le Sauvage de la Nouvelle Zemble

oTcze;Le Lapon, aTIÏ;Le Livonien le Cnrlandais le Prus-

sien le Lithuanien, le Mecklenbour-geois TaBas, Tewes, Tews, Thawe,Tewe;

Le Hongrois., aTyank aTyaLes Sauvages du Canada, aisfa/ij.

ayTan, ouTa, aDatti;Le Huron, aihTaha;Le Groënlandais, aTTaTa;Le Mexicain, TaTlili-,Le Brasilien, TuBa;Le Sybérien, aTaï;Le Russe, oTeTze, etc.

Je ne serais même point étonné qu'onm'alléguât que la lettre dentale de l'nneet de l'autre touche parait déjà d'un ar-

tifice un peu difficile pour ces premiersessais de la parole, et que l'expérience

prouve d'ailleurs que les enfans ne l'em-ployent point successivement, mais si-multanément avec les lettres labiales.Il,sera aisé de répondre à cette objection,

en rappelant simplement que l'articula-tion de cette lettre nous est apprise, enquelque sorte, dès le premier jour de la,vie, puisque la succion du sein de lamère se fait nécessairement avec unpetit claquement de la langue contre lapartie la plus extérieure du palais, àl'origine des dents, ou plut6t vers laplace qu'elles doivent occuper, et quece bruit ne peut être représenté que parla lettre dentale douce ou forte, Aussi,voit-on que le son thet ou thêta, repré-senté chez les Grecs par une lettre quia la forme de la mamelle avec son ma-melon, est, dans toute les langues con-nues, le type ou la racine des signes

servant à exprimer les idées qui ont rap-

port à l'action de teter, comme de ceuxqui désignent les premières relations deparenté.

Veut -on s'assurer de l'affinité de làlangue puérile et de la langue primi-tive dans leurs progrès? Que l'on con-sulte les vocabulaires recueillis par les

voyageurs et les missionnaires chez lespeuples incivilisés, on verra que pres-que tous leurs mots sont composés devoyelles et de consonnes des premièrestouches.

C'est encore guidé par le mêmeprincipe d'imitation et d'analogie, quel'homme a composé un grand nombrede mots, d'après l'affinité de naturequ'il a cru apercevoir entre le son decertaines lettres et l'esprit de certainesidées. La lettre h par exemple, voyelleindéterminée, ou plutôt signe particu-lier d'aspiration, qu'on attache quel-quefois aux voyelles, fut propre à ex-primer imitativement tous les accidens

de la respiration humaine;mais en làconsidérant sous le rapport de son es-prit,' et en prenant égard à la manièredont elle est formée qui a quelquechose d'un empressement avide d'unerapacité impatiente, on la consacra àreprésenter les idées qui ont rapport à

l'action de saisir ou de dérober. La pa-latale roulante R peignaità l'oreille unbruit méchanique engendré par le mou-vement circulaire des corps et commeon ne peut faire rendre ce son à la tou-che, par un mouvement simple et indé-composable de la langue, mais seule-ment par un frôlement rapide et pro-longé de cet instrument, il est devenule caractère de tous les signes par les-quels on avait à rendre l'idée de conti-nuité, de répétition, de renouvellement;et cela s'est opéré d'une manière si na-turelle, qu'il est commun dans les lan-gues de le voir unir capricieusement etsans règles à toutes les espèces de mots

dans lesquels on a besoin d'indiquer Ja

réproduction on la multiplicité d'action,

et que le peuple l'employé tous les joursarbitrairement à cet usage.

« On peut remarquer, dit M. de

» Chateaubriand sur ce sujet que la» première voyelle de l'alphabet se trouve» dans presque tous les mots qui pei-

» gnent les scènes de la campagne» comme dans charrue, vache, cheval,

» labourage, vallée, montagne, arbre,

» pâturage, laitage, etc. et dans lesépithètes qui ordinairement accom-» pagnent ces noms, tels que pesante,» champêtre, laborieux, grasse, agreste,» frais, délectable, etc. Cette observa-» tion tombe avec la méme justesse sur» tous les idiomes connus. La lettre a

» ayant été découverte la première

» comme étant la première émission na-» turelle de la voix, les hommes, alors

» pasteurs, l'ont employée dans tous les

» mots qui composaient le simple dic-

« tionnaire de leur vie. L'égalité de leurs

» mœurs et le peu de variété de leurs

» idées, nécessairement teintes des ima-» ges des champs devaient aussi ra-peler le retour des mêmes sons dans le» langage. Le son de l'a convient au» calme d'un cœur champêtre et à la paix» des tableaux rustiques. L'accent d'une

» ame passionnée est aigu, sifflant, pré-» cipité l'a est trop long pour elle il» faut une bouche pastorale qui puisseB prendre le temps de le prononcer avec» lenteur. Mais toutefois il entre fort» bien encore dans les plaintes, dans les>> larmes amoureuses, et dans les naïfs

hélas d'un chévrier. Enfin, la nature•' fait entendre cette lettre rurale dansJl ses bruits, et une oreille attentive peut» la reconnaître diversement accentuée,» dans les murmures de certains om-» brages, comme dans celui du tremble

11 et du liêre dans la première voix ou» Ja finale du bêlement des troupeaux,

» et la nuit dans les aboiemens du chien» rustique.n

L'Onomatopée est d'un grand secoursaux poëtes, puisqu'elle est comme l'ainede l'harmonie pittoresque et de la poésieimitative.

Quels qu'ils soient, aux objets conformez votre ton.Ainsi que par les mots exprimez par le son.Peignez en vers légers l'amant léger de Flore.Qu'un douxruisseau murmure envers plus doux encore.Entend-on d'un torrent les ondes bouillonner ?

Le vers tumultueux en routant doit tonner,Que d'un pas lent et sourd le bœuf fende la plaine,Chaque syllabe pèse, et chaque mot se traine.Mais si le daim léger bondit, vole et fend l'air,Le vers yole et le suit aussi prompt que l'éclair,Ainsi de votre chant la marche cadencéeImite l'action et note la pensée.

On voit qu'indépendammentdes Ono-matopées nombreuses qu'a employées lepoëte il a trouvé un autre moyen d'har-monie dans le concours heureux de cer-tains mots choisis, qui sans être imi-tatifs par eux-mêmes, produisent ce-pendant une imitation, parfaite.

Que d'un pas lent et lourd le bœuf fende la plaine.

Ce vers, par exemple, est composé-de monosyllabes durs et heurtés qui re-présentent très-bien la marche du bœuf,et qui la notent exactement à l'oreille.

Tout le monde se rappelle cet admi-rable passage de Boileau, dans le poèmedu Lutrin

Ses ais demi pourris que l'âge a relâchésSont à coup de maillet unis et rapprochés.Sous les coups redoublés tous les bancs retentissent;Les murs en sont émus, les voûtes en mugissent,Et l'orgue même en pousse un long gémissement.Que fais-tu, chantre hélas dans ce triste momentTu dors d'un profond somme.

Cet hémistiche ne le cède en rien auprocumbit hurni bos de Virgile.

Ces exemples ne sont pas rares chezles Latins, et sur-tout dans ce dernierpoëte. Il n'est personne qui n'ait en-tendu citer ces vers d'une si riche har--monie

Tum Jeni rigor atque urgutœlamina

serra?.

Quadrupedantepittremsonituquatitungula canipum^

Necdum etiam audierant inflari classica nccdumlmpositos duris crepitare incudibus enses.

Luclantes ventes, tempestatesque sanoras.

Continua vcntis ~t aut fi·eta ponti.Ineipiuat agitattt tumescere et arittus altisMontihus audirl fragor aut resonantia longé

Littora misceri etnemomm increbrescerc murinur.

On est même parvenu a exprimer lesdifférentes passions de l'ame, au moyende la seule prosodie.

Ses gardes affligés

Imitaient son silence autour de lui rangésIl suivait tout pensif le chemin de Hy cènes,Sa main sur ses chevaux laissait flotter les rênes5Ces superbes conrsiers qu'on voyait autrefois"Pleins d'une ardeur si nohle obéir à sa voix

I/œil morne maintenant et la tête baisséeSemblaient se conformer à sa triste pensée.

Et dans Virgile

S.TTtinctum Nymphes erudeli/unere DaphnimFlebant.

Mais autant ces belles combinaisons

sont agréables et ingénieuses, autant estmisérable l'abus qu'on en a fait quelque-fois, et principalement de nos jours.

Puisqu'on a osé reprocher à Racine unemploi trop recherché de l'Onomatopéedans certains vers à'Aridromaque et dePhèdre que doit-on penser en effetde ces poëmes descriptifs devenus sicommuns et qui ne sont, à dire vrai,qu'un entassement laborieux d'expres-sions étudiées ? Cette affectation est tout-à-fait indigne d'un vrai poëte, et le ré-sultat de tant d'efforts minutieux n'estbon qu'à augmenter le nombre de cesnugœ difficiles si méprisées des gens degoût. Il me serait trop aisé de montrerà quel point on a porté récemmentcetravers d'esprit, et ce que j'en diraisne serait peut être pas sans utilitémais qu'il me suffise de rappeler la' des-

cription de l'alouette, par Dubartas, quiest le prototype de toutes les sottisesqu'on a faites dès-lors en ce genre.

Je ferai la même observation sur lesmots purement factices que des auteurspeu délicats" dans lé choix des termes

ont cru pouvoir créer pour exprimer des

sons qu'ils ne savaient pas imiter autre-ment. Si une pareille fantaisie était de

nature à devenir contagieuse la langueserait bientôt inondée d'onomatopéesbarbares, et n'offrirait plus qu'une suitede cacophonies intolérables. Le vers ma-caronique, qui peint les éclats de l'es-

copette, et le taratantara d'Ennius sontde cette espèce mais il n'y a rien decomparable, parmi les abus de l'har-monie imitative et du langage factice,

au breke ke koax de J.-B. Rousseau. Ilest d'ailleurs important de remarquerqu'il n'est donné qu'aux poëtes d'ungrand talent d'employer heureusementles effets d'une harmonie rauque et pé-nible. On ne choque impunément l'o-reille, qu'autant qu'il le fallait pourajouter à la force et à l'éclat de la pensée.Ce sont de ces licences qui veulent êtrejustifiées par le succés, et qu'on nepardonne qu'en faveur de l'impressionqu'elles produisent.

Je parlerai maintenant du plan queje me suis tracé pour la composition de

ce Dictionnaire. Mon premier projetétait de recueillir les Onomatopées de

tous les peuples, et de faire ainsi unespèce de lexicon polyglote de tous les

sons naturels qui restent dans les lan-gues, de manière à remonter, en quel-que sorte, à une langue commune etprimitive, indépendante des conven-tions particulières, et universellementintelligible. Mais, sans compter les diffi-cultés essentielles que mon impuissanceaurait opposées à l'exécution de cet ou-vrage, ainsi conçu, et les circonstancesqui ont restreint mes recherches il m'asemblé qu'une énumération raisonnéedes Onomatopées françaises remplirait

assez bien le dessein le plus importantque je me sois proposé, qui est d'épar-

gner un soin incommode et futile, et deprésenter, sous un cadre étroit, unes^rie de rapprochemens curieux, a. ceux

que ce genre d'observations intéresse etqui peuvent en tirer parti pour leursétudes.

J'ai cru cependant ne pas devoir né-gliger les principales Onomatopées queles langues mortes ou étrangères ontconsacrées mais je ne les ai recueilliesqu'autant qu'elles avaient rapport à desOnomatopées françaises et qu'il ré-sultait de leur analogie une comparaisoninstructive et piquante.

Je ne me suis point attaché à rassem-bler tous les mots dont un son naturel apu être la racine. Je crois ces mots très-nombreux, mais inutiles à mon plan.Je crois même qu'il n'y en presque pointqu'on ne dérive au besoin de cette es-pèce d'origine, soit immédiatement, soitpar extension. On pourra voir quelques-unes de leurs immenses générations.dans le système de M. Court de Gébelinsystème spirituel et séduisant, mais en-core un peu conjectural, comme tous

les systèmes et dans l'ouvrage nonmoins docte et non moins ingénieux queprépare un écrivain de l'amitié duquel

-j'aime à m'honorer M. David de Saint-Georges. Je répète que si l'avenir melaisse quelques loisirs, et que ce faible

-essai m'obtienne un seul encouragementde l'indulgence j'entreprendrai sansdoute un jour de jeter quelque lumière

sur cette partie importante de la gram-maire générale et d'appliquer d'unemanière plus complète ma théorie desétymologies naturelles. En attendant iln'y aura ici que des Onomatopées incon-testablps et frappantes et qu'il sera aiséde ramener à leur racine, sans le secoursd'une analyse laborieuse.

Je n'ai pas cherché non plus à rap-porter à chaque Onomatopée spécifique

toutes les expressions qui en sont com-posées 4ans notre langue et tous lesmodes qu'elle a subis si ce n'est quandil a pu sortir de cette aride énumération

des observations de quelque intérêt. Ceuxà qui ces dérivations ne paraîtraient passi superflues les retrouveront sans peine

en partant du mot typique.Enfin, j'ai rangé sous le même titre,'

et à leur rang alphabétique, un certainnombre d'Onomatopées que notre lan-gue n'a point encore admises,mais quisont comme naturalisées par l'usage

que d'excellens écrivains en ont fait. LesOnomatopées anciennes qui sont tom-bées en désuétude avec une partie denotre langue, trouveront place dans cetouvrage toutes les fois qu'elles me sem-bleront bonnes à conserver, et que jen'en verrai pas l'équivalent dans les vo-cabulaires modernes mais pour éviterles méprises qui proviendraient d'unetelle confusion je distinguerai ces deuxfamilles de mots inusités, par l'astérisque

en tête de l'article.Qu'on me permette d'ajouter à ce

propos que si la manie du néologisme est

extrêmement déplorable pour les lettres,'et tend insensiblement à dénaturer lesidiomes dans lesquels elle se glisse, iln'en serait pas moins injuste de repous-ser sous ce prétexte, un grand nombrede ces expressions vives, caractéristiques,indispensables, dont le génie fait detemps en temps présent aux langues. Iln'appartient à personne d'arrêter irrévo-cablement les limites d'une langue, etde marquer le point où il devient im->

possible de rien ajouter à ses richesses.Voltaire j pour qui la notre était si opu.lente et si féconde l'accuse d'être unegueuse fière à qui il faut faire l'aumônemalgré elle. J'avoue que je me suis

souvent étonné de la voir exclure tel motqu'elle ne peut remplacer que par unepériphrase languissante, et le diction-»

naire que je soumets au public en ren~ferme quelques-uns de ce genre. C'est

une témérité qui avait besoin d'apologie.

Au reste, on insistera moins sur la

reproche qu'elle devrait me mériter, si

on daigne se rappeler que la classe delittérature de l'Institut fait espérer undictionnaire qui ne laissera plus de doutesur la valeur des mots que notre languea acquis ou qu'elle a tenté de ressusciterdans ces derniers temps. En attendantle monument que cette savante compa-gnie se propose d'élever-, l'homme delettres peut lui apporter des matériaux,et le Lexicographe peut essayer d'enréunir quelques-uns, en subordonnant

son jugement prématuré à celui de sesmaîtres.

Je ne finirai point cette préface sanspayer de justes tributs de reconnaissanceà ceux qui ont bien voulu protéger ouéclairer mes études. Il en est un à quij'en ai offert les premiers fruits. Il m'estdoux de joindre à son nom celui d'unami que« l'élévation de son caractère etde ses talents doit porter à de grandesdestinées, sous un gouvernement qui

apprécie et qui récompense;M. de Rou-

joux, sous-préfet de Dole; si jamais j'aiosé desirer que cet écrit fût accueilli dequelque estime, c'était pour le voir plutdigne d'eux.

Les mots dont il est question dans ce Dic-tionnaire n'étant considérés que sous lerapport de leurs sons on a cru devoir ex-primer les Onomatopées hébraïques et grec-ques, par la simple lettre italiquepour enmettre la lecture à la portée des premièresétudes.

Il 'Astérisque indiqueles

Onomatopéesancirnnes tombées en désuétude, et les Ono-matopées non encore admises, mais em-ployées par quelques bons Ecrivains.

ONOMATOPÉESFRANÇAISES-

a

A

AARBRER. Se cabrer. Terme de Manège

qui se dit des chevaux qui se dressent

sur les pieds de derrière quand on leurtire trop la bride.

Ce mot plus énergique que celui quinous est resté et dont la double voyellerend la construction plus imitative estdepuis long temps hors d'usage. On le

trouve dans le vieux roman de Perceval.ABOI, ABOIEMENT, ABOIER. En vieux

langage, Abai.C'est une des Onomatopées qui expri-

ment le cri du chien. Quelques Étymo-logistes dérivent ce mot de ad baubare

1

forme de baubare, que les Latins ont dit,ainsi que boare. Ces.mots eux-mêmessont des Onomatopées.

i

On peut présumer, au reste, que lesGrecs de la colonie de Massilia introdui-sirent dans les Gaules le mbt baUzein,moins expressif qu'aboier mais dontcelui-ci doit être fait.

Dans les Langues Canadiennes unchien s'appellegagnenou, autre Onoma-topée qui a beaucoup de rapport avec lecanis des Latins.

Aboiement est plus d'usage qu'aboi quine s'emploie plus guère qu'au figuré. Unde nos poètes dit cependant en parlantdu chien

De ton champêtre enclos, sentinelle assidue

A toute heure, en tous sens, il parcourt l'étendueQuelquèfois en silence, il rôde; et quelquefois

La foret s'épouvante au bruit de ses abois.

ACHOPPEMENT.Ce mot qui était une Ono-matopée faite du bruit d'un corps qui enheurte un autre, ne s'emploie plus au senspropre. On ne s'en sert même que danscette façon proverbiale de parler unepierre d'achoppement, pour dire, Unobstacle inattendu.

CHOPPER,est presque tout-à-fait hors d'u-

sage.AFFRES. Il ne se dit guèrcs qu'au pluriel.

C'est un grand effroi une émotion extrême, causée par quelque terrible vi-sion. L'Onomatopée exprime le frémisse.ment qu'etcitetit t'épouvante et l'horreur.On a donc eu tort de 'dériver ce mot dulatin affari ou du grec pAyeM et <ï/ro/MM,

comme Voltaire, qui regrette d'ailleursqu'on ne l'emploie pas plus souvent.

Pourquoi ne dirait-on pas les <&fdela mort que l'Académie autorise ? Il n'y arien qui puisse mieux représenter les fris-sons de l'agonie. D'q~M, on a fait

AFFREUx qui se dit des objets qu'on nepeut voir sans éprouver un sentiment decrainte ou d'aversion.

AGACEMENT, AGACER. Du son dont onse sert pour irriterou c~ccc/'Ies animaux,ou bien du bruit que produit sous ksdents un fruit acide, ou un fruit qui n'est

point à sa maturité, et dont Feffet estd'agacer les dents.

On a dit assez hardiment, au style fi.gurë, les <tce7'<M d'une coquette desregards, despropos~~eaa~, des manières~gap<M~f.

Ménage a très-bien dérive ce mot dulatin acaciare, qui a la même Mcinë~ Il

t.

aurait pu remonter jusqu'au grec où elle

se trouve également. On disait hegaçç enceltique.

AGOUTI. C'est un quadrupède des Antilles,qui a beaucoup de rapport avec le lièvre.Son nom est formé d'après son cri qu'onexprime à-peu-pres par le mot couy. M. deBuffon compare ce cri au grognement ducochon.

Pison et Marcgrave disent qu'au Brésil

on appelle cet animal cotia. Souchu deRennefort l'appelle couti, dont on a faitacouti et agouti.

Il est bon de remarquer en passant, surce mot, que la plupart des animaux sontcaractérisés par l'Onomatopée et que

.l'énumération en serait devenue fati-gante si je ne m'en étais tenu aux indi-gênesetà ceux qui sont tellement connus,que leur nom est devenu propre à la Lan-gue. Celui-ci est de cette dernière espèce.

AGRAFFE, AGRAFFER. L'a~a~- est uneespèce de crochet qui sert ordinairementà fixer ensemble les deux côtés d'une robeou d'un manteau. L'Onomatopée consistedans l'imitation du bruit produit par ledéchirement de l'objet que les pointes del'agraffe saisissent.

Le père Labbe croit qu'agraffer a étépris pour agriffer. Budée le fait venir dngrec agra, qui signiûe l'action de saisirvivement, et qui a la même racine natu-relle. On peut la reconnaître encore dansle verbe hébreu garah ou ~arap/ï queSaint Jérôme exprimepar le mot arripere,au cinquième chapitre des Juges.

RAfLER mot ignoble de notre Langue, serapporte à ceux-ci par le sens et par leson. Les vieux Dictionnaires disent aussiTT~.RAME ou RAPHE qui n'est plus français

est un mot ancien de la même famille.Nicod rapporte ces parolesde NicoleGilles

en la vie de Dagobert « Notre Seigneur

x Jësus-Christ, afin qu'ils l'en voulsiasent

N croire, s'approchadu ladre, et lui passala main par-dessus le visage, et. lui osta

a une Mrp~e de la maladie de lèpre qu'ilf avoit au visage, si que la face lui de-» meura belle claire et nette et le resti-a tua en santé. Laquelle raphe est encorea gardée en un reliquaire en ladite église

a Saint-Denys B. Par lequel mot, ajouteNicod, il semble vouloir dire une poin-gnëe, un plein poing. « Car on dit rapher

quand au jeu de dez qu'on appelle la» raphe, ayant gaigné, on prend hasti-s veinent ou bien plustost rapidement la

taise qui est sur le jeu. Ce qu'on ditoaussi ~t~A~ ou rafler, et par méta-» phore, rafler tout, quand on prend ra-ptdement tout ce qu'on trouve en un

? lieu ».Dans le vieux langage, raphe signifiaitencore la poignée, ,1e manche d'un outil,l'endroit par où oh le saisissait.

AGRIPPER. Du bruit que produit le frot-tement des griffes ou des mains contreles corps dont elles's'emparent. ~bye~

GMPFE et AsRAMt.G&AprJHER, est peut-être un diminutif dece verbe et de là on aurait fait6R4PPE, un fruit sujet à être gr<~p:We,G~.M'ptLnuR celui qui g7's~p:7/c,&EApp{n.oN,ce que l'on rejette d'unegT'a~c,

GRAM'z, instrument de Menuiserie qui pré-senteplusieurs pointes propres à saisir ou

<tg'~ppM- le bois,;GRAppur, instrument de fer dont on se sert

pour accrocher un vaisseau, soit pourl'aborder, soit pour attacher un brûlot..Je n'ai pas besoin de faire observer que

presque tous ces mots sont du style leplus bas.

GpAV!R, s'aider avec les ongles dans les an-fractuosités d'un chemin raboteux.

GRAVER, le sable qui se détache sous lesongles d'un hommequi gravit.

GMMpER gravir difficilement une routeroide et montueusé me paraissent au-tant d'Onomatopées qui se rapportent àla même racine et que je rassemble au-tour d'elle pour mettre ici autant d'ordre

que la méthode alphabétique en permet.Ce qui rend cette analogie plus sensible,c'est que le peuple emploie bassement lemot grappillerau sens de gravir dans ungrand nombre de provinces et que gra-f~s'es). même ditgMp/yen français, selonBore~

~ipod rapporte grip, qui se disait au-trefois. en style trivial pour piraterie etrapine. Les Grecs avaient construit beau-coup de mots sur le même son et d après!e même esprit gripos, qui ëtoit un filetà prendre du poisson gripeus, le preneurde pois.sons grupès, l'ancré du navireet le grappin dont pn saisissait un navireennemi gv-K~tM, les aires des vautours ethJU

paz>

.des oiseaux carnassiers.

Nos vieux Écrivains ont employé pluscommunémentencore grippe, qui signi-

6aitvo!etËloutene.Je rais bien tous les biaisT)e<que)s on se sert pour la gT-ype

dit Chevalier dans la ~e~o/<!</o/: des fi-/M. Cbolières,tome 11 de ses Contes

applique g/M~ce/ve au, même usage.La grupée, c'était te produit, le reve<

nant bon de la grippe. On dit dans lacomédie de la fc~oK

·w Pour mettre mignons en alaine,Voici fine espice sucrée,Et !e! y laissera la laineQui n'en aura jà la grupée.

On a dit anssi gruper pour, agraffer

et plus souvent pour agripper ou saisiravec les griffes. «Qui sait, dit Rabelais,

s'ils useroient de qui pro quo, et enN

lieu de rominagrobis grupperoient pao-N vre Panurge ?u

Les Bretons ont krapa ~<N!,gripper,~y/M~ égratigner;~a/ ëgratignure;c/'c' griffe; crib, peigne; C7'&<ï, pei-gnEr;ey!&M, peigne de fer; e7'a&&, -can-

'cre, écrevisse qui s'esteouservëdanstel' £. )

français. Cyq~'est le nom gallois dugrap-·pin du harpon des mariniers.AHALER. Pousser l'haleine au dehors.Quelques Écrivains ont dit adhaler. Cemot très-expressif a un autre sens qu'ex-haler, et n'a point d'équivalent en fran-çais. Haleter donne l'idée d'une respira-tion forte et pressée. C'est l'anhelare desLatins qui avaient aussi halare et Aa~/tM.

Il sembleque l'hiatusconsidérable qu'onremarque dans l'expression proposée, luidonne quelque chose de pittoresque quin'est pas dans cette dernière Langue.

AHAN, AHANER. Ahan représenteun grandeffort qui ôte presque la faculté de res-

pirer. C'est l'expression du bûcheron, desmanoeuvres pour reprendre leur souffle,et se donner la force nécessaire pour bienporter leur coup. De là on a fait c~ane~travailler avec peine, avec ahan, commedans ces vers de Dubellay `

De votre doulce haleineEsventez cette plaine,Hsventez ce s~jo~ir

Cependant que j'<x~/Mj~ mon blé (pie je vanneEn h fjt:deut du jour.

~~ane/- un champ s'est dit par exten-sion pour, Cultiver une terre difficile.

Ahan est passé au style 6gnrë pourexprimer de pénibles travaux d'esprit etl'agitation d'un bpmme quia de la peineà se résoudre à quelque chose.

On a fait venir ce mot du grec ao etdu latin anhelare. C'est l'opinion de duÇange. Ménage en a cherché l'étymologiedans Fitalien affanno, peine, douleur. On

aurait pu le retrouver tout entier dansle dictionnaire des Caraïbes et dans beau-coup d autres, puisqu'il est tiré du dic-

tionnaire de la Nature. C'est la plus évi-dente,de.sOnomatopées.Pasqnier et Nicod

ne s'y sont pas mépris.Dans des lettres de rémission de l'an

t3~5, on trouve « Après ce que leditJehan fut deschaucié entra ondit gup,

j* et tant se y efforça pour mettre hors» laditte charrette, que il entra en Hèvre

B en icelui guë pour le grant ~~<!M queil avoit eu

On ne se sert plus de ce mot qui étaittrès-familier à nos anciens Écrivains. Ra-belais, Montaigne, Amyot l'ont singuliè-rement affectionné. Il est encore dans

Costar- Jupiter, dit-il, en sua d'a~a/t.AÏ. C'est le quadrupède, autrementnommé

le Paresseux qui est un des anthropo-morphes de Linné.

Il articule les syllabes dont on a formé

son nom avec des modulations si justes,que cela a donné lieu à Clusius de diretrès-ridiculement que c'était le Paresseuxqui avait inventé la musique. Il aurait pud'ailleurs appuyer cette bizarre présomp-tion d'une analogie curieuse de la Languegrecque ou aio s'est dit quelquefois pourc<MO, et il faut observer que ce mot estpassé dans la Langue latine avec le sensde loquor. Il n'appartenait qu'à ces peu-ples d'harmonieux langage d'attacher lamême expression aux idées de chant et deparole.

AME. Le principe de la vie dans l'homme etdans les animaux.

L'opinion qui range ce mot au nombredes Onomatopées repose sur une théoriebizarre et curieuse. La lettre labiale A~est

une consonne qui résulte comme on lesait, de la jonction des lèvres, en sortequela bouche très-ouverte doit produire en

&e fermant le son composé am savoir,

la voyelle par le moyen du souffle émisdans le moment où l'organe est ouvert,et la consonne par le contact des deuxparties de la touche dans le moment oùl'organe se resserre. C'est ce qu'on appellerendre l'ame, car telle est la figure de l'ex-piration de l'homme et l'esprit de cetteracine.

Au contraire pour prononcer M ini-tiale suivie d'une voyelle il faut que lesdeux parties de la touche labiale agissentmutuellement l'une sur l'autre et se sépa-rent pour l'émission du bruitvocal qui suc-cède au bruit consonnant. Ainsi se pro.noncera ma, qui est une racine dont l'es-prit est diamétralement opposé à celui dela précédente, puisqu'au lieu d'exprimerle dernier acte physique de l'homme elleexprime, par la figure et par le son, lepremier acte, et, en quelque sorte, laprise de possession de la vie.

Cette racine ma seroit donc !a désigna-tion nécessaire de l'existence matérielle,comme cette racine CM de l'existence spi-rituelle. La première appartiendra auxidées purement corporelles la secondeaux idées morales à celles des principes

<M:Ha7M, de l'amour, de i'ayMt'~e, detoutes les affections.

En appuyant la racine ma sur la touchedentale, ou en fera mat, qui est le sontypique du nom de la mort dans la plusgrande partie des Langues premières.

En la nazalant on en fera man, quiest le signe presque universel du nom del'homme.

Je donne, an reste, ces hypothèsescomme plus ingénieuses que probableset M. Court de Gébelin, qui les a suggé-rées, se livre trop souvent et avec tropd'abandon à son imagination, pour êtretoujours un guide sûr.

Ce qu'il y a de certain c'est que lesdifférens noms de l'âme chez presque tousles peuples sont autant de modificationsdu souffle et d'Onomatopées de la respi-ration, diversementmodulëes.Tels sentiePsyché des Grecs, le Seele des Allemandsle Soul des Anglais, l'ayre des Espagnols,l'alma et le /Mfo des Italiens. Il seraità la vérité, difficile d'en dire autant del'anima des Latins, dont le mot ame est

une contraction évidente.ANCHE. Partied'un instrument à vent, faite

de deux pièces de canne, jointes de siprés, qu'elles ne laissent qu'un espacetrès-resserrépour le souffle ce qui a faitpenser à de savans Étymologistes que cemot venait du celtique anc, étroit, res-serré, affilé. Il paraît plus vraisemblablequ'il a été formé par Onomatopée et cequi me porte à le croire, c'est que jetrouve une Onomatopée grecque absolu-ment semblable à celle-ci, qui exprimel'idée que nous rendons par notre verbe~M/oaM7'. L'air étouffé dans l'étroit canalde l'anche, séparé de l'instrument auquelelle appartient, imite très-bien le gémis-sement aigu et forcé d'un homme quisuffoque. De là, la conformité de ces deuxOnomatopées.

ASTHME. L'<M~/Ke est une infirmité quiconsiste dans unegrande difficulté de res-pirer dans de certains temps. Cette Ono-matopée imite le bruit de la respirationbrusquement interrompue. Elle nousvient immédiatement et sans change-ment, d'une Onomatopée grecque qui re-présente la même chose.

B

BABIL BABILLARD BABILLER. J~M,abondance de paroles sur des choses inu-tiles, manie importune de parler conti-nuellement.

De la lettre b qui résulte de la simpledisjonction des lèvres et qui est la pre-mière que les ehfans combinent avec les

sons vocaux. Aussi est-elle la première

consonne de tous les alphabets.Nicod dérive ce mot de Babel, à cause

de la confusioh des Langues qui y eut Heu.Ménage le fait venir de &a7M&~a/'< quia été fait de bambino, diminutifde &aFh&o,

transféré selon lui dans l'italien du syria-que babion qui signifie enfant. De lamême racine, nous avons crée

BABIOLE, une chose de peu de conséquence,une bagatelle qui ne peut occuper quedes enfans

B~BouHr, BAMBnr, un petit enfant qui arti-cule à peine en gallois bach, d'où vientle nom de Bacchus qu'on représente or-dinairement comme un enfant gros etjoufflu

B~mocHE un enfant grotesque et contre-fait, une marionnette ridicule

BAMBOCHADE un genre de Peinture qui nes'exerce que sur des formes triviales, surdes marionnettes et des &a/M&<

Ménage aurait trouvé d'ailleurs uneétymologie plus exacte et plus naturelleencore dans le grec où l'on dit bao, ba-bazo, &a&a~o et &<K~<!<0 pour Zo~MO/

Mais le fait est que tous ces mots et leurimmense famille sont composés d'après le

son nature!.Baba, babe, en arabe, signifient bou-

che, ouverture ~e a le même sens enLangue celtique. Dans la même Langueenfant se dit map vap )7M&, vab etavec le diminutif, ~&ie, HK~e~eK/a~.

On dit dans le latin garrulitas, garru-lus, garrire, autres Onomatopées dansl'italien garrire, cicalare ciarlare etciachierare dans l'espagnol, babillar,c~a/ar, chicarrar.Amyot

a dit rebabiller. « Si un babil-

B/a~ escoute un peu, ce 'estquecomme

B un reflux de babil qui prend hateine

j) pour re~M~T-puisaprèaencore davan-

< tagc N.

Madame Pernelle dit dans le Tartuffe

C'est véntabLejnent la tour de Babylone

Car chacun y babille et tout du long de Fauna.

Voilà l'étymologie de Nicod consacrée

par deux vers de Molière.BÂILLEMENT, BÂILLER. De l'action d'ou-

vrir involontairement la bouche dans lesommeil ou dans l'ennui.

Observez que la première syllabe de cemot est longue, et qu'autrefois on disaitbaailler et baaillernent, ce qui donnaitplus d'expression à l'0noma!opëe.

En latin, hiare, AM/M.Î; en italien,<a/-e, ~a<a/€~<o.

B)it& ou plutôt, BAYER, mot fait pour pein-dre une curiosité vaine et uu peu niaisequi se manifeste par la même émissionvocale et par la même figuration de labouche, appartiennent à la même racine.Bayer aux eo/<K7/e~ est une expressionproverbialeassez en usage dans notre lan-gue. On lit dans un de nos plus anciensdictionnaires bayer à la mamelle, ap-pe~ere /Mf:yny7M/7:. « C'est proprement ou-B vrir la bouche, mais parce que quando plusieurs regardentpar grandeaffection

Nquelque chose, ils ouvrent la bouche;de là est que bayer signifie aucunes fois

N autant que regarder o.BAB, est un mot factice ou artificiel qui

échappe aux gens étonnés. De làBADAUD homme simple et sans expérience

fqui s'étonne de tout,

S'EBAtttR, iTRE ~BAHi, termes attachés aumême sens. S'IL' est vrai qu'ils remontentà l'hébreu Schebasch, comme t ont pré-tendu lesEtymologistes, c'est que celui-ci a été fait sur le son commun et n'apas d'autre type ttaturel.

BARBOTER. Ce mot, dit Atëuagé est formédu bruit que font les cannes quand pliescherchent dans la boue de quoi manger,et on appelle de )à barboteur, un canardprivé. Barhoter en cette signification sem-ble être une Onomatopée.

.Barf~. On emploie presqu indistincte-ment baret, barret, ou &7'<. C'est le cri del'éléphant.On appetaitnutrefuit.rt'tejthantbarre aux Indes orientales. En latin, onl'appelle barrus, et son cri ~a/f.

Nous avons perdu ce mot.BEFFROI. Espèce de tocsin. « Quasi ~e<y

effroi dit Nicod, car il est expressë-

?M ment fait pour béer et regarder, ouH

faire le guet en temps soupçonneux, etM pour sonner à )'<MD.

Il est à remarquer cependant qu'uninstrument d'airain creux et sonore s'ap-pelait bel en breton, et que de là peu-vent venir l'anglais ~e~r~ et le françaisbeffroi.

BÊLEMENT, BÊLER. On disait beaucoupmieuxautrefois béellement, béeller. Ono-matopée du cri du mouton. Elle est par-faitement naturelle, et Pasquier la pré.'fère avec raison au ~/an? des Latins.

B~GiTEMENT, BEGAYER, ont été pris de lamême racine, parce que le défaut de pro-nonciation que ces mots désignent con-siste à répéter souvent le même son avecdes inllexions tremblantes, comme lesanimaux ~e/a~M.

BELIER. Le nom de cet animal est certai-nement formé d'après son cri, d'après sonZ~/t'/KeM~. Il est donc ridicule de l'avoircherclif-dans fe/~fM quisignifie toison;dans ~M/, hébreu qui est notre mot&fM/' ou chef, parce que le ~eZtc/' est!e r.!Ut)re du troupeau.

Ld u<~c7'~ colonel de la laineuse troupe,a.

dit Ronsard et dans Jobel, autre termede la même langue, qui était un des nomsde ce quadrupède.

.Be~n est l'ancien nom du belier. On ledit encore en certainslieux, des agneauxet il s'est conservé long-tems au figuré oùil signinait <~cwcer<'M-c. C'est un nom d'a-mitië que l'on donne aux enfans monbelin, ma beline; on a employé beliner,faire le JoMCf/M.c, dans quelques occa-sions, et Rabelais l'a étendu à des accep-tions très-variées. Il est absolument horsd'usage.

BEUGLEMENT, BEUGLER. Cri du taureau,du bceuf, de la vache, mugir comme les

taureaux.Ménage dérive ce mot de &ac~/<e

bacula mais c'est une Onomatopée quiest également dans le latin boare, d'oùbos a été tiré.

B<NJF, est le nom d'un animal qui &eHg&

Bo& est celui d'un serpent énorme dont lecri ressemble au ~eM~/e/M~Mf des taureaux.

MEtGMMFNT, MFU&LER,qui se prononcentsur la même touche avec une bien legf! emodification s'emploient indistincte-ment. On a même dit yKM~/CMen<envieux

langage, comme dans ce passage d'Am~-dis « La blanche biche qui en la forest

craintive eslevoit ses muglements-contre

Nle ciel sera retirée et rappellée ».

BIBERON. Homme qui aime à boire, quiboit avec excès.

Du bruit que fait le vin en coulantgoutte à goutte. Le bibax et sur-tout lebibulus des Latins représentent biencette expression. Ces mots dérivaient deleur bibere, qui était aussi fort imitatif,et dont nous avons dégradé la valeur enle contractant dans lé mot boire. Leur jolimot bilbire était de la même famille.

En celtique le mot boire se rend paref, e~ Onomatopée'; du bruit que faitla bouche en aspirant un liquide. C'estde là que vient probablement le verbeavaler.

C'est une idée d'une hardiesse bien plai.:ante et bien ridicule que celle de cesavant d'ailleurs estimable qui expliquele nom d'Eve par ce petit verbe de la Lan-

gue celtique et qui se sert de ce rappro-chement pour prouver que cette Langueest la première- que les hommes aientparlée.

BIFFER. Effacer une écriture en passant laplume dessus.

Un habile Etymologiste regarde ce motcomme pris de &K~a/'e, souffler, qui estune Onomatopée latine ainsi biffersignifierai) détruire un objet, et le fairedisparaître, comme en soufflant dessus.Sans aller en fixer si loin l'origine, onl'aurait trouvée dans le bruit que fait uneplume passée brusquement sur le papier.Cette conjecture est d'autant plus vrai-semblable, que le mot &<~c' n'a pointd'analogie de consonuance avec les mots,anciens qui ont été attachés à une idéede même espèce et peut passer pour une.Onomatopée très moderne.

BORÏBE. Ce mot dérive du bruit de la ~oM&e-

qui ëcLtte. 1

Il était au moins inutile d'en chercherailleurs l'étymologie, et de la dériver, soitde Lombardie, parce qu'on croit qu'elley a été inventée soit de bomba dont quel-ques Auteurs ont usé pour parler de cer-taines coquilles qui servaient de trom-pettes, ou de &o/?:&K.f qui exprime le bruitdu même instrument, ou de l'allemandbomber qui signifiait baliste. Il est éton-

nant qu'on nf l'ait pas fait remonter aussi

aux belles Onomatopées ita~if nue et espa-gnole, M'wAo/M~ et ~M~:&f) avec les.quelles il a tout autant de rapport maisle fait est qu'on devait le chercher, aussibien que ses différons analogues, dans leson naturel qui les a tous produits.

BOND BONDIR, HONDISSEMENT. L'Ono-matopée est prise du retentissement dela terre sous un corps dur qui la frappe,et se relève aussitôt.

Le mot &o/:t/</ revient au subsilire desLatins qui est moins imitatif.

BOREOR1GME. On dit aussi borborisme,Bruit de l'air contenu dans les intestins.

BOUC. La grande conforn~itë des différensnoms de cet animal dans presque tontfsles Langues, prouve qu'ilsont dû avoirune racine commune et naturelle. C estl'imitation de son cri. Les Grecs quil'ap.pelaientcommunément~gw~ l'ont aussinommé bekkos. Ménage dit que &Mcem~

se trouve dans la loi satique, et bouchdans le Celtique. En Langue franque, c'est&M/ en allemand bock, en italien ~ecso.

BOUFFÉE BOUFFI.« Ces mots suivantNicod, sont par raison d'Ooooaatopëe,

)' et représentent tan).le son du vent qut)' vient à &o~~M, que de la fiantme

s bouffant, ainsi quf de la bouche de') l'homme quand il ~OM~ cest-à-dife~')' sonfOe ou le feu, on la poudre, ou» autre chose f.

Ot)F, est le sou radical converti en inter-jection pour exprimer l'émission de l'air,pousse par un homme essoufflé. Les La-

tins en avaient fait &M~afe ou ~OM~t/'f?,

que nous avons fidètement transporte enNotre langue dans le vieux verbe &M/s/

~?~< se dit fort anciennement pourrun soufflet pour un coup sur les joues

p

comme ence passage de MarotTien

donc;, déclare toyQui de &y~~ renversesM~s cnMpmn mordans,

EE qui leur tïiou~t les dentsEn leurs gueules pci'vfi'ses..

Et observez que ~M~& et soufflet ont eicfaits analogiquement, et d'après le ménjeprincipe, parceqne !a joue frappée parattsouffler ou &oM~ sous la main qui lacomprime.

«·

On a employé blfffoi au figuré pour&rguei! et présomption et en perfiantt

l'expression, nous avons conservé la mé-taphore. ~OK~? de vanité est une ligured'un usage très-commun.

BouFFON doit se rapporter à la même ra-cine, suivant Ménage .qui, d'après Sau-maise, le dérive du bocca :/z/M~: desItaliens. llsappettent encore ~M/~OM~~o,

un maigre &0!~o~, le mauvais plaisantqui ne les fait pas rire soit, comme ledit Voltaire, qu'on veuille dans un &<M/~

/?)H un visage rond et une jone rebondiesoit que cette ~OM~M~Krc des jouas, quiest une des &OM~o/!ne/Y&f1e.splus triviales

des plus grossiers saltinbanques, ait dé-terminé leur nom générique. Il seraittout au moins difucite d'en donner uneautre explication.

-BOUILLIR, BOUILLONNEMENT, BOUIL-LONNER.

BomruE, EoTjiH-.ot;, choses que l'on faitbouillir. Ces mots viennent du bruit quefait un liquide échauffe à certain degré.Dans le verbe &OMt7tfzy, le son radical pura été conservé aux. trois personnes dusingulier de l'indicatif présent.

Ceux à'qui la chaleur ne ~e~fplu~dans ~es~eine~En vatti dans les combats ont des soins d~i.gen&

Mars est comme t'Ameur. Ses tra~anx et set peinteYe~ent de jeunes, gens.

MAmEttBZ.

BULLE, mot par lequel on désigne ces pe-tites éminences qui s'ëlèven!. sur l'eaubouillante,

Bon LE qui en est une espèce d'homonymeétendu à des acceptions plus générales,

BouTojr, autre terme qui, dans toutes sesacceptions, signifie une éminence ou un

corps de la même forme, n'ont probable-ment pas d'autre étymologie. Le peuple,si riche en expressions pittoresques, sesert du verbe boutonnerpour déterminerle premier degré de l~H~Mn.

M. Court de Gébelin s'est donc certai.nement trompé en derivant toute cettefamille de mots du Celtique bal, qui signi-fierait <se! et par une extension d'ailleurstrès-forcée, suivant 1 usage de cet ërudit,tous les objets ronds ou roulans. H estfaux qu'aise dise eu Celtique autrementque lagad; les deux yeux, daou lagad.L'auteur du monde ~M~< a pris cettefausse interprétation dans Bullet et danstel autre lexicographe, qui ont confondule Basque et le Celtique, et y ont mêlé, en

outre, une foule de mots qui n ont jamaisfait partie de ces deox lan~tfs.

BOURDON,BOURDONNEMENT, BODR-DONNER.

f BouRMw, dit Nicod, est une espèce de

grosse mouche, tavelée comme moucheà miel, n'ayant point de picquon ou

» aiguillon, plus grosse de corsage quela mouche à miel nommée abeille, et

» ne fait ni ne sert à faire le miel ni la

B cire ains dévore l'aliment et la pro-» vision que les mouches à miel se sontx pourchasse seulement de sa chaleur.<) conserve les petits abeillons, qui est la

j) cause que Virgile, au quatrième des

NGéorgiques, l'appelle tg/MfK/K ~CM,

B fainéant et'coüard. Pline, en son livreK onzième, leur attribue partie de l'opi-

nce des mouches à miel, cequeVarronson devancier ne fait pas fucus. Le

»Français lui a donné ce nom par Ono-matopëe à cause du bruit qu'il fait

M quand il volète.BoK~ a signifie le &OH~o/M77:e/~ du

frélon, dans la Langue Celtique.DoïTRnoN, cloche très-sonore qui produit

un bruit de même genre que celui dont il

est question dans cet article, a été ainsinommée par analogie.

Bourder est ua vieux mot tres-précieuxqui voulait dire ~<M~7' court en cAa;<parc&

que le prédicateur,en cet état ne formeplus qtl'un murmure et un bourdonne-ment confus. Il est à regretter que cetteexpresshion soit perdue.

BoMM, chose vague et confuse, mensongequ'on articule à demi, en est clairementdérivé. On a pu dire allusivement qu'unmenteur pris sur le fait, se tire d'affaire,

eti murmurant des mots sans suite,comme un pr&dicateur qui a perdu lefil de son sermon. Regnier se sert de ceterme dans cette hypothèse même

Ils balUcne pour raison des chansons et des &cM/f.

BRAIRE.<'

L'âne brait, dit M. de Buffon

» ce qui se fait par un grand cri très-

)' long, trf s-désagréable, et discordant

)' par dissonances alternatives de l'aigu

au grave, et du grave à l'aigu. Ordt*

f nairement, il ne crie que lorsqu'il esta pressé d'amour ou d'appétit. Lânesse

» a la voix plus aigre et plus perçante.» Lâne qu'on fait hongre ne brait qu'4

a basse voix, et quoiqu'il paraisse fane)) autant d'efforts et les mêmes mouve-B mens de la gorge, son cri ne se fait pasx entendre de loin. nBRAMER.

Ce mot se dit du cerf en cer-taines occasions et en général de tousles animaux qui crient fortement. Il s'estmême employé en vieux langage pourexprimer le cri de 1 homme, comme dansces vers, attribués à Clotilde de Surville

Tant de loin que de près n'est laideLa mort. La clamoit à son aydeTojorx un puvre bosquIHuM

que n'ôt cïievance ne s~on.

Tant ~rama j qu'advint.Court de Gébelin et Voltaire préten-

dent que &ya'm signifiait un grand cri en

Langue Gothique. Cette racine,communedans les Langues, se retrouve d'ailleurstoute entière dans le Grec.

Si l'on veut s'assurer, au reste, quel'Onomatopée n'est nulle part plus fré-

quente que dans les idiomes qui se rap-prochent des temps primitifs que l'onconsulte Voltaire au même lieu, dans sesfragHicns sur la Langue Française. Le.

mots que cet auteur, toutefois peu versedans le mécanisme de la Langue qu'il aenrichie de tant de chef-d'oeuvres, lesmots dis-je, qu'il fait dériver du Celte,sont autant d'Onomatopées.

B&AiH±R, terme populaire qui ne se prendqu'eu mauvaise part, et dans l'usage leplus trivial, a évidemment le même type.

BREDOUILLER. Parler confusément et ar-ticuler avec peine.

-BrMZ:-&7'e<7s est une locution basse etfactice qui exprime l'espèce de &e<~OH<7-

lage d'une personne très-loquace, quiarticule difficilement.Ce mot ne se trouveque dans Fois'<oti, et quelques auteurs dumême ordre.

BROUHAHA. Bruit confus d'applaudisse-mens qu'on entend dans les spectacles,et dans les lieux d'assemblée où l'on récitedes ouvrages d'esprit. C'est une contrac-tion de &yMif de /M!, prononce ~'OM<~

de /~f/a dans le vieux langage.BROUTER. Du bruit que font les animaux

en brisant les plantes près de leur racine,et en les arrachant avec les dents.

H y a un exemple de lharmonie pitto-resque de ce mot, dans une des plus

jolies fables de la Fontaine le chat, lahelette et le petit /f~p:H.

Du palais d'un jeune tapinDame belette, un beau matin,!S'en~paM t'ett une rusée.

Le maître* étant aLsent Ce lui fut chose aisée*

Elle porta chez lui ses pénates, t<ti jourQu'il était allé faire à l'aurore sa cour

Parmi le thym et la rosée.Après qu'il eut brouté, trotté, fait toùs ses tours,Jeannot Lapin retourne aux souterrains séjours.

Voici le même mot employé dans la

prose, avec un effet d'harmonie imuativeaussi vrai que celui qu'on vient de remar-quer. Ce passage est de M. de Châleau-briand, un des Écrivains dont notresiècle a le plus à se glorifier et je rap-porte cet exemple avec d'autant plusd'empressement, que je n'en Ctmnaispoint de si riche en Onomatopées

Si tout est silence et repos dans te&

» savanes de l'autre côté du fleuve, toutici au contraire est mouvement et mur-mure des coups de bec contre le troncdes chênes, des froissemens d animauxqui marchent broutent ou broyent

f entre leurs dents les noyaux des fruits;

des bruissemens d'ondes, de faiblesgémissemens, de sourds meuglemens,de doux roucoutemens reuiplissent cesdéserts d'une tendre et sauvage .har-

a moitié. ))

BROYbMENT,BROYER. Ces mots sont faitsdu bruit d'une substance un peu récal-citraute brisée entre deux corps durs.C'est ce qu'expriment aussi bien le sfi-a-

fMMïare des Italiens, et le quebrar desEspagnols.

BRUIRE BRUISSEMENT, BRUIT. Ces

mots &7'M:'re et &rMM.!ëf7:e~, qu'on a affectéde néglige:' je ne sait. pourquoi, présen-tent une des belles Onomatopées de laLangue. Ils donnent l'idée d'un bruitYague sourd et confus comme celuiqui s'élève d'une forêt ébranlée par desvents impétueux, ou qui résulte du fra-

cas des torrens et de l'écoulement desgrandes eaux; en général, ils sont graveset solennfla, et ont un caractère parti-culier d'imitation qu'on ne trouve pasdans leurs analogues.

Un auteur déjà classique, et qu'on peutappeler le Racine de la prose a prouvé,par l'emploi qu'il a fait Je certains temps

'du verbe ~M:?e, qu'il serait d'une injustedélicatesse de leréduire al'inHnitif,comme quelques Grammairiens y avaient

paru disposés.

K La lune dit M. Bernardin de Saint-

jj Pierre paraissait au milieu du firma-

M ment, entourée d'un rideau de nuages?' que ses rayons dissipaient par degrés.N Sa lumière se répandait insensiblementx sur les montagnes de lîle, et sur leurs

pitons qui brillaient d'un vert argenté;? les vents retenaient leurs haleines. On» entendait dans les bois, au fond des

» vallées au haut des rochers de petits)' cris de doux murmures d'oiseaux qui

se caressaient dans leurs nids, réjouis» par la clarté de la nuit et la tranquil-lité de l'air. Tous, jusqu'aux insectes,)' ~'7'H/jyaMM~sousrherbe. H

La firuycre a dit aussi &7'<?aMfe/MeMA

« Une femme entend-elie le brouisse-

» ?/:€?< d'un caresse qui s'arrête à sa porte,» elle prépare toute sa complaisance pour» quiconque est dedans, sans le con-B naître)'.

Cette licence est heureuse dans cetteoccassion, parce qu'elle caractérise très-

bien l'espèce de bruissementdontil s'agit;BMYbiE Il est probable que le nom de cettt)

plante, dont les tiges souples, gifles etligneuses &rM:Men< au moindre vent,

est tiré du même son radical que les motsprécédens. L'etyntplogie que je donne dece mot n'est d'ailleurs qu'une conjecture,aussi plausible toutefois que celle qui Je

tire du latin uro, parce qu'on brûle lesbruyères pour tes défricher, et rendrel'emplacement où elles croissaient sus'

eeptible de culture c'est l'opinion deBorel.

c

CAHOT, CAHOTER. De la secousse qu'onéprouve dans une voiture mal suspenduequi roule sur un chemin aprf et raboteux,et de l'effort qu'on fait pour rpprendtela respiration durement interrompue.

Les Latins on dit .MceM.MM.f, qu'ils pro-nonçaient JOMCOM~O~M, et qui rendait lamême idée.

CAILLE. 'f Le mâ!p et la femelle, dit Buffon

o ont chacun deux cris, l'unptus ëctataotGh et plus fort, l'autre plus faible. Le n),eefait ouan, o~<<<, ouàn, ouan; il ne

donne sa voix sonore que lorsqu'il est)' éloigné des femelles, et il ne la fait ja-M

mais entendre en cage pour peu qu'il

Mait uue compagne avec lui la femelle

» a un cri que tout le monde connaît, quif ne lui sert que pour rappeler son mâle

et quoique ce cri soit faible, et que nousne puissions l'entendre que d'une pe-

x tite distance, les mâles y accourent deaprès d'une demi-lieue; eUe a aussi un); petit son tremblotant cri cri. Lemataest plus ardent que la femelle, car catfe-

x ci ne court point à la voix du mâ)e

» comme le mâle accourt à la voix de la

» femelle dans le temps de l'amour, et sou-» vent avec une telle précipitation, unM

tel abandon de lui-même, qu'il vient la

a chercher jusques dans la main de l'oi-

N seleur u.C est de ce cri, que Buffon dit connu

de tout le monde, et qu'un autre Orni-thologiste a exprimé par les mots facticescaille caillette, qu'est venu le nom de lacaille dans notre Langue et dans la plu-part des autres..En effet, on adit~M-<!&~en grec qualea dans la basse latinitécuaderviz en espagnol, excellente Ono-

matopée dont les deux dernières syllabesdoivent se prononcer très brèves ~Mt-glia, en italien ~Ko't7, en angtais t~<tC-

/!<;?/, en allemand et ce son intitatif se re-trouve jusque dans l'hébreu saly ou .c~Dé ce nom l'on a fait

CAJLLETAGE, babillage insupportable et con-tinuel comme celui de la ca~e,

CAfLLErrE, femme frivole et babillarde,CAiLHiTER, t'at~tion de parler sans cesse, et

à propos de toute chose expressions quela Langue franç~i.se a repoussées jusqu'ici,et q~i ne sont d'usage que dans le stylefamihfr.

Rousseau a dit cependant, en parlant'de madame deWarens « Lavie uniforme

» et simple des Religieuses leur petit

T cailletage de parloir, tout cela ne pou-vait flatter un esprit toujours en mou-

M vement qui formant thaque jour de

nouveaux systèmes avait besoin de

Mliberté pour s'yy Hvrer n.

CANARD. Du son can cazz, souvent répète,qui est le cri de cet animal p!utôt qued'tMMM, probaNementa /!a~KC/o qui estson nom latin. Mon opinion est d<] moinsconforme en ce point celles de quelques

Auteurs et entr'autres à celle de l'orni-thologiste Martinet, qui remmque fortjudicieusementqu'il est du genie de notreLangue de terminer par cette syUdbf ou-verte et éclatante, ay< les mots qui dé-signent un parleur impito~abte et fati-gant, comme ~aM! et ~M/e/'tZ.

Les Allemands ont représente par uneautre Onomatopée le cri rauque, âpre

et enroué du cc/!a/ Ils l'ont appelé/'ac~aet/'aeA~c~a.CAtr CAN, mot factice tiré du cri du caKcr~,

a été appliqué par extension'aux bruitstumultueux qui s'élèvent dans uae assem-blée nombreuse où l'on ne s'accorde pas,et où l'on traite des affaires de peu d im*

portante. Ce n'est pas le sentiment del'Académie qui l'écrit ~Ma/~M<M, et quipense qu'on l'a appliqué aux discussions

orageuses sur des choses futiles, par at-lusion aux horribles disputes que causaau seizième siècle la prononciation dumot oMa/Myt/ac:, et qui coûtèrent peut-être la vie à Ramus. Quelqu égard qu'ondoive cependant aux décisions de ce corpssavant, j'ai cru pouvoir persister dansmon opinion qui me semble mieux fon.

dëe, et que je partage d'ailleurs avec !&

plus grand nombre des Etymologistes.CAQUET, CAQUETER. Ces mots se disent

au propre du bruit que font les poulesquand elles sont prêtes à pondre, et aufiguré, du' babillage des personnes quicaquettent comme les poules Cette Ono-matopée se retrouve très-fidèlement dans,la Langue grecque.

On disait anttffois dans notre Langue.e/M~y ou ~M~er, pour exprimer une es-

pèce de ca~He~de la poule. Ce terme mé-riterait d'être renouvelé.Linguet s'est servi du mot caquetage en.pa rlant du chaticeUerdelHôpitat.~Aucun

Kministre, dit-il, ne fit ja.mais<;onvo-

» quer autant de grandes assemblées i,

» mais satisfait d'y étaler une éloquence

o prolixe et toujours mal-adroite, d If.B

laissait toutes dégénérer en cohues tu-,]f

multueuses ou en caquetages scanda-

x leux dont l'unique résultat était de con-B stater la frivolité et l'impuissance duGouvernement

CASCADE. Ménage pense que ce mot estfait de l'italien cascata, ce qui est incon-testable. Il fait remonter celui-ci au latin

M~o, ce qui est plus doutfux; mais ceverbe aurait été employé comme desinentdans l'expressiondont il s'agit, qu'on n'endevrait pas moins recot)na!tM cette ex-pression pour une Onomatopée. La pre-mière syttabe est un son factice qui faitrebondir la seconde, et cet effet repré-sente d'une manière vive le bruit redon-dant de la c<Mc<to!e.

H y a beaucoup d'Onomatopées dumême genre,<iest-à-dit'e, composées dunson naturel et d un son abstrait. Cest,cequetesEtymologistesn'ontpas remarque;et satisfaits des qu'ils ont trouvé dansun mot lorigine d'un de ses membres, oncroirait qu'ilsont regarde le reste commele produit du hasard ou du caprice. Il estcependant démontre quequeique fortuitequ'ait été la composition des Langues, itne peut y avoir eu qu'un très-petit nom-bre de mots formés sans motifs.

CATACOMBES. Du grec ~a~ qui est con-sacré à Faction de descendre oo de tom-ber, et qui a peut être fourni le latinçado dont je parlais tout-à-t'heure; et du~rieux français eo/T~e, vallée, gorge, en-droit creux ou souterrain. La réunion de

ces deux mots heureusement mariés pro-duit un des beaux effets d'imitation de lit

Langue. Il est impossible de trouver unesuite de sons pins pittoresques, pour ren-dre le retentissement du cercueil, rou-]ant de degrés en degrés, sur les angles

aigus des pierres, et s'arrêtant tout-à-coupau milieu des tombes.

CATARACTE. En&rec,j~~a~~M. Chuted'eau impétueuse et bruyante qui tombe

et se brise de roc'eu roc avec un grand.'fracas..Herbinius, dans son Traité de <M~

/VM!M /KM/!f~ cataractis .K~a 'ef sub-~e//a/:eM, a étendu le sens de cette expres-sion à tous les violens < hocs élémentaires~de quelque espèce qu'ils fussent.

CHAT-HUA~T. « C/~AMc~, dit un de nosanciens glossateurs, est une espèce d'oi-

Mseau qui va voletant et huant de nuict,duquel chant huant il est ainsi nommé,

» car son chant n'est que huet cry piteux:.apour laquelle cause les Latins font ap-

» pellé ulula, etaus'!i7MC~M< parce qu'il» ne chante et ne erre que la nuict. Hs

al'ont aussi nommé ~M~o par Onomato-xpoëe représentant le chant d'iceluy

par ce nom, et dient que cest oiseaus est féral et funèbre pour estre ténë-» breux et nocturne et effrayant :~ct à

» ceste occasion tenoit on anciennementN son chant pour présage de calamité

» future, mesme par mort de maladie.

» Il est hay à merveilles des autres oy-» scaux lesquels pour estre diurnes

Mc'est-à-dire, errans et voletans par jour,

» et ne avoir la rencontre ordinaire de ceN dit e/M/M/!<, et pour l'aspect hydeux

» de luy, le bayent et poursnvyent acoups de bec et de griffes, quand ils

e le trouvent, faisans tous un esquadronT combattant contre luy, ausquels, comme

» Pline dit au livre X, chap. t~, il résiste

» par se coucher à l'envers et se reserrant» en arc, si qu'il demeure presque cou-» vert de soM becet de ses griffes ou serres,» laquelle inimitié estant aperçue par les

» oyseleurs, se servent dndit c/:<:t/:Han<,

» pour attraper ceux qui viennent à la

» meslée contre iceiny. De ce que dessus

» se voit que de rappeler c/M~MfM.~ et» pour la difficulté de la protation fran-

» ~oise en l'aspiration h après la con-» sonne, dire que c/ïc/:H~'7!~ est fait de

x chat huant, il n'y a pas raison gramte~

M veu que ceste particule cAtt est aUtenrSt

N commune au François, comme en ces-

a mots chatouille chatfourré cha-» fbuyn esquels le mot de chat n'a que» veoir x.

CHEVÊCHE. En Latin, Strix. Ce, mot idesigné génëriquempnt les oiseaux denuit de l'espèce de la chouette. Mainte-nant on n'appelle du nom de cAc~e/zeque des oiseauxqui ce nom ue con-fient pluspuisqu'il avait été formé parOnomatopée, et qu'il ne désigne point,leur cri, mais celuide le/M~e ou fresaye.<! Les cris acres et lugubres de Fefraye,»et sa voix entrecoupée qu'elle fait sou-» vent entendre pendant le silence de la»nuit semblent articuler g7~t g~e

cye! et ses soufflemens eAe chei cheuJ

» eA<?He, çhiou, qu'elle réitère sans cesse,a ressemblent à ceux d'un homme qui» dort la bouche ouverte elle pousse? encore eu volant différens sons aussi» dësagfpabks. u Ces expressions, tirées..d'un de nos Naturalistes, doanent lit)-contestable étymologie des mots chevêcheet chouette, et font regretter que rim-

péritie des Méthodistes ait consacré denouvelles appellations insignifiantes et ca-pricieuses, puis transporté les anciennesà des espèces qu'elles ne désignent point,pt bouleversé ainsi la nomenclature natu-re)te, sans qu'il en résulte aucun avan-tage pour la science.

Oserai -je souhaiter que tes Naturalistesà venir moins jaloux d'étaler une vaineérudition en appliquant aux animauxdes noms difficilement composes vou-lussent bien s'en tenir aux désignationsimitatives qui sont naturelles à tous lespeuples et qui universaliseratent enquelque sorte, leurs nomenclatures.Cetteidée n'a pas été étrangère à Linné et auxautres Méthodistes philosophes.

CHOC, CHOQUER. Du bruit de deux corpsqui se heurtent.

Du même son naturel les Espagno)s,pour joûte ont dit e/toea.

Nous représentions cette dernière idéepar le vieux verbe toster, dont les Anglaisont fait toast.

CHOUCAS. En Grec, ankos, ~o/oKM, enLatin, graccus, gracculus; en Espagnol,graio, graia; en Italien, ciagula; en

Savoyard, e/:Mf, caüe, cavette, c~Kfc<en Turc, tschaucka; en Saxon, a~e~e,,~<e, g~c~e; en Suisse, graake; enHoliandais, ~cw, c/Mw~ en Hlirifn,/-<:M~< M'< ~f~û/~a en Flamand

gaey; en Suédois, X'c/'a; en Anglais, kae,c7<og', y<7~-<~<7w; en ouefqties provincesde France chicas, chocotte et c~ocaj.

J'ai rapporte ces différentes synonymiescomme autant d Onomatopées. Le chou-

cas, indépendamment du cri qui lui afait donner son nom en pousse un autreencore qu'on a exprimé par le son &'<M,

</<M, souvent rëpete mais il lui est beau-coup moins familier, et n'a jamais étéconverti en Onomatopée.

CHUCHOTTER, CHUCHOTTERïE, CHU-CHOTTEUR. Du mot factice qu'on aemployé pour imposer silence, ou pourindiquer qu'il faut baisser la voix etparler de manière à nétre pas entendu,on a fait chut, suivant l'usage de notreLangue qui mouille ordinairement les

sous sifflans, et de là le verbe cAKc~oSer,qui présente une nouvelle Onomatopée

par le concours des syllabes sourdes quile composent. On disait autrefois e/ehetter.

On ne supposerait guèresque les Ëty-mologistes eussent vu, dans le son radi-cal st qui est si simple et si général, unecontraction du .H/eKhHm f~e des Latins.Cela est cependant vrai, car il n'y a pointd'idée si bizarre que ce genre d'érudition.n'en puisse offrir un exemple.

'CIGALE. Du son radical CM, cic, qui estle chant de cet insecte, les Grecs ont faitprobablement NM~cM, l'insecte c/Mn-teur qui dit ~(:; et de ce nom, les Latinscicada, les Espagnols c~yvM, les Italienscigala, et nous le mot cigale, qui estune Onomatopée alongée d'une terminai-son oiseuse et étrangère à notre Langue.

CLAPPEMENT. Un homme d'espritqui sepique d'originalité sur toutes les matières,et qui a dit beaucoup de mal de Racineet de Newton, a cru devoir, en raison dumême principe, attaquer l'ancienne ré-putation du rossignol, si prôné parmiles chantrfs des bois.

KQu'une oreille impartiale, dit-il,

j< écoute avec attention le rossignol

x qu'elle entende ses sons souvent aigres,1

toujours fortement prononcés mais

a sans variété, si ce n'est quatre tons,

»sans modulations; sans nuances, el!ë

<' éprouvera une sensation pénible dé-

Bsagrëable. Transportez l'oiseau sus*

s pendez sa prison à une fenêtre le

f chant sera le même, et le passant l'en-tendra avec indifférence s'il s'arrête,

ce n'est pas par l'attrait du plaisir,b c'est de surprise et d'étonnement. Ilf croyait que l'oiseau ne chantait queB dans les bois et pendant la nuit; maisw la lune ne brille pas au travers des

branchages touffus le silence solennelde la nature ne l'environne pas le

a murmure vague d'un ruisseau ne s unit

pas aux légers frëmissemens du feuil-it iage sous lequel il est assis il est dans? la ville.

» Que peut-on comparer au clappe-MM< dur et déchirant que l'oiseau tant

< vante fait entendre au milieu ou à la]* fin de son chant imphrasë ?Je souffre

quand je réfléchis aux efforts redou-x blés des' rnuscles de son gosier.

M

On ne verra peut-être ici que le capriced'une imagination d'ailleurs ingénieusequi se complaît à colorer agréablementdes paradoxes; mais je rapporte ce pas*

%age pour soumettre aux arbitres de làLangue le mot pittoresque, mais un peuhasardé qui est l'objet de cet article et

qui me parait une innovation plus heu-reuse que le reste.

jCLAQUE, CLAQUEMENT, CLAQUER. Duson que produisent les deux mains vive-ment appliquées l'une contre l'autre cmcontre un corps retentissant.

Claquer se dit aussi fort bien du bruitd'un fouet qui coupe Pair avec force. Ilest passe au sens proverbial dans cetteacception.

Claquement s'applique sur tout auheurt convulsif et spontanée des dents.

Court de Gébelin prétend que le sonradical e/~ était un mot celtique quisignifiait grand bruit. &;A/agw! signifieencore en langue allemande frapper etdu même type nous avons fait

OLAQUET, petite latte tremblotante qui estd'usage dans les moulins, et qui frappela meule avec éclat.

CLIGNOTER. M. de Brosse prétend aveeraison (me semble que beaucoupd'Onomatopées ont été formées sinond après le bruit que produisait le mouve-

ment qu'elles représentent, au moins d'a-près un bruit déterminé sur celui que cemouvement paraît devoir produire à leconsidérer dans son analogie avec telautre mouvement du même genre et seseffets ordinaires; par exemple, l'action

de e~/M/fM", sur laquelle il forme cesconjectures~ rie produit aucun bruit réel,mais les actions de la mcme espèce rap-pellent très-bien par te bruit dont elles sont

accompagnées, le son qui a servi de ra-cine à ce mot.

CHN-n'fB!) c'est le petit mouvement d'unœil clignotant.

CLINQUANT.'C/MyHtMfs'est dit, ausenspro-pre, d'une feuille de mctal si nac et si lé-gère, qu'elle se froisse sous les doigts avecun petit cHquet4s aigre dont son nom estforme; et parce que ces feuilles, à cansede leur ténuité ont ordinairement plus'd'eetat que de valeur on les prend ngu-'rement pour les choses d'un prix médio-cre qui ont une apparence brillantecomme dans ces vers de .Boileau

Tons les ;ours à la Cour un. sot de qtHHtcPeut ju~er de travers avec iïnpuntLé;A Maiherbe, à Racaii prëfëre! Théophile

tEt le e&y~KfiM; du Tasse à tout t'or de Yirgitc.

CLIQUETIS. Onomatopée tirée du son des

armes qui se choquent.Ce mot se dit aussi du bruit des'verres,

et en générât des bruits argentins et mor-dans.

<-7t~e< est dans le dictionnaire bretonde dom Lepelletier, pour loquet de porteou de &nétre. Dans Davies on lit cliccied,et analogiquement, cleccian, pour stri-dere.

CLOSSEMENT, CLOSSER. Du cri ordinairede la poule.

Ces mots ont peut-être quelque chosede plus aigre et de plus bruyant, et re-présentent mieux la clameur de la pouleinquiète qui rappelle ses petits ou de lapoule irritée qui !e~ défend que leurs

synonymes g/oM.M<?Me~f et glousser dontils sont une nuance légère, et qui ne s'ensont pas moins conservés dans la Langue.

GLOUSSEMENT GtOussKR ont obtenu jus-qu ici la préférence dans le tangage poé-tique, et il me serait facile d en offrir plusd un exemple. Je m. en tiendrai à ces versélégans d'un de nos meilleurs Poètes des-criptifs

La Poule cependant du Coq victorieuxA reçu dans' son sein ce germe précieuxQu'elle mûrit,féconde, et reproduit sans cesseEt bienfaitrice exacte à payer sa largesseQu'une coque fragile enveloppe et blanchit,Du tribut coutumier, chaque jour t'enrichit.

La vois-tu, promenant sa vague inquiétude,Rêver, fuir le plaisir chercher la solitudeEt trahir sa langueur par de longs ~oM~f~cnyHâte-toi, l'heure presse, et saisis les moment.Son cœur est tourmenté du besoin d'être mère.

La poule glossante s'est autrefois ap-pelée cloucque, à c/oc~M< dit Borel, idest lintinnabulo, 0~ sonum ~'MÏ/e~

COASSEMENT, COASSER. Du son radicalkoax, si ridiculement employé par Rous-seau, et qui est l'Onomatopée du cri deïa grenouille.

On a dit coaxare dans la basse latinité,et quelques Ecrivains français en ont faito<M'e/ qui n'est pas admis par l'usage.

COQ. Oiseau dont le chant est exprimé parun mot factice, de la première syllabeduquel on a fait son nom. Il est à remar-quer que c'est son incantation la plus fa-milière aussi a-t-elle fourni aux Languesun grand nombre d'Onomatopées. Les

Grecs ont dit souvent kottos et ~Mw. LesPolonais ont Ao~Kt, les Anglais cok, lesSavoyards coq et gau. Nous avons dit au-trefois gal de gallus, et ~o~ du son radi-cal imitatif. C'est cette dernière dénomi-nation qui nous est restée avec une mo-dification bien légère.

Ménage ne devait pas dire que coq ve-nait de c/o<A7/ 6, d'ou est fait cldsser, maisplutôt que ces mots venaient d'un typecommun qui est le chant du coq.

CoQTjE mot créé pour représenter l'enve-loppe de l'oeuf, pourrait bien dériver dunom de l'animal, de l'Onomatopée de sonchant. La poule entonne son chant favorià l'instant où elle vient de pondre. Coq-

coq, suivant Leroux, exprime le bruitque fait la poule quand elle pond. Cetteétymologie me paraît plus naturelle quecelle qu'on attribue à ce terme quand onle fait venir à concha. Coquille se dit aussichez nous pour coque, mais c'est une ter-minaison diminutive familière à notreLangue.

CoQCETTERtE, et les mots qui se rapportentà cette idée, sont employés figurémentpar allusion aux moeurs du coq, à son

inconstance et à ses amours. En effet

soit que nous l'ayons appelé gal commedans le vieux langage soit que nousl'ayons appelé coqcomme aujourd'hui, onpeut suivre facilement cette double déri-vation, dont les rapports, tout curieuxet tout piquans qu'ils sont, ont cepen-dant, je crois, échappa à tous les Etymo-logistes. Galendé signifiait orné, enrichi,embelli, comme dans ces vers du romande la Rose

Belle fut et bien ajustée;'D'un jU d'or étoLt ga~cc.

Gallois se prenait pour agréable et lé-

ger. Une belle, une franche Cf~/OMC, selonRabelais et les Auteurs du même temps,c'était une femme éveillée et coquette.

Et puis s~en vont pour faire les galloises,Lorsque devroyent vacquer en oraison.

Galeur ou Galeure a un sens analoguedans Coquillard

Galeures portent escrevices

Et velours pour être nugnons.

Villon se sert du mot g~e/'j pour,se

réjouir, et passer agréablement la vie.

Je plains le temps de ma jeunesseAuquel ay plus qu'en autre temps galé.

Gaillardet Galant nous restent encore.

Les dérives du mot nouveau sont plusaisés à retrouver, et frapperont tout lemonde. Remarquons seulement qu'ils re-montent au premier emploi du mot coq,et qu'on les croirait inventés simultané-ment, tant l'extension en fut naturelle.Il y a plusieurs siècles que le mot coquar-deau, désignant un jeune homme étourdiet coquet qui débute dans le monde, selisaitdéjàdansleblason desfaussesamours.

Se ungg coquardeauQui soit nomiauTombe en leurs mains;C'est un oiseauPris au glueauNe plus ne moins.

Villon s'est servi de quoquart dans lamême acception.

COUCOIL Voici les Onomatopées équiva-lentes que d'autres Langues me fournis-sent.

En hébreu kaath, kik,kakik, kakala,

schgschaph en grec kokkus, et par cor-ruption karkolix et kakakoz; en latincuccus, cuculus;en italien cuculo, cucco,cucho; eu espagnol cuclillo en allemandgucker, kuckuch, guggauch guckuser

en flamand kdckock, kockuut; en anglaiskuckow cucoo; en turc koukou; en sy-riaque coco en polonais kukulka ku-kawka; en danois kuk, gioeg kukert; encatalan cocut, cugul; en vieux français

coqu; en Provence coux, cocou; en So-logne coucouat, pour indiquer le petit ducoucou.

Il n'y a point d'oiseau dont le nom aitété formé aussi généralement d'après soncri, et cela, peut-être, parce qu'il n'yen a aucun dont le cri soit plus analogue

aux modulations de la voix humaine; aureste il est bon de dire une fois pourtoutes, que si la lettre CprononcéecommeK, est l'initiale du nom d'un grand nom-

bre d'oiseaux crieurs, et même de cer-tains que nous n'avons point nommés

parce que cette circonstance nous a parutrop faiblepour constituer l'Onomatopée;que si elle est la caractéristique de leurcri; cGnixnsàsiiscailletage, caquet, clap-

pement, clossement, cluppement, croasse-ment et que si cette observation peut s'é-tendre indistinctement à toutes les Lan-gues connues c'est que le chant, ouplutôt la clameur de ces animaux est en-gendrée par le claquement de la languecontre le palais qui est la plus éclatantede toutes les touches vocales et que ceclaquement produit la consonne dont iL

s'agit.COURLIS. C'est un oiseau que nous avons

aussi nommé curly et turly par imitationde son cri.

Ce son naturel a produit beaucoupd'Onomatopées l'Elorios des Grecs, leclorius des Latins le tarlino de la Pouille,

le caroli du Milanais le curlew des An-glais, le greny des environs de Constance,le turlu de Poitou le turluj et le corlerudes Picards, le corlui des Normands, lecorlu des Bourguignons, le eorly et lecorlieu de nos anciens Naturalistes.

M. de Buffon à qui je dois cette no-menclature, y joint des observations quiviennent très-bien à ce sujet. « Les noms» composés des sons imitatifs de la voix,» du chautdes cris des animaux, sont,.

» dit-il, pour ainsi dire, les noms de la

» Nature; ce sont aussi ceux quel'homme

» a imposés les premiers les Langues» sauvages nous offrent mille exemples

» de ces noms donnés par instinct et le

» goût, qui n'est qu'un instinct plus ex-

» quis, lesa conserves plus ou moins dans

» les idiomes des peuples policés et sur-» tout dans la Langue grecque, plus pit-» toresque qu'aucune autre, puisqu'elle

ï peint même en dénommant. La courte» description qu'Aristote fait du courlis,» n'aurait pas suffi sans son nom Elorios,

» pour le reconnaître et le distinguer des

» autres oiseaux. Les noms français cour-ut lis, curlis, turlis, sont des mots imita-» tifs de la voix et dans d'autresLangues

» ceux de curlew caroli, tarlino s'y rap-y> portent de même;. mais les dénomina-

» tions d'arquata et de falcinettus sontx prises de la courbure de son bec, arqué» en forme de faulx. Il en est de même

v dunomiV«7?2eV2«z«dontForigineestdans.

i>le mot Néomênie, temps du croissant

» de la lune; ce nom a été appliqué auv courlis, parce que son bec est à-peu-» près en forme de croissant; et les Grecs

» modernes l'ont appelé macritimi ou» long nez, parce qu'il a le bec très-long,

» relativement à la grandeur de son» corps ».

On pourrait conclure de ces remarquesqu'il y a deux espèces d'Onomatopées oude fictions de nom les premières qui sontles Onomatopées naturelles, communes àtous les peuples, parce qu'elles sont for-mées sur un son qui ne varie pas; les se-condes,qui sont les Onomatopéeslocales,propres à un seul idiome parce qu'ellessont déterminées sur une figure ou unaspect des corps dont le signe est de con-vention. Ces deux riches familles de motspittoresques sont la plus belle partie desLangues.

CRACHAT,CRACHEMENT,CRACHER. Dubruit que fait la salive jetée avec forcehors de la bouche.

Cette idée a été exprimée dans les Lan-gues par deux sons également imitatifs,quoique fort distincts l'un de l'autre. Dupremier qui a servi de racine aux motsdont on s'occupe dans cet article les Bas-Bretons ont fait cranch qui signifie salive,et suivant Court de Gébelin craing qui

signifie la même chose, craincher, cra-cheur, et crancha, cracher, mais je suis

porté à croire qu'il doit ces dernières ex-pressions à un autre vocabulaire. Lesmots excreare et screare des Latins ont lemême type.

Du second, les Latins ont fait spueredespuere, expuere, les Italiens spulare, lesAllemands speien, et les Anglais spit. Leson radicalj9«/A a été souvent converti eninterjection pour marquer un mépris ex-trême, comme en ces mots tirés d'unemauvaise pièce de Boursaut, intitulée lePortraitdu Peintre. « C'est mal répondre,»> puth, misérable critique »

Il est presqu'inutile de dire que nosmots conspuer et pituite sont formés d'a-

• près cette dernière espèce de son.Cracher, s'exprime en arabe par le mot

ghak et en hébreu par les mots racac etiurac, qui sont encore des Onomatopées.

CRAN- Incision ou entaille faite sur un corpsdur. En celtique cran, en latin crena.

EcRAjy meuble qui glisse sur des crans.CRAQUEMENT, CRAQUER. Du bruit que

font des corps secs et durs qui se brisent.Letourneur dit dans sa traduction du

Jugement dernier d'Young « Avez-vous

» entendu ce craquement effroyable dont» tout le globe a retenti dans sa profon-

» deur? C'est le fracas de 1 Olympe et de» l'Atlas tombans ». Ce passage est d'unebelle harmonie.

• Craqueter s'est dit quelquefois au sujetd'une matière pétillante et très-sèche quiéclate au feu comme le sel ordinaire etles feuilles des arbres résineux. Il n'estpoint à dédaigner dans ce sens. Le poèteThéophile en a fait un mauvais usage,quand il a dit qu'on entendait craqueterle tonnerre. Le signe est trop petit pourl'idée.

On ne se sert plus de criquer et de cri-queter qui se prenaient autrefois dans unsens analogue. Les herbes sèches criquent,dit Nicod. Herbce aridœ rixantur. Crique-ter, digitis concrepare.

CRESSELLE CRECELLE ou CRÉCE-

RELLE. C'est un instrument de bois enusage dans quelques solennités, qui bruitaigrement en tournant sur des crans durset serrés. On a cherché par-tout l'étymo-logie de son nom, excepté dans le bruitqu'il produit, et dont elle est certaine-ment tirée.

Ce mot n'est point étranger à la poésie,7

et Boileau s'en est agréablement servi dansces vers imitatifs du Lutrin

Ils prennent la cresselle,et par d'heureux effortsDu lugubre instrument font crier les ressorts.

CREX. Cri sinistre et fréquent d'un oiseauqui en a pris son nom.

CRI, CRIER. Je ne prends point ces motscomme imitatifs de la voix humaine oude celle des animaux mais comme desOnomatopées d'un bruit purement mé-canique qui résulte du frottement ou dubrisement des corps. On se rappelle lesuperbe hémistiche du récit de Théra-mène

L'essieu crie et se rompt.

M. Lalanne a fait un heureux emploidu même mot dans ces vers du poème in-titulé Les Oiseaux de la Ferme

Qu'elle estlenteàleurgré,qu'ils latrouventtardive,La main qui se refuse à leur ardeur captive

Le doux bruit du loquet, long-temps importuné,Vient enfin réjouir l'essaim emprisonné.Un verrou reste eucor, qui, trois fois indocile,Trois fois tourne, en criant, sur la porte immobile.

Criaiixer Criaiiaerie Cjuaieueub sont

faits du même son radical que les précé-dens, et alongés d'une syllabe très -ou-

verte, pour peindre la continuité fati-gante d'un babil disputeur et hargneux.

Délivrez-mni Monsieur, de la cria'dlcrla ?

Et daignez accomplir votre ordre, je vous prie.

Notre bon Montaigne est, je crois, undes premiers qui aient fait usage de ce

mot. « La criaillerie, quand elle nous est» ordinaire passe en usage, et fait que» chascun la méprise. Celle que vous em-» ployez contre un serviteur pour un lar-» cin ne se sent point d'autant que c'est

» celle mesme qu'il vous a vu employercent fois contre luy pour un verre mal

» rincé, ou pour avoir mal assis une es-

» cabelle ».Criocère est le nom que les Entomologistes

français ont donnéà une famille d'insec-tes dont on trouve des espèces sur le lys

et sur l'asperge et qui est remarquable

par la propriété qu'ont les petits animauxqui la composent de produire un cri assezaigu, au moyen du froMetnent de leurcorselet contre l'origine des étuis.

CRIC. C'est une machine composée d'une

roue dentée ou pignon qui se meut avecune manivelle et qui roule en criant.

CRINCRIN. C'était un instrument chargéde grelots, dont il n'est parlé que dansles Fâcheux de Molière

Monsieur, ce sont des masquesQuiportentdescrincrinset destamboursdebasques.

Ménage, qui rapporte ce terme et cetteautorité n'hésite pas à le regarder comme

formé par Onomatopée.M. de Roujoux pense que le peuple

donne au violon le nom de crincrin parallusion aux crins qui forment l'archet;il croit qu'il pourrait bien en être de mêmede cet instrumentqu'il présume être celuidont se servent encore les enfans pourimiter la grenouille, et qui est formé d'unpetit cylindre de carton fermé à une de

ses extrémités, et attaché par un crin àun bâton autour duquel on le fait tournerpour produire du bruit. Le mot alors,

selon M. de Roujoux, ne serait pas uneOnomatopée, puisque l'instrument auraitpris son nom de sa principale partie.

CRISSEMENT,CRISSER. Expressions horsd'usage. C'est l'action de grincer forte-

ment les dents et de tirer de leur frot-tement un son aigre et strident qui of-fense l'oreille.

Crisser, selon Borel et Monnet, c'estfaire un bruit aigu et âpre comme les

roues mal ointes.CROASSEMENT, CROASSER. Du crHugu-

bre et discord des corbeaux.Le nom même du corbeau dérive de

loin du même son primitif. Du korax desGrecs qui est une Onomatopée, les La-tins ont fait corvus, et d'après eux les Es-pagnols cuervo, et les Italiens corvo. Ladénomination que nous avons adoptée estencore moins naturelle, quoiqu'on puisseremonter sans effort à son étymologie;mais il n'y en a point de plus singulière-ment corrompue que celles que la Langueallemande et la Langue anglaise ont sub-stituées au corvus des Latins, en retran-chant bizarrement de ce mot la consonneinitiale, et en faisant du reste par unemétamorphose capricieuse les noms insi-gnifians de rabe et de raven.

Boileau écrit quelque part

Sitôt que d'Apollon un génie inspiréTrouve loin du vulgaire un chemin ignoré,En cent lieux contre lui les cabales s'amassentSes rivaux obscurcis autour de lui croassent.

Ce mot rauque tombe à la fin du versd'une manière singulière et inusitée quirend son effet plus énergique.

CROC. Ce mot ne fut probablement d'abord

que le signe factice du déchirement d'uncorps saisi par un instrument aigu etpuis il devint par une extension très-na-turelle le nom de cet instrument, ducroc et du crochet.

Accrocher c'est saisir avec un croc oufixer avec un crochet.

CROQUER. Du bruit que fait un alimentsec et difficile à broyer en se rompantsous la dent.

Eh bien manger moutons, canaille, sotte espèce

Est-ceunpéché?Non,non, vous leur fîtes, Seigneur,En les croquant beaucoup d'honneur.

Le même La Fontaine a employé le motde croqueur que notre Langue a rebuté

Un vieux renard, mais des plus fins

Grand croqmeurde poulets un jour fut pris au piège.

Choquef nom que l'on donne à une espèce

de pâtisserie très cassante a la mêmeorigine que les mots précédons. Ils sontles uns et les autres du style familier.

CROULEMENT, CROULER. Du retentis-sement sourd et profond des muraillesqui s'affaissent qui s'ébranlent, et quitombent.

Écroulement et S'ECROULER qui ont un sensmoins vif, sont cependant plus en usage.

Le mot croulementa été transporté très-énergiquement par Montaigne dans lestyle figuré.

« Nos mœurs sont, dit-il, extrêmement» corrompues, et penchent d'une mer-» veilleuse inclination vers l'empirement

» de nos loix et usages; il y en a plusieurs» barbares et monstrueuses toutes fois

» pour la difficulté de nous mettre en» meilleur état, et le danger de ce crou-» lement, si je pouvois planter une che-

» ville à nostre roue, et l'arrêter en ce» poinct je le ferois de bon cœur ».

D

DANDIN DANDINER. Pasquier dérive cesmots du-terme factice dindan qui exprimele bruit des cloches, parce que la marche

d'un dandin d'un homme hébété d'unbadaud qui chemine lentement et au ha-sard, en ne- s'occupant que de chosesVaines et communes, représente assezbien le mouvement des cloches ébranlées.

Cette dénomination s'est retrouvée sou-vent dans le style satirique témoins The-not

Dandin Perrin Dandin GeorgesDandin.

DÉGRINGOLER. Terme bas qui est pris dubruit d'un corps qui roule d'une certainehauteur.

Voltaire a dit « Si deux ou trois per-» sonnes ne soutenaient pas le bon goût» dans Paris, nous dégringolerions dansla' barbarie ».

DRILLE. J'oserais conjecturer que ce mota été fait du bruit que produisaient les

'pièces 'd'une vieille armure, qui, malunies et agitées au moindre mouvement,se choquaient les unes contre les autres.Par une de ces extensions qui sont fami-lièresà toutes les Langues et sur-tout àla nôtre, ce mot a signifié depuis un habitmilitaire en lambeaux, puis le soldat quile portait, et finalement deTnauvais hail-'loas. Les traces de cette génération exis-

-tent encore puisqu'il est conservé soustoutes ses acceptions.DRONOS. Donner dronos starles doigts estune expression fort triviale que je trouvedans Kabelai s. Le Ducliat la regarde comme

une Onomatopée du bruit que rend uncoup dur et retentissant;mais dans le

cas où l'imagination des Lecteurs ne vou-drait pas se prêterà l'explication qu'ilplait au savant commentateur d'en don-

ner, ils sont libres de la ranger parmiles mots sans .nombre que cet Auteur aformés sans autre règle que sou caprice,véritables termes macarouiques dans laconstruction desquels il n'a cherché qu'à

être original et bizarre, et auxquels ils'est peu soucié d'attacher un sens. Voilàpourquoi un commentaire dans le genrede celui de M. Le Duchat, où Ion pré-tend tout expliquer est une des entre-prises les plus ridicules qu'on ait pu faire

sur Rabelais.*DR0UÏJN7E. Ce mot, tout aussi dédaigné,

signifie le havresac dans lequel les chau-dronniers mettent leurs outils dont lechoc sonore semble articuler dron drin,ou drouin.

diAunncw Chaudronnier seraient doncdes Onomatopées tirées de cette racine.

En anglais, un drouïneur ou chaudron-nier qui porte la drouïne, s'appelle tinker,autre Onomatopée aussi tirée du tinte-ment des métaux dont il est chargé.

E

EBROUER. Onomatopée assez précieuse,qui représente l'action d'un cheval ar-dent, soufflant avec force pour chasserl'humeur qui l'incommode, et pour re-prendre facilement haleine.

Tunzsi qua sonum procul arma dedéreStare loco nescit, micat atiribus et tremit ai tusCollectumque premens volvit sut naribus ignem.

Il n'y aurait peut-être rien de compa-rable à cet admirable passage des Géor-giques, si ou ne lisait pas dans Job

« Est-ce vous qui avez donné au cheval

» sa force et sa beauté ? Le ferez-vous bon-

» dir comme la sauterelle, lui qui du» souffle si fier de ses narines, inspire la

» terreur? Il se rit de la peur; il s'agite,

» il frémit, il frappe du pied la terre, et

» l'enfonce. Dès qu'il entend le son de la»

trompette il dit courage Il sent l'ap-

» proche de l'armée et joint ses hennis-

» semens aux cris confus des soldats ».On reconnaîtra facilement dans les

deux Poètes les images dont le mot ébrouerest l'expression.elliptique.

ÉCLAT, ÉCLATER. Du bruitd'un corps durqui se divise avec violence quand on lecrève, quand on le fend, quand on lebrise. v

Il y a long-temps que les Glossateurset les Etymologistes ont reconnu que cesmots étaient faitsdu son que rend le bois,par exemple quand on le met en pièces,comme cela se remarquait au brisementdes lances dans les tournois. On lit audeuxième livre d'Amadis « Adonc bais-

» sèrent leurs lances et donnans des es-

» perons à leurs chevaux, coururent l'un» contre l'autre de si grande roideur, que» leur bois vola en esclats».

Les Grecs ont dit klao pour frango, etde là, chez les Latins, un éclat de boiss'est quelquefois appelé clasma. Clao si-gnifiait en celtique une espèce de ferre-ment, et le bruit qu'il rendait sous lemarteau.

Cette racine passant au figuré par cata-chïèse ou extension, aenrichi nos voca-

bulaires de beaucoup de termes. Elle afourni aux Langues gothiques le mot claou çfila, crier, dont il est facile de suivreles nombreuses dérivations.

Clabaud, qui est composé de ce mot etdu latin boare ou baubare a été dit pour

t.chien, et figurérnent pour, un parleurinsupportable. i

Clabauder, est encore pris quelquefois.

en ce sens dans un style très-bas.

Que deviendrai-je, entendant les Librairest Me cUtbauder et crier de concert, l

Deçà Monsieur, achetez Bmsrobert l

Clamer, qui signifiait nommer à haute'voix, appeler avec éclat, est totalement

rejeté par notre Langue qui a cependantconservé lous ses composés. Il était toute-fois difficile à remplacer en certaines oc-

casions.

C'est elle qui a tant de prisEt tant est digne d'estre améeQu'el' doit estre rose clamée.

Guillaume DE Loeris.

Clameur, Acclamation et les autres ex-

pressions de cette famille n'ont rien per-du dans l'usage. On disait autrefois cla-rnours, comme dans ces vers de Marot

Tous pélerins doivent faire requêtes,Offrandes, wra pri'ères et clamours.

Le motéclisser,

pour, faire jaillir deséclats de boue, a cessé d'être français.,

EcLABOtissEH Onomatopée mixte compo-sée d'éclat et de boue lui a été substitué.

ÉCLOl'PÉ. Je crois que c'est le seul mot quinous reste de celte raciné, qu'on peutcroire formée par imitation du bruit iné-gal et lourd de la marche d'un boiteux.

Rabelais a dit doper et clopiner'setrouve dans des Auteurs d'un style assez

pur. J'ai lu clanpin dans des mémoires dela fin du dix-septième siècle, où l'on dé-signait ainsi le duc du Maine. ·'

Claudicare qui signifiait boiter chezles Latins, n'aurait-il pas la même origine;et de là n'aurait-on pas fait le nom de lacloche, parce que son mouvement ressem-ble à la marche des boiteux? Ce qu'il ya de certain c'est qu'on dit encore clo-cher pour boiter, et qu'on appelië vulgai-rement cloche, une espèce d'ampoule qui~.1..

survient aux pieds d'un homme fatigué,et qui le fait clocher.

ClOpim Clopaht est un mot factice con-»struit par Onomatopée du pas des boiteux.La Fontaine s'en est servi dans la fabledu Pot de terre et du Pot de fer.

Mes gens s'en vont à trois piedsClopin dopant comme ils peuvent,L'un contre l'autre jetés

Au moindre hoqnet qu'ils treuvent.

ÉCRASER. Ce mot est engendré par un sonanalogue à celui qui a produit le mot écla-

ter, mais qui représente un brisementmoins simultanée, et c'est pour cela qu'ilest alongé par la consonne roulante.

Le cri de la craie qui se rompt et quise pulvérise sous le pied reproduit fortdistinctement cette racine.

Les Chaldéens ont dit kéras, et les Grecsplus vivement encore katatripsis pour ob-tritus, écrasement. Ce dernier mot n'estpas français.

Si l'on veut s'assurer de la vérité decette étymologie qu'on ouvre au motécraser le dictionnaire de l'Académie ony verra entr'autres usages de ce mot

écraser des groseilles, du verjus. On écrase

donc des bayes sèches, tendues, récalci-trantes. On n'écraserait pas des fruits ten-dres et pulpeux. D'où vient cette diffé-rence ? Elle est l'effet du son produit parl'action d'écraser, qui est âpre aigu dansle premier cas mousse et presque muetdans le second.

ÉCROU. J'écrou est une pièce de bois oude fer qui a un trou correspondant à lagrosseur d'une vis qui s'y introduit, et ytourne avec un bruit désagréable.

Vécrou, qui est un acte d'emprison-nement, est une figure de celui-ci.

La consonne roulantemarque les effortset le cri de la vis dans les crans pressés oùelle s'emboîte; et dans clou, qui est uneOnomatopée assez douteuse, le son estbref et net, parce qu'on le fichebrusque-ment. et qu'il produit un bruit indécom-posable et immodulé.

ÉGRISER. Oter les parties brutes d'un dia-mant en le frottant contre un autre.

Le bruit agaçant de ce frottement,sem-blable à celui d'un

verre que le diamantdu vitrier divise ou qu'on fait grincer enle grattant de l'ongle, a servi de racineà cette Onomatopée.

ENFLER, ENFLURE. Onomatopées com-posées de la préposition, et du bruit del'haleine chassée avec effort.

; Enfler, s'est d'it d'abord pour, l'actionde remplir d'air un corps vide et flasque

jusqu'à ce qu'il ait acquis un certain degréde tension; puis, enflé, s'est dit en

gé-néral de tous les corps qui ont une gros-

'i-seur inusitée ou accidentelle.1

Les Latins disaient inflare qui a la mêmeracine et la même valeur. '•

Gonfler, que nous avons de plus qu'eux

est peut-être plus imitatif parce qu'il estplus emphatiqueet qu'on ne peut le

prononcer sans une assez forte émissiondu souffle. >

ESCOPETTE, ESCOPETTERIE. Du bruitéclatant des mousquets.' '

` Ce mot a donné lieu au plus ridiculedes vers factices

Schiopeltus tuf tafboni

bomcalubrina sfyoronat.1J

••' « L'escopette perce l'air avec ses tuftaf, et la coulevrine avec ses born bom ».

Perse, avait dit- sclopus, pour le son'qiie-rend la bouche, quand on frappe sur

les joues gonflées d'air

Nec sclopo^tutiiulas intentliï rûmpt.re buccat.'ii

De Jà le diminutif macaronique schio-pettus et le français escopelte, qui sontdes Onomatopées formées sur un son de-

la même espèce. Cest l'opinion de Para-din et de Polydore Virgile:

ÉTERNUEMEÏVf, ÉTERA'UER.L'ester-» nuemenl qui vient de latètej étant

•» sans blâme dit Montaigne nous lui» faisons, un honneste accueil. Ne vous».

mocquez pas de cette subtilité elle est» d Arislole D. ,••'•1

Nous disions beaucoup mieux esternûer,

parce que ce mot ainsi prononcé conser-vait le son radical dans toute sa valeur

et s'écartait moins des analogues qu'on luiconnaît dans d'autres Langues.

i! Eî

FA!NFA^E.iL,a plupartdes instrjimens à venttsont caractérises par la lettre.F, parue quecette consonne produite par rémission del'air chassé entre les dents, est l'expres-sion du soufflement ou du sifflement. Delà fanfare qui est un chant de trom-pette.. ' •

Rabelais en avait fait le verbefanfarer,que je ne me souviens pas d'avoir vu

.ailleurs.FIFRE. La voyelle resserrée entre deux tet>

très sifflantes donne une idée très-justedu bruit aigu de cet instrument, et ladésinence roulante marque son éclat un

• peu rauque.Les Allemands l'ont nommé pfeifer par

analogie à l'Onomatopée pfeifen qui si-gnifie siffler. Cette dénomination a étéexactement transportée dans notre Lan-gue et dans la plupart des autres. Nous.

avons même dit pifre comme en ce pas»sage de la traduction iSAmadis par Ga-briel Chapuis. « Plusieurs sont des pifre?» et autres instrumens ». Et en cet autrede Rabelais « Puis soubdain retourne,» et nous asseure avoir à gausche des-

» couvert une embuscade d'andouilles

« farfelues et du cousté droictà demi-

» lieûe loing de là, ung gros bataillon» d'aultres puissantes et gigantales an-douilles le long d'une petite colline

» furieusement en bataille, marchantes-»vers nous au son des yézes et piboles

» des guogues et des vessies des joyeulx

a pifres et tabours des trompettes et» clairons ».

FLACON. Du bruit de la liqueur versée horsdu flacon et qui tombe de quelque hau-teur dans un vase sonore. 11 est du moinscertain qu'on n'a découvert aucune autreétymologie raisonnable de ce mot, et quel'unanimité avec laquelle tant d'idiomesl'ont admis, donne lieu de penser qu'il

n'a pas été formé au hasard. Les Espa-gnols ont dit fiascon les Italiens Jtascone,les Allemandsflasche, les Flamandsfies-che, les Polonais flasha, les Bohémiensfiasse, les Hongrois palassk, et les An-glais /lagon.

Une observation qui donne du poidsà cette conjecture, c'est quefîacquer s'estdit autrefois pour vuider son verre, enjetant les liqueurs qu'il contient. LaBruyère en fournit un exemple dans cepassage. « S'il trouve qu'on lui a donnén trop de vin il enJlacque plus de la

» moitié au visage de celui qui est à sa» droite,et boit le reste tranquillement».De là

Flacquée D'EAU, l'eau que l'on flacque ouque l'on jette contre quelque chose

Flacque D'EAU, mare croupissante et de si

peu d'étendue, qu'il semble qu'on Taitflacquée à l'endroitoù (41e est

Flasque, adjectif qui s'est dit d'abord d'unechose amollie par l'humidité et particu-lièrement d'un linge niouilléqùi produit,quand on le soulève et qu'on le laisseretomber sur lui-même le bruit del'eauqu'on flacque. à. terre. Cette dernière ex-pression dérive secondairement du flac-cidus des Latins qui a été immédiatementfait du bruit naturel.

FLANQUER. Du bruit d'un coup violentle peuple a fait le mot factice flan pourle représenter et le Merhe flariquér pour,donner un coup dont le son est exprimepar flan.

Ces termes sont de la plus basse tri-vialité.

FLÈCHE. Mot factice formé sur le son dela flèche chassée de sa corde, et qui fuiten sifflant. C'est l'opinion de Kicod dntemps duquel on disait encore indiffé-remment flèche, flic, on flis.

En espagnol cent,flécha, en allemandpfeil, en anglo -saxon fla.

Les Italiens ont aussi freccia, mais

plus communément mëèla, du sagitla desLatins (i) qui nous a fourni sagette, et

(i) Comme il était de mon intention de donner dansle cours de cet ouvrage quelques exemples de l'extensiondes sons radicaux et des racines imitatives dans la dé-signation des Lires qui, comme je l'ai dit, n'ont pointde formes propres et de brnils particuliers et de prou-'ver qu'aucune expression, n'a été formée sans motif, etque les termes qui ont caractérisé les sensations pre-mières, ont du devenir allusivement le signe des sen-Jsations analogues; comme le son radical sag qui est unedes anciennes Onomatopées du bruit de \sl Jlèckeestd'ailleurs un des plus curieux que je connaisse daus lesmodes qu'il a subis je vais suivre ses différentes dé-rivations dans la Langue latine seulement pour ne pascharger cette note d'un appareil inutile d'érudition.

Kacine SAG. Sens propre, une Jlèçhe*

Les Latins en ont fait SAG-ifta, et immédiatement,

par le procédé comparatif ce nom est devenu communà une plante dont il est question dans Pline, et quiressemble à une Jlèche au bout d'un rejeton de vignequi a la forme d'une flèche barbelée, el à une con-stellation composée de cinq étoiles qui représente uneflèche.

SENS5 D É R 1 v É.

SAG-ittarcusa signifié un honimc qui lance des

flècheset cnsuil^ un signe du Zodiaque. Fuis par une

qui a du rapport avec la zagaye des

Maures et de quelques nomades.

extension commune dans les Langues, on a nomméSAG – ittarius une monnaie de Perse qui avait unSAG– Maire pour empreinte. ·

SA-G–itti/era été le nom du porc épic, parce que lespointes dont il est couvert ont quelque ressemblance

avec des Jièrhes.Jusqu'ici l'opération de l'esprit est simple et sans

complication. )

SENSs relatif.L'imagination commence à saisir des rapports plus

éloignés, mais elle n'a point encore perdu de vue le

sens propre.SAG – ans signifie d'abord un faisceau de flèches

un carquois; il se dit bientôt d'une hache d'armes.SAG-ma exprime en premier lieu ce qui sert à ca-

cher la pointe de la fièc/w à la garantir en temps depaix. Ensuite il se dit généralement d'un fourreau

et finalement de la selle d'un homme d'armes où lesflèches sont fixées.

SAG– men est pris dans un sens plus hardiment fi-guré, quoiqu'il appartienne encore au sens primitif. Onappelle ainsi la verveine par opposition ou contre vé-

rite, parce que les Ambassadeurs proposant la paix oula guerre, portaient dans leurs mains une verveine et

une flèc/w.SAG–signifie premièrement les armes d'un soldat.

Le mot psi est une autre Onomatopéedu bruit de la flèche dont il reste peu

Ire ad SA.G – a c'est s'emparer de ses javelots et deses flèches. On en fait SAG – -wn ou SAG – uluin quiest l'habit d'un soldat en guerre

Une fois que ce pas est fait on va beaucoup plusloin. On appelle SAC – itza le pillage d'une ville, l'ex-terminationde ses habitons parce que les vainqueursles renversentcoups de flèches et notre Langue euemprunte les mots SAC et SAC – cager qui conserventencore toute la racine, avec une simple modification dela gutturaleg, prononcée sur une touche plus éclatante.

Enfin, il suffit de uazalcr cette racine SAG, pour euformer SANG – uis qui s'emploie par une extensiondu même genre, parce que le sang coule sous les Jlèches.

if. B. En vieux français, sache a signifié un' fourreau,saeher tirer du fourreau, et ensuite, poursuivre le gi-bier et le renverser sous les flèche:. d'où il semble quechasser a été fait par métathèse.

SlWS FICÎJBt OIT MfcTAPHOIUQIiE.

Ici l'esprit de l'homme s'élance hardiment à des olïjjets très-éloignés, pour peu qu'il y puisse saisir quelqueaffinité avec le sens originaire du mot inventé.

Une erreur populaire lui persuade qu'une espèce depierre précieuse.attire le bois comme l'aimant attire lefer, et que le bois y vole avec la rapidité de la flèche.

Zl nomme cette pierre SAG – da,11 a observé que la flèche en s'enfonçant dans un

de composés dans les Langues mais ilest à remarquer que les Grecs en ont fait

corps dur, y frémit long-Lemps encore, Il appelle SAG –acio, id est, SÀG – lltœ actio ions les genres de pal-pitation et de irciiiblemcnt.

Il essaye de trouver un objet de comparaison à l'ac-tion de regarder. Le regaid parcoml l'espace a%ec lavitesse de la jlèçhe et le son radical SÀG devient le

nom du regard dans presque toutes les Langues del'Orient. Les Latins ne se servent point de

cette racine à ce dernier usage mais ils le méconnais-sent si peu, qu'ils s' enrichis sent de ses dérivations ausens abstràit.

Sens abstrait..SÀG– irec'est avoir de la pénétration, du discer-

nement saisir des yeux de l'esprit.SAG – /i.r, c'est un homme pénétrant,un homme dont

le regard sûr discerne la vérité.

StWS Eïl'bRBOLIQUE.

Le dernier terme de cette gradation est si étrangerà son type, qu'il serait impossible d'en reconnaîtrel'origine, si on n'y pouvait remonier, comme nous lefaisons par une succession très-naturelle de sensations

et de jugemens. Le sens abstrait s'étendant à des signî-fications aouvules, ce n'est plus au SAG^c3 àTespi'it

délicat et subtil qui saisit les cLoses dès le premier

une de leurs lettres qu'ils ont représentéehyëroglyphiquement sous la figure d'uneflèche empennée ou d'un trait appuyésur son arc.

FLEUR. Du bruit que fait l'air aspiré parl'organe qui recueille les parfums de lafleur.

abord, avec une extrême justesse, que doit s'arrêtercette série d'idées que nous venons d'exposer; son re-gard plus prompt, plus sûr, plus pénétrant encore,perce tous les obstacles. Son esprit s'élève au-dessus de

toutes les conceptions ordinaires; il domine, il expliquel'avenir.

C'est le devin que les Latins ont appelé SAC– us9

la magicienne, l'enchanteressedont ils ont fait SAG-a,SAG-ana.

Prœ– SAG– irec'est voir hors du présent, c'estanticiper par la pensée sur les evénemens futurs.

jPr{&–$AÇj'-–îtirn,c'estlepressentiment,le pronostic.

Prœ – SAG – «a* c'est le sorcier, l'augure l'hommeinspiré, termes dont on a complété le sens par la petiteproposition prœau-devant, au-delà.

Il reste à s'assurer que les autres mois de la Languenaturelle donneront une pareille filiation et c'est ce quechacun peut reconnaître dans ses éludes particulièressoit qu'il se contente, ainsi qu'on l'a lait ici de pousserses recherches dans une Langue seulement, soit qu'ilveuille les étendre à toutes, ce qui n'est pas plus dif-ficilc.

Flairer en est formé par métonimie. Cetteétymologie laisse d'autant moins de dou-tes, qu'on a dit autrefoisfleurer. Molières'en est servi dans ce vers d' Amphitrion

Impudent fleureur de cuisine,

pour désigner un parasite. Le nom deM. Fleurant qu'il a employé dans le Ma-lade imaginaire, est tiré du même verbe,dans la même construction.

Cette racine est propre à caractériser

en général tous les termes qui figurentdes émanations douces, des formes on-doyantes, des monvemens caressanscomme flamme, qui est un corps impal-pable et tenu que le vent agite et ba-lance flatter qui est une action gra-cieuse au propre et au figuré fléchirqui se dit en parlant de l'inclinaison molleet légère d'un corps souple comme les

jeunes plantes et les roseaux; et beaucoupd'autres expressions de la même espèce,sur lesquelles je ne m'arrêterai pas davan-tage, et que je ne classerai point à leur

rang alphabétique, parce qu'elles me pa-raissent trop éloignées de leur type.

FLOT.<

Fleuve Furx Fluides choses qui fluent.Du bruit des liqnides'qni s'écoulent.

Cette racine se retrouve dans presquetoutes les Langues.

Afflwence a signifié originairement le

concours des flots le flux des grandes

eaux la réunion de plusieursfleuves quifluent ensemble vers un même but etfigurément l'action de survenir en grandnombre, et d'aborderdans le même lieumais on ne le prend plus que dans sa der-nière acception.

Fléon, se disait dans le vieux langagepour un petit fleuve, ou ruisseau.

Glorieux jlêon, glorieuse êve,Qui lavaz ce qu'Adam et EveOnt pour leur pechié ordoyé.

Sur quoi je ferai remarquer en passantqu'il résulte de cette citation qu'on a ditautrefois êve pour eau en français et quece mot ev signifiait boire ou avaler, enceltique. Voyez au mot biberon. Afon

avon, dont amnis paraît dérivé;repré-sentait daus la même Langue ridée quenous attachons à ce mot latin un fleuve

une rivière rapide.

Floflotteh qui est tout-à-fait perdu, estcependant une assez heureuse Onomato-pée du choc des flots en rumeur.

Dubartas a écrit le floflnttant Nérée,et c'est je crois, ce qui a fait dire àPasquier au huitième livre de ses recher-ches Flofiottcr est mis en usage par les

» poètes de notre temps pour représenter» le heurt tumultuaire des flots d'une» mer ou grande rivière courroucée ».

Je ne sais personne au reste, qui aitemployé ce terme depuis Pasquier, si cen'est l'extravagant poète Desmarets danssa comédie des Visionnaires où il le donnepour épithète au fleuve Me're'e, commeavait fait Dubartas.

Déjà de toutes parts j'entrevois les brigadesDe ces Dieux chc\rc-pieds et des folles Méitades

Qui s'en vont ct''lél>rer le mysLère orçienEn l'honneur immortel du père Bromien. ·Je vois ce cuisse-né suivi du bon SilèneQui du gosier exhale une vineuse haleine,Et son âne fuyant parmi les MimallonsQui les bras entirsés courent par les vallons.Mais où -va cette troupe ? Elle s'est égaréeAux solitaires bords du Jiofiottant NériSe.

FLOU. Ce mot se dit en Peinture, et sur-

tout dans la mauvaise école, d'un tableaudont le coloris est doux, tendre, et commesoyeux et velouté. Il est donc dérivé duson moëlleux d'une étoffe précieuse, fai-blement froissée avec la main. Dans leCharles ler. de Wandicli on croit enten-dre le flou du satin.

Au reste, on se sert ordinairement pourfondre les couleurs, pour les noyer, lesdépouiller de leur sécheresse, et amollirleurs nuances d'une petite brosse de soieslégères, qu'on passe délicatement sur ceque le pinceau a touché et dont on ef-fleure la toile avec tant de précaution,qu'il semble qu'on la caresse. Cette opé-

ration est accompagnée d'un petit bruitqui est peut-être devenu par analogie lenom de cette manière de peindre.

FLÛTE. Du flare des Latins qui est uneOnomatopée du souffle. La douce émis-sion du son qui flue en quelque sortepar les trous de la. flûte, a déterminé le

nom de cet instrument.Les Italiens ont dit fiauto les Espa-

gnolsflauta, les Allemandsflœte, les An-glais flûte, et les Celtes flehut. Cette con-formité de dénominations ? qui n'est fon-

dée sur aucune autre étymologie appa-rente, vaut une démonstration.

J'ajouterai que les Orientaux appellent

une flûte, avùv et les Taitiens, evuvo.C'est l'aspiration de laiLangue celtique avou ev. Remarquez aussi que le v se pro-nonce sur la même touche que Yf quin'est qu'un v fort. Les Hébreux pronon-çaient vau pour f; les Allemands pro-noncent, au contraire faou pour v.Il résulte de là que le mot avuv des Otien-taux, et le mot evuvo des Taïtiens, ontla même construction que le moljifre,et présentent comme lui un son vocal

aigu resserré entre deux dentales. Ils endiffèrent par l'intonation qui est moinsbrusque, par la désinence qui est pluspleine et plus harmonieuse, et par l'adou-cissement des consonnes caractéristiques.Avuv ou evuvo représententdonc très-bienunejlute, un fifre doux.

Le syrinx des Grecs est aussi une Ono-matopée, mais qui tient à la mélopée pri-mitive, et au son plus aigre des simples

roseaux.FRACAS; FRACASSER. D'un bruit éclatant

et prolongé qui est occasionné par une

destructionviolente ou parun phénomènenaturel, comme le fracas de la foudrequi tombe, le fracas des cataractes, etle fracas des volcans.

Quinaut a supérieurement dit dans cesvers d'une belle harmonie imitative

Que le bruit, que le choc que le fracas des armesRetentisse de toutes parts

FREDON, FREDONNER. En chassant l'airde la bouche avec un roulement presséde la langue et un petit frémissementdes lèvres on produit le bruit sourd oule chant confus que ces mots expriment.Guichard a rencontré assez heureuse-ment, quand il les a dérivés du fritinniredes Latins excellente Onomatopée qui ala même racine et qui avait été faite

pour représenter le murmure des hiron-delles.

FRELON. Du bourdonnement des ailes decet insecte on a fait son nom français.Les Latins ont dit crabro, et les Espagnolstabarro, qui sont d'autres Onomatopées.

FRÉMIR, FRÉMISSEMENT. On ne peut setromper sur le son radical de ces mots,qui se reproduit dans tant d'occasions

soit qu'il se forme de l'agitation rapidedes lèvres dans \e frémissement de la fièvreet dans celui de la peur, soit qu'il pa-raisse émaner des feuillages émus, desherbes fouettées par le vent des eauxqui murmurent sur les cailloux.

Fbissojv, Frissonnement qui sont des fré-misseinens d'une espèce particulière

Fhayrtjb Effroi sentiment qui excite lefrisson

Fnom sensation physique dontl'effet est lemême sont autant d'expressions qui serapportent à cette racine, et sur les-quelles je ne reviendrai pas ailleurs.

FRETILLER. Pour exprimer un mouvementtrès-vif et très-rapide, comme celui d'unpetit poisson suspendu à la ligne, et pourreprésenter le bruit dont il est accom-pagné.

FuETrif c'est le nom qu'on donne au petitpoisson qui frétille.

Un carpeau qui n'était encore que fretinFut pris par uu pècheur au bord d'une rivière.

Et ailleurs

Un rieur était à la tableD'un financier, et n'avait en son coin

Que de petits poissons; tous les gros étaient loin.

Il prend donc les menus, puis leur parle à l'oreille;Et puis il i'eivt à In pareille

D'écouter leur réponse; on demeura Surpris

Cela suspendu les esprits.Le rieur alors d'un Ion sageDit qu'il craignait qu'un sien amiPour les grandes Indes partiH'eût depuis un an fjir naufrage.

Il s'en informait donc à ce menu jrttlnMais tousluirépondaicntqu'ils n'étaient point d'unâge

A savoir, an vrai, son destin;Les gros en sauraient davantage.

FRIRE. Du pétillement de 1 huile bouillantequand on y plonge un corps froid pourle faire frire.

Cette Onomatopée se retrouve danstoutes les Langues.

Observez que le grec frugo, frughios( lorreo torridus ) dont le son a tantd'analogie avec celui sur lequfl ce motest formé a fourni le nom de Y Afriqueet de la Phrygie, pays de feu. Je dois cetteremarque à M. de Cambry dont l'im-mense érudition a enrichi la science desLangues de tant d heureuses découvertes.

FRISER. Pour rouler les cheveux on les

presse avec un fer chaud qui les dessècheet qui les crispe. C'est du petit bruit avec

lequel ils se retournent sur eux-mêmes,qu'on a fait le mot friser.

Friser se prend aussi pour effleurerun objet pour en passer si près quele bruit du frottement se fait légèremententendre.

FROISSEMENT, FROISSER. Belles expres-sions qui représentent ordinairement lecri d'une étoffe ferme que l'on presse avecquelque force mais qu'on a étendues àd'autressignification s etqui peuvents'ap-pliquer plus ou moins a toutes sortes deruptures et de brisemens.

Il est certain qu'elles ont été forméesd'après le son naturel, et je n'en attesteque les Auteurs même qui ont cherchéailleurs leur étymologie. Ils remarquentqu'on dit froisser du damas et du satin.On ne le dirait pas d'une étoffe douce etlégère qui cède sans bruit sous la main.On la chiffonne on ne la froisse pas.Froisser est donc un mot imitatif unevéritable Onomatopée.

On dit vulgairement le froufrou d'unerobe de satin d'un vêtement de taffetas,et ce mot factice est la racine de ceux-ci.

FRÔLER pour, friser, effleurer un corps.

Frôler une robe de taffetas c'est la fairecrier en passant. Frôlement, pour repré-senter ce bruit est un mot pittoresqueet vrai, mais hasardé.

Freler, qui est de cette famille, s'era^ploie dans la Langue du peuple en par-lant d'une matière de peu de consistance,comme les cheveux et la barbe ou lepoil, la laine et les plumes des animaux,qui, à peine frôlés ou effleurés par lefeu se retirent en rendant un son faibleet rapide dont ce verbe parait formé.

FRONDE. Une corde qui sert à lancer lespierres avec violence, à les faire déchirerl'air avec bruit et de manière à ce qu'ellesen tirent un frémissement long, reten-tissant et sonore, dont on peut exprimerl'effet par le mot qui fait le sujet de cetarticle.

Les Grecs ont dit sphendoné les Latinsfunda, les Italiens fromba, fronda etfrondola. Le muet qui termine sourde-ment cette Onomatopée dans notre Lan-gue, et qui figure la désinence d'un bruitmourant, la rend préférable à toutes les

autres. J'en excepte cependant l'énergiquetling des Anglais qui est le terme le plus

pittoresque que l'on ait attaché à cetteidée.

Dans le pays de Léon, fromtn exprimele bruit que fait une pierre jetée avec une

fronde. Fromm a-ra ar-maen la pierrebruit. C'est le rombo des Italiens, et lebromos des Grecs.

FROTTEMENT, FROTTER. Le son radicalde ces mots est propre comme on peutle voir, à tous les froissemens à tous lesfrémissemens de la nature il convientégalement pour exprimer l'action que cestermes figurent, et il rappelle très-bienle bruit dont elle est ordinairement ac-compagnée.

FROUER. Un soufflement tremblotant dela chouette a servi de type à cette Ono-matopée, qui est d'usage parmi les chas-

seurs pour indiquer l'action de siffler àla pipée, ce qui se fait communément enplaçantentre les lèvres une feuille ployéequi étouffe le son, et qui le module.

G

GALOP, GALOPER. Nicod conjecture très-plausiblement que ces mots sont faits par

Onomatopée du bruit des chevaux quigalopent; mais je ne saurais convenir aveclui et avec certains Etymologistes qui ontpartagé son opinion que le mot haque-née ait été immédiatement formé sur uneracine naturelle de la même espèce. Lehaca des Castillans et le faca des Arago-

nais dont on le fait dériver, descendentprobablement comme lui du latin equus,qui a produit equina, et en vieux fran-çais haquetet haquenée. Coquillard a dit

Sus sus allez vous en jaquetEt panser le petit haquct,Et lui faites bien sa litière.

C'est aussi l'opinion de Ménage.GARGARISER GARGARISME. Cette Ono-

matopée est purement grecque garga-rizo; gargarismos. Elle estformée du bruitd'un remède liquide dont on se lave labouche et l'entrée du gosier. Les Grecsdisaient aussi dans un sens assez ana-logue, gargalisein et gargalismos titil-lare, titillatio.

Elle est d'ailleurs commune à la plupartdes Langues. En hébreu garghera signi-fiait le gosier; il se dit gargareon en grec,

et gorzaillen en celto-breton la mêmeinitiale caractérise encore assez univer-sellement, et avec peu de modifications,les noms qu'on a donnés à cette partie,soit chez les Latïns qui l'appellent jugu-lum, soit chez les Italiens qui l'appellentgolla, soit chez les Allemands qui l'ap-pellent khéle ou ghéle, soit chez les Es-pagnols qui l'ont appelée garganta. Ra-belais n'a fait que transporter en espagnolle nom de son grandgausier, pour en fairecelui de Gargantua, qu'il s'amuse à ex-pliquer autrement par un quolibet. Le

nom même de gargamelle se prend pourla gorge ou le gosier, dans la Langue dupeuple et Hauteroche l'a employé à cetusage.

On disait autrefois esgargaté de crier,d'un homme qui avait une extinction devoix.

GARGOUILLE. « Gargouille,dit Nicod, est» ce petit canal de pierre ou d'autre chose

» issant en forme de couleuure ou d'autre

» beste, hors d'oeuvre, au dessous des

» couuertures des églises, et tels autres

» bastimens pour jetter au loing l'eaùepluviale qui en descend. Le nom est

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*> par Onomatopée du gargouillis, et» bruit que l'eaüe fait courant par telles

» gargouilles ».Marot a pris ce mot pour grosses bou-

teilles desquelles le vin s'écoule avec abon-dance, à la manière de l'eau qui tombedes gargouilles "et avec un bruit pareil-:

SemblableiBcnt le gentil Dieu ftacchusM'yamena,accompagne d'andonilles

De gros jambons, de verres, de gargouilles.

GAZOUILLEMENT GAZOUILLER. Ces

mots sont tirés du chant des oiseaux, dontils expriment assez bien l'harmonieux ba-billage, qui est le susurras le garritus^lelene murtnur des Latins. Mais employésjusqu'à satiété par nos Poètes pastoraux,et cousus depuis deux siècles, aux plusmisérables bouts-rimes de la Langue, ilsont perdu toute leur grace et toute leurfraîcheur et sont tombés dans la classedes lieux communs les plus fastidieux. Ily a certaines de ces expressions et de cestournuresqui inventées d'abord par uneriche imagination et prostituées depuisà tous les usages sont devenues aussifadps et aussi importantes qu'elles étaient

autrefois vives et ingénieuses (i). Avan-

çousuneidée vraie qui n'a que l'apparenced'un paradoxe. Un méchantécrivain porteplus de dommage à la Langue dans la-quelle il écrit que le plus beau génie nelui fait d'honneur. C'est la harpie quisouille tout ce qu'elle touche, et dans sesmains tout se fane et se décolore.

GEAI. En grec haralaxa, en Latin ancien

(i)Tjne figure nouvelle est pleine *1<î charme, parcequ'elle donne à l'idée un point de vue nouveau. Unefigure rebattue, devenue lieu commun, n'est. plus quele froid équivalent dn sens propre. On doit donc éviterde prodiguer les figures dans une Langue usée. Elles

ne présentent plus qu'un faste insipide' de paroles etde tours. Le style purement descriptifsera dès-htrs pré-

féruhle au style figuré, parce que le sens figuré avaitfait oublier quelque temps le sens propre, et que celui-ci parait nouveau. L'aurore aux doigts de roses, quiouvre les barrières du matin, et dont les pleurs roulent

en perles humides sur toutes les fleurs offre sans doute

une image heureuse et brillante mais on produirabeaucoup plus d'effet aujourd'hui en peignant le soleilà son lever, rougissant d'une lueur encore incertaine le

sommet des hautes montagnes, les vapeurs de la plainequi se dissipent les contours de l'horizon qui se dp«>-

Sirfent sur le ciel éclairci, et les fleurs qui se penchent

sous le poids de la rosée.

garrulus, et de là garrire en latin bar-bare gaius, en espagnol gayo, cayo, encatalan gaitg, gralla, en italien ghian-daja,. en allemand jack, en polonaissoika, en suédois not-skrika en anglaisjay, ia, ia, en, français dans differenslieux et dans différens temps jay, ga-y,jwyon, gayon, jaques, jaquot, jacutagirard, richard, gautereau.

« Leur cri ordinaireest très-désagréable,

» dit M. de Buffon, et ils le font enlen-> dre souvent. Ils ont aussi de la'dispo-

» sition à contrefaire celui de plusieurs

» oiseaux qui ne chantent pas mieux, tels

» que la cresserelle etJe chat-huant. S'ils

» aperçoivent dans le bois un renard ou» quelqu'autre animal de rapine, ils jet-» tent un certain cri très*perçant comme» pour s'appeler les uns les autres;et on» les voit en peu de temps rassemblés en» force, et se croyant en état d'eu impo-» ser par le nombre, ou du moins par» le bruit. Cet instinct qu'ont, les geais» de se rappeler, de se réunir à la voix

» de l'un d'eux, et leur violente antipa*

» thiecontrela chouette, offrentplusd'un» moyen pour les attirer dans les pièges,

» et il ne se passe guères de pipée sans» qu'on en prenne plusieurs car étantplus pétulans que la pie il s'en faut» bien qu'ils soient aussi défians et aussi

» rusés. Ils n'ont pas non plus le cri na-» turel si varie, quoiqu'ils paraissent n'a-

» voir pas moins de flexibilité dans le« gosier, ni moins de disposition à imi-*~» ter tous les sons, tous les bruits, tous

les cris d'animaux qu'ils entendent ha-» bituellement, et même la parole hu-» maine. Le mot richard est celui dit-on,»qu'ils articulent le plus facilement s>.

Ce mot se retrouve parmi les nom-breuses Onomatopées dont le cri du geaifournit la racine et de la variété des-quelles l'instinct imitatif de cet animal

nous donne le motif.GLAPIR,GLAPISSEMENT.Motsforrnésd'un

bruit aigu perçant comme les aigreséclats de- la voix d'un animal qui n'est

pas adulte, ou le fausset d'une voix dis-cordante et d'un mauvais instrument. Eugrec klaggé, et de là clangor.

Glatir et Glatissement, ont signifié lamême chose. En Picardie, glaysedit pourun grand bruit ou- pour un grand con^.cours de voix.

'Glas ou Glais, c'est le tintement glapis-sant d'une cloche qu'on sonne pour unEcclésiastique qui vient de mourir.

•GLISSER.Du bruit d'un corps qui parcourtrapidement la surface d'un corps glissant.

GLACE, est un mot formé du même son na-turel, parce que la glace offre une sur-face unie, lisse et glissante. En bretonclezr, la glace, et clezra, glacer, dontglisser peut bien être fait.

• GLOUGLOTTER. On a inventé ce motpour exprimer le chant du coq d'Inde,et cette innovation paraît d'autant plusnaturelle que les Langues anciennes ne

• pouvaient fournir'de terme qui présentâtla même idée. Je ne vois pas cependant

•qu'il ait été mis en usage par aucun Eéri-

vain considéré.GLOUGLOU. Mot factice qui se tolère aisé-• 'nient dans une chanson bachique, et qui

imite à merveille '-le' bmit'd'une liqueurqui s'écoule par un canal étroit.

Madame Deshoulières a dit en parlant-du vin :'• ''•

J '01·(f'C'est un secours contre plus d'un tourment,Il n'en est point quinécède: aisément

Au doux glouglou tjue'faitTiaebouteille. -u

On se rappelle le couplet dë'SganareHiedans le Médecin malgré lui

r1Qu'ils sont doux,Bouteille jolie rjQu'ils sont douxVos petirs glouglous.

iffàis mon sort ferait bien (les jalon»,Si vous étiez toujours reniplle 1

•' ./> Al^ ijouteîUè majnië,Pour^tioï.voiiS videî-vous ?

•_'H/. '' l

Bilbit amphora,^dit Dumarsais c'estla petite bouteille qui fait glouglou.^

GLOUTON,GLOUTONNERIE. Un signe

presque certain que tel mot est tiré d'unson naturel, e'est ,sa, reproduction dans

• un grand, nombre deLangues. Ainsi ,glou-ton qui s est dit glous en vieux françaiss^estdit glwthçn celtique glout et gloiet

en. breton, gluto dans la basse latinité,ghiqttone'

en, italien et. gluitonous,, enanglais.

»1;J..

• Ces Onopoatopé^ssont formées d'aprèsle bruit que font les alimens,;ay)denlentengloutis par un homme affamé et de là

Engloutir qui est d'une acception plusnoble et plus étendue.

CORET. Cest un nom du cochon fait de

son grognement. G/io~e/, se dit ~r~c/!en Langue flamande.

Le cochons'est d'ailleurs appelé eh grectAo:rtM, en georgien ~orrt, en latin ~or-~e~M~, en italien verra. Sur ce dernier motet sur notre mot rey~, on se rappelleraque l'initiale s'est souvent confondueavec le v dans les Langues et que cettedifférence ne peut constater deux espèces

,d'étymologie. ·

En vieux français, la truie se uomtpait~wr<c/-e.

L'auteur du Mondeprimitif prétendquedu cri du cochon animal natureUementbruyant, les Celtes avaient fait ~i~y<,qui se,prenait pour clamare. Je ne saiscomment il a pu tomber dans cette er-reur, à moins qu'il n'y ait été induit parune faute d'impression ou une mauvaiseécriture, et qu'il n'ait cru lire ~«'~ dansle mot garmi ou .~t:/WM, dont c'est en effetle sens, et dont garrire paraît dériver. Les

~OMVMou gawrics étaient dans la religiondes Celtes des esprits foUets, des espècesde Z)M~M qui dansaient autour des monu-mens. Ce mot est formé degawr, géant,

l" 4 l'

et du diminutif/c(<). Cela est fort étran-ger à ridée que nous attachons au motgwc~.

Le terme celtique qui signifie cochon,est une Onomatopée prise de s.on grogne-ment, oc'A, ou bien OMC'A, en observant

que le c'la est aspiré, et se prononce d unemanière gutturale. Et de là eoc'A, .<<<?/

eH~, dont le mot français cochon est in-contestablement tiré. j,

GOULOT.Dug~oMg7oMde la bouteille c'est-à-dire, du bruit que fait [e vin en tra-versant son goulot, on a fait ce derniermot qui est fort peu en usage.Regnier a dit goulet dans sa plaisante

descriptiondes meubles d'une courtisane

Du bhnc,un peu de rouge, un chiffon de rabat,

tjn batet, pour hmsteT en attant au sabat,

(t) C'est l'opinion de M, de Roujoux. Dom Lepet~letier écrit corie qui signiËe petit nain. Qn pourraittpenser

q~e gawrie est fait de ~MW~* dans son sens ]ep)ns ordinaire, c/i-fe, ~~cr/e~T', et désigne très-bien

alors les intelligences secondaires les génies et les fées,Gsiv/YC, petite puissance, ou bien il est tire de ~mron gwr qui s'est dit pour, honune, et sigtMeiator!)

avec ie dimmutifnn petit honune, un nain, cornue Ot~Mprcsentait tes êtres surnaturels dont il s'agit.

Une vieille lanterne, un tabouret de palUeQui s'étuit sur trois pieds sauvé de la bataille,Un barri) défonce,deux bouteilles sur euQui disoyent sans goulet nous avons trop vescu.

Labouteittes'appelle enhébreu&ac&MC,

qui est une autre Onomatopée du bruitqu'elle fait quand on la vide. C'est de là

que la prétresse de la dive bouteille a prisson nom dans Rabelais.

GOUTTE. Ce mot est formé du son nature!,du bruit que produit un liquide quitombe goutte à goutte.

L'enu qui tombe ~M~/c à gouttePerce ]e plus dur rocher.

GRAIÏ.LEMENT, GRAILLER. Graillement

se dit duson d'un cor use, rompu en-roué, dont on se sert pour rappeler teschiens. C'est une nuance de 7Y!/eme7! ouptutôt, c'est râlement dont on a mouillét7, et qu'on a précédé dun son gutturalet e/«x/Y~, pour exprimer l'aigreur de l'ai-

rainfêlé.GRATTER. Du bruit des griffes ou des on-

gles contre les corps dont ils attaquentla superficie. ~7'a~KC/' en est le dimi-nutif.

GRÊLE, GRÊLER. Un bruit sec, un peuaigre,un peu retentissant qui accompagnela chute de la gw/e, a déterminé sonnom. Il faudrait pour en douter n'avoirjamais entendu la grêle frapper le verreen glissant, ou rouler sur l'ardoise qui ré-sonne, en la faisant rebondir.Eu latin, c'est ~7YHK!'o, ~7'<!H~M<* en ita-

lien, granizo en espagnol, grizill en cel-tique, où de la racine ~/7// se forment,en général les noms des choses bruyantes.

CMstL, qui se dit dune petite ~ve/c, fortmenueet fort dure est immédiatementtiré de ce dernier mot.

GRELOT. Petite boule creuse en métal oùl'on enferme quelques corps durs et qui

fait l'office de sonnette quand on lagite.C'~st le crofa?Mn: des Latins mais ce

c'en est point une contraction commeen la dit. Grelot est un mot factice de'la même construction et de la jneme ra-

eine que le Dy~t du Ma~e !Ma~HM<e.GRELOTTER, qui est Faction de heTjrter les

`dents quand on éprouve un grand froid

en a été trivialement forméparce quece choc imite celui des petits corps quecontient le grelot.

GRENOUILLE. Du râlement désagréable etprolonge de cet ovipare les Latins ont

fait rana, 7'<t~M/a, et même rananculus,qui est employé par Ciceron. Ces motssont devenus le type de la plupart de sesnoms modernes, et entr'autres de celui

que nous avons adopté, quoiqu'il en pa-raisse d'abordplus éteignequ'aucunautre.Le ~N~a'coï des Grecs a eu moins de dé-rives.'

Il ne faut pas omettre que dans quel-

ques unes de nos provinces les mots /'a/!<°,raine et rainette se prennent populaire-jnent pour grenouille. Or, si l'on pouvaitdouter que rana fût formé par le procédéimitatif, j'ajouterais une remarque quime paraît démonstrative c'est que dans

ces mêmes provinces où rainette signiRe~y'cnoa't~, ce mot a un homonyme aussiétranger que lui à notre Langue, et qui

se dit de l'instrument qu'on appelle plusMgutièrefhent cr~Me~e. Entre l'une et

l'autre. die ces expressions, et les bruitsdont elles sont tiréesla conformité ,estsi frappanteque je ne crois pas qu'il yait. une identité dëtymologie plus claire

et plus ~authentique.

GRESILLEMENT,GRESILLER. On entendpar ~N~e/KM~ le pétillement d'un restede parLies grasses, qui se trouvent dansla peau, le vélin, le parchemin que l'on

brûle, et le froncement, le racornissementun peu bruyans qui l'accompagnent. Cesmots me paraissent trop bas pour devoirêtre employés sans nécessité.

GRIFFE. De griffe, qui est pris de l'érail-lement d'un corps plus ou moins. solide,et particulièrement d'une étoffe sous lesongles pointus et recourbés d'un animal,on a compose,

ÂGHtFpER, saisir quelque chose avec lesg~a~

GiUFFER, déchirer d'un coup de griffe,GMFFADE, blessure que les oiseaux onglet~&Mit avec'leurs serres, i

GnjMoN oiseau .de proie fabuleux,GnjEFOBNm écrire mal, dessiner grossiè-

rement, rGttirFONKA&z, écriture Incorrecteet illisible,

GmFMNNBMENT~ terme quin'estpoint fran-çais,mais qui est d'usage parmi les Ar-f tistes pour signiËer -une ~esquisse à la

plume, oumêmeun genre degravuremis en réputation par Rembrandt et Ro-

main Dchooge et dont les traits confuset bizarres, mais chauds et hardis, ontl'air d'être formés à coups de griffes,

CRIFFE, outil de serrurier ou de tourneurqui a la forme d'une ~P) ou plutôt quien a l'usage.Cette Onomatopée est commune à beau-coup de Langues. On lit ce portrait deCerbère au sixième chaut de l'Enfer duDante

Crr&cro fiera, cra~c/c c diversa,Con tre gole <*<ï~<e7z/c latra6<~tva la ~if~c cA<* quivi c ~o/~wcr~a.Gli occhi a vet·mirll, e la barba unta, e atraC&occ/~<x Tcr~ j p ~&~ ~Mf~, ? ~frc~7 Tc~rc ~7~0 6 ~n~/a~ &* yna/tc.CritHn gli .y:~< j gli ~eK<y'<t, <~ M;j'K<Mr<

GRIGNOTER. Ce mot se dit bassement del'action de ronger lentement et avec quel-que effort un aliment dur. De là,

GlUGtfON, morceau de pain sec et très-cuit,qui crie sous la dent.

ïl est rare de voir employer grignoterà ptopos de mets doux et pulpeux, commedans cet exemple qui est tiré de M. de.P-uny

Une source dans ton vergêrJ.n))it avec un doux murmure

EtstMtcaubienfaisantcetpurcTe désialtère sans danger.La faim te presse et te fatigue?De ton figuier mange le fruit,Etne~apasdwanttaBuitDu voisin gT'f~o~r la figue.

Cet exemple pourrai t prouver aussi quele talent a le privilége de tout ennoblirmais je ne,crois pas que personne se ha-sarde à en renouveler l'essai sur cette ex-pression, assez justement dëdaiguëe.

GRUGER, qui se prend dans le même sens,.en est un augmentatif.

GRILLON. Du petit tintement argentin quicaractérise cet insecte et que les Ento-mologistes croientprovenirde deux mem~branes, tendues en forme de tymbaiesqu'il frappe vivement et presque sansrelâche.

Le grillon s'est nommé~<7/o~ en grec,grillus en latin, en espagnol et en italien~M'o, en allemand grille, et en anglaiscy'<

Les Méthodistes françaisont transportece dernier nom imitatif à une autre

es-pèce de coléoptères qui a beaucoup derapports avec la sauterelle, mais qui ne

se fait remarquerpar aucun bruit natu-

rel que cette Onomatopéepuisse désigner.GRINCEMENT, GRINCER. Du frottement

convulsif et bruyant des dents qui se faitentendre dans la douleur, la colère, )a

rage et le désespoir.Les Allemands ont greinen, et les Ita-

liens <&g7Y~7M7/'<

Le trismos des Grecs, qui a tant d'ana-logie avec notre mot cr~e/MMt~, est unebelle Onomatopée. Ils disaient aussi gr«-~e/H, pour, pousser des cris de douleur,

descris accompagnes de brincemens.Dans la belle description du Jugement

dernier, qui se lit dans une des tragédiesde Schiller, tes réprouves sont peiutsgrin-<7cn< leurs dents et les faisant bruirecomme des dents de fer.

L'Evangile désigne en ces mots l'enferet les tourmens des damnés. Ibi cr<&?~.fc<<w~ey:&M/ Ija seront les pleurs ettes ~7MCf/Me/M de dents.

GRIVE. M. de Buffon en peignant le plu-

mage de cet oiseau, dit que ce mot gr~f'?/e qu'on emploie ordinairement pour

donner une idée de la variété df sesHuanees est visiblement forme du mot

~we, qui l'est lui- même du cri de laplupart des oiseaux de ce genre.

Ménage aperçoit 1 Onomatopée dans lemot B'e et cependant il aime mieux lafaire venir de sou dérivé grivelé. L'opi-nion de M. de Buffon n'en est pas moinsincontestable.

GROGNEMENT, GROGNER, GROGNEUR.Ces expressions sont faites du cri du pour*ceau et ont des équivalons de même con-struction dans la plupart des idiomes

connus.En grec ~H~e, grullismos; et le porc,

~M//o~; en latin ,t,'7'!<KM<~f, grunnire.GBO&NARD, Gno&KOtr, ne se disent point,

quoique usités familièrement par des Ecri-vains recommandables. Jean JacquesRousseau en racontant une espiegler iequ il fit dans son enfance à une nomméemadame Clôt, ajoute que ce souvenir lefait encore rire, parce que cette voisine

tbonne femme au demeurant était bienla vieille la plus grognon qu'il eût connuede sa yic.

GROMMELER. Ce mot a rapport a l'actionde gronder sourdementet entre les dents.Il est fait d'un certain grognement deschiens hargneux.

'Grumeler, s'est pris dans le même sens-en vieux langage, comme dans ces versde la farce de Gringore

Je me dis mère sainte égliseJe veux bien qu'un chacun le noteJe mauldis, anatbématise

Mais sous l'habit pour madevise

Porte t'habit de mère sote,Bien scay qu'on dit que je radote,Et que suis folle en ma vieillesseMais ~'Mme~ TucU à ma porteMon fils le prince en telle sorteQu'il diminue sa foiblesse.

GRONDEMENT, GRONDER, GRONDE-RIE, GRONDEUR. La racine de ces mots

est prise dans un murmure plus noble

que celle des précédens et on tes admetdans un style plus élevé.

Le substantif gronderie ayant été créépour un usage figuré j'ai cru pouvoirhasarder grondement qui me paraît in-dispensable pour représenter le bruit dela fondre, et celui d'une mer lointaine.

GROIN. Du cri ordinaire du porc.Voltaireregrette qu'on aitperdu le vieux

verbe gTOK<y!e/ qui exprimait le mêmebruit.

GRUAU. Du bruit d'un grain que le moulinrompt et concasse.

GRUE. Cet oiseau dont le nom est forméd'après son cri, est le a7!e/'<M<M des Grecs

et le g7:M des Latins. Les Italiens l'ap-pellent ~rM et jg?'M< les Espagnols grullaet gruz, les Allemands krane et kranich,les Anglais crane, les Anglo-Saxons e/'cneou e/'oene, les Suisses krie les Suédoistrana, les Danois trane, les Illyriens ger-~Œ&; en Gallois, c'est garan, et en Cel-tique, gru. Bochartpense que c'est l'agurde Jérémie; et la ressemblance de ce nomavec presque tous les noms de la grue,semble confirmer cette idée quoiqu'ilsoit exprimé autrement dans la Vulgate.

L'excellent traducteur Legros a partagél'opinion de Bochart.<La cieogne dt't-

t<il, connaît dans le ciel quand son temps

» est venu. La tourterelle, l'hirondelle et-ala grue savent discerner la, saison de

N leur passage, mais mon peuple n'a pointH connu le temps du jugement du Sei-

M gneur ».Une observationpleined'intérêt, et qui

prouve que les articulations de la voix dela grue OMttoujourspassé pour avoir quel-

ques rapports avec celle de la voix hu-maine, c'est que lesCommentateurs pen-sent que si certains Poètes ont appelé cetoiseau l'oiseau de Palamède, cela vient de

ce qu'outre l'ordre de bataille et le motdu guet, Palamède en avait appris quatrelettres grecques.GRULLER. M. Court de Gëbelin prendcette mauvaise expression dans deux senssous lesquels il la trouve également imi-tative. Dans le premier, elle signifie trem-~y' de ~o/< dans le second e~a~~yun arbre pour en faire tomber les fruits.Il est vrai que le peuple l'emploie ainsi

mais elle n'était pas digne d'être ~/y'<MCMee.

Sous le premier de ces rapports elle n'estque l'augmentatif ou la contraction duverbe grelotter; sous le second, elle n'est

que le verbe crouler, corrompu.Crolement ou Cre'7M' se dit aussi

trèstbassementd'un tremblement spasmo-dique de la tête, qui a lieu chez les vieil-lards et chez ceux qui sont sujets aux af-fections nerveuses. Ce terme me semblefait du même verbe gruller sous sa secondeacception parce que ce tremblement res-semble à celui d'un arbte agité dont latige vibre long-temps. 8.

GUÊPE. Du latin ~e.y~, écrit, selon sespremières racines avec la voyelle ou ini-

tiale, remplacée successivement, commecela se remarque dans les Langues, parla dento-labiale v, et la gutturale g, sisujettes à se confondre. Le son typiqueétait lOnomatopëe du vol bruyant de la~M~e.GUIORER. Terme inusité qui est fait ducri naturel de la souris.

Davies rapporte gwichio, strepere. Selonquelques Savans, ~t~c&e s'est dit en Lan-gue celtique pour, se plaindre à la ma-

nière des petits oiseaux. G~t~oM/M c'estfaire un petit bruit comme une porte quiroule sur des gonds rouillés. Ces bruitsont rapportà celui que ce mot représente,et sont exprimés d'une manière assezsemblable.

H

HACHE. On a cherché fort loin l'étymolo-gie de ce mot. Elle est dans le son natu-rel, dans l'aspiration forte et profondedans l'ahan pénible qui marque les effortsd'un bûcheron.

L'initiale /t, si nulle dans la plupart

des mots, est singulièrement caractéris-tique lorsqu'elle est aspirée, et les Ono-matopées qui expriment les divers acci-dens de la respiration de l'homme luisont, presque toutes, redevables de leurénergie.HAEIALIS. De hahé, cri de chasse donton se sert pour arrêter les chiens qui pren-nent le change ou qui s'emportent trop,

>

ou bien de l'éclat tumultueux de la voix,des. chasseurs et des retentissemens derëcho,,on a composé cette expression,d'ailleurs peu connue ej, restreinte dansson usage à l'acception pour laquelle elle

a été inventée..)

HALETER. Je ne m'attacherai point à dé-montrer que le mot haleine et certainsautres qui en dépendent, sont faits parOnomatopée de l'émission de l'air dansl'acte de la respiration. Cela me paraîtbien établi, et je n'aurais point rejeté cesexpressions, s'il n'avait pas été de monprojet de réunir seulement celles qui con-servent un caractère d'imitation évident,sans m'occuper de celles qui l'ont perdu,et dans lesquelles le son radical se cacheparmi des sons étrangers.

Le mot qui fait le sujet de cet article

est sensiblemnt formé du bruit d'une res-piration pressée, entre-eoupëe et violente.L'<M/:e&t/'e, et mieux encore le diminutif

a/tAeA'e des Latins, ont le même type.JIAPPER. Saisir quelque chose avidement,et avec une forte aspiration qui marquel'impatience ou le desir.

tIl yde certaines terres et de certains

métaux qui 7:appe?!< la langue des qu'onl'applique sur leur surface, et, par exerri-ple, l'argille et toutes les agrégations alu-mineuse&. Cet effet est produit par uneabsorption rapide de la salive qui' met encontact plus parfait la peau de la langue

'et la terre qu'elle essaye. Ce mot semblespécialement fait pour représenter la sen-sation tenace et subite dont je parle, quoi-que la rapidité monosyllabique de sa ra-cine le rende d'ailleurs très pittoresquetians grand nombre d'occasions.

HARPE. Je conjecture que ce mot est fait

par Onomatopée du son des cordes de la/~<Hye, rassemblées en grand nombre sotM

les doigts et ébranlées simultanément.Quoi qu'il en soit, le nom de la /:a~~

a très-peu varié dans les Langues modcr-

nes.LesAngIo-Saxons l'ont appelée Aea/ya,.les Allemands /t~p et /M/ les Anglais

arp, et les Italiens a/y<HARptR, est un vieux terme encore em-ployé par Molière et par Sarrazin, pour,

prendre, saisir, dérober. Il semble quele peuple,dont toutes les expressions pré-sentent d'ordinaire des images vives et sin-gulières, s'est emparé de cette racine pour

l'appliquer aux actions qui exigent ungrand développement de la main, commedans les exemples auxquels je renvoie.L'a/pa~c des Grecs dont le rapax des La-tins est le parfait équivalent, à une petitetransposition près, et tous les mots quien dérivent, n'ont pas dû être autrementconstruits, quelque soit l'instrument oul'objet qui en a fourni le son radical.

On disait harpaille en vieux langage,d'une troupe de brigands et de marau-deurs, comme dans ces vers tirés des.~<7~ de Charles VII.

Utee<[ues et à saincte Ermine

Appartenant à feu TremouilleAvoit grande /iay~a:7& et vermine “Ne n'y demeuroit coq ne poule.

On a vu à ce sujet, dans la préface decet ouvrage, ce qne j'ai dit de la lettre A,considérée comme signe figuré d'une ra-pacité avidf; et impatiente (t). Ces appli-

(l) I! y' en a beaucoup d'exemples dans le latin.j~o~~ pillage, dilapidation.~f~s un croc. ·~ZJ?M~~ harponner.

t~ï7?M~ un tarnccon.~~TyM! un vautouret puis, la harpe, riastrument

de musique dont les cordes sont saisies avec toute la'main. x

~j~?a~, un hérisson un grappin un avare.

R~~c~r~ j prendre de force.~?<MfMM~y un ballon qu'on cherchai~à S'arracher

en jouant, et dont il est question dans Martial.,Harpax, l'ambre qui attire la paille.~7~ej uu oiseau de proie.jH<cpM, la harpie aux mains crochues."~sM/trc, avaler, engloutir.~a~ff~js instrument à puiser de l'eau.Helluo un glouton.Helluari, absorber, avaler, dévorer.Helveus, qui a la bouche ouverte et prête à saisir

sa proie..N<?M la fortune qu'il faut saisir au passage.Heres le hérisson, l'animal Mrisse de pointes qui

saisissent et déchirent. 1

cations particulières sont à, l'appui demon opinion.

~fj ouvrir la bouche.Hiera, l'épilepsie, mal qui envahit, qui saisit, qui

absorbe.~o~~ les cancres les écrevisses aux pattes arméet

de crochets.R;m~o la sangsue. ~VoM missura e«tem Kt'H~&no

Cr~07M.

~M~cMj j avide, intéresse.~~war~~ enterrer, cacher sous la terre.~KmM.fj la terre dévorante, qui consume tous les

corps privés de vie.~y~a"f~ la g'n, matièrequi happe, qui attache, etc.H serait sans doute ridicule d'avancer que la construc"

tion de ces mots compUques n'a eu d'autre base quel'initiale. Rien n'est plus facile que de remonter à leursracines naturelles., desquelles disparaitraft cette lettre,qu'on peut regarder comme très-moderne relativement

aux temps et au langage primitifs. Mais il serait plusabsurde de dire qu'elle a été attachée à ces expressions

sans motif, et je pose en principe que le motif qui ena déterminé l'emploi, c'est son caractère, son esprit,l'Idée d'avidité qu'elle réveille toutes les fc~s qu'on l'as-pire. Les caprices de la prononciation et de l'écritureont pu la transporter dans d'antres mots auxquels ellen'a point donné ce sens mais ces mots seront en très-petite quantité, les exceptions me prouvent pas plusici qH'aiUears.

/!<?M/ Rapt, sont faits de harper parmëtathèse.

HENNIR, HENNISSEMENT. Mots formésdu cri des chevaux et qu'on ne peut pro-noncer sans se rappeler ces beaux'versdeM.DetiDe:

Pins loin, fier de sa race, et sur de sa béante,S'il entend ou le cor, ou le cri des cavales,

De son sérail nombreux Ac/tnMyc/itM rivales,p

Du rempart épineux qui borde le vallon

Indocile, inquiet, le fougueux éta]onS'échappe; et libre enfin, bondissant et superbe,Tantôt d'un pied léger à peine effleure rherbe

Tantôt demandeaux vents les objets de ses feux

Tantôt vers la fraicheur d'un bain voMptueuxFier, relevant ses crins que le zéphir déploie

Vole, et frémit d'orgueil de jeunesse et de joie..1/

Les Latins avaient cette Onomatopée.On lit dans Virgile au troisième livre desGéorgiques

?a/<f y~e jubam c~<'K'< ~yM<t'< ~HM<~ ·

Conjugis ~~f'M ~?'7ZMJ <$afMf'nM~~ et n/f~T~

~~&07Z hinnitu fugiens implevit acuto.

Tel, Saturne surpris dans un tendre tarcin:

En superbe coursier se transforma soudain,Et secouant dans l'aif sa crinière bottante,.

De ses ~efM<MemMf effraya son amante.

C'est le c'At~a des Bretons. Daviesécrit cA«{yy7!H. Il traduit le mot ~Aif~cqui y a rapport, par str-idulus, ou M~M~~<<7en~.

L'ingëcieux auteur du roman de GH~-/<fef as tiré du même son radical le nomfactice de ~OKy~/ï/M~, pour designer unpeuple de chevaux.

HEURT, HEURTER. Du choc rude et brus-que de deux corps durs.

HISSER. Hausser une vergue, la faire mon-ter,au haut du mat, au commandemént

de /t:.M~ ~M! !< [..wCes mots sont pris du bruit de la vergue

quand.on ta relevé,et du frémissementde la'voile quand on la froisse.. L

HOQUET.Du bruit.d'unëM~chb7!subite,,epuFte.iet. convulsive.)f

)`

Les Latins ont dit ~i~M&M, les AnglaisAt'G~'et et.A:ecoM~A, les:. Flamands hick,

les Celtes hak, et hic ou rapportéspar,JLepe!letier et Da~ies.

Un Etymôlogiste cherche l'origine de.ce} mot dans Ihébreu enka, qui veutdiresanglot. Il est probable que ces différen-.tes,.expresslonssont de la même racine.

HORREUR. Horror. Ge mot est une Onoma-

topée qui représente l'impression quepro-duisent sur nous les objets épouvantable.Delà,

HoRMBLE, ce qui fait horreur,ABHORRER avoir en Ao/eMr.HUÉE, HUER. Huée se dit d'une clameur

de désapprobation qui s'élève dans les as-semblées nombreuses, et dont ce mot estforme très-imitalivement.

On employait autrefois ÂM, Me, ethuyer dans le même sens.

HULOTTE. En latin et en italien M~a, enallemand huhu, en anglais Aott~e~. ·

Ces noms de la hulotte lui viennent deson cri sinistre; Le bubo des Latins, dontnous avons fait peuimitativementle mot

hibou, procède de la même analogie.ItcruLER est un verbe que des Ecrivainsen petit nombre ont cru pouvoir tirer dugémissementdelà hulotte, pour une fouled'acceptions auxquelles le verbe hurldr

paraît moins propre. Cette Onomatopéesingulièrement précieuse n'a pas! été dë-daignée dans la Langue latine'; ët~nri*chirait la nôtre.

HUMER. Avaler quelque chose avec une as-piration forte et tout d'une baleine.~

Le vieux mot super, qui a la même va-leur, ne se dit plus qu'en quelques pro-vinces. On peut conjecturer que le motsoupe était fait de la même racine, et celad'autantplusprobablement,que, suivantMénage,~M~ey signifie A~Mcy <~M bouillon.

HUPPE, ou PUPU. Les deux noms de cetoiseau sont l'effet d'une controverse assezoiseuseparmi les Etymologistes. On se de-mande si le premier lui a été donné enraison de la huppe élégante dont sa têteest ornée, ou s'il est une simple traduc-tion un peu contractée de Ft~M~a desLatins, qui était dérivé du cri ordinairede l'animal. On est aussi embarrassé surle second, que les uns regardent commel'expression de ce cri, et les autres commeune dénomination odieuse par laquellenos aïeux désignaient la huppe, à causede la saleté qu'on lui reproche. Quant àmoi je suis portecroire que Belons'est trompé en faisant venir le nom dela huppe de cette touffe de plumes qui lacaractérise et je partage l'opinion de Mé-

nage qui regardeau contraire le mot huppedans cette dernièresigaiËcation commedérivé du nom de l'oiseau qni l'est lui-même de son cri.

Aristophane s'est amusé à imiter !a voixde la huppe dans ces mots factices epo-poé, ~O~O~O, ~epOC, /0, M, !'?, !<0)

t/O,t<0.CetteOnomotapéese retrouve chez tous

les peuples c'est l'epops des Grecs, lebubbola des Italiens, le papa des Portu-gais, le Afy~je des Flamands, le Aoop etle Aoepo/'des Anglais le des Sué-dois, etc. Nous avons ditjp~fy~Met pipu.

HURLEMENT, HURLER. Heureuses Ono-matopées du cri des loups et des chienseffrayés.

Teï thti loup furieux, de butin affa~ne

Qu'on chasse, encorejeun, d'un bercail alarmé,Hurle tes longs regrets de sa rage impuissante,Se retourne en grondant, et mord la proie absente.

Cette nuance a échappé à la Languelatine puisque les mots M~a~ et M/M-

lare sont plus propres à exprimer desbruits coulans et modulés que le roule-ment rauque et effroyable que ceux-ci re-présentent. C'est pourquoi le verhe ~M-

luler serait une innovation avantageuse ànotre Langue. Les Italiens qui usent d'M/~

lare et dWM/afC, suivant les occasions

ont bien senti le prix de cette modifica-tion, toute légère qu'elle paraisse. ~oyMle Dante, parlant de la pluie de feu quidévore les damnesdans le troisième cercle

Urlar gli fa la y'M~t'a, rome ca/K~c~'MM de' lati y~/Mo o~'H/~o ~cAcrmo.

~b~aM~' spesso i m;~t ~'r'«/Et concluons de là que nous avons tra-

duit l'Mr&tre des Italiens et non pas l'ulu-lare des Latins, qui est cependant sus-ceptible dun aussi grand nombre d'ap-plications, et qui est aumoins aussi nobleet aussi harmonieux.

Rabelais a dit ullement dans ce passagede Pantagruel f Le grand effroi et va-» carme principal provient du deuil et

ullement des diables, qui là guettans» péle inelle les paovres ames des blessez,

j* reçoipventcoups d'epëesà l'improviste,

N et pastissent solution en la continuitéde leurs substance perëe et invisible,

» puis crient et M//en~ comme diables

J

JAPPEMENT, JAPPER. Ces mots se disent

pour aboiementet aboyer, en partant despetits chiens et des renards.

Les Celtes ont dit cA~oa, japper, e~T-paden, jappement.

KKAKATOÈS. Le nom de cette belle espèce

de perroquet est formé de son cri.Klein et Seha en ont fait kakalocha,

Edwards et Albin cokcaloo, Brisson, ca-~CHa, et onl'appelle en certains endroits,cacatou.

>LLAPPER. Saisir avec la langue, boire à lamanière des renards et des chiens. On

croirait que c'est le mot happer privé dela forte aspiration qui le caractérise, etaugmentéd'une lettre linguale qui en dé-termine la nouvelle acception.

Compère te renard se mit: un jour en frais,Et retint à diner commère la cigogne

Le repas fut petit, et sans beaucoup d~apprcts.

Le galant pou" toute besogneAvait un brouet clair ( il vivait chichement).Ce brouet fut par lui servi sm' nne assiette

La cigogne au long bec n'en put attraper miette,tt le dtSte eut ~pe le tout en un moment.

Cette expression n'est pas tout-à-faitparticulière à notre Langue; le mot lap

se retrouve dans la Langue celtique, eton pourrait en faire descèndre assez na-turellement tes mots ~M et lapin.

LÉCHER. liti bruit de !à langue trainëe surla supern6ie d'un corps qu'elle suce ouqu'fUe nettoie.C'est le ~H'eAéM desGrecs le ~re

des Latins, le ~e~y: des AMemands, le/ff'co' des Italiens.

Ajouterai-je, a proposde cedernier

ternie ~ùe les Italiens en ont fai~ il ~ec-

cAMft, lé gourmand, !ë léchéur de plats;et d' /eceA/MO, a~ Jëcc~7:o, qui est de-venu r<t/?6~ de nos tnëâfrës plaisantemëpr!s& d'un érudit qui, sur la foi d'unjeu de mots d'arlequin, fait dériver sonnom'de HUùstrè fami!të de Rarlay

LORIOT. De vieux Lexicographes préten-dent que cet oiseau est ainsi nomme

parce qu'il semble articuler ce mot dansson chant. Ce qu'il y a de certain, c'est

que les Grecs, et, d'après eux, les La-tins, l'ont appelé cA/o/vo/t, dont le nom

français dû loriot dérive daubant plusincontestaMpment,qu'on a dit autrefois

lorion. Or, le mot chlorion a dû être tiréde <o/<M, M/JM, herbidus, luteus, ~&vus; et comme ces termes désignentunedes deux couleurs du loriot, on pourraitpenser avec Schrevelius que le nom decet

animal est fait ex co/o/e. C'est donc uneOnomatopée un peu douteuse.

LOUP. En grec /Mj6o~, en latin lupus, enitalien lupo, en espagnol /o&o, en alle-

mand et en anglais tfo~, en suédois M~ï~ paraît évident que ces noms ont été

construits imitativement d'après le hur-tement du ZoM~. Le nom latin du renard,et quelques-uns de ses noms modernes,ont le même type.

Il parait qu'on a écrit autrefois A~M,

comme en ces vers de Saint-Amand par-lant des anciennes épées sur lesquellesétait gravé un loup, et qui étaient recher-chées pour leur bonté

Sa vieille rapière au vieux lou

Tctrear de maint et maint Atom.

Je suis cependant porté à croire quec'est une simple licence que Saint-Amand

a pratiquée pour l'exactitudede la rime;car je ne trouve aucun exemple de cette

espèce d'ortographe qui se rapprochebeaucoup plus de la constructionna tu-rette et qui offrirait sous ce rapport unetradition assez précieuse.

M

MIAULEMENT, MIAULER. Du cri ordi-

.naire des chats, de ces éclats désagréablesde leur voix, dont Boileau se plaint danssa satire des Embarras de .Pc/M v

Qui frappe l'air, bon Dieude tes lugubres cris ?

Est-ce done pour veiller qu'on se couche i parisTEt quel fâcheux démon durant ie& nuitt entteM~Rassemble ici les chats de toutes les goutttères ?

J'ai beau sauter du lit, plein de trouble et d'effroiJpense qu'avec eux tout l'enfer est chez moi.L'un y/HaM~e en grondant comme nn tigre en furie

yL'autre roule sa voix comme un enfant qui crie.

Quoique Nicod ait écrit n!!a!M/e~ il sem<ble qu'on disait autrefois MM!0«~ et cer-tains Grammairiens regrettent cette ma-nière de prononcer qui leur paraît plusimitative. Elle l'est peut-être trop, et j'aidéjà dit que cette recherche excessived'imitation était fort ridicule.quand ellechoquait 1 harmonie et qu'elle ne se fon-

daitque surun cliquetis de sonsbizarreset forcés.

MOUE. Il est impossible de prononcer ce

mot, sans que la bouche figure ce qu'ilsignifie, c est à-dire, cette espèce de gri-mace qui est familière aux gens tristes etcolères. Le 7MO?/'en~, le M<x~M~ des Latins,le mesto des Italiens, et sur-tout le mustiodes Espagnols, doivent appartenir à cetteespèce d'Onomatopée. Il résulte d'ailleursde l'émission du souffle par les narines,quand les lèvres sont closes, comme cela

se remarque dans les gens qui font lamoue, un petit bruit que les Grecs ontappelé imitativementw:Mg7K<M, et les La-tins massatio.

MuFFu, qui est le nom de la bouche decertains animaux à lèvres alongées, .etproéminentes,

BouMR, faire la ?KOMe parmëcontentement,BounER:E habitude de mauvaise humeur,Bo~DEun, homme fâcheux, esprit contrariant

et chagrin, sont de la même famille etdu même effet d'imitation, les initialesde ces trois derniers mots se prononçantsur la même touche.

La Langue Celtique employait Mto«a,

pour, se fâcher, et bouda, pour, c~M-

choter, bourdonner. entre les dents.. Je n'aipas besoin d'insister sur ces analogies.

MUGIR, MUGISSEMENT. Bettes O&oma.tapées tirées des cris sourds et protonges

d~ quelques ammaux ou du brttit des

values émues par la tetnpéte, ou enfinda cours tumultueux d'un grand Qeuve

comme dans ce magni&que tableau deM. DeliHe:

.1Smi~k ciel fetMant de cette «rdeMe zone,

M<MttEez-noua rOrenoque et ï'innucnae Amazone,Qui, fiers cnfsms des monts, nobles rivauxdes mers,Et batgn~nt la nto&!c de ce vaste uttivers

Epuisent pour former )<? tréMrï d~'l~of onde

Les plus vastes sommets qui dominent le monde,Baignent d*oispaux bliNaifs un innombrable essaim,De masses de verdure e~rich!ssent leur sein,Tantôt se (tcptoyant avec magninccncc,Voyagent lentement et marchent fn silence,Tantôt avec fracas prectpitant trur! <!ots,De leurs mMg.tMcmefM fatiguent les échos,Et semMent if leur poids, à leur bruyant tonnerrePhito~ tomber des cienx que rouler sllr ta terre.

MU&MCR'B~MUR'MUH'ER. Cette Onoma-topée ae varie point d~ns le gr~c, dans le

ttHan, d~as-l'italiem, dans t'espagnol, etc.

Ce sont de ces mots que la nature sembleavoir enseignes à tous les peuples. .\)

Leur son peint parfaitement à l'oreillele bruit confus et doux d'un ruisseau quifoule à petits flots sur les cailloux, oudu feuillage qu'un vent léger balance, etqui cède en frem&sant. Le mouvement

vague et presqu'imperceptible des eauxet des bois, élève dans la solitude unerumeur qui interromptà peine le silence,tant elle est délicate et flatteuse, et c'estde là que les Langues ont tiré ces expres-sions si harmonieuses et si vraies; que,tous les jours répétées, elles paraissenttoujours nouvelles. r

Tout est. change, tout me rassure,Je n'entends plus qu'un bruitSemblable au doux mB~mtfreD'une onde claire, pure,Qui tombe, coule et fuit,

Dans ces vers cbarmans de Bonneville

toutes les syllabes,coulent et MM/KM~eK~.

J'ose croire que nous n'avons point àenvier dans cette circonstance la pro-nonciation des Latins, si elle était tellequeDumarsaiset beaucoup d'autresGram-

:ma!r!ens le présument. En effet, le motmurmure, prononcé à la française, estcomposede sons plus liquides, et en quel-

que sorte plus fugitifs que n'étaient ceuxde leur mourmour et du MoywM/to des

Italiens; et l'harmonieun peu emphatiqueede ces derniers mots, leur fait perdre,selon moi, beaucoup de leur grace et deleur fluidité.

MUSC. Je ne hasarde ce mot au nombredes Onomatopées que sur la foi de M.Court de Gébelin qui le croit formé dubruit que fait le nez en flairant, en aspi-

rant les parfums. Il s'appuie de deux ana-logies différentes, l'une tirée du Celtiqueou d'une Langue analogue dans laquelleil prétend que mussa signifie y7<H.r~, et

MM~e, odeur; l'autre tirée de l'Ethiopienoù ce dernier mot se dit mez; mais cetteopinion peut paraître un peu hasardée.Il est du moins certain que les Grecsqui ont appelé le musc, moschos, ont ditt

MMJBO dans le même sens que les LatinsMKMO, clausis labris ~OTtHM è K<M~~M<Mc ils ont appelé yMMro/t certainescdëurs etl'odeur en général, ~tM/'o<<MM~o~ c'est la aarine. Le nom du rat,

qui est te ~M~ des Grecs et des Latins

et à qui fodeur du H!M.fc est assez çoni-munëment propre pourrait procéder

aussi de la même analogie.Les mot$ o,<~e<M' et ~~CT' ~e rendent,

d'ailleurs, en Ce]jt;qae pardesexpreMippsqui présentent rQ~op~atopëe ~re~-ju~te

du bruit que fait {'aspiration desparfumse'~OMf~ et c /:o!<&t~<

('.Q.OIE. « Le cri naturel de l'oie, dit M. de

» Buffon est une ~oix très bruyante.» C'e~tunson detro~pette qudec!airon,

xcZay~or, qu'elle fait entendre très-fre-Kquemment et de très-loin; mais el!eaBde plus d'autres accent bre& qu e!ie ré-Bpète souvent et lorsqu'on l'attaque ou

Kl'effraie le cou

tendu, le bec béant,Nelle rend ttn sifflement que l'on peut

comparer à celui de la eouteuyre. Lé~"N Lapins ont cherche à exprimer ce sonxpar des mots imi tatjf~, ~~t<, ~<!&&tf,

M ~<<~C<.'<

» Soit craintesoit viguance, i Me ré-

» pète à tout moment sesgrands, cris

o d'avertissement o.u de rëe.la~e;souYfntt~o.~p latroupe répond par une accla-

Jttpation générale, et de tous les habitans

nde la basse-cour, aucu~ n'est aussi vo-c~fëra~t, n~ plus bruyant t.C'est ce cri naturel de l'oie qui est de-

venu son nom dans notre Langue et dansquetques autres. Je crois ydu moins, qu'onpeut regarder çontme des Onomatopées

~e c~e/t de% Gr~cs dont H~semMent avoirfai): c~qMSi~ hio, <~eA~ç~, parce que le~onûe~ent r~u~e d'un hoinme qui dort

~tt<;h;eo~~pte est aase% pareil au bruitqu~f~ l'o~e ~tt~e~iB de certains~ea~ M~t de~ Arabes, te ~<f~td<~Ce~, te.~o<~ desSt~d~s., le g~MMde§ Etanoi~, et l'<<<~ dea.N~gres de Ja

t!Rte d'Or; t~~is rieo n'est d'un eNet d imi-t~t~n plus ~rai q.u~))~ de ces noms qui~St pMtM~'1'M ~e~c~~s, et par le-

<;u~ th.çn~ ~Quiu~e~p~~er te cri brefet ~ëqu,eBt~d<Mi~~[, de; Bufton parle àpropos d~~et.~n~t,I]s,l'o~ta,ppe!etla-~e~~ et,cett~deno~inatAonfactice a été

t:o~)aer~ée; p~r. ~er~andez.L'n,4!es'apQeUe,up:y~<!t.cB mot

pro~H!t; UB& expFessioB. for,t us~ëe. Pe

y<!7~ et du Celtique comps, langage, enconstruction gomps ou gon, l'on a faitjargon, ya7'gof:ytey, parler comme des oies.

On disait oüe en vieux français, commeJe prouvent ces vers de la farce de Patelin

Voua l'en avez pris par la moue

U doit ~tnir manger de t'OMe.Il me semble donc que M. Decaseneuve

a'mal rencontré quand il a fait de ce motun augmentatifd'OMMM, et qu'il est d'ail-

teurs difnnite de remonter à son étymo-Jogie autrement que par l'Onomatopée.

OISEAU. La construction de ce mot est ex-trêmement imitative; il est composé descinq voyeUes liées par une lettredouce-ment sifflante,et il résutte de cette com-binaison une espèce de gazouillementtrès-

propre à donner 'une idée de celui desoiseaux. Il est à remarquer comme unesingularité très-rare dans nott'e~Langué

que ce mot ~a~OM<7/erest forme, commele mot oM<?a~, des mêmes sons vocaux,

Jliés par la même consonne: Yt n'en estdistingué que 'par îbn i.atohatlonqui estprise dans une tettre gutturale, par con-

séquent très-bien appropriéeà l'i&ee qu'ilexprime.

OUATE. C'est la première soie que l'on re-cueille sur le cocon du verà soie, ou unduvet léger que fournitune espèce d'a/MM.

On s'en sert pour' doubler des vêtementd hiver et le bruit moëlleux que produi-

sent ces vêtemens quand on les froisse,

a pu donner l'idée de cette dénomination,qui serait assez imitative mais c'est uneetymologie douteuse que je n'allégueraispoint, si les Lexicographesen reconnais-saientune autre,pour peu vraisemblablequ'elle fut. P.

I!1PÂMER, PÂMQÏSON. Du ~<M<na des Grecs,

qui lui-même est construit imitativementd'après le bruit propre à la figuration

particulière de la bouche d'une personne< qui se ~c/Me.PEPIER. C'est du cri naturel des moineaux,ou plutôt de tous les jeunes oiseaux, que

ce cri a été formé. On a dit autrefoispipier, qui n'est plus d'usage..

Piauler, ~M~r, sont dans le même

cas, quoiqu'également imitatifs.PmM.EK PtAn.muB, PtAJH.EBR dérivent

du même son naturel on les a faits pourexprimer une criaillerie fatigante et per-pétuelle, comble les cris des petits oi-

fléaux. Les Latins employaient ~yM~M/M

pour injure,.huee et rumeur publique,par la même analogie.PBpjE, est 1& nom d'une maladie dont une

grande altération est la cause ou le sym-ptôme. Ne semble-t-il p&s que ce mot soitcrée du bruit que font de petits oiseaux

tourmentés par lasoif? Le c~e~t desGfecs, dont les Latins ont fait piper, neremonterait-il pas encore à la même ra-cine par une extension peu forcée parceque c'est une substance qui altère et quidonne la pépie ?Les Grecs.appelaient~y-~<M un petit oiseau et ce qui vient sin-

gulièrement à l'appui de més conjecturespipizo se prenait indifféremment chezeux pour pipio, ~Mgo cura ~OKt~a~ ou

~)0/MM~r~eo. /'M metM signifiait &~o,et de là le~Mo< de Rabelaiset d&NOtt an-ciens Auteurs. Pino-, <n)i avait le mêmesens, est devenu le nom 6'ançaM d'unraisin.T~M~empottaitd'~iHeurs en vieuxlangage l'idée de gémissement et de plain-

tes, eomme dane ces vers deViHon

Je sens mon cœaf quit~HolHtt,Et puis je ne peux ~p~<r.

Les Espagnols ont piar, et les Italienspipire, comme les Latins. Ces derniersappelaient tes pigeonneaux pipiones, etnous en avions fait autrefois pipions.

PtPÉ)!, dit Nicod t est un mot fait et imitéde la voix des oiselets, comme aussipippe, pipper, et pippeur, et signifie

Mle stMer que l'oiseleur fait avec une

a ftieittc de fou, ou d'autre arbre, oHde

M roseau, ou avec une pippe de bois;M

.contrefaisant la voix d'k'eux oiselets.Selon ce on dit, prendre des oiseaux

f à la ~~tff, qui est quand un homme.

f cache dedans un buisson et bien en-» touré de rameaux couverts de &tuons

» ayant un chathnant ou hibou branché

M et attaché près de luy, contrefait leM pippis des oiseaux ou bien pressant les

Mailes ou les pieds d'un oiseau vif, lefait crier, car les oiseaux advoteftt à

e ce pippis, ou à ce cry, pour garantir<< leurs semblables du chathnant qM'its

Mcuident les tenir et se perchent surces rameaux et s'engluent. Pipée, parr

métaphore, se prend pour mine ou con-n tenance contrefaite D.

Piper, pipeur, qui ne se prennent plusque pour l'action de piper tes dés ontpeut-être été rejetés trop dédaigneuse-ment de la Langue leuemploi étaitt fonde

sur une allusion très-naturelle,et leur sensétait vifet frappant. Montaigne a dit avecson énergie, avec sa précision ordinaire,que la Rhétorique e~0!/ une a~ menson-

.gère ef~~rp~c il y a dans les Languesdes expressions si heureusementcaracté-ristiques, qu'une fois perdues, on nepeut plus les remplacer.

PIC. Instrument de fer courbe et pointuvers le bout, qui a un manche de bois,et dont on se sert à ouvrir la terre et àrompre le roc; Onomatopée du bruit querend la pierre sous l'instrument qui labrise.

PtQfER, c'est donc primitivement frapperavec un j~c. On dit encore qu'on piquela pierre, quand on blanchit une maisonen dépouillant la pierre de sa surface.

PtOCBE, nom d'un outil de labourage, a étéalongé d'un son plus mousse parce quela pioche creuse et ne brise point.

BAcBE, est tin mot de la même construc-tion, prononcé sur une touche moinsdure parce que la ~ecAe n'attaque pasla terre avec force, et ne sert qu'àladiviser.

En anglais le verbe ~MeAey se rend

par le verbe dig. Dans ce dernier mot,l'imitation du son est happante. On re-marque la même vérité dans la formation.du mot tuf, qui est le nom d'une terrecompacte et prête à se pétrifier qui rendsous la ptocA~ et sous la &~c/te un sonnet et sec dont ce terme est l'expressionmais comme cette étymologie n'est pasincontestable je me contente de la rap-porter ici à cause de l'analogie du sujetsPOUPE. Suivant Nicod que j'aime à cite?souvent, <t

c'est la tette ou mammelle» soit d'une femme comme la nomment

en aucunes contrées de France, soit de» bestes mordans comme la nomment tes

veneurs, disans ies ~o~M d'une ourse,et semblables, le mot vient du prétérit

» grec~epo~< tout ainsi que pot, et estdit~OM~e, parce que le faon tette et

< boit le laict par là, ou bien est fait par< Onomatopéedu son que l'enfançon fait

Mde ses lèvres en suçant à force lè laict

~delamammeUe".Si toutefois le prétérit gree 'pépoka

pouvait être rappotté à éette racine c'é-tait plu tôt comme dérivéque comme type,et il paraît que Nicod s'en est aperçu. Itaurait fait remonter le mot ~w«pc avecplus de vraisemblance au mdt/wpa/KM,qui est le popanum des Latins, et qui

est incontestablement de ta même fa-mille; Remarquez d'ailteurs que les La-

tins ont dit puppus et ~M~ya, d~'ou vien-

nent puer et ~Mf//a.PoupKE, c'est !'Image d'une petite6ite, d'un

enfant qui tette encore. Qùetqu'ëvidente

que soit l'étymologie de cé mot, on s'estavisé je ne sais où de lé dériver dePoppée, parce qu'on prétend que cettefemme fut la première qui mit lé masque

en usage pour conserver la beauté de sonteint et le préserver du hâte et des in-jures de l'air.

PouMH'f, c'est, dans le langage vutgaire etenfantin, un petit garçon à la mammeftc.

PUER. Du bruit que fait la botiche eri re-poussant, avec une forte émission dasouffle, les odeurs désagréables.

Pouah, interjection qui marque le mé-pris et le dégoût, doit en être le sonradical.

R

RACLER. Du frottement de l'ongle ou d'uninstrument aigu sur les corps qu'ils net-toient ou qu'ils déchirent.a/&o.f signi-fiait en grec un haillon un vêtement dé-chirë, une cicatrice une ride. Az~erKM,c'était le corps brisé ou raclé qui ren-dait du bruit. Aristophane appelle Euri-pide /<<MM/a~fa;<~<M, raccommodeur devieux haillons. Ragas se disait sur uneautre touche pour rupture, déchirement,et de là r~a!, pour force et violence.

,On pourrait croire que /'<Mcc'/Hy/M<~e/ehest fait par antiphrase ou contre vérité,à moins qu'on ne fasse voir que les syl-labes complétives en déterminent la nou-velle acception.

LafamUle des mots qui se rapportent àl'idée d'effraction est évidemment tiréede la racine autour de laquelle je rangeces curieuses analogies, quoiqu'elles luisoient devenues plus ou moins étran-gères dans leur extension.,

RAIRE ou RÉER. Terme de Vénerie em.prunté du cerf en amour.

«Ha, dit M. de Buffon la voix d'au-tant plus forte, plus grosse et plustremblante, qu'il est plus âge la biche

t a la voix plus faible et plus courte elle

9 ne ~< pas d'amour mais de crainte.

n Le cerf ra:'< d'une manière effroyable

n dans le temps du rut. Il est alors si

)t tf&aaportë, qu'il ne s'inquiète, ni ne» s'effr&ie de rien ».

Rut, le temps où le eerf rait.RÂLE. RÂLEMENT, RÂLER. Du son en-

voué d'une respiratton qui s'épuise, etdont les defaiera efforts annoncent unemort praobaine.

RÂLE est aussi le nom d'un oiseau queMénage ofMt désigne d'après son cri.

RAPQUE. Du bruit âpre et fatigant desvoix enjouées.

RoQUET est le nom de mépris qu'on donneà un petit chien importun et qui aboie

sans cesse. Je le crois formé du son 7'aM-

que de son jappement.REDONDANCE.C'est une dérivationfigurée

du son que rend un corps dur qui re-bondit dans sa chute.

Ainsi l'on a dit redondance d'une vi-cieuse superfluitë de paroles, qui ne faitque nuire à la netteté du discours, parce

que c'est une espèce de bondissement dela pensée, qui, après avoir frappé l'es-prit, rejaillit et retombe avec moins deforce.

Ce mot n'est point une Onomatopéepropre mais une Onomatopée abstraite

construite par analogie.RETENTIR RETENTISSEMENT. Belles

Onomatopées dont le son radical est letype d'une nombreuse famille de motsconsacrés à exprimer des idées de mêmeordre. /~M TfNTEMENT TtNTER.

Retentir et ses dérivés s'emploient engénéral en parlant des échos des mon-tagnes et des voûtes, et ne conviennentpoint quand il s'agit d'un bruit net etsans répercussion. Racine a dit

De nos cris douloureux la plaine r~f.Et ailleurs

Mes seuls gemissemens font retentir les bois.

Poileau a dit aussi

“ t)<. faitiuent de leurs cris yee~Kf~ les rivages.

La vérité d imitation est moins sensibledans ces exemples que dans beaucoup

d'autres, parce que la plaine, les bois etles rivages sont des lieux peu retentissans.

Je sais combien de telles observations sontminutieuses; mais j'ai rapporté ces versde deux de nos grands Poètes pour fairevoir de quelle importance est la justessed'expression pour l'effet poétique, et decombien de nuances la Langue la plusriche peut encore s'orner.

RINCER. Du bruit des doigts contre l'inté-rieur d'un verre que l'on rince.

Un si galant exploit réveillant tout le monde,On a porte par-tout des verres à la ronde,On les doigts des laquais dans la crasse tracésTémoignaient par écrit qu'on les avait rincés:

Les Irlandais disent T'MC.KM?, et les Bre-

tons rinca.RONFLEMENT, RONFLER. Du bruit que

fait dans la gorge et les narines d'unhomme endormi, l'air fortement aspiré.

On a employé ces mots par extension,pour exprimer le bruit grave des grostuyaux (l'un orgue ou celui des canons,<tt mgurëment, les éclats devoixprésomp-

tueux d'nn Comédien qui cherchç le~roMAa/M.

« H n'y a dit le Mascarille des Pré-

B cienses, que les Comédiens de l'hôtelde Bourgogne qui soient capables defaire valoir les choses. Les autres sontdes ignorans qui récitent comme onparle ils ne savent pas faire ronfler les

B vers, et s'arrêter au bel endroitDu 7<McAH.f des Latins, nous avions fait

froncher dans le vieux langage, et domLepelletier rapporte fronsal, mot de l'u-sage de Cornouaille qui a le même sens.

ROSSIGNOL. En latin luscinia, ou lucinia,en italien M~nMoZo, ~~7~o/~ T-M~MO/o,

en espagnol ruysenor.Le Castelvetro a pensé que le nom ita-

lien de cet oiseau était fait par Onoma-topée. Belon et Ménage rapportent desétymologies plus vraisemblables, et M. deBrosse tranche, suivant moi, la difficulté.De ~co canens, lucinia, /KM'/M'o/s, lusi-g7:MO/o, 7'R~MMO/o, rossignol; il reste àdéterminer si l'imitation du son n'est pasentrée pour quelque chose dans la con-struction de ces différens dérives et c'estce qui me parait incontestable.

'ROUCOULEMENT,ROUCOULER.Ono-matopées du chant des tourtereHes quiest aussi très-bien exprimé par le ? coodes Ang~is.

On a dit autrefois rocouler, mais rou-couler a été justement préfère.

Roucoulement est un mot harmonieuxet utile qui serait bon à admettre dansla Langue. M. de Chateaubriand d'ail-leurs si sévère dans l'emploi des mots nou-veaux, en a fait souvent usage.

ROUE (t). Ce mot est dérive du bruit de la

(i) Comme le son caractéristique de cette expres-sion est un des plus communs et des plus intéressansde la nature, puisqu'il sert à exprimer lebruit des

corps dans leur mode de déplacement le plus ordinaire,

je le prendrai pour exemple de ces grandes généra-tions de mots que je n'ai fait qu'indiquerà d'autresarticles et qui auraient surchargé cet ouvrage de tropde détails inutiles. C'est M. Court de Gebelin qui mefournira le tableau des termes dont celui-ci est le type.

ROUAGE, ROUER.

RouET, instrument à roue.ROUELLE tranche coupée en rond.RoTULE en latin fo<M~, os cartilagineux large et

rond qui forme le mouvement du genou.

roue, et en général du bruit d'un corpsrond qui route avec rapidité sur unesurface retentissante.

RoTATEOt, muscle circulaire qui sert à mouvoir l'o'ILRoTt, en latin rota, tribunal de la cour de Rome,

dont la salle est pavée de carreaux qui représentent

des roues.RoDER aller fà et la en faisant des tours et des dé-

tours.RODEBB.

Rout-Et, l°. se mouvoir en rond t°. plier en rond<

au figuré, considérer, méditer.ROULANT.

ROULEAU, chose faite ou tournée en rond.Rout.EMZNT, bruit d'une chose qui roule, mouvement

en rond.RouncE, roulement de la voix.ttouLAGE, action de rouler, facilité de rouler.RocLDER, voiturier de marchandises.RouLETTE, petite roue.Rocus, agitation d'un vaisseau que le vent fait rouler

sur tes flots.RocMN, pièce de bois travaillée en rond.RÔLE, autrefois RooM du latin barbare ~fM~M/K

i~. registre qu'on roule en long, comme les anciensmanuscrits a.°. ce que chaque acteur doit faire ouréciter dans la représentationd'une pièce de théâtrechaque acteur a son rouleau, son rôle à part pourl'apprendre et pour le jouer 3°. manière dont chaque

C'est le trochos des Grecs, le rota desLatins et des Italiens le /'HC~ des Es-

homme représente dans le monde; 4°' feuille d'écri-ture en termes de pratique.

RÔLER, écrire des rôles.ENRÔLE~, en Anjou, E~noTULER, coucher sur les re-

gistres, enregistrer dans le catalogue de ceux quiforment le corps où l'on se réunit.

JETfROLEMZ??T ) ËNROLEUR.RoTONDE ) Lâtiment en rond.ROTONDITÉ, qualité d'un corps rond.Ro?fn, en latin rc/M/zc~F j tout ce qui est en cercle; au

nguré, qui va rondement.

RONDEUR, figure ronde.RONDELET, un peu rond.RONDIN, Lâtûii rond.RoiNDiTfER j en vieux français, donner des coups de

rondin, de bâton.RoNnACHE, RONDELLE, en vieux français, boucliers

ronds.RoNDEAu, petit poème composé de couplets finissant

par les mêmes mots qui commencent le poème.RONDE inspection qu'on fait en parcourant une en-

ceinte.A i~ RONDE tout autour.RONDEMENT, en rond; au figuré, franchement.ARRONDIR ) donner une forme ronde.ARRONDISSEMENT.

RouTE ) cliemin.

pagnols le rot ou rod des Celtes, et lerad de l'ancien Teuton.

Routit.», i°. qui connaît les routes, expérimenté;a", livre de routes.

Routihe habitude, connaissance acquise par la pra-tique seulechemin battu.

KouTiNtER qui n'a que la routine.Débouter, faire perdre à quelqu'un la route, etc.

Cette racine me suggère d'ailleurs une réflexion quivient à l'appui de ma théorie de l'extension des sonsnaturels dans la qualification des êtres insonores. ÎJous

avons vu se composer d'un son radical qui est le signedu mouvement, et qui s'opère lui-même par le roule-ment de la langue sur le palais, deux familles de motsdistincts dont l'une appartient à une idée de mouve-ment, et l'autre à une idée de forme. Il n'était pas dif-ficile de reconnaître le point de contact de ces deux fa-milles, et nous avons compris que le signe des bruitsqui résultent d'un mouvement circulaire, avait dû de-venir dans le langage, l'indicateur des formes rondes.Mais si le rapport des mouvemens et des formes sembled'abord assez naturel pour expliquer la ressemblance

des expressions qui les caractérisent, il est égalementvrai que la nature a établi de frappantes harmoniesentre ces deux premières sortes de sensations et cellesdes couleurs. Le langage figuré nous en olfre assez depreuves..Nous avons dit, entr* autres cccmjiles, de som-bres gémissemeiis et des lueurs vclalantes. La premièrede ces tournures présente une idée de bruit, spécifiée

Rodellec signifiait en celtique une voi-ture à plusieurs roues un vestige, une

par une circonstance tirée de l'ordre des couleurs, etla seconde, une idée de couleur déterminée par uneépithète qui appartient à l'idée du bruit. Le fameufcaveugle-néSaunderson après avoir cherché longtemps

à se faire un sentiment juste des couleurs, £nit par com-parer la couleur rouge au son de la trompette; et il

y a peu d'années que l'intéressantsourd-muet Massieu,interrogé sur l'opinion qu'il se formait des bruits etcelui de la trompette en particulier le compara sansJiésiterla couleur rouge.

S'il y a de l'harmonie entre ces effets pourquoi ceseffets n'auraient-ils pas été exprimés par des sons de la,

même espèce ?

Le mot rouge et ses dérivés sont donc selon moi des

Onomatopées construites par extension du son radicaldu roulement. En vieux français, ro s'est dit pour rouge,et roe pour roue. Toutes les Langues fourniraient depareils rapports.

M. Rernardin de Saint-Pierre a reconnu l'harmoniedu mouvement circulaire, de la forme ronde, et de la

couleur rouge. Il se plaît même à étayer ce rapproche-

ment ingénieux des observations les plus agréables;

et s'il a négligé de prouver que les mots qui désignent

rhez la plupart des peuples ce mouvement, cette forme

et cette couleur, ont une racine commune, c'est sansdoute parce que cette espèce de démonstration emprun-tée des froides études de la Grammaire, lui a paru trop6«che pour une matière si élégante et si poétique.

ligne comme celle qui est décrite par la

roue.Route mot français d'une acception très-

voisine, en est probablement dérivé. Cetteopinion n'est pas étrangère à M. Court deGébeliii qui appuie mal-à-propos sa con-jecture de quelques fausses étymologies.

RUGIR, RUGISSEMENT. « Le rugissement

» du lion est si fort1, dit M. de Buffon

» que quand il se fait entendre par échos

» la nuit dans les déserts il ressemble au» bruit du tonnerre ce rugissement est» sa voix ordinaire car quand il est en» colère, il a un autre cri qui est courty> et réitéré subitement au lieu que le

» rugissement est un cri prolongé tune

» espèce de grondement d'un ton grave

» mêlé d'un frémissement plus aigu. Il ru-» git cinq ou six fois par jour, et plus sou-» vent lorsqu'il doit tomber de la pluie ».

Ce passage de M. de Buffon m'en rap-pelle un autre qui a rapport au rugisse-ment du tigre, et où ce grand Ecrivainhasarde pour exprimer ce cri une Ono-matopée que l'usage n'a pas consacréedepuis.

œ Le tigre dit-il, fait mouvoir la

» peau de sa face grince les dents, frémit,

» rugit comme fait le lion mais son ru-» gissement est différent. Quelques voya-» geurs l'ont comparé au cri de certains

» oiseaux. Tigrides indomitœ rancant,» rugiunlque leones. ( Autor Philomelœ. )» Ce mot rancant n'a point d'équivalent

en français; ne pourrions-nous pas lui

« en donner un, et dire, les tigres rau-i> quent, et les lions rugissent; car le son de

» la voix du tigre est en effet très-rauque ».Je suis bien aise de faire remarquer ici

que ce verbe factice à qui M. de Buffonne connaît point d'équivalent en français

en a un très-exactement construit sur lamême racine dans le patois de Franche-Comté. Rancôt, c'est le dernier soupirle dernier râle du moribond; rancoïèrc'est expirer rendre l'âme pousser lesanglot convulsif qui annonce la mort.

On a dit autrefois miment pour rugisse-ment, comme dans ce passage^des grandesChroniques de France dédiées à CharlesVIII. « Sembloit que ce fussent urlemens

» de loups et ruimens de lions ». Celadonne quelque probabilité à l'opinion deM. de Caseneuve qui fait dériver rut,anciennement ruit, du rugitus des Latins,

et qui regarde raire ou réer comme unecontraction de rugire. Il aurait pu citerce passage de Job qui dit en parlant desbiches à qui l'action de réer est particu-lière incurvantur ad fixtum et pariuntet rugitùs emittunt. Marot dit dans satraduction des Pseanmes

Ainsi qu'on oit le cerf bruire

Pourchassant le froid des eauxAinsi mon ame soupire,Seigneur, après tes ruisseaux.

Voyez Raire ou Réer.RUISSEAU, RUISSELER. Nicod dérive ces

mots du grec reo, fluo. Le grec attiquereos signifiait ruisseau. Les Latins ont ditrivus, rivalus, les Italiens rivo, ruscello,les Espagnols rio, les Anglais rivulet. Dourred, en celtique, signifie une eau cou-rante et rapide. Dom Lepelletier nommerigol, et Davies rhigol, un ruisseau tracédansun champ cette expression s'est con-servée dans le français. Lebrigand a em-ployé quelque part, comme celtique, lemot ruzelen mais il paraîtque ce n'est.que le français ruisselet qui s'est glissé

comme beaucoup d'autres dans le celto-breton, par le contact des français avec

les peuples del'Annorique. Ru se dit enGéorgien d'un grand écoulement d'eaux.jirou exprime la même idée en Arménienet en Malabare, et l'ud en Arabe et enPersan. Plusieurs Etymologistes assurentque rit indiquait dans les Langues gothi-ques un passage ou un gué. Les motspar lesquels nous désignions un ruisseauen vieux langage, se rapprochaient assezdu son typique. Reu et ru se trouventdans Nicod. Ru s'emploie encore pourdésigner le lit ou canal d'un petit ruisseau.Ruel et rui sont communs dans nos vieuxromanciers. Ruit est employé pour rivedans un passage de Perceval. En remon-tant la vallec de la Romanche par lanouvelle route de Grenoble en Italie onvoit avant le hameau des Roberts, un tor-rent que le peuple appelle riou-peirouc'est-à-dire, ruisseau périlleux.

Notre mot ruisseau peint parfaitementà l'esprit le petit murmure doux et mo-dulé d'une eau vive qui roule entre lescailloux.

S'il est vrai, ainsi que le prétend M.Court de Gébelin, que rat soit un termede marine qui sert à désigner un endroit

de mec où il y a quelque courant rapideet dangereux on peut faire remonter cemot à la même racine, soit comme luipar le gallois rkjrdd, qui signifie gué oubas-fond, soit, mieux encore, par l'alle-'mand ritha, qui signifiait autrefois tor-rent, ou par le dour red des Celtes, etpar le celto-breton rodo, qui se dit d'unpassage de rivière mais cette assertionest contestée.

a Rat n'est point un terme de marine» pour désigner un courant rapide et» dangereux dans la mer, m'écrit M. de» Roujoux c'est un nom de lieu; le Raz» est un vaste écueil situé en face de l'île» de Sein, et qui a donné son nom au

passage compris entre cette île et lui-n Le passage du Raz ou Ratz est célèbre,j> parce qu'un grand nombre des vais-

n seaux qui entrentà Brest ou qui en sor-» tent sont forcés d'y donner. Il est fer-» tile en naufrages, et la baie dont il» forme une des pointes, s'appelle la baie» des Trépasse's. Je ne crois point que ce» mot ait de signification connue il res-n semble à une foule de termes auxquels» on veut trouver des étymologies quoi-» qu'ils n'en aient pas ».

Rodir est très-judicieusement dérivé duvieux français ru, par Ménage. Nicod

même écrit ruir, et rend en latin chanvreroui, par cannabis fluviata. '

S

SANGLE SANGLER.De cingula, cingulare,et originairement du bruit de l'air froissé

par une courroie déployée avecforce.Sangle s'exprimait en celtique par cengl

et cenclen, et suivant la même analogie,lancer et darder, par cingla.

En vieux français on disait changleet changler comme c'est l'usage dansnotre Langue, qui a souvent modifié ainsiles sons sifflans.

Cingler se dit pour, naviguer à pleinesvoiles parce que la mer, ouverte vive-ment par le navire rend un petit bruitde la même nature que le précédent. Maisle son radical est ici moins emphatique,parce que le froisssement qu'il représenteest moins éclatant, et a lieu dans un mi-lieu moins sonore. Cependant on a em-ployé ce dernier verbe au même usageque l'autre en nombre d'occasions, et on

• le dit fort bien, du vent du Nord et'dela pluie chassée par un ouragan impé-tueux.

SAPER. Abattre par le pied travailler avecle pic et la piocheà détruire les'fonde-

•mens d'un mur.SAPE, se dit en 'terme de guerre d'un tra-

vail qu'on fait sous terre pour la surprised'une place. En latin c'est sappa, en ita-lien zappa.

L'oriental saph ou sap désigne l'actionde briser ou de limer de réduire enpoussière.

Ces différens mots sont formés dubruit de l'instrument contre les construc-

tions qu'il attaque ou sur la terre qu'il,entr'ouvre.

SCIE, SCIER Scie se dit en latin serra, enitalien sega, rasega, eu espagnol sierra.

en anglais saw, eu allemand scege autantde dénominations tirées du bruit sifflant

que produit la scie en divisant le bois.Le secare et le scindere des Latins sontt

construits d'après ce son naturel quiafourni d'innombrables Onomatopéesàtoutes les Langues.

SCION. C'est le nom qu'on donneà des bran-

irr

ches grêles et menues, tendres et pliantes

que poussent les arbres. L'osier, par exem.ple, s'élèye en touffes de scions, et je n'hé-

site pas à penser que ce mot ne soit formédu frémissement de ces branches débiles,quand le vent les courbe devant lui, etqu'elles se relèvent en sifflant.

On appelle encorescions les impressionsqui restent sur la peau d'une personnefouettéede verges. C'est le nom de la causepour celui de l'effet employé par mé-tonimie.

Cion s'est dit en vieux langage, de lapluie fouettée par les vents. Il est facilede saisir l'analogie de ces différentes ac-

ceptions.SIFFLER. Verbe dont on connaît les nom-

breux dérivés, et qui dérive lui-même dubruit de l'air comprimé et chassé par uneouverture étroite. Les Latins ont dit d'a-bord sifilare, qui se lit dans ï^jpoius-Marcellus, et ensuite sibilare. Les Ita-liens ont sibilare, subbiare zuffularefischiare, autant d'Onomatopées qui ca-ractérisent différens modes de sifflementles Espagnols silvar; les Allemands,pfei-fin, et les Anglais plus heureusement en-fore vîjiistie.

En vieux français nous avdns dit su-hler et sibler: Marot à dit sublet pour sif-

flet. Les Angevins ont gardé cette expres-sion, et Oudin la rapporte dans ses dic-tionnaires. Le patois bourguignon y asubstitué sublô, qu'on lit dans les noelsde la Monnoye.

Cat ein anfan ? me dis-tu vrai?Tan mcu velai tô note fai.Ta sai bé, quant ein anfan ctieQue por an époizé lé cri,Ai ne fau qu'éne chaiterié

Vou qu'un sublô vou qu'un trebi.

Il est à remarquer que ce sublô du peu-ple de Bourgogne ressemble beaucoup au~subulo de Varron, que celui-ci a employépour tibicen. C

Cirano acte II scène III de son Pé-dant joué fait dire à Mathieu Gareau

w Ce biau marie qui sublet si finement,

» haut ».Le peuple mouille TS, et dit commu-

nément chiffler.Il paraît quelesCeltes faisaient usage du

mot si, pour bruit sifflement, murmure.Les Grammairiens appellent consonnes

sifflantes ces trois lettres s, x, z, parceii.•

qu'on ne les prononcequ'avec une espècede sifflement. Elles doivent donc être d'un

grand usage pour exprimer les bruits decette espèce. La Langue anglaise est uneLangue sifflante, parce qu'elle a beaucoupde mots sur la touche sifflante et sur lntouche dentale.

L'emploi fréquent de la lettre S rendla prononciationsifflante.Euripide en fai-sait un usage vicieux qui passa même enproverbe. On appelait ce défaut le syg-matisHie d'Euripide.

Racine a prodigué les S dans ce versd'Andromaque

Pour qui sont ces serpens qui sifflent sur vos têtes ?

et l'effet d'imitation qui en résulte estfrappant. On l'a trouvé, peut-être avecjustice un peu trop minutieux.

Il y a de l'harmonie dans ces vers d'unde nos Poètes lyriques

Ixion et lesA loïdes

On cessé leurs mugissemens.De Tantale et des Danaides

Je n'entends plus les longs gémissemens,Et des fatales Euménides

Les couleuvres avidesNe brisent plus les airs par d'aigres sifflement.

L'Érèbe n'a plus de tournions.

La forme et le son de la lettre S larendent propre à désigner doublement le

serpent, et à peindre en même temps sesmouvemens tortueux et ses siffiemens ai-

gus. Hophis des Grecs qui est originai-.rement égyptien, a le singulier mérited'offrir dans ses caractères une espèce denoeuds de couleuvres, et dans sa termi-naison, un bruit semblable à celui quiannonce ordinairementces animaux. C'esttoutà-la-fois un hiéroglyphe et une Ono-matopée. La lettre 4 ressemble à uncaducée.

Les Latins ont an gui s, qui a la même-désinence sifflante, et de plus seps et ser-pens; les Italiens serpente, biscia; les Es-pagnols sierpe; les Anglaisserpentet snake.

On appelle bjsse en science héraldique,des serpens et des couleuvres. C'est l'an-cien nom français de ces reptiles. Celuipar lequel nous désignons actuellementle serpent, est une Onomatopée sans viva-cité et sans harmonie, dont je n'ai pascru devoir faire un article à part, maisdont les analogues curieux me paraissentassez bien placés dans celui-ci.

SILLON, SILLONNER. Du bruit d'un corps

qui en effleure légèrement un autre surun long espace. De là

Sillage qui est la trace d'un vaisseau sur.la merquand il ue fait qu'y glisser tlou-cernent.

SIPHON. « Ce sont, dit un vieux commen-» tateurfle Rabelais, ces canaux et tuyaux» ès-fontaines qui jettent l'eau et par le

» moyen et force de l'air qui les presse,» rendent un son et sifflement d'où ils

» ont pris leur nom ».SOUFFLER. Nous avons vu tout-à-1'heure

au mot Jiffler une Onomatopée construited'après le bruit de l'air chassé à traversun canal étroit. Celle-ci est formée surl'émission libre de l'air poussé hors d'unCanal de grandeur suffisante avec unbruit mousse et sans éclat. °

Les dérivés nombreux de cette expres-sion ne peuvent échapper à personne.

SOURDRE. Sortir, jaillir, s'écouler par une,fente de la terre ou du creux d'un rocher.

L étymologie de ce mot a été rappor-tée avec raison au surgere des Latins quiavait le même sens.

Medio de fonte IcporumSurgit, amari aliquid quod in ipsis Jloribus angiï.

LtrcnEt.

On a même dit en français surgeonstantôt pour ces rejetons qui naissent aupied des arbres, tantôt pour un petitruisseau qui vient de sourdre de la terreet surgir qui est pris pour sourdre, avecun peu d'extension dans ce passage deshymnes de Ronsard

Après tous surgirez dedans l'île déserteD'hommes et de troupeaux, mais aussi bien couverteD'oiseaux qui ont la plume à pointe comme espiçs

Et la dardent des flancs ainsi que porcs espics.

Mais s'il est vrai que cette origine sbîtà-peu-près incontestable, il n'en est pasmoins certain que l'imitation du son na-turel a modifié jusqu'àun certain pointl'expression qu'on y rapporte. Il est peut-être malheureux qu'ellevieillisse négligée,

car elle est significative et utile. Ainyots'en est servi dans sa traduction de Daph.nis et Chloè et cet exemple en détermi.nera le sens

« Il v avoit dit-il, en ce quartier-là» une caverne que l'on appelait la C'a-

11 verne des Nympiies, qui estoit une» grande et grosse roche au fond de la-

a quelle sourd oit une fontaine qui faisoit

N un ruisseau dont estoit arrouzé le beau» pré verdoyant».n

M. Mercier a cru rnal-à-propos que cemot, faisait sounlir à l'induitif, ou quecettenouvelle coustructiou pouvait avoirqueîqu'avantage sur l'autre. C'est au bruitde deux consonnes roulantes, durementséparées par une autre, et qui sembJént

en rompre l'effort, que le mot sourdredoit "Son -harmonie pittoresque.

STRIDENT. C'est ainsi qu'on quilifie On

bruit durun peu aigre un peu frémis-saut qui est produit par un corps très-réfractaire, attaqué avec la linie ou avecla scie..Ce mot expressif et vrai lieureuse-njent, formé du stridere des Latins, n'apoint encore et? admis dans l'usage denotre Languequ'il ne pourrait qu'en-richir.

STRIE. CVst une espèce de sillon profondgravé difficilementdans un corps dur, cequi est marqué par sa construction rudeet stridente. Cette expression est propreà l'Histoire, naturelle descriptive.

SUCER. Onomatopée préférable, au sugeredes Latins dont elle a été formée',avec

un changement pris dans le son radical.C'est lesaugen des Allemands, lesycan,

le sugan, le succan, le sucian des Anglo-Saxons et de la Langue fra tique te zui'gendes Flamands, le suck des Anglais, le

tuga des Suédois, le succhiare des Ita-liens.

Sliiniter rapporte toutes ces étymolo-gies au vieux Sarmate cic, qui signifiaitmammelle et dont le type naturel est lemême.

Suc, c'est la substance qu'on extrait des corps

par la succion.Si'cbe est le nom d'une production végé-

tale qu'on lire des fruits par le mêmeprocédé. Les Italiens qui ont aussi re-connu cette analogie, appellent le sucrezucchero et les Arabes sucar.SUSUB RATION, SUSURRE SUSURRE-MENT, SUSURRER. Je hasarde ici cestrois substantifs et re verbe qui sont peut-être des latinismes assez heureux pourexprimer le frémissemeiuent des feuil-lages et le murmure des roseaux émuspar le vent. Nous n'avons pour rendrees idées que des mots trop généraux etdes images trop vagues.

Un de nos Lexicographes ditsusurre,qui est construit sur le mot murmure aveclequel il a tant de rapports. Susurrationest plus conforme au type latin, et susur-rementh l'esprit de notre Langue; maisil n'est donné qu'à nos bons Ecrivains de

consacrer ces expressions agréables, etd'en fixer l'emploi.

T

TACT. Le mot factice lac fut inventé pourexprimer le bruit des corps durs et secsqui frappent les uns sur les autres.

Tic TAC, eut une signification analogue, etmarqua un battement, un mouvementréite're' comme celui d'un marteau quifrappe, d'un balancier d'horloge, des pul-sations du sang et des palpitations du

coeur. Regnier l'emploie pour représenterles coups que se donnent dans leur luttegrossière les personnages de son souperridicule

Ainsi ces gens à se piquer ardensS'en "vinrent du parler à tic lac torche lorgne;Qui casse le museau, qui son rival éborgne;Qui jette un pain, un plat, une assiette un couteau,Qui pour une rondache empoigne un escabeau.

Tic maladie de cheval, est une Onomato-pée, selon Ménage parce que le chevalqui a le tic, reproduit ce bruit en frap-pant de sa tèle contre sa mangeoire etje crois que tic, dans le sens de caprice oude manie, en est une acception figurée.

Tiqueté, s'est dit d'un corps taché de petitspoints, imprimés comme au hasard etsemblables aux meurtrissures qui résul-teraient de petits coups dont ce mot rap-pelle le bruit.

Taq uer ou Toquer, qui sont des motspopulaires, ont été formés d'après cetteracine et le mot tact en est pris avecune grande extension pour désigner toutce qui a rapport à l'action du toucher.

Tâter Tâtonner À Tâtons et autres ter-mes de la même famille n'ont pas une.autre origine et ont été construits, soitdans notre Langue, soit dans celles quien offrent les équivalens d'après le sonnaturel.

TAFFETAS. Il n'y a point de doute sur l'é-tymologie de ce mot, qui est prise dansle bruit de l'étoffe qu'il désigne. Dixoseqssi dit Covarruvias del ruido que hazesi que va yesUda délia sec! a sonando eî

tiftaf por la figura onomalopeia. On afiièweécritautrefois taffetaf, comme dansce passage de la grande nef des Fous du*monde Les bourses comme pannetières,les ceintures de taffetaf, etc.

Enitalien, c'est tajfcta, en espagnoltajfatan en grec moderne, taphata. Mé-

nage prétend que tajfala se retrouve dandla basse latinité, et Ducange y a vu taf-fetas et taffetin.

TAMBOUR. Chez les Latins tympanum, etdans la basse latinité tabur, taburciumet tamburlum en arabe tabal et tambor,en italien et en espagnol lamburro; enallemand lrommel, et l'homme qui batla caisse tambour;en vieux français tabur,thabur tabor et labour, d'où laborer ettabourner. Rabelais et Regnier disent ta-bouriner, et le peuple tambouriner.

Ces mots sont faits du bruit éclatant dela caisse, et en général des bruits très-re-lentissans.

De la même racine, on avait tiré dansle vieux langage les mots tabut et tarh-busteis qui signifiaient grand tumulte etbruit assourdissant comme celui de lacaisse.

TARABUSTER, en est une dérivation figurée.TAMPON. On appelle tampon ce qui sert à

boucher un vaisseau, parce qu'en enfon-çant le tampon, on excite un bruit dontce nom paraît forme.

Les Latins ont dit tappus dans la mêmesignification les Italiens zaffb, les An-glais et les Allemands tap.

TAPE, Taj'eh qui s'emploient bassementdans notre Langue, viennent du mêmeson naturel.

Se TAPIR dans une place étroite y demeu-rer en tapinois, c'est s'y tenir caché, serréet en quelque sorte adhérent comme untampon.

Tapoît est un mot très-bas qui se dit d'nnpaquet pressé, contenu, ou tapi dans unpetit lieu. C'est aussi un terme de Marinequi signifie un certain bouchon dont ouferme l'aine du canon pour empècher Feaud'y pénétrer.

TAUPIN, est le nom français d'un insectedont le thorax est armé d'un ressort aumoyen duquel il saute sur lui-même avecbruit.

Étoope fait du latin stuppa ou du celtiquestoup, qui est le topp de Davies, pourraitt

se rapporter à cette Onomatopée parceque les tampons sont ordinairementd'é-toupes. ·

TAN. Ce mot désigne une poudre menued'écorce de chêne, battue dans de grosmortiers, par la force des roues d'un mou-lin, et avec un bruit qu'il exprime.

TAON. Le vol bruyant du taon était assezbien représenté par ce nom que la nou-velle prononciation a dénaturée. L'Ono-matopée s'est conservée dans le langagedu peuple qui dit tavon ou tavan. Je nedoute pas que la même aphérèse ne nousait fait perdre l'effet imitatifdu motpaon,formé du pavo des Latins, qui l'était ducri naturel de cet oiseau.

Ce qu'il y a de certain c'est qu'on adit autrefois tahon qui se lit dans cesvers de Christian de Troyes

Toujours doit H fumier puir,Et tahons poindre, et maloz bruire,Envions, envier et nuire.

Ménage fait hanneton de tabanus, quiest le nom latin du taon, par un procédebien bizarre. De tabanus, tavanus, tava-nettus, vanettus, vanetto, vanetonne, na-

nettone, hanneton. Je crois qu'on peutétablir sans insulter à la mémoire de cesavant laborieux qu'il n'y a rien de plusridicule que ces étymologies arbitrairesdont la filiation ne repose que sur des in-termédiaires factices. Si hanneton n'est

pas fait d'alis tonans, c'est peut-être uneOnomatopée.

TARABAT. Instrument bruyant qui servaità,appeler les Religieux aux Offices noc-turnes.

Les Grecs ont dit thorubein, pour, fairedu bruit, et thorubos, pour, tumulte oufracas. Cette curieuse analogie n'a jamaisété aperçue.

TARIN. Les Naturalistes pensent que le nomde cet oiseau a été fait d'après son chantmais la variété de ses modulations a dûdéterminer un grand nombre d'Onoma-topées. En effet, les Grecs l'ont nomméthraupis les Allemands zinsle, zeizelzyséle, zyschen zeisich les Polonais csi-seck, les Illyriens csisz, et les Anglaissiskin. Nous l'appelons vulgairementsce-nicle, cinit, cerizin.

Tous ces mots, quoiqu'étrangers les

uns auxautres, ont une racine naturelle.

TETER. C'est tirer avec la bouche le lait dela mamelle, et cette action produit unbruit dont le" mot qui la désigne est em-prunté.

Tette qui n'est plus d'usage, mais dontles équivalens ont la même racine, et quisignifiel'endroit par où les animaux nour-rissent leurs petits s'est dit en grec fit-

thos et iitthion en latin fetta en alle-mand titte; en anglo-saxon tit, ft'Kou tylt;en Langue franque tuito; en anglais teat

et en espagnol teta. On m'assure que lesyrien et le chalde'en thad expriment lamême idée; et dans la partie de ma pré-face oùj'ai démontré que les premiersrapports de l'enfant et de la mère, c'est-à-dire, l'action de te ter ont eu dans lelangage une racine commune avec les pre-miers rapports de parenté, j'ai fait surla forme hiéroglyphique et sur le sonimitatif du thêta des Grecs, une obser-vation assez nouvelle que je recommandeà l'attention du Lecteur.

TIMBALES. Tabala était, suivant Plutar-que dans la vie de Crassus, et suivantHésichius un tambour dont se servaientles Parthes. C'est tablon en arabe tjtn-

panon en gréa et tympanum en latin.Il- paraît que cet instrument s'est d'a-

bord appelé timbre et qu'il en est ques-tton sous ce nom dans Perceval et dans

ces vers du roman de la Roser

Cil fleues court si joliement,Et maine si grand 4issonentQu'il résonne,'tabourne et timbrePlus souef que tabour ne timbre.

iTimbre qui signifie, dans son acception ac-

tuelle un instrument d'un métal sonorequi retentit sous le marteau est incon-testablement tiré de la même racine.

TiMPAii est le nom qu'on a donné à cettepartie de l'oreille qui reçoit les impres-sions de l'air agité, et qui cause le sen-timent de l'ouïe parce qu'elle est commeune espèce de tambour sur lequel lesbruits extérieurs viennent agir.

TiMPAworr, sorte d'instrument de Musique,monté avec des cordes de laiton qui vi-brent sous de petites baguettes, présentele type grec sans aucun changement.

On appliquera facilement aux autresexpressions de la même famille les obser-vations que je fais sur celles-ci, soit que

les objets qu'elles représentent aient étédénommés d'après le bruit qu'ils rendent

soit que leurs qualifications aient été dé-terminées parde simples analogies,comme

cela a lieu dans le verbe timpaniser quise dit pour, blâmer hautement parceque ces sortes de diffamations sont, enquelque manière, divulguées au son dutambour.

TINTEMENT, TINTER. Onomatopées du

son de la cloche, qui avaient d'heureuxéqui\ alens dans le tinnitus et le tintinniredes, Latins. Ils avaient aussi appelé tin-

tihnabulum la petite clochette qui rendun bruit clair et argentin. Catulle'a dit,avec peu île goût, ce me semble attris

tintinnat tintimiabulutn.TiSïEteÊKT ou TiKTOiiîtf se disent indistinc-

tement d'ui* battement importun qui fa-tigue l'oreille et qui ressemble au tin-tentent de la cloche. Nicod en explique

assez bien l'extensionmétaphorique,« Tin-

a tauin dît-il est un nom imité du chif-» ilenTent qui se fait aux ventricutes dux cerveau et cornissant par les oreilles»' et vient de tinter; et parce que tel tin-» ïouiii empêche le Tepo&de la personne

» on l'usurpe aussi par métaphore, poursouci rongeant, travail d'esprit et fati-

» gation de l'entendement ».Tihtamarue vient, selop Pasquier, du bruit

que font les paysans quand ils frappentsur leur marre qui est un instrument delabour, pour avertir ceux qui sont éloi-gnés, de quitter leur besogne et que midiest sonné. Quoi qu'il en soit de cette dé-sinence parasite il ne peut y avoir dedoute sur l'effet imitatif de cette expres-sion et sur le caractère de sa racine quiest bien évidemment prise dans le sonnaturel.

TOCSIN. Ce mot vient de toquer, frapperet de sing, qui signifiait autrefois unecloche. Il en est fait mention en ce sensdans le Pontifical.

En quelques lieux on appelle encorepetit sing les petites cloches. Il y a aussi

un vieux proverbe qui dit on en faitbien les sings sonner pour dire on enfait beaucoup de bruit.

Tocsin, est donc composé d'un son na-turel et d'un son abstrait, à supposer quesing lui-même ne soit pas une Onomato-pée ancienne. Rabelais a écrit toquesing

12.

au chapitre 66 du livre IV de Pantagruel,TONNER TONNERRE. Ce météore terrible

a fourni des Onomatopées à tous les peu-ples. C'est une des premières catastrophesnaturelles qui aient dû frapper Fimagi-nation de l'homme, et il n'est pas éton-nant qu'il ait cherché à le représenterpar un concours de sons éclatans. Dansnotre Langue même où cette imitationest plus imparfaite que dans beaucoupd'autres, on peut remarquer cependantque le nom du tonnerre est formé d'unesyllahe très-sonore, alongée d'une termi-naison roulante.

Les Celtes ont dit tonitru, les Latinstonitruum, et leur prononciation donnaità ce mot une harmonie sourde et reten-tissante comme les grondemens de la fou-dre dans les échos;les Italiens tuono lesEspagnols tronido, les Anglais thunder

et les Allemands donner.Ajoutons, sans pousser plus loin cette

rechercheque les idiomes humains n'ontpu exprimer un bruit de la nature decelui-ci que par des approximations en-

core bien imparfaites quoique le sonradical des différens noms par lesquels

ils l'ont caractérisé, soit le plus grave detous ceux que peut former la voix. Aussiest-il devenu dans les mots son et ton lesigne général de tous les bruits, de toutesleurs modificationset de tous leurs effets.

TORRENT. Du bruit d'un courant d'eautrès- impétueux, effet que l'auteur d'un

roman moderne a cherché à rendre dans

ce passage, qui ne me paraît pas tout à-fait dépourvu d'harmonie. "•

« Après des pluies'abondantes, un tbr-

» rentlarge et rapide, grossi de tous les» ruisseaux et de toutes les ravines des.

» cend du haut de nos montagnes avec» le bruit de la foudre, s'élance furieux» dans la plaine; la remplitd'epouvantee» et de désastres1,brise envahit dévore» tout ce qui contrarie son passage et» chargé d'arbres 'déracinésde rocs et» de décombres il roule et se précipite» en grondant dans la Salza ».

Torrent se dit strumor en Langue gal-lique, et se trouve ainsi èxprimé dansdes fragmens d'anciennes poésies attri-buées à Ossian.TOURDE. En vieux français tourd. C'estun nom qu'on donne à la grive dan&

quelques provinces et que les Étymolo-gistes disent fait par Onomatopée.

Le mot twrdd a désigné en celtiquesuivant M. Court de Gébelin, le chantbruyant de certains oiseaux, et, en gé-néral, les bruits tumultueux et fatigans.

Étourkir rompre la tête à quelqu'un à forcede criailleries, est construit sur cetteracine.

TOURTEREAU TOURTERELLE. En hé-breu thor dans presque toutes les Lan-gues orientales tur; en latin turtur, pro-noncé tourtour; en italien tortora, torto-rello tortorella en espagnol tortola; en

anglais turtledove en allemand turtel-taube; en celtique turzunel en vieuxfrançais tourte et tourtre.

Il n'est personne qui ne reconnaisse( dans ces expressions des Onomatopéestrès-heureusesdu roucoulement des tour-terelles.TOUSSER TOUX. Du bruit que l'on fait

en toussant.1Le huslen des Allemands, et le cough

des Anglais pour être d'une constructiondifférente, n'en' sont pas moins des Ono-matopées incontestables.

TRACAS, TRACASSER. Ces mets exprimenttdans leur sens propre un bruit violent etincommode, comme celui des corps qui

se fracassent mais ils diffèrent de cettedernière espèce d'expression et quant,ausens et quant à la racine en ce que l'idéede fracas emporte celle de rupture et,;debrisement qui n'est point inhérente àcelle-ci.

<

Nicod prétend fort mal-à-propos, selonmoi que tracas vient de trac on tfaçe,comme qui dirait aller çàetlà, errerparles voies. •Quoique ce termeet ses de'riyéa ne soient

guère d'usage que dans des acceptiqns fi-gurées, ils sont sensiblement tirés d'un,sonnaturel et on appelle encore très-bassc-ment dans la Langue du peuple, du nomde tracas, une chaussure lourde. et igrjpj-

sière, qui cause un bruit. désagréable•«' quand on marche. < ,,(v

On peut remarquer ici un singulierrapprochement c'est que la dénqmina-tion triviale dont je parle a le inêqae rap-

port avec le mot tracasser que sava.(p, sonsynonyme avec le mot sabat, qui se pr^nddans notre Langue pour un bruit haut.et

tumultueux. Sabata se dit en celtique,tpour, faire du bruit ou crier à 'pleine

voix. Sabot dériverait de la même racinet

et on aurait fait de ce dernier mot, parextension, le nom de l'ongle de certains

animaux.TRANSIR. La racine de ce mot que je choi-J sis au hasard dans sa famille caractérise

un grand nombre de mots analogueset1 'dont le sens est marqué par le bruit na--turel dont ils dérivent.

Les dents serrées convulsivement dansle frémissement du froid, de la fièvre etde la peurlaissent échapper un son duret roulant dont on a fait transir engour-

l- dir pénétrer de froid, "lj'ri-MTERREUR, sentiment de crainte cause par la^présence d'un objet épouvantable ;<'

Tremblementfrissonnement véhément- et•^Universel ,•' •TREMBLER, frissonner avec force par tout le

i corps, •Tkembloter qui en est le diminutif-Trejïble arbre ainsi nommé parce- queses feuilles tremblentet s'agitent au-mc-in-i>r dre vent, ' 'Tréhovssemest SE xnÉiroossEn -1 i

Tbessaiix-emeht, Trfssaiixijî qui exprimentde petites émotions, de faibles mouve-mens d'effroi de surprise ou de joie.

TRANTRAN. Mot factice et populaire quin'est plus d'usage que dans son acceptionfigurée, c'est-à-dire, pour signifier l'in-telligence d'un état, d'un métier le se-cret d'un négoce le cours des affaires decommerce et d'industrie.

Quelques-uns prétendent que ce mots'est dit proprement du son du cor deschasseurs, sens auquel ilest employédans la vénerie de Dufouilloux de sorteque ce serait une métaphore tirée de laconduite de la chasse.

D'autres avancent que cette façon deparler vient du bruit des violons qui s'ac-cordent, bruit qu'on peut rendre partrantran; et alors ce serait une méta-phore tirée de l'accord et de l'harmoniede la musique.

TRAQUET .Petite soupapequi ouvre etfermel'ouverture de la trémie pour laissertomber ce' qu'il faut de grain sous Iâmeule.

TRICTRAC. Jeu dont le nom vient du bruitque font les dames et les clés dont on se

sert en jouant. C'est cebruitqueM. Delilleexprime admirablement dans ces vers

J'entends ce jeu bruyant ou le cornet en main,L'adroit joueur calcule un hasard incertain.Chacun sur le damier fixe (i) d'un œil avideLes cases, les couleurs, et le plein et le vide.

(i) Le mot fixer n'est point français dans le sensde regarder fixement, d'attacher un regard fixe surune personne ou sur une chose mais c'est une de casexpressions que l'usage devrait avoir consacrées. Ce\ crbe olfre une des figures les plus énergiques unedes hyperboles les plus éloquentes de la Langue c'estnon-seulement saisir l'objet sur lequel nous portons la

vue, c'est encore l'arrêter, le rendre immobile, nousl'approprier, nous l'identifier par le seul effet de nosregards habere in oculis disaient tout aussi hardi-ment les Latins.

Jean-Jacques Rousseau, Duclos Rivarol, madamede Genlis l'ont fréquemment employé. M. de Chateau-briand, tout en le condamnant dans nn autre, l'avaitlaissé échapper deux fois dans la première édition du

` Génie du Christianisme et les termes qu'il y a substi-tués depuis sont bien loin de racheter le sacrifice quecet Ecrivain a cru devoir en faire à la correction. Il luiappartenait, il appartient à quelques hommes qui doi-

vent à leurs talens le privilége de donner aux mots le

droit de cité d'accueillir celui ci dont rien ne nousoffre l'équivalent je le recommande aux I/esicographes.

Les disques noirs et blancs volent du blanc' ou noir;Leur pile croit, décroît. Par la crainte et l'espoir,

11 n'est guères possible, au reste, de parler de laformation des mots dans les Langues premières sansêtre obligé de s'arrêter un moment à ce qu'on appellela néologie ou création des mots nouveaux. Cette néo-logie est une des elioses dont on a parlé le plus diver-sement, et dont on peut effectivement porter les ju-gemens les plus opposés. Elle est à la fois le génie pro-tecteur et le fléau des Langues; elle les enrichit et lesdénature. Par elle, tout se dégrade, tout se confond;et sans elle, l'imagination asservie se traîne impatiem-ment dans ses lisières.

Il est certain que tous les mots ayant été formés

pour exprimer la pensée prise sous certain aspect, oul'être pris dans certaine qualité, et que rien n'étantplus mobile que les aspects de la pensée et plus varié

que les qualités de l'être il n'y a pas un seul hommequi n'ait souvent besoin pour rendre sa sensation

avec justesse d'improviser une expression qui lapeigne. Otez cette ressource à l'esprit, et vous détrui-

sez tout ce qui reste de poésie dans vos Langues. Touscondamnez Racine à parler le patois de Jodelle, et àquelqu'époque même que la Langue soit prise, vousdonnez d'injustes entraves à la pensée,

car les idéesse succèdent sans cesse en variant leur ordre et leurs

rapports. Si j'ai vu ce qui n'a point été aperçu jusqu'àjnoï si j'ai déconvert entre des choses connues un rap-port frappant et cependant nouveau ce qui est le pro-

pre d'une organisation roétique, le tour et le mot dont

Battu, chassé repris, de sa prison sonoreLe déz avec fracas part, rentre, part encore.Il court roule, s'abat.

j'ai besoin n'ont pas pu être prévus. Il faut donc quej'imite l'homme primitif dans ses essais, et que je crée

un signe pour ma perception ou bien si vous me for-

cez à n'employer que des signes déjà convenus, il faut

que je délaye une idée forte et ingénieuse dans unepériphrase languissante.

D'un autre côté la néologie sera d'un plus grand

secours à ces Ecrivains sans talens, qui, incapables de

saisir des effets nouveaux, parviennent cependant àfaire croire au vulgaire qu'ils y ont réussi, en revêtantd'un tour audacieux et d'une expression inusitée des

idées communes el souvent triviales et populaires. Delà ces locutions barbares ces mots bizarrement com-posés, ces néologismes intolérables qui frappent l'es-prit sans l'instruire et que la manie des nouveautésperpétue quelquefois dans le langage qu'ils finissent

par corrompre.Il y a donc beaucoup de choses à observer dans

l'admission des mots nouveaux qu'ils soient indispen-sables, que leur construction ne soit point étrangère àl'esprit de la Langue qu'elle rappelle distinctementleur racine, que des Ecrivains estimés en aient faitusage.

Au reste, je regarderais un dictionnaire des motsà admettre dans la Langue comme une entreprise peuphilosophique et mal mesurée. Les mots interprètes

Dumarsais croit que ce jeu s'est appeléautrefois tictac, et il est encore désignéde cette manière par les Allemands et lesAnglais.TRINQUER. Heurter les verres en buvant,ce qui se fait avec un bruit dont le mottrinquer est formé par Onomatopée.

Les Allemands s'en sont emparésenlui donnant quelque extension pour re-présenter l'action de boire elle-même. Ilsdisent trincken, les Flamands drincken,et les Italiens trincare.

TROMPE, TROMPETTE. Dans la basse lati-nité trumpa; en italien tromba et trom-

de la pensée, doivent s'élancer avec elle, et c'est dansla chaleur d'une conception rapide qu'un néologismeheureux se fait pardonner. L'invention ne procède pointpar ordre alphabétique; mais ce serait peut être unlivre assez curieux que celui qui réunirait les expres-sions vives caractéristiques et originales qui sont pro-pres à un seul Ecrivain, qui n'ont point éLé mises enœuvre depuis lui ou qui l'ont été rarement, et qui

ne se sont point conservées dans les vocabulaires, On

en tirerait beaucoup de ce genre des écrits de Ciccron

de Sénèque, de Rabelais, de Montaigne de Sterne, deMilton, de Schiller, du Dante et d'AIfieii.

betta; en anglais trumpet en allemandtrompéte.

Il était inutile de chercher l'étymolo-gie du mot trompette dans ces différentesLangues comme l'a fait Ménage ou itfallait remonter du moins jusqu'au bruitnaturel qui l'a produit, ainsi que ses ana-logues.

«Trompe, dit le père Labbe, tromper,» trompette, trompetter, viennent du sonm

qui se fait ordinairement dans le corde» chasse trom Irom trom et non pas de

» tuba, ni du taratantara du bon Ennius» qu'il avait formé sur le son clair et gail-

•» lard des clairons et de la doucine ».Tbombokne, est le nom italien actuellement

francisé d'un instrument que nous avonsd'abord nommé trombon.

TROT, TROTTER. Le mot trot représenteà l'oreille comme à la pensée l'allure na-turelle des chevaux dont on presse le pas.C'est donc avec raison que Pasquier ledérive, par Onomatopée, du bruit quefont les animaux en trottant.

De la même racine vinrent le celtiquetroad qui signifie pied, et le celtiquetrotta qui signifie trotter

Je ne sais où M. Court de Gébelin a lutrul qui se disait pour, aller ou courirçà et là et dont viendrait le mot popu-laire trauler.

TURLUT. C'est un oiseau du genre de l'a-louette, qu'on a nommé turlut en raisonde son chant dont ce mot est l'expression.

Tirelire est une autre Onomatopée con-struite pour représenter le même bruitnaturel, comme turelure et turelurelu pourimiter le son de la flûte. "-Ces termes fac-» tices qui ont bonne grace dans une» poésie telle que celle-ci dit la Mo'nnoye» dans son curieux glossaire sur les Noels,» seraient insupportables dans un poème

» sérieux. Virgile n'a eu garde d'employer» le taratantara d'Ennius. Un MerlinCoc-» caïe unArena un Belleau ont eu droit»d'exprimer, comme bon leur a semblé

» toutes sortes de voix dans leurs maca-»

rouées, mais on ne saurait pardonner»à Dubartas sa ridicule description duv

chant de l'alouette, en ces quatre vers» du cinquième livre de sa Semaine »

L^ gentille alouette avec son lire lireTire l'ire à l'iré, et tiretircmt tireVers la voûte du Ciel, puis son vol vers ce lieuVire et désire dire, adieu dieu, adieu dieu.

II faut dire à l'honneur du. siècle deDubartas que ces vers parureiitjdéjà très-misérables de son temps, car je les, lisainsi corrigés mais nonpas beaucoupmeilleurs dans l'édition que je consulte.

tLa gentille alouette avec son tire lireTire l'ire aux fascliez et d'une tire, tireVers le pole brillant, plus d'un plumage lasChangeant un peu de son se laisse cheoir enbas.

C'est cette version qu'Edouard Dumo-nin a suivie dans sa traduction latine,intitulée Beresitkias

Dulcit almida svo tire liro consonna tollitInitis lias sœvamquc e-rtrudit ErymmnFlammicoinurn tractttqae polutn lèves envolât unoHlnc levilcr Jlcjro canlu, dum mernbra JatliisctntCorpora demittit terrœ.

Baptiste Mantouan a cherché à expri-mer la même chose dans ce passage de sespoésies, et y a sans doute mieux réussique ses rivaux, sans recourir au mêmeprocédé

Prole nova exultans, galedque irr.sitrzis alauchCatitat; et iiscendit ductoque pet' aura gyroSe levât irz fm&M et cm·mine sy rlera urulcet.

Ronsard a fait usage aussi du mot tirelire dans une {««"ce de ses Cattés inti-tulée l'Alouette et c'est peut-être la seuletache'qu'il y ait dans ce morceau char-mant

Hé Ciel que je porte d'envieAux plaisirs de ta douce vie,Alouette qui de l'amourDégoises dès le point du jour,Secouant en l'air la roséeDont ta plume est toute arrousée!1Devant que Phébus soit levéTu enlèves ton corps lavéPour l'essuyer près de la nue.Trémoussant d'une aile menue,Et te sourdant à petits bonds

Tu dis en l'air de si doux son,Composés de ta tirelire,Qu'il n'est amant qui ne desire,T'oyant chanter au renouveauComme toi devenir oiseau.Quand ton chant t'a bien amusée,De l'air tu tombes en fuséeQu'une jeune pucelle au soirDe sa queiiouille laisse cheoirQuand au fouyer elle sommeilleFrappant son sein de son oreilleOu bien, quand en filant le jourVoid celuy qui luy fait l'amour

Vehir près d'elle à l'itnpourveué,De honte elle abaisse la veùe

Et son tors fuseau déliéLoin de sa main roule à son pié.

Cet épisode de la fileuse est d'un goûtabsolument antique et un des plus gra-cieux que l'on puisse imaginer. Si Ron-sard n'avait jamais fait que de pareils vers,la postérité lui aurait peut-être confirméjusqu'à un certain point ces litres pom-peux de Prince des Poètes, et d'Apollonde la source des Muses, qu'on lui a don-nés de son temps.

v

VAGIR, VAGISSEMENT. Ces mots expri-ment le cri des enfans qui viennent denaître, et notre Langue a récemmentad-mis le substantif vagissement sur les ré-clamations de Voltaire. « C'est une disette

» insupportable, écrivait-il, d'appeler des» choses si différentes du même nom. Le

a mot vagissement, ^dérivé du latin va-» gitus, aurait très-bien exprimé le cri» des eufans au berceau.

»Burnarsais, observe un autre Litté-

» rateur, a fait tout ce qu'il a pu pour» faire prendre ce mot, et n'a point réussi.

» C'est le cas de le reproduire et de faire

» voir qu'il est aussi naturel et aussi utile

» que mugissement. Le cri d'un enfant au» berceau est à coup sûr, une bien lon-

» gue périphrase ».Le verbe vagir, qui est faitdu substan-

tif, comme de mugissement et rugissementsont faits mugir et rugir et dont la con-struction est, par conséquent, très-con-forme à l'esprit de notre Langue n'est

sans doute pas à dédaigner. Un étrangerqui a donné quelques volumes à la Lit-térature française a dit quelque parta Si Dieu m'offrait le privilége de la ré-

» trogradation jusqu'à mon enfance et» de vagir une seconde fois dans le ber-

» ceau je refuserais ses offres ».Vagues est le nom qu'on donne aux eaux

agitées et mugissantes parce que le bruitqui s'en élève ressemble à un long vagis-sement. En allemand wage, woge; en go-thique tvego en anglo-saxon tvaeg enislandais vag.

VIOLON. Je crois devoir rapporter à proposde ce mot les raisons ingénieuses qu'em-

ploie M. Court de Gébelin pour en faireremonter l'origine au son naturel. » Le

« mot violon, dit-il désigne un instru-» ment à cordes qu'on fait résonner avec» un archet. Mais quelle est l'origine de

» ce nom ?Elle se perd dans la nuit des

» temps pour tous les Étymologistes car,» dire avec eux, qu'il vient de l'espagnol

» biolone, ce serait tout au plus suppo-» ser que cet instrument nous vînt par» l'Espagne ce qui serait peut-être, dif-» ficile à prouver.

» Ce nom tientà ceux de quelquesw antres instrumens appelés viole, basse» de viole, violoncelle, etc.

» Si jamais nom dut être formé par Ono-» matopée n'est-ce pas celui d'un instru-ment de musique ? Ils ont un son à eux,» un son déterminé et constant, un sonpropre à les distinguer de tout autre. Ce

» son dut devenir leur nom dès l'origine

» et quoique naturelle on dut perdre à» jamais cette origine de vue, dès qu'onj> eut perdu de vue les origines de la Lan-

gue qu'on parlait, et les révolutions de»la nation dout on faisait partie.

» Les instrumens bruyans, tels que le

» tambour, le tympanon et la tymbale

» portent des noms parfaitement imita-

» tifs en les nommant, on peint le coupx qui les fait retentir.

» Dans les instrumens à cordes, on avaitt3>à peindre des sons d'une toute autre» espèce des sons aigus et sifflans, grêles

» en quelque sorte on eut donc recours» pour les peindre à la voyelle i, dont» le son grêle aigu et sifflant se met si» bien à l'unisson de ces instrumens, et» qui, associée au son o, sert également» à peindre cette joie et cette gaîté qu'ac-» compagne et qu'inspire dans les fêtes

» le son des instrumens. On dit donc

» viole, violon par le même sentiment

» qu'on disait ioh ioh et qu'on fit en» iol et en jol les mots celtes theutons

» basques, etc. qui peignent la joie et le

» plaisir.

» C'est de ce mot que les Latins firent

» également celui de jides, qui désigna

» les instrumens à cordes et qui forma

» le diminutif fidicula, petit instrumentx à cordes; tandis qu'en le prononçants en v, ils en firent vitula i°. la déesse

» de, la joie %o. en latin barbare cet

instrument dont nous avons altéré 1©

nom en celui de vielle.

» Ils en firent encore» Vitulari se rejouir folâtrer

» Vitellianœ tablettes sur lesquelles»on écrivait des choses gaips ».

VÎTE VÎTESSE. Le mot vite est peut-êtrel'imitation du souffle accéléré par 1%

promptitude de la marche.t Les Latins n'en auraient-ils pas fait fes-tinare, se hâter? En anglo-saxon hwald

signifie alerte prompt et hwetan, ex^citer animer.

z

ZESTE. C'est une zône très- mince qu'onenlève de la peau d'une orange en glis-

sant vivement contre sa superficie le tran-chant d'un couteau. Le petit bruit qui enrésulte a motivé cette dénomination qu'on

a étendue depuis à d'autres acceptions,tant propres que figurées.

ZIGZAG. Ce sont suivant Ménage, destringlettes croisées en losange les unes surles autres qui se resserrent et s'alongent,et dont on se sert pour faire tenir des.

lettres ou autre chose dans des lieuxélevés.

Poisson a composé une petite comédieintitulée le Zigzag, où Octave donne unelettre à Isabelle qui était à la fenêtred'un logis.

Mon zigzag fera son office

Ce mot de lettre mis au boutInstruit Isabelle de tout.

Ménage reconnaît que ce mot a été faitpar Onomatopée.

rut,

ONOMATOPÉES

A

Aarbrer.ABOI, ABOIEMENT, ABOYER.ACHOPPEMENT.

AFFRES.

AGACEMENT, AGACER.AGOUTI.AGRAFFE, AGRAFFER.

AGRIPPER.

TABLE

Chopper.

Affreux.

Raffxer.

GRAPPILLER.

GRAPPE.

Grappilleur.,Grappillon.Grappe instrument de menuiserie.

DESS

Grappin,GRAVIR,GRAVIER,

Grimper.AHALER.

AIIAN, AHAKER.Aï.AME.ANCHE.ASTHME.

BABIL, BABILLARD, BABILLER.Babiole.Babouin BambinvBAMBOCHE.

Bambocha de.BÂILLEMENT, BÂILLER.

BEER ou Bayer.Bah!Badaud.S'ébahir être ébahl

BARBOTER.BARET.

BEFFROI.BÊLEMENT, BÊLER..

BÉGA.Y£MWfT BÉGAYER,

B

BELIER.Belict.

BEUGLEMENT, BEUGLER.Bibui-.BOA.

Mj-uglemeht, Mecplkr.BIBERON.BIFFER.BOMBE.BOND, BONDIR, BONDISSEMENT.BORBORIGME.BOUC.BOUFFÉE, BOUFFI.

Oit.BOUFFON.

BOUILLIR BOUILLONNEMENT, BOUIL-LONNER.

Bouillie, Boejllox.BULLE.

BOULE.

BOUTON.

BOURDON, BOURDONNEMENT, BOUE-

DONNER.Botjbdon, cloche.

BRAIRE.BRAMER.

Brailles.

BREDOUILLER.BROUHAHA.BROUTER.BROIEMENT, BROYER.BRUIRE, BRUISSEMENT, BRUIT.

BnUY~RE.

CAHOT, CAHOTER.CAILLE.

CANARD.

CAQUET, CAQUETER.CASCADE.CATACOMBE.CATARACTE.CHAT-HUANT.CHEVÊCHE.

CHOC, CHOQUER.CHOUCAS.CHUCHOTTER, CHUCHOTTERYE, CHU-

CHOTTEUR.CIGALE.

CLAPPEMENT.

CAtLLETAG]!.

CAILLETTE.

CAILLETËR.

CANCAJf.

c

CLAQUE, CLAQUEMENT,CLAQUEECï.AQItET~

CLIGNOTER.CuK-D'fEIL.

CLINQUANT.CLIQUETIS.CLOSSEMENT, CLOSSER.

Gl.O~)S'i~~)~EN~ GLOUSSER.

COASSEMENT, COASSER..COQ.

CoQm.CcnjMTTBME..COUCOU.COURLIS.CRACHAT, CRACHEMENT, CRACHER.CRAN.

ÉeRA!f-

CRAQUEMENT, CRAQUER.CEAQTJ~TBR.

CRESSELLE CRECELLE on CRESSE-RELLE.

CREX.CRI, CRIER.

CRIAILLER, CMAUjLEME, CMAILMCE.

CBMCÈnT.

CRIC.CRINCRIN.

CRISSEMENT, CRISSER.CROASSEMENT, CROASSER.CROC.

CROQUER.

CROULEMENT,CROULER.

DANDIN, DANDINER.DÉGRINGOLER.DRILLE.

DRONOS.DROUINE.

'ÉBROUER.ÉCLAT, ÉCLATER.

ÉCLOPPÉ.

ÉCRASER.

ÉCROU.

ACCROCHER.

CROQUET.

ËCttOULEMENT S'EcMULER.

D

CHAUDRON CHAUDROifJfIER.

E

EcLA.BOC8SbR.

CLOPtN C~OFANT.

ECRISER.ENFLER, ENFLURE.

GONFLER.

ESCOPETTE, ESCOPETTERIË.ÉTERNUEMENT, ÉTERNUER.

F

FANFARE.FIFRE.FLACON.

FLACQTEE M'EATT.

FLASQUE.

FLANQUER.FLÈCHE.FLEUR.

FLAIRER.

FLOT.FLEUVE, FLUX, FUJIME.AFH-UENCE,

FLOFLOTTER.

FLOU.FLÛTE.FRACAS, FRACASSER.FREDON,FREDONNER.FRELON.FRÉMIR, FREMISSEMENT.

FRÉTILLER.

FRIRE.FRISER.FROISSEMENT, FROISSER.FRÔLER.FRONDE.FROTTEMENT, FROTTER.FROUER.

GALOP, GALOPER.GARGARISER, GARGARISME.

GARGOUILLE.GAZOUILLEMENT, GAZOUILLER.GEAI.GLAPIR, GLAPISSEMENT.

GLISSER.

GLOUGLOTTER.GLOUGLOU.GLOUTON, GLOUTONNERIE.

Etf&t.OTTtR.

Farssotr, FmssoNMMENT.

FRAYEUR, EFFROI.

FMin.

FRETIN.

GLAS, OU GLAtS.

GLACE.

G

GORET.GOULOT.GOUTTE.GRAILLEMENT, GRAILLER.GRATTER.GRÊLE, GRÊLER.

GEESH.GRELOT.

GRELOTTER.

GRENOUILLE.GRESILLEMENT, GRESILLER.GRIFFE.

A&BIMTR.

GBjfTmt.Gt!)FFA.DE.

GRIFFON.

GRIFFONNER.

GmFFONNA&E.

GEJFFONKNtBNT.

GmFtE, outil de serrurier ou de tour-neur..

GRIGNOTER.GjtjGjroBf.

GRUGER.

GRILLON.GRINCEMENT, GRINCER.GRIVE.

GROGNEMENTS GROGNER, GROGNEUR.*GnoGN<mo.

GROGifON-

GROMMELER.GRONDEMENT, GRONDER, GRONDE-

RIE,GRONDEUR.GROIN.GRUAU.GRUE.

GRULLER.GUEPE.

GUIORER.

HHACHE.

HAHÂLIS.HALETER.IIAPPER.HARPE.

HANPEE.

HENNIR, HENNISSEMENT.HEURT, HEURTER.IIISSER.HOQUET.HORREUR.

HORRIBLIE.

ABHORRER.

HUÉE, SUER.HULOTTE.

Hnt.DI.EE OU TJHM-ER.

.HUMER.HUPPE ou PUPPU.HURLEMENT, HURLER.

JAPPEMENT, JAPPER.

KAKATOES.

LAPPER.LÉCHER.LORIOT.LOUP.

MIAULEMENT, MIAULER.

MOUE.MUFFLE.

BOUDER.

BoUfERtE.

BOUDEUR.

MUGIR, MUGISSEMENT. ·

J

K

L

M

MURMURE, MURMURER.MUSC.

OIE.OISEAU.OUATE.

PÂMER, PÂMOISON.

PEPIER.

rie.

POUPE.

PUER.

RACLER.RAIRE ou RÉER.

RÂLE, RÂLEMENT, RÂLER.

RÂLE, oiseau.

PlA!HER PlAtLMRIE PlAUMPE..PEPIE.

PiP~E

PtQt)ER.PtOCHE.

BECHE.

POUPEE.

Poupojr.

RUT.

o

P

R

ROSSIGNOL.ROUCOULEMENT, ROUCOULER.

ROUE.

RAUQUE.ROQUET.

REDONDANCE.RETENTIR, RETENTISSEMENT.RINCER.RONFLEMENT, RONFLER.,

ROUTE.

d la Mo~e.

RotJAGE, RoVER,RoUET.

ROUELLE.

ROTULE.

ROTATEUH-

ROTZ.

RODER.

RODEUR.

RoUJ-TK.

ROULANT.

RoTtLEAU.

RoiM,EME!')T-.

ROULAOE.

ROULAGE.

ROUHER.

RotfMTTE.

Remis.RoNMMT.

RÔLE.

RÔI.ER.

ENROMn, EtTROTULER.

ENBÔLEMENT EjtROLEUR.

ROTONDE.

ROTONDITÉ.

RoNt).RONDEUR.

RONDELET..RONDIN.

RoynttfER.RoBfDACKE, RoNDELMt

·RorfDEAp.

RoNDE.

A LA RONDE.

RONDEMENT

ARRONDIR.

ARROtfniSSBMEBT'

ROUTE..RoCTIER.r'

ROUTINE.

ROCTINKE.

DEROUTER.

RUGIR, RUGISSEMENT.RUISSEAU, RUISSELER.

ROUIR.

SANGLE, SANGLER.CfN&LER.

SAPER.SAPE.

SCIE, SCIER.SCION.SIFFLER.SILLON, SILLONNER.

StLm&E.SIPHON.SOUFFLER.SOURDRE.

STRIDENT.STRIE.SUCER.

Suc.StJCRE.

*SUSURRATION, SUSURRE, SUSURRE-MENTSUSURRER..

TACT.TtCTAC..

Ttc.

s

T

TtQUETE.

T4.TER, TÂTONNER, À TÂTONS.TAFFETAS.

TAMBOUR.

TAMPON.TAPE, TAPER.

TAPON.

TAN.TAON.TARABAT.TAS1N..

TETER.

TIMBALES.

TINTEMENT, TINTER.

TOCSIN.TONNER,TONNERRE.TORRENT.

TARABUSTEH<

SETAPtR.

TADP~.ETOUPE.

TETTE.

TfMBRE.

TtMpAir.TjMpAtrotf.

TINTEMENT OU TINTOUIN.

TiNTAMARR.E.

TOURDE.ÉTocRmn.

TOURTEREAU, TOURTERELLE.TOUSSER, TOUX.TRACAS, TRACASSER.TRANSIR.

TERMtftt.TREMBLEMENT.

TREMBLER.

TRRMBLOTIER.

TREMBLE, arbre. riTREMOUSSEMENT, SE TRiMOTJSSER.

TRESSAtLI-EMEifT, TRESSAILLIR.TRANTRAN.TRAQUET.TRICTRAC.~TRINQUER.TROMPE, TROMPETTE.

TROMBONE.

TROT, TROTTER..TURLUT.TtREHRE..

v

VAGIR VAGISSEMENT.

VAGUES.

VIOLON..VÎTE, VÎTESSE.

ZESTE.ZIGZAG.

1TABLE ALPHABÉTIQUE,

.Oay Auteurs ez'~e~ dans cet Ou-f/YMSj ou qui OM~ e~ë CO~M/~e.!

pour sa C'0/7~0~0~.

ÂMIN.

AlfieriAmyot.Aristophame.

Baptiste Mantouan.

A

B

z

Belon.M. Bernardin de S.

Pierre.Bochart.Boileau.Boisrobert.M. de Bonneville.Borel.Boursault.

Brisson.Buffon.Bullet.

M. de Cambry.Caseneuye.Castelvetro.Catulle.M. de Châteaubriand.Chapuis (Gabriel).Chevalier. liCholieres.Christiande Troyes.Cicéron.Clotilde de Surville.Clusius.Coquillard.Costar.Çovarruvias.Court de Gébelin.Cyrano de Bergerac.

D

Dante.M. David de Saint-

Georges.

c

Davies.Debrosse.M. Delille.Mad. DeshouHères~Desmarets.Dubartas.Dubellay.Ducange.Duclos.Dufouilloux.Dumarsais.Du[nonni(Edouard).Duverdier.

E'

Edwards.Ennius.Euripide.

FFernandez.

GMad. de Genlis~Gringore.Guichard.

Hautproche.Herbinius.Hesichius.

Jérémie.Saint.Jérôme.

Klein.

Le père Labbe.La Bruyère.La Fontaine.M.Lalanne.La Monnoye.Latour d'Auvergne.Le Brigand.Le Duchat.Legros.Dom Lepelletier.Leroux.Letourneur.Linguet.

H

J

K

L

Linné.Lorris (Guillaum.de).Lucrèce.

M

Malherbe.

M

Maregrave.Marot.Martinet.Ménage.M. Mercier.Miltoa.Molière.Monnet.Montaigne.

NNicod.NicoteGiUes.

0Ossian.

pParadin.M. de ParuY.Pasquier. Y

Perse,

Pison.Plutarque..Poisson..Polidore Virgilea.

Quinault..

Rab<']ais.Racine-Ramus.Regnier.Rivârol.Ronsard.M. de Roujoux.Rousseau(Jean-Bapt.)Rousseau (Jean-Jacq.)

S

Saint-Amand.Saumaise.

Q

R

Saunderson.Scaliger.Schiller.Schrevetius.Seba.Servi us.Skinner.Souc~iude Renne~ort~Sterne.Swift.

TThéophile.Trenck ( le baron de)~.

vVarron.

VlHon.Virgile.Voltaire.

Y

Young.