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ÉDITION NUMÉRIQUE Lundi 23 octobre 2017 - Supplément - Rhône Photo Marie-Pierre JANDEAU u Quelque 12 000 intronisés depuis la création en 1947, dont Georges Brassens. u La fête a réuni samedi 450 convives au cuvage de Lacenas Photo JP Courbière

ÉDITION NUMÉRIQUEcdn-s-€¦ · Patrick Chaumet, son premier vice-président. Cette répartition se re-trouve au sein du bureau. La durée des mandats, 6 ans aux débuts, a été

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ÉDITION NUMÉRIQUELundi 23 octobre 2017 - Supplément - Rhône

■ Photo Marie-Pierre JANDEAU

u Quelque 12 000 intronisés depuis la création en 1947, dont Georges Brassens.

u La fête a réuni samedi 450 convives au cuvage de Lacenas

■ Photo JP Courbière

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LES PRÉSIDENTS

Neuf présidents se sont succédé à la tête de l’Ordre. Il est à noter que tous n’ont pas été vignerons. Les autres étaient négociants en vin, universi-taires ou industriels, et illustrent la volonté des Compagnons d’impli-quer l’ensemble des forces du Beau-jolais pour le promouvoir : « Si Jean-Paul Rampon (l’actuel prési-dent) est du métier, moi je fais partie de la société civile », rigole ainsi Patrick Chaumet, son premier vice-président. Cette répartition se re-trouve au sein du bureau.La durée des mandats, 6 ans aux débuts, a été ramenée à 4 ans.nLes présidents successifs– Joseph Descroix (1947-1954, Doyen de la Faculté de Poitiers et viticulteur à Lantignié),– Léon Foillard (1954-1960, négo-ciant à Saint-Georges-de-Reneins),– Jean Foillard (1960-1978, fils de Léon),

– Henri de Rambuteau (1979-1991, comte de Le Breuil)– Gérard Canard (1991-2001, vigne-ron, ancien président d’Inter-Beau-jolais)– Patrick Baghdassarian (2001-2009, industriel et ancien maire de Saint-Georges-de-Reneins)– Georges È (2009-2013, transpor-teur, Saint-Didier-au-Mont-d’Or)– Paul Fourrichon (2013-2017, ingénieur électronique, Lucenay)– Jean-Paul Rampon (2017-, viticul-teur à Régnié-Durette)

■ Jean-Paul Rampon, le nouveau président pour 4 ans. Archives A.T.

« Même si le terme est un peupompeux, on est des ambas-

sadeurs du Beaujolais. Les Compa-gnons rassemblent tous ceux qui ont envie de promouvoir le territoire ».Difficile de mieux résumer l’esprit de l’Ordre des Compagnons du Beaujo-lais qu’avec cette phrase de Patrick Chaumet, son premier vice-président.

Un ordre qui fête ses 70 ans, quand, à Liergues en 1947 dit-on, deux associa-tions bachiques, les « Compagnons du Cuvier » à Saint-Georges-de-Re-neins et les « Chevaliers du Beaujo-lais » à Denicé, décidèrent de fusion-ner. Rassemblant professionnels et amateurs, elles avaient déjà pour but d’assurer la promotion des vins de la région.La vigne se remettait alors juste des ra-vages du phylloxéra et de la guerre. Le 31 mars 1948, se tint ainsi la première assemblée des Compagnons du Beau-jolais à Villefranche-sur-Saône. Le bu-reau fut constitué le 28 juin et le pre-mier président restera pour l’éternité Joseph Descroix.C’est lors de la Saint-Vincent (saint-pa-tron des vignerons) suivante, le 22 jan-vier 1949, que se déroula le premier ‘‘chapitre’’ des Compagnons, ces céré-monies lors desquelles sont intronisés les nouveaux membres.Les Compagnons fondateurs (entre autres Jean Guillermet, Justin Guillermet, Robert Pinet ou Léon Foillard) reçurent le 9 juillet de cette année les premiers tabliers verts, qui distinguent les membres du Grand Conseil de l’Ordre.C’est aussi en 1949 qu’apparut le pre-mier Devoir (association autonome et émanation des Compagnons hors du Beaujolais, devant en respecter les sta-tuts) à Paris sous l’impulsion du maire de Lyon, Édouard Herriot.

L’Ordre s’installa dans son Cuvage à Lacenas en 1966 sous la présidence deJean Foillard, fils de Léon.Son successeur, Henri de Rambuteau,internationalisera l’Ordre, relayé par Gérard Canard, chantre du beaujolais nouveau.Celui-ci fut aussi à l’origine en 1984 du « Grumage », label récompensant la

qualité des vins testés par les Compa-gnons.Un ordre septuagénaire qui cherche sans cesse à porter haut les couleurs beaujolaises tout en respectant sa célè-bre devise, « Vuidons les tonneaux ».

De notre correspondantRégis Bernard

B E A U J O L A I S 70 A NS DE S COM PA GNONS

L’Ordre des Compagnons du Beaujolaisfête sept décenniesNé en 1947, l’Ordre des Compa-gnons du Beaujolais met depuis 70 ans à l’honneur le Beaujolais et son terroir sur toute la pla-nète et a intronisé plus de 12 000 personnes depuis sa création.

■ Les Compagnons en 1947. Archives Compagnons du Beaujolais

} Les Compagnons rassemblent tous ceux qui ont envie de promouvoir le territoire. ~Patrick Chaumet, 1er vice-président des

Compagnons du Beaujolais

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70 ANS DES COMPAGNONS DU BEAUJOLAIS

C’est au Cuvage des Compagnons du Beaujolais à Lacenas, qu’ont été célébrés ce samedi 21 octobre les 70 ans de l’Ordre des Compagnons du Beaujolais. Seizenouvelles personnes ont été intronisées : Béatrice Berthoux (vice-présidente de la Région, élue à Villefranche), Mathieu Viannay (chef de La Mère Brazier), Thomas Ravier (maire de Villefranche), Jean-Baptiste Maisonneuve (autocariste, président de la CCI), Maxence Besson (viticulteur), Sophie Cruz (conseillère régionale), Roland Bleton (dentiste, passionné de moto tout-terrain), Martine Publié (vice-présidente du conseil départemental au tourisme), Nicolas Bravin, etFrédéric Barbe (militaires formés à l’école navale), René Coiron (chef d’entreprise), Vincent Dumontet (chef des ventes très impliqué à Clochemerle), FrancisTrans (chef d’entreprise belge), Alain Vollerin (critique), Georges Narmand (organisateur d’événements), Dahong Zhu (organisatrice d’événement autour dubeaujolais en Chine). Christophe Guilloteau, président du Conseil départemental a reçu le cordon rouge et vert à titre honorifique.

■ Les nouveaux compagnons du Beaujolais. Photo Jean-Paul COURBIERE

16 nouveaux Compagnons intronisés à la soirée qui a réuni 450 convives

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Samedi matin à l’occasiondu 70e anniversaire de

l’Ordre des Compagnons duBeaujolais, une centaine demembres des devoirs exté-rieurs ont été accueillis auCuvage de Lacenas. Sur latrentaine de devoirs quiexistent actuellement dansle monde, seize étaient re-présentés. Ils venaient de Paris, de Marseille, du Hai-naut (Belgique), de Mon-tréal, de Bavière, de la villede Québec , du Togo ,d’Auvergne, de Saxe, de Va-lence en Espagne, de Ham-bourg, d’Alsace-Lorraine,du Yorkshire, du Wurtem-berg, de Macédoine et duPoitou. Luc Mariaux initia-teur du futur devoir de SanFrancisco était également présent.

450 participants

Dès 10 h 30 une importantedégustation des différentsvins et crus du Beaujolais

animée par Philippe Merly,œnologue et compagnon,leur a été proposée. « Bienrecevoir les membres des devoirs extérieurs est unepriorité » explique Jean-Paul Rampon, président del’Ordre des Compagnons duBeaujolais, « Nous tenons à

les honorer particulière-ment lorsqu’ils se déplacentpour nous rendre visite. »Le soir, à partir de 18 h 30,le 233e chapitre d’intronisa-tion s’est tenu au Cuvage deLacenas. Auparavant, lesseize impétrants avaient étéconviés à une séance de dé-

gustation en compagnie ducuisinier Jean Brouilly quileur a suggéré des accordsentre mets et vins.Le chapitre s’est ouvert avecl’entrée solennelle des maî-tres Compagnons suivis desreprésentants des devoirsextérieurs présents pour la

circonstance.Avant de procéder à la céré-monie d’intronisation, Jean-Paul Rampon a prononcéquelques mots de remercie-ments aux nombreux amisdu Beaujolais venus d’ici oud’ailleurs assister à cette soi-rée. Marcel Laplanche,grand Chambellan, a ensui-te vanté les vertus et les ef-fets bénéfiques du beaujo-lais.

Une grande fête

Après la prestation en com-mun de serment devant Saint-Vincent, les impé-trants sont montés chacun àleur tour sur le podium pourécouter un petit résumé hu-moristique de leur histoireavant de subir l’épreuve dela tassée aux dimensions im-pressionnantes pour rece-voir le cordon et la tassée,symbole de leur apparte-nance à la confrérie.Ce sont ensuite plus de 450personnes qui ont partagé lesucculent repas servi dans lecaveau qui s’est ensuitetransformé en piste de dan-se.

De notre correspondantJean-Paul Courbière

B E A U J O L A I S ANNIVERSAIRE

Les Compagnons du Beaujolais ont fêté leurs 70 ansSamedi, les Compagnons du Beaujolais ont fêté leur 70e anniversaire et intronisé 16 nouveaux membres. Un grandmoment pour la confrérie.

■ Une grande soirée a été organisée au Cuvage des Compagnons du Beaujolais, samedi 21 octobre 2017. Photo Sophie RAGUIN

■ Christophe Guilloteau, président du conseil départemental et député, reçoit le cordon rouge et vert à titre honorifique. Photo Jean-Paul COURBIERE

■ Le discours de Marcel Laplanche, grand chambellan. Photo Jean-Paul COURBIERE

■ Les impétrants prononcent le serment devant Saint-Vincent. Au premier plan : Thomas Ravier maire de Villefranche, Mathieu Viannay qui a repris le restaurant de la Mère Brazier et Béatrice Berthoux, élue au conseil régional et adjointe à la culture de Villefranche. Photo Jean-Paul COURBIERE

■ Philippe Merly, œnologue anime la dégustation des Compagnons des devoirs extérieurs. Photo Jean-Paul COURBIERE

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La soirée festive, samedi 21 octobre a été marquée par l’intronisation de 16 nouveaux Compagnons. Ensuite, 450 convives ont célébré les 70 ans de la Confrérie autour d’un repas, qui s’est déroulé dans le Cuvage des Compagnons du Beaujolais, à Lacenas.

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Intronisations au cœur de l’événement

■ Dahong Zhu, organisatrice d’événements autour du Beaujolais nouveau en Chine. Photo Jean-Paul COURBIERE

■ Thomas Ravier, nouveau maire de Villefranche. Photo Jean-Paul COURBIERE

■ Béatrice Berthoux élue au conseil régional et adjointe à la culture de Villefranche, Jérémy Thien Compagnon, Luc Mariaux, créateur du devoir de San Francisco et Paul Fourrichon, grand maître Compagnon. Photo Jean-Paul COURBIERE

■ Jean-Baptiste Maisonneuve, autocariste, président de la chambre de commerce et d’industrie. Photo Jean-Paul COURBIERE

■ Martine Publié, vice-présidente duconseil départemental en charge du tourisme. Photo Jean-Paul COURBIERE

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■ Alain Vollerin, critique d’art et de gastronomie. Photo Jean-Paul COURBIERE

■ Georges Narmand, organisateur d’événements festifs. Photo Jean-Paul COURBIERE

■ Vincent Dumontet, chef des ventes chez un concessionnaire auto, très investi à Clochemerle. Photo J-P COURBIERE

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REPÈRES

n17 devoirs sur 31 présents le 21 octobre16 devoirs (*) étaient attendus à la fête samedi 21 octobre : Paris, Méditerranée, Alsace-Lorraine, Auvergne, Poitou, Allemagne (avec les devoirs de Bavière, Saxe, Hambourg et Bad Wurtemberg), Macédoine ; Québec (avec Qué-bec-ville et Québec province), Royaume-Uni, Espagne, Togo,

Belgique (devoir franco-belge du Hainaut). Hormis ceux présents le 21 octobre, les Compagnons ont aussi des devoirs en Bretagne, Savoie-Léman, au Bénin, en Cen-trafrique, Côte d’Ivoire, au Japon (ouvert fin 2016), Mali, Maroc, aux Pays-Bas, en Chine et au Tchad.(*) 17 avec le devoir de San Francisco, qui doit être ouvert à l’occasion du beaujolais nouveau 2017.

La présence des Compagnons horsterritoire Beaujolais a débuté en

1949, avec l’ouverture du premier de-voir à Paris.

Une formulequi séduit les expatriésAujourd’hui, les Compagnons du Beaujolais comptent 31 devoirs à tra-vers la France et le monde, « même si2 ou 3 sont en sommeil », précise Paul Fourrichon, lui-même à l’origi-ne de l’ouverture de plusieurs de-voirs.Descendant de 12 générations de vi-gnerons, ce natif de Lucenay, âgé de

68 ans, maîtrise parfaitement la lan-gue de Goethe. Intronisé en 1984, ils’expatrie en 1986 aux Pays-Bas. Deux ans plus tard, il part pour l’Alle-magne, direction Munich. Beau chal-lenge pour cet ingénieur qui a le Beaujolais dans le sang et qui en « fe-ra don » outre-Rhin.« Si les Hollandais ont un vrai sens du commerce, et ont rapidement ad-héré à la consommation de beaujo-lais, les Allemands étaient beaucoupplus réservés. Je me suis rendu comp-te qu’on ne leur avait pas toujours vendu des produits fabriqués ici »,explique Paul Fourrichon. En 1997,il parvient à y faire vendre des bou-teilles de beaujolais. « Avec environ20 000 expatriés, on a, avant toutinondé la communauté. »Il y institue même deux rendez-vous :une fête populaire, pour le grand pu-blic, et une manifestation plus offi-cielle. « Je me suis appuyé sur un ré-seau de gens d’influence : lesdiplomates. Le consul en poste à Mu-

nich appréciait ce moment. Il a cons-taté que le beaujolais favorisait leséchanges entre les nations. Les fêtesdu beaujolais nouveau offrent géné-ralement une occasion de faciliter lesrapports entre les gens. Un verre de beaujolais en main, la détente est de mise, le Chinois parle facilement auJaponais. » Une fois muté à Barcelo-ne, le consul y a reproduit ce momentprivilégié.Le beaujolais devient de fait un outil de poids dans les échanges interna-tionaux.

Un outil dans les échanges internationaux

Paul Fourrichon rappelle : « Un de-voir est dirigé par un minimum de 5 ‘‘maîtres’’. La nomination des 5 maî-tres nécessaires à l’ouverture d’un de-voir doit être validée par le Grand conseil de la Maison-mère à Ville-franche ».Pour cela, les Beaujolais savent pou-voir compter sur les diplomates, onl’a vu, mais aussi sur les universitai-res. « Ce sont souvent des expatriés.Cela fonctionne bien. »Sur cet aspect développement du beaujolais hors de sa zone d’influen-ce, Paul Fourrichon se confie : « J’ai toujours trouvé plus facile d’être Compagnon à l’étranger. Nous y sommes toujours reçus comme uneassociation d’importance ».C’est sans doute la grande différencede perception entre le patrimoine etle folklore, le développement cultu-rel et le flonflon franchouillard.

« En nous, les étrangers voient l’artde vivre à la française. Ils nous per-çoivent comme des gens qui savent accorder les mets et les vins. On rit,on boit et on chante, avec raison ».C’est cette valeur universelle que pro-pose chaque Compagnon, parfois

bien loin des rivages de la Saône.D’Amsterdam à Shanghai, de Lon-dres à Belgrade, des milliers d’ama-teurs de ce « French way of life » (2),unique au monde, trinquent désor-mais un flacon de beaujolais en main.

Philippe GallandNOTES (1) Un ‘‘maître’’ est un Compagnon expérimenté qui a choisi de s’engager au service de l’Ordre(2) Style de vie à la française

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Comment la confrérie a essaimé à l’étranger

Associations autonomes, les ‘‘de-voirs’’ sont des émanations des Compagnons hors du Beaujolais, devant en respecter les statuts et la tenue. Le 21 octobre, parmi les 450 convives, étaient attendus des représentants de 17 ‘‘devoirs’’ extérieurs. Explications.

■ Des membres du ‘‘devoir’’ du Bénin en 2016, dont le président, Corneille Ahodégnon Gbaguidi (à droite de la photo avec des lunettes). Archives Compagnons du Beaujolais

} Un verre de beaujolais en main, le Chinois parle facilement au Japonais. ~

Paul Fourrichon, grand maître, à l’origine de l’ouverture de plusieurs devoirs, président de 2013 à 2017,

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Parmi les quelque (et sansdoute plus de) 12 000 in-

tronisés au sein de l’ordre des Compagnons du Beaujolais, on compte des célébrités d’en-vergure nationale ou territo-riale. Petit tour d’horizon (non-exhaustif) par catégo-ries.

nLes politiques :C’est la classe la plus représen-tée et la plus prestigieuse. Car elle compte deux anciens pré-sidents de la République, Jac-ques Chirac (intronisé alors qu’il était ministre de l’Agricul-ture) et Nicolas Sarkozy (lors d’une visite à Lyon).Antoine Pinay, Président du Conseil des ministres sous la IVe République en 1952 a aussiété membre comme d’autres ministres dont les mitterran-diens Charles Hernu, Édith Cresson ou Edwige Avice.Édouard Herriot était égale-ment ministre mais a surtout inauguré la longue liste des maires de Lyon intronisés

(Raymond Barre, Michel Noir, Gérard Collomb).Plus localement, on peut citer les Présidents de Région Jean-Jack Queyranne et Laurent Wauquiez, le président du conseil Départemental Chris-tophe Guilloteau, la sénatrice Élizabeth Lamure, les familles Perrut (Francisque et Ber-nard), De Longevialle (Ghis-lain) ou Bréchard (Louis et Charles).Certains sont ou ont été Grands Maîtres de l’Ordre à l’image de Jérémy Thien, Serge

Matthieu, Jean-Jacques Pi-gnard ou Frédéric Miguet, ac-tuel 3e vice-président.

nLes sportifsLe plus célèbre d’entre eux est certainement Jean-Michel Aulas, le président de l’Olym-pique Lyonnais, qui a pris la suite de son père, Michel, ex-Grand Maître de l’Ordre et ori-ginaire de Villefranche-sur-Saône.L’ex-attaquant brésilien de l’OL Sonny Anderson est lui aussi membre comme les ath-

lètes champions du monde Stéphane Diagana ou Christi-ne Arron. Les anciens interna-tionaux de rugby Jean-Pierre Rives, Jean-Michel Aguirre ou Pierre Villepreux de même, tout comme l’ex-président de la Fédération Bernard Lapas-set, les vainqueurs du Tour du France Bernard Thévenet et Bernard Hinault ou la cycliste Jeannie Longo. Et aussi le pati-neur Gwendal Peizerat.

nLes artistesLes chanteurs Michael Jones,

Georges Brassens, Michel Sar-dou, Sacha Distel, Michèle Torr, Maurice Baquet (né à Vil-lefranche-sur-Saône), le pia-niste Claude Bolling, le pro-ducteur Eddy Barckley, les acteurs Roger Pierre, Jean-Pierre Darroussin, Christian Marin ou Philippe Toretton, l’Américain James Corburn, le réalisateur Jean Becker ont également été intronisés.

nLes journalistesStéphane Collaro, Jacques Martin, Yves Mourousi, Gé-rard Holtz (lors des Sarmen-telles en 2015), Patrick Poivre d’Arvor, Xavier Ellie, l’ancien président-directeur-général du Progrès de 1989 à 2000, Ro-bert Proton de la Chapelle, Georges Descrières ou Ber-nard Pivot sont également Compagnons du Beaujolais.

nLes industrielsOutre bien sûr le négociant Georges Duboeuf, Alain Mé-rieux, le fondateur de BioMé-rieux, est membre de l’ordre encompagnie du Grand Maître et ancien charcutier René Bes-son.À souligner enfin les chefs étoi-lés Jean Brouilly (Grand Maî-tre) et Paul Bocuse.

De notre correspondantRégis Bernard

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Ces célébrités qui ont été intronisées Compagnons du BeaujolaisDeux présidents de la République, des sportifs, des chanteurs, des ani-mateurs, l’Ordre des Com-pagnons du Beaujolais comporte des personnali-tés connues de tous.

■ L’intronisation de l’écrivain Patrick Poivre d’Arvor dans l’Ordre des Compagnons du Beaujolais en 2014. Archives DR

■ L’acteur Philippe Torreton en 2015. Archives Jean-Paul Courbiere

■ Le chanteur Georges Brassens. Archives Compagnons du Beaujolais

■ Le journaliste Yves Mourousi. Archives Compagnons du Beaujolais

■ Le champion olympique de patinage artistique Gwendal Peizerat en 2007. Archives Jean-Marc Collignon

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Toute personnalité politique, comptant sur le territoire ou en visite dans le Beaujolais, doit s’attendre à se voir proposer de devenir Compagnon. Une proposition qu’il est bien difficile de refuser…

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Des personnalités de tous bords

■ Les Compagnons du Beaujolais avec Louis Pradel, qui fut maire de Lyon de 1957 à 1976Archives Le Progrès

■ Intronisation à la fin des années 2000 de Jean-Jack Queyranne, président de la Région pendant 11 ans et ancien ministre. Archives Compagnons du Beaujolais

■ Intronisation dans les années 80 de l’ancien Premier ministre et maire de Lyon Raymond Barre. Archives Compagnons du Beaujolais

■ Première et seule femme à ce jour à avoir été Premier ministre, Edith Cresson, au début des années 80. Archives Compagnons du Beaujolais

■ Jacques Chirac, dans les années 70, bien avant qu’il ne soit Président de la République. Photo Compagnons du Beaujolais

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} J’aimais bien nos descentes à la mairie de Paris pour présenter le beaujolais nouveau à Chirac. ~

Michel Brun,maître compagnon honoraire

Michel Brun est Mâconnais,d’or ig ine par is ienne, e t

alors ? Saint-Amour n’est-il pasun cru du Beaujolais planté enSaône-et-Loire ? Ce départementne partage-t-il pas le sang de lavigne entre Saône et Rhône ; en-tre frères de rangs ? Quand onaime le beaujolais, on ne comptepas ses kilomètres. Alors, pourparticiper aux manifestations desCompagnons du Beaujolais, Mi-chel Brun est parfaitement capa-ble d’avaler les distances.

« On a créé le baptême du beaujolais »

Et quelles distances ! « Avec lesCompagnons, j’ai fait presque letour du monde », confie-t-il avecune malice toute goguenarde.L’homme, né le 11 novembre1936, à Paris, affiche la deuxièmeplus ancienne durée au sein del’institution. « J’ai été introniséen 1969, puis maître compagnon,de 1975 à 2000 ». Michel Bruntravaille alors chez Georges Du-boeuf. Le beaujolais, il connaît. Ilest d’ailleurs en charge de lapromotion de l’entreprise à Paris.Aussi fait-il partie de toutes lesanimations mises en place dansla capitale pour promouvoir lebeaujolais nouveau. Son grandcopain et complice est GeorgesGruat, ancien chef d’agence del’agence du Progrès à Villefran-che-sur-Saône. Aussi GérardChambion, « le plus ancien, ledernier avec moi, de cette épo-que ».L’amour du beaujolais, ça se cul-tive. « Henri de Rambuteau, ungrand président, parlait couram-ment l’anglais. Ce Rabelaisien,issu d’une famille d’épicuriens, alargement contribué au renom denotre territoire ». Parti prématu-rément, il est remplacé par Gé-rard Canard, « au carnet d’adres-ses extraordinaire. Il était du cru,le gars, et ne manquait pas d’hu-mour ».C’est l’époque des grandes viréesparisiennes. « Le deuxième mar-di de décembre, nous organisions“Le baptême du beaujolais”, avecun parrain et une marraine. Nousavons eu les plus grands : Ventu-ra, Blanche, Brassens, Galabru,Girardot, entre autres. Une an-née, nous avions emmené Josiane

Crozet, reine du Beaujolais. Jel’ai fait s’asseoir dans le fauteuildu président du Sénat. À l’Alca-zar, Jean-Marie Rivière lui a dit :“Viens ici mon p’tit”. Il l’a faitmonter sur scène. On terminaitau “Harry’s New York” bar, rueDaunon. C’est là que les ressortis-

sants américains votent pour lesélections présidentielles ».Son plus beau souvenir ? « Il y ena tant. Ah, oui. Mon entrée enscène, à chaque intronisation.J’aimais bien nos descentes à lamairie de Paris pour présenter lebeaujolais nouveau à Chirac ».

Le moins bon ? « Il n’y en a paslorsqu’on est Compagnon duBeaujolais. Si, lorsque j’ai adres-sé ma lettre de démission… Maisdeux mois plus tard je devenaiscompagnon honoraire ! ».

Philippe Galland

B E A U J O L A I S 70 A NS DE S COM PA GNONS

Michel Brun, l’ancien, se souvient des virées à la capitaleMichel Brun, né le 11 novembre 1936, à Paris, affiche la deuxiè-me plus ancienne durée au sein de l’Ordre des Compagnons du Beaujolais. Il nous raconte.

■ Les Compagnons du Beaujolais en ont vu de toutes les couleurs à Paris. Ici, avec Francis Blanche et la reine du Beaujolais. Archives Compagnons du Beaujolais

Ce jour de novembre 1975, les Compagnons du beaujolais sont lesinvités de Jacques Martin, créateur et animateur de l’émissionpopulaire « Le Petit rapporteur ».Au menu de ce dimanche : la présentation du beaujolais nouveau.Jacques Martin tente d’associer le vin à une chanson dont il a lesecret : « Ra petit peta petitpa petitbus, si t’es fatigué t’as qu’àprendre l’autobus ». Les Compagnons s’exécutent devant lescaméras au rythme de « Petit pas ».Ils filent alors à l’Assemblée nationale. Là, doit se dérouler latraditionnelle présentation du beaujolais nouveau aux députés. Lajoyeuse compagnie est accompagnée de Stéphane Collaro etDaniel Prevost. Les animateurs sollicitent quelques députés pourparticiper à cette nouvelle chorégraphie. Certains s’exécutent. PasEdgar Faure, président de l’Assemblée. Le rusé Jurassien s’adresseà Collaro : « Ah non ! Vous m’avez eu il y a deux semaines, pascette fois-ci ». C’est le clash. Edgar Faure tourne casaque.L’opération est un fiasco.

« Si t’es fatigué, t’as qu’à prendre l’autobus ! »

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Native de Jullié, Josiane Crozetavait 20 ans en 1972. Les

lumières, elle les connaissait dé-jà. « À 18 ans, j’ai été élue Reinede Jullié, puis Reine des beaujo-lais village. Deux ans plus tard, jedevenais Reine du Beaujolais »,se rappelle celle qui n’a rienoublié. « À l’époque, les critèresde sélection étaient de bien con-naître son territoire. On passaitdevant un jury, composé des re-présentants des crus et de quel-ques élus. On nous posait beau-coup de questions afin de vérifiersi on connaissait bien notre ré-gion. On nous demandait aussiquelle était notre ambition pourle Beaujolais. Cela n’avait rien àvoir avec les miss d’aujourd’hui.On n’avait pas tous ces cadeaux.Mais on ne faisait pas ça pour le

“trip” actuel. On faisait ça pour leplaisir, explique Josiane Casbolt.On conservait le titre pour deuxans. Deux années durant lesquel-les j’ai visité Paris, les Pays-Bas etla Belgique ».

Sur la scène de l’AlcazarComme reine, Josiane Casboltparticipe à toutes les manifesta-tions liées au vin : le concoursdes 2 bouteilles, aujourd’hui dis-paru ou encore le corso fleuri.« Je trouvais ça un peu lourdd’être assise sur un char, carj’appréciais surtout le contactavec les gens ».Alors son déplacement à Parispour la promotion du beaujolaisnouveau, quelle aubaine. « J’airencontré beaucoup de gens con-nus, Jean-Marie Rivière, patronde l’Alcazar, qui m’a fait montersur scène. Aussi Thierry le Luron.Une personne très gentille. J’ai eula chance de visiter l’AssembléeNationale et le Sénat. MichelBrun, maître Compagnon hono-raire aujourd’hui, m’a même faitasseoir dans le fauteuil du prési-dent ».Son meilleur souvenir reste sonélection. « J’étais sur un nuage.Quelle reconnaissance pour unefille de vigneron. J’avais aidé monpère dans les vignes, jusqu’à l’âgede 18 ans. Être reine m’a ouvertl’esprit et des horizons ; j’ai euune autre vision de la vie. »

Élue maire de Saint-Amour en 2014Josiane Casbolt plonge à nouveaudans ses souvenirs : « La mêmeannée, j’ai été intronisée Compa-gnon du Beaujolais. C’était unevraie fierté. Je suis resté Compa-gnon jusqu’en 1978 ». Avec sonépoux, Josiane Casbolt monte enrégion parisienne. Elle y reste

plusieurs années, avant que lecouple décide, en 1986, de re-trouver ses terres beaujolaises.« J’ai ensuite travaillé dans uncabinet d’expertise comptable, àBelleville, durant 25 ans. »En 2014, notre Reine du Beaujo-lais remportait une nouvelle élec-

tion. « Comme on n’échappe pasà son écharpe, j’ai remis ça. Déjàmembre du conseil municipal,j’ai été élue maire de Saint-Amour », conclut-elle avec cettepointe d’humour toute beaujolai-se.

Philippe Galland

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Josiane Crozet, la Reine du Beaujolais de 1972 à 1974Native de Jullié, Josiane Crozet, épouse Casbolt, reine du Beaujo-lais 1972, a été intronisée Com-pagnon du Beaujolais l’année de son sacre. Elle se souvient.

■ Josiane Crozet, pendant son intronisation. Archives Compagnons du Beaujolais

} Être reine m’a ouvert l’esprit et des horizons ; j’ai eu une autre vision de la vie.. ~

Josiane Crozet, épouse Casbolt

■ Josiane Crozet à l’Alcazar à Paris avec notamment l’humoriste Thierry Le Luron Archives Compagnons du Beaujolais

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« Je venais d’arriver àl’antenne de Radio

Luxembourg, à Lyon au dé-but des années 60. C’estalors que j’ai rencontré pourla première fois Gérard Ca-nard, jeune directeur del’UIVB (Inter Beaujolais),pour lui demander : « Alorscomment il est ce beaujolaisnouveau ? » Ça a été le dé-but d’une amitié et d’une aventure aux côtés des com-pagnons du Beaujolais.Nous avons vécu une épo-que formidable.C’est en 1974 que je suisdevenu officiellement Com-pagnon du Beaujolais,avant de devenir grand-mai-tre environ dix ans plus tard.J’ai été embarqué dans unesacrée bande avec PatrickChaumet, Bobosse et lesautres. Gérard Canard vou-lait que nous fassions con-naître et aimer le Beaujolaispartout. C’était l’époque oùtoutes les rédactions de presse étaient arrosées debeaujolais pour la sortie desprimeurs. Tout le monde enparlait.A Lyon, la sortie des pri-meurs était grandiose. Nouspartions dès le matin en te-nue des compagnons, ta-blier vert et veste noire, pourfaire une tournée magistraledes bistrots lyonnais classés

Étonnants Beaujolais. Nousdéambulions dans la ville,accueillis dans une trentai-ne de bistrots et bouchonsdont les plus fameux étaientle café des Fédérations, laTornade Blonde, Le Nainou encore l’Olympique…Les passants nous connais-saient, ils nous saluaient.C’était affolant ! Une annéenous circulions en pousse-pousse. Une autre année,Bobosse, qui avait adoptéun âne nommé Beau Jean-not, l’avait descendu pour

faire la tournée avec nous.Alors, nous avons essayé de

faire monter l’âne dans l’as-censeur de la tour de la Part-

Dieu (le Crayon).Lors de cette épopée, du-rant laquelle nous ne bu-vions évidemment pas del’eau, nous n’aurions man-qué pour rien « le mange-ment bien emboissonné »,autre nom de la pause déjeu-ner inventé par Gérard Ca-nard.C’est une période où lesCompagnons bougeaientbeaucoup pour saluer leBeaujolais. Dès qu’un jour-naliste annonçait le départd’un avion décollant pour

l’étranger avec du beaujo-lais, on débarquait en tenuedans l’avion, pour une sériede photos avec le pilote. Gé-rard Canard m’avait déclaréambassadeur du Beaujolaispour les compagnons. Tou-jours en tenue, j’ai accompa-gné le vin au Vietnam,Saïgon et Hanoï, je suis allédéfendre le beaujolais nou-veau à Barcelone… ».

Recueilli par notrecorrespondante

Marie-Pierre Jandeau

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Robert Daranc : « Gérard Canard voulait qu’on fasse aimer le Beaujolais partout »Robert Daranc est ancien grand reporter et a été directeur de l’antenne lyon-naise de RTL. Compagnon du Beaujolais depuis 1974, il se souvient d’une époque formidable, celle où Gérard Canard est devenu prési-dent des Compagnons.

■ 9 décembre 1994 Bobosse, Robert Daranc et Gérard Canard, Bernard Saugey (Progres) et Raymond Philibert. Archives Compagnons du Beaujolais

■ Robert Daranc en hussard de la République, Pierre Bonte, Gérard Canard, Bobosse et l’acteur Michel Leroyer, à Clochemerle, en avril 1999. Archives Compagnons du Beaujolais

REPÈRES

nGérard CanardGérard Canard, natif de Villefranche, est issu d’une famille de vignerons. Vigneron lui aussi, il a été directeur de l’Union Inter-professionnelle des vins du Beaujolais de 1960 à 1997 et Président de l’Or-dre des Compagnons du Beaujolais durant 11 ans, de 1990 à 2001.Il est décé-dé en 2009.nRobert DarancRobert Daranc a d’abord été chargé des faits divers

à Dernière-Heure lyonnai-se de 1955 à 1962. Il a ensuite a fait ensuite toute sa carrière à RTL. Il est devenu grand reporter en suivant la présidence de Valéry Giscard d’Estaing pour la radio. Il sera nom-mé directeur de l’antenne lyonnaise de RTL en 1974, fonction qu’il assurera jusqu’en 2002. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment celui du Guide de Lyon des faits divers.

} Nous avons vécu une époque formidable. ~Robert Daranc, journaliste,

écrivain et… Compagnon

} Les passants nous connaissaient,ils nous saluaient. C’était affolant ! ~

Robert Daranc, journaliste, écrivain et… Compagnon

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Simple Compagnon, maître,grand maître. Voilà les trois

rôles qu’un membre peut occuperau sein de l’Ordre des Compa-gnons du Beaujolais.Le premier est bien sûr le pluscourant puisqu’il concerne lesquelque 12 000 intronisés depuis1947. Leur mission : promouvoirle Beaujolais, où qu’ils soient si-tués sur la planète.

Les maîtres et grands maîtressont les seuls à pouvoir porter leshabits traditionnels des Compa-gnons et ils sont tenus de procé-der aux intronisations.La différence vient de leur locali-sation, les premiers étant situés àl’extérieur du territoire beaujo-lais, les seconds à l’intérieur.Les statuts de l’association fixentle nombre des grands maîtresentre 25 et 45 (ils sont 40 actuel-lement) et ces derniers forment legrand conseil de l’Ordre. C’estparmi eux que sont choisis lesmembres du bureau, comme dansune association classique.Les femmes ne sont actuellementpas admises à cette fonction.

Mais comment devenir grandmaître ? Cela se fait sur la basedu volontariat, même si la tradi-tion veut que le prétendant ait unparrain au sein du grand conseil.Il doit motiver sa candidature :« Le Compagnon du Beaujolaisne doit pas se servir, ni asservir,mais servir le territoire du Beau-jolais », relève ainsi PatrickChaumet, vice-président de l’Or-dre.La candidature est ensuite exami-née par la commission des sages.Constituée de cinq grands maî-tres élus par le grand conseil,celle-ci émet un avis consultatif.Le prétendant n’est promu que sile grand conseil le vote lors d’une

de ses réunions et il peut parfoisne pas suivre l’avis de la commis-sion des sages.Une fois Compagnon, on le restepour toute la vie. Cependant, unstatut a été créé pour les grandsmaîtres, qui ne souhaitent plus oune peuvent plus, exercer leurfonction, celui de maître honorai-re. Ils restent dans l’Ordre, parti-cipent aux intronisations mais nesont plus tenus d’assister aux réu-nions, libérant une place dans legrand conseil : « Une manière deprendre du recul tout en restantdedans », conclut le président desCompagnons, Jean-Paul Rampon.

De notre correspondantRégis Bernard

BE AUJOL AIS 70 ANS DES COMPAGNONS

Comment les Compagnons du Beaujolais sont-ils organisés ?L’organisation de l’Ordre des Com-pagnons du Beaujolais n’a que peu changé de sa création à nos jours et ses membres sont répar-tis entre simples Compagnons et maîtres. Explications.

■ Rassemblement de grands maîtres au début des années 2000. Photo Compagnons du Beaujolais

■ À ce jour, une femme peut devenir Compagnon, mais ne peut accéder à la fonction de grand maître. Photo Marie-Pierre JANDEAU

ZOOM

L’Ordre a pris la forme d’une association régie par la loi du 1er juillet 1901 et chaque de-voir (émanation de la confrérie hors Beaujolais) constitue lui-aussi une association à part entière (ou l’équivalent selon la législation du pays où il est fondé). Les ‘‘devoirs’’ ne sont tenus que de respecter les sta-tuts et les traditions de l’Ordre et sont donc autonomes, y compris financièrement. L’Or-dre ne garde la main mise que sur les habits, que les ‘‘devoir-s’’ ne peuvent fournir eux-mê-mes.

■ Simple compagnon, maître et grand maître, la réponse se trouve dans les détails du costume. Photo Marie-Pierre JANDEAU

Un statut associatif

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Le costume des compa-gnons du Beaujolais té-

moigne de l’attachement àla terre et au métier devigneron.Quand les autres compa-gnies vineuses arborent destoges et des couvre-chefsévoquant les univers reli-gieux ou universitaires, lesCompagnons du Beaujo-lais ont conservé la simpli-cité de l’origine du compa-gnon vigneron.

1 Le tablierLe tablier vert, premier in-signe des Compagnons duBeaujolais, a été créé le9 juillet 1949. À l’image du tablier desCompagnons du Tour deFrance, le tablier est vertparce que c’est la couleurqu’il prend quand il esttâché de sulfate, à la fois debouillie bordelaise (bleue)et de soufre (jaune).Il s’attache dans le dos parune ceinture de cuir. Lestabliers sont fabriqués àSaint-Jean-d’Ardières chezStock’Nes.

2 Chemise, pantalon, chaussuresLa chemise blanche, com-me le pantalon noir et leschaussures noires sont à ladiscrétion du compagnon,qui se doit de respecter lecode couleur.

3 Le chapeauLe chapeau était au départun canotier, chapeau depaille que portaient l’été lesvignerons pour travaillerleurs vignes et s’abriter del’ardeur du soleil.Dans les années 1950, lecanotier est remplacé parla version hivernale du ca-notier, un chapeau mou enfeutre noir, mais qui con-serve la forme, ronde àlarge bord, du chapeau tra-ditionnel du vigneron.Une bande verte vient en-tourer la base du chapeau.Le chapeau était autrefoisfabriqué dans la cité histo-rique du chapeau, à Cha-zelles-sur-Lyon.

4 La vesteLa veste noire est confor-me à la veste de travail queportait le vigneron, une so-lide veste de gros drap por-tée par tous les temps, rou-lée au pied d’un rangquand il faisait plus chaud.Aujourd’hui, elle est frap-pée sur la poche de poitri-

ne gauche d’un écusson re-présentant une grappe deraisin rouge.Les surcoutures de la vestesont également en piquérouge, comme les boutons.La veste est aujourd’hui fa-briquée par les établisse-ments Lafont à Villefran-che.

5 La cravalièreLa cravaliè-re, portée aucol, en gui-se de cra-va te e s tu n c o r -don ornéd ’ u n emédailleaux a r -mes dela con-frérie.Elle per-met ded i s t i n -g u e rd e u xgrades.Les maî-tres por-tent unemédai l leargentées u r c o r -don noir,l e s g r a n d smaîtres, une mé-daille dorée sur cor-don rouge.

6 La tasseLa tasse beaujolai-se ou tassée quipermet d’appré-cier la couleur duvin rouge est l’undes attributs com-muns à tous les Com-pagnons.La mention des initia-les sur l’anneau est ré-servée cependant auxmembres du Conseilde l’Ordre. La devised e s C o m p a g n o n s« Vuidons les ton-neaux » peut êtreinscrite sur la tas-se.Elle est fabri-quée dans unatelier de Lan-

cié, chez un fabriquant-or-fèvre (Eurostyle).La tasse est soutenuepar un cordon tressédont la couleur indi-

que le statut au sein del’Ordre. Le cordon est vertpour les intronisés, vert etrouge pour les membres duGrand Conseil de l’Ordre

ou les maîtres des de-voirs extérieurs.

De notrecorrespondante

Marie-PierreJandeau

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Un costume de cérémonie inspiré du métier de vigneronRéservé aux grands maîtres et maîtres des devoirs exté-rieurs, le costume de céré-monie des compagnons du Beaujolais témoigne de l’attachement à la terre et au métier de vigneron. Dé-couvrez ici tous les détails qui composent cette tenue.

■ Jean-Paul Rampon, président de la confrérie, en costume de grand maître. Photo Marie-Pierre JANDEAU

Le costume de cérémonie est réservé aux grands maî-tres de la confrérie, soit quarante-cinq membres duGrand Conseil de l’Ordre, auxquels il convient d’ajou-ter les maîtres des ‘‘devoirs’’ extérieurs (c’est-à-dire horsBeaujolais). Les compagnons nouvellement intronisés,une centaine chaque année, disposent de deux insignesseulement : la tasse au cordon vert.Certains des compagnons souhaiteraient aujourd’huiinaugurer, à côté du costume traditionnel et folklorique,un costume civil pour représenter officiellement laconfrérie en dehors des cérémonies d’intronisation. Cepourrait être un costume plus discret à la manière decertains officiels sportifs dans le monde du rugby, uneveste blazer noire frappée de l’écusson à la boutonnière,avec une cravate assortie.

Un costume réservé aux grands maîtres et maîtres extérieurs

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Correspondante de notre jour-nal, Anne-Sophie Charvet-Vuccino a été intronisée en 2015. Elle a bien voulu confier son expérience.« Depuis longtemps, j’espérais être intronisée dans l’Ordre des Compagnons du Beaujo-lais, représentant pour moi, tout un symbole d’apparte-nance à cet élégant territoire, mélange de tradition, de sa-voir-faire et d’hospitalité. Mal-gré trente années passées à Pa-ris, je n’avais pas oublié ce Beaujolais si attachant, mes amis Proton de la Chapelle à Beaujeu, Audras et Pelletier à Juliénas, Desvignes à la Cha-

pelle-de-Guinchay. Chaque année, je surveillais les invita-

tions des députés Hamel, Mayoud, Perrut (père et fils)

Verchère… pour venir à l’As-semblée Nationale, trinquer avec eux, à l’occasion de la sor-tie du beaujolais nouveau. À mon retour en Calade en 2014, c’est par l’intermédiaire de Sophie Raguin, journaliste, chef d’édition du Progrès Ville-franche, et de Jean-Paul Cour-bière, correspondant du Pro-grès à Lacenas, que j’ai été intronisée Compagnon du Beaujolais au cuvage de Lace-nas le 25 octobre 2015. Quel moment magique et festif ! En guise d’accueil, une initiation àla dégustation des beaujolais délivrée par le chef Jean Brouilly, puis Paul Fourri-

chon, grand maître, président international de l’Ordre des Compagnons du Beaujolais a salué les 26 personnes à intro-niser par cette citation de Goethe : ‘Le vin réjouit le cœurde l’homme et la joie est la mè-re de toutes les vertus !’ Le ton de la soirée était donné ! L’arri-vée des maîtres compagnons dans cette magnifique salle despressoirs, prêter le serment quinous relie à plus de 12 000 Compagnons dans le monde, vider la grande tasse à vin sous l’œil de Saint Vincent reste-ront pour moi un moment inoubliable d’émotions, de convivialité et de tradition. »

Anne-Sophie Charvet-Vuccino : « Un moment inoubliable d’émotions, de convivialité et de tradition »

■ Anne-Sophie Charvet-Vuccino, intronisée Compagnon du Beaujolais en 2015. Photo Guy Vuccino

Par cooptationNe devient pas Compagnon qui veut. L’Ordre fonctionne par cooptation. Il convient d’être parrainé par un Compa-gnon qui se porte garant des valeurs de son filleul et de son adhésion à la philosophie du compagnonnage.Le Compagnon sait qu’il aura dorénavant un « devoir » sur ce coin de terre de France : promouvoir l’âme beaujolai-se, le produit de sa vigne et l’honneur de ses vignerons.La cérémonie d’intronisation s’inscrit dans une session ap-pelée « chapitre » dans le jar-gon des Compagnons.L’anniversaire des 70 ans de l’Ordre des Compagnons du Beaujolais a ouvert ce samedi 21 octobre le 233e chapitre de l’histoire de l’Ordre.Les intronisations ne sont pas gratuites (145 € par initié).

Tenue et accessoiresLargement inspirée du rituel de l’ancienne corporation des Compagnons du Tour de Fran-ce, la cérémonie s’ouvre avec une procession minimale de cinq grands maîtres compa-gnons en habit d’apparat, vert

et noir, teinté de rouge.Le premier des grands maîtres porte la bannière, le second la statue en bois de Saint-Vin-cent, saint patron des vigne-rons, le troisième la bouteille etla tasse géante ; le dernier des grands maîtres tient, quant à lui, les diplômes, roulés com-me autrefois les parchemins. Ils seront distribués aux initiés à l’issue de la cérémonie.Le maître de cérémonie ouvre alors le chapitre dit « excep-tionnel », s’il a lieu en dehors des deux chapitres officiels à la maison des Compagnons de Lacenas (1). Les impétrants sont alors appelés et présentés par le maître de cérémonie.

Devoir et valeursVient le temps de la proclama-tion : l’un des grands maîtres rappelle le « devoir » du com-pagnon et ses valeurs. L’initié devra contribuer à la création d’une âme commune, faire connaître la beauté de ses sites sur lesquels « montent en rangs serrés des bataillons de Gamay », transmettre l’esprit des lieux, connaître et pro-mouvoir les vins du terroir et honorer ses vignerons.Lecture est faite du serment de fidélité au Beaujolais : « Je m’engage devant Saint-Vin-cent à me conduire en fidèle et franc Compagnon du Beaujo-lais et à en pratiquer les ver-tus… » (lire ci-contre).Chacun des impétrants prête alors serment en levant la main droite et en disant « Je le jure » (2).Le maître de cérémonie fait l’éloge de chacun des futurs

Compagnons. Le texte se doit d’être à la fois court, percutant et humoristique, pour résumerla personnalité du futur Com-pagnon.

Baptême et attributsVient le baptême : l’initié dé-guste le beaujolais dans la tassegéante avant d’être enfin adoubé, en digne chevalier de Bacchus. Le grand maître compagnon porteur du cep « bénit » le nouveau disciple en lui portant un coup sur cha-que épaule sur ces paroles :

« Par Noé sauveur de la vigne, Bacchus, Dieu du vin, et Saint-Vincent, patron des vigne-rons ».Le nouveau compagnon re-çoit enfin ses attributs : on lui passe autour du cou le cordon vert qui soutient la tasse en ar-gent. Il lui faut encore signer le livre d’or avant de recevoir son diplôme.La cérémonie est presque ter-minée. Il ne reste que la photo finale avant les agapes.

De notre correspondanteMarie-Pierre Jandeau

(1) On compte deux chapitres par

an : celui dit du Grumage qui s’ouvre au printemps et un second en octobre.(2) Sauf pour le devoir d’Allemagne où la main levée ravive de mauvais souvenirs. En raison de son statut de prélat, il a été impossible à Monseigneur Barbarin de jurer.

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Un rituel d intronisation très codifiéUne centaine de nouvelles intronisations dans l’Ordre des Compagnons du Beaujo-lais ont lieu chaque année et l’ordre affiche quelque 12 000 ambassadeurs aujourd’hui. Plongée dans les coulisses de cette cérémonie mêlant tradition et convivialité.

■ L’un des grands maîtres compagnons tient la bouteille et la tasse géante qui servent au baptême. Photo Marie-Pierre JANDEAU

ZOOM

nLe serment lu par les intronisés« Je m’engage devant Saint Vincent à me con-duire en fidèle et franc Compagnon du Beaujo-lais et à en pratiquer les vertus, mon devoir est : d’aimer notre pays. De travailler au maintien de ses traditions d’hospitali-té, de sagesse et de bonne humeur. De faire connaî-tre la beauté de ses sites et l’intérêt qui s’attache à ses vieilles églises, à ses châ-teaux anciens, témoins de son passé durant lequel a soufflé l’esprit de ses artistes et de ses compa-gnons maîtres d’œuvre. D’apprécier et de propa-ger les produits de nos vignes. D’honorer enfin ses rudes vignerons qui, par leur vaillance, font la prospérité et la renomméede la Patrie Beaujolaise. »

WEB+Notre vidéo d’une introni-sation sur http://c.lepro-gres.fr/rhone-69-edition-villefranche-et-beaujolais

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Les Compagnons du Beau-jolais n’ont pas toujours

siégé à Lacenas, leur premier « chapitre » ayant eu lieu au château de Pizay le 22 janvier 1949. Et le Cuvage, bâti en 1786, bien avant leur arrivée.

Des dimensions impressionnantes

Rattaché au château de Mon-tauzan, il possède des dimen-sions assez impressionnan-tes : 50 mètres de long par 16 de large soit une surface de plus de 900 mètres carrés.C’est en 1966 sous la présiden-ce de Jean Foillard que l’Ordrel’acquiert. Depuis, il est deve-nu le lieu emblématique de leurs « chapitres », ces céré-

monies où les Compagnons intronisent les nouveaux pré-tendants et se retrouvent.Mais avec son rez-de-chaus-sée immense (où trône un pressoir écureuil vieux de 150 ans qui lui donne son nom de salle du pressoir) et sa cave aux voûtes imposantes repo-sant sur des piliers centraux de

pierre, c’est un cadre magnifi-que pour organiser mariages ou séminaires d’entreprise.Et c’est de la location du Cuva-ge pour de tels événements que l’Ordre tire le principal de ses revenus. D’où la nécessité de le rénover, ce qui sera un des gros chantiers de la nou-velle présidence.

Un dossier a ainsi été déposé en mairie pour remettre le sous-sol aux normes de sécuri-té. Les extracteurs de fumées vont être changés et une porte anti-feu installée au fond. Les travaux devraient avoir lieu en 2018. Suivront ensuite ceux concernant le rez-de-chaussée et l’isolation pour ré-

duire les frais de chauffage. La réfection du sol et des toilettes pour personnes à mobilité ré-duite sont aussi à l’ordre du jour.Le but, rendre le bâtiment plusfonctionnel tout en conser-vant son charme et son ca-chet : « On pourra mieux l’uti-liser et le louer davantage. Actuellement, on tourne à une vingtaine de locations paran, surtout en été car les frais de chauffage sont trop impor-tants », explique ainsi Patrick Chaumet, le vice-président de l’Ordre. Bien conscient que le cuvage est l’une des rares sal-les dans le Beaujolais à pou-voir accueillir autant de mon-d e ( e n t r e 6 0 0 e t 7 0 0 personnes) et qu’il y a matière à mieux faire.À noter qu’un demi-hectare de vigne entoure le Cuvage et appartient aux Compagnons. Son exploitation a été confiée à un viticulteur de Lacenas.

De notre correspondantRégis Bernard

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Le Cuvage des Compagnons, un symbole à restaurerS’ils ne siègent au Cuvage de Lacenas que depuis 1966, les Compagnons sont liés au bâtiment. C’est aussi leur principale ressource et en le rénovant, ils entendent bien développer l’événementiel.

■ Bâti en 1786, le Cuvage est le siège des Compagnons du Beaujolais depuis 1966 Photo Régis BERNARD

Créé à l’initiative de Gérard Canarden 1984, le Grumage, décerné parl’Ordre, récompense les meilleurescuvées du Beaujolais après dégusta-tion par un jury de professionnels.

En quelque sorte les oscars de l’Ordre

Ce sont en quelque sorte les oscarsde l’Ordre des Compagnons du Beaujolais.Le « Grumage », terme dérivé de lagrume, nom donné à la grappe dansla région, récompense les meilleu-res cuvées du Beaujolais et pas n’im-porte lesquelles (lire ci-contre).La commission Grumage lance ain-si un appel à échantillons 2 à 3 foispar an et ce sont les producteurs quichoisissent quels vins seront testés.Un jury se réunit ensuite, composéde professionnels (œnologues, né-gociants, cavistes) mais aussi de simples consommateurs.

Dégustations à l’aveugleLes dégustations se font bien sûr àl’aveugle, le jury ne connaissant quele millésime et l’année.Les résultats sont ensuite publiéssur le site de l’Ordre, ses réseauxsociaux, sa gazette ou encore dansla presse professionnelle.Sur la bouteille, cela se manifeste

par un macaron ou un étiquetageparticulier qui met ainsi en avant lacuvée, comme l’explique MichèleDescombes du domaine éponyme àLantignié : « C’est important pournous car il est décerné par des per-sonnes qualifiées. Cela apporte uneimage, une notoriété pour mieuxcommercialiser notre vin ».Ce qui rejoint le but recherché parGérard Canard en 1987 quand il acréé ce label et que ses successeurspoursuivent : « On vient en complé-ment d’organismes comme Inter-Beaujolais pour promouvoir lebeaujolais avec nos moyens. On n’a

rien à vendre mais on amène uneimage du terroir pour accompagner,mettre en valeur les productions lo-cales », conclut Jean-Paul Rampon,l’actuel président des Compagnons.

Le Grumage, un label de qualité signé des Compagnons

■ Le dépôt des échantillons des millésimes 2016 et antérieurs des appellations beaujolaises a eu lieu le 11 octobre dernier au secrétariat de l’Ordre au 210 boulevard Vermorel. Archives Manuel DESBOIS

ZOOM

Le règlement précise que peuvent concourir « des vins comportant des cuvées (de choix), racées, aptes à vieillir, issues de vieilles vignes » provenant d’appellations produi-tes dans le département du Rhône et sur le canton de La-Chapelle-de-Guinchay. Côté couleurs, sont éligibles les beaujolais rouges ou blancs et rosé, les beaujolais supé-rieurs, les beaujolais-villages rou-ges ou blancs et rosé, les dix crus présentés sous leur dénomination beaujolaise initiale, les coteaux bourguignons et les effervescents du moment où le siège social du demandeur est situé sur le territoi-re de la Bourgogne viticole. Enfin, les beaujolais nouveaux ne sont pas éligibles, n’étant pas des vins de garde.

■ L’étiquette à apposer, preuve du label. Archives Manuel DESBOIS

Pour quelles cuvées ?

} Cela apporte une image, une notoriété pour mieux commercialiser notre vin. ~

Michèle Descombes

Page 16: ÉDITION NUMÉRIQUEcdn-s-€¦ · Patrick Chaumet, son premier vice-président. Cette répartition se re-trouve au sein du bureau. La durée des mandats, 6 ans aux débuts, a été

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SUPPLÉMENT LE PROGRÈS LUNDI 23 OCTOBRE 2017

www.leprogres.fr

1 Marc RongeatLui-même maître Compagnon, Marc Rongeat, président d’office du touris-me, est aussi enthousiaste qu’à l’heure de son intronisation, il y a 20 ans : « c’était comme si on me remettait une médaille ». Il nous confie : « Aujour-d’hui, le beaujolais est un vin servi sur table, dans de nombreux restaurants. Voilà, sans aucun doute, un effet des ac-tions mises en place et par les Compa-gnons du Beaujolais et par l’office du tourisme ». Marc Rongeat expose : « lapriorité est de travailler plus avec Inter-Beaujolais. Il s’agit de promouvoir le beaujolais dans le monde entier. Nous pouvons ainsi nous appuyer sur nos

confréries à l’étranger ». Le restaura-teur beaujolais concède : « Nous souf-frons, cependant, d’une image un peu folklorique de papys. Il faut rajeunir nos effectifs. Notre noyau le plus dyna-mique doit être présent dans tous les rendez-vous du Beaujolais ».Cela pourrait passer aussi par une nou-velle tenue. Marc Rongeat le confirme :« Nous conserverons, bien entendu la tenue officielle, indispensable pour nosintronisations et aux moments solen-nels. Mais pour les rendez-vous de tous les jours, il nous faut des tenues de tous les jours, griffées au nom de notre con-frérie ».

2 Dominique Piron« Les Compagnons du Beaujolais ont participé de puis très longtemps au dé-veloppement du beaujolais dans le monde entier. C’est un formidable le-vier, qui allie tradition et fête autour du vin. Aujourd’hui, sans perdre du céré-monial qui reste important, il faut que les Compagnons évoluent vers une image plus moderne. Ils font partie de

la vraie histoire du Beaujolais. Pour beaucoup d’étranger, ils imposent une marque forte de respect ».

3 Bernard PerrutLe député de la 9e circonscription expli-que pour sa part : « Les Devoirs des Compagnons, établis dans de nom-breux pays du monde sont autant d’am-

bassades de notre territoire, et les hom-mes et les femmes qui en sont membresont pour mission de faire connaître les vins du Beaujolais et de les promou-voir. J’ai pu mesurer lors de déplace-ments à l’étranger, où j’étais présenté comme le député du « Beaujolais », combien ce mot était connu partout, grâce au beaujolais nouveau fêté cha-que année, mais aussi à nos crus. C’est pourquoi j’ai souhaité que nous rece-vions à l’hôtel de ville de Villefranche les représentants de toutes les déléga-tions venues célébrer le 70e anniversai-re de la confrérie. En France, partout sur le territoire, et bien évidemment au cuvage de Lace-nas, les nouveaux impétrants prennentun engagement dont l’exigence est d’aimer notre région, nos paysages, nosvillages, notre patrimoine, et nos vins, qui méritent d’être à l’heure du repas sur chacune de nos tables. Je suis fier d’être souvent aux côtés de mes amis Compagnons car nous partageons le même engagement pour notre patrie beaujolaise ».

Philippe Galland

B E A U J O L A I S 70 A NS DE S COM PA GNONS

Trois acteurs du développement du territoire beaujolais, donnent leur avis sur l’impact des Compagnons du Beaujolais en termes de rayonnement du territoire. Rencontres avec Marc Rongeat, président d’office du touris-me, Dominique Piron, président d’In-ter-Beaujolais, et Bernard Perrut, député de la 9e circonscription du Rhône.

■ Les Compagnons ont largement contribué au fait que le mot « beaujolais » est aujourd’hui connu dans le monde entier. Photo Philippe GALLAND

} Aujourd’hui, le beaujolais est un vin servi sur table. ~

Marc Rongeat, président d’officedu tourisme, restaurateur

} Ils font partie de la vraie histoire du Beau-jolais. ~

Dominique Piron, président d’Inter-Beaujolais

} Les devoirs de Compagnons à l’étranger sont les ambassades de notre territoire. ~

Bernard Perrut, député, adjoint au Rayonnement de

Villefranche-sur-Saône

« En 2000, sollicité par les or-ganisations viticoles pour faci-liter la première présentation du beaujolais nouveau à Séoul, j’avais obtenu de l’am-bassadeur de France en Corée du Sud qu’il accueille chez lui une réception, avec un grand nombre d’invités et de médias dans cette mégapole la plus peuplée au monde, avec 25 millions d’habitants, après Tokyo et Mexico, juste devant New York. Ceci me valut d’êtreassocié à ce déplacement, al-

ler-retour rapide, où Michel Brun, représentant la confré-rie des Compagnons me de-manda à notre arrivée chez l’ambassadeur, ainsi qu’au di-recteur d’Inter-beaujolais Mi-chel Deflache, de porter la te-nue. Après mes salutations comme député du Beaujolais à l’ambassadeur et aux person-nalités, je réapparaissais avec le chapeau, le tablier la tassée, et la bouteille à la main ! C’est la seule fois où j’ai porté la te-nue réservée aux dirigeants de

la confrérie. Le lendemain, nous nous rendions sur le site de construction du TGV co-réen dont les travaux réalisés par une entreprise française étaient placés sous la respon-sabilité du fils de Joseph Des-croix, premier président des Compagnons du Beaujolais. Et, c’est sur la future voie du fu-tur grand rapide que nous avons fait déguster, pour la pre-mière fois, à ceux qui tra-vaillaient, le beaujolais, là où il n’était jamais encore arrivé, ! »

B. Perrut : « Nous avons fait déguster le beaujolais sur le site de construction du TGV coréen »

■ Bernard Perrut, pour la seule fois, en tenue de grand maître Compagnon, en Corée. Archives DR

Les Compagnons, un « formidable levier » pour faire rayonner le territoire