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www.globules.com DES MOTS SUR LES MAUX, DES AVIS SUR LA VIE EDITION Jimmy Blin SPECIALE A s s o c i a t i o n l E c r i t - S a n t é - Discriminé -e ? OCTOBRE

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DES MOTS SUR LES MAUX, DES AVIS SUR LA VIE

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Prochains thèmes

Globules est édité par l’Écrit-Santé, association loi 1901. Agrément Jeunesse et Éducation Populaire n°76/560 - août 1998Membres du comité de rédaction de cette édition :Pour la CREA : Uzam Sebinwa, Marie-Liesse Aubert et Emmy Boué -Pour la DRDJSCS : Karine Landais, Boubakar Diagana ; DDCS : Chantal Nallet -Pour le rectorat de Rouen : Carole Collen, Mission égalité et genre ; Nathalie Zachariasen, ADALECAvec : Sid Abdellaoui, professeur des universités ; Paul-Marie Cavelier, Eligi Formation ; Christel Ledun, CIDFF / Globules – Marie Rezgui, Globules -Les Jeunes et leurs accompagnants :Mission Locale Seine Caux Austreberthe : Ophélie Flament et Maxime Dracy accompagnés de Thierry Craquelin, conseiller -MJC d’Elbeuf et association Impulsion Urbaine : Nora El Allali, Alexis Pouvreau, Ibrahim Dem, Maxime Carret, animateur ; Nadia Hachour, responsable du Pôle Jeunesse de la MJC -Lycée Flaubert, Rouen : Julie Carcea, Fatma Benouchane, Amanda Joseph, Ilham Mahdaoui, Janis Queteuil, Najiba Dridi, Andrea Sonico, Camille Ledrait,

Inés Kouacema, Audrey Lauterbach, Yamina Hachemi, Déborah Scheuren, et Charlotte Romain, accompagnées par Dominique Bertaud, enseignant LP –Globules : ateliers journalistiques et d’expression : Delphine Ensenat ; maquette & mise en pages : Laurent Lebiez ; Chloé Ponsot, stagiaire ; Rédaction en chef : Christine Ternat - Avec la complicité de Chérif Béreddine et Akli Medjkoune, nos amis algériens présents lors du comité de rédaction du mois de mai - Dans le cadre d’un partenariat de coopération région Haute Normandie/Villaja de Béjaïa de transfert de savoir-faire de Globules, journal participatif et l’association l’Etoile du Sud.Couverture : Jimmy BlinIllustrations : Tommy Tahir, Audrey Delacour, Lorène Dengoyan, Marie Malet, Inès MaouiDiffusion : Delphine Ensenat et Christel LedunEdition tirée à 12 000 exemplaires, octobre 2012Imprimerie : ETC Yvetot (76)ISSN : 1259-6078 / Dépôt légal : à parutionCPPAP : 0316 G 89773Parution bimestrielleL’Écrit-Santé est une association loi 1901 reconnue d’intérêt général

Siège social : Globules, 115 Boulevard de l’Europe 76100 - Rouen Tél : 02 36 56 77 54 - Site : www.globules.comEmail : [email protected] opinions exprimées dans Globules n’engagent que leurs auteurs. Les documents reçus ne sont pas rendus. Leur parution implique l’accord de l’auteur. Les indications de marques et adresses qui figurent dans les pages rédactionnelles de ce numéro sont données à titre d’information sans aucun but publicitaire. La reproduction des textes, dessins et photographies publiées est interdite sans autorisation préalable.MERCI ! Merci à tous ceux qui nous ont permis, par leurs écrits, leurs illustrations, leurs questions, leurs conseils, leur soutien technique et leurs encouragements, de réaliser ce numéro.

Ours [ le qui fait quoi dans Globules ]

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Globules n°107 - octobre 2012 -

LES ÉCRANS SONT-ILS UN ÉCRAN ?Internet, télévision, jeux vidéo, DVD, cinéma, téléphone... A la maison, au lycée, à la fac, au travail, dans les magasins, dans le métro... les écrans ont envahi nos vies et sont partout ! Difficile de résister à cette envie d’y poser nos yeux ! L’écran, un superbe outil de communication ? Une fenêtre ouverte sur l’extérieur et sur le monde ? Un nouveau moyen d’expression et de communication ? Les écrans nous coupent-ils du monde et des relations avec les autres ? Les écrans sont-ils à risque ? Tout est-il bon à voir ? Si non, comment se protéger ? Accro à l’écran ou libre de s’en détacher quand on le veut ? Ce sujet t’inspire ?

Exprime-toi, dessine, écris, participe à un reportage ! Envoie-nous tes créations avant le 12 octobre 2012 à Globules, 115 Boulevard de l’Europe, 76100 Rouen - [email protected] - Tel : 02 36 56 77 54

Globules n°108 - décembre 2012 - LA NUIT, RÊVES ET FÊTES

Globules en vente dans la régionDans l’Eure : - Évreux : L’oiseau Lire - 91 rue Joséphine - Louviers : A La Page - 16 rue du Matrey Dans la Seine-Maritime : - Bernay : Le Rouge et le Noir - 22 rue Gustave Folloppe- Cany Barville : Bio and Caux - 45 place Robert Gabel- Fécamp : Librairie Le chat pitre - 1 quai Bérigny / Biohorizon - place Bellet- Rouen : Thé Majuscule - 8 place de la Calende / L’Armitière - 5 rue des Basnages / L’Écho des Vagues - 5 rue des boucheries St Ouen / Artisans du Monde - 82 rue de la République / Au grand nulle part - 102 rue du général Leclerc - Yvetot : Intermarché - route de Rouen

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Édito

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SOMMAIREAbonnement, prochains thèmes p.2Edito p.3Vos reportages p.4 à 19

Les assos p.18 à 19Biblio p.20Numéros utiles p.21Vos écrits p.22 à 23BD p.24

« Discriminé-é ? » Les discriminations… Derrière ce

mot complexe, se cache un sujet sensible que nous avons voulu explorer. Afin de vous livrer des articles clairs et accessibles qui puissent nourrir vos débats, cette édition - qui laisse la place à la parole de chacun - a été élaborée avec des jeunes en provenance de tout le territoire de la CREA dans sa diversité rurale et urbaine. Cette belle expérience collective a donné lieu à des partages passionnants et parfois à des remises en cause de nos propres « à priori ». Nous nous sommes mis au travail, nous sommes réunis en comité de rédaction puis en ateliers pour préparer et réaliser les interviews, avons collecté beaucoup d’informations sur le sujet, eu des rencontres avec des jeunes et des experts pour construire cette édition de Globules. Dans cette édition spéciale de Globules « Discriminé-e ? », des reporters de la Mission Locale du Trait ont voulu savoir ce qu’est la discrimination, comment ça marche, et comprendre pourquoi nous sommes tous potentiellement « discriminant ou discriminé ». Ils ont interviewé Paul-Marie Cavelier, d’Eligi Formation, un organisme de formation spécialisé dans la prévention et la lutte contre les discriminations. Puis « Je viens d’ici, toi d’où viens-tu » nous avons voulu zoomé sur la discrimination – non encore reconnue comme telle - géographique dont souffre de nombreux jeunes aujourd’hui. C’est Franck Meyer, un élu de la CREA, maire de Sotteville sous le Val qui répond aux questions de nos reporters d’Impulsion Urbaine, une association elbeuvienne. Enfin, comment «Agir et réagir : lutter contre les discriminations », les lycéens de la 1ère ARCU de Flaubert ont demandé à rencontrer Sébastien Camblong, policier en pensant que la Police pouvait être confrontée à la fois au fait d’être rejetée par la jeunesse et à la fois être confrontée au risque de discriminer ces mêmes jeunes. Pour reprendre les mots d’Ophélie qui a participé à l’aventure : « l’expérience avec Globules me redonne confiance en l’avenir en moi-même m’ouvre un peu plus au monde »

Lutter contre toutes les discriminations n’est ce pas, avant tout, s’ouvrir au monde ? Lisez, découvrez les articles les textes ainsi que les illustrations de cette édition 100% CREA et faites passer…

Jean-Michel Bérégovoy, Vice-Président de la CREAChristine Ternat, directrice de Globules

Je me réjouis de la sortie de ce

numéro spécial discriminations qui fait suite à un long travail mené de manière très participative entre le comité de rédaction et les jeunes et qui constitue un enrichissement pour chacun. Ce numéro ne manquera pas d’intéresser un large public et manifeste le véritable engagement de l’ensemble des acteurs à poursuivre la mobilisation en faveur de la prévention des discriminations. Le 15.09.2012, lors de l’inauguration de l’exposition « Discriminations, n’ayons pas peur des mots » M Lamy, ministre délégué à la ville, a réitéré l’engagement de l’État dans le combat des discriminations. La DRJSCS

veillera à poursuivre les actions de prévention des discriminations, notamment au travers des diagnostics, des formations, et des plans territoriaux de prévention des discriminations, qui sont des dispositifs de l’ACSE. Les changements ne s’opèrent pas un jour ; cependant en tant que DRJSCS, je suis attentif à ce que mes services poursuivent leur implication sur ce sujet, en lien avec l’ensemble des partenaires et notamment la CREA, très attentive à cette problématique.

Jacques Murat, Directeur régional de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale, et délégué territorial adjoint de l’ACSE

* Cette édition spéciale a vu le jour grâce à l’implication de la CREA et de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances ACSE. Cette édition sera distribuée dans les établissements scolaires et sur les points d’accueil jeunes ainsi qu’aux responsables et aux élus des communes de la CREA -

OCTOBRE 2012, ÉDITION SPÉCIALE

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R e p o r t a g e à R o u e nRéalisé par : Ophélie Flament et Maxime Dracy

Auprès de : Paul-Marie Cavelier d’Eligi Formation

DISCRIMINANT ? DISCRIMINÉ-E ?

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Dans une société de communication où toute information circule à grande vitesse, les préjugés, les stéréotypes et amalgames ont la vie dure. Ils passent de l’écran de TV à l’écran d’ordinateur sans que l’on y prenne garde et s’étalent sur les pages des journaux. Ils nous font mal lorsque nous en sommes les victimes. Mais chacun d’entre nous n’est-il pas capable de discriminer aussi ? Dans notre vie quotidienne, de manière consciente ou inconsciente, nous véhiculons des idées qui créent ou entretiennent des discriminations. D’une simple blague aux propos franchement xénophobes, homophobes, ou sexistes, à quel moment dérape-t-on ? S’agit-il d’un phénomène individuel ou de groupe, est-ce une question de mode ou d’époque ? Paul-Marie Cavelier d’Eligi Formation, organisme de formation spécialisé dans la prévention et la lutte contre les discriminations, répond aux questions de nos reporters sur les mécanismes de discrimination et d’auto-discrimination.

Pensez-vous qu’il y a une recherche du « scoop » de la part des médias, et plus particulièrement des journaux télévisés, qui fait que les gens ingurgitent davantage de généralités qui entretiennent des amalgames par exemple sur les religions ? Paul-Marie Cavelier : tout dépend de la manière dont on traite l’information. Si on regarde les journaux télévisés, il peut y avoir des amalgames produits de manière inconsciente par les journalistes. Lors des attentats du 11 septembre 2001, l’amalgame « arabe = musulman = terroriste » a fait des ravages dans la population française, recréant une méfiance des personnes d’origine arabe. Pourquoi cet amalgame ? Pour analyser une information, il faut multiplier les sources, se renseigner sur le contexte de l’évènement, pour en dégager une opinion personnelle construite et argumentée. Selon l’évènement, la charge émotionnelle est parfois tellement forte, qu’il est impossible, dans l’immédiat, de prendre le recul nécessaire à son analyse. Ce qui a pour effet de produire ou renforcer des stéréotypes et des préjugés. Le défaut de beaucoup de journalistes ou de toute personne publique (politiques, artistes…) est de produire ou de laisser

dire des amalgames. Lors de l’affaire Mérah, l’ancien président de la République a parlé de « musulmans d’apparence », alors même que les journalistes avaient pris soin de traiter l’information de manière professionnelle pour éviter tout amalgame, car ils avaient pris conscience des conséquences des amalgames religieux. Même si on peut saluer les efforts des médias audiovisuels à valoriser la diversité, force est de constater que le chemin est encore long. On dit toujours qu’un délinquant est d’origine immigrée mais jamais qu’il est d’origine bretonne ou normande. La conséquence est que le lecteur/auditeur/téléspectateur interprète l’information en pensant que la délinquance est liée à des origines spécifiques. Enfin, « l’évènementialisation » est aujourd’hui concurrencée par la course au scoop. Le développement des TIC rend l’information quasi immédiate. Le but des médias est d’être le premier sur l’info, quitte à faire des erreurs de traitement. L’audimat est le nerf de la guerre.

Est-ce que cette recherche du « scoop » peut rendre les gens discriminant ? PM. C. : oui. En tant qu’être humain, nous mettons en œuvre

des processus psychologiques de traitement de l’information, tel que la catégorisation qui consiste à faire des raccourcis et à mettre les gens dans des cases. Si on ne fait pas attention, on catégorise et on développe des stéréotypes qui ont un impact sur notre perception du monde. Il faut intégrer une distance avec ce que l’on regarde à la TV. Je trouve très important de discuter avec les enfants sur ce qu’ils regardent à la télé, et comment ils le perçoivent, de développer un esprit critique, indépendant de tout discours discriminant. La télé n’est pas le seul vecteur. La société, la famille, les amis nous amènent à développer des préjugés et des stéréotypes pouvant entraîner de la discrimination. On nous inculque dès la naissance que les vêtements bleus sont pour les garçons, et les vêtements roses pour les filles. Même chose avec les jouets ou l’orientation scolaire… Il n’existe pas de normalité mais il faut lutter pour ne pas rentrer dans les stéréotypes. La façon dont on va nous imposer une vision du monde fait qu’on va peut-être se rebeller : des parents racistes ne vont pas forcément produire des enfants racistes. La manière dont les infos sont traitées va soit renforcer un stéréotype, soit le casser. A la télé, qui nous montre-

DISCRIMINANT ? DISCRIMINÉ-E ?

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t-on ? Pas des musulmans, mais des extrémistes, ceux qui vont à l’encontre des valeurs françaises. Il y a un amalgame entre arabe et musulman. Que fait-on de tous les arabes chrétiens ? Tout va très vite, on ne permet pas au citoyen lambda d’apprendre à traiter une information. Aujourd’hui, l’enjeu de la lutte contre les discriminations est de valoriser, les bonnes pratiques, de médiatiser les condamnations.

Est-ce que la discrimination positive n’est pas tout simplement de la discrimination ? PM. C. : la discrimination positive est de la discrimination. Le principe est de favoriser un groupe, victime d’une inégalité par rapport à un autre. Cela reste une différence de traitement. En France, il existe, même si on n’ose pas l’appeler ainsi, des lois en faveur de la discrimination positive. Celle sur

le handicap oblige les entreprises de plus de 20 salariés à avoir au moins 6% de salariés en situation de handicap. Elle conduit à interdire ces postes à des personnes valides qui sont peut-être plus compétentes. Le but est de réduire certaines inégalités : les personnes en situation de handicap sont deux fois plus au chômage que les personnes valides. Ces lois ont l’avantage de permettre une prise de conscience

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Carole Collen, Chargée de mission « égalité et genre ». [email protected]

* «La place des femmes dans les manuels d’histoire du secondaire», Amandine Berton-schmitt (janvier 2005) – «Rapport au Premier ministre sur la représentation des hommes et des femmes dans les livres scolaires», Simone Rignault et Philippe Richer, Mix-cité mars 1997 -

L’ONISEP propose sur son site des vidéos sur la mixité des métiers. On y voit des femmes ingénieures dans le bâtiment ou la marine-marchande, des conductrices poids lourds, des fleuristes hommes témoigner de la richesse de leur métier. Une diversité de métiers à explorer ! www.onisep.fr

La mission « égalité et genre » est implantée au Rectorat, au sein du Service académique d’information et d’orientation chargé entre autre d’étudier et d’analyser l’orientation, l’affectation et l’insertion des élèves. Penser que certains métiers correspondent plus aux garçons plutôt qu’aux filles est une idée sans fondement qu’une majorité de personnes croit vraie. C’est un stéréotype contre lequel nous luttons. Une fille peut exercer tous les métiers et les chefs d’entreprises reconnaissent la richesse d’une complémentarité femmes/hommes. Dans notre société, on profile les garçons pour occuper les fonctions masculines d’autorité et de pouvoir et les filles pour prendre en charge les enfants, le foyer, le mari. Elles sont présentées comme plus douées pour la compréhension des autres que pour la compréhension du monde, et intériorisent à partir des discours de leur famille, des médias, de l’école et finalement de la société dans son ensemble, qu’il existe une sorte de voie normale qu’il est naturel de suivre jusque dans les choix professionnels qu’elles

ne diversifient pas. Les femmes occupent souvent les situations professionnelles les plus précaires, les emplois à mi-temps… Des études ont prouvé que les femmes apparaissent moins souvent que les hommes dans les manuels scolaires et quand elles y figurent, elles restent surreprésentées dans l’univers domestique et absentes des sphères politiques ou intellectuelles. Ceci est aussi valable dans les média où hommes et femmes connaissent un traitement différencié, inégal.

Ses objectifs… Notre rôle, en tant que chargé-es de mission « égalité et genre », est d’aider les établissements scolaires à mettre en œuvre des actions ou mener une réflexion pour favoriser l’égalité entre les filles et les garçons et lutter contre le sexisme au sein des établissements scolaires. Un de nos objectifs est d’améliorer les choix d’orientation scolaire et professionnelle des filles et des garçons. Les statistiques révèlent en effet que les filles s’orientent majoritairement vers les métiers de « services » et sont minoritaires dans les formations du bâtiment, de l’industrie, des transports, des sciences et techniques. Ces choix, plus restreints que ceux des garçons, les exposent davantage au chômage car trop nombreuses au sein des mêmes filières.

Prise de conscience et actions… Porter un regard sur les différences existantes fait partie de notre action. Dès la scolarité il est important de sensibiliser les personnels éducatifs à la question de l’égalité et du respect entre les sexes afin qu’ils l’intègrent dans leurs enseignements. Nous les accompagnons également en participant à leur réflexion, en proposant des formations, en relayant les avis de concours sur la question. Nous animons un réseau de correspondants « égalité et genre ». Ce sont, dans les établissements scolaires, des personnels éducatifs, de santé, d’encadrement, volontaires et sensibilisés à la question de l’égalité. Souvent très actifs, ils agissent sur le terrain et sont indispensables car ils impulsent des actions en faveur de l’égalité.

Égalité et genreLa mission « égalité et genre », vous connaissez ?En quoi consiste-telle ? À quoi sert-elle ? Où se trouve-t-elle ?

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des phénomènes discriminatoires. Il faut garder en tête, qu’un jour, ces lois devront disparaître lorsque les mentalités auront évolué.

Et pour un jeune originaire de quartier, de banlieue ?PM. C. : il y a deux aspects. L’ex HALDE (devenu depuis le Défenseur des Droits) avait produit un rapport sur la question du lieu d’habitation comme facteur de discrimination (la discrimination territoriale). Des études ont montré que les personnes vivant dans des quartiers en difficulté ont moins de chance d’obtenir un entretien d’embauche qu’une personne qui habite dans un centre-ville.Ces propos sont à relativiser, car le rapport d’évaluation du CV anonyme a montré, au contraire, que les recruteurs étaient plus rigides vis-à-vis des jeunes de quartier quand leur CV était anonyme. Car, ayant conscience de leurs problèmes, nombre de recruteurs étaient prêts à leur laisser une chance malgré certains écueils dans leur CV, notamment, les fautes d’orthographe.

Les réseaux sociaux favorisent-ils la diffusion des messages encourageant les discriminations ? PM. C. : oui et non. Un réseau social met en lien des personnes (copains d’école, famille, amis). Cela permet de créer ou conserver un lien social avec des personnes qu’il est difficile de voir en raison de l’éloignement géographique. C’est un super outil de communication mais il nécessite de connaître ses règles d’usage. On ne peut pas tout dire ou tout faire. Tous les propos que nous écrivons sur ces réseaux sociaux sont des propos publics qui sont règlementés par la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Comme tout moyen de communication il peut être un vecteur de messages à caractère sexiste, raciste,

homophobe. On retrouve les mêmes discours qu’avant mais cela va plus vite. Ce sont des outils de communication et on doit apprendre à s’en servir en toute connaissance de cause. Il faut être un acteur et il ne faut pas le subir. Nous pouvons toutes et tous être un jour victimes de propos de cette nature sur ces réseaux sociaux.

Les comportements discriminants arrivent-ils plus rapidement avec les effets de groupes ou effets de meutes ? PM. C. : oui parce que c’est rassurant d’avoir un leader de groupe qui pense pour soi. C’est pourquoi on montre souvent le bouclier du communautarisme.Avec les amalgames, on n’accuse pas une personne mais un groupe de personnes qui, lorsque toutes les solutions ne fonctionnent pas, se replie sur lui-même. Nous avons l’exemple des religions mais également de communautés homosexuelles. C’est rassurant et épanouissant de se retrouver entre personnes qui partagent les mêmes modes de vie. Rassurant car cela nous aide à être nous-mêmes et assumer qui l’on est. Epanouissant parce que s’assumer tel que l’on est, est essentiel pour être heureux. Les effets de groupes sont donc autant des porteurs d’amalgames que de refuges pour les victimes.

N’y a-t-il pas un effet de mode ? Etre discriminant sur un sujet particulier va passer de mode ? PM. C. : Il y a toujours eu des effets de mode ; l’actualité va créer un focus sur un sujet nouveau. Les discriminations ont commencé à être traitées dans les médias suite au rapport du Haut Conseil à l’Intégration de 1998 « Lutte contre les discriminations : faire respecter le principe d’égalité ». Les discriminations en raison de l’adresse font suite à une plainte

de la ville de la Courneuve pour discrimination territoriale. Cette plainte a créé une forte médiation sur le moment, mais cela reste à chaque fois de courte durée.

La vie quotidienne est faite de distinction. Où se situe le point de passage qui fait que l’on bascule dans la discrimination, donc dans l’illégalité ? PM. C. : La loi définit nos droits et devoirs. La discrimination porte sur des actes faits à autrui et lui portant préjudice. A contrario, dans la sphère privée, familiale, nous sommes plutôt libres de faire ce que l’on veut (dans la mesure où l’on respecte la loi bien sûr).

La loi porte sur les actes alors que nous ce qui nous blesse ce sont les paroles . N’y a-t-il pas une loi pour punir l’impact moral des mots ?PM. C. : oui, bien sûr, la loi interdit toute insulte, de quelque nature que ce soit. La diffamation est également interdite par la loi. La sanction pénale est plus lourde si ces propos sont de nature raciste, sexiste ou homophobe (jusqu’à 6 mois de prison et/ou 22500€ d’amende pour une injure publique). La loi sur le harcèlement moral permet également de lutter contre ces propos, puisque le harcèlement se définit comme étant un comportement répété (acte ou parole) portant atteinte à l’honneur et la dignité de la victime. Il faut faire la distinction entre les paroles (injure, diffamation) et les actes, ces derniers relevant de la discrimination. Il faut donc bien comprendre que la discrimination est un acte traitant de manière différente deux personnes ou deux groupes de personnes en situation comparable. Exemple : le traitement des CV pour un emploi. Les paroles sont plus blessantes, car l’impact des mots est immédiat, alors que se rendre compte que l’on est victime d’une

DISCRIMINANT ? DISCRIMINÉ-E ?

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OCTOBRE 2012, ÉDITION SPÉCIALE

Ines Maoui

discrimination nécessite d’avoir conscience que l’on peut être victime de ce fléau.

L’auto-discrimination est-elle une réelle barrière supplémentaire ? PM. C. : oui, car l’auto-discrimination est un processus psychologique dont nous sommes tous porteurs, parce que nous subissons la pression sociale normalisante. Sortir de cette norme n’est pas toujours simple. Par exemple : il est encore difficile aujourd’hui pour une personne de s’assumer comme homosexuelle de peur des « représailles », car la norme socio-culturelle nous impose une vision hétérosexuelle de l’être humain. Ce qui n’a aucune justification scientifique. Il faut être capable de prendre conscience et d’accepter ses propres préjugés pour pouvoir les changer pour ne pas imposer aux autres notre vision du monde.

Que pensez-vous du rôle des comiques ? PM. C. : la fameuse phrase de Pierre Desproges « On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui » exprime mon point de vue. Tout peut être perçu comme drôle, tout dépend de notre perception de l’environnement. Il faut faire attention que ce que nous considérons comme une blague drôle peut ne peut pas l’être pour tout le monde. Et je trouve cela très sain de pouvoir rire d’un grand nombre de sujets pour une société démocratique. Je crois beaucoup également à l’autodérision, car cela permet de relativiser notre vision du monde, ne pas la considérer comme vraie et absolue. La difficulté est de trouver la limite qui va faire basculer du rire au scandale. Par exemple, Patrick Timsit avec les personnes trisomiques a dépassé les limites pour nombre d’associations, ce qui a engendré

un scandale médiatique et un procès. Il ne faut pas oublier que c’est le public qui fait le succès ou non d’un artiste. Un comique sans public n’est pas drôle.

Propos recueillis par Ophélie Flament et Maxime Dracy

Eligi Formation, Paul-Marie CavelierTél : 02 35 63 58 80 / 06 72 41 05 [email protected]

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Qu’est-ce qu’une discrimination ?

La discrimination est punie par la loiLa discrimination est une infraction pénale punie de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende (article 225-1 du code pénal). Dans le domaine de l’emploi, la discrimination est prohibée lorsqu’elle aboutit à un refus d’embauche, de formation ou de promotion, une sanction, un licenciement, des inégalités salariales, etc. Le harcèlement est considéré comme une forme de discrimination lorsqu’il est lié à un critère prohibé de discrimination. Au fil du temps, les juridictions ont précisé les caractéristiques des situations visées par la prohibition de la discrimination.

Que dit la loi ?La discrimination consiste à traiter une personne ou un groupe de personnes de manière défavorable en raison de critères prohibés.

Les critères de discrimination prohibés (article L. 1132-1) : – âge, – sexe, – origine, – situation de famille, – orientation sexuelle, – moeurs, – caractéristiques génétiques, – appartenance vraie ou supposée, à une ethnie, à une nation, à une race, – apparence physique, – handicap, – état de santé, – état de grossesse, – nom de famille, – opinions politiques, – convictions religieuses, – activités syndicales ou mutualistes.

La discrimination directe...Une discrimination directe se produit lorsque sur la base d’un critère prohibé « une personne est traitée de manière moins favorable, qu’une autre ne l’est, ne l’a été ou ne l’aura été dans une situation comparable ». Bien souvent, la discrimination reste dissimulée par un mensonge plus ou moins élaboré (exemple : « désolé mais le poste est déjà pourvu »). Face à ce type de comportement, la personne traitée de manière défavorable peut difficilement apporter les preuves de cette discrimination. Il en résulte une impression que l’on peut qualifier de « ressenti discriminatoire ». Afin de pallier ces difficultés, le législateur a prévu, pour les procès en matière civile, un aménagement de la charge de la preuve : dès lors que suffisamment d’indices d’une possible discrimination ont été apportés par le plaignant, il incombe à l’employeur de justifier l’absence de traitements défavorables.

La discrimination indirecte...Cette forme de discrimination suppose « qu’une disposition, un critère ou une pratique en apparence neutre soit susceptible d’entraîner un désavantage particulier pour des personnes par rapport à d’autres personnes, en raison d’un critère prohibé, à moins que cette disposition, ce critère ou cette pratique ne soit objectivement justifié par un but légitime et que les moyens pour réaliser ce but ne soient nécessaires et appropriés ». Cette définition ne s’intéresse ni à la motivation (l’intentionnalité), ni à la conscience qu’aurait le prescripteur de la norme litigieuse de défavoriser telle ou telle « catégorie » de personnes. Il s’agit uniquement de déterminer si cette norme, bien que neutre, crée dans les faits une inégalité de traitement. À titre d’exemple, la Cour de justice de l’Union Européenne a constaté que le fait d’accorder un régime complémentaire de pensions

de retraite uniquement aux employés ayant travaillé à temps plein, durant 15 années au moins, sur une période totale de 20 ans pouvait aboutir à une discrimination sexiste indirecte dès lors qu’il est démontré que, dans les faits, la majorité des femmes travaillent à temps partiel. De même, exiger pour un recrutement, une taille minimale supérieure à 1 m 70 conduit à écarter les femmes de façon significative lorsque l’on sait que 70 % d’entre elles se situent en dessous de ce seuil. Il reste alors à déterminer si une telle exigence pour l’obtention d’un emploi est, ou non, objectivement justifiée au regard du poste concerné.

La discrimination systémique...La discrimination systémique est une notion qui n’est pas définie par le droit mais est issue de l’analyse sociologique des mécanismes de fonctionnement de la société et de leur rôle dans la production et la perpétuation des inégalités.Elle résulte de la multiplicité des sources de la discrimination : l’effet discriminatoire sur un groupe de personnes peut ainsi résulter non pas d’une décision ou d’une mesure précisément identifiée, mais de la combinaison de plusieurs facteurs, et de procédures successives qui, prises isolément, ne semblent pourtant pas être fondées sur des considérations discriminatoires.

Annie Lemesle, Déléguée Départementale du Défenseur des Droits

DISCRIMINANT ? DISCRIMINÉ-E ?

L'autodiscriminationPhénomène subtil, l’auto-discrimination est une restriction de liberté qu’on s’impose à soi-même, consciem- ment ou inconsciemment pour éviter de se mettre dans une situation difficile à vivre qui sera source de souffrance : le jugement négatif des autres sur ces choix personnels.

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Reportage à Sotteville-sous-le-val

Auprès de : Franck Meyer, maire de Sotteville-sous-le-val

JE VIS ICI,TU VIS OÙ ?

OCTOBRE 2012, ÉDITION SPÉCIALE

L’origine géographique, une nouvelle discrimination ?

Réalisé par : Nora El Allali, Alexis Pouvreau, Ibrahim Dem

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Être originaire d’une ville, d’un quartier, d’un village peut-être source d’inégalité… Quand on a le sentiment que son quartier, son école, collent à la peau et sont un frein pour avancer... Quand l’origine géographique est source de discrimination ! Nora vit à Saint Aubin les Elbeuf, Alexis et Ibrahim vivent à Cléon. Tous trois ont rencontré Franck Meyer, maire de Sotteville-sous-le-val, petite commune rurale de 760 habitants qui cotoie les agglomérations de Rouen et d’Elbeuf. Enseignant, directeur d’école communale puis coordonnateur du Réseau de Réussite Scolaire de Cléon, il croit en la possibilité de lutter contre les préjugés et de faire bouger les choses. Rien n’est immuable…

Quel sens donnez-vous aux discriminations ?Franck Meyer : le sens étymologique de discriminer c’est faire la distinction. A l’origine, ce mot n’a aucune connotation négative. Maintenant on l’utilise « à toutes les sauces » et le sens commun qu’on lui donne est négatif. L’homme a toujours été tiraillé entre être unique et être membre d’un groupe. Par exemple, à chaque époque, il faut que les jeunes aient une certaine marque de basket pour être reconnu. Il y a toujours cette volonté d’appartenir et de s’identifier à un groupe, et en même temps la volonté de se distinguer. Au départ, la discrimination répond à un besoin identitaire, elle devient négative quand elle est ressentie comme imposée et non choisie.

Comment pensez-vous que s’est instaurée la notion de quartier au fil du temps ? F.M. : même si la répartition territoriale a toujours plus ou moins existé, la notion de quartier a commencé avec l’essor des villes industrielles. La discrimination géographique joue dans tous les sens. On parle de beaux quartiers et de quartiers populaires. Si quelqu’un des beaux quartiers va dans un quartier dit populaire,

il ne sera pas bien accepté et inversement. À la fin des années 70, on a commencé à parler de quartier et est apparu tout ce qui relève de la politique de la ville, une politique de repérage des « déficits socio-culturels », des manques qui peuvent impacter la vie des jeunes. Il fallait trouver des solutions pour que les jeunes n’aient pas à souffrir de leur lieu d’origine. La discrimination positive est apparue avec l’effort fait en Angleterre dans des secteurs ouvriers où il y avait peu de réussite scolaire. Aujourd’hui au niveau scolaire, nous avons des problématiques similaires à celles de la fin du XIXème siècle et les défis à relever sont toujours aussi nombreux !

Quelle différence y a t-il entre un établissement ZEP et un établissement normal ? F.M. : il n’y pas d’établissement normal. Chaque établissement a un profil différent et un chef d’établissement, une équipe enseignante, un public scolaire lui donnent une image, qu’il soit d’une ZEP ou non. Fin des années 80, l’Education Nationale décide de donner plus de moyens aux établissements où se trouvent les enfants issus de familles ayant moins de ressources financières,

et qui ont moins accès à la culture. On leur attribue plus de postes d’enseignants et plus de moyens. On fonctionne sur des zones géographiques dites zones prioritaires. Fin des années 90, on travaille sur des réseaux écoles, collèges... Parmi les critères retenus pour considérer un établissement en éducation prioritaire, on trouve la « catégorie socioprofessionnelle » des parents. Dés l’entrée en classe de 6ème on demande aux élèves quel est le métier de leurs parents et on les classe en 3 groupes : favorisé / moyennement favorisé / défavorisé. C’est réducteur mais c’est ce repère qui a servi, avec d’autres indicateurs de réussite scolaire, aux classements. En 2012, à Cléon, 57 % des enfants sont considérés comme venant de familles défavorisées tandis que la moyenne départementale est à 37 %. Il y a donc un véritable écart.

En tant que jeune de quartier, pourquoi sommes-nous convaincus qu’on a moins de chance d’y arriver que les autres ? F.M. : j’aimerais bien que vous n’en soyez pas convaincu ! Je voudrais justement que les jeunes puissent croire à autre chose. Ce qui me préoccupe

L’ORIGINE GÉOGRAPHIQUE, UNE NOUVELLE DISCRIMINATION ?

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OCTOBRE 2012, ÉDITION SPÉCIALE

c’est l’enfermement mental qui s’ajoute à l’enfermement géographique. Parfois, dans la course de la vie, on part de plus loin, c’est vrai mais ce n’est pas pour autant que la course est perdue ! Il faut justement faire attention à ces clichés. Prenons l’exemple de Sotteville-sous-le-Val où je suis maire : ce n’est pas parce qu’il n’y a ni théâtre ni cinéma, que je ne vais pas réussir. Quand je suis arrivé ici, en 1992, les élèves n’avaient pas de grandes perspectives scolaires. Mon travail a été d’ouvrir le champ du possible. On a d’abord rejoint l’école de Freneuse pour faire de l’anglais alors que les 4 élèves de CM2 avaient peur d’y aller. Puis, on a travaillé avec le collège, entrepris des classes de découverte. J’aime citer Rousseau « Heureux celui qui sait quitter alors l’état qui le quitte ». La situation dans laquelle vous êtes, vous allez devoir la quitter. Si vous ne savez pas dépasser votre « état initial », devenir autonome, vous allez être malheureux.

Est-ce lié aux parents qui font appliquer leurs préjugés ? F.M. : oui l’impact de la famille est très important. Les peurs familiales, l’absence de repères familiaux (qui accroissent le sentiment d’insécurité) sont des freins au développement personnel. Les parents doivent néanmoins accepter qu’ils éduquent leurs enfants pour qu’ils puissent un jour se passer d’eux (dans le sens d’être autonome). Le fait de quitter son quartier ou son village c’est de toute façon déstabilisant mais on ne peut marcher qu’en acceptant à un moment donné un léger déséquilibre. C’est toujours

insécurisant d’aller là où l’on ne connaît pas.

Je viens d’un quartier de Cléon et j’ai suivi le cursus normal : école Curie, collège Jacques Brel, lycée Maurois et la fac. J’ai eu la chance d’avoir une orientation. Pourquoi, ma génération a de plus en plus de mal à se diriger ou à s’orienter ? F.M. : vous étiez au collège J. Brel en 2005. Vous avez eu plus de chance qui si vous y aviez été en 2000 car cette année là, 42% des élèves de 3ème passaient en seconde. Parmi ceux-là, un sur deux ne passait pas le cap de la seconde. Je suis enseignant dans l’âme et je veux que les enfants

réussissent. Avec un tel constat, je me disais qu’il y avait vraiment un souci ! Aujourd’hui, 57 % d’une classe d’âge passe en seconde et 73% de ceux qui sont passés vont en première. L’orientation est donc un véritable enjeu, comme vous le faites remarquer. L’école ne pense trop souvent qu’à l’école, c’est-à-dire comment passer dans la classe suivante

et avoir son BAC. La vraie problématique est la suivante : qu’est-ce que je vais faire dans la vie ? Qu’est-ce que j’aime ? Quelle formation puis-je envisager ? Dans quoi vais-je pouvoir me réaliser ? A Cléon, il y a un parcours d’orientation individualisé pour chaque élève dès la 6ème. C’est en s’y prenant longtemps à l’avance qu’on peut mieux se diriger. Une difficulté demeure, en matière d’orientation après la 3ème, c’est le transport car il n’y a pas de transport en commun accessible à tous en fonction des choix de formations. On touche là au champ d’action de la politique : il faut penser aux liaisons. La difficulté pour les jeunes d’ici est de pouvoir suivre des études à Rouen.

Comment expliquez-vous l’effet de marginalisation

des jeunes du quartier La Croix à Cléon par rapport

au quartier Dac qui est juste de l’autre côté de la route ? Pensez-vous qu’on puisse les récupérer ?F.M. : chaque quartier à son histoire et ses particularités. Lorsqu’on constate des effets de marginalisation, il faut

que les élus locaux et les acteurs de terrain puissent

d’abord poser ensemble un juste diagnostic sur les

difficultés rencontrées : c’est ainsi qu’on fait de la politique. La politique c’est s’occuper des affaires de la cité. Cela ne devrait se faire qu’avec passion, mot qui étymologiquement veut dire souffrance, car rien n’est simple. Comme je le disais plus tôt, il y a chez tout être humain une volonté d’identification et une volonté de distinction. Ici aussi, à Sotteville-sous-le-val, nous avons des « quartiers », qui se regardaient d’un mauvais œil dans les années 80. Il y avait des

Ines Maoui

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tensions entre certaines familles. Ça existe partout, là où il y a des êtres humains, il y a des clans. Le clan rassure mais il génère la guerre. On peut s’en sortir mais sur de bonnes bases en apprenant à connaître et respecter son prochain.

Mais il reste des préjugés ? F.M. : oui, le chemin de la rencontre est difficile. Ici, j’ai attendu 5 ans pour que deux familles se parlent alors que c’étaient les grands-pères qui s’étaient fâchés.

Les jeunes des quartiers sont plus souvent des noirs et des arabes. Le fait qu’il n’y ait que des personnes issues de l’immigration, n’est – ce pas de la discrimination alors qu’on parle d’intégration ?F.M. : je suis issu de l’immigration (Italie et Allemagne). À une certaine époque, les italiens étaient regroupés entre eux. Tout est une histoire de temps et de volonté, on l’oublie trop souvent. Aujourd’hui, nous sommes dans une époque de migration. Quand on arrive dans un pays où l’on immigre, généralement on n’a

pas beaucoup de revenus. Souvent, il a

fallu tout quitter et donc tout recommencer. On

va alors habiter dans un secteur où les loyers

ne sont pas chers, C’est là qu’on se retrouve entre

populations migrantes.

HLM, cité, banlieue, jeunes issus de l’immigration, jeunes de quartier, ce ne sont que des mots qui sonnent négativement alors qu’ils sont dans le dictionnaire. Pourquoi ces mots ont-ils maintenant un sens péjoratif ?F.M. : HLM n’a pas toujours le même sens selon l’endroit où l’on se trouve. Le logement social n’est pas toujours négatif, c’est l’image de la ville qui joue bien davantage. A Grand-Quevilly par exemple, il y a 60% de chance d’habiter en HLM et en général ça ne gêne personne. A Sotteville-sous-le-val, il y a 23 foyers qui habitent en HLM, et la liste d’attente pour ces logements est longue !

Quand les gens ne connaissent pas quelque chose, c’est facile de leur mettre une idée dans la tête. Pourquoi les medias entretiennent-il l’ignorance et les discriminations ? F.M. : je suis inquiet sur la médiatisation dans notre société car elle implique l’immédiateté,

le zapping et l’ultra-simplification. Il faut que cela soit noir ou blanc. Mais cela ne marche pas comme ça. Je suis inquiet de cette tendance à la caricature, il faut lutter contre ces images trop médiatisées et trop réductrices. Heureusement, il y a des reportages qui démentent tout cela, qui permettent de faire un zoom sur ce qui se fait de bien. Et puis il y a la valorisation des paroles et des actions de jeunes avec des associations comme la vôtre (Impulsions Urbaines) ou la MJC d’Elbeuf. Le problème c’est en effet l’ignorance. Avec la construction de HLM à Sotteville-sous-le-val, des gens me disaient qu’on allait faire venir « la racaille du Château Blanc ». Mais ils n’ont jamais mis les pieds au Château Blanc ! Quelqu’en soit l’endroit, on peut faire le choix de dégrader son milieu de vie ou de le valoriser. Ce choix nous appartient. On a le choix d’aggraver notre situation ou de l’améliorer. Tout n’est pas qu’une affaire de moyens, il faut aussi de la volonté.

Propos recueillis par Nora El Allali, Alexis Pouvreau, Ibrahim Dem et avec la participation de Wilfried Felipe pour la préparation des questions(association Impulsions Urbaines). Merci à Nadia Hachour, MJC d’Elbeuf.

Ines Maoui

L’ORIGINE GÉOGRAPHIQUE, UNE NOUVELLE DISCRIMINATION ?

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R e p o r t a g e à R o u e n

Auprès de : Sébastien Camblong, brigadier-chef de police

Réalisé par : Janis Queteuil, Fatma Benouchane, Julie Carcea, Amanda Joseph, Najiba Dridi, Andréa Sonico, Camille Ledrait, Inès Kouacema, Ilham Mahdaoui, Audrey Lauterbach

Agir et reagir…Lutter contre

les discriminations

OCTOBRE 2012, ÉDITION SPÉCIALE

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Qu’est-ce qui vous a donné envie d’être policier et quelles études avez-vous fait pour le devenir ? Sébastien Camblong : en ce qui concerne mes études, j’ai passé un Bac C et commencé des études de Mathématiques. Mais en fait je voulais être policier depuis longtemps. C’était un rêve d’enfant. J’ai donc passé le concours de gardien de la paix.

Quand vous êtes appelé pour un cas de discrimination, comment se passe votre intervention ? Quelle est la procédure ? S. C. : on nous donne rendez-vous à un endroit précis où l’on doit séparer les différents protagonistes lorsqu’il y a conflit. Rapidement, on doit observer s’il y a une infraction et on peut interpeller la personne qui est susceptible d’avoir commis l’infraction. J’insiste sur le mot « susceptible ». On écoute la victime et le présumé auteur des faits. Ensuite on fait un rapport dans lequel on écrit tout ce que l’on a entendu et que l’on envoie au Procureur qui décide de la suite à donner à la procédure. Notre rôle est de tenir les personnes à disposition de la justice et il s’arrête là. Nous ne les jugeons pas. Nos interventions sont similaires, qu’il s’agisse d’une discrimination, d’un vol, ou de tout autre motif. Notre rôle est toujours le même.

Intervenez-vous pour tout type de discrimination ?S. C. : bien sûr, je suis déjà intervenu pour une personne prise à partie à cause de son orientation sexuelle ou pour de l’antisémitisme. Que notre intervention soit liée à une discrimination ou non, nous cherchons à obtenir une version de faits qui soit la plus proche possible

de la vérité. Quand on parle de discrimination, bien souvent on s’arrête à la notion de race mais c’est une problématique beaucoup plus large que cela. Une discrimination c’est une inégalité de traitement sans justification particulière.

Dans le cadre de votre travail, quelles actions mettez-vous en place pour lutter contre les discriminations ?S. C. : on a un grand principe qui est l’égalité des chances. Il y a quelques années, on a constaté dans la police que certains jeunes qui voulaient intégrer la police restaient sur le bord de la route parce qu’ils n’avaient pas le Bac. On a donc mis en place le dispositif « des cadets de la République » qui concerne en priorité des jeunes issus de milieux défavorisés et non diplômés. Pendant un an, ils suivent une formation de préparation au métier de gardien de la paix avec des cours de mathématiques, de français, d’informatique, d’histoire-géographie et de langue. C’est un programme scolaire pour revoir toutes les bases et la culture générale. Après le candidat a un niveau suffisant pour passer le concours. Dans la Police, il n’y a pas de quota de couleur de peau, de sexe, de taille. Seul un médecin peut dire si la personne est apte ou non. On ne peut pas refuser quelqu’un à un concours et l’épreuve est anonyme. Ils suivent aussi un cours sur les discriminations et ils doivent connaître par cœur l’article n°7 de notre code de déontologie qui dit « Placé au service du public, le fonctionnaire de police se comporte envers celui-ci d’une manière exemplaire.Il a le respect absolu

des personnes, quelles que soient leur nationalité ou leur origine, leur condition sociale ou leurs convictions politiques, religieuses ou philosophiques.».

Certaines personnes disent que cela ne sert à rien de porter plainte. Est-ce que cela aboutit à quelque chose de le faire ? S. C. : en ce qui concerne les discriminations c’est même très important de porter plainte car le législateur est très porté sur ce sujet. De manière générale, c’est toujours important de la faire car il y a toujours des conséquences : cela peut-être une amende, un stage de citoyenneté (stage payant de 3 jours durant lequel la personne travaille sur la notion de citoyenneté).

Oui mais parfois c’est juste un rappel à l’ordre ? S. C. : peut-être, mais pour la victime cela veut dire qu’il y a eu une reconnaissance de sa position de victime. C’est essentiel pour elle.

Dans la loi, quelles sont les sanctions quand on tient des propos racistes comme « sale nègre »? Selon les discriminations, quelles peuvent être les différentes peines ?S. C. : cela peut aller d’un simple rappel à la loi à de l’emprisonnement. La loi fixe des minima et des maxima. Mais en général, ce sont plutôt des dommages et intérêts à payer à la victime. Les sanctions pénales relatives à la discrimination sont de 3 ans et/ou 45000€ d’amende lorsque la discrimination est commise par un particulier et de 5 ans et/ou 75000€ d’amende lorsque la discrimination est commise par un fonctionnaire.

Comment réagir quand on est victime ou témoin de discriminations ? Faut - il porter plainte ? Que se passe – t – il ensuite ? Nos reporters du lycée Flaubert de Rouen ont posé leurs questions à Sébastien Camblong, Brigadier-Chef de Police, actuellement chargé du partenariat, recrutement et égalité des chances à l’école de Police de Oissel. Bien au-delà des comportements à suivre et du rôle de la Police, ce sont les relations, parfois tendues, entre les citoyens et la Police qui sont au cœur des échanges.

AGIR ET REAGIR… LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS

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Et si un policier fait de la discrimination ? S. C. : il aura une sanction plus importante car c’est une circonstance aggravante. Il faut savoir que la justice surveille beaucoup la police. Vous pouvez porter plainte directement au Procureur de la République par courrier si vous n’osez pas aller directement au commissariat pour porter plainte contre un policier.

On trouve qu’il y a des injustices de la Police qui a tendance à faire des contrôles par rapport à l’origine des gens ? Quelles sont les consignes pour éviter de discriminer les citoyens ?S. C. : la Police n’est pas raciste. Le problème c’est que malheureusement les cités regroupent une majorité d’habitants issus de l’immigration. Or quand on va dans un quartier, on contrôle toute personne sans tenir compte des origines mais à partir de critères précis. Entre les jeunes et la Police, il y a comme un jeu du chat et de la souris. Une étude sur les contrôles d’identité a été menée par un cabinet indépendant à la gare du Nord à Paris. Les statistiques ont

montré qu’il y a beaucoup plus de risques de se faire contrôler quand on a entre 15 et 25 ans que lorsqu’on est plus âgé, d’origine étrangère ou non. Tout simplement parce que la majorité des délits sont commis par des jeunes entre 15 et 25 ans. Dans la Police aussi nous combattons les délits. Par exemple, il y a eu 7 policiers interpellés à Lyon récemment.

Avez-vous déjà été victime de discrimination, et si oui, comment cela s’est-il passé ? S. C. : victime non, mais j’ai des collègues originaires d’Afrique noire ou d’Afrique du nord qui sont considérés comme des traîtres parce qu’ils interpellent des personnes de même origine qu’eux. On entend souvent « sale flic » mais cela reste sans suite.

Que ressentez-vous et comment réagissez-vous ? S. C. : quand une personne me traite de « con », je lui demande de se calmer mas personnellement je m’en moque un peu. Il est vrai que lorsque j’interviens en civil le comportement des gens à mon égard n’est pas le

même. L’uniforme est parfois un frein à la communication surtout avec les jeunes car la tenue est perçue comme répressive.

Les média nous donnent des images qui nous restent dans la tête. Pensez-vous qu’ils peuvent faire quelque chose pour réduire les discriminations ou changer la situation ?S. C. : les media ont un pouvoir assez important et un devoir d’information. Ils pourraient aider à réduire les discriminations en relatant les évènements quand la police est également victime. Il faut que l’information se fasse dans les deux sens.

Propos recueillis par Janis Queteuil, Fatma Benouchane, Julie Carcea, Amanda Joseph, Najiba Dridi, Andréa Sonico, Camille Ledrait, Inès Kouacema, Ilham Mahdaoui, Audrey Lauterbach – Questions préparées avec l’ensemble des élèves de la classe 1er ARCU du Lycée Professionnel Gustave Flaubert – Rouen

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OCTOBRE 2012, ÉDITION SPÉCIALE

La CREA met en œuvre une démarche globale de prévention des discriminations

Des Forums Diver(c)ités sur la thématique des discriminations, à destination des acteurs locaux et du public, ont lieu chaque année au mois de décembre depuis 2009.

La CREALDE Commission Rouen-Elbeuf-Austreberthe de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité a été installée le 20 octobre 2011.La CREALDE, Commission pluri-institutionnelle, a pour objectifs de définir de manière partenariale les priorités d’actions en matière de lutte contre les discriminations et en faveur de l’égalité en tenant compte des spécificités du territoire de la CREA et de mettre en œuvre le plan territorial de prévention et de lutte contre les discriminations.

Deux diagnostics ont été réalisés sur le territoire de la CREA de l’automne 2011 à l’été 2012 sur les thématiques :- des discriminations liées à l’origine et au genre dans l’accès aux études supérieures et aux stages,Des Comités de Pilotage et des Comités techniques interinstitutionnels, des groupes de travail, des rencontres individuelles et collectives de professionnels et de jeunes ont été réalisés.- des discriminations dans l’emploi et les ressources humaines.Des groupes de travail associant de nombreux acteurs de la thématique ont identifié les risques discriminatoires existants et ont

recensé de nombreuses actions permettant de prévenir ou lutter contre les discriminations. D’autres thématiques sont à l’étude et feront l’objet de projets définis dans les mois à venir : le logement, les transports, la santé, le sport…

Des actions de sensibilisations subventionnées par la CREA sont régulièrement organisées : En 2012 : « La Fabrique de la Paix organisée par la Ligue de l’Enseignement », « Visages en Seine » organisé par le bureau des Arts de Rouen Business School…»

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Le sport est-il concerné ?Hélas oui ! La pratique sportive n’est pas à l’abri de comportements de rejet liés à la nationalité, à la confession, aux orientations sexuelles, à l’origine, au genre, ou encore au handicap, quel qu’il soit. On peut même percevoir une différence de traitement au sein des handicaps... Combien de fois à t-on ressenti dans nos pratiques, une différence de traitement ? N’avons-nous jamais été « laissé sur le banc » lors d’un match, sous différents prétextes, pas toujours justifiés ? Ne confondons-nous pas la plupart du temps, racisme et discrimination ? De quoi parle-t-on en matière de discrimination dans le sport?Sur les 18 critères*, très peu sont perçus ou sont concernés dans nos pratiques sportives ; on pourrait penser que seul le genre, le handicap, l’homophobie et l’origine sont concernés par le sport ; l’apparence physique peut aussi, dans certaines situations, entraîner de la discrimination ; on pourra cependant prendre acte qu’un certain nombre de critères, non déterminés par la loi, seront perçus par erreur comme de la discrimination. La Direction Départementale de la Cohésion Sociale de Seine-Maritime a été

retenue par le Ministère pour lancer une enquête et un plan d’actions relatifs aux discriminations dans le sport. Le Département de Seine-Maritime a souhaité intervenir en lien avec l’Etat pour animer les territoires et fédérer les acteurs.Une démarche commune : comment ?Par la création et l’installation d’un groupe de pilotage départemental seinomarin, pour établir une stratégie en matière de lutte contre toutes les formes de discrimination, mais aussi de concevoir les outils au service de l’information et de la formation des bénévoles et des professionnels du sport. Par la mise en place d’une sensibilisation des jeunes et des adultes aux discriminations dans le sport, pour susciter une vrai prise de conscience aux actes discriminatoires qu’ils peuvent commettre (aussi bien les jeunes que les encadrants) ;1ère étape : enquêter au sein du mouvement sportif et enquêter en direction des lecteurs de GLOBULES * L’enquête est adressée au mouvement sportif. Cette enquête est disponible sur les sites internet du Département : www.seine-maritime.net et du Comité Départemental Olympique et Sportif

et de la Préfecture (L’Etat en Seine-Maritime/ La Cohésion Sociale/ Sport) : www.seine-maritime.franceolympique.comVous pouvez également nous retourner cette enquête par courrier pour le 16 novembre 2012 à la Direction de la Citoyenneté du Département de Seine-Maritime - quai Jean Moulin 76101 Rouen cedex 1.

L’analyse de l’enquête va permettre de :Connaitre les critères de discrimination (de quoi parle-t-on ?). Déceler les situations discriminantes et agir pour les éviter. Accompagner les dirigeants des clubs et les éducateurs sportifs dans la prévention des incivilités et de la violence dans le sport, qui peuvent entrainer de la discrimination.2ème étape : une restitution de l’enquête sera réalisée lors d’un colloque ou une rencontre en 2013 en direction des élus des collectivités, des Comités Départementaux sportifs, des structures de jeunes et des clubs sportifs de Seine-Maritime.

* Voir page 9

Chantal Nallet, DDCS 76

QUELQUES INFOS UTILES…

Agir contre les discriminations dans le sport en Seine-Maritime« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits… Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation ». Extrait de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, 10 décembre 1948

Ines Maoui

AGIR ET REAGIR… LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS

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De l’idée à l’action...OCTOBRE 2012, ÉDITION SPÉCIALE

CONTRE L’HOMOPHOBIE LGBT DROITS DE CITE

DES PROJETS, UNE CONVICTION, UNE IMPULSION IMPULSIONS URBAINESL’Impulsion Urbaine est une association cléonnaise dont les actions se concentrent essentiellement dans les zones dites «sensibles». Composée de 6 membres actifs âgés de 18 à 22 ans, elle a vocation, en un mot, à favoriser la réintégration sociale des jeunes de quartier en valorisant le lien intergénérationnel ainsi que les initiatives personnelles ou collectives ! Dans un second temps, cette association

accorde une grande importance à la lutte contre les discriminations. Dans la mesure où la «Discrimination» est un terme qu’il faut redéfinir dans les cités, nous souhaitons promouvoir des actions à travers lesquelles chacun est conscient du moment où on est «discriminant ou discriminé». Au cours de cette année, l’association a notamment organisé des rencontres-débats entre élus, parents et jeunes afin d’impulser la réflexion

autour de ce thème. Elle compte sur la motivation et l’envie de tous pour parvenir à stopper les préjugés qui s’imposent dans les cités. L’Impulsion Urbaine est persuadée que la forme associative est une belle impulsion vers la citoyenneté active.

Plus d’infos : Ibrahim Dem au 06 58 07 18 22 ou [email protected]

L’association rouennaise LGBT Droits de Cité agit pour une meilleure reconnaissance des droits des Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transexuelles, et contre les discriminations dont ils/elles peuvent faire l’objet.Pour cela, elle met en place des actions pour sensibiliser chacun de nous à la lutte contre l’homophobie qui se manifeste souvent par « des insultes, du rejet, des agressions et des inégalités des droits face à la loi ». « Une homophobie qui pousse au silence, au repli voire au suicide. Une homophobie légitimée par l’indifférence, le mépris… ».

L’association fait de la journée du 17 mai, journée mondiale de lutte contre l’homophobie, un temps fort pour ouvrir le débat et permettre des échanges sur ce sujet avec le grand public. Par ailleurs, une des ses premières actions a été de s’engager dans la reconnaissance de la déportation homosexuelle lors des cérémonies du souvenir à Rouen. Elle s’est ainsi donnée pour but de devenir un interlocuteur des pouvoirs publics pour avancer concrètement sur ce sujet.

Plus d’infos : [email protected] - http://lgbt.droitsdecite.free.fr www.ensemblecontrelhomophobie.fr

Et aussi les associations : GAYNORMANDIE - 07 77 91 29 92 http://asso.gaynormandie.com [email protected]

SOS HOMOPHOBIE - 0810 108 135 www.sos-homophobie.org - C’EST COMME ÇA, pour les jeunes lesbiennes, gays, bi, trans et curieux - www.cestcommeca.net/

Jimmy Blin

POUR UNE ÉGALITÉ DES GENRES CIDFFLe Centre d’Information sur les Droits des Femmes et de la Famille intervient dans les domaines très variés que sont le droit, l’emploi, la formation et la santé. L’une des ses missions est la promotion de l’autonomie des femmes et l’éducation à l’égalité notamment dans le monde du travail, univers où les inégalités hommes/femmes persistent. Même si l’égalité entre hommes et femmes est acquise en droit, dans les faits elle demeure encore

souvent absente. Le CIDFF organise des conférences et des formations auprès du public ou des professionnels (policiers, professionnels du social, de la santé, de l’insertion …) sur des questions liées à l’égalité, aux discriminations, aux représentations sexistes, aux violences…Son programme d’éducation à l’égalité vise à améliorer la place des femmes sur le marché du travail en élargissant les choix

d’orientation scolaire et professionnelle proposés aux jeunes et à prévenir les comportements et les violences sexistes à l’école, et plus largement dans la société.

Plus d’infos : CIDFF de Seine-Maritime, 33, rue du Pré de la Bataille, 76000 Rouen - Tel : 02 35 63 99 99

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De l’idée à l’action...

POUR L’ÉGALITÉ DES CHANCES DES JEUNES EN SITUATION DE HANDICAPHANDISUP HAUTE-NORMANDIEHANDISUP Haute-Normandie accompagne les lycéens, étudiants et jeunes diplômés en situation de handicap durant leurs études et ce, jusqu’à l’accès à un emploi. Qu’il s’agisse d’etudes, du choix d’un métier, de transports, de logement, de recherche d’emploi ou d’entreprise, Handisup met en place des actions favorisant l’égalité des chances de jeunes en situation de handicap. Depuis la loi du 11 février 2005, « Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », qui pose les principes de non-discriminations par l’accès à

tout et pour tous dans tous les domaines de la vie quotidienne, Handisup a pour mission le rappel et la défense de ces droits en matière d’études, d’emploi et d’accessibilité. Ce principe de non-discrimination s’avère indispensable dans notre société dans laquelle les personnes handicapées sont encore trop souvent exclues de l’école, de l’emploi, des loisirs, etc.

Plus d’infos : HANDISUP, Maison de l’Université (2e étage), 76821 Mont-Saint-Aignan cedex - Tel : 02 32 76 92 52 - www.handisup.asso.fr

Et aussi : - L’AGEFIPH, Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées), premier portail de l’emploi et du handicap, qui a une mission en faveur de l’insertion professionnelle et du maintien dans l’emploi des personnes handicapées dans les entreprises privées.www.agefiph.fr.

Audrey - Atelier BD animé per Céka - MJC Rouen Rive Gauche

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OCTOBRE 2012, ÉDITION SPÉCIALE BIBLIOLa bande à Ed, de Jak et Geg, Grrr…art éditions - La bande à Ed, - La Bande à Ed, tous à Peyrax (Tome 2)- La Bande à Ed, Festi’Val Fleuri (Tome 3)

http://labandeaed.over-blog.com/

Le Pacte, pour en finir avec les discriminationsPublié aux éditions Autrement sous la direction de Louis-Georges Tin, diffusé par les éditions Flammarion, le livre est sorti le 8 février 2012. Pour la première fois en France, une douzaine d’associations ont décidé de faire cause commune : près de 200 propositions concrètes et applicables immédiatement sont ici réunies pour en finir avec les discriminations.

Exemples concrets à l’appui, les auteurs soulignent à quel point la discrimination est omniprésente, souvent à notre insu. Délit de faciès, plafond de verre dans l’entreprise, parcours du combattant au quotidien pour les aveugles et les paralysés, gays et lesbiennes harcelés à l’école, refus d’embauche pour ceux qui sont trop jeunes…ou trop vieux.

Jeunesse et Discrimination Actes du colloque international organisé à l’université Paul Verlaine de Metz les 15 et 16 novembre 2010 par le laboratoire 2L2S. Edité par Antigone Mouchtouris et Piero Galloro, Jeunesse et Discrimination Alors qu’aucune société ne pourrait se développer sans la jeunesse, la discrimination dont cette dernière est

victime peut être observée dans de nombreux domaines. Ce sont les divers fonctionnements de cette discrimination qu’ont étudiés les contributeurs français et étrangers […]

Discriminations Eric Pélisson, éditions EllipsesLa discrimination s’appuie sur les préjugés, racisme, sexisme, homophobie, et se manifeste notamment par la. relégation des quartiers populaires, devenus» zones urbaines sensibles «, qui concentrent à eux seuls une grande partie des publics discriminés, notamment les jeunes d’origine étrangère. Au-delà de

l’action des institutions publiques et privées (on pense à la charte de la diversité, par exemple, signée par de nombreuses entreprises), la lutte contre les discriminations nécessite une mobilisation urgente et massive de l’ensemble du corps social pour faire enfin de l’égalité, deuxième principe de notre devise républicaine, une valeur vivante

Le premier « Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations »Sous la direction d’Esther Benbassa, directrice d’études à l’École pratique des hautes études, de l’exclusion et des discriminations (Larousse). Le parti pris de cet ouvrage ambitieux est d’évoquer tous les racismes, mais aussi toutes les formes d’exclusion et

de discriminations, autant de sujets qui concernent l’école et l’enseignement supérieur.

Sites internet :http://www.lucide-contre-toutes-les-discriminations.orghttp://defenseurdesdroits.frhttp://www.eligi-formation.comhttp://www.mix-cite.org

Ines Maoui

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Liste et coordonnees des délégués du defenseur des droits Territoire de la Comunauté Rouen Elbeuf AustrebertheAnimatrice départementale : Annie LEMESLE

Monsieur Georges GALIANA Permanences :Préfecture de la Seine-Maritime, 7, place de la Madeleine76036 ROUEN cedex. Mercredi sur rendez-vousTel : 02 32 76 50 26

Madame Andrée DEBRUPermanences :Maison de Justice et du Droit des hauts de Rouenplace Alfred de Musset 76000 ROUEN.Premier mercredi du mois : matin et après-midimardi après-midi et mercredi matin pour les autres semainestel : 02 35 12 29 20 - Fax : 02 35 12 29 29

Madame Christelle SIAB-NOUALI Permanences : Maison de Justice et du Droitplace Jean Prévost 76800 SAINT ETIENNE DU ROUVRAYLe mardi - Tel : 02 32 95 83 60

Monsieur Gérard PALLAVICINIPermanences :Maison de Justice et du Droit (plate-forme citoyenne) 6, ancienne route de Duclair 76380 CANTELEULes 1er et 3ème mardis du mois de 9H à 12 HTel : 02 32 83 20 31 Fax : 02 35 08 19 13 Maison de Justice et du Droit27, place de la République 76500 ELBEUF SUR SEINELe 2ème et le 4ème mercredi du mois - Tel : 02 35 77 23 24

PERMANENCES « prisons »Monsieur Gérard GUILBAUDMaison d’Arrêt de ROUEN : Permanences auprès des détenus chaque mardi matin de 8H30 à 12H

Adresse électronique pour chaque délégué : pré[email protected]

Voir aussi pages 18 et 19

CONTACTS

Inès

Il est bon de rappeler la chance de pouvoir vivre dans un pays qui défend le principe de reconnaître la dignité et la valeur de chacun, d'assurer à tous, les mêmes droits et les mêmes chances, sans discrimination. La vie en société est trop souvent le théâtre de discriminations, au travers de propos injurieux et dégradants qui traduisent un manque de respect et aussi une appartenance, une façon de se considérer soi-même, son groupe ou autrui. Les médias, parfois inconsciemment, confortent certains groupes sociaux dans la défense de leur réputation. La discrimination, qu’elle qu’en soit la nature (raciste, sexiste,…) s’appuie sur des composantes de l’apparence et qui ne s’accompagne pas toujours d’un discours construit. Les mots exprimés : ta race…, ta mère… » peuvent être mal interprétés et ceux qui les utilisent n’ont pas pleinement conscience du sens et de l’impact qu’ils ont sur les autres. Il s’agit de codes de langage particuliers qui participent à la construction (ou à la déconstruction) des relations. Les propos deviennent une habitude que l’on ne contrôle plus et dont nous ne prenons pas le temps d’en comprendre le sens. Ces codes de langage peuvent être des critères d’exclusion du groupe : l’individu se

conforme aux règles pour ne pas entacher la réputation du groupe et ne pas être rejeté. La réalité, loin d’une intention de discriminer, peut s’apparenter à un jeu social puéril ou à une mise à l’épreuve de la solidité des relations. Il arrive que les uns et les autres, ne se comprenant pas, finissent par se rejeter mutuellement et c’est alors que la discrimination devient réelle et dommageable. Pour beaucoup de spécialistes, les sous-entendus, les insinuations sont plus nombreux que les mots discriminants. L’expression : « jeunes de quartier » peut paraître neutre mais est souvent employée dans une visée discriminatoire. Or, « jeunes de quartier » ne désigne en rien un ensemble de termes péjoratifs. Dans un sens, les jeunes dits marginalisés sont regroupés sous ce terme, et souffrent ainsi d’un traitement discriminatoire. Beaucoup n’imaginent pas l’impact de leurs propos sur les autres. La parole est une façon d’exister et vise souvent à convaincre l’autre que l’on n’est pas ce qu’il croît. Le langage peut être un révélateur de sa condition sociale, culturelle ou économique. Il est aussi un outil d’adaptation au sein d’un groupe. On parle le même langage, donc on fait partie d’un même groupe, on se comprend… Confrontés à d’autres valeurs que les leurs, les jeunes issus de quartiers difficiles peuvent se

voir mis à l’écart, stigmatisés, jusqu’à être définitivement exclus du système.Ainsi, la notion de respect ne se mesure pas forcément aux mots que nous utilisons. Et il n’y a pas forcément d’irrespect dans ces mots. Souvent, les mots et expressions utilisés dans un secteur peuvent être totalement inadaptés dans un autre. En prison, l’immense majorité de ceux qui ont pourtant commis des actes parfois très graves, demande à être respectée. Beaucoup d’entre eux parlent de réciprocité : « respecte moi et je te respecterai… ». Au delà des mots choisis ou subis, le manque de respect tient plus dans les intentions et les projets poursuivis que dans les mots utilisés. Toute la question est donc d’accéder à ce qui fait sens dans la façon dont les uns et les autres s’expriment. Toujours est-il qu’il convient de méditer sur un dicton africain qui dit : « Avant d’entrer au village, apprend son pas de danse ». On voit bien l’importance de maîtriser les codes utilisés par l’autre avant de le juger. C’est donc toute la notion d’écoute et de compréhension de l’autre qu’il s’agit de valoriser.

Pr Sid Abdellaoui, chercheur en psycho-sociologie et Ibrahim Dem, animateur de l’association Impulsion citoyenne –L’article entier peut être consulté sur …

Des mots (discriminants) qui font mal aux maux à comprendreÀ chacun son langage… pour quel destin commun ? (extraits)

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Ne pas se vivre en victime… Vaincre la discrimination par une attitude différenteLa question de la discrimination est un problème de société que l’on peut vaincre au quotidien par des attitudes et des comportements citoyens. Il est possible de sortir d’une approche trop individuelle de la discrimination. Se vivre comme victime peut être un piège dans lequel on peut se laisser enfermer et qui nous interdit d’aller plus loin…Se mettre en posture de personne discriminée peut-être aussi un moyen de fuir et d’échapper au processus de projet (privé, professionnel…). Pour être dans la provocation je dirai même que c’est une manière de s’excuser de son « non intégration ».

Nadia Hachour, animatrice responsable de pôle, MJC Elbeuf -

Emma - Atelier BD animé per Céka - MJC Rouen Rive Gauche

Ines Maoui

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Oser + M'assumer = Etre moiLa société dans laquelle j’évolue ne me convient pas et surtout ne me correspond pas. Quelle loi m’interdit d’être moi-même ? Il n’y en a aucune… Pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ne se respectent-ils donc plus ? Pourquoi la norme d’aujourd’hui que l’on nous impose à savoir ressembler à un coton-tige ne pourrait pas être transgressée ? Se sentir bien dans son corps, trouver le bon équilibre propre à chacun sans être influencé par la communication de masse. J’aimerais pouvoir retrouver les valeurs de la femme ronde des siècles passés dans notre société d’aujourd’hui. J’aimerais que les adolescents ne se dévalorisent plus parce qu’on les surnomment « La truie », « La dégueulasse », « le jambon sur pattes » ou encore « le gros tas ». Si l’on ne se valorise pas nous-même, personne ne pourra le faire à notre place. Alors même si le poids dérange, j’aimerais juste du respect de la part des autres parce que cette personne qui ose s’assumer a un courage sans faille et est admirable. Nous sommes humains, nous aspirons juste à un minimum de respect. Oui je

souhaite que la discrimination sur l’apparence physique à l’école cesse parce qu'être rejeté peut engendrer des frustrations telles que la perte de confiance en soi, la peur de sortir, de se confronter encore et encore aux regards des autres, des échecs scolaires mais aussi des difficultés à lier des relations amicales ou amoureuses. L’adolescence est la période où l’on se construit pas la période où l’on se détruit !!!!! Etre soi-même c’est également pouvoir porter le look/le style que l’on veut sans être jugé et discriminé, qu’importe le style vestimentaire que chacun choisit s’il lui correspond et qu’il l’aime. La discrimination commence chez les jeunes dès le collège, se sentir comme la bête curieuse parce que l’on s’habille différemment, se faire suivre en étant insulté de « sorcière », de « gothique » même si ce dernier adjectif n’est pas une insulte mais plutôt le stéréotype de la fille qui s’habille en noir, c'est révoltant et destructeur dans le temps...! Je sais ce que c'est que d'être effrayé, oui ce n'est pas facile d'afficher qui on est à notre âge. J'avais peur mais

c'est fini maintenant parce que je me fais confiance et je connais mes valeurs en dehors de mon physique. Lorsque tous les jours, je passe la grille du lycée, je me contrefiche de ce que les gens peuvent penser de moi parce que moi je me plais alors les critiques je leur ris au nez. J’impose ma façon d’être, mes vêtements reflètent ma personnalité et je l’affiche aux autres. Depuis mon entrée au collège, je suis en constante évolution vestimentairement parlant : je suis passée de la petite fille à la mode à celle qui s’habille en noir puis de la jeune fille qui s’inspire du gothique /punk à celle que je suis aujourd’hui, une jeune fille à la recherche d’esthétisme qui la trouve à sa façon dans certains vêtements dits normaux mais aussi grâce à une mode japonaise appelée « Lolita » ! Je me plais dans ce style, j'apprivoise mes rondeurs, bref je m’assume. Battez-vous pour afficher qui vous êtes et luttons tous contre l’humiliation que l’on peut ressentir et contre toutes les formes de discriminations qui existent.

Chloé Ponsot

Nils - Atelier BD animé per Céka - MJC Rouen Rive Gauche

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Tommy Tahir