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    Discours de la mthode. Descartes. 1637.Posted By Simone MANON On 13 juillet 2009 @ 7 h 20 min In Lecture suivie | 23 Comments

    *Ce texte est un crit de circonstance. En 1633, Descartes projetait de publier son Traitdu monde, mais il apprend les dmls de Galile avec le St Office. Or comme dans sonTrait du monde, il soutient les thses de la science nouvelle (la rotation de la terre) ildcide par prudence de ne pas publier son uvre. La devise de Descartes tait larvatus prodeo : Je mavance masqu . En 1637, il dcide comme il lcrit dans sa correspondance, de sonder le gu enpubliant trois essais scientifiques : La Dioptrique; Les Mtores; La Gomtrie, prcdsdun Discours de la mthode. [1]

    Il sagit donc, pour le philosophe de commencer par le commencement. La sciencenaissante na aucune chance dtre reue par la plus grande partie des esprits, tant queceux-ci nont pas t rforms. A quoi bon publier les rsultats dune recherche, si lesesprits ne sont pas disponibles pour la manire radicalement nouvelle daller au vrai quilsimpliquent? En effet la physique en voie de constitution exige de se demander ce qui estau principe dune connaissance vritablement scientifique :Faut-il considrer comme la philosophie de lEcole le prtend, que la vrit a t rvleou trouve et quil convient seulement de la recevoir par voie dautorit, ou bien faut-ilcomprendre que la vrit est chercher par un effort actuel devant mobiliser lesgnrations prsentes et venir ? La rponse de Descartes est trs claire : Except lesvrits religieuses qui ont t rvles, les vrits scientifiques sont chercher. Lascience nest pas construite, elle est laborer et pour cela il faut une mthode.Quelle est cette mthode ? Cest celle qui permet de bien conduire sa raison car dunepart la raison est la seule autorit en matire de vrit, dautre part elle est inefficace sielle ne sexerce pas selon certaines rgles. La rdaction du Discours de la mthode [1] repose sur ces prsupposs, son enjeu tantde prparer les esprits comprendre la science nouvelle. Do le titre : Discours de lamthode pour bien conduire sa raison et chercher la vrit dans les sciences. Au fond, le Discours est un manifeste. On appelle ainsi une dclaration solennelle parlaquelle un homme ou un groupe expose son programme, justifie sa position. Undiscours nest pas un trait cest--dire une exposition mthodique et systmatique dunensemble de connaissances. Le projet se veut modeste. Descartes ne cesse de prciser quil donne voir le cheminquil a suivi et quil ne prtend pas donner de leons aux autres. Cf. La premirepartie. Toutefois il se peut faire que je me trompe, et ce nest peut-tre quun peu de

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  • cuivre et de verre que je prends pour de lor et des diamants Ainsi mon dessein nestpas denseigner ici la mthode que chacun doit suivre pour bien conduire sa raison maisseulement de faire voir en quelle sorte jai tch de conduire la mienneMais neproposant cet crit que comme une histoirefranchise . Il ne faut pas se laisser abuser par la modestie du propos. Certes, elle est sincre ence que le philosophe connat la propension de tout esprit lerreur, et en ce que,fondamentalement, Descartes est un homme modeste plus prompt se remettre en causequ remettre en cause les autres. Il y a l un trait de gnrosit, au sens o cette vertuengage sestimer sa juste mesure. Mais derrire la modestie il faut aussi dceler laprudence. La prudence ou sagesse pratique consiste ne rien faire qui puisseinutilement vous nuire. Or Descartes ne manquerait pas davoir des ennuis avec lespouvoirs tablis sil publiait comme Galile les rsultats de ses travaux intellectuels.

    Le Discours et les trois essais lui permettent de prendre le pouls de lopinion.Comme le peintre Apelle, cach derrire ses tableaux, coutait les critiques du public afinden tirer profit, Descartes attend des critiques que suscitera cette publication desrenseignements sur ltat des esprits dans leurs rapports la science nouvelle. Je seraibien aise de faire voir en ce discours, quels sont les chemins que jai suivis, et dyreprsenter ma vie comme en un tableau, afin que chacun en puisse juger, etquapprenant du bruit commun les opinions quon en aura, ce soit un nouveau moyen deminstruire, que jajouterai ceux dont jai coutume de me servir . Ce discours lui permet ainsi, derrire la modestie affiche de son objet, de prsenterune histoire de sa vie intellectuelle et dintroduire chaque partie de sa philosophie telleque luvre cartsienne la dploie par ailleurs de faon mthodique et systmatique. Lecontenu des Mditations mtaphysiques [2](1641) est prsent sommairement dans la 4partie, les grandes thses scientifiques dveloppes dans le trait du monde ; le trait delhomme ; le trait des passions sont annonces dans la 5 et 6 partie. La morale dans la3. Sil est vrai que la philosophie est comme un arbre dont les racines sont lamtaphysique, le tronc la physique, les sciences en gnral et les branches qui enconstituent la dimension pratique : la technique, la mdecine et la morale ; on peut direque le discours en esquisse larchitecture.*I) Analyse de la premire partie.

    A) Que faut-il entendre par le bon sens est la chose du monde la mieuxpartage ?

    Bon sens est synonyme de raison. Cest la facult de juger cest--dire de distinguer levrai davec le faux sur le plan thorique ou le bien davec le mal sur le plan pratique. La justification que Descartes donne de son propos (Cf. car) mle subtilement ironie etgnrosit. Chacun pense en tre si bien pourvu que ceux mmes qui sont les plusdifficiles contenter en toute autre chose, nont point coutume den dsirer plus quilsnen ont. En quoi il nest pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutt celatmoigne que la puissance de bien juger et de distinguer le vrai davec le faux, qui estproprement ce quon nomme le bon sens ou la raison, est naturellement gale en tous leshommes . Descartes note ironiquement un fait : les hommes ne manquent pas de motifs deplainte mais ils ne se plaignent jamais de leur jugement. Si difficile se satisfaire entoutes choses, ils sont dordinaire contents de leur jugement. Est-ce dire que tous jugent correctement ? Ce nest certes pas ce que veutlaisser entendre le philosophe du doute. Mais avant de pointer les faiblesses de cecontentement, il explicite ce quil signifie de positif. A savoir que les hommes nont pastort de savoir quil y a en eux une dignit, une facult les distinguant des animaux et lesconstituant comme des hommes part entire. Descartes sinscrit explicitement dans latradition grecque. Aristote dfinissait lhomme comme un animal raisonnable. Pour laraison ou le sens, dautant quelle est la seule chose qui nous rend hommes, et nous

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  • distingue des btes, je veux croire quelle est tout entire en un chacun, et suivre en cecilopinion commune des philosophes, qui disent quil ny a du plus ou du moins quentre lesaccidents, et non point entre les formes ou natures des individus dune mme espce . Descartes rappelle ici, conformment au langage scolastique, quil faut distinguer ce quiappartient essentiellement un tre et ce qui le caractrise accidentellement. Ce quiappartient son essence ou sa forme est ce qui le dfinit dans son tre, ce quiappartient sa dfinition. Ainsi la raison dfinit lhumanit dans son essence. Retirez lhomme sa forme raisonnable, il a cess dtre un homme. Peu importe quil raisonnebien ou mal, ce nest l quun trait accidentel, en revanche un tre priv de raison nestpas un homme. Dans la Cinquime partie, il soulignera que lhbtude des sourds et muets ou lediscours dlirant des fous ne les exclut pas de lhumanit. Eux aussi participent delhumaine condition mme si accidentellement ils sont privs des moyens dexercercorrectement leur raison. ( Car cest une chose bien remarquable quil ny a pointdhommes si hbts et si stupides, sans en excepts mme les insenss, quils ne soientcapables darranger ensemble diverses paroles, et den composer un discours par lequelils fassent entendre leurs penses et quau contraire il ny a point dautre animal tantparfait et tant heureusement n quil puisse tre qui fasse le semblable [] Et ceci netmoigne pas seulement que les btes ont moins de raison que les hommes, mais quellesnen ont point du tout [] ). Les hommes ont donc bien raison de se sentir gaux par cette facult qui les dfinit dansleur humanit et dignit. On sait que pour Descartes, cette facult est la marque ducrateur sur la crature, le principe de la supriorit ontologique de lhomme et ce parquoi il nest pas, comme le simple corps ou matire dont il relve aussi, rgi par leprincipe du dterminisme car en tant que substance pensante il dispose du libre-arbitre. Mais la justification sarrte l car il ne suffit pas de disposer de la raison, encore faut-ilen faire un bon usage. Ainsi si tous les hommes sont gaux par le fait de disposer duneraison, ils ne le sont pas par la manire dont ils lexercent. Lgalit des raisons nempche pas lingalit des esprits :Dabord parce quil ny a pas que la seule raison qui concourt la perfection de lesprit.Toujours avec le mme souci de modestie, Descartes souligne quil lui est souvent arrivdenvier la vivacit de tel esprit ou la capacit inventive, la puissance de limagination ouencore la prodigieuse mmoire de tel autre. Toutes ces dimensions de lesprit contribuent distinguer les uns des autres et faire que certains sont plus puissants que dautres.Ensuite parce que ce nest pas assez davoir lesprit bon, mais le principal est delappliquer bien . Le philosophe introduit ici lide de la ncessit de la mthode. Laraison est ncessaire, elle nest pas suffisante. A dfaut de la conduire mthodiquementelle est inefficace. Or, ce quil y a sans doute de plus difficile est de procder avecmthode. Cest si difficile que Descartes ne considre pas que cela soit la porte de tous lesesprits. Il le signifie lorsquil dit que la remise en cause de toutes les croyances laquelleinvite la premire rgle, cest--dire la pratique du doute nest pas un instrument mettre dans toutes les mains. Il sexplique sur ce point dans la deuxime partie. Il commence par remarquer que les difices les plus russis sont ceux qui rvlentlunit dun projet mthodique comme en tmoignent les monuments construits par unseul architecte, les villes conues par un seul urbaniste, les constitutions labores par unseul lgislateur, un domaine de savoir construit par leffort mthodique dun seul esprit,ou la reconstruction du champ des sciences telle que Descartes lenvisage par le doutemthodique. Mais pas plus dans le domaine des sciences que dans celui de la religion ou dans celui dela politique, il nest prudent dinviter tous les esprits la remise en cause radicale. Jamais mon dessein ne sest tendu plus avant que de tcher rformer mes proprespenses, et de btir dans un fonds qui est tout moi. Que si mon ouvrage mayant assezplu, je vous en fais voir le modle, ce nest pas, pour cela, que je veuille conseiller personne de limiter. Ceux que Dieu a mieux partags de ses grces auront peut-tre desdesseins plus relevs ; mais je crains bien que celui-ci ne soit dj trop hardi pourplusieurs. La seule rsolution de se dfaire de toutes les opinions quon a reues en sacrance, nest pas un exemple que chacun doive suivre. Et le monde nest quasi compos

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  • que de deux sortes desprit auxquels il ne convient aucunement : savoir de ceux qui, secroyant plus habiles quils ne sont, ne se peuvent empcher de prcipiter leurs jugements,ni avoir assez de patience pour conduire par ordre toutes leurs penses ; do vient que,sils avaient une fois pris la libert de douter des principes quils ont reus, et de scarterdu chemin commun, jamais ils ne pourraient tenir le sentier quil faut prendre pour allerplus droit et demeureraient gars toute leur vie ; puis de ceux qui, ayant assez de raisonou de modestie pour juger quils sont moins capables de distinguer le vrai davec le fauxque quelques autres par lesquels ils peuvent tre instruits doivent bien plutt se contenterde suivre les opinions de ces autres quen chercher eux-mmes de meilleures . Au fond la plus grande partie des esprits se rpartit en deux catgories. Dune part lesesprits prsomptueux qui prtendent plus quils ne peuvent et se condamnent lgarement chronique tant en matire politique, religieuse que scientifique. A bienobserver le monde cette catgorie est certainement la plus rpandue. Dautre part lesesprits modestes qui, ayant connaissance de leur limite sen remettent pour treclairs plus comptents queux. Car Descartes lavoue sans avoir plus desprit que lecommun, on ne doit pas esprer de rien faire dextraordinaire touchant les scienceshumaines . Descartes ne rserve donc lexercice du doute, la mthode du libre-examen qu un petitnombre desprits suprieurs. Est-ce dire quil se compte au nombre de ceux-ci ? Larponse est embarrassante. Nul doute que comme tous les grands gnies, Descartesdevait avoir conscience de sa supriorit. Mais ce qui frappe dans le propos cartsien,cest toujours la modestie. Ainsi lit-on, quil se serait plutt senti particip de la secondecatgorie desprit si les circonstances de sa vie ne lavaient pas mis en situation dtreinsatisfait du savoir reu, insatisfaction layant conduit dfinir une mthode dont il aexpriment par lui-mme la fcondit. Sa contribution ldifice du savoir ne vient donc pas dune espce de supriorit native,il insiste beaucoup sur le sentiment quil a de la mdiocrit de son esprit (mdiocre=moyen) ; elle dcoule de la mthode quil a eu la chance de mettre au point. Mais afindviter lcueil qui est celui des esprits prsomptueux, et qui font quils demeurent touteleur vie gars, il sefforce de retarder le plus possible le moment de la remise en causeradicale de toutes ses croyances pour se rapprocher du moment o grce sa mthode ilsera capable de les remplacer par des connaissances vritables. Je ne voulus pointcommencer rejeter tout fait aucune des opinions, qui staient pu glisser autrefois enma crance sans y avoir t introduites par la raison, que je neusse auparavantemploy assez de temps faire le projet de louvrage que jentreprenais, et chercher lavraie mthode pour parvenir la connaissance de toutes les choses dont mon esprit seraitcapable . Ide-force : Le principe de la rforme cartsienne est dans une suspicion lgarddune confiance exclusive dans les dons de lesprit. Cette confiance nest pas fonde. Larfrence aux grandes mes a pour fonction de ltablir. Lexpression renvoie surtout audomaine moral. Mais les choses sont analogues dans lordre thorique. Ceux qui peuventaller le plus haut (quil sagisse des grandes vertus en matire morale ou des grandeslumires en matire intellectuelle) sont sans doute les mmes que ceux qui peuvent allerle plus bas. Les vices ou les vertus des mes moyennes sont galement moyens. Paranalogie, la diffrence entre ceux qui font progresser la connaissance et ceux qui ne lefont pas tient ce que les uns procdent mthodiquement alors que les autres non. Parprcipitation, ceux-ci sloignent davantage de la vraie science quils croient la possder.Ainsi en est-il de ces faux savants de lge scolastique. Ils ont beaucoup tudi Aristote,les Pres de lEglise, mais en ce qui concerne la science de la nature, ils en sont dautantplus loigns quils ont reu sans examen tout ce quon leur a appris.*B) Le bilan de son ducation.

    1) Dabord Descartes souligne combien il y avait en lui une soif de connatre, unecuriosit naturelle quil avait hte de satisfaire car javais toujours un extrme dsirdapprendre distinguer le vrai davec le faux pour voir clair en mes actions et marcheravec assurance en cette vie . Il pointe lenjeu pratique de la connaissance, son utilit pour les besoins de laction. Ilsagit de conduire sa vie avec sagesse afin davoir une vie bonne et heureuse. La clart

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  • (opposable obscurit) et la distinction (opposable confusion) des ides ne sont pasvises dans une perspective simplement librale de la connaissance, mme si cetteconception grecque est aussi partage par Descartes. La recherche de la vrit est bien,pour lui aussi une fin en soi. Mais il y a une autre tendance chez Descartes qui estparticulirement affirme ici. Sil faut voir clair, cest dabord quil faut dployer sa viedans toute lexcellence dont on est capable et cela passe par lintelligence du vrai. Le bonusage du libre-arbitre suppose un jugement clair en toutes choses, (Cf. Cours sur lejugement [3] dans le chapitre la raison et le rel) les vertus pratiques supposent la vertuintellectuelle.2) Ensuite il dit sa profonde dception lendroit de lenseignement quil a reu alors quilreconnat avoir eu la chance dtudier dans le plus grand collge dEurope, cest--dire aucollge de La Flche. Il prcise quil ne se contentait pas dtudier les matiresenseignes, il tait curieux de toutes les productions intellectuelles de son poque, mmede ce quon appelle aujourdhui les sciences occultes(astrologie, chiromancie, magie,graphologie etc.) et quil appelle curieuses . Mais, sitt que jeus achev tout cecours dtudes, au bout duquel on a coutume dtre reu au rang des doctes, je changeaientirement dopinion. Car je me trouvais embarrass de tant de doutes et derreurs, quilme semblait navoir fait autre profit, en tchant de minstruire, sinon que javaisdcouvert de plus en plus mon ignorance . Il va donc passer en revue les disciplines quil a tudies, expliquant pourquoi ellesnont pas eu lheur de le satisfaire :-Le latin et le grec sont une bonne chose mais enfin leur seul intrt est de pouvoir lire lesauteurs anciens dans le texte.-Les fables veillent limagination enfantine mais la fantaisie est une chose, le rel en estune autre et il peut tre pernicieux de cultiver limaginaire si cela doit brouiller la frontireentre le rve et la ralit. Les rcits historiques sont difiants en ce quils lvent lespritpar lexemple des exploits des grands hommes mais trop sintresser ltude du passon risque dtre ignorant de ce qui se passe dans le prsent. Or cest au prsent quil fautvivre. La lecture des grands auteurs permet de converser avec des grands esprits et de sesentir membre de ce que Bayle appellera plus tard la Rpublique des Lettres . Ltudede lart oratoire (essentiellement les discours de Cicron), de la posie rend capable dunecertaine loquence mais lexcellence dans ce domaine relve plus dune certaine aisancenaturelle que de ltude de rgles (Cf. Pascal : la vraie loquence se moque delloquence). Et pour ce qui est de la vrit, il sagit moins de persuader des espritsignorants comme on le peut en matrisant lart oratoire que de la concevoir clairement etdistinctement. Or sur ce point la rhtorique nest daucun secours.-Les mathmatiques font lobjet de deux jugements trs diffrents. Telles quon les lui aenseignes, elles ne semblent gure avoir dautre intrt que dtre utiles la rsolutionde problmes pratiques (aux arts mcaniques). Et cela ne cesse de ltonner car sil y aune discipline qui incarne une perfection thorique, cest bien cette science. Descartesen fait lloge en tant que discipline thoriquement rigoureuse : Je me plaisaissurtout aux mathmatiques, cause de la certitude et de lvidence de leurs raisons ;mais je ne remarquais point encore leur vrai usage, et, pensant quelles ne servaientquaux arts mcaniques, je mtonnais de ce que, leurs fondements tant si fermes et sisolides, on navait rien bti dessus de plus relev . Il signifie donc que manifestement lascolastique na pas su voir la puissance et la fcondit des mathmatiques. Tout le projetcartsien consistera expliciter la mthode des mathmaticiens et en faire le modlede toute science. Car la russite de la raison dans une discipline est le garant de sarussite dans toutes les autres. Or quelle est la russite des mathmatiques ? Cest deprocder selon un ordre prcis : intuition des vidences premires et dduction partir de ces vidences. Do la rigueur de leurs raisonnements et la certitude de leursconclusions. La rvolution cartsienne consiste envisager sous le nom de science unemathmatique universelle.-Les ouvrages de morale peuvent exhorter la vertu mais les grands systmesphilosophiques tels que celui du stocisme sont jugs svrement. Ils lvent fort haut lesvertusmais ils nenseignent pas les connatre, et souvent ce quils appellent dun sibeau nom, nest quune insensibilit (condamnation de lapathie stocienne), ou un orgueil(condamnation de la thse stocienne levant le sage la hauteur dun dieu), ou undsespoir (condamnation de la justification stocienne du suicide), ou un parricide(allusion lanecdote de Brutus condamnant ses propres enfants mort et prsidant leur excution).

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  • -La thologie a certes un intrt religieux mais comme les vrits dont elle traitedpassent la lumire naturelle puisquelles sont rvles, la raison est impuissante enjuger.-La philosophie scolastique (son contenu consistait essentiellement dans la doctrinedAristote interprte par Suarez) fait lobjet dun jugement dune extrmesvrit : Elle donne le moyen de parler vraisemblablement de toutes choses, et se faireadmirer des moins savants . Descartes laccuse donc dtre un bavardage strile lusage des ignorants. Il est la recherche dune science absolument certaine or ce qui estcertain ne se discute pas. L o il y a dbat, dialectique on nest pas sur le terrain de lascience. En termes aristotliciens (Cf. Cours sur la dmonstration), [4] il ne reconnat unevaleur quau syllogisme scientifique cest--dire la dmonstration. Le syllogismedialectique naboutit qu du vraisemblable ou du probable. Le probable ntant pas lecertain je rputais presque pour faux tout ce qui ntait que vraisemblable .-La jurisprudence (= le droit) la mdecine et les autres sciences font aussi lobjet dunjugement accablant. Elles nont pas de valeur thorique, elles ne sont que des moyensdobtenir des postes lucratifs et honorifiques. Or la fortune de Descartes est suffisantepour quil nait pas besoin de vivre dun mtier lucratif et bien quil ne la mprise pas encynique, la gloire ne lattire gure.*Conclusion : Cest pourquoi, sitt que lge me permis de sortir de la sujtion de mesprcepteurs, je quittai entirement ltude des lettres. Et me rsolvant de ne chercherplus dautre science que celle qui se pourrait trouver en moi-mme, ou bien dans le grandlivre du monde ; jemployai le reste de ma jeunesse voyager, voir des cours et desarmeset partout faire de telles rflexions sur les choses qui se prsentaient, que jenpuisse tirer quelque profit . Descartes affirme ici le principe dune rupture radicale avec la tradition scolastique. Ilny a que deux sources lgitimes de la connaissance. Dabord la raison or lexercice decette facult ne dpend que de son effort personnel. Ensuite lexprience. Cest ce quoirenvoie lexpression : le grand livre du monde . Il sagit du rel tel quil est possible delobserver. Dans la sixime partie, Descartes prcise que ds quon avance dans laconstruction dune science, cest--dire ds quon nen est plus ltablissement despremiers principes et des consquences ncessaires de ceux-ci (intuition et dduction) lerecours lexprience est incontournable. Mme je remarquais, touchant lesexpriences, quelles sont dautant plus ncessaires quon est plus avanc enconnaissance. Car, pour le commencement, il vaut mieux ne se servir que de celles qui seprsentent delles-mmes nos sens, et que nous ne saurions ignorer, pourvu que nous yfassions tant soit peu de rflexion, que den chercher de plus rares et tudies . Au fondla mthode est toujours la mme. Aller du plus simple au complexe, du clair lobscur, dufacile au difficile afin dviter de se tromper. Commencer donc par les faits les plus aiss dcouvrir avant den chercher de plus complexes et de plus difficiles rendre intelligibles. Cette premire partie dont le titre est Considrations touchant les sciences sachvesur un jugement contrast lendroit de lexprience. Descartes entend par l la connaissance acquise par la pratique de la vie et parlobservation des choses. Il remarque dabord quil y a sans doute beaucoup plus apprendre des savoirspratiques que des savoirs purement spculatifs. Car les hommes sont infiniment plusenclins rectifier leurs erreurs lorsquils en subissent les dommages que lorsquilsconstruisent abstraitement des systmes infalsifiables par lexprience. Manire pour luide dnoncer les subtilits thoriques de la scolastique qui ; dit-il ironiquement ;semblent navoir dautres sanctions que de flatter la vanit de ceux qui sloignent le plusdu bon sens. Il note pour terminer que lobservation de la multiplicit, de la diversit et descontradictions des opinions et des murs humaines lui a permis de se librer de certainsprjugs, par exemple comme il le dit plus haut de la tendance ethnocentrique. Il estbon de savoir quelque chose des murs de divers peuples, afin de juger des ntres plussainement, et que nous ne pensions pas que tout ce qui est contre nos modes soit ridiculeet contre raison, ainsi quont coutume de faire ceux qui nont rien vu . Mais cetteexprience a surtout pour bnfice de le librer du prestige de cette mmeexprience. La contingence, la particularit, la diversit de celle-ci le dtournent de ne

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  • jamais pouvoir fonder sur elle, quelque chose de certain. Descartes conclut donc cettepartie sur une profession de foi rationaliste. Le fondement de la connaissance ne peutpas tre comme laffirment les empiristes lexprience car celle-ci ne peut rien fonder decertain. Il faut donc se tourner du ct de la raison pour trouver quelque chose de fermeet de constant dans les sciences. Aprs que jeus employ quelques annes tudier ainsi dans le livre du monde et tcher dacqurir quelque exprience, je pris un jour la rsolution dtudier aussi en moi-mme, et demployer toutes les forces de mon esprit choisir les chemins que je devaissuivre. Ce qui me russit beaucoup mieux, ce me semble, que si je ne me fusse jamaisloign, ni de mon pays, ni de mes livres .*II) Analyse de la deuxime partie.

    A) Ides gnrales.

    1) Eloge des ouvrages tmoignant de lunit dun plan de conception.2) Analogie entre les plans architectural, religieux, politique et thorique. Cetteanalogie vise surtout tablir, dune part que le projet de tout reconstruire sur denouveaux fondements na pas de pertinence sur le plan de lurbanisme, du religieux et dupolitique. (Voyez quen matire politique, lhorreur totalitaire procdera dun tel projet) etdautre part que le doute universel nest pas mettre entre toutes les mains.3) Diffrences entre les sortes desprit : les esprits prsomptueux et les espritsmodestes. (Voir analyse page 3 de ce cours)4) Introduction de la mthode pour bien conduire sa raison partir de diversesconsidrations sur les sciences abstraites ou formelles : la logique et les mathmatiques(gomtrie et algbre). Lessentiel du propos consiste dire que ces sciences ont denombreuses qualits thoriques mais celles-ci sont tellement mles desdveloppements confus et inutiles que ce fut cause que je pensai quil fallait chercherquelque autre mthode, qui, comprenant les avantages de ces trois ft exempte de leursdfauts .*B) Les rgles de la mthode.

    Du grec methodos, le mot mthode indique lide dun chemin (odos) vers (meta). Pourquoi la ncessit de suivre un chemin balis ? Parce que Descartes, la soulign : Ce nest pas assez davoir lesprit bon, mais le principal est de lappliquer bien . Or sil y a une science qui satisfait cette exigence, cest la mathmatique. Je meplaisais surtout aux mathmatiques, cause de la certitude et de lvidence de leursraisons ; confesse Descartes, mais je ne remarquais point encore leur vrai usage, etpensant quelles ne servaient quaux arts mcaniques, je mtonnais de ce que, leursfondements tant si fermes et si solides, on navait rien bti dessus de plus relev . Il signifie par ce propos que la scolastique na pas su voir la puissance et la fcondit desmathmatiques. Son projet va donc consister expliciter la mthode des mathmaticienset en faire le modle de toute science. Car la russite de la raison dans une disciplineest la garantie de sa russite dans toutes les autres et la supriorit des mathmatiquestient au fait quelles procdent selon un ordre prcis : intuitions des videncespremires et dduction partir de ces vidences. Do la rigueur de leursraisonnements et la certitude de leurs conclusions. La rvolution cartsienne consiste envisager sous le nom de sciences une mathmatique universelle. Rflchissant sur cette rigueur, Descartes estime quon peut la formaliser en quatrergles seulement.. Il prcise lintrt dun petit nombre de principes. Ils sont faciles connatre et consquemment observer, ce dont seraient bien inspirs de se souvenir les

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  • lgislateurs sur le plan politique, car les Etats bien gouverns ne sont pas ceux qui commele ntre, croulent sous une inflation lgislative. Il est difficile de connatre des lois tropnombreuses et cette plthore fait toujours le jeu des dlinquances diverses et varies.*1) La rgle de lvidence.

    La premire est de ne rien recevoir sans examen et de nadmettre comme vrai que cequi rsiste au doute. Rien nest moins naturel lesprit que ce souci car nous avons toust enfants avant que dtre hommes, et il nous a fallu longtemps tre gouverns par nosapptits et nos prcepteurs . Aussi avons-nous reu quantit de fausses opinions pourvritables, et sans prendre la peine dinterroger la valeur de vrit de ces opinions, nousfondons sur elles quantit de raisonnements ou de jugements qui ne peuvent qutreerrons. Voil pourquoi il convient de se dfaire de toutes ces opinions et dviter les deux prilsqui menacent lesprit dans sa recherche de la vrit. Dune part la prvention, dautre part la prcipitation. Etre prvenu consiste avoir des prjugs, opiner au lieu de se donner la peine dediscriminer le vrai du faux. Platon a point, dans lallgorie de la caverne la souverainetdes opinions et la difficult du chemin permettant de saffranchir de leur prestige.Descartes dcline ici la mme leon. Tant quon admet sans examen des noncs et quonfonde sur eux des affirmations, celles-ci nont aucune valeur thorique. Il faut se tenir engarde contre lapparence de vrit du prjug et naccepter comme principe duraisonnement que ce dont il est impossible de douter. Ce qui suppose de prendre le temps dexaminer et donc dviter la prcipitation. Celle-ciconsiste aller trop vite, tre trop peu scrupuleux sur les conditions de la validitrationnelle. Car seul peut tre reconnu comme vrai ce qui se prsenterait si clairement et sidistinctement mon esprit que je neusse aucune occasion de le mettre en doute .Le philosophe donne ici les critres de lide vraie dont le modle lui a t fourni par lecogito. Cest lide claire et distincte, lide dont lesprit ne peut pas plus douter quil nepeut douter de lui-mme. Sa vrit saute aux yeux, autrement dit elle est vidente. Lvidence qui, seule peut fonder la certitude, est la proprit intrinsque dune idesimposant lesprit comme vraie de telle sorte quil ne peut lui refuser son adhsion. Cequi lui confre cette force est sa clart et sa distinction. La clart est le contraire de lobscurit. Lide claire est lide directement prsente une pense attentive. Elle est, commente Gilson, limpression que produit laperception directe de lide elle-mme lorsquelle est immdiatement prsente lentendement []. Une ide est obscure lorsquelle se rduit au souvenir que nous avonsden avoir jadis peru le contenu ; plus obscur encore, si ce souvenir nest en ralit quunfaux souvenir . La distinction est le contraire de la confusion. Cest lide suffisamment prcisepour ntre confondue avec aucune autre. Une ide est confuse dans la mesure o la perception de son contenu se mlange dautres ides obscurment perues. Une ide ne peut donc tre distincte sans treclaire ; une ide qui ne contient rien que de clair est par l mme distincte ; mais uneide claire peut se mlanger dlments qui ne le sont pas, comme lorsque nouscomposons lide dunion de lme et du corps avec les ides claires dme et de corps .Gilson. Lide claire et distincte ou ide vidente est saisie dans un acte dintuition rationnelle.Elle seule permet de sortir du doute et de dployer partir de son vidence les longueschanes de raison du discours.*

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  • 2) La rgle de lanalyse.

    Lorsquon a un problme rsoudre, il convient de rduire la difficult en dcomposantmentalement un tout en ses lments constituants sil sagit dune chose matrielle ouune ide complexe en ides plus simples. Il y a l une dmarche fondamentale de lapense qui ne peut faire la lumire sur quoi que ce soir quen divisant, en dcomposantpour parvenir aux ides ou aux lments simples.* 3) La rgle de la synthse.

    Pour construire un savoir selon un ordre rigoureux, il faut donc partir des lmentssimples quon a dcouverts par analyse et qui, en dernier ressort sont saisis intuitivementpour dduire de ce simple le complexe. Comme lcrit Gilson : Une ide est dite plusconnue, ou plus aise connatre quune autre, lorsquelle lui est antrieure dans lordrede la dduction. A ce titre, elle est aussi plus vidente, puisquon peut la connatre sans lasuivante, mais non pas la suivante sans elle, et elle est par l mme plus certaine,puisque tant antrieure selon lordre de la dduction, elle se rattache au premier principeet participe son vidence de manire plus immdiate . Pour les problmes scientifiques, lordre entre les ides est impos par la nature mme,puisque lesprit peut le dcouvrir mais ce nest pas lui qui le met dans les choses. Il y a lclairement lexpression dune option raliste en matire de thorie de la connaissance.Mais il y a des problmes qui portent sur des objets qui ne sont pas naturels maisartificiels. Par exemple le dcryptage dune criture. Dans ce cas les lments ne seprcdent point naturellement, dit le texte. Il convient donc que lesprit invente lordre suivre pour trouver les solutions plutt que de procder au hasard.*4) La rgle du dnombrement.

    Il sagit de sassurer que dans le raisonnement on na rien oubli. Cf. Gilson : Lvidence nous garantit la vrit de chacun des jugements que nous portons. (Premierprcepte) ; mais elle ne peut nous garantir la vrit de ces longues chanes dductives,telles que sont dordinaire les dmonstrations. Le dnombrement ou numration consiste parcourir la suite de ces jugements par un mouvement continu de la pense qui, sildevient assez rapide, quivaut pratiquement une intuition. Les dnombrements ne sontvalables que sils respectent lordre requis par le troisime prcepte, et sils sont suffisantscest--dire conus de manire ne laisser chapper aucun lment de la dduction .*III) Analyse de la troisime partie.* Comme tout grand philosophe, Descartes a toujours joint le souci pratique au soucithorique. Trs tt, il a la profonde conviction quils se rejoignent dans la recherche desprincipes et qu lgal dune science rationnellement construite, on doit pouvoir laborerune morale rationnelle. Un rve fait dans la nuit du 10 au 11 novembre 1619 est cetgard, loquent. Le jeune homme voit, symboliss par un dictionnaire et un recueil depomes latins toutes les sciences ramasses ensemble et la philosophie et lasagesse jointes ensemble . Le dictionnaire reprsente le savoir, le recueil de pomes lamorale. Bien plus tard, en 1647, dans la lettre prface de ldition franaise des Principes de laphilosophie il raffirmera lide que la philosophie est une et quelle inclut la scienceet la sagesse. Ainsi toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont lamtaphysique, le tronc la physique, et les branches qui sortent de ce tronc sont toutesles autres sciences qui se rduisent trois principales, savoir la mdecine, lamcanique et la morale ; jentends la plus haute et la plus parfaite morale, qui

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  • prsupposant une entire connaissance des autres sciences, est le dernier degr de lasagesse .En 1637, cependant, lpoque du Discours de la mthode, [1] la science nest paslabore. Descartes est thoriquement, en situation de doute. Il a dconstruit les savoirsantrieurs en pointant leur caractre douteux, il na pas encore reconstruit ldifice desconnaissances sur les principes quil sest donns et plus fondamentalement, la scienceuvre collective, ne peut slaborer que trs lentement, une chelle de temps sanscommune mesure avec le temps individuel. Or il remarque que, sil est possible desuspendre son jugement sur le plan spculatif, il nen est pas de mme sur le planpratique. Vivre cest agir et laction saccommode mal des hsitations, de lirrsolution.Le prix payer pour des erreurs de jugement en matire de conduite est, par ailleurs trslev : contrarits, soucis, troubles de lme, ennuis de tous ordres. Tout cela nest pascompatible avec la tche que le philosophe sest assign. Il veut vaquer commodment la recherche de la vrit. Aussi afin que je ne demeurasse point irrsolu en mesactions pendant que la raison mobligerait de ltre en mes jugements et que je nelaissasse pas de vivre ds lors le plus heureusement que je pourrais, je me formai unemorale par provision qui ne consistait quen trois ou quatre maximes dont je veux bienvous faire part Discours III Partie.La morale par provision ou morale provisoire est donc un ensemble de principes queDescartes dfinit pour conduire sa vie avec assurance et tranquillit. Dans la prface desPrincipes de la philosophie, il dit : une morale imparfaite quon peut suivre par provision(=en attendant) pendant quon nen sait point encore de meilleure .Lenjeu de la morale provisoire est donc de vivre le plus heureusement possible et devaquer en paix la recherche de la vrit.1) Premire maxime : La premire tait dobir aux lois et aux coutumes demon pays, retenant constamment la religion en laquelle Dieu ma fait la grcedtre instruit ds mon enfance, et me gouvernant, en toute autre chose, suivantles opinions les plus modres, et les plus loignes de lexcs, qui fussentcommunment reues en pratique par les mieux senss de ceux avec lesquelsjaurais vivre .

    On a limpression que Descartes prconise ici un conformisme tonnant pour unhomme faisant de la raison, la seule autorit en matire de jugement. Sans doute, dansltat actuel des choses, la raison na-t-elle pas la lumire pour tre en mesure dtre laseule instance lgislatrice, mais plus fondamentalement il faut comprendre que dans ledomaine politique et religieux, la raison ne peut pas et ne pourra jamais tre la seulemesure des choses. Pourquoi ? Pour la religion, cest facile saisir. Celle-ci repose, dansle cas du christianisme, la religion de Descartes sur la Rvlation. Cest dire que la vritreligieuse ne relve pas de la lumire naturelle (la raison) mais dune lumire surnaturelle(la foi). Pour les lois civiles et les coutumes il convient de se souvenir que ce sont leshasards de notre naissance qui nous ont fait membre dun groupe et quune collectivitnest pas un monde de purs esprits. Elle a t faonne par les contingences historiqueset ce que lhistoire a irrationnellement produit a une inertie relativement rtive auxexigences de la raison. Loubli de cette vrit par les rformateurs ou les rvolutionnairesest souvent la cause de leurs checs. Ces grands corps sont trop malaiss relever,tant abattus, ou mme retenir, tant branls, et leurs chutes ne peuvent tre que trsrudes. Puis, leurs imperfections, sils en ont, comme la seule diversit qui est entre euxsuffit pour assurer que plusieurs en ont, lusage les a sans doute fort adoucies ; et mmequil en a vit ou corrig insensiblement quantit, auxquelles on ne saurait si bienpourvoir par prudence. Et enfin, elles sont quasi toujours plus supportables que ne seraitleur changement : en mme faon que les grands chemins qui tournoient entre desmontagnes, deviennent peu peu si unis et si commodes, force dtre frquents, quilest beaucoup meilleur de les suivre, que dentreprendre daller plus droit, en grimpant au-dessus de rochers, et descendant jusques au bas des prcipices .Discours de la mthode[1]II partie. Il y a dans ces remarques, une assez bonne indication de la prudence de Descartes lgard de la politique. Les conventions sociales, les mentalits, ne se rforment pas aussifacilement que ses propres opinions, aussi, puisquil faut vivre en paix avec les autrespour ne pas compromettre sa tranquillit, convient-il dans sa conduite extrieure, de seconformer aux lois et aux usages. Cela nengage pas le jugement (cest--dire le forintrieur) et pour toutes les actions qui ne sont pas prescrites par la loi et la coutume, il

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  • est sage de les rgler sur celles des hommes les plus senss avec lesquels jaurais vivre . Descartes nonce ici un principe de modration ayant deux justifications : dfaut de connatre la vrit, on a moins de chance de se tromper en suivant les opinionsloignes des extrmes car tout excs a coutume dtre mauvais et si on se trompe,on se dtourne moins du vrai chemin en tant modr quen tant extrmiste.2) Deuxime maxime: Ma seconde maxime tait dtre le plus ferme et le plusrsolu en mes actions que je pourrais, et de ne suivre pas moins constammentles opinions les plus douteuses, lorsque je my serais une fois dtermin, que sielles eussent t trs assures . Aprs la modration, Descartes prescrit la rsolution. Certes les ncessits delaction fondent lobligation de prendre parti, alors que lentendement ne sait pas aveccertitude quel est le choix le meilleur, mais mme si loption choisie reste douteuse,limportant est de se tenir fermement sa dcision. Il ne sagit pas pour le philosophe decautionner une attitude obstine et opinitre qui persvrerait dans lerreur stupidement,mais de comprendre que la rsolution nous empche de tourner en rond et est en elle-mme une solution aux incertitudes de laction. Comme souvent Descartes recourt uneimage pour faire entendre sa pense. Limage de la fort est la mtaphore de lobscuritet de la complexit du monde dans lequel sinsre notre action. Quel chemin devons-nouschoisir dans toutes les occurrences de la vie ? Nous ressemblons tous au voyageur gardans une fort. La raison ne sait pas quelle est toujours la meilleure voie suivre(lhomme na pas une science infinie, pour connatre parfaitement tous les biens dont ilarrive quon doit faire choix dans les diverses rencontres de la vie Lettre Elisabeth. [5]6 octobre 1645) mais elle peut dire avec certitude quun voyageur gar dans une fort,changeant sans cesse de direction pour se tirer daffaire ne trouvera jamais une issue(sauf hasard heureux). Tandis que celui, qui comme le prcdent ignore o est le bonchemin mais se tient celui quil a dcid demprunter a bien des chances de finir parsortir de la fort, quand bien mme le chemin choisi serait le plus long. Descartes prciseque cette rgle a lavantage de le dlivrer de tous les repentirs et remords qui ontcoutume dagiter les consciences de ces esprits faibles et chancelants, qui se laissent allerinconstamment pratiquer, comme bonnes, les choses quils jugent aprs tre trsmauvaises .3) Troisime maxime : Ma troisime maxime tait de tcher toujours mevaincre que la fortune, et changer mes dsirs que lordre du monde ; etgnralement de maccoutumer croire quil ny a rien qui soit entirement ennotre pouvoir, que nos penses, en sorte quaprs que nous avons fait notremieux, touchant les choses qui nous sont extrieures, tout ce qui manque denous russir est, au regard de nous, absolument impossible . Maxime dinspiration stocienne. Cf. dissertation : vaut-il mieux changer ses dsirs quelordre du monde ? Son enjeu est de se rendre content . Le cartsianisme est commeles morales antiques un eudmonisme. Le souverain bien de lexistence humaine est lebonheur, mais il ne faut pas attendre quil nous choit comme un don du ciel (Cf.tymologie du mot), il faut travailler en promouvoir les conditions. Cest dautant plusncessaire quil ny a pas accord entre le dsir et le rel, entre les aspirationshumaines et lordre des choses. Les hommes dsirent vivre en paix mais ils ont parfois subir les horreurs de la guerre, ils dsirent tre aims mais ils sont confronts lpreuvedu dsamour, ou de la solitude, ils souhaitent jouir dune bonne sant mais il leur arrivede tomber malade. Do lexprience la plus communment partage du malheur et dudsespoir. Or la souffrance, le dsespoir sont des maux quil faut absolument se donnerles moyens de surmonter. Tels sont les prsupposs de cette maxime. La question estde savoir comment. Descartes prconise la solution stocienne. Il sagit daccorder le dsiret le rel soit, si cela est possible, par la transformation du rel, soit, si cela nest paspossible, par la transformation du dsir. Il convient de ne pas tracer a priori la frontireentre ce qui dpend de soi et ce qui nen dpend pas. Limpuissance humaine nesapprcie, dans de nombreuses situations, quaprs avoir essay dintervenir surlextriorit. Nous avons un pouvoir partiel sur elle si bien quon ne saura ce qui nous est absolument impossible qu aprs avoir fait notre mieux touchant les choses quinous sont extrieures . Il ne sagit ni de renoncer avant davoir essay ni de persvreren prsence de la rsistance des choses cest--dire de ladversit. Une autre voie de salutest alors possible car sur la scne intrieure je dispose dun pouvoir absolu. Je suis matrede mes reprsentations ( il ny a rien qui soit entirement en notre pouvoir que nospenses crit Descartes), et donc de mes dsirs en tant quils impliquent lareprsentation. Si, faisant usage de mon entendement (facult de comprendre) je prendsconscience que lobjet de mon dsir est absolument inaccessible pour moi (par exemple,

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  • je nai pas les moyens intellectuels de russir polytechnique, je nai pas la capacitphysique de devenir champion du monde dans tel sport, je nai pas le pouvoir deressusciter les morts), je me mets en situation de transformer mon dsir en le dtournantde ce qui est impossible. Cet effort suppose le passage du plan du dsir celui de lavolont. On peut dsirer limpossible car dans sa spontanit le dsir ignore la loi du rel,mais on ne peut pas le vouloir. Car notre volont ne se portant naturellement dsirerque les choses que notre entendement lui reprsente en quelque faon comme possibles[...] dit le texte. Par un effort de lucidit je maffranchis donc des dsirs me condamnant lchec et au malheur et je me dispose favorablement lgard de ce sur quoi je naiaucun pouvoir. Je conquiers ainsi la paix de lme par un travail de moi sur moi merendant invulnrable aux coups du sort. La mauvaise fortune ne peut rien sur celui qui sedispose ainsi son gard mais il va de soi que cette attitude requiert des efforts :

    Dabord un effort de juste apprciation des choses. Pour aligner son vouloir sur sonpouvoir, il faut tre capable de se faire une ide adquate de ses possibilits et dela rsistance des choses. Cela suppose de ne pas avoir lesprit aveugl par sespassions. Ensuite une volont de rester matre de sa vie. Ce souci nest pas la chose dumonde la mieux partage. Les hommes prfrent dordinaire sabandonner laspontanit de leurs dsirs. Do le caractre pathtique de la plupart desexistences. Elles ne sont heureuses ou malheureuses que selon ce qui leur arriveest favorable ou dfavorable.

    Le sage veut se gouverner et soustraire sa vie aux caprices de la fortune. Il veut tre auprincipe de son bonheur et de sa libert.

    * Descartes substitue lide de la Providence divine celle de la fortune (ou hasard)dans les Passions de lme [6].II, 146 (1649). Tout est conduit par la Providence divine,dont le dcret ternel est tellement infaillible et immuable, quexcept les choses que cemme dcret a voulu dpendre de notre libre arbitre, nous devons penser qu notregard il narrive rien qui ne soit ncessaire et comme fatal, en sorte que nous ne pouvonssans erreur dsirer quil arrive dautre faon .

    *

    Conclusion : Descartes avoue que les trois maximes prcdentes ntaient fondesque sur le dessein que javais de continuer minstruire . Manire de dire que le doute etla morale provisoire ne sont quune tape. L est la grande diffrence du doute cartsienet du doute sceptique. Les sceptiques ne sortent pas du doute et ne sont jamais rsolusdans laction ( ils doutent pour douter dit Descartes) alors que lenjeu du doute cartsienest dtre dpass et il nexclut pas la ferme rsolution. Il nest quun moyen de parvenir la connaissance vraie, fondement dune action claire. Car Descartes ne cesse derappeler que le bon exercice de la volont ou du libre arbitre est tributaire des lumires delentendement. Notre volont ne se portant suivre ni fuir aucune chose, que selonque notre entendement la lui reprsente bonne ou mauvaise, il suffit de bien jugerpour bien faire, et de juger le mieux quon puisse, pour faire aussi tout sonmieux, cest--dire pour acqurir toutes les vertus . Il y a l lnonc dun intellectualisme moral. Rien nest plus important que lalucidit et la rectitude du jugement. Souvenons-nous de la dfinition de la vertu degnrosit. Ne jamais manquer de volont pour entreprendre et excuter toutes leschoses quil jugera tre les meilleures .Descartes fait sienne la conception de lEcole daprs laquelle tout pcheur est unignorant (omnis peccans est ignorans). Le choix du mal procde dune erreur sur lebien.

    On pense bien sr laffirmation socratique la vertu est science, la mchancet estignorance . On pense aussi Pascal : Travaillons bien penser pour tre juste .

    *

    IV) Analyse de la quatrime partie

    Cette partie contient un rsum trs sommaire des Mditations mtaphysiques. [2]Descartes prvient demble que lobjet (la mtaphysique cest--dire la connaissance des

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  • premires causes et des premiers principes) et la nature de la dmarche (une mditation)peuvent rebuter un certain nombre desprits. Tout ce quil va dire est fort loign de ceque les hommes pensent communment mais on nest plus ici sur le plan pratique o lonpeut se contenter de suivre les opinions communment admises. Le souci est purementthorique et Descartes est la recherche dune vrit absolument certaine. Il lui faut doncrejeter comme faux tout ce en quoi il remarquera le moindre caractre douteux.

    -Etapes du raisonnement conduisant lvidence du cogito :

    1) Remise en cause des certitudes sensibles. Justification ? Nous faisons lexprience queles sens nous trompent parfois.

    2) Remise en cause des certitudes rationnelles. Justification ? Lexprience montre queles hommes se trompent parfois lorsquils raisonnent. On sait que les Mditationsmtaphysiques [2] ajoutent largument du malin gnie . Descartes ne donne pas dansle Discours une forme hyperbolique son doute car cet ouvrage, crit en langue vulgairesadresse tous les esprits et il est imprudent de mettre dans nimporte quelles mains uninstrument aussi dangereux que le doute universel.

    3) Argument du rve. Comment distinguer le rve de la ralit puisquil nous arrive devoir en rve ce que nous dcouvrons ntre pas la ralit lorsque nous nous rveillons ?Argument dune grande profondeur, signifiant quil ny a pas de critres dcisifs dedistinction tant que nous nous en tenons aux impressions sensibles. Certes la clart et lacohrence des images diurnes sont dordinaire suffisantes pour distinguer le rve de laralit mais il arrive que la frontire se brouille lorsque les images du rve sont trs vives(cauchemar par exemple) et si nous rvions chaque nuit en continuit avec le rve de lanuit prcdente nous ne saurions plus o est le rve, o est la ralit. Ce qui nous sauve,cest lincohrence, la discontinuit des images oniriques. Mais ce nest pas l unfondement suffisant dune certitude absolue.

    4) Pour toutes ces raisons, Descartes dcide de rvoquer en doute aussi bien lescertitudes sensibles que les certitudes rationnelles. Notez lexpression : Je me rsolusde feindre que . Le doute cartsien est un doute de mthode, non un doute prouvcomme cest le cas des sceptiques, qui confronts la contradiction des opinions, limpuissance de la raison dmontrer de manire absolue les noncs renoncent admettre quoi que ce soit comme vrai. (Cf. Cours sur la vrit. Le dveloppement sur lescepticisme).

    5) Cest dailleurs au moment o il a fait le vide que Descartes dcouvre quil peut douterde tout sauf de lui-mme en tant quil doute. Pour penser, il faut tre, je pense, donc jesuis . La force de cet argument, dirig dj par St Augustin contre les sceptiques,remarque Gilson, tient prcisment ce que, mme en leur accordant toutes leurshypothses, la vrit de sa conclusion reste inbranlable. Cest au moment o lespritaccumule les raisons de douter les plus excessives quil constate que pour douter, il fauttre .

    6) Le sens du cogito : dcouverte dune existence et dune essence. Cf. Cours. [7]

    7) Le cogito est la premire vrit pour celui qui, comme le requiert la mthode, penseavec ordre. Cest donc ncessairement cette vrit quil faut examiner pour dfinir lescritres de lide vraie. Quels sont ses caractres ? Elle est absolument claire et distincte.La clart et la distinction sont donc les caractres intrinsques de lide vraie ou idevidente. Tel est le fondement de la connaissance car il va de soi que lvidence desvrits mathmatiques qui est donne dans une intuition rationnelle suppose titre deprincipe mtaphysique, cette premire vidence par laquelle lesprit a lintuition de sapropre existence.

    *

    V) Analyse dun passage de la cinquime partie.

    Et je mtais ici particulirement arrt faire voir que, sil y avait de telles machinesqui eussent les organes et la figure extrieure dun singe ou de quelque autre animal sansraison, nous naurions aucun moyen pour reconnatre quelles ne seraient pas en tout demme nature que ces animaux; au lieu que, sil y en avait qui eussent la ressemblance denos corps, et imitassent autant nos actions que moralement il serait possible, nous

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  • aurions toujours deux moyens trs certains pour reconnatre quelles ne seraient pointpour cela de vrais hommes : dont le premier est que jamais elles ne pourraient user deparoles ni dautres signes en les composant, comme nous faisons pour dclarer aux autresnos penses : car on peut bien concevoir quune machine soit tellement faite quelleprofre des paroles, et mme quelle en profre quelques-unes propos des actionscorporelles qui causeront quelque changement en ses organes, comme si on la touche enquelque endroit, quelle demande ce quon lui veut dire; si en un autre, quelle crie quonlui fait mal, et choses semblables; mais non pas quelle les arrange diversement pourrpondre au sens de tout ce qui se dira en sa prsence, ainsi que 1es hommes les plushbts peuvent faire : et le second est que, bien quelles fissent plusieurs choses aussibien ou peut-tre mieux quaucun de nous, elles manqueraient infailliblement en quelquesautres, par lesquelles on dcouvrirait quelles nagiraient pas par connaissance, maisseulement par la disposition de leurs organes : car, au lieu que la raison est uninstrument universel qui peut servir en toutes sortes de rencontres, ces organes ontbesoin de quelque particulire disposition pour chaque action particulire; do vient quilest moralement impossible quil y en ait assez de divers en une machine pour la faire agiren toutes les occurrences de la vie de mme faon que notre raison nous fait agir. Or, parces deux mmes moyens on peut aussi connatre la diffrence qui est entre les hommeset les btes. Car cest une chose bien remarquable quil ny a point dhommes si hbtset si stupides, sans en excepter mme les insenss, quils ne soient capables darrangerensemble diverses paroles, et den composer un discours par lequel ils fassent entendreleurs penses; et quau contraire il ny a point dautre animal tant parfait et tantheureusement n quil puisse tre, qui fasse le semblable. Ce qui narrive pas de ce quilsont faute dorganes car on voit que les pies et les perroquets peuvent profrer des parolesainsi que nous, et toutefois ne peuvent parler ainsi que nous, cest--dire en tmoignantquils pensent ce quils disent; au lieu que les hommes qui tant ns sourds et muets sontprivs des organes qui servent aux autres pour parler, autant ou plus que les btes, ontcoutume dinventer deux-mmes quelques signes, par lesquels ils se font entendre ceuxqui tant ordinairement avec eux ont loisir dapprendre leur langue. Et ceci ne tmoignepas seulement que les btes ont moins de raison que les hommes, mais quelles nen ontpoint du tout : car on voit quil nen faut que fort peu pour savoir parler; et dautant quonremarque de lingalit entre les animaux dune mme espce, aussi bien quentre leshommes, et que les uns sont plus aiss dresser que les autres, il nest pas croyablequun singe ou un perroquet qui serait des plus parfaits de son espce ngalt en cela unenfant des plus stupides, ou du moins un enfant qui aurait le cerveau troubl, si leur mentait dune nature toute diffrente de la ntre. Et on ne doit pas confondre les parolesavec les mouvements naturels qui tmoignent les passions, et peuvent tre imits par desmachines aussi bien que par les animaux; ni penser, comme quelques Anciens, que lesbtes parlent, bien que nous nentendions pas leur langage. Car, sil tait vrai, puisquellesont plusieurs organes qui se rapportent aux ntres, elles pourraient aussi bien se faireentendre nous qu leurs semblables. Cest aussi une chose fort remarquable que, bienquil y ait plusieurs animaux qui tmoignent plus dindustrie que nous en quelques-unesde leurs actions, on voit toutefois que les mmes nen tmoignent point du tout enbeaucoup dautres: de faon que ce quils font mieux que nous ne prouve pas quils ont delesprit, car ce compte ils en auraient plus quaucun de nous et feraient mieux en touteautre chose; mais plutt quils nen ont point, et que cest la nature qui agit en eux selonla disposition de leurs organes : ainsi quon voit quune horloge, qui nest compose quede roues et de ressorts, peut compter les heures et mesurer le temps plus justement quenous avec toute notre prudence .

    Problmatique de ce texte : Est-il vrai, comme laffirme Montaigne quil se trouveplus de diffrence de tel homme tel homme que de tel animal tel homme ? (Essais[8] Livre II ; 12). Descartes affronte cette question dans ce texte dont lenjeu est dednoncer le plus grand prjug de notre enfance qui est de croire que les btespensent . (Lettre Morus.2 /1649).

    Descartes va tablir quil existe plus de diffrence dhomme bte que dhomme homme car la premire est une diffrence de nature tandis que la seconde est unediffrence de degr. Pour ltablir, Descartes propose un moyen terme : celui de lamachine. Ce qui le conduit dire quon ne pourrait distinguer une machine ayant laressemblance dun singe, du vrai singe tandis que sil sagissait dune machine ayant laressemblance dun homme, on aurait deux moyens pour reconnatre quon na pas affaire un vrai homme.

    Analyse :

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  • -Il convient dabord dexpliciter le sens du recours cartsien lide de machine et celasclaire si lon prcise que cette partie est consacre aux problmes de physique. Or ladistinction opre dans la partie prcdente de la substance pensante et de la substancetendue implique que tout sexplique dans la nature sans faire appel dautres principesque ltendue gomtrique et les lois du mouvement des corps. (Un corps tant une partiede ltendue cest--dire, en termes gomtriques, une figure). On peut donc sereprsenter lunivers matriel comme une machine o il ny a rien du tout considrerque les figures et les mouvements de ses parties . La fonction du moyen terme : lamachine, est donc une fonction thorique. En nous demandant de comparersuccessivement lanimal puis lhomme une machine, Descartes propose un procdmthodologique destin distinguer ce quil faut rapporter la substance pensante et lasubstance tendue. Les corps (donc lhomme dans sa dimension physico-chimique oubiologique) sont comme les machines, des ralits matrielles composes de diversmcanismes. Un mcanisme est un dispositif form de pices ayant entre elles desrelations prcises et dont lensemble est capable de fonctionnement. Les mouvements despices dun mcanisme sont rgis par les lois de la mcanique cest--dire par desrapports de forces, de dplacements, de vitesses, de masses etc. Descartes donne icilexemple de lhorloge ou de lautomate.

    Cf. cours sur matire, vie, esprit .Les corps vivants comme les autres sexpliquent parle modle mcanique. Il faut donc bien comprendre que la thorie de lanimal-machinenest quune fiction usage mthodique et pdagogique. En tmoignent lusage duconditionnel et de la conjonction si . Descartes rpte souvent quil construit pourpenser clairement et distinctement la fable dun monde imaginaire ne fonctionnantque selon des lois simples. Lemploi cartsien du modle de la machine est toujoursprudent et modr. Il interdit tout dogmatisme. Il sexpose dailleurs des rserves detaille. Ainsi si lorganisme est une machine, si lanimal est une machine, ces machinessont infiniment plus complexes et subtiles que toutes celles que lhomme ne sera jamaiscapable de construire car elles sont faites de la main de Dieu. Cf. Lignes 398 449 de lapage 61.

    -PB : En quoi le modle mcanique est-il pertinent pour rendre intelligibles lescomportements animaux ? Ex : Le castor construit sa digue. Les abeilles communiquent,laraigne tisse sa toile etc. Les animaux effectuent des oprations dont la perfection nousmerveille et est souvent bien suprieure ce que nous sommes capables de faire. Faut-ilpour autant admettre quils sont autre chose que substance tendue et quil y a en eux ceque nous pensons sous lide de substance pensante ? On sait quil faut entendre par lun pouvoir spirituel de penser, de symboliser, dagir et de se dterminer, sans autre causeque lexistence de ce pouvoir. Capacit inventive, symbolique, libert voil ce qui est lepropre de la substance pensante. Alors, peut-on reprer quelque chose comme unespontanit spirituelle qui ne peut aucunement tre tire de la puissance de la matire dans les conduites animales ?

    Descartes rpond ngativement cette question. Il sensuit quon ne pourrait pasdistinguer un automate fait la ressemblance dun singe dun vrai singe. Celui-ci seraitcapable des mmes gestes car les oprations animales sont des oprations instinctives.Mme si cest sous une forme trs complexe, tous leurs mouvements seffectuent commeles mouvements de lhorloge. Ce sont des mcanismes. Tout se passe comme si certainsstimuli dclenchaient un mcanisme, un montage nerveux prtabli, strotyp, rigidecaractristique de ce quon appelle un instinct. Je sais bien que les btes font beaucoupde choses mieux que nous, mais je ne men tonne pas car cela sert prouver quellesagissent naturellement et par ressorts ainsi quune horloge, laquelle montre bien mieuxlheure quil est que notre jugement ne nous lenseigne. Et sans doute que, lorsque leshirondelles viennent au printemps elles agissent en cela comme des horloges. Tout ce quefont les mouches miel est de mme nature, et lordre que tiennent les grues en volant,et celui quobservent les singes en se battant, sil est vrai quils en observent quelquun, etenfin linstinct densevelir leurs morts, nest pas plus trange que celui des chiens et deschats qui grattent la terre pour ensevelir leurs excrments, bien quils ne les ensevelissentpresque jamais : ce qui montre quils ne le font que par instinct et sans y penser Lettreau marquis de Newcastle. 20/11/1646.En revanche il est impossible de rduire la totalit des conduites humaines desoprations de ce type.

    PB : Quest-ce qui le prouve ?

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  • Il y a deux moyens infaillibles permettant de dire que les hommes ne sont pas de simplesmachines ft-ce des machines trs perfectionnes : la parole sense dune part, lactionraisonne ou action par connaissance dautre part.-Il ny a pas dhomme qui ne soit capable de parler, cest--dire de composer un discours,quel quil soit pour faire comprendre ses penses. Mme les plus stupides et les insensssont capables darticuler des sons afin de faire entendre du sens. Alors que les animauxles plus remarquables en sont incapables. Ils peuvent disposer de codes de signaux maisle langage animal exclut ce qui fait du langage un langage, savoir la fonction desymbolisation et la fonction dialogique, la capacit de parler quelquun de quelque chosede faon approprie. (Cf. Cours sur le langage). Et cela ne tient pas au fait que lesanimaux sont privs des organes de la phonation. Les pies et les perroquets imitent notrevoix mais ils sont bien incapables de parler car ils nont pas dme raisonnable. Lesanimaux ne parlent pas, non point parce quils ont moins de raison que nous ou nont pasles outils pour communiquer leurs penses. Ils ne parlent pas parce quils nont pas depense du tout. Certes, il nest pas possible de dmontrer avec certitude que les btes ne pensent pas ,car la seule preuve de la pense est lexprience quen fait lesprit lintrieur de lui-mme et on ne peut pas faire lexprience de ce qui se passe lintrieur dune bte. Mais en examinant ce quil y a de plus probable l-dessus, je ne vois aucune raison quiprouve que les btes pensent Lettre Morus. 5/2/1649. Ainsi les sons que les animauxprofrent lorsquils expriment leur plaisir ou leur peine sont comparables ce quil estpossible dobtenir dune machine. Ils sont dclenchs par des stimuli sensibles, ils neprocdent pas dun acte de symbolisation. Et puisquils sont capables dune certaine formedexpression sensible, sils pensaient ils trouveraient bien le moyen de nous communiquerleurs penses.-Il y a de mme un autre moyen de distinguer un automate fait la ressemblance dunhomme dun vrai homme cest laction intelligente. En quelque circonstance que ce soitlhomme dispose de la capacit de ragir de manire approprie et adapte. Dans desconditions trs prcises lanimal dispose de la capacit dagir, parfois mme, bien mieuxque nous. Mais ces conditions sont limites. Si elles changent, lanimal na pas lasouplesse dinventer le geste appropri, de trouver la solution adapte. Il lui faudrait unorgane spcialis pour chacune de ces situations, ce qui est impossible raliser.Lhomme en revanche dispose dun outil qui nest spcialis dans aucune fonction prcisemais qui peut inventer des solutions pour nimporte laquelle. Cet instrument universel estla raison.NB : Elments critiques ?

    Lun porte sur les difficults du modle mcanique pour rendre compte de maniretotalement satisfaisante de lanimal. Une machine peut-elle sentir ? Comment rendreintelligible la sensibilit animale ? Suffit-il de dire quelle dpend de la disposition desorganes ?Lautre porte sur la manire cartsienne de faire de la substance pensante une ralit quiexiste en soi et par soi. Le discours des neuro-sciences ; les machines qui imitent lesoprations de lintelligence (intelligence artificielle) ninvitent-ils pas interprter lesoprations de lme comme les oprations de la matire (crbrale) et donc appliquer lemodle mcanique au domaine de lesprit ?*VI) Analyse dun passage de la sixime partie.* Mais, sitt que jai eu acquis quelques notions gnrales touchant la physique, etque, commenant les prouver en diverses difficults particulires, jai remarqujusques o elles peuvent conduire, et combien elles diffrent des principes dont on sestservi jusques prsent, jai cru que je ne pouvais les tenir caches, sans pchergrandement contre la loi qui nous oblige procurer autant quil est en nous, le biengnral de tous les hommes. Car elles mont fait voir quil est possible de parvenir desconnaissances qui soient fort utiles la vie, et quau lieu de cette philosophie spculative,quon enseigne dans les coles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissantla force et les actions du feu, de leau, de lair, des astres, des cieux et de tous les autres

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  • corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers mtiersde nos artisans, nous les pourrions employer en mme faon tous les usages auxquelsils sont propres, et ainsi nous rendre comme matres et possesseurs de la Nature.Ce qui nest pas seulement dsirer pour linvention dune infinit dartifices, qui feraientquon jouirait, sans aucune peine, des fruits de la terre et de toutes les commodits quisy trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la sant, laquelle est sansdoute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie ; car mmelesprit dpend si fort du temprament, et de la disposition des organes du corps que, silest possible de trouver quelque moyen qui rende communment les hommes plus sageset plus habiles quils nont t jusques ici, je crois que cest dans la mdecine quon doit lechercher. Il est vrai que celle qui est maintenant en usage contient peu de choses dontlutilit soit si remarquable ; mais, sans que jaie aucun dessein de la mpriser, jemassure quil ny a personne, mme de ceux qui en font profession, qui navoue que toutce quon y sait nest presque rien, comparaison de ce qui reste y savoir, et quon sepourrait exempter dune infinit de maladies, tant du corps que de lesprit, et mme aussipeut-tre de laffaiblissement de la vieillesse, si on avait assez de connaissance de leurscauses, et de tous les remdes dont la Nature nous a pourvus.Thme : Lutilit de la science.Question : Pourquoi les hommes sefforcent-ils de connatre ?Thse : La science na pas quun intrt spculatif, elle a aussi un intrt pratique. Elle vapermettre de nous rendre comme matres et possesseurs de la Nature .*Eclaircissements :I) Nul doute que comme tout grand savant, Descartes commencerait par rpondre laquestion la manire des Anciens. La connaissance est elle-mme sa propre fin.Connatre a pour vocation de satisfaire une exigence fondamentale de lesprit humain quiest de savoir, de dcouvrir la vrit. Cest l, le thme de la science comme activitlibrale cest--dire dsintresse. Il y a bien chez Descartes une volont de savoirpour savoir. Dans une lettre la princesse Elisabeth, il dit par exemple que mme si laconnaissance doit nous rendre tristes en dissipant nos illusions, la connaissance de lavrit est un bien suprieur et nous donne du plaisir.Mais ce texte tablit que la science, dans sa forme moderne, na pas quun intrtthorique, elle a aussi un intrt pratique. Pratique signifie : qui concerne laction .Le terme soppose dans le texte spculatif et on sent que ce dernier a unesignification pjorative. Il est moins synonyme de thorie que de spculations oiseuses,sans vritable contenu concret, ce qui est le propre de la philosophie qui senseigne danslEcole. On sait que Descartes est insatisfait de lenseignement quil a reu ; ilrompt avec lesprit de la scolastique et fonde le savoir sur de nouvelles bases, enparticulier sur la seule autorit de la raison.Au dbut du texte il fait allusion aux progrs quil a faits dans llaboration de la physiqueCelle-ci a pour objectif de dgager les lois de la nature, et Descartes dcouvre, dans sapropre pratique que ce genre de connaissances peut donner lieu des applicationspratiques forts intressantes pour les hommes. Cest dailleurs, semble-t-il cette prise deconscience qui le dtermine publier ses recherches. Jai cru que je ne pouvais les tenircaches, sans pcher grandement contre la loi qui nous oblige procurer autant quil esten nous, le bien gnral de tous les hommes . Gilson remarque quil faut doncdistinguer dans lhistoire de la pense de Descartes, les raisons qui lont conduit rformer ses propres opinions philosophiques ou morales de celles qui lont conduit lespublier. Cest le dsir de voir clair dans ses penses et ses actions qui a fait de luiun philosophe ; cest le dsir damliorer les conditions matrielles de lexistencehumaine qui a fait de lui un auteur .

    2) Il y a une utilit de la science moderne car la connaissance des lois rgissant lesphnomnes naturels permet dintervenir sur eux pour raliser des fins proprementhumaines.Descartes numre ces fins :

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  • -Soulager le travail des hommes dans lexploitation des ressources naturelles parlinvention doutils, de machines, de savoir-faire permettant de produire labondance desbiens ncessaires au bonheur, avec moins defforts humains.-Gurir les maladies tant physiques que mentales et promouvoir par l les conditions dunprogrs moral des hommes car, remarque lauteur, le bon exercice de lesprit est en partieconditionn par le bon fonctionnement du corps. Dans limage de larbre de laconnaissance on sait que la morale vient en dernier. Elle est le couronnement de lasagesse et elle doit sans doute beaucoup la technique (la mcanique) et la mdecine.De fait, la profonde misre et alination matrielle ne sont gure propices la perfectionmorale. De mme le drglement du corps et celui de lesprit, pour autant que lexercicede ce dernier dpend de conditions physiques, ne le sont pas davantage. La pire deschoses qui puisse arriver un homme disait Descartes, est que Dieu ait mis son me dansun corps la privant de sexercer librement. Il faut ici penser lalination mentale.-Allonger lesprance de vie en luttant contre les maladies mais aussi contre les effets duvieillissement.La science est conue ici comme le moyen de lefficacit technique. La connaissance nestplus une fin en soi. Elle nest plus un savoir pour savoir mais un savoir pourpouvoir. On va pouvoir lutiliser des fins pratiques et elle va nous rendre commematres et possesseurs de la Nature .3) Il convient de prendre acte de limportance du comme et de la majuscule du motNature. Celle-ci signifie clairement que la Nature est une instance suprieure lhommeet que lhomme nest pas Dieu. Il ne saurait donc se substituer au crateur et disposer dela Nature comme un souverain. Descartes ne justifie pas, par avance une conquteagressive, dvastatrice de quilibres naturels et ordonne dautres fins que les finslgitimes de lexistence humaine. Il ne cautionne pas une volont de puissance pour lapuissance cest--dire un pouvoir technique dsolidaris du souci de la sagesse. On saitque cest l le grand reproche adress aujourdhui la technique par tous ceux quidnoncent en elle une volont promthenne (titanesque) ayant cess dtre claire parla sagesse de Zeus.Descartes propose une comparaison quil faut interprter en un sens humaniste.Est matre celui qui a cess dtre esclave. Or on est esclave tant quon est impuissant etquon est condamn par cette impuissance subir la dure loi de la nature nondomestique par lhomme : faim, maladies, peurs, mort prmature, raret des biens etc.Le pouvoir confr par la connaissance permet lhomme de se librer des puissancesdasservissement et de matriser ce qui a commenc par disposer de lui. Mais il va de soique la vraie matrise et la responsabilit de celui qui a la disposition de quelque chose estdexercer ce pouvoir avec sagesse. Ce qui suppose que lusage des moyenstechniques doit tre rgl par de vritables choix thiques.

    PB : Le drame de la modernit technicienne ne procde-t-il pas du dsquilibre entre uneforce matrielle dmesurment dcuple (grce la techno science) et lanmie spirituelleet morale des hommes de notre temps ? Jean Rostand disait que la science a fait denous de dieux avant dtre des hommes . Plus la puissance est grande, plus la sagesseest requise. Quels sont les peuples aujourdhui qui se proccupent de promouvoir unesolide formation spirituelle et morale de leurs ressortissants ?

    Autour de ce Sujet :1. Les rgles de la mthode. Descartes. [9]2. Descartes: La morale provisoire. Discours de la mthode, III. [10]

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  • 3. "Le bon sens est la chose du monde la mieux partage" Descartes. [11]4. Hommage Descartes. Valry. [12]5. La science doit "nous rendre comme matres et possesseurs de la Nature"

    Descartes. [13]

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    -21&url=search-3Aaps%2Ck%3AAlain%20D%C3%A9finitions&tag=lacuidemeralias%3Daps[2] Mditations mtaphysiques: http://www.amazon.fr/s/?_encoding=UTF8&camp=1642&creative=19458&field-keywords=%22m%C3%A9ditations+m%C3%A9taphysiques%22+descartes&linkCode=ur2&rh=i%3Aaps%2Ck%3AAlain%20D%C3%A9finitions&tag=lacuidemer-21&url=search-alias%3Daps[3] Cours sur le jugement: http://www.philolog.fr/les-operations-de-la-raison/[4] Cours sur la dmonstration),: http://www.philolog.fr/la-demonstration/[5] Lettre Elisabeth.: http://www.amazon.fr/s/?_encoding=UTF8&camp=1642&creative=19458&field-keywords=%22lettre+%C3%A0+elisabeth%22+descartes&linkCode=ur2&rh=i%3Aaps%2Ck%3AAlain%20D%C3%A9finitions&tag=lacuidemer-21&url=search-alias%3Daps[6] Passions de lme: http://www.amazon.fr/s/?_encoding=UTF8&camp=1642&creative=19458&field-keywords=%22passions+de+l%27%C3%A2me%22+descartes&linkCode=ur2&rh=i%3Aaps%2Ck%3AAlain%20D%C3%A9finitions&tag=lacuidemer-21&url=search-alias%3Daps[7] Cours.: http://www.philolog.fr/le-cogito-ou-la-certitude-de-soi-comme-chose-pensante/[8] Essais: http://www.amazon.fr/s/?_encoding=UTF8&camp=1642&creative=19458&field-keywords=%22essais%22+de+montaigne&linkCode=ur2&rh=i%3Aaps%2Ck%3AAlain%20D%C3%A9finitions&tag=lacuidemer-21&url=search-alias%3Daps[9] Les rgles de la mthode. Descartes.: http://www.philolog.fr/les-regles-de-la-methode-descartes/[10] Descartes: La morale provisoire. Discours de la mthode, III.:http://www.philolog.fr/descartes-la-morale-provisoire-discours-de-la-methode-iii/[11] "Le bon sens est la chose du monde la mieux partage" Descartes.:http://www.philolog.fr/le-bon-sens-est-la-chose-du-monde-la-mieux-partagee-descartes/[12] Hommage Descartes. Valry.: http://www.philolog.fr/hommage-a-descartes-valery/[13] La science doit "nous rendre comme matres et possesseurs de la Nature" Descartes.:http://www.philolog.fr/la-science-doit-nous-rendre-comme-maitres-et-possesseurs-de-la-nature-descartes/

    Par Simone MANON, professeur de philosophie au Lyce Vaugelas de Chambry. Tous droits rservs.

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