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Manifestations et propagande royalistes 9 Comte Albert de Mun, , , Paris : Librairie Ch. Poussièlgue, 1902, Tome 2 , pp. 385-423. Discours prononcé à Vannes, dans une réunion d’électeurs du département du Morbihan, le 8 mars 1881 in Discours du comte Albert de Mun e Y Y Y L es violences du gouvernement de la République contre les catholiques se multipliaient sans trêve ; les lois d’enseignement, déjà votées ou en préparation, menaçaient, conformément au plan tracé par les loges maçonniques, de consommer rapidement la déchristiani- sation du pays ; les attentats accomplis contre les religieux venaient de combler la mesure. Un grand nombre de magistrats du parquet avaient donné leur démission plutôt que de s’associer aux dénis de justice ordonnés par le gouvernement contre les congrégations proscrites. L’indignation était profonde et l’émotion générale. Les illusions de ceux qui avaient pu croire aux promesses de liberté prodiguées par les républicains s’évanouissaient chaque jour ; il devenait évident pour tous que la République, fatalement condamnée par les passions de ses partisans à la guerre religieuse, était impuissante à donner la paix aux consciences et la tranquillité au pays. La prospérité matérielle qui avait accompagné les premières années du gouvernement nouveau avait fait place à une crise générale et tous les jours plus aiguë dans l’industrie et dans l’agriculture. Les gaspillages financiers d’une administration imprévoyante et souvent coupable aggravaient encore cette situation ; le malaise et l’inquiétude étaient partout. Dans tous les milieux sociaux on commençait à sentir le besoin et le désir d’un gouvernement honnête, stable et réparateur. Le rétablissement de la monarchie traditionnelle paraissait ainsi à beaucoup la condition nécessaire du salut public, et l’espérance semblait d’autant plus permise à ses partisans que la mort du jeune prince impérial, massacré par les Zoulous, en désorganisant le parti bonapartiste, avait accru le nombre des conservateurs disposés, pour débarrasser le pays de la République, à se rallier à la cause de la vieille royauté. M. de Mun n’avait jamais varié dans ses convictions royalistes, connues de tous ses amis, et auxquelles M. le comte de Chambord avait daigné rendre récemment un éclatant témoignage en lui adressant, à la suite de son invalidation, une lettre qui était en même temps un gage précieux de sa haute approbation pour son attitude ; mais, placé sur le terrain catholique par les conditions mêmes de la lutte sociale où il s’était engagé depuis dix ans, il n’avait pas encore eu l’occasion d’exprimer publiquement ses sentiments politiques. En face des maux accumulés par la République, il ne crut pas possible de garder plus longtemps le silence, et, sachant d’ailleurs qu’il répondait aux sentiments personnels de M. le comte de Chambord, de plus en plus résolu à manifester le caractère nettement catholique de sa politique, il voulut montrer à tous ceux qui partageaient ses convictions religieuses la nécessité, au nom même de leurs intérêts les plus chers, de se grouper autour du drapeau de la monarchie légitime. L’approche des élections législatives, qui devaient avoir lieu dans le courant de 1881, rendait d’ailleurs naturelle et nécessaire une entière et loyale déclaration de principes. M. de Mun choisit, pour accomplir cet acte considérable, l’occasion d’une réunion d’électeurs du Morbihan, convoquée à Vannes par le comité royaliste du département. Ce fut là qu’il prononça, le 8 mars 1881, le discours suivant, publié le lendemain sous le titre de . M , Avant d’aborder les graves questions que je me propose d’examiner devant vous, je dois remercier M. le comte de Monti des paroles trop bienveillantes qu’il m’a adressées dans l’énergique allocution que vous venez d’entendre et de saluer de vos applaudissements, et il me permettra, j’en suis sûr, de confondre dans une même expression de gratitude son nom et celui de M. le comte de Lambilly, qui m’a donné depuis cinq ans, dans ce département, des témoignages si précieux d’une amitié à laquelle je me félicite d’autant mieux de pouvoir rendre un public hommage, qu’elle est faite de deux parts inégales, l’une d’abnégation, l’autre de reconnaissance, et que celle-ci, qui est la mienne, est aussi la plus lourde. ( ) Mais ce n’est pas seulement le patronage d’une amitié qui m’honore et de leurs noms respectés que m’apportent ici ces deux Messieurs, et leur présence est autre chose que le gage d’une affectueuse sympathie. Leur place était marquée au premier rang d’une réunion dont le caractère politique est publiquement annoncé, et je suis heureux, en les saluant à ce titre, de donner pour ma part l’exemple d’une discipline qui m’est douce assurément, mais que j’aime à pratiquer, surtout parce qu’elle est la force de tous les partis, la condition même de leur vie, et, pour le parti royaliste tout spécialement, la conséquence naturelle du principe qu’il représente. ( ) Si je n’avais eu, Messieurs, rien d’autre à faire au milieu de vous qu’un discours, je n’aurais pas, dans cette saison, troublé l’ordre habituel de votre vie ; si je n’avais eu qu’une protestation nouvelle à vous demander contre des mesures arbitraires ou contre des lois funestes, j’aurais encore hésité à le faire ; vos consciences suffisent à vous dicter contre la tyrannie révolutionnaire une perpétuelle protestation, et vous en donnez, à chaque attentat nouveau, le témoignage éclatant. ( ) Ce que je vous apporte aujourd’hui, permettez-moi de vous le dire, ce n’est pas non plus une profession de foi personnelle ; ni vous ni moi n’en avons besoin : ni vous, qui m’avez donné le plus beau gage de votre confiance en me faisant votre compatriote ; ni moi, qui ai rencontré sur le chemin de ma vie politique, dans les encouragements publics dont mon roi m’a comblé et dans l’acharnement dont les républicains m’ont poursuivi, un double et suffisant honneur. ( ) Je viens, Messieurs, vous dire, dans toute la franchise de ma conscience, ce que je pense de la situation du pays, et ce que je crois être, en face de cette situation, le devoir de tous les gens de bien. Je ne me dissimule pas la gravité du sujet, mais j’apporte à cet entretien le sentiment profond d’une nécessité politique ; car s’il y a dans la parole publique de lourdes responsabilités, le silence, à certaines heures, en porte avec lui Dieu et le Roi Bravos. — Applaudissements. — Vive M. de Monti ! — Vive M. de Lambilly ! Très bien ! très bien ! Applaudissements. Bravos redoublés. — Cris de vive M. de Mun ! 9 ESSIEURS Les documents contrerévolutionnaires Réserver l’action pour l’avenir serait une faute ; réserver la vérité en serait une plus grande encore. Cardinal Pie Numéro 20 2001 — Décembre

Discours d'Albert de Mun

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DISCOURS D'ALBERT DE MUN

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Page 1: Discours d'Albert de Mun

Manifestations etpropagande

royalistes

9

Comte Albert de Mun,

,, Paris :

Librairie Ch. Poussièlgue,1902, Tome 2 , pp. 385-423.

Discours prononcé à Vannes,dans une réunion d’électeurs dudépartement du Morbihan, le 8mars 1881 in Discours du comteAlbert de Mun

e

Y Y Y

Les violences du gouvernement de laRépublique contre les catholiques semultipliaient sans trêve ; les lois

d’enseignement, déjà votées ou enpréparation, menaçaient, conformément auplan tracé par les loges maçonniques, deconsommer rapidement la déchristiani-sation du pays ; les attentats accompliscontre les religieux venaient de combler lamesure. Un grand nombre de magistrats duparquet avaient donné leur démission plutôtque de s’associer aux dénis de justiceordonnés par le gouvernement contre lescongrégations proscrites. L’indignation étaitprofonde et l’émotion générale. Les illusionsde ceux qui avaient pu croire aux promessesde liberté prodiguées par les républicainss’évanouissaient chaque jour ; il devenaitévident pour tous que la République,fatalement condamnée par les passions deses partisans à la guerre religieuse, étaitimpuissante à donner la paix aux conscienceset la tranquillité au pays. La prospéritématérielle qui avait accompagné lespremières années du gouvernement nouveauavait fait place à une crise générale et tous lesjours plus aiguë dans l’industrie et dansl’agriculture. Les gaspillages financiers d’uneadministration imprévoyante et souventcoupable aggravaient encore cette situation ;le malaise et l’inquiétude étaient partout.Dans tous les milieux sociaux oncommençait à sentir le besoin et le désir d’un

gouvernement honnête, stable et réparateur.Le rétablissement de la monarchietraditionnelle paraissait ainsi à beaucoup lacondition nécessaire du salut public, etl’espérance semblait d’autant plus permise àses partisans que la mort du jeune princeimpérial, massacré par les Zoulous, endésorganisant le parti bonapartiste, avaitaccru le nombre des conservateurs disposés,pour débarrasser le pays de la République, àse rallier à la cause de la vieille royauté.

M. de Mun n’avait jamais varié dans sesconvictions royalistes, connues de tous sesamis, et auxquelles M. le comte deChambord avait daigné rendre récemmentun éclatant témoignage en lui adressant, à lasuite de son invalidation, une lettre qui étaiten même temps un gage précieux de sa hauteapprobation pour son attitude ; mais, placésur le terrain catholique par les conditionsmêmes de la lutte sociale où il s’était engagédepuis dix ans, il n’avait pas encore eul’occasion d’exprimer publiquement sessentiments politiques.

En face des maux accumulés par laRépublique, il ne crut pas possible de garderplus longtemps le silence, et, sachantd’ailleurs qu’il répondait aux sentimentspersonnels de M. le comte de Chambord, deplus en plus résolu à manifester le caractèrenettement catholique de sa politique, ilvoulut montrer à tous ceux qui partageaientses convictions religieuses la nécessité, aunom même de leurs intérêts les plus chers, dese grouper autour du drapeau de lamonarchie légitime. L’approche desélections législatives, qui devaient avoir lieudans le courant de 1881, rendait d’ailleursnaturelle et nécessaire une entière et loyaledéclaration de principes. M. de Mun choisit,pour accomplir cet acte considérable,l’occasion d’une réunion d’électeurs duMorbihan, convoquée à Vannes par lecomité royaliste du département. Ce fut làqu’il prononça, le 8 mars 1881, le discourssuivant, publié le lendemain sous le titre de

.

M ,

Avant d’aborder les graves questions que jeme propose d’examiner devant vous, je doisremercier M. le comte de Monti des parolestrop bienveillantes qu’il m’a adressées dansl’énergique allocution que vous venezd ’ e n t e n d r e e t d e s a l u e r d e v o sapplaudissements, et il me permettra, j’ensuis sûr, de confondre dans une mêmeexpression de gratitude son nom et celui de

M. le comte de Lambilly, qui m’a donnédepuis cinq ans, dans ce département, destémoignages si précieux d’une amitié àlaquelle je me félicite d’autant mieux depouvoir rendre un public hommage, qu’elleest faite de deux parts inégales, l’uned’abnégation, l’autre de reconnaissance, etque celle-ci, qui est la mienne, est aussi la pluslourde. (

)

Mais ce n’est pas seulement le patronaged’une amitié qui m’honore et de leurs nomsrespectés que m’apportent ici ces deuxMessieurs, et leur présence est autre choseque le gage d’une affectueuse sympathie.Leur place était marquée au premier rangd’une réunion dont le caractère politique estpubliquement annoncé, et je suis heureux, enles saluant à ce titre, de donner pour ma partl’exemple d’une discipline qui m’est douceassurément, mais que j’aime à pratiquer,surtout parce qu’elle est la force de tous lespartis, la condition même de leur vie, et, pourle parti royaliste tout spécialement, laconséquence naturelle du principe qu’ilreprésente. ( )

Si je n’avais eu, Messieurs, rien d’autre àfaire au milieu de vous qu’un discours, jen’aurais pas, dans cette saison, troublé l’ordrehabituel de votre vie ; si je n’avais eu qu’uneprotestation nouvelle à vous demandercontre des mesures arbitraires ou contre deslois funestes, j’aurais encore hésité à le faire ;vos consciences suffisent à vous dictercontre la tyrannie révolutionnaire uneperpétuelle protestation, et vous en donnez,à chaque attentat nouveau, le témoignageéclatant. ( ) Ce que je vousapporte aujourd’hui, permettez-moi de vousle dire, ce n’est pas non plus une professionde foi personnelle ; ni vous ni moi n’en avonsbesoin : ni vous, qui m’avez donné le plusbeau gage de votre confiance en me faisantvotre compatriote ; ni moi, qui ai rencontrésur le chemin de ma vie politique, dans lesencouragements publics dont mon roi m’acomblé et dans l’acharnement dont lesrépublicains m’ont poursuivi, un double etsuffisant honneur. (

)

Je viens, Messieurs, vous dire, dans toute lafranchise de ma conscience, ce que je pensede la situation du pays, et ce que je crois être,en face de cette situation, le devoir de tousles gens de bien. Je ne me dissimule pas lagravité du sujet, mais j’apporte à cetentretien le sentiment profond d’unenécessité politique ; car s’il y a dans la parolepublique de lourdes responsabilités, lesilence, à certaines heures, en porte avec lui

Dieu et le Roi

Bravos. — Applaudissements. — ViveM. de Monti ! — Vive M. de Lambilly !

Très bien ! très bien !

Applaudissements.

Bravos redoublés. — Cris devive M. de Mun !

9

ESSIEURS

Les documents contrerévolutionnairesRéserver l’action pour l’avenir serait une faute ; réserver la vérité en serait une plus grande encore.

Cardinal Pie

Numéro 20 2001— Décembre

Page 2: Discours d'Albert de Mun

qui ne sont pas moins redoutables. Noussommes à l’une de ces heures. (

) Demain les destinées de la Franceseront livrées une fois de plus aux tempêtesélectorales, et déjà on prépare, par desavantes manœuvres, la dictature qui doit ensortir comme le couronnement naturel de laRépublique. Or ce n’est pas assez de maudirecette dictature qui s’avance et de lui crier, ense détournant d’elle, qu’elle est la honte et laperte du pays. (

)

Un homme public doit autre chose à ceuxqui placent en lui quelque confiance ; s’ilconnaît un moyen d’échapper à cette honteet à ces ruines, s’il croit savoir où peuventêtre l’honneur et le salut, il faut qu’il le dise,sous peine de manquer à sa tâche. Je viensessayer de remplir la mienne, et je ne pouvaischoisir, voulant accomplir un acte aussigrave, d’autres auditeurs que vous,Messieurs, qui m’avez ouvert les portes de lavie politique, qui m’y avez soutenu sansdéfaillance, à travers tant de luttes et decontradictions, et qui m’avez gardé, dans lamauvaise fortune, une affection si fidèle et sitouchante.

Messieurs, depuis dix ans la Républiqueexiste en fait ; depuis cinq ans elle estofficiellement organisée ; c’est un stagesuffisant, une expérience assez longue, pourque nous soyons fondés à lui demandercompte de ce qu’elle a fait pour le pays, de cequ’elle lui réserve, de ce qu’elle lui coûte et dece qu’elle lui rapporte. (

)

Je ferai cet examen avec tout le calme, avectoute la modération possibles, et je vousdemanderai de m’entendre dans les mêmesdispositions, comme des hommes qui usentde leur droit et qui accomplissent leur devoirde citoyens, en se préoccupant des questionsles plus graves de la vie nationale.

Et d’abord je constate qu’à l’heure où jevous parle, après deux années d’un pouvoirexercé sans contestation, sans limite, sansentrave d’aucune sorte, par les républicains,il y a en France, au lieu de l’apaisement et dela sécurité, une agitation profonde et unmalaise général. ( ) Jeconstate partout, dans tous les rangs de lasociété, une inquiétude chaque jourgrandissante, et j’entends de toutes parts desgens qui se plaignent : l’un de sa vie matérielleembarrassée et incertaine du lendemain,l’autre, de sa vie morale troublée de millemanières ; celui-ci de l’atteinte portée à saconscience religieuse, celui-là de l’obstaclemis à l’exercice de ses droits les plus

essentiels. ()

D’un bout à l’autre du pays, prêtre oureligieux, magistrat ou soldat, laboureur,industriel ou artisan, père de famille oucontribuable, il y a des gens qui souffrent etqui le disent tout haut quand ils sont libres,tout bas quand ils sont gênés dans leurindépendance, et le nombre en est si grand,que c’est presque tout le monde. (

) J’allais dire tout le monde, s’iln’en fallait retrancher la troupe des satisfaitsqui ont des places et des appointements etqui, se trouvant à l’aise dans leur nouvel état,déclarent que tout est au mieux dans lameilleure des républiques. Ceux-là, si vousleur demandez ce qu’ils pensent de lasituation politique, ils vous répondront sansdoute par le vieux refrain de Béranger :

( ), et pourle reste, ils vous renverront à ce récentdiscours du trône, où le président de laChambre des députés étalait sous les yeux deses collègues émerveillés et ravis la longueénumération des bienfaits répandus par leursmains, des travaux accomplis par leur zèle, etle tableau magnifique de la prospérité, de lagrandeur et de la satisfaction républicaines.

Messieurs, voilà le langage officiel et lepiédestal que se dressent à eux-mêmes leshommes qui nous gouvernent.

Et maintenant voulez-vous que, nousdétournant de ces triomphateurs, nousregardions, en face de ce tableau, la réalitédes choses, et que nous descendions un peudes hauteurs gouvernementales pour noustourner vers la France qui ne dîne pas auPalais-Bourbon ( ), vers la France quicroit en Dieu, vers la France qui travaille etqui produit ? Oh ! alors, Messieurs, nousentendrons un autre langage. Les uns vousmontreront les dépenses accrues de 850millions depuis 1876, les budgets s’élevanttoujours, les crédits supplémentairesaccordés presque sans discussion, etcependant l’emprunt toujours à l’état latentet le besoin d’argent révélé par toutes lesmesures financières.

Les autres vous dénonceront, sousl’apparence d’une prospérité trompeuse, unecrise économique chaque jour plusredoutable, et qui nous prépare pour demainun réveil terrible. Ils vous diront quel’importation des produits étrangers vatoujours en augmentant dans desproportions énormes, pendant quel’exportation diminue, si bien que la balancedu commerce français s’établit, pour 1880,par une perte totale de 1 milliard 507 millions( ), c’est-à-dire que notre argentpasse à l’étranger, et que, plus le chiffre desaffaires grossit chez nous, plus c’est aubénéfice des nations voisines ; situationdéplorable que vous connaissez tous, parceque vous en souffrez cruellement, et quirévèle un trouble profond dans les intérêtsétroitement unis de l’agriculture et del’industrie.

L’agriculture, Messieurs, il me suffit de lanommer devant vous pour vous arracher uncri de détresse qui vient faire écho auxprotestations de tous les agriculteurs deFrance, écrasés par un régime sous lequelsuccombe la richesse nationale, et dont lecontre-coup va du producteur atteindrel’ouvrier des champs par la diminution dutravail et la rareté des salaires. ( )

L’industrie : il y a dix-huit mois déjà, M.Pouyer-Quertier, parlant au président de laRépublique au nom de soixante chambres decommerce, résumait en deux mots sacondition et le terme de ses revendications :« Ce qu’elle demande, disait-il, c’est lapossibilité de vivre et de faire vivre lesnombreuses populations ouvrières qu’elleemploie. » On en est là ; c’est-à-dire que lasituation est tendue jusqu’au point d’êtredevenue une question de vie ou de mort.Voilà la prospérité où nous nous endormons.( )

Et si, prêtant l’oreille à d’autres révélations,vous voulez savoir où en sont, à côté de cesintérêts matériels, qui sont la vie même dupays, les grandes institutions qui sont lesfondements de l’ordre social, on vous diraavec une patriotique douleur les ravages queporte dans cette généreuse armée, quis’appelle l’armée de la France, le despotismepolitique mêlant son inquisition perpétuelleà tous les actes de la vie militaire ; la maniedes innovations révolutionnaires troublant àchaque instant l’œuvre de la défensenationale ; la malsaine recherche d’uneillégitime popularité cachant, sousl’apparence d’une diminution fictive descharges publiques, une désorganisationcroissante, et, pour achever ce désordrematériel, la persécution religieuse qui vient,en chassant Dieu de la caserne, ravir au soldatsa meilleure consolation, aux familles leurplus précieuse garantie, à la patrie le gage leplus certain du dévouement de ses enfants.( )

D’autres encore vous parleront desmagistrats ébranlés sur leurs sièges,dénoncés partout et jusqu’à la tribunenationale comme des ennemis publics,placés entre l’indépendance de leurs âmes etla préservation de leur carrière, et menacésd’une législation nouvelle qui, en sacrifiantceux d’aujourd’hui, ne laissera plus à ceux dedemain que le prix des services qu’ilsrendront. ( )

Voilà ce qu’on fait des institutions du pays ;et faut-il vous parler de l’administration ?Hier j’avais sous les yeux un relevé desmouvements effectués dans les différentsordres de fonctionnaires depuis trois ans ; il ya eu 15,956 mutations, et, dans le nombre, desmilliers de révocations qui laissent toute unearmée d’anciens et fidèles serviteurs du paysavec un avenir détruit, un grand nombreprivés de ressources les plus nécessaires àleur vie et à celle de leur famille. Voilàcomment on traite l’administrationfrançaise ; on la brise, on la bouleverse defond en comble, et on s’en sert comme d’uneprime offerte aux amis par la faveur d’unparti politique.

Et pendant qu’on met ainsi, au dedans, lepays en coupe réglée, au dehors on abaisse la

Sensationprolongée.

Très bien ! très bien ! —Applaudissements.

Rires ironiques. —Applaudissements.

C’est vrai ! c’est vrai !

C’est vrai ! — Très bien ! —Applaudissements.

Oui ! oui !C’est bien cela !

Rires ironiques. -— Applaudissements

rires

c’est vrai !

Assentiment.

C’est cela ! — C’est la vérité !

Bravos répétés. — Applaudissements.

C’est cela !

Quels dînés !Quels dînés

Les ministres m’ont donnés !Oh ! que j’ai fait de bons dînés !

Les documents contrerévolutionnaires n 20 — Décembre 2001o2

Déjà on prépare ladictature qui doit en sortir

comme le couronnementnaturel de la République.

Or ce n’est pas assez demaudire cette dictature

qui s’avance et de lui crier,en se détournant d’elle,qu’elle est la honte et la

perte du pays.

Page 3: Discours d'Albert de Mun

dignité nationale dans d’inexcusablesaventures. On compromet à l’étourdie, dansun banquet, le nom de la France ; on engagedans un repas intime sa parole et peut-êtreses soldats ; on va, par une ignorance ou unecomplicité également coupables, jusqu’àpermettre à des contrats inavoués de livrerses armes et ses approvisionnements (

) ; on oublie enfinqu’on a, par un coup du destin, la garde d’unevieille et grande nation, et que c’est elle, etnon pas la république, qu’on mène avec soi,quand on essaye de se mêler au concert del’Europe ; et, comme il y a dix ans on ne savaitfaire ni la guerre ni la paix, aujourd’hui,incapable de garder simplement et à la fois lapaix et l’honneur national, on passeeffrontément des provocations qu’inspire lajactance aux désaveux empressés quecommande l’intérêt électoral. ( )

Et puis on monte au Capitole, tandis que,s’élevant plus haut encore que ces plaintespatriotiques, la grande clameur de tous lesdéshérités retentit chaque jour davantage,qui demande compte à la républiquebourgeoise des promesses qu’elle adressaitau peuple, et qui fait sonner aux oreilles desparvenus du libéralisme le glas de la questionsociale. ( )

La question sociale ! Il n’y en a pas, répondle journal de M. Gambetta. Rabagas l’avaitdit avant lui ( ) : « Il n’y a que des positionssociales ; quand on n’a pas les meilleures, ilfaut les prendre. » On les a prises ; on s’ytrouve bien et on se bouche les oreilles,témoignant une fois de plus que, suivant laparole de l’illustre P. Monsabré, lelibéralisme révolutionnaire n’est qu’ « unesociété en commandite dont le capital secompose de mensonges, et dont le but estd’établir, sur les ruines des pouvoirsrenversés, une entreprise gouvernementalequi profitera aux gros actionnaires. Tant pispour le peuple (R. P. Monsabré,

) ». ( )

Voilà où nous en sommes.

Et il me reste, Messieurs, vous lepressentez, pour aller au bout de ce tristeexamen, la tâche la plus douloureuse, cellequi émeut le plus profondément mon cœuret les vôtres ; il me reste à parler de la guerrereligieuse déchaînée dans tout le pays.

Je ne veux pas faire passer sous vos yeux lelugubre et interminable défilé des violences,des proscriptions et des ruines qui ont remplil’année dernière. Je ne veux pas essayer unrécit incomplet de ces scènes déchirantes età jamais honteuses pour une nation, quetoute la France a connues, et dont le souvenirne s’effacera pas des âmes chrétiennes ni descœurs épris de la vraie liberté. (

)

Un jour, Messieurs, nos enfants et nosneveux se refuseront à croire ce que nousavons vu : les asiles sacrés de la prière et de lacharité attaqués en pleine paix, sans que riendans ces cloîtres silencieux fût venu servir, jene dirai pas de provocation, mais de prétexteà une telle surprise, obligés de se tenirpendant un mois en état de défense, etlivrant enfin à la force, derrière leurs portesbrisées, leurs hôtes innocents, et, du même

coup, enfermés dans les plis de leurs robes debure, les droits de Dieu et des citoyens.( ) Ils serefuseront à croire ce que nous avons vu : lesministres de Dieu saisis par ceux qu’oncharge de poursuivre les malfaiteurs ; que dis-je ! Jésus-Christ lui-même enfermé dans sessanctuaires par des mains impies. Ils serefuseront à le croire, ou bien ils supposerontquelque nouvelle invasion des barbares, et ilsne voudront pas admettre que ce spectacleinouï fut donné par un gouvernement légal,l’ordonnant au nom des lois, et forçant à yparticiper les soldats de la France. (

)

Et pourtant c’est l’histoire d’hier, et,pendant que j’en évoque le souvenir, il y en aun autre qui me presse malgré moi et quiremplit mon âme ; je parle presque jour pourjour dix ans après le 18 mars, et je m’imagineque tout à coup un des otages de laCommune secoue sa poussière sanglante etapparaît au milieu de nous. Que va-t-il dire ?Au récit de ces demeures violées, de ceséglises profanées, de ces prêtres traités enmalfaiteurs, il croira que nous rappelons lestemps où il a succombé pour Dieu et pour lapatrie. Mais non, il faudra lui répondre quenous parlons d’aujourd’hui, et qu’après dixans passés sur sa cendre refroidie, ses yeux nese sont un moment rouverts que pour voir sesfrères proscr i ts et ses bourreauxtriomphants. (

) Dix ans, Messieurs, qui l’eût ditalors, à cette heure tragique où l’indignationsoulevait toutes les âmes, et où la Franceépouvantée poussait à son réveil un long cride repentir, d’espérance et de foi ?

Dix ans ! Et laissez-moi le dire, ledespotisme qui nous tient courbés a quelquechose de pire que celui qui nous menaçaitalors ; celui-là c’était l’explosion violented’une criminelle folie, dont l’excès mêmecompromettait le succès ; aujourd’hui c’est lapatiente réalisation d’un plan savammentconçu, habilement poursuivi ; c’est la guerre àDieu, légale et méthodique, mais toujoursirréconciliable et acharnée ; c’est ladestruction progressive mais résolue de lareligion. ( ) Ce ne sont passeulement les moines proscrits et dépouillés,c’est l’hospice et le bureau de bienfaisancetransformés en instruments d’un partipolitique ; c’est la sœur de Charité chassée duchevet des mourants, l’administration duculte livrée à l’autorité civile, le prêtre obligéde se faire soldat, et le recrutement du clergérendu presque impossible ; c’est par-dessustout la conjuration formée contre l’âme denos enfants, la conjuration de l’article 7 et deslois Ferry, les crucifix enlevés à coups de balaidans les écoles de Paris et jetés dans des

tombereaux, les Frères et les Sœurs expulsésdes écoles communales ; la conjuration de laloi Paul Bert enfin, qui enveloppe dans uneg r a t u i t é m e n s o n g è r e e t r u i n e u s el’enseignement sans Dieu, qu’elle prétendimposer à tous par l’odieux despotisme del’obligation. ( ) Demain ce serapeut-être la loi du pays, et alors on sera bienprès du couronnement de l’édifice, car onaura mis la main sur les générations quigrandissent, et, dans quelques années, onaura fait un peuple sans Dieu, sans croyanceet sans foi, c’est-à-dire un peuple prêt pourtous les esclavages. ( )

Voilà l’œuvre de la République !

Oh ! je sais qu’on se défend de toute hainepréconçue, et qu’à chaque violence nouvelleon s’assoit sur les ruines qu’on a faites pourreprendre haleine et parler d’apaisement. Jesais cela, et je dis, Messieurs, que c’est unecomédie électorale ( ) ; je dis que nonseulement on ne peut pas s’arrêter parcequ’on est poussé par les impatients, maisencore et surtout qu’on ne veut pas s’arrêter,et on ne le veut pas, parce que l’œuvreentreprise n’est pas une œuvre de hasard, decirconstance ou de politique, mais uneœuvre de sectaires longuement préparéedans les loges de la franc-maçonnerie,commencée dès le lendemain de la guerre de1871, dans les discours où M. Gambetta allait,comme à Saint-Quentin, comme à la Ferté-sous-Jouarre, ameuter les esprits contre lescatholiques ; une œuvre enfin dont leprogramme est devenu celui de toute sa viepolitique et qui porte un nom connu de toutela France : c’est le programme de Romans.

V o i l à l a v é r i t é . () On a pu varier les

procédés, essayer tour à tour de la violence etde la modération ; on n’a jamais changé deprogramme, et on poursuit avec persistancele plan qu’on a tracé d’avance. Ce n’est pasl’emportement d’un jour, c’est un système degouvernement qui consiste à déchristianiserla France pour mieux l’asservir, à mettrepartout l’État à la place de Dieu, et, quand onaura suffisamment enguirlandé les électeursde belles promesses et de bonnes paroles,quand on les aura étourdis par le miraged’une prospérité factice et trompés par lesapparences d’une modération intéressée, unsystème de gouvernement qui consistera, onl’espère bien, à se mettre soi-même à la placede l’État.

Voilà la dictature qu’on nous prépare.

C’était jadis la dictature de l’incapacité ;aujourd’hui ce sera quelque chose de bienplus redoutable, ce sera la dictature del’impiété. ( )

Sans doute la France chrétienne, la Francehonnête a protesté par d’admirablesrésistances contre la tyrannie qui la presse ;et je ne sais rien de plus beau, de plusfortifiant que cette lutte entre la conscienceet le despotisme, que cette nation qui défendson âme contre l’esclavage, qui se dérobeavec de superbes révoltes au joug qu’on luipropose, et qui, sentant sur son épaule lamain de ses vainqueurs, se redressecourageusement, s’enveloppe dans sonhonneur et s’écrie, comme cet orateur de

Oui !oui ! — A bas Gambetta !

Bravo ! bravo !

Bravos.

rires

Radicalismecontre radicalisme Bravos. — C’est cela !

Jamais !jamais !

Bravos répétés. — Applaudissements.

Longmurmure d’indignation.

Bravos répétés. — Vivent lesJésuites !

Oui ! oui ! C’est vrai !

Bravos répétés.

Très bien ! très bien !

Oui ! oui !

O u i ! o u i ! —Applaudissements.

Bravos.

3Les documents contrerévolutionnaires n 20 — Décembre 2001o

C’est la patiente réalisationd’un plan savamment conçu,habilement poursuivi ; c’est

la guerre à Dieu, légale etméthodique, mais toujoursirréconciliable et acharnée ;

c’est la destructionprogressive mais résolue

de la religion.

Page 4: Discours d'Albert de Mun

Rome au tyran qui le menaçait : « Quand tum’arracherais la langue, mon âme, restéelibre, de son souffle seul repousserait taviolence » (

) Je ne sais rien de plus beau que cesprotestations qui se multiplient sans cessedepuis deux ans ; rien de plus beau que cesjuges qui demeurent jusqu’au dernier joursous l’épée qui les menace, fièrement drapésdans leur indépendance ; rien de plus beauque ces trois cents magistrats qui déposentleur toge pour ne pas courber leurs fronts...( ) ; rien de plus beau queces sacrifices constants, ces dévouementsinfatigables qui donnent à la défensereligieuse du pays ses ressources et sesserviteurs. Cette lutte, Messieurs, cetteprotestation de tous les catholiques, de tousles hommes de liberté contre le despotismerévolutionnaire, il faut qu’elle continue sanstrêve et sans repos : c’est le devoir, c’estl’honneur, c’est le moyen de faire hésiter lespersécuteurs, d’entraver leur marche, deretarder enfin autant que possiblel’exécution de leurs desseins.

Mais je suis ici pour vous dire, parce quec’est ma conviction, que ce n’est pas assez.

Ce n’est pas assez, parce que cela ne résoutpas la question politique, et que, la questionpolitique en suspens, c’est le lendemain pleinde périls et d’incertitudes, c’est l’avenir dupays livré à tous les dangers que j’ai essayé devous montrer ; je me trompe, c’est l’avenir dupays condamné à l’irrémédiable catastrophemorale et matérielle dont j’ai fait tout àl’heure passer le tableau sous vos yeux.

Voulons-nous abandonner notre patrie à laruine, nos intérêts les plus chers àl’exploitation d’une politique coupable, nosenfants à l’impiété, nous-mêmes à lapersécution ; nos champs, nos ateliers et nosusines à une législation qui les épuise ; nosdroits et nos libertés à un despotisme sansscrupule ; notre dignité, notre sécuriténationale aux entreprises inavouées ? Oubien, comme des citoyens pénétrés de leursdevoirs envers leur pays, comme des hommesjaloux de leur indépendance, comme deschrétiens dévoués à leur foi, voulons-nous àtout prix tenter un effort héroïque poursauver notre patrie et nous sauver nous-mêmes ? Voilà la question. ( )

Messieurs, je n’ai jamais comprisl’indifférence politique. Je sais très bien, ettous les catholiques savent avec moi que, si lasoumission à la loi divine est la conditionessentielle qui s’impose à tous lesgouvernements humains, Jésus-Christ n’apas cependant dicté aux nations chrétiennesla forme de leur constitution politique, etque c’est là une question libre au-dessus delaquelle l’Église demeure immuable dans saconstitution divine. Si l’indifférencepolitique était là, s’il s’agissait d’une thèseaussi manifeste pour un esprit chrétien, jen’en parlerais que pour y souscrire. Je diraidavantage : si l’indifférence politique n’étaitque la préoccupation exclusive, chez ceuxqui en ont la garde, d’intérêts sacrés plushauts que les intérêts humains, je n’élèveraispas la voix pour la condamner. Mais ce n’estpas là, ce n’est pas dans cette affirmationd’un principe certain, dans ce sentiment d’undevoir supérieur, qu’est l’indifférence

politique ; elle est dans cette erreur pratiquequi, s’appliquant à un pays déterminé, y tienttous les gouvernements pour égalementbons ; elle est dans cette insouciance qui lesaccepte tous par une défaillance coupable, etqui se réfugie dans le chimérique espoir detrouver des expédients pour en tirer parti.( )

C’est là qu’est l’indifférence politique, etc’est d’elle que l’illustre et à jamais regrettécardinal Pie ( ) a pu dire qu’ellene sera jamais qu’une vaine formule.« Quiconque, — ce sont ses propres paroles,— quiconque s’épuise à vous dire qu’il n’a pasd’opinion politique, et que le mieux est den’en pas avoir, termine rarement sondiscours sans vous démontrer qu’il en a unemauvaise et qu’il veut vous la faire partager( , t. II, p.321). » ( )

Voilà ce que c’est que la neutralitépolitique, et c’est pourquoi je dis qu’elle estaussi impraticable que dangereuse.

Une nation ne peut pas se passer degouvernement, et la forme qu’aura cegouvernement, le principe sur lequel ilreposera, le choix de celui qui en sera ledépositaire, rien de tout cela ne peut êtreindifférent, je ne dis pas à un homme quiaime son pays, mais à un homme qui prétendy vivre, parce que ce sont autant desquestions intimement liées à l’ordre socialtout entier, à la prospérité publique, à lasécurité du lendemain, à la paix de laconscience et au repos de la famille. Et, sicette nation est la France, la question est pluspressante, plus inéluctable encore, parce quedans l’état où la Révolution l’a mise, legouvernement, l’ordre légal, a un si grandempire, une puissance si accablante, que, s’ilest mauvais, s’il est vicié dans ses origines,dans ses doctrines et dans ses représentants,il a sur les destinées du pays une influencechaque jour plus funeste, et qu’il arrive uneheure où le despotisme de l’État finit parétouffer la révolte de la conscience.

M. de Martignac a dit un jour cette belleparole : « C’est un grand mal dans un paysquand la loi ordonne ce que l’honneurdéfend : en France, c’est toujours la loi quisuccombe ! » Messieurs, Dieu me garde devouloir offenser mon pays ! Mais, laissez-moivous le dire, quelle que soit encore sa vigueurmorale, quelque ressource qu’il y ait dansl’énergie de sa conscience, je ne crois pas qu’àl’heure où nous sommes cette parole soitvraie. La loi, la légalité a chez nous unepuissance presque sans bornes, et, quand elleest maniée par des hommes que le scrupulen’arrête pas, elle devient une oppression plusforte que toutes les protestations. L’honneurse révolte et s’indigne sans doute, mais la loiimpose silence à ses gémissements, et, quandune pareille expérience a été faite souvent,quand la terreur s’ajoute à la lassitude, alors,Messieurs, oui, je l’avoue, je crois quel’honneur peut succomber... C’est le règne dudespotisme... (

), et, quand je parle du despotisme dela légalité dans l’année qui a vu l’applicationdes lois existantes, je ne crois pas que je parled’une chimère. ( ) Cela nedure pas ! me dit-on, et l’excès même de latyrannie amène tôt ou tard un réveil de

l’opinion. Je le veux bien ; mais d’abord n’est-ce rien que le mal qui se fait pendant qu’onattend la réaction promise, et cette lentecorruption que la loi promène dans le pays,avec tout son prestige et tous ses moyensd’action ? Et je le dirai encore, Messieurs, —je suis ici pour tout dire, — je redoute pour laFrance encore autre chose, et la réaction neme rassure pas plus que l’anarchie. Je lerépète, je ne veux pas être injuste pour monpays ; mais, après tant de révolutions, aprèstant et de si persistantes confusions, aprèstant de changements, de systèmes diverstour à tour essayés et rejetés, je me demande,Messieurs, ce qu’il adviendrait du brusquerevirement d’une opinion affolée par l’excèsrévolutionnaire, ce qui se passerait ce jour-làdans ce pays où la foi est si profondémenttroublée, où la notion du juste et de l’injuste areçu de si rudes atteintes, où l’habitude dufait accompli a pris un tel empire ! Je me ledemande avec effroi, et je ne suis pas sûr quel’indifférence politique ne nous mènerait pasalors tout droit dans les bras d’un sauveurd’aventure qui, pour prix de l’ordre matériel,nous donnerait un despotisme nouveau.( )

Cette politique-là, cette politique de laréaction au hasard et sans principes, c’est lapolitique des catastrophes, et ce n’est pas lamienne. ( ) Ce que je veux,c’est arrêter le mal, c’est prévenir lacatastrophe, et je dis que, pour cela, il faut ungouvernement ; que du choix de cegouvernement dépendent l’avenir et lasécurité du pays, et qu’il est du devoir de tousles hommes politiques, de tous ceux qui ontquelque action sur l’opinion de leur temps,de dire ce qu’ils pensent d’une si gravequestion, de tout faire pour éclairer leursconcitoyens et pour hâter l’heure de cettedélivrance nécessaire.

Nous périssons. Voilà la vérité... () et le cri d’alarme de tous les bons

citoyens. Nous périssons par la destructionde nos croyances, par l’éducation sans Dieu,par le gaspillage de nos finances, par ledésordre de notre administration, par la criseéconomique. Il n’y a personne parmi les plustimides, parmi les plus indifférents, qui ne lecroie et qui, rentrant à son foyer, après sesaffaires ou ses plaisirs, ne répète avec l’accentde la douleur, de la colère ou dudécouragement : Nous périssons !

Eh bien ! Messieurs, je ne consentirai pas,quant à moi, à m’asseoir sur le tombeau de laFrance ! (

) Nous périssons parce que nous nevoulons pas nous sauver, et que nous sommesun peuple partagé en deux parts : l’une quis’endort au lendemain de chaque tempête,sans souci de la tempête du lendemain, sousla tente qui lui offre un abri de passage ;l’autre qui use ses forces contre la

Bravo ! -— Applaudissementsprolongés.

Très bien ! — Bravos

Mouvement.

Bravos. — Applaudissements.

bravos prolongés

Œuvres de M Pie, évêque de PoitiersBravos. — Applaudissements.

Bravo ! — Mouvementprolongé

Non ! Non ! Bravo !

Très bien ! très bien ! — Applaudissements.

Très bien ! très bien !

Oui ! oui !— Très vrai

Bravos ! — Applaudissementsprolongés.

gr

4

Nous périssons par la des-truction de nos croyances,par l’éducation sans Dieu,

par le gaspillage de nosfinances, par le désordrede notre administration,par la crise économique.

Les documents contrerévolutionnaires n 20 — Décembre 2001o

Page 5: Discours d'Albert de Mun

Révolution, sans point d’appui suffisant pourla vaincre, et qui roule ainsi sans espoir lerocher sous lequel elle retombe épuisée.Messieurs, je parle aux uns et aux autres, maispeut-être à ceux-ci plus encore qu’auxpremiers, et je leur dis : Il n’y a plus d’illusion,plus d’hésitation possible ! Si nous laissonsles générations qui grandissent entre lesmains de la République, elle tuera en ellesl’âme de la France. Hâtons-nous ! ( )Le temps presse ! Le mal est déjà profond,demain il pourrait être sans remède.

J’ai le droit, Messieurs, de tenir un pareillangage, et je suis, en parlant ainsi, dans uneincontestable légalité ; la constitution qui aorganisé la République est revisable, c’est-à-dire qu’elle peut être modifiée, nonseulement dans ses détails, mais dans laforme même du gouvernement : lesdéclarations les plus formelles et les plusexplicites ont établi de cette manière le sensde l’article 8 des lois constitutionnelles, etconsacré à cet égard un droit absolu. C’estaux Chambres qu’il appartient d’en faireusage dans des conditions déterminées, et,dans une année qui sera marquée par lesélections législatives, qui se terminera par unrenouvellement du Sénat, c’est le droit descitoyens de se préoccuper de cette questionde revision, c’est le devoir des hommespublics de dire ce qu’ils en pensent, s’ils lacroient nécessaire et comment ilsl’entendent.

La revision ne serait qu’un mensonge si untel droit pouvait nous être refusé, et nousmanquerions, nous royalistes, à notrehonneur, à notre loyauté, à notre sincérité, sinous ne disions pas nettement à cette heuresolennelle pourquoi nous adjurons notrepays de repousser la République etd’acclamer la Monarchie. ( )

Sans doute, si nous étions en faced’hommes trompés et sans partis pris, quin’eussent d’autre souci que de défendre leursinstitutions politiques, nous pourrionshésiter à faire une pareille déclaration, dansla crainte de paraître, malgré nous, donner unprétexte à nos adversaires pour aggraver lapersécution religieuse. Car ce serait unegrande responsabilité que d’accroître lemalentendu, d’entretenir la confusion etd’être ainsi pour quelque chose, à notre insumême, dans les maux de l’Église.

Mais, je vous le demande, en sommes-nouslà ? Y a-t-il une confusion et un malentendu ?( ) Est-ce que les hommes que nousavons en face de nous ne sont pas dessectaires qui ont entrepris sciemment,volontairement, la guerre religieuse, qui l’ontétudiée comme une science, qui en ont fait ledrapeau de leur vie politique et leprogramme de leur gouvernement ? Quoi !nous leur donnerions un prétexte ! Mais ont-ils attendu d’en avoir un pour chasser lesFrères et les Sœurs, pour abolir l’aumônerie

militaire, pour proposer l’article 7, pourdétruire pièce à pièce l’enseignementsupérieur et secondaire, pour expulser lesreligieux, pour décréter l’enseignement sansDieu ? Ont-ils attendu d’avoir un prétextepour déchaîner la guerre religieuse, pourexciter contre les catholiques toutes lesmauvaises passions et pour donner en motd’ordre à leurs troupes : « Le cléricalisme,voilà l’ennemi ! »

En vérité, quand on entend les hommesqui, depuis dix ans, poursuivent la religiond ’ u n e h a i n e i n s e n s é e , p a r l e r d ecompromissions regrettables et prétendrerejeter sur nous la responsabilité de la guerrequ’ils ont allumée ; quand on songe que cesont les hommes de Romans, de l’article 7 etdu 29 mars qui jouent cette comédie, envérité le sang monte au visage, et on sedemande qui donc ils se flattent d’abuser ?( )

Non, Messieurs, les confusions qu’oninvoque, nous les dissipons à l’avance ! Leprétexte qu’on cherche, nous en repoussonsla prétention !

La persécution ne tient pas à notre silenceou à nos discours : les causes en sont ailleurset bien autrement profondes, et les effets ensont venus à ce point que ce qui doit nousoccuper devant cet incendie déchaîné detoutes parts, c’est de courir aux pompes pourle tarir dans sa source ! L’heure desménagements illusoires est passée : ce qu’ilfaut, c’est opposer au mal un remèdeénergique, et je n’en connais qu’un ; ce quipresse, c’est d’empêcher la ruine de la patrieet des choses saintes, et je ne sais qu’unmoyen d’y réussir, c’est de donner à la Franceun gouvernement qui la sauve. (

) Quel sera ce gouvernement ? Encoreune fois, voilà la question.

Messieurs, « la forme sociale et politiquedans laquelle un peuple peut entrer etn’est pas livrée à son arbitraire, maisdéterminée par son caractère et son passé( T a i n e ,

, p. de laPréface). » ( ) Ce n’est pas moiqui le dis, ce n’est pas un catholique, ce n’estpas un royaliste, c’est M. Taine qui l’écritavec sa bonne foi habituelle. Voilà la vérité !

La France n’est pas née d’hier ; ce n’est pasun peuple neuf, improvisé sur une terrevierge, c’est une antique nation, dont le nomet les actes ont rempli l’histoire pendantquinze siècles, et qui a trouvé sur sa route,dans ce long chemin parcouru, assez de gloireet de douleurs pour que ses fils soientpassionnément attachés au souvenir des uneset des autres, et pour qu’il ne leur soit paspermis, sous peine de renier le nom de leurspères, de répudier ce passé plein d’honneur.( )

Ce passé, cette histoire illustre, c’est latradition nationale, et je dis que c’est là qu’estle fondement nécessaire de la constitutionpolitique ; je dis que, hors de là, il n’y a quedes expédients, des remèdes d’empirique,des préoccupations personnelles ou descalculs d’égoïsme. Je dis que, hors de là, il n’ya qu’une route semée d’abîmes etd’escarpements, sur laquelle on traînera la

France en la déchirant en lambeaux ; je disqu’il n’y a pour nous que la perpétuelle etmortelle oscillation de l’anarchie audespotisme.

La tradition nationale, Messieurs ! sonprestige a tenté tous ceux à qui Dieu a permisde commander un jour à notre pays, et ils enont si bien senti la puissance, que tous ontvoulu s’y rattacher par quelque lien, enessayant de cacher la pauvreté de leurberceau avec un bout du manteau dont lessiècles ont couvert les épaules de la France...( ) : tous, l’empire,qui se donnait, avec l’éclat passager de sesinstitutions, comme la forme nouvelle del’antique monarchie ; tous, et la Républiqueelle-même, qui se cherche des titres dans lesruines qu’elle a faites, et jusqu’à M. JulesFerry, qui, s’étant un jour affublé d’une loiramassée dans les décombres de l’ancienrégime, s’est pris pour un successeur desmonarques d’autrefois. (

)

La tradition nationale ! on n’est pas libre dela dénaturer et de l’invoquer à son gré : elles’est façonnée dans le sillon des siècles, etdepuis quatorze cents ans elle porte un nomqui la résume tout entière, avec ses grandeurset ses revers, avec ses origines et sestransformations successives : elle s’appelle laroyauté française. (

) Voilà pourquoi, voilàcomment je suis royaliste. Je le suis dans lasincérité de ma conscience de catholique etde Français... ( ), sans rienconfondre et sans rien séparer de tout ce quifait battre mon cœur d’amour, d’espérance etde foi !

Messieurs, il faut aller jusqu’au bout ; nousvoulons le roi, et non pas seulement un roi.Pourquoi, et qu’est-ce donc que le roi ?

Je pourrais vous parler de sa personne, ducharme qu’il exerce, de l’attrait qu’il inspire,de l’étreinte qui serre le cœur quand, aprèsl’avoir vu et entendu, il faut quitter cettedemeure de l’exil où il semble qu’on laissederrière soi l’âme de la France. ( ) Jepourrais vous dire longuement tout cela, etce ne serait pas satisfaire une vaine curiosité ;car enfin, dans un temps où les hommespèsent dans la balance d’un poids si lourd,dans un temps où l’on parle couramment dela dictature de M. Gambetta, c’est bienquelque chose que ce prestige du dehors et cedécor extérieur du commandement.

Je pourrais vous dire ce que j’ai vu quand jesuis allé à Frohsdorf : je n’y suis pas alléseulement pour y porter un hommage derespect et de fidélité ; je n’y suis pas allé nonplus en conspirateur ; j’y suis allé dire tout ceque je viens de répéter ici loyalement et augrand jour, dans le libre exercice d’un droitque, cette année, les élections et lesperspectives de revision rendent plusimmédiat que jamais ; et ce que j’ai trouvé, jevais le dire : j’ai trouvé un princeadmirablement chrétien dans sa vie, dans soncaractère et dans ses principes, uniquementoccupé de deux pensées : la France et sondevoir... ( ) ; pénétré de nosbesoins et des conditions actuelles de lasociété, prêt à gouverner et sachant que,pour faire son œuvre, pour réformer les

Oui ! oui !

Bravo ! bravo !

Non ! non !

Bravos. — Applaudissements prolongés.

Bravo !bravo !

rester

L e s O r i g i n e s d e l a F r a n c eContemporaine : l’ancien régime

Bravo ! bravo !

Bravo ! Bravo ! — Vive le roi !

Bravos. — Applaudissements

Rires ironiques. —Applaudissements.

Bravos répétés. —Applaudissements.

Oui ! oui ! — Bravo !

Sensation.

Bravo ! bravo !

III

5Les documents contrerévolutionnaires n 20 — Décembre 2001o

Si nous laissons lesgénérations qui grandissent

entre les mains de laRépublique, elle tuera enelles l’âme de la France.

Page 6: Discours d'Albert de Mun

mœurs et les institutions sociales de ce pays,il faut d’abord lui donner un gouvernementfort, qui rétablisse l’ordre et la paix publique,qui fasse taire ceux qui les troublent et quirende à tous la sécurité du lendemain. J’aitrouvé, si je puis ainsi parler, un prince qui estun honnête homme et un homme degouvernement. Je pourrais dire : Voilà ce quec’est que le roi ; et, dans la crise qui nousmenace, ce ne serait pas peu de chose.

Je pourrais vous dire plus encore...Messieurs, je me souviens d’un magnifiquediscours de M. Thiers au Corps législatif del’empire : il parlait de la question romaine, et,dans un superbe mouvement, après avoirénuméré la multitude de catholiques, aprèsavoir dit que leur culte était le vieux culte dela patrie et qu’il en avait béni les gloires etinspiré le génie, il s’arrêta tout à coup sur cesmots : « Je pourrais vous dire tout cela ; maisnon, Messieurs, je ne vous ne le dirai pas, caril y a quelque chose de plus respectable que lenombre, que le génie, que la gloire : c’est ledroit. »

Moi aussi, je pourrais vous dire que le roic’est l’incarnation de toutes les vieillesgloires de la France ; mais j’aime mieux vousdire qu’il est quelque chose de plus grand, deplus auguste, de plus fort : il est le droit.( )

Le droit, Messieurs, fondé sur l’antiquealliance de la nation française et de lamonarchie, sur cette alliance que n’ont purompre les violences sanglantes d’un peupleégaré, ni les votes de circonstance, émis sousla pression d’événements astucieusementpréparés ; le droit, que son représentantinjustement déchu n’a pas cessé d’affirmer etde revendiquer par ses nobles protestationschaque fois que la France a changé de capriceou de meneurs ; le droit, dont l’empire est sigrand que ceux même qui le foulent aux piedsn’osent pas en renier la puissance, et qu’ilsforgent à leur usage, plutôt que d’avouer leurusurpation, un droit de fantaisie quis’appellera peut-être demain l’électiondictatoriale ! ( )

Messieurs, la force est une nécessité degouvernement, et je ne suis pas de ceux quicroient qu’il faille s’en passer. Mais la forcen’est pas un principe : nous avons connu sonrègne, et la gloire, pendant un temps, lui a faitcortège... La gloire a succombé, la force s’estémoussée, et le gouvernement s’est écroulétout entier. La force, c’est toujours unhomme, et, quand l’homme tombe, il n’y aplus rien. Et si la force est impuissante, est-cel’acclamation populaire, est-ce la majoritédes suffrages avec tous ses caprices, toutesses faiblesses et tous ses entraînements quisera le fondement du pouvoir, ou bien larévolte heureuse ou l’émeute triomphanteavec ses excès ou ses passions ? La majorité,c’est le droit quand elle dit : quand elledit : on l’invalide. (

) L’émeute, c’est le droitquand elle réussit ; quand elle échoue, c’estun crime !

Messieurs, nous avons connu tous cesrégimes, et, depuis si longtemps que, pour nepas reconnaître un roi, nous nous livrons à cesouverain terrible, tour à tour esclave ettyran, à ce souverain sans nom, sans corps et

sans responsabilité qu’on appelle le nombre,je vous le demande, depuis que nous vivonssous cet empire redoutable, qu’y avons-nousgagné ?

Ah ! je sais bien ce que nous y avons perdu.L’autorité d’abord, l’autorité qui se meurt,qui est brisée partout, dans la vie sociale,dans l’école, dans l’atelier, et qu’on aremplacée par l’arbitraire, qui est l’autoritédes despotes : l ’arbitraire dans legouvernement, l’arbitraire dans l’éducation,l’arbitraire jusque dans la loi.

Messieurs, voilà le plus grand mal, la plusgrande ruine que nous aient faite lesgouvernements révolutionnaires. Ils ont tuél’autorité, et du même coup ils ont tué laliberté ; car ce sont deux compagnesinséparables, et, dans une société fondée surl’oubli des droits de Dieu, la confusions’établit sur tous les droits humains, de tellesorte que la porte est ouverte tour à tour, etquelquefois tout ensemble au despotisme età l’anarchie. ( )

Voilà ce que nous avons perdu, et, je lerépète, qu’avons-nous gagné ? C’est aupeuple surtout qu’il faut le demander ; c’estaux faibles, à ceux qui souffrent, à ceux quitravaillent ; car c’est à eux que la Révolution atout promis, et c’est dans leur sang que laRépublique a assis son trône.

Messieurs, je ne suis pas un enfant dupeuple ; mais, permettez-moi de le dire, j’aivécu assez près de lui pour le connaître etavoir le droit d’en parler ; depuis dix ans,depuis le lendemain des grandescatastrophes de 1871, j’ai vécu tout entier auservice d’une idée, le salut de la classeouvrière... ( ), son salut moralet le progrès de sa condition matérielle, tousdeux inséparables dans ma conviction. J’aivécu, je devrais dire nous avons vécu, car je nesuis qu’un des soldats de l’armée catholiquequi s’est consacrée à cette tâche, nous avonsvécu courbés, pour ainsi dire, sur cettepensée unique : servir la cause dest r a v a i l l e u r s . (

)

Nous avons entendu leurs plaintes, nousavons vu leurs souffrances, et, au fond de tousces cœurs trompés, fatigués de la luttepolitique, nous avons trouvé un immensedécouragement et le vide d’une profondedéception. Sans doute le grand nombre nevoit pas la vérité, et il y a dans les âmespopulaires des montagnes de préjugésinexpliqués, de haines aveugles, deressentiments injustes, qu’y ont accumulé lacorruption systématique, le défautd’éducation morale, et, il faut bien le direaussi, de notre part à nous, l’oubli du devoirsocial.

Mais dans ces âmes troublées, que l’appâtdes biens terrestres a violemmentdétournées des croyances surnaturelles, ce

qui domine, ce qui éclate, je le répète, c’est ladéception et le sentiment profond de labanqueroute révolutionnaire. (

) A ce peuple on a tout promis : lapuissance, la richesse et l’indépendance. Onne lui a donné que le masque d’unesouveraineté chimérique, et, derrière cemasque, il n’y a qu’un esclave, un esclave quiporte sur ses épaules les politiciens dont il afait la fortune... ( ),un esclave qui appartient corps et âme à lafournaise industrielle où on le jette commeune marchandise.

On a tout promis à l’ouvrier. Mais sonrepos, sa santé, sa vieillesse, son foyer, sonavenir, ses intérêts professionnels, qui s’ensoucie ? Après quatre vingt- dix ans, on en està discuter s’il est convenable de lui rendreune parcelle du droit d’association que laRévolution lui a ravi ; et c’est tout ce qu’onsait faire pour essayer de résoudre cettequestion sociale, cette question économiquequi est la question vitale du temps moderne,qui s’impose à tous les gouvernements del’Europe, et dont l’intérêt public devrait aumoins, à défaut du sentiment de la justice,faire comprendre l’importance.

Messieurs, j’ai nommé la justice. Où est-elle, à l’heure où je parle ? Elle est comme laliberté ; elle est comme l’autorité, elle estmorte, la Révolution l’a tuée. ( ) Etquand un gouvernement, qui n’a pour lui ni latradition nationale, ni l’antiquité des servicesrendus, ni l’éclat de la gloire, ne donne pasmême l’autorité, ni la liberté, ni la justice, jele demande, de quoi peut-il se prévaloir ?

Voilà la seconde raison pour laquelle je suisroyaliste. C’est qu’à l’abri du droit, duprincipe qui m’apporte la stabilité, c’est-à-dire la sécurité du lendemain, je suis sûr devoir renaître et se rétablir, à tous les degrés del’échelle sociale, l’autorité, l’autorité forte etpaternelle, parce qu’elle a confiance dans salégitimité ; je suis sûr de retrouver la libertédont j’ai besoin, non pas la liberté de toutfaire, de tout dire et de tout écrire, que je nedésire pas parce qu’elle n’est presquetoujours que la liberté du mal... (

), mais la liberté de la conscience, laliberté de la famille, la liberté individuelleque la république me retire... (

) ; je suis sûr enfin de voir entreprendrela grande œuvre de justice que le peupleattend depuis un siècle et à laquelle vientnécessairement aboutir toute la politiquecontemporaine : œuvre, immense etmagnifique, qui est faite pour tenterl’ambition d’un roi, quand ce roi se sent l’âmeassez haute pour l’envisager sans effroi.

Certes, je ne veux pas dire que lamonarchie suffise à elle seule pour résoudrela question sociale, mais je dis qu’elle seulepeut y travailler avec fruit, parce qu’elle est labase nécessaire de tout l’ordre politique ; jene dis pas qu’elle la résoudra en un jour, maisje dis qu’elle y travaillera sans relâche,honnêtement, loyalement, non pas avec desphrases, des promesses et des formulesthéoriques, mais avec des principes et desinstitutions, avec des encouragements auxhommes de bonne volonté, avec le concourspratique des hommes spéciaux. Je le disparce que la monarchie que j’attends pourmon pays porte avec elle un principe qui

Bravo ! bravo ! Vive le roi !

Très bien !

oui ;non, Rires ironiques. —

Applaudissements.

Très bien !

Bravos énergiques

B r a v o ! b r a v o ! —Applaudissements.

Très bien ! trèsbien !

Bravos. — Applaudissements

Sensation.

Très bien ! trèsbien !

C’est vrai ! c’estvrai !

6

Voilà le plus grand mal, laplus grande ruine que nous

aient faite les gouverne-ments révolutionnaires.

Ils ont tué l’autorité.

Les documents contrerévolutionnaires n 20 — Décembre 2001o

Page 7: Discours d'Albert de Mun

rassure mon âme à l’avance et lui donne uneconfiance absolue dans son programme : elleest la monarchie chrétienne. (

) Oh !Messieurs, je sais bien ce qu’on dit ; je saisbien par quel argument on nous combat. Lamonarchie chrétienne, on dit que ce sera legouvernement des curés, la dîme rétablie, lesdroits féodaux et les privilèges de la noblesserestaurés. Voilà ce qu’on dit, et ceux qui lecroient le moins sont ceux qui le font croireaux autres... ( ) ; on se sert d’unmensonge comme d’une arme politique, eton sait bien que c’est un mensonge.

Mais c’est assez qu’on le dise pour que nousayons, nous, le devoir de le démentir sanscesse, d’abord en y opposant la parole mêmedu prince qui l’a cent fois donnée, puis,comme cela n’embarrasse pas les trompeursde profession, en y répondant par l’évidence,en répétant que l’ancien régime est mort avecce qu’il avait de bon, et avec les abus qui s’yétaient introduits ; et que, s’il est vraiqu’après un siècle de révolution, nous avonsbesoin d’une réorganisation sociale, il ne l’estpas moins qu’elle ne peut être faite quelentement, par un accord intime entre latradition et les conditions actuelles de lasociété... ( ) ; et, quand augouvernement des curés, je crois pouvoirdire que les évêques et le clergé n’ont pas plusenvie de se charger du fardeau del’administration civile que le roi celle de leleur offrir, et que nos vœux se bornent à voirl’un et l’autre pouvoir dans une harmoniedont la république elle-même, si j’en crois larenommée, paraît quelquefois sentir lebesoin. ( )

Messieurs, il faut bien répondre à cesaccusations, mais il faut aussi parlersérieusement et dire ce que c’est que lamonarchie chrétienne ; pour moi c’est, endeux mots, un pouvoir soumis à la loi divine,qui fait respecter Dieu et qui laisse l’Égliselibre dans son culte, dans sa parole, dans sesinstitutions et dans son gouvernement.( ) C’est un pouvoir honnête etsoucieux du bien-être de ceux qu’il gouverne,qui épargne leurs finances et protège letravail national ; c’est un pouvoir dontl’ambition est le bien public, et qui appelle àlui, pour l’aider à le faire, tous ceux quiveulent et qui peuvent y contribuer, sansdistinction d’origine, sans préoccupation dupassé, à cette seule condition d’apporter aveceux une entière bonne volonté et uneparfaite loyauté... (

) ; c’est un régime dont celui qui en estpour nous l’auguste représentant a donné lui-même la formule, quand il a écrit cettemagnifique parole : « Il faut, pour que laFrance soit sauvée, que Dieu y rentre enmaître pour que j’y puisse régner en roi. »( )

Voilà comment je conçois la monarchiechrétienne, et, permettez-moi de vous ledire, j’y vois quelque chose de plus encore : j’yvois ce pays reprenant dans le monde sonrang et son prestige par la dignité de sonlangage et de sa conduite, imposant auxempires voisins, par le grand nom du roi deFrance, le respect et la confiance, se plaçantavec lui à la tête des gouvernementsconservateurs et montrant à l’Europe, où il a

promené la Révolution, l’exemple, qu’il luidoit en retour, de la Révolution vaincue parle Christianisme. (

)

Voilà ce que j’appelle la monarchiechrétienne, et c’est la troisième raison pourlaquelle je suis royaliste. Je le suis parce quej’aime passionnément mon pays, parce que,suivant la parole de Berryer, je suis patriote,très bon patriote. (

)

Messieurs, j’ai trop abusé de votreattention, et je me hâte de finir ; j’ai tâché devous dire pourquoi la monarchie m’apparaîtcomme le seul et nécessaire port de salut. Jeregarde autour de moi, et je ne vois plusmême d’abri provisoire qui puisse tenter leshésitants ; je n’en vois plus d’aucune sorte. Larépublique conservatrice ? ( )Nous l’avons vue avec M. Thiers ; elle estvenue s’évanouir dans les bras de M. Barodet.M. Dufaure a essayé d’en relever les débris ;ils sont tombés avec lui, et il n’a plus trouvé,pour sa sincérité religieuse, d’autre ressourceque de mettre son éloquente parole auservice des causes justes et saintespersécutées par la république. M. deFreycinet disait à Bordeaux, en 1878, qu’ilvoulait une république où l’on ne blessât niles personnes ni les intérêts, où l’on fûttolérant et conciliant ; étant devenu chef dupouvoir, il a chassé les Jésuites... (

) ; puis il a cru qu’ayant fait la part dufeu, ayant sacrifié un nombre respectabled’innocents, il pourrait gouverner sans fairede victimes nouvelles ; c’est à quoi seréduisait alors la république conservatrice.( ) M. de Freycinet est tombésous cette illusion. On dit que M. Gambettaest devenu aujourd’hui le représentant de larépublique conservatrice... Voilà ce qui nousreste ; et déjà, pendant qu’on offre au payscette extrémité comme une ressourcesuprême, la Commune relève partout sa têtetriomphante, les amnistiés s’assoient dansl’Assemblée nationale, et la république dedemain montre son visage à travers lesmailles largement ouvertes de la politiqueopportuniste. Je demande, après cetteexpérience de dix ans, ce qu’on attend pourse convaincre. ( )

L’empire, Messieurs, l’empire est mort,mort dans une catastrophe sans égale, qui atrouvé nos cœurs d’autant mieux ouverts àune respectueuse sympathie, qu’en nousinclinant devant ce grand deuil d’un partinous pouvions saluer en même temps unegloire de plus pour l’histoire nationale. (

) L’empire est mort, car ce n’est pas vivreque d’avoir un représentant renié par tousceux qui veulent sauver la religion et l’ordresocial. ( )

Eh bien, aux désabusés de la république quine veulent pas de ses violences et quin’espèrent plus dans sa modération, auxsurvivants de l’empire qui demandent ungouvernement fort, un gouvernementd’ordre et d’autorité, et qui gardentpieusement dans leur cœur la mémoire desprinces qu’ils ont perdus, aux conservateursenfin de tous les partis de la nation, non pas àceux qui sont prêts à s’accommoder de tousles régimes en échange d’un peu d’ordre

matériel, mais à tous les hommes de travail,de foi, de liberté, qui sont soucieux de leursintérêts, de leur religion, de l’éducation deleurs enfants, qui ont besoin, pour vivre, de lapaix, de la prospérité, de la sécurité dulendemain, à tous ces hommes de bonnevolonté, je dirai : Qu’attendez-vous pourvenir à nous ? (

)

La monarchie est là toute prête, avec un roichrétien, honnête et loyal, avec des princesunis derrière lui dans une commune penséede patriotisme ; la monarchie avec sonprincipe de stabilité, ses traditions, lespreuves de son passé ; et, en face, il y a larépublique avec la guerre à Dieu, la sécuritémenacée au dedans et au dehors, l’anarchiedans l’armée, dans la justice, dansl’administration ; la république avec satyrannie, sa mobilité, et, elle aussi, avec sestraditions et les preuves de son passé...( ) : mais la république, faites-ybien attention, où tout le monde s’unit pourcombattre, à l’heure du péril, autour du chefet du drapeau commun, tous, radicaux etmodérés, intransigeants et opportunistes,tous, sans distinction de nuances, d’opinionset de préférences. Voilà ce que je demande.Je demande que nous suivions cet exemplefécond et que tous, chrétiens etconservateurs, hommes de foi, d’ordre et deliberté, nous oubliions les nuances, lesopinions, les préférences qui nous divisentpour nous rallier autour du roi et du drapeaude la monarchie nationale. (

)

Je le demande, Messieurs, dans toutel’ardeur de mon patriotisme, dans la sincéritéd’une conviction que les événementsfortifient chaque jour, heureux si ma voixpeut être entendue de quelques-uns et si jepuis, par mon exemple et pour ma faible part,contribuer à former, pour le salut de laFrance chrétienne, la grande armée de laconservation sociale, à qui la tradition dessiècles a légué ce cri de ralliement, qui vauttout un programme : Dieu et le roi.(

)

Ce discours souleva dans la presse entièreune vive émotion. Accueilli avec un véritableenthousiasme par l’ et par le plusgrand nombre des journaux catholiques desdépartements aussi bien que par l’ etpar tous les organes du parti légitimiste, ilfut, au contraire, violemment attaqué par lapresse républicaine et libérale, à laquellefirent malheureusement écho, avec plus demodération dans la forme, quelques journauxcatholiques de Paris. Des récits fantaisistes,où la vérité était dénaturée, présentèrentl’attitude de M. de Mun et les motifs quiavaient inspiré sa conduite sous un jourabsolument faux. Une polémique ardentes’ensuivit et se prolongea pendant plusieurssemaines.

M. de Mun ne voulut y prendre aucunepart ; il trouva d’ailleurs une suffisantecompensation à ces attaques injustifiéesdans la lettre suivante, dont M. le comte de

Bravosredoublés. — Applaudissements prolongés.

Bravos

Très bien !

Rires ironiques. — Applaudissements.

Bravo ! bravo !

Très bien ! très bien ! — Vivele roi !

Bravos et applaudissements prolongés.

Très bien ! très bien ! —Applaudissements prolongés.

Vive le roi ! Vive M. deMun !

Rires ironiques.

Riresironiques

Nouveaux rires.

Bravos.

Trèsbien !

Bravos.

Bravos. — Acclamations. —Vive le roi !

Bravos redoublés

Bravos. —Applaudissements prolongés. — Vive le roi !

Bravos.— Longue salve d’applaudissements. —Vive le roi ! — Vive M. de Mun ! — L’orateur estentouré et vivement félicité.

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7Les documents contrerévolutionnaires n 20 — Décembre 2001o

Page 8: Discours d'Albert de Mun

Chambord daigna l’honorer :

« Goritz, 25 mars 1881.

« Je n’attendais pas moins de vous, moncher de Mun. Le discours que vous venez deprononcer à Vannes est bien celui del’homme qui, mesurant l’étendue du périlsocial, avait tant de fois déjà trouvé dans sonpatriotisme le courage de dire à laRévolution ce qu’elle est et à la contre-révolution ce qu’elle doit être. C’est avec unegrande joie que je m’associe à votre nouveautriomphe et que je vous adresse, avec mesf é l i c i t a t i o n s l e s p l u s v i v e s , m e sremerciements les plus sincères.

« Tout est vrai dans le tableau que vousfaites de la prospérité factice de nos financeset de la situation lamentable de notreindustrie, de notre agriculture. Tout est vraidans le récit indigné de ces expulsionsd’humbles et saints religieux qu’entourait lerespect de tous, et que l’on a chassés commede vils malfaiteurs au nom de la civilisation.

« Vous n’avez pas oublié, et je vous enremercie, de saluer en passant ces hommesde désintéressement et de sacrifice,l’honneur de la magistrature, qui ontnoblement refusé d’abaisser leur conscienceau caprice de l’injustice et de l’impiététriomphantes. L’estime publique leur estacquise ; qu’ils comptent aussi sur ma plusvive reconnaissance.

« Mais si vous avez dit vrai, dans la tristeénumération de nos abaissements et de noshumiliations, vous n’êtes pas moins heureuxquand vous indiquez le remède à tant demaux. Avec la monarchie traditionnelle, cequi signifie la monarchie chrétienne, vousvous faites fort de résoudre tous lesproblèmes contemporains, et vous avezraison.

« Que l’indifférence en matière politique sescandalise da la netteté de vos affirmations,que les pusillanimes s’en effrayent, que lesrévoltés s’en indignent, je le comprends, lavérité est toujours importune aux époques detroubles et de défaillance ; mais quandl’erreur, sous mille formes diverses, seproduit de toutes parts et au grand jour,n’est-ce pas pour nous un devoir d’affirmer ledroit, la justice, la vérité, et d’opposer àl’audace du mal la probité et l’honneur ?

« Il s’agit de savoir si le monde doitretourner à la barbarie et s’il ne doit pasdemander compte à la Révolution de sesexécrables forfaits. Il s’agit de savoir si lastabilité d’un principe qui domine lesvicissitudes humaines et qui leur survit n’estpas supérieure à toutes les combinaisons duhasard et de l’intrigue pour protéger ladignité des consciences ainsi que la libertédes âmes, et assurer à cet ouvrier qui vous estsi cher et auquel vous avez si généreusementconsacré votre vie, la sécurité du painquotidien.

« On ne démontrera pas mieux que vous nel’avez fait ces grandes vérités ; on ne prouverapas mieux, pour recouvrer tant de bienfaitsperdus, la nécessité de rendre à la France sonDieu et son roi.

« H . »

Peu de jours après la publication de cettelettre, M. de Mun recevait de M. le comte deChambord la mission d’organiser par toute laFrance un large mouvement de propaganderoyaliste. MM. Lucien Brun, sénateur, et levicomte Mayol de Lupé, rédacteur en chef del’ , donnèrent, par deux grandesconférences, le signal d’une campagne àlaquelle prirent part les orateurs les plusautorisés et les plus brillants du parti.Alimentée constamment par des banquets,des meetings, des réunions publiques etprivées, soutenue par une large diffusion debrochures et d’écrits politiques, cettecampagne se prolongea pendant deux ans,sous la direction de M. de Mun,puissamment secondé par un jeune magistratdémissionnaire, M. de la Guillonnière,jusqu’au moment où la maladie et la mort deM. le comte de Chambord vinrent, enmodifiant les conditions de la lutte politique,y mettre nécessairement un terme.

Dans l’intervalle, les élections législativesava ient eu l i eu le 21 août 1881 .L’arrondissement de Pontivy, en raison duchiffe de sa population, avait été scindé endeux circonscriptions. A la suite d’uneréunion du comité royaliste du Morbihan, lapremière fut attribuée à M. le comteLanjuinais, et la seconde (comprenant lescantons du Faouët, de Gourin et deGuéméné), réservée à M. de Mun, qui y futélu par 4476 voix contre 3560 données à M. leFur, paysan du canton de Guéméné etrépublicain exalté, que ses adversairesavaient cru habile de lui opposer.

La nouvelle Chambre se réunit à la find’octobre 1881, et l’élection de M. de Mun futvalidée sans débat dès la première séance.

Abbé Vial, ,réédition Expéditions pamphiliennes.

Henri, Comte de Chambord,, 1995. Disponible à la SA D. P. F.

Jean Vaquié,,

réédition Éditions Saint-Rémi, 2000.

Bernard Basse,, Dominique Martin Morin, 1986.

Disponible à la SA D. P. F.

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, lettre d’infor-mations confidentielles d’Emmanuel Ratier,l’un des hommes les mieux informés. Poursavoir ce qui se passe dans les coulissesrévolutionnaires (franc-maçons, sectes,mondialistes, lobbies cosmopolites...) aussibien que chez les contrerévolutionnaires. BP254-09, 75424 Paris cedex 09, France.Tél./fax : 01 40 16 80 92 ; http://www.faits-et-documents.com.

Saint Michel Archange, défendez-nousdans le combat ; soyez notre secours contrela méchanceté et les embûches du démon.« Que Dieu lui commande », nous ledemandons en suppliant ; et vous, Prince dela milice céleste, repoussez en enfer, par lapuissance divine, Satan et les autres espritsmauvais qui rôdent dans le monde pourperdre nos âmes. Ainsi soit-il.

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(Indulgence de trois ans ; plénière, une fois par mois, pour larécitation quotidienne, aux conditions ordinaires (confession,communion, visite d’une église avec prière aux intentions duSouverain Pontife). Pén., 12 novembre 1932.)

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Au terrible torrent de boue constitué par leslivres sortis de l’officine ténébreuse des impies,

sans autre but, sous leur forme éloquente et leursel perfide, que de corrompre la foi et les mœurs et

d’enseigner le péché, le meilleur remède, on enpeut être assuré, est de leur opposer des écrits

salutaires et de les répandre.

S. S. Léon XII, , 26 juin 1827.

I. Kraljic, C.P. 49604, 5122 Côte-des-Neiges, Montréal, Qc, H3T 2A5, Canada. Email :[email protected]. URL :http://www.contrerevolution.org

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