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Progrès en Urologie (2007), 17, 1388-1393 a , , 1 -, Discours inaugural du 100ème Congrès Français d'urologie 1 1 , François RICHARD (Paris) Paris, Palais des Congrès, 1 décembre 2006 Vanité des Éloges 3 Messieurs les représentants des Académies Nationales de Méde- cine et de Chirurgie, Monsieur le Directeur Général de la Santé, Monsieur le Président de l'Asso- ciation Française d'urologie, Chers Collègues et Amis, Pr. François Richard Président du IO@tne congrès. Mesdames et Messieurs, Les circonstances qui nous réunissent aujourd'hui sont de celles ... Non, rassurez-vous, je ne vous déclamerai pas mon discours favori, et pour débuter je resterai classique. Je mesure en effet l'honneur que m'a fait le conseil d'admi- nistration de l'Association Française d'urologie en me nommant Pré- sident de son 100"e congrès. Contrairement à ce qu'ont dit souvent mes trop modestes prédécesseurs à ce poste, je me doutais bien, qu'u- ne année ou l'autre, voire au bénéfice de l'âge, je finirais par être pré- sident d'un congrès, mais je n'imaginais pas avoir le redoutable privi- lège d'être celui du premier congrès à trois chiffres, 110 ans après celui qui fut présidé par son fondateur : Félix GUYON. Je remercie donc très sincèrement les membres du conseil présidé alors par Ph. MANGIN de m'avoir élu et ceux du conseil suivant présidé par Ch. COULANGE non seulement de ne pas avoir changé d'avis, mais aussi d'avoir donné encore plus d'éclat à ce congrès en invitant le Bureau de I'American Urological Association à participer à nos travaux. Je m'efforcerai donc d'être digne de votre confiance pour ne pas risquer, succédant à Jean Michel DUBERNARD, de perdre la face, on ne sait jamais ! Lorsqu'il m'a fallu commencer la rédaction de ce discours, s'est impo- sée à moi la nécessité de définir combien de chapitres rythmeraient son équilibre ; beaucoup d'entre vous connaissent mon penchant pour les jeux de sociétés et l'idée d'en choisir un comme fil conducteur m'est venue mais, connaissant ma tendance à parler peut-être trop longue- ment, j'ai rapidement éliminé le Mah-Jong et ses 144 tuiles ou le jeu de l'Oie et ses 63 cases. J'ai retenu le jeu de Lindor, plus connu sous le vocable du Nain Jaune, que tout le monde connaît et qui comporte 5 cases. Il y aurait donc cinq chapitres dont les thèmes correspondent à la symbolique des cartes : - Le Roi de Coeur marque le sommet de la hiérarchie et permettra d'é- voquer mes maîtres. - Le Nain Jaune, symbole du gardien du trésor, case bénéfique, nous amènera à revenir sur la transformation et le rôle devenu indispensa- ble de I'AFU. 1 Programme - La Dame de Pique jouit d'un statut ambigu et passe souvent pour être de mauvais augure, ce qui renverra aux interrogations que doit se poser notre spécialité. - Le Dix de Carreau témoigne des valeurs matérielles et sera l'occasion de réfléchir sur notre métier. - Le Valet de Trèfle, à l'époque ou naît ce jeu, vers 1760, est une carte importante puisque dans le jeu en vogue, le Pamphile, "il l'emporte sur le roi", comme les jeunes urologues qui doivent dépasser leurs maîtres, ce sera donc traiter de l'avenir de l'urologie. Novembre 1965, bâtiment Husson Mourier à l'hopital de la Pitié, l'es- calier de bois vient d'être lavé par un agent hospitalier, l'odeur du bois mouillé masquant celle de l'éther est flagrante, un bruit de pas résonne, l'externe de garde, sa première garde, descend vers les urgences ; il est inquiet, timide, il a demandé au téléphone des renseignements sur cette première urgence pour relke rapidement ses notes, il veut être chirur- gien, peut-être urologue, en sera-t-il capable ?

Discours inaugural du 100ème Congrès Français d’Urologie

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Page 1: Discours inaugural du 100ème Congrès Français d’Urologie

Progrès en Urologie (2007), 17, 1388-1393

a , ,

1 -, Discours inaugural du 1 0 0 è m e Congrès Français d'urologie 1 1 ,

François RICHARD (Paris)

Paris, Palais des Congrès, 1 décembre 2006

Vanité des Éloges

3 Messieurs les représentants des Académies Nationales de Méde- cine et de Chirurgie,

Monsieur le Directeur Général de la Santé,

Monsieur le Président de l'Asso- ciation Française d'urologie,

Chers Collègues et Amis, Pr. François Richard Président du IO@tne congrès. Mesdames et Messieurs,

Les circonstances qui nous réunissent aujourd'hui sont de celles ... Non, rassurez-vous, je ne vous déclamerai pas mon discours favori, et pour débuter je resterai classique. Je mesure en effet l'honneur que m'a fait le conseil d'admi- nistration de l'Association Française d'urologie en me nommant Pré- sident de son 100"e congrès. Contrairement à ce qu'ont dit souvent mes trop modestes prédécesseurs à ce poste, je me doutais bien, qu'u- ne année ou l'autre, voire au bénéfice de l'âge, je finirais par être pré- sident d'un congrès, mais je n'imaginais pas avoir le redoutable privi- lège d'être celui du premier congrès à trois chiffres, 110 ans après celui qui fut présidé par son fondateur : Félix GUYON. Je remercie donc très sincèrement les membres du conseil présidé alors par Ph. MANGIN de m'avoir élu et ceux du conseil suivant présidé par Ch. COULANGE non seulement de ne pas avoir changé d'avis, mais aussi d'avoir donné encore plus d'éclat à ce congrès en invitant le Bureau de I'American Urological Association à participer à nos travaux. Je m'efforcerai donc d'être digne de votre confiance pour ne pas risquer, succédant à Jean Michel DUBERNARD, de perdre la face, on ne sait jamais !

Lorsqu'il m'a fallu commencer la rédaction de ce discours, s'est impo- sée à moi la nécessité de définir combien de chapitres rythmeraient son équilibre ; beaucoup d'entre vous connaissent mon penchant pour les jeux de sociétés et l'idée d'en choisir un comme fil conducteur m'est venue mais, connaissant ma tendance à parler peut-être trop longue- ment, j'ai rapidement éliminé le Mah-Jong et ses 144 tuiles ou le jeu de l'Oie et ses 63 cases.

J'ai retenu le jeu de Lindor, plus connu sous le vocable du Nain Jaune, que tout le monde connaît et qui comporte 5 cases. Il y aurait donc cinq chapitres dont les thèmes correspondent à la symbolique des cartes :

- Le Roi de Cœur marque le sommet de la hiérarchie et permettra d'é- voquer mes maîtres.

- Le Nain Jaune, symbole du gardien du trésor, case bénéfique, nous amènera à revenir sur la transformation et le rôle devenu indispensa- ble de I'AFU.

1 P r o g r a m m e

- La Dame de Pique jouit d'un statut ambigu et passe souvent pour être de mauvais augure, ce qui renverra aux interrogations que doit se poser notre spécialité.

- Le Dix de Carreau témoigne des valeurs matérielles et sera l'occasion de réfléchir sur notre métier.

- Le Valet de Trèfle, à l'époque ou naît ce jeu, vers 1760, est une carte importante puisque dans le jeu en vogue, le Pamphile, "il l'emporte sur le roi", comme les jeunes urologues qui doivent dépasser leurs maîtres, ce sera donc traiter de l'avenir de l'urologie.

Novembre 1965, bâtiment Husson Mourier à l'hopital de la Pitié, l'es- calier de bois vient d'être lavé par un agent hospitalier, l'odeur du bois mouillé masquant celle de l'éther est flagrante, un bruit de pas résonne, l'externe de garde, sa première garde, descend vers les urgences ; il est inquiet, timide, il a demandé au téléphone des renseignements sur cette première urgence pour relke rapidement ses notes, il veut être chirur- gien, peut-être urologue, en sera-t-il capable ?

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Novembre 2006, bâtiment Husson Mourier, l'escalier de bois est tou- jours là, il n'a pas été lavé, grève oblige, mais la même odeur persiste ; un bruit de pas, un peu lourd peut-être, résonne, un chef de pôle des- cend après une visite des travaux de rénovation d'une partie de ce bâti- ment, il n'est plus inquiet, il a peut-être tort, il n'est plus timide mais brutalement il est projeté 41 ans en arrière par l'odeur et l'ambiance de cct escalier rcsté intact.

1) II .se souvient, je me souviens ... mais point de nostalgie et un survol rapide : 5 uns dlinte~*nat et d'économat de salle de garde, 7 uns c h ~ f d e clirliq~ie de René Kuss, 4 ans assistant de Maurice CAMEY à Foch, 10 ans adjoint de Christian CHATEL,AINPU~S sa succession à /a Pitié-Salpé- tri&. J'ui eu ainsi 1 'inctï)yahle chance de côtoyer, d'être l'élève puis de devenir l'ami de 3 des pl~ls prestigiezlx t ~ r o l o g z ~ e s , f ~ a n ~ s des cinquun- te dernières années.

Des restes de mes humanités grecques et dc logique aristotélicienne m'ont fait hésiter à écrire l'éloge de ines Maîtres : en effet s'il n'y a pas d'élèves i l n'y a pas de maîtres, et si les élèves sont mauvais il n'y a pas de bons maîtres. Donc si les maîtres sont bons voire exceptionnels, c'est parce que les élèves le sont d'abord, et pourquoi donc devraient-ils les remercier. Mais j'ai l'impression que ce syllogisme paradoxal dont la gravité ne peut échapper qu'aux incultes a des failles, et vous me per- mettrez de commencer cet éloge.

J'aurais aimé pouvoir, après tant d'autres, dire devant vous à René Kùss toute l'admiration que j'avais pour lui et la gratitude d'avoir été son élève. Je ne rappellerai pas ici tout ce qu'il a apporté à l'urologie mais ce qu'il nous a appris par surcroît : l'esprit critique, l'audace et la réflexion, le dynamisme et l'innovation, la confiance à donner aux plus jeunes, le tout avec un humour parfois féroce. Une autre de ses qualités a été sa capacité à créer autour de lui une véritable équipe, malgré les fortes personnalités de ceux qui la composaient, équipe qui sera tou- jours très proche de lui, même après son départ à la retraite.

René Kuss restera toujours un modèle et un homme phare de l'urologie française et internationale et pour nous, ses élèves proches, un maître admiré et le fondateur d'une vraie famille d'esprit et de cœur.

Maurice C A M ~ Y a été celui dont l'exemple m'a convaincu de choisir l'u- rologie. Sa patience, sa rigueur intellectuelle aussi bien que la légèreté et la précision du geste opératoire, sa mentalité de pionnier dans la chi- rurgie de I'urbtre, de la lithiase coralliforme et surtout dans la mise au point de la cystoprostatectomic avec remplacement intestinal ont fait progresser la qualité et la notoriété de l'urologie française, même si par- fois il lui a fallu passer par les USA pour vaincre l'incompréhension de certains de ses collègues hexagonaux.

Mon cher Maurice, tu as cu d'autre part l'extrême élégance et l'altruis- me de me conseiller de répondrc favorablement aux propositions de proinotion universitaire qui m'étaient faites alors que tu comptais sur moi pour ta succession et je t'en serai toujours reconnaissant.

Si Maurice CAMEY est le responsable de ma vocation d'urologue, Chris- tian CIIATIJLAIN est celui de ma carrière universitaire, qu'il m'a proposée le soir d'une fête fastueuse organisée à l'hôtel Miramion en l'honneur dc la retraite de René Kûss. Christian CIIATELAIN, c'était une expérience urologique impressionnante, une très grande qualité chirurgicale, une capacité d'écoute étonnante, une proximité quotidienne avec le person- nel infirmier ; pour les internes c'était l'urologue épicurien : tel un gour- met qu'il est toujours, appréciant à la fois l'ordonnance de la table dres- sée et la succulence des rnets, il plaçait ses champs opératoires suivant un cérémonial digne d'un 3 étoiles et on le sentait savourer à l'avance l'acte opératoire programmé. Mon cher Christian, je n'ai pas vu passer ces années heureuses auprès de toi, mais j'ai pu m'imprégner de ton expérience, apprécier tes qualités chirurgicales, humaines et musicales, et j'ai bénéficié au plus haut point non seulement de la liberté que tu

m'as laissée mais aussi de l'amitié que tu m'as témoignée sans aucunc jalousie de la notoriété progressive que j'acquérais dans mes différentes fonctions successives. Tu sais que tu peux compter sur nous ~OLIS, tes élèves, dans le malheur qui t'a frappé récemment.

A ce trio de maîtres, brelan devrais-je dire, s'ajoute un carré gagnant de la génération suivante dont j'ai été également brièvement l'élèvc, rapi- dement le collègue et toujours l'ami : Michel LE GUILLOU qui m'a guidé pour mes premières communications à la SFU et qui m'a appris qu'on pouvait toujours innover, Alain JARDIN qui a dirigé ma thèse et a tou- jours su me conseiller à l'hôpital et dans mes fonctions administratives, Philippe THIBAULT qui m'a aidé sur ma première intervention en tant que Chef de clinique et qui m'a appris ensuite "la politique", Alain LE Duc qui m'a peaufiné sur le plan chirurgical en fin d'internat et qui a été ensuite un Président de I'AFU totalement en phase avec son vicc-prési- dent turbulent. Je ne peux oublier non plus Saad KIIOURY, connu dès l'externat à Foch, déjà porté par un dynamisme exceptionnel, Bruno COMPAGNON, Didier LAMBERT, Jean-Pierre MIGNARD et Benoît VIGNES qui constituent un conglomérat de complices avides de faire vivre un syndicalisme urologique efficace.

En dehors des élèves de René Kuss, un urologue tient une place parti- culière et est devenu un ami proche, Jean Marie BUZELIN, connu dans le cadre de la SIFUD pour combattre l'ignorance de I'urodynarnique et qui m'enrôla pour démarrer avec lui le premier module de l'une des actions dont les urologues peuvent être les plus fiers et que nous vou- lons croire pérennes et toujours indépendants : les ECU du Collège Français des Urologues, auquel sont aussi attachés les noms d'Alain LE Duc, Philippe THIBAULT et Yves LANSON. Permettez-moi enfin d'avoir une pensée pour Jacques MICHON qui par deux fois, bien que je n'étais pas son élève, était prêt à favoriser ma carrière, de remercier Adolphe STEG et Laurent BOCCON-GIBOD qui m'ont demandé de leur succéder au secrétariat général de la Société Française d'urologie, source d'un juste sentiment de fierté pour le jeune Chef de clinique que j'étais, mais aussi Christian RICHAUD, ami comme moi passionné de collections, Pierre LEGER, Etienne CUENANT qui avec Alain JARDIN ont fait un travail his- torique tout à fait exceptionnel, soulignant l'exemple glorieux de ceux qui nous ont précédés dans le passé sur une série de cent posters qui doit être sûrement unanimement suivi par ceux qui participent à ce Congrès.

Pour terminer ce premier chapitre, je ne saurais oublier ceux qui conti- nueront dans un proche et lumineux avenir, avec le même dynamisme et talent que leurs prédécesseurs à La Pitié, un présent chargé de pro- messes : je veux parler de mes collaborateurs et amis dont les fortes personnalités, les travaux ou les qualités professionnelles sont connus de tous : Alain HAERTIG, Marc-Olivier BITKER, Pierre CONORT, Emma- nuel CHARTIER-KASTLER, Benoit BAKROU, Florence COUR et Christophe VAESSEN, tous m'ont déjà dépassé, ce qui devrait être l'objectif de tout chef de service soucieux de l'avenir. Si l'équipe de la Pitié a ainsi pu obtenir une certaine notoriété, c'est aussi grâce à la qualité et au dévouement de l'ensemble du personnel para-médical et de son enca- drement que je suis heureux de remercier aujourd'hui publiqueinent. Je n'oublie pas non plus tous les anciens Chefs de cliniques du service ct les deux équipes de Tenon avec François HAAB, et de Foch avec Henry BOTTO et Thierry LEBRET avec qui nous travaillons régulièrement.

2) Carte suivante, le Nain Jaune ou Lindor, lu carte bénéjq~ie source de succc?.~, c'est la transformation du Congrès Français d'Urologie et l'élargissement des actio~is de 1% FU.

En effet, malgré les qualités de nos maîtres et celles d'ailleurs égale- ment remarquables d'autres leaders parisiens ou provinciaux, l'intérêt du Congrès Français d'urologie périclitait dans le début des années quatre-vingts ; le rôle de I'AFU était inexistant car ses statuts frcinaient le renouvellement des membres du Conseil d'Administration souvent

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élus à l'aube de leur retraite, le secrétaire général se retrouvait isolé ral de I'AFU rénovée, et moi-même avons été honorés en recevant en pour assurer l'organisation du Congrès, seule activité visible de I'asso- commun la médaille Félix GUYON pour ces transformations. Mon cher ciation ; tout allait changer en 1986. Guy, de cette époque est née une longue et fructueuse amitié, notre tan-

Quelques années plus tôt, quatre Chefs de clinique d'un même service, trouvant dénuées de sens les obscures querelles d'écoles, notamment parisiennes, qui s'exprimaient régulièrement à la SFU et au Congrès, avaient décidé de créer un club regroupant des Chefs de clinique en activité ou récemment installés, originaires de la plupart des services universitaires français. Ce club avait pour but de briser l'étanchéité des écoles urologiques en comparant positivement les vrais résultats de chacun des services. Ces 4 Chefs de clinique étaient Richard-Olivier FOURCADF qui en avait eu l'idée, Guy VALLANCIEN, Alain HAERTIG et votre serviteur. L'enthousiasme de ceux qui furent contactés, leur esprit créatif, la répartition équilibrée entre universitaires, hospitaliers et libé- raux, la confiance partagée et un esprit collectif assez innovant ont fait que très rapidement ce club a aussi réfléchi à l'avenir et à la structura- tion de notre spécialité.

Je tiens, ici, à remercier publiquement tous les membres du Club d'U- rologie Pratique pour leurs idées novatrices, leur implication dans la communauté urologique et bien sûr la solidité de leur amitié ainsi quc celle de leurs épouses.

L'une des premières idées de ce club fut de suggérer la création d'un journal unique d'urologie. A l'époque il y en avait deux, farouchcinent concurrents, pour seulement 400 urologues. Cette proposition présen- tée en Assemblée Générale de I'AFU par Guy VALLANCIEN et moi- même déclencha un débat houleux, la démission de Roger COUVELAIRF du Conseil d'Administration, des négociations sans fin qu'auront en pure perte les comités de rédaction des deux journaux. Ce projet mit six ans pour aboutir avec la création, en se passant des éditeurs institution- nels et avec l'aide de Saad KHOURY, de Progrès en Urologie qui devint rapidement le Journal des Urologues Français puis de ceux du Québec puis des Belges sous les directions successives de Pierre TEILLAC, Ber- nard GATTEGNO puis Vincent DELMAS.

Cette bataille, autour des journaux scientifiques, allait cristalliser I'in- quiétude de la génération des urologues trentenaires devant l'absence d'organisation de la spécialité et certains blocages malthusiens. L'ana- lyse de l'état des lieux nous conforta dans le projet d'organiser la spé- cialité à l'intérieur des structures existantes mais en modifiant radicalc- ment les règles : plus de nomination indirecte et de durée indéterminée au Conseil d'Administration mais des élections ouvertes tous les 3 ans sans cumul de mandats présidentiels, plus de représentation quasi exclusive des hospitalo-universitaires mais une répartition sans quota des trois modes d'exercice de la spécialité, plus de secrétaire général isolé mais un bureau responsable devant le Conseil d'Administration, assisté d'un comité d'organisation du Congrès, plus d'action saisonniè- re limitée à l'organisation du Congrès mais la création de comités pour impliquer les membres de I'AFU sur le long terme, enfin création de partenariat officiel avec l'industrie, contrôlé par le Conseil d'Adminis- tration.

Mettre en œuvre ce programme imposait un changement de statuts de l'Association. Lors du Congrès de 1985, devant une impatience certai- ne des jeunes générations, avec le soutien de Maurice CAMEY, Président du Congrès, après avoir convaincu René Kûss, Président en exercice de I'AFU, et fait une visite au ministerc de l'Intérieur pour cadrer les nou- veaux statuts, nous avons essayé et réussi à proposer unc motion per- mettant ces changements, déclenchant là encore un débat tendu. Je dois remercier le secrétaire général de l'époque, Christian RICHAUD, qui était dans son rôle en défendant la politique du Conseil d'Administration en place, mais qui a permis un débat démocratique ; celui-ci aboutit fina- lement au vote de la motion qui entraîna la transformation de I'AFU réalisée durant l'année 1986. Guy VALLANCIEN, premier secrétaire géné-

. . - dem a toujours été réactif aux idées nouvelles voire iconoclastes, ccla a pu en irriter certains mais n'empêchera pas de te voir accéder bientôt à cctte place car je sais que nous avons toujours besoin de ta créativité. Mais la communauté urologiquc doit se souvenir aussi des autres pré- sidents qui ont donné de leur temps et n'ont pas ménagé leur énergie pour renforcer cette politique depuis 20 ans : Adolphe STEG et Alain LE DUC, Etienne MAZEMAN et Jean-Marie BUZELIN, puis Philippe MANGIN qui m'a succédé ainsi que Pierre TEILLAC et Patrick COLOBY secrétaires et Richard O. FOURCADE et Philippe GRISE trésoriers, sans oublier Jean C H A I L L ~ Y , François ROUSSELOT et Jean-Paul ALLÈGRE, qui malgré leur activité professionnelle libérale se sont fortement impliqués dans les différents bureaux ; grâce à eux I'AFU a poursuivi son expansion, ser- vant souvent d'exemple pour d'autres spécialités, et a acquis vis-à-vis des tutelles une crédibilité certaine en raison de sa représcntativité exceptionnelle et de la qualité de ses dossiers, actions poursuivies par le bureau actuel mené par Christian COULANC~E, Emmanuel CHARTIER- KASTLER et Jean-Pierre MIGNARD.

3) Après le Roi de Cceur et le Nain Jaune c'est le tour de la Darne de Pique d'ttre jouée, tourne-t-elle la tête de profil pour regarder les spè- cialités concurrentes ? Mais ne risque-t-elle pas de mécotznaître ainsi d'autr-es dangers situ4.s devant elle, tels les nzauvais bergers qtie la con.statzce et la ,foi du peuple en ses destinées r-endront vaines et illu- soires. Je ne voudrais pas. en les (.voguant rapidement, jotier au don- neur de lecon, mais profiter de l'atidience exceptionnelle de cette séan- ce pour que nous partagions tous ces interrogations.

Le danger principal serait dc perdre notre implication collective dans I'AFU et d'avoir des raisonnements catégoriels, j'en donnerai deux exemples : les trois modes d'exercicc de I'urologic sont représentés sans quota ni collège électoral bien que les libéraux représentent envi- ron 65% des urologues : c'est ce qui a fait notre unité et notre force et ceci a toujours abouti à une représentation relative quasi constante et équilibréc au Conseil d'Administration. C'est pourquoi je me suis tou- jours battu pour cette représcntativité des libéraux et c'est ce qui m'au- torise à dire, amicalement mais fermement, à ceux qui lors de la der- nière élection ont utilisé un vote mono-catégoriel qu'ils font faussc route : ccla ne pourrait qu'affaiblir l'association qui deviendrait Ic champ de manœuvres politiciennes ou qui exploserait en une multitude de sociétés mono-catégorielles, ce qui s'est passé dans d'autres spécia- lités qui envient actuellement l'unité de I'AFU. Le deuxième danger serait le manque d'implication forte d'un nombre significatif d'universi- taires : I'absencc actuelle de participation collective de certains PUPH et la difficulté de renouvellement de certains modules de l'ECU alors qu'à sa création plusieurs universitaires étaient souvent en compétition sont pour l'instant des phénomènes marginaux mais nous devons rester vigilants.

Un autre challenge à résoudre est celui de notre attitude vis-à-vis des médias.

Depuis quelques années nous assistons à la promotion de nouvelles thé- rapcutiqucs auprès des médias grand public, défendues par des urolo- gues publics ou privés. Quelles que soient les intentions, individualis- tes ou plus collcctives, pour montrer le dynamisme dc la spécialité, ces actions dc médiatisation en dehors de la presse médicale sont souvent mal ressenties par beaucoup de collègues qui craignent, parfois à juste titre, un détournement de clientèle. Ce phénomène est amplifié par I'ac- célération de la diffusion des nouvelles techniques, parfois non cncorc totalement validées, par l'apparition d'un marketing de firmes, aggravé par la confusion entretenue entre efficacité et norme CE, enfin par un effet de mode auquel succombent parfois les patients mais aussi les pra- ticiens.

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Comment distinguer l'information de la publicité '? Certes I'IFP, ou Notre responsabilité est de bien le former, d'adapter les flux aux impact factor promotionnel, de Match ou dc Nicc Matin est plus élevé besoins, de lui prévoir une organisation de la profession efficace ct inais plus discutable que celui du Journal of Urology, et pourtant nous attractive et de commencer à penser à nous effacer progressiveincnt, devons informer le public des nouveautés validées en urologie, ~iiontrer qui a dit trop progressivernent ? notre dynamisme vis-à-vis d'autres spécialitks frontières, en cancérolo-

La formation chirurgicale idéale* doit-clle être univcrsitairc ou profes- gic notamment où l'efficacité des traitements chirurgicaux isolés ou

sionnelle par des Ecoles de chirurgie ? Lcs deux sont indispensables : associés est trop souvcnt occultée. Ceci passc obligatoirement par une

aux tcnants de la formation purement universitaire je rappellerai quc action planifiée au niveau des médias, les actions déjà engagées comme

celle-ci est très hétérogène selon les CHU et les sur-spécialités des ser- "la semaine de l'incontinence" ou la "journée prostate" impliquant à la

vices comme le montre I'étudc dcs Cahiers de l'interne, aux tenants des fois les urologues et l'association sont une première réponse, le dévc- Écoles de chirurgie jc soulignerai qu'ellcs privilégient certains types de loppc~iicnt dc l'accès du grand public à dcs informations médicales vali- formation, par structurc elles sont déconnectées des malades et de la dis- décs ct vulgarisées intelligemment sur Urofrance en est une autre. Enfin cussion pratique des indications. A l'évidence il faut intégrer ces dcux la poursuite d'une activité scicntifique de haut niveau lors du Congrès systèmes dans l'emploi du temps des internes et chefs mais aussi des cst indispcnsable car il s'agit d'un rendez-vous et d'une caisse de réso- enseignants, les Ecoles devant permettre l'apprentissage, la répétition nancc bien identifiés par les journalistes grand public. des gestes des techniques standardisées, la simulation et la résolution des Les spécialités frontières, vers lesquelles se tournait la Dame de Pique, sont-elles un risque pour notre spécialité ? Oui si nous les méprisons en nous contentant de penser quc nous sommes les meilleurs, non si nous formons des jcuncs urologues, notamment universitaires, sur ces cré- neaux, si nous publions des séries multicentriques contrôlées, si nous incttons aux points dcs études de suivi ct de matério-vigilance métho- dologiquement valables, si nous continuons de nous intéresser aussi aux traitements médicaux ct pas simplement à la chirurgie, si nous acceptons les premiers une évaluation de nos résultats, tout en conti- nuant d'accueillir dans nos comités les mcillcurs de ccs spécialités concurrcntes.

4) Avec le Di,x de Carreau nous évoqiiei-ons des .sujets sensible5 actirel- le~nent car touchant U Z L X coi~ditions matèrielles de nos activitès.

Nous vivons une époquc inquiétante mais passionnantc : inquiétante car nos intcrlocuteurs ne sont plus seulement des patients confiants et reconnaissants, mais se sont invités autour du colloque singulier le financicr, Ic juge ct le patient devenu savant grâce à lnternct ; ceci doit stiinulcr notre efficience et notrc rigueur ; mais époquc passionnante car la redistribution des cartes sur le plan de l'organisation des activités médicales peut redonner la main aux professionnels si l'action syndica- Ic est nourrie de la réflexion dc la société savante.

Nous devons nous impliquer dans la nouvcllc gouvernance, nous crécr dcs outils d'informations et partager nos expériences organisationnel- les. Nous devons établir des référentiels avcc Ics comités de I'AFU, cc qui permettra des négociations argumentées non seulement dans le public mais aussi avec les opérateurs de santé de plus en plus présents dans Ic privé ; nous devons organiser nos procédures diagnostiques ct thérapeutiques pour convaincrc les assureurs de notre faible iatrogénie, nous devons exiger la réintégration des Sociétés Savantes dans Ic suivi dc la CCAM. Nous devons enfin réfléchir plus largement aux modes et au niveau de nos rémunérations ct travailler à plus long terme sur l'é- volution du paiement à l'acte.

Une autre révolution cst en cours, dont Alain JARDIN fut le chantre pré- curseur ct longtemps solitairc : Ics femmes choisissent l'urologie et cette tendance sera pérenne compte tenu des 60% d'étudiantes en lere

année de médecine et de leur taux élevé de succès au concours. La féminisation de l'urologie ne doit pas êtrc cnvisagée seulement sur le plan démographique et de temps de travail, mais être considérée comme une source d'cnrichissement pour la spécialité compte tenu de leurs qualités propres.

5) La dernière carte, Me~dumes, Messie~lrs, c'est 1ajeune.s.se de l'uro- logie. Permettez que je léve mon verre en jbrmant le souhait sincère et Ikgitime de voir bientôt se lever le jioment de la bonne graine urolo- gique, enfouie au plus profi,nd de la terre hospitalière nourricière, c'est le Valet de Trefle, reflet intégral d'un,jeune urologue, c b t l'avenir de l'urologie.

complications per-opératoires, les scrvices universitaires poursuivant l'apprentissage dans les conditions réelles, affinant les techniques, dis- cutant les indications, apprenant les suites opératoires mais aussi I'infor- ination et la gcstion humaine des paticnts dont la fonnation manque encore cruellement. Dans ces deux structures les urologues non univer- sitaires qui ont le goût de l'enseignement de la chirurgie devraient trou- ver leur place avec une coordination par la spécialité des centres de for- mations qui doivcnt être agrées car I'offrc anarchique dc formations non validées par des firmes sponsors ne doit pas pcrdurer. Cc système asso- cié à l'augmentation des possibilités de stages interCHU devrait perrnct- trc d'améliorer encore la qualité de notre fonnation chirurgicale initiale avec une raisonnable liberté dc choix et l'égalité d'accès pour tous.

La maîtrise des flux démographiques est un enjeu important, même si le dynamisme dcs coordonnateurs interrégionaux et de I'AFUF, crée avec succès par Jean-Charles MIKAELIAN et Olivier HAILLOT, a permis à l'urologie d'être moins touchée par la pénurie que d'autres spécialités chirurgicales. Cependant même si le nombre d'urologues continue d'augmenter actuellement, nous ne devons pas oublier quc le flux dcs départs à la retraite va s 'accroître dans 5 ans, et que la demande de soins va augmcntcr avec le vieillisscrnent de la population : nous devons recenser mieux les capacités de formations et continuer d'ex- plorcr Ics possibilités d'adaptation du nombre des postes formatcurs que sont les stages dc "post-internat".

Nous devons poursuivre la réflexion sur la réorganisation de la spécia- lité avec la multiplication des centres d'urologie entre Ics quatre points cardinaux du tcrritoirc regroupant plusieurs urologues en face d'un pla- teau technique performant ; dans l'avenir le niveau requis de qualité. dc continuité et dc pcrmancnce des soins rendra non viable l'exercice soli- taire. Nous devons aussi tester avec le personnel para-médical la délé- gation de tâches qui mc paraît nettement préférablc au transfert de com- pétence et à la création d'urologues médicaux.

Avant de terminer ce discours, jc voudrais rcmercier Joëlle qui m'ac- compagne, me soutient, mc supporte depuis 36 ans, et si je suis arrivé jusqu'ici c'est aussi grâce à elle, à sa générosité ct à son amour ainsi qu'à cclui de nos enfants Sabine et Alexis.

Rendu au terme de l'éloge de mes maîtres et de notre association j'cn mesure cependant toute la vanité : malgré un labeur considérable d'é- criture, de corrections, de coupes pour rester dans le temps imparti, voire d'autocensure, un discours de président de Congrès a une durée de vie courte et laisse souvcnt peu de souvenir sauf s'il cst très mauvais ou pour ceux qui n'ont pas été cités. Son intérêt principal cst dc servir, s'il est publié, à ceux qui s'intéressent i l'histoire de la médecine ou d'une spécialité, cn étant Ic reflet d'une époquc ; j'espère que celui-ci scra ainsi le témoin de l'unité et du dynamisme des urologues des années 2000 et de leur conviviale fraternité, dont on pourra dire, parodiant un discours célèbre, qu'elle fut massive, indéfectible, imputrcsciblc et légendaire. *et d'une ngst~illrc

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Post-Face Est-ce de la vanité de ma part ? peut-être, mais je l'ai traitée préventi-

Je voudrais vous ,faire une confidence : les plus attentifi d'entre vous ont peut-être noté, dans mon allocution, quelques phrases dt.ca1t.e~ ou .surprenantes. Je tiens à en remercier leur auteur: I'hurnoriste dt!f.int Pierre DAC, dontj'avais découvert à 20 ans un discout-.Y utili.sahle en toutes circonstances. Je le lui ai emprunté en de multip1e.s occasion.^ et j'uvais fait le pari de le glisser en totalité dans mon texte aujourd'hui. Si vous voulez découvrir ce discours humoristique, vous n'aurez qu'u relire le mien. Que ne ferait-on pas pour pérenniser ses écrits !

vement puisque BERGSON a &rit que "la seule cure contre la vanité, c'est le rire".

J'ai caché un discour:s humoristique dans un discours ofilciel : Vanité des éloges.

D'autres ont caché des symboles phi1o.sophique.s dans des cxuvres d'art. n'y voyez aucune res.semblance mais permettez-moi de vous présenter pour traiter ce sujet, Eloge des vanités, Monsieur Serge LEGAT, Prqf&s- seur d'Histoire de l'art et Conférencier des Musées Nationaux.

Discours du 1 OOL'nlc Congrès Français d'urologie Par le Pr. François RICHARD

Président du Congrès

Messieurs les représentants des Académies Nationales de Médecine et de Chirurgie Monsieur le Directeur Général de la Santé Monsieur le Président de l'Association Française d'urologie Chers Collègues et Amis Mesdames et Messieurî

Les circonstances aui nous réunissent aujourd'hui sont de celles . . . Non, rassurez-vous, jc ne vous déclamerai pas mon discours favori, ct pour débuter je resterai classique. Je mesure en effet l'honneur que m'a fait le conseil d'administration de l'Association Française d'Urologie en me nommant Président de son 100""" congrès. Contraireinent à ce qu'ont dit souvent mes trop modestes prédécesseurs à ce poste, je me doutais bien, qu'une année ou l'autre, voire au bénéfice de l'âge, je finirais par être président d'un congrès mais je n'imaginais pas avoir le redoutable privilège d'être celui du premier congrès à trois chiffres, 110 ans après celui qui fut présidé par son fondateur : Félix GUYON . .. Des restes de mes humanités grecques et de logique aristotélicienne m'ont fait hésiter à écrire I'èloge de nies Maîtres : en effet s'il n'y a pas d'élèves i l n'y a pas de maîtres, et si les élèves sont mauvais il n'y a pas de bons maîtres. Donc si les maîtres sont bons voirc cxceptionncls, c'est parce que les élèves Ic sont d'abord, et pourquoi donc devraient-ils les remercier. Mais j'ai l'impression que ce syllogisiiie paradoxal dont la pravité ne peut échapper qu'aux incultes, a des failles et VOUS nie permettrez de commencer cet éloge . . .

J'aurais aimé pouvoir, après tant d'autres, dire devant vous à René Kuss toute l'admiration que j'avais pour lui et la gratitude d'avoir été son élève. Je ne rappellerai pas ici tout ce qu'il a apporté à l'urologie mais ce qu'il nous a appris par surcroît : l'esprit critique, l'audace et la réflexion, le dynamisme et l'innovation, la confian- ce à donner aux plus jeunes, le tout avec un humour parfois féroce. Une autre de ses qualités a été sa capacité $ créer autour de lui une véritable équipe, malgré les fortes personnalités de qui la composaient, équipe qui sera toujours très proche de lui, rnême après son départ à la retraite ...

Maurice C A M ~ Y a été celui W l ' e x e m p l e m'a convaincu de choisir l'urologie. Sa patience, sa rigueur intellectuelle aussi bien que la lérrèreté et la précision du geste opératoire, sa mentalité de pionnier dans la chirurgie de l'urètre, de la lithiasc corallifonne&surtout dans la mise au point de la cystoprostatectoinie avec rem- placement intestinal ont fait progresser la qualité et la notoriété de I'urologie française, même si parfois i l lui a fallu passer par les USA pour vaincre l'incomuré- hension de certains de ses collègues hexagonaux. Mon cher Maurice, tu as eu d'autre part I'cxtréme élégance et l'altruisme de me conseiller dc répondre favorableineiit aux propositions de proinotion universitaire qui m'étaicnt faites alors que tu comptais sur moi pour ta succession et jc t'en serai toujours recotinaissant . . .

Si Maurice CAMEY est le responsable de ma vocation d'urologue, Christian CIIATCLAIN est celui de ina carrière universitaire

Je ne peux oublier non plus Saad KHOUI<Y, connu dès l'externat à Foch, déjà porté par un dynamisme exceptionnel, Bruno C ~ M P A C ~ N ~ N , Didier LAMBI:III., Jcan-Picr- re MIGNARD et Benoît VIGNES qui corrstituent un condomérut de coiiiplices avides de faire vivre uri syndicalisrne urologique erîicace. En dehors des élèves de René Kîlss, un urologue tient une place particulière et est devenu un arni proche, Jean Marie BUZELIN, connu dans le cadre de la SlFUD pour combattre l'ignorance de I'urodynamique et qui m'enrôla pour démarrer avec lui le premier module de l'une des actions dont les urologues peuvent être les plus fiers et que nous voulons croire pérennes et toujours indéuendants : les ECU du Collège Français des Urologues, auquel sont aussi attachés les noms d'A- lain LE DUC, Philippe THIBAULI. et Yves LANSON. Permettez-moi enfin d'avoir une pensée pour Jacques MICIION qui par deux fois, bien que je n'étais pas son élève, était prêt à favoriser ma carrière, de remercier Adolphe STtCi et Laurent BOCCON-GIBOD qui m'ont demandé de leur succéder au secrétariat général de la Société Française d'urologie, source d'un juste sentiment de fierté pour le jeune Chef de clinique que j'étais, mais aussi Christian RICHAUD, ami comme moi passionné de collections, Pierre L ~ G ~ R , Etienne CUENANT qui avec Alain JARDIN ont fait un travail historique tout à fait exceptionnel, soulignant I'exemple glorieux de ceux gui nous ont précédés dans le passé sur une série de cent posters qui doit être sûrement unanimement suivipar ceux aui participent à ce Congrès. Pour terminer ce premier chapitre, je ne saurais oublié ceux qui continueront dans un proche et lumineux avenir, avec le même dynamisme et talcnt que leurs prédécesseurs à La Pitié, un orésent c h a r ~ é de oromesses : je veux parler de mes collaborateurs et ainis ...

2) Carte suivante, le Nain Jaune ou Lindor, la carte bénéfique source de succès, c'est la transformation du Congrès Français d'Urologie et l'élargissement des actions de I'AFU.

En effet, malgré les qualités de nos maîtres et celles d'ailleurs également remarquables d'autres leaders parisiens ou provinciaux, l'intérêt du Congrès Français d'U- rologie périclitait dans le début des années quatre-vingts ; le rôle de I'AFU était inexistant car ses statuts freinaient le renouvellement des ineinbres du CA souvent élus à l'aube de leur retraite, le secrétaire général se retrouvait isolé pour assurer l'organisation du Congrès, seule activité visible de l'association ; tout allait chan- ger en 1986. Quelques années plus tôt, 4 Chefs de clinique d'un même service, trouvant dénuées dc scns les obscures querelles d'écoles, notamment parisiennes, qui s'expri- maient régulièrement à la SFU et au Congrès, avaient décidé de créer un club regroupant des Chefs de clinique en activité ou récemment installés, originaires de la plupart des services universitaires français ...

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L'~iiic des premières idées de ce club fiit de suggérer la création d'un journal unique d'urologie. À l'époque il y en avait deux, hrouchciiient concurrents, pour seu- Icincnt 400 ~irologues. Cette proposition présentée en AG de I'AFU par Guy V A L L ~ N < . I ~ N et moi-ii~èinc déclencha un débat houleux, la démission de Roger C'oiivi - i ,\ii<i du CA, des négociations salis lin qu'auront en Bure perte les comités de rédaction des deux journaux. Ce projet iiiit six ans pour aboutir avec la créatioii, cil se passant des éditeurs iiistitutioiinels et avec l'aide de Saad Kiioiii<v, de Progrès en Urologie qui devint rapidement le Jo~irnal des Urologues ... Mctti-c en (cuvrc cc prograiiinic iiiiposait un cliangenieiit de statuts de l'Association. Lors du Congrès de 1985, devalit uiic iiiipaticnce certaine des jcuncs géiiéi-a- tioiis, avcc le soutien de Maurice C A M I Y, Président du Congrès, après avoir coiivaincu René Küss, président en exercice de I'AFU, et fait une visite au iiiiiiistérc tlc I'lntérie~ir po~ir cadrer les nouveaux statuts, nous avons -'et réiissi à proposer une motion pcrinettant ces changeiiicnts, déclencliant là encore ~ i i i débat tcndu. Je dois reincrcicr Ic secretaire général de l'époque, Christian RICI IAUI) , qui était dans son rôle en défendant la politique du CA en place, mais qui a perinis ~ i i i débat déiiiocratique ; celui-ci aboutit tïiialciiieiit au vote & la iiiotion qui entraîna la transforniation de I'AFU réalisée duraiit I'arinéc 1986. Guy VALLANCILN, pi-cillier -ci-6-

taire g6iiéral de I'AFU rénovée et m o i - d i n e avons été honorés en recevant en coininun la médaille Félix GUYON pour ces transforinations. Mon cher Guy, de ccttc 6poquc est liée une longue et fructueuse amitié, notre tandem a toujours été réactif aux idées nouvelles voire iconoclastes, cela a pu en irriter certains mais n'cmpé- clicra pas de tc voir accéder bientôt à cette place car je sais que nous avons toujours besoin de ta créativité. Mais la coinmunauté ~irologique doit se =venir aussi

dcs autres présidents qui ont donné de & teinps et n'ont inénagé lcur énergie pour renforcer ccttc politiq~ic depuis 20 ans ...

3) Après le Roi de Cœur et le Naiii Jaune c'est le tour de la Daine de Pique d'être jouéc, touriic-t-elle la tête de profil pour regarder les spécialités coiicuri-ciitcs '?

niais iic risque-t-elle pas de iiiéconiiaître ainsi d'autres dangers situés devant elle, tels les mauvais bergers aue la constance et la f b i du peuple en ses des- t i n & ~ rendront vaines et illusoires. Je ne voudrais pas, cil Ics évoquant rapidement, jouer au donneur de leçon, inais profiter de l'audience exceptionnelle dc cette séance pour que nous partagions tous ces interrogations. Le danger principal serait dc perdre notre implication collective dans I'AFU et d'avoir des raisonnements catégoriels, j'en donnerai deux exemples : les trois niodes d'exercice de l'urologie sont représentés sans quota iii collège électoral bien que les libéraux représentent environ 65%) des urologues : c'est ce qui a Iàit notre unité et notrc forcc et ceci a toujours abouti i une rcpréscntation relative quasi constante et équilibrée au CA. C'est nourauoi je inc suis toujours battu pour ccttc rcpré- sciitativité des libéraux . . .

4) Avec le Dix de Carreau nous évoquerons des sujets sensibles actuelleinent car touchant aux coiiditioiis inatériclles de nos activitks

5 ) La dcriiiérc carte, Mesdames. Messieurs, c'est la jeunesse de l'urologie. Pennettcz que je lève mon verre en fbrmant le souhait sincère et Ié~itinre de voir hientOt se lever le fkment de la bonne praine urologiq~ie, enfbuie au plus profond de la terre hospitalière nourricière, c'est le Valet de TrCtlc,

reflet intégral d'un jcunc ~irolog~ic, c'est l'avenir de I'urologic.

Notre rcsponsabilité est de bien le former, d'adapter les flux aux bcsoins, de lui prévoir une organisation de la profession efficace et attractive et de coinincnccr à pcnscr B nous efljcer progressiveincnt, qui a dit trop progressiveincnt '!

La Soriiiation c l i i r ~ r g i c a l c ~ " doit-elle être uiiiversitairc ou profcssionncllc par des Ecoleï de chirurgie '! Les deux sont indispcnsablcs. aux tenants de la forina- tion purcmciit universitaire je rappellerai que celle-ci est très hétérogène selon les CHU et les sur-spécialités des services coninie le montre l'étude des Cahiers de I'iiitei-nc. aux tenants des ljcolcs de chirurgie je souligiierai qu'elles privilégient certains types de forination, par structure elles sont dèconnectées des nialades et de la discussioii pratique des indications. À l'évidence il faut iiitégrer ces deux systéines dans l'emploi du temps des intcincs ct chefs inais aussi des enscigiiants. Ics I:colcs dcvant peniiettrc I'apprcntissagc, la répétition des gestes des techniques standardisées, la siinulation ct la résolution des coinplications pcr-opératoires, les scr- vices ~iiiiversitaires poursuivant l'apprentissage dans Ics conditions réelles, affinant les techniques. discutant les indications, apprenant les suites opératoires inais aussi I'iiilorination et la gestion huinainc des patients k t la foriiiation iiianque encore cruellement. Dans ces deux structures les urologues non ~iiiiversitaires qui ont Ic goût de I'enseigneincnt de la chirurgie devraient trouver leur place avec une coordination par la spécialité des centres de foriiiations qui doivent être agrées car I 'of ic anarchique de fori~iatioiis non validées par des firmes sponsors ne doit pas perdurer. Cc systèine associé à l'augiiicntation des possibilités de stages intcr- CHlJ devrait permettre d'ainéliorer encore qualité de notrc formation cliimrgicalc initiale avcc uiic raisonnable m d c choix et l'&alité d'accès pour tous.

La iiiaîtrise des flux déinograpliiques est un enjeu i i npo~~an t . iiiêmc si le dynainisme des coordonnateurs iiiterrégionaux et de I'AFUF, crée avec succCs par .lcaii- C'liarlc Mikaeliari et Olivier H4ii.1 o r , a pci-iiiis à lt~irologic d'Ctrc iiioiiis touchée par la pénurie que d'autres spécialités cliirurgicalcs. Cependant iiiéiiie si le noiiihre d'~ir»l»gues continue d'augmenter actucllcinent, noris lie devons pas oublier que le flux des départs à la retraite va s'accroître dans 5 ans, et que la deinaiide de soiiis va nugiiiciiter avec le vieillisseincnt de la populatioii : iious devons recenser inieux les capacités de Iormations et continuer d'explorer les possibilités ci'adaptatiori du iioinbrc des postcs forinatcurs que -les stages de "post-internat". NOLIS dc\~oiis poursuivre la réflexioii sur la réorganisation de la spécialité avec la iiiultiplication des centres d'urologie entre les auatre aoints cardinairx du tcr- riioirc regroupant plusieurs iirologues en face d'un plateau technique performant, dans l'avenir le niveau i-cquis de qualité, de continuité et de permanence des soins rciidra iioii viable l'exercice solitail-c. Nous devoiis aussi tester avec Ic personnel para-médical la délégation de taches qui me pal-aît nettement préférable au traiis- fcrt de coiiipétcncc et à la crcatioii d'urologues inédicaux . . .

Rciidu au ternie de l'éloge de mcs maîtres et de notre association j'cn niesure cependant toute la vaiiitc : inalgré un labeur considérable d'écriture, de corrections . dc coupes pour rester dans le teinps iiiiparti, voire d'autocensure, Lin discours de président de Congrès a Iinc durée de vie courte et laisse souvent peu de souvenir sauf ' i l est très iiia~ivais ou poui- ccux qui n'ont pas été cités. Son intérêt principal est de servir, si il est publié, à ccux qui s'intéressent à l'histoire de la iiicdcciiic ou n'rrne spécialité, eii étant le rellet d'une époque ; j'espère que celui-ci sera ainsi le téiiioiii de l'unité et du dynainisiiic des urologues des années 2000 et de lcur convi- viale fiaternité. dont on pourra dire, parodiant Lin discours célèbre. q~i'cllc fut massive, ind{fectible, imputrescible et légendaire.

*et d'une mvstiaue