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La discrimination, c’est quoi ? Documentation de base

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Ladiscrimination,c’estquoi?

Documentationdebase

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• Discriminationfondéesurl’âge

• Discriminationfondéesurl’apparence

• Discriminationfondéesurl’origineethnique

• Discriminationfondéesurl’étatdesantéoule

handicap

• Discriminationfondéesurl’opinionpolitiqueoules

activitéssyndicales

• Discriminationfondéesurlesexe

• Discriminationfondéesurl’orientationsexuelleetles

mœurs

• Discriminationfondéesurl'origine,l'appartenanceou

lanonappartenance‐vraieousupposée‐d'une

personneàuneethnie,unenation,unerace,etsurla

couleurdepeau

• Discriminationfondéesurlareligion

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Discriminationfondéesurl’âge

Ladiscriminationfondéesurl’âgeestlaseulediscriminationsusceptibledetouchertouslesindividusàunmomentde leurvie! Elle concerneessentiellement les jeunesdemoinsde25ans et les plus de 45‐50ans. Le droit est peu expansif sur le sujet,même si la Chartesocialeeuropéenneévoquele«droitdespersonnesâgéesàuneprotectionsociale».Lepremierdomaineoùjeunesetvieuxsontpénalisésestl’emploi.•Lesseniors seraientmême l’objetde lapremière formedediscriminationà l’embauche,devant celles fondées sur l’origine ethnique et sur le handicap, selon une étude del’Observatoiredesdiscriminations1de2006.Uncandidatde48‐50ansreçoittroisfoismoinsderéponsespositivesqu’uncandidatderéférenceâgéde28‐30ans.Leralentissementéconomique,dèslesannées1970‐1980,acontribuéàmettrelesseniorshorscourse.Aujourd’hui,laFrancepossèdeletauxd’emploides55‐67ansleplusfaibledel’Unioneuropéenne,avec39,6%2,alorsqu’ilestsupérieurà50%dansdenombreuxpays(Pays‐Bas,Royaume‐Uni,Suède).Maisaveclevieillissementdelapopulationetl’allongementdeladuréedecotisationpourles retraites, l’emploi des seniors devient un enjeu économique et social. Ce qui a parexempleamené,en2008, le législateur françaisàôterauxchômeursdeplusde57ans ladispensederecherched’emploiaccordéequelquesannéesplustôt.•Lesjeunesfontaussilesfraisdelacriseéconomique.«23,3%desactifs(ilnes’agitpasdel’ensembledes15‐24ans,dontunepartieestscolarisée,notamment)de15à24anssontauchômage»,notaitenaoût2010 l’Observatoiredes inégalités.Pourbeaucoup, lavieactivecommence par une alternance d’emplois précaires (stages, CDD, temps partiels) et dechômage. Les jeunes issusde l’immigration sont lesplusaffectés. Ils sont ilestvraimoinsdiplômés que leurs condisciples français de longue date, mais là aussi, une forme dediscriminationestsouventencause(cf.chapitresurl’origineethnique).Lesautrespoints sensibles sontessentiellement,pour lesplusâgés, l’accèsaucréditet, àl’hôpital, l’admission en réanimation, et, pour les plus jeunes, la possibilité de louer unlogement.•Même si l’on vit plus longtemps en meilleure santé qu’il y a quelques décennies, levieillissementreste,dans lessociétésoccidentales,associéaudéclin.Dansuneculturequivalorise laproductivité, ledynamisme, la force, la vitesseet labeauté, lesaînés sevoientd’embléedisqualifiés.Deplus,lespouvoirspublicsmettentl’accentsurladépendanceliéeàl’âge.Etlesmédiasrenchérissent,évoquantle«fléau»démographiqueduvieilllissementdelapopulationoula«catastrophe»économiquequienrésulteàcauseducoûtdessoinsdesantéetdupompagedes caissesde retraite.Culpabilisés,déstabilisés, les seniors lesplusfragilestendentalorsàseretirerd’eux‐mêmesdesdifférentessphèressociales3.•Lajeunesseestdesoncôtésouventconsidéréecommeunecatégoriesocialehomogène.Et les termes accolés de «jeunes» et «banlieue» condensent à eux seuls une foule depréjugésnégatifs,dontpâtitladitecatégorietoutentière.

1.BaromètreAdia‐Observatoiredesdiscriminations,novembre2006;www.observatoiredesdiscriminations.fr2.MinistèreduTravail,del’EmploietdelaSanté,étudeDares«Tauxd’emploidesseniors:évolutionetmesures».15.L’Agisme. Comprendre et changer le regard social sur le vieillissement, dirigé par LAGACÉ (Martine)(universitéd’Ottawa,Canada),Pressesdel’universitédeLaval(PUL),2010.

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Discriminationfondéesurl’apparence

Ladiscrimination fondée sur l’apparence frappequiconquene répondpasaux canonsdebeautéetd’éléganceenvigueurdansnossociétésoccidentales.Ellecommencesurlesbancsde l’école,puisdevientparticulièrementpénalisantesur lemarchéde l’emploietdans lesrelationssociales.•C’est pendant sa scolarité que l’enfant dont le physique sort des normes esthétiquesrisquedeprendrelamesuredesadifférenceetdurejetqu’ellepeutsusciter.Laplupartdutemps, il s’agit d’un surpoids, motif de moqueries et d’insultes. Le mal‐être et le défautd’estimedesoiquecesbrimadesentraînentchezl’écolierobèsepeuvententravertoutesaviescolaire,puisprofessionnelleetsociale.•Carlemondedutravailesttoutaussinormatif.Uncandidatauvisageconsidérécommelaidauraituntiersdechancesenmoinsd’êtreconvoquéàunentretiend’embauchequ’uncandidat de référence4. Pis, un candidat obèse aurait deux fois moins de chances dedécrocher cet entretien qu’un candidat de corpulence standard5. Mais il faut moduler leconstatselonlesdomainesprofessionnels.Lespersonnesobèsessonteneffetmieuxreçuesdanslessecteursdelasanté,del’actionsocialeetdel’Administration.PourcomprendreQu’est‐cequelabeautéphysique?Unepureconstructionculturelle.Eneffet—quoiquelesnormes tendraient à s’universaliser autour d’un standard androgyne, pour les hommescommepourlesfemmes—,l’histoirenousenseignequesescritèrespeuventvarier.Pourlesfemmes, la chair opulente était une qualité il y a peu en Occident et le demeure dansquelquespartiesdumonde.Reste que de nos jours la pressionmédiatique (publicité, télévision, presse, cinéma…) esttelle que tout un chacun intériorise inconsciemment les normes en vigueur dès son plusjeuneâgeets’efforcedes’yconformer—dût‐ilrecouriràlachirurgieesthétique.L’appropriation (ou non) des normes de beauté et de look fonctionne comme un«marqueur social». D’une part, des stéréotypes collent à certaines caractéristiquesrelevantde l’apparence: lapersonneobèseestperçuecommesansvolonté, incapabledegérersonpoidsetsansdynamisme, les femmesblondesseraientdouces…D’autrepart, lepréjugépersisteselonlequel labeautéetl’éléganceseraientl’apanagedesclassessocialeslesplusnanties.Labeautéetlaminceur,célébréesprécocementauprèsdesenfantsparlesBarbieetautresjouets,puissansrelâcheauprèsdesadultesparlesmédias,exercentenOccidentuneformede «dictature». Les personnes en surpoids subissent une violence symbolique etmoralepermanente,ellessontsomméesdeculpabiliseretsevoientplusoumoinsexcluesdelaviesociale.

1. Leréseaud’agencesd’emploiAdiaamenéunbaromètrenationalsur lesdiscriminationsà l’embaucheenFranceaveclePrJ.‐F.Amadieu:baromètreAdia,Observatoiredesdiscriminations,novembre2006.

2. AMADIEU (J.‐F.), «L’obèse : l’incroyable discriminé», septembre 2005, Observatoire des discriminations.Testing par l’envoi de deux CV avec photos (laissant entrevoir lamorphologie des candidats) en réponse àplusieursoffresd’emploi.

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Discriminationfondéesurl’origineethnique

Onappelle«discriminationraciale» toutedistinctionopéréeenraisonde l’appartenance(oulanon‐appartenance)d’unepersonneàuneethnie,unenation,unerace;ouenraisonde sa seule couleurdepeau.Des systèmes inégalitaires fondés sur ladistinctionentre lesindividusselonleurappartenanceethniqueouleur«race»onttoujourssévi—notammentavec l’esclavage dans l’Antiquité. A l’époque contemporaine, la législation française,européenneet internationaleaeubeau l’interdire,ce typedediscriminationperdureplusoumoinsouvertementdansnotrepays.

•Lesdomainesoùelles’exprimecouvrenttoutlechampdeslieuxdesociabilité.Ilsvontdel’emploiauxsoinsmédicauxenpassantpar l’éducation, le logement, les loisirs, lesport, laviepolitiqueetl’Administration.•Ladiscriminationpeutêtredirecte:enmatièred’emploi,desopérationsde«testing»ontprouvéqu’uncandidatdenationalitéfrançaise,portantunnometunprénomfrançais,avait1,5 à 3fois plus de propositions d’entretien d’embauche qu’un Français d’originemarocaine6. La discrimination est aussi indirecte, puisqu’un immigré est par exempledémuni de réseau social pour avoir accès à certains postes professionnels. Elle est parailleurs à la fois verticale, lorsque «l’étranger» a dumal àmonter dans la hiérarchie, ethorizontale:ilseverraécartédepostesenrelationaveclepublic…Dèslorsquel’Institutionelle‐mêmel’entérine,ladiscriminationdevient«systémique».Neserait‐cequedansledomainescolaire,laconstitutiondesclasses,l’orientation,l’évaluationetlapriseenchargedesdifficultésdesélèvessubissentdéjàl’influencedespréjugésetdesstéréotypes sur l’origine ethnique ou l’appartenance religieuse. Dans les administrationspubliques,onoseraletermede«racismeinstitutionnel»,notammentauguichetdemaintsservices,oùlaCimade7relèvedesréponsesrécurrentesdelapartd’agentsd’accueil:«Vousne remplissez pas les conditions», «Il n’est pas établi que monsieur ne pourrait pasreconstituersacellulefamilialedanssonpaysd’origine».Etauprèsdelapoliceaffleuretrèsvitelepréjugéselonlequellesjeunes«issusdel’immigration»auraientunetendanceplusimportanteàêtredélinquants.PourcomprendreEn France, l’absence de données précises relatives aux origines nationales, ethniques oureligieuses — dont la République interdit la collecte justement par souci de non‐discrimination—,empêchedemesurerl’ampleurduphénomènedediscriminationethniqueou raciale. Mais la pratique du «testing», avalisée par la Cour de cassation en 2002, enconfirmelaréalité.•Le renouvellement dudiscours raciste. Jusqu’à la SecondeGuerremondiale, le racismetrouve son fondement dans la théorie de différences «biologisées» entre les groupes. Ils’estnotammentdéveloppélorsdel’esclavageetàtraversl’idéologiecolonialeavancéeparles Européens pour conquérir d’autres continents. Après‐guerre, le discours antiracistemonte en puissance, et ce jusque dans les années1970. Mais dans les années1980,

1.Source:Centred’analysestratégique–Universitéd’Evry,2006.Testsur264offresd’emploi,2112curriculumvitaeenvoyés.2.Initialement(1939),Cimadesignifiait«Comitéinter‐mouvementsauprèsdesévacués».http://www.cimade.org

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l’idéologieracisterevientàlasurface,entreautresavecledéveloppementduFrontnational.Elle prend le visage d’un «néoracisme», le terme de «race» étant remplacé par ceuxd’«ethnie»etde«culture».Lahiérarchieentrelespopulationss’appuiedésormaissurledegré de proximité culturelle. Les autres populations d’Europe sont culturellement plusprochesdelaFrancedoncplusfacilementintégrablesquelesNon‐Européens.Cette «ethnicisation des rapports sociaux» s’est accentuée. La crise économique et lechômagetouchantd’abord lesclassespopulaires, s’ydéveloppentdesréactionsd’hostilitévis‐à‐vis de l’immigration, des sentiments xénophobes et des comportements racistes. Etl’immigrationpost‐colonialeapparaîtdanslediscourspubliccommeunproblème,socialetidentitaire.•L’heuren’estplusà«l’assimilation»desannées1960,quiattendaitdesimmigrésqu’ilss’adaptent aux règles de la société française. Elle n’est même plus à «l’intégration» desannées1970,quiorganisaituneaideaux immigrés. Titillépardesmouvementsde jeunes«issus de l’immigration» de la décennie précédente, le discours officiel des années 1990prendencomptel’existencedesdiscriminationsraciales.Ilconsidèrequeleproblèmepeutvenirmoinsde«l’étranger»quedesraideursdelasociétécenséel’accueillir.C’estunaveude «l’échec» du modèle d’intégration républicain et cela renvoie à une triste mémoirecoloniale.•Une politique de lutte contre les discriminations peut être qualifiée de «politiqued’égalité»(PatrickSimon,socio‐démographeàl’Institutnationald’étudesdémographiques).Elleplacesonactionsurleplandudroit.Ellesepréoccuped’agirsurlesystèmeenassurantl’impartialitédecelui‐cià l’égarddescitoyens,usagers, clients,bénéficiaires…Chacundoitpouvoir accéder dans les mêmes conditions aux droits, biens et services. Elle vise àsupprimer les obstacles que le système sécrète le plus souvent de façon voilée. Ellerecherchel’égalitéeffectiveetposeleconstatdetraitementsdéfavorablesquiseproduisentmalgrél’égalitéformelle(danslaloi).

Lesracesn’existentpasLe racisme est l’idée «selon laquelle les groupes humains sont caractérisés par destraits physiques spécifiques et des traits moraux particuliers qui les distinguentradicalement entre eux et qui sont transmis les uns et les autres par voie d’héréditésomatique8».Celamêmealorsque,dans lesannées1960,des scientifiquesontdémontréque leshumainsétaientgénétiquementsemblables,quellesquesoientlesvariationsdansleurapparence.Tousappartiennentàlamêmeespèce:l’espècehumaine.

3.MEMMI(A.),LeRacisme.Essaidedéfinition,éditionsLaNef,Paris,1964.

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Discriminationfondéesurl’étatdesantéoulehandicapTroismillionsdepersonnesdéclarentavoirfaitl’objetdediscriminationsaucoursdeleurvieàcausedeleurétatdesantéoud’unhandicap1.Cesdiscriminationsrecouvrentdesinsultes,desmoqueries,desmisesàl’écart,destraitementsinjustesoudesrefusdedroitpourraisondesantéoudehandicap.Lesdiscriminationsfondéessurl’étatdesantéetlehandicapconcernentprincipalementlesproblèmeschroniquesquipeuventêtreaussibiend’ordrephysiquequepsychologique.Une étude de l’Insee rapporte que ce ressenti est particulièrement élevé chez les plusjeunes. 41% des 10‐24 ans touchés par des troubles pouvant lesmettre en situation dehandicapdéclarentavoirsubiunediscriminationaucoursdeleurvie.Certains handicaps ou certaines maladies sont particulièrement exposées auxdiscriminations:handicapsmoteurs,sensoriels,mentaux,séropositivité,La discrimination est par ailleurs plus ressentie chez les jeunes souffrant de déficiencescognitives (45%) que ceux souffrant de déficiences sensorielles (33%) ou de troublesmoteurs (40%). Enfin, ces ressentis varient en fonction de l’âge. À l’âge adulte, «lessituationsdediscriminations sontplus rares, oumoins fortement ressenties et doncmoinssouventdéclaréesquechezlesjeunes»notentlesauteurs.Lanaturedecesdiscriminationsvarie également: les 25‐54 ans sont plus nombreux à citer des injustices et des refus dedroitsquelesplusjeunes.Cesdiscriminationssontsouventliéesauxpréjugésetauxjugementsdevaleurassociésauxdifférents types de handicap et aux différentesmaladies. Ils concernent les capacités, lestraits de comportement des personnes handicapés et des personnes qui porteuses demaladies chroniques,mais également, la contagion de leurmaladie. Elles se développentdanslesdomainesdutravailetdel’emploi,delasantéetdel’accèsausoin,delavieprivéeetfamiliale,del’éducation,del’accèsauxéquipementsetauxservices.L’apparence physique peut souvent être à l’origine de la discrimination révélatrice duhandicapoudumauvaiseétatdesanté(lescasdehandicapsvisiblespouvantêtreaussibienphysiquequemoteur).L’évolutiondelapriseenchargedespersonneshandicapéesPendant longtemps, la prise en charge des personnes handicapées reposait sur unecertaine «mise à l’écart» de ce public soit «en milieu protégé» pour les travailleurshandicapés,soit«enclassespécialisée»pourlesenfantshandicapés.Lesdifférentesloissurlehandicap,dontlaloidu11février2005,ontpermisnouvellepriseen charge de ce public. L’objectif affiché des pouvoirs publics est d’évoluer vers uneintégrationdespersonneshandicapéesetnonplusunecertaine«exclusion».L’écoleordinaireréalisedeplusenplussouvent lesadaptationsnécessairesà l’accueildesenfantshandicapés.Lenombred’enfantshandicapésscolarisésestpassé,parexemple,de

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106974 en 2003 – 2004 à 155000 à la rentrée 20072. Les moyens nécessaires à leurscolarisation n’ont cessé de croître : création des classes d’intégration scolaire (CLIS),augmentation des postes d’auxiliaires de vie scolaire sont autant d’actions mis en placedepuislaloi2005.Concernant l’insertionprofessionnelledespersonneshandicapées, la situationde l’emploidespersonneshandicapéesestencourageantedanslamesureoùelles’estamélioréeaufildes années. Cependant, elle reste insuffisante. En 2003, 643000 personnes handicapéesétaient en situation d’emploi sur un total de 880000 personnes handicapées en âge detravailler3.L’intégration des personnes handicapés dans les différentes sphères de la vie publique etprivéeanécessairementpourcorolaireleprincipedenondiscrimination.Siladiscriminationàraisonduhandicapestpunieparlaloi,celan’empêchepaslespersonneshandicapéesdelavivreauquotidien.Définitionduhandicap,article2delaloidu11février2005«constitueunhandicap,ausensdelaprésenteloi,toutelimitationd’activitéourestrictiondeparticipationàlavieensociétésubiedanssonenvironnementparunepersonneenraisond’unealtérationsubstantielle,durableoudéfinitived’uneouplusieurs fonctionsphysiques,sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou trouble de santéinvalidant».L’emploiLa discrimination fondée sur l’état de santé et le handicap concernent principalement lesproblèmes ou la maladie chronique d’une personne qui peuvent l’obliger à s’absenterrégulièrement.Cesproblèmespeuventêtred’ordrephysiquescommepsychologiques.D’une part les contraintes engendrées peuvent gêner l’employeur (absences répétées,aménagement de poste, réactions et attitudes des autres employés…). En effet, lesdifficultés liées à l’état de santé et au handicap impliquent la nécessité et l’obligation deprocéder à des aménagements : aménagement du poste de travail, réorganisation deshorairesdetravail,remplacementdusalarié,mesuresd’assistancesibesoinetc.D’autre part, l’état de santé et le handicap sont souvent perçus demanière négative parl’employeurmaiségalement,trèsfréquemment,parl’entourageprofessionnel.Lepréjugésassociésàcertainesmaladiesetàcertainshandicapsrestentancrésdanslesesprits.Dansledomaine du travail, ils concernent les capacités de l’individus (notamment les handicapésmoteurs, sensoriels, mentaux), et ses aptitudes à accomplir correctement les missionsafférentsàsonposte,sestraitsdecomportements,ouencorelacontagionliéeàlapeuretàl’ignorance.Lescasdediscriminationsontfréquentsauseindesentreprisesetdansl’accèsàl’emploi.Plus d’une personne sur quatre (27,1 %) rapporte un évènement discriminatoire dans lecadredesontravail,actueloupassé.Cesdiscriminationssontaussibienlefaitdescollègues,quedesemployeurs(etdumédecindutravail).Ellesconcernentlespropos,lesremarques,l’évolutiondecarrière, l’affectationàunposte inferieurou lamiseauplacardouà l’écartdansunserviceavecd’autressalariésmalades.

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Lesemployeursévoquentlesabsencespourserendreàl’hôpitalpourjustifierunretarddecarrière, cequiestbiensurdiscriminatoire. Le licenciementestégalementunepratique Ilestcependantsouventdéguiséavecd’autresmotifs.Les travailleurs handicapés ont longtemps été considérés comme des «inadaptés», ettraités en tant que tel, ce qui a pu contribuer à renforcer leurs exclusions de la société.Mêmesileurpriseencompte,enmêmetempsquelesmentalités,ontbeaucoupévolué,cesreprésentations restent parfois ancrées dans l'esprit des gens, mais de manière plusinconscientepeut‐être.Si très peu d’entreprises se déclarent « réfractaires » à l’embauche de personneshandicapées,on constatenéanmoins, lapersistancesde certaines réticencesà intégrer cepublic dans leur personnel.Ce regard craintif sur le handicap relèveraitmoinsd’unepeurqued’uneméconnaissanceduhandicapd'aprèslerapportdeYvanLachaud4(laperceptionduhandicapparlesprofessionnelsestgénéralementlimitéauhandicapvisibleparexemple).Il y a donc une nécessité de changer le regard et les idées reçues des entreprises sur lehandicap. Un travail sur les mentalités doit être renforcé et mené aussi bien par lespolitiquespubliquesqueparlesentreprises.Ducotédessalariés,laquestionseposeégalement.Uneétuded'ADIAetdel'Ifop5réaliséeen2009auprèsde1000salariéspermetd'évaluercequ’ilsressententvisàvisdespersonneshandicapées. Elle révèle notamment que, même si la majorité des interrogés déclarent«plutôt facile» le fait de travailler avec une personne handicapée, certains handicaps,commelamaloulanonvoyance,lamaladiementale,oulespersonnesenfauteuilroulantsontsouventperçuscommenepermettantpasd'occuperunpropreposte.Laquestiondel'évolutiondesmentalitésestdirectementliéeàlaquestiondel'accessibilitédu poste de travail. L'inaptitude relève souvent des conditions d'exercice dumétier, tellequel'inadaptationdupostedetravail.Unepersonneenfauteuilroulantpeutparfaitementêtre apte à exercer de nombreux métiers. L'aménagement des conditions d'accessibilitépour l'accueil de travailleurs handicapés est donc un élément fondamental qui doitaccompagnercetteprisedeconscience.LasantéLadiscriminationàraisondel’étatdesantéestparticulièrementrépanduedansledomainedelasantéetdel’accèsauxsoins.LespersonnesatteintesduvirusduSIDAsontencoreunefoisparticulièrementexposées.Selon l’enquêteréaliséeparsur les lignes«Sida InfoService»et«Sida InfoDroit»révèleque 54% des personnes interrogées se sont déjà senties discriminées du fait de leurséropositivité.Pourlamoitiéd’entreeux,cettediscriminationaconcernéledomainedelasanté(48,4%).Plus du tiers des personnes interrogées (37,5 %) se sont senties discriminées par unprofessionnel de santé spécialisé. Une personne sur cinq (21,6 %) cite une situation dediscrimination avec son généraliste. Les infirmiers et employés du milieu médical sontrapportésplusd’unefoissurdix.Parmilesprofessionnelsdesantéspécialisés,lesdentistessontcitésleplussouvent,etdeloin:rendez‐vousuniquementendébutoufindejournée,comportementshumiliants(refusde cracher dans le crachoir, arrêt de la consultation aumilieu des soins...) voire refus de

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soins. Cependant, toutes les catégories médicales et paramédicales sont citées, duproctologueaurhumatologue,enpassantpar l’anesthésiste, lepneumologueouencore lasage‐femme.Même chez lesmédecins spécialistes VIH etmaladies infectieuses certainespersonnesontressentiesdeladiscriminationLaplupart(59%)desdernièresdiscriminationsressentiesdatentdemoinsdequatreans.L’écoleAssistancepédagogiqueàdomicileenfaveurdesenfantsetadolescentsatteintsdetroublesdelasantéévoluantsurunelonguepériode(circulairen°98‐151du17juillet1998)Les récentes lois favorisent la scolarisation des enfants handicapés à l’école ordinaire. Denombreusedispositifsvisantàadapter lemilieuscolaireordinairesauxbesoinsdes jeunesatteint de handicap ont étémis en place: création des CLIS, des UPI, mise en place desauxiliaires de vie scolaire… Cependant, dans les faits les parcours scolaires des enfantshandicapés ou atteints demaladies chroniques sont ponctués d’obstacles et de ruptures(notamment d’absences) liées à aux contraintes médicales qu’ils vivent (suivi médical,hospitalisation…).Cecirendplusdifficileleurscolaritéetleurintégration.Par ailleurs,malgré l’évolution de la prise en charge scolaire des enfants handicapés, quitémoigne d’un changement de mentalité et d’une volonté active de favoriser leurintégration, nombreuses restent les discriminations dans l’école qui conduisent à unevéritableexclusiondecepublic.Bien souvent ce sont les conditions matérielles d’accueil et d’accessibilité des locaux quiempêchelesélèveshandicapésd’assisteràcertainesactivitésvoiràdesenseignements.Lesdispositions transitoires parfoismises en place pour faciliter l’accueil et l’accessibilité ontpluspoureffetdemarquernégativementladifférenceetrenforcerlastigmatisationquedepermettreunevéritableintégrationauseindelaclasse.La discrimination se manifeste également dans certains comportements comme lascolarisation à temps partiel ou le refus d’accueillir certains élèves en classe ou lors dessorties scolaires en l’absence d’auxiliaires de vie scolaires individuels. D’une manièregénéralecesattitudessont lerésultatsdecraintes injustifiées liéeà laméconnaissanceduhandicapoudelamaladie.Egalement des structures adaptées comme les CLIS et lesUPI sensées être transitoires etcomplémentaires fonctionnent souvent comme des réseaux parallèles, des «classesspécialisées» et ne sont pas véritablement intégrées aux fonctionnement normal del’établissementscolaires.Laloide2005prévoitpourtantqu’avantd’êtreaffectéenCLISouenUPI,touslesélèveshandicapéssontinscritsdansl’établissementscolairedeleurquartier.Cetteorganisationetcespratiquesconstituentdesobstaclessupplémentairesquientraventla participation de l’élève à la vie quotidienne de la classe, le pénalisent dans sesapprentissages,etl’empêched’exercerlesmêmesresponsabilitésquelesautresélèves.Parailleurs, ces discriminations, en renforçant la stigmatisation et la ségrégation des enfantssouffrantsdehandicap,constitueuncadrequijouesurlesconditionsd’acceptationdecesélèves par les autres élèves et qui renforce les représentations négatives que ceux‐ci ontparfoisdéjàintégrévis‐à‐visdespersonneshandicapésouatteintesdemaladies.

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Discriminationfondéesurl’opinionpolitiqueoulesactivitéssyndicalesLadiscriminationsyndicaleetcellefondéesurlesopinionspolitiquespeuventêtreliéescarlessyndicatssereconnaissentsouventdanscertainestendancespolitiques.Par ailleurs ces typesdediscrimination sedéveloppent essentiellementdans le champdel’emploi.La discrimination syndicale s’inscrit dans les jeux de pouvoir entre les acteurs dansl’entrepriseDans lapratique, lesdélitsdediscrimination,d'entraveà l'exercicedudroitsyndicalet lesinfractionsd'entraveàl'exerciceouauxfonctionsde…sontdifficilesàdistinguerlesunsdesautresetsecumulent.Lalibertéd’opinionpolitiqueetlalibertésyndicalefontpartisdesdroitsdel’hommeetdeslibertésfondamentalesindividuelles(libertédepensée,deconscience,libertéd’expression,d’opinion, liberté syndicales, droits de grève…) telle qu’elles ont été énoncées par ladéclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyensde1789etcomplétéesdanslepréambulede la constitution de 1946. Ces libertés sont également affirmées dans la Déclarationuniverselledesdroitsdel’hommede1948.Principed’égalité«ArticleXNulnedoitêtreinquiétépoursesopinions,mêmereligieuses,pourvuqueleurmanifestationnetroublepasl’ordrepublicétabliparlaLoi.ArticleXILa libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux del’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre del’abusdecetteliberté,danslescasdéterminésparlaLoi.»EmploiLadiscriminationsyndicaleapourseulobjectifdedéconsidérerlesmilitants,defaired'euxdes perdants avec les plus bas salaires et des carrières bloquées. Cette image étaitrenvoyée à l'ensemble des salariés : chacun devait comprendre le sort qui l'attendait s'ilchoisissaitlavoiedel'engagementsyndical.àdissuaderlesautressalariésdetouteactivitésyndicale,politiqueetpluslargementdetoutengagementcitoyen.Ladiscriminationàl’embaucheLadiscriminationàl'embaucheesttrèsdifficileàrepérercarl'employeurdissimuletoujourssonvéritablemotifsousd'autresraisonssoi‐disantobjectives.Lepointdedépartdeladiscriminationpeutalors:«Avez‐vousuneactivitésyndicale?»

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L’employeur peut également s’être renseigné auprès des précédents employeurs ducandidatsursesactivitéssyndicales.Ladiscriminationàl’embauchefondéesurlesopinionspolitiquessemanifestenotammentdanslafonctionpubliqueterritoriale.L’évolutiondecarrièreetlarémunérationLesdiscriminationssyndicalesoufondéessur lesopinionspolitiquessemanifestent leplussouventdans les évolutionsde carrièreetde rémunération (qui lui est liée). Evolutiondecarrière retardée, bloquée par rapport aux autres salariés dans la même situationprofessionnelle; assignation à des occupations secondaires, subalternes, disqualifiantes(«miseauplacard»),ousansrelationavecsavéritablefonction;diminutionstagnationdesalairesontdespratiquesdiscriminatoiresfréquentes.Ladiscrimination fondée sur lesopinionspolitiquespeutégalement semanifesterdans lenonrenouvellementducontratdetravailDanslecadredeladiscriminationsyndicale,lesemployeursévoquentsouventunprétendumanquededisponibilitédusalariéliéàl’exercicedesesactivitéssyndicalesoulefaitsquecelles‐ciaffectentlaqualitédeleurtravail.Parailleurs,lesdiscriminationssalarialesfondéessurlesopinionspolitiquesoulesactivitéssyndicales sont difficiles à prouver en raison du développement de l’individualisation dessalaires.Une étude sur la rémunération des représentants syndicaux1 révèle que toutes choseségalesparailleurs, lesdéléguéssyndicauxgagnent10%demoinsqueleurscollèguessansmandat syndical. Cet écart s’accroit en fonction de l’ancienneté. Ces écarts varientégalement en fonction de l’appartenance syndicale des délégués syndicaux: l’écart desalaireatteintainsi20%pourlesdéléguésencartésàlaCGT,et10%pourceuxappartenantà la CFDT. L’écart est en revanche nul pour les délégués syndicaux élus sur les listes FO.Selon Thomas Breda, «Les délégués de la CGT, plus combattifs et plus actifs dans lesnégociations salariales seraientdansune interactionnon‐coopérativeavec les employeurs,ce qui conduirait ces derniers à moins bien les rémunérer ». L’argument selon lequel lesdécharges hebdomadaires dont bénéficient les délégués syndicaux affecteraient la qualitéde leur travail est donc battu en brèche par l’écart de rémunération en fonction desformationssyndicales.ConduiteetrépartitiondesontravailLesalariépeutégalementsubiruntraitementdéfavorabledanslaconduiteetlarépartitionde son travail. L’attributiond’unechargede travail importantepournuireà l’exercicedesactivités syndicales ou au contraire; lamodification des horaires, de la durée ou du lieuprincipal de travail, la prise en compte de l’absentéisme causé par la prise des heuresdédiéesàl’actionsyndicaleoudedélégation.LapressionmoraleetleharcèlementIl peut s’agir d’intimidations, de menaces, voir même de sabotages provenant de lahiérarchie,duservicedupersonnel,desressourceshumaines.

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LadiscriminationdanslelicenciementLaloiidentifielessalariésdits«protégés»pourlesquelsuneautorisationdel’inspecteurdutravailestnécessairepourvaliderlelicenciement.UneétudedelaDARES2montrequ’en2000,lesdemandesdelicenciementdereprésentantsdupersonnelprésentéesauxinspecteursdutravailresteàunniveauélevé(plusde14000)etreprésententuneproportioncroissantedel'ensembledeslicenciements.Entre1999et2000, lesdemandesconcernantlesreprésentantsdupersonnelaffiliésàdessyndicatss'accroissentde6%.Commelesannéesprécédentes,cesontlessalariésprotégésaffiliés à la CGT (qui sont aussi les plus nombreux) qui sont le plus souvent visés par unedemande de licenciement avec 16% du total. Mais c'est la CFTC qui connaît sur un anl'augmentation la plus importante (+10%). En fin de compte, quatre demandes delicenciementsurdixconcernentunreprésentantsyndiqué.ReprésentantssyndicauxLa discrimination syndicale en entreprise a toujours été une pratique courante dans lagestiondupersonnel,allantmême jusqu’àconstituerunmodedemanagement (entpSudAvignon,1967)Jusqu'à récemment,ce typedediscriminationapparaissait sous la formedeconflits larvésentreemployeurset représentantsoumilitants syndicaux,difficileà combattre.C’étaitenmêmetempsunsujettabou,lesemployeurssedéfendantd’yavoirrecours.Ladifficultédeluttercontrecespratiquess’expliquenotammentparl’existenced’unappareiljuridiquepeuadaptépourlesidentifieretlescombattre.Par ailleurs, les discriminations faites «aux représentants» (syndicaux ou du personnel)apparaissaient comme une pratique quotidiennement vécue, plus ou moins acceptée,admise de manière tacite et résignée par ceux‐ci comme la contrepartie des actions derevendicationqu’ils portaient aunomdes l’ensembledes salariés3. Ils endossaientmalgréeuxl’imaged’un«statutdemartyr»,de«sacrifié»aunomL’engagement syndical se présentait comme «un choix en connaissance de cause» et ladiscrimination pouvait être perçue comme de «bonne guerre». Elle pouvait mêmeapparaîtrecommeungaged’intégritépourlesreprésentantssyndicaux.

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DiscriminationfondéesurlesexeLa discrimination fondée sur le sexe concerne aussi bien les hommes que les femmes.Contrairement aux idées reçues, il existe de nombreux cas de discriminations faites auxhommes. Cependant, la discrimination fondée sur le sexe a concerné et continue deconcernermajoritairement les femmes qui, dans les différentes sociétés, ont souvent étéconsidéréescommeinférieuresauxhommes.La répartition historique des rôles entres les sexes a traditionnellement contribuée àcantonner les femmes, au sein de la sphère privée et familiale, à une place de mère etd’épouse,lasphèrepublique(lapolitique,letravail)étantledomaineréservéauxhommes.EnFrance,lesfemmesontlongtempseuunstatutjuridiqueetciviqueinférieuràceluideshommes.L’égalitédans la loines’est imposéequetardivementdans lasecondemoitiéduXXèmesiècle.L’histoirepolitiqueetsocialereflèteunmouvementd’émancipationprogressifdepuis 1789: protection contre le travail abusif au nomde leur rôle demère, protectioncontre l’époux, reconnaissance d’un statut civil propre (1938), octroi des droits politiques(1944),ouvertureprogressivedesétudesetdesemploisauxfemmes, loisur l’interruptionvolontairedegrossesse(1975).Lapriseencomptedelaquestiondesinégalitéshommes/femmes,maispluslargementdelacondition fémininedans les sociétésoccidentales, va connaitredes avancées significativesdanslapérioded’après‐guerre.Le27octobre1946,lepréambuledelaIVèmeconstitutionproclame:"la loigarantità la femme,danstous lesdomaines,desdroitségauxàceuxdel’homme"(art.3)Cesavancéess’inscriventdanslesannées1950‐60,dansuncontextedeluttepolitiquepourl’égalitédesrapportsetdesdroitsentrelesdeuxsexes.Denombreuxtextesinternationauxet communautaires vont permettre d’impulser une véritable politique d’égalité entre leshommes et les femmes: la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, laConvention Européenne des Droits de l’Homme de 1950, la Convention 111 de l’OIT de1958, concernant la discrimination en matière d’emploi et de profession. En droitcommunautaire, l’article119dutraitédeRomeaffirmeen1957 leprincipede l’égalitédetraitement entre hommes et femmes (plusieurs directives vont être adoptées pourconfirmerceprincipe).Les mouvements féministes qui se sont développés à cet époque vont jouer un rôleimportantdanscetteluttepolitiquepourl’égalitédessexes.Cesmouvementsproviennentdes EtatsUnis et se sont propagés en Europe. (Le «Women's lib» aux Etats‐Unis et «Lemouvementdelibérationdesfemmes»,MLF,enFrance).Desmouvements féministesenfaveurde l’égalitédessexess’étaientdéjàdéveloppésdèsles années 1880 puis au début du XXème siècle et dans l'entre deux guerre (suffragette,suffragistes),maissansparveniràmobiliseretàfédérerlapopulationautourdecesenjeux.Les revendications, portées par les mouvements féministes dans les années 1960, ontconcernéledroitdedisposerdesoncorps,ledroitdechoisirlemomentd'avoirdesenfants,le droit à la contraception et à l'avortement, le droit au divorce le droit de travailler, lesdroitspolitiques,ledroitàunesexualitédissociéedelareproduction,plusgénéralementledroit à être reconnu comme l’égal de l’homme. Les principaux textes internationaux,européens et nationaux sur les droits de l’homme, de l’immédiat après guerre, ontnotamment constitué une base juridique solide qui à servi de cadre à ces revendications.

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L’égalisationdustatutetdesdroitsdelafemme(égalitéjuridique)n’interviendraquedanslesannées1960‐70.Outrel'actionmilitanteetlaconstitutiond’uncadrejuridiqueconcret,l'émancipationdelafemmes'expliqueraitégalementparledéclindel'influencedel'Église,parlagénéralisationdu travail féminin salarié et son contrecoup sur la cellule familiale, par les progrès desconceptionslibéralesdesmœursetdel'individu.Ainsi,entre1945et1975,lafemmevaobtenirdenombreuxdroitsjusqu’àdevenir,danslaloi, l’égalde l’homme.Pourn’enciterquequelqueuns: lecongématernitéet l’égalitéderémunération posée comme principe en 1945, le droit à l’avortement (1955), le droit autravail, aux avantages sociaux et à disposer des ses biens propres (1965), le droit à lacontraception (1967), la reconnaissance de l’autorité parentale qui remplace l’autoritépaternelle (1970), le divorce par consentement mutuel, l’IVG, et la mixité dansl’enseignementen1975.Cen’estqueplustard,en1983qu’uneloipromouvantleprinciped’égalitéprofessionnellesera votée. Egalement, afin de favoriser l’égalité des sexe dans la sphère familiale,l’ouvertureducongéparentalauxdeuxsexesneseravotéequ’en1984.Lemouvementd’égalisationdesdroitsentrelesfemmesetleshommesadoncrésultéd’unprocessus long et récent. Aujourd’hui, les femmes disposent des mêmes droits que leshommes.C'estuneavancéeconsidérablepar rapportàuneépoqueencoreprochedurantlaquelle la tradition, comme le droit, s'accordaient sur l'infériorité, considérée commenaturelle, des femmes. À l'aube duxxiesiècle, au terme de trois décennies debouleversements très importants, la situation des femmes dans la société française restecependant contradictoire. Malgré cette égalité en droit, les inégalités hommes‐femmesrestent une réalité dans la sphère publique, les champs économiques et professionnels,éducatif,extraprofessionnel,politique,maiségalementdanslasphèreprivée,familiale.Lapriseencomptedesdiscriminationsfondéessurlesexe,reconnueen1975,aconduitlesgouvernementssuccessifsàadopterdesmesureségalisatricesdanslesdifférentsdomainesde la vie publique – emploi, rémunération… – et privée – égalisation de la responsabilitéparentale – et, sous l’impulsion de la Communauté Européenne, à moderniser l’appareillégislatifenmatièredeluttecontrelesdiscriminations.Cependant,cetteégalisationdesdroitsn'empêchepaslesinégalitésetlesécartsenmatièred'emploi, de rémunération, de direction et de mangement dans les entreprises, dereprésentationpolitique,departagesdestâchesdomestiquesdesemaintenir.Si l’égalité formelleestdésormais acquise, les causesdes inégalitésetdesdiscriminationssontpluscomplexesetplusprofondes.Audelàdu«sexismeidéologique»,desstéréotypesde genre et des préjugés qui sont à l'origine de pratiques discriminatoires, c'est plusgénéralement, la place de la femme dans la société, les attentes et les rôles qu'on luiattribuetraditionnellement,ainsique lesystèmeorganisationnel,qui tendàconforterdesrôlessexués,quisontencause.Parexemple,lagardedesenfants,généralementattribuéeàlafemmeencasdedivorce,reproduitladivisiontraditionnelledecesrôles.Egalement,silesfemmes ont le droit de travailler et de disposer de leur salaire, le partage des tâchesdomestiques inéquitable alourdi leur journée et entravent de fait leur carrièreprofessionnelle.Demême,lagardedesenfants,dontelleontmajoritairementlacharge,lesobligesouventàoccuperunposteàtempspartiel(«tempspartielcontraint»).Aujourd’hui,il paraît difficile d’aller plus loin sur un plan législatif, et ce sont plutôt certainscomportementsouvisionsde lasociétéqu’ilconvientdefaireévoluer.Lesdroitsétant lesmêmes,l’enjeuestmaintenantdelesfairecomprendre,accepteretappliquer.LADISCRIMINATIONPARDOMAINE

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EmploiProfessions,SecteurprofessionnelsEn France, plus de 80% des femmes travaillent. Elles occupent 75% des emplois dans lesecteur de l’éducation, de la santé et de l’action sociale. Au final, près de lamoitié desemploisqu’ellesoccupentsontconcentrésdans11des86famillesprofessionnelles:agentsd’entretien,enseignantes,vendeuses,employéesadministrativesdelafonctionpubliqueetd’entreprise,secrétaires,aides‐soignantes,infirmièresetsages‐femmes,aidesàdomicilesetaides ménagères, professionnelles de l’action sociale, culturelle et sportive, assistantesmaternelles. On trouve encore une majorité d’hommes dans les métiers techniques etpostesàresponsabilité,tandisquelesfemmessontconcentréesdanslesemploisdusecteurtertiaire,auxniveauxsubalternesetintermédiaires.Actuellement,seules17%deschefsd’entrepriseet35%descadressontdesfemmesApeine3% des grandes entreprises sont dirigées par des femmes. Elles ne sont que 24% dansl’encadrementdusecteurprivéet12%danslespostessupérieursdelafonctionpublique.Emploiàtempspartiel

• 75%desactifsemployésentempspartieletquisouhaiteraienttravaillerdavantagesontdesfemmes.(letempspartielsubiconcernea75%lesfemmes)

• 9%des femmessalariéessontensituationde tempspartiel subi, contre2,5%deshommes.Letauxatteint13,9%pourlesfemmesnon‐diplômées,12,9%pourcellesdemoinsde29ans,13,1%pour lesemployées,etmême16,4%pour les femmesétrangères.

• Parmilesjeunessortisdusystèmeéducatifen2001,quelquesoitleniveaudeleurdiplôme, les femmesontbeaucoupplus souventétéembauchéesen tempspartiel(23%)pourleurpremieremploiqueleshommes(9%).Pourlesjeunesnonqualifiés,laproportiondetempspartielestmêmetroisfoisplusgrandechez lesfilles(38%)quechezlesgarçons(12%).

Ecartsderémunération

• Les femmes gagnent 27% de moins que les hommes tous temps de travailconfondus. L’écart est de 19% pour des temps complets et 10% à poste,expérienceetniveaudequalificationéquivalents2.

• Ladiscrimination«pure»seraitdel’ordrede6ou7%.Cependant,ladiscrimination

selogeaussienamont:tempspartielsubi,maintiendansdespostespeuqualifiésoumoinsrémunérateurs.

• L’inégalité des salaires entre hommes et femmes est la plus forte chez les cadres

(30,7%)etdoncparmilessalaireslesplusélevés.Al’inverse,l’écartleplusfaiblesetrouveparmilesemployés(6,1%),unecatégoriemajoritairementféminisée.

La situation des femmes sur le marché du travail révèle d’importantes inégalités. Ellessubissentdavantage lechômage, letempspartielnonchoisiet l’écartdessalairesmoyensest aussi en leur défaveur, ce phénomène n’étant pas seulement dû au travail à temps

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partiel(concentrationdesfemmesdanslesemploismoinsqualifiésetàl’écartdespostesàresponsabilité lesmieuxrémunérés,secteursd’activitémoinsrémunérateurs).Parailleurs,les femmes sont souvent employées pour les qualités qu’on leur reconnaît comme "naturelles"(lesrelationssociales,lacommunication,etc.).Leurréussitesefaitsurtoutdansdesdomainestraditionnellementféminisésouceuxquisubissentunecertainedésaffectiondelapartdeshommes,commelafonctionpubliqueoul'enseignement.La«sexuationdesmétiers» reste une réalité objective. Enfin, elles sont beaucoup moins présentes sur lespostesresponsabilités,lespostesdedirectionetdemanagement.C’estl’imagedu«plafonddeverre»désignantles«barrièresinvisibles»qui,ajoutéesauxstéréotypesaccordantauxfemmes une préférence moindre pour les responsabilités professionnelles ou un défautd’aptitude à diriger, constituent un handicap réel à leur mobilité. Au final elles sontconfrontéesàdeuxtypedeségrégation:

horizontale: concentration des femmes dans certains secteurs del’économie,enparticulierlesservices.

Verticale: concentration ou surreprésentation des femmes danscertainsniveauxdelahiérarchieprofessionnelle,sous‐représentationdesfemmeslorsqueleniveaudefonctions’élève

Descarrièrespluscourtesetdesrémunérationsmoinsimportantesaucoursdel’activitéontévidemment des répercussions sur le montant des retraites des femmes: celui‐ci estinférieurde44%àceluideshommes.Cette situationdémontre l’ampleur des discriminations que les femmes subissent qu’ellessoient directes, indirectes ou systémiques. Toutes ces questions se rejoignent dans unethématiquecommune:celledelaplacequelasociétélaisseauxfemmessurlemarchédutravail.Les obstacles l’égalité hommes/femmes sont également d’ordre culturel. Ils influencentparfois lecomportementdes femmeselles‐mêmes.Selonunrapportde l’Insee, les jeunesfillesonteneffetdemeilleursrésultatsscolairesmaiscontinuentdechoisirdesprofessions«traditionnellementféminines»,moinsbienpayées.Ellessontsouventobligéesdeconciliervie privée, familiale et vie professionnelle. La garde des enfants, les tâches domestiquesdont elles ont encore majoritairement la charge peuvent nuire à leur carrièreprofessionnelle.Lesdiscriminationsàl’embauche,le«testing»Lepremiertestacadémiqueaétémenéen2002parl’économistePascalePetitsurl’emploidesfemmesdanslesétablissementsfinanciers.24candidaturesfictivesontétéconstruiteset ont permis de réaliser 157 audits sur 75 établissements financiers d’Île‐de‐France. Cesrésultatsmettentenévidencelavolontédesrecruteursd’attribuerlespostespeuqualifiés(Bac) subalternes aux jeunes femmes et les postes qualifiés (BTS) d’encadrement et dedécisionaux jeuneshommes.Toutefois,à37ans,onnenotemoinsdediscriminations,enpartieparcequ’àcetâgelaprobabilitéd’avoirunenfantestplusfaible...Lesfemmessontmêmefavoriséespourlespostesqualifiésdusecteurcommercial3.VieprivéefamilialeRépartitiondestâchesdomestiques

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• Enmoyenne,lesfemmesconsacrentprèsde3h30parjourauxtâchesdomestiquescontre 2 heures pour les hommes (Enquête emploi du temps de 1998‐1999 del’Insee).

• Lesfemmescontinuentd’assurerprèsde80%destâchesdomestiques(Ined2009)• Leshommesbricolentetjardinentunpeuplus,maislesfemmespassentquatrefois

plusde tempsque leshommesà faire leménageetdeux foisplusàs’occuperdesenfantsoud’unadulteàchargeàlamaison4.

Conciliationvieprofessionnelle,loisirs–viefamiliale

• 14,2%desmèressontinactivesenFrance,contre1,4%despères.• 6 mois après une naissance, 29% des femmes n’ont plus du tout d’activité

associativecontre17%deshommes.• Sixmoisaprèslanaissanced’unenfant,38%d’entreellesarrêtentlapratiqued’une

activitéartistiquecontre18%despères.• 9% des mères continuent à aller à la même fréquence au cinéma, voir des

expositionsoudesmatchs,contre19%despères.Malgré la possibilité pour le père d’obtenir un congé de paternité après une naissancedepuisle1erjanvier2002,c’estleplussouventlamèrequiréduitsonactivitéetsesloisirspour s’occuper de l’enfant. L’arrivée des enfants modifie souvent les comportementsd’activitésprofessionnellesdansunsensinversepourleshommesetpourlesfemmes:biensouvent,ellesetraduitparuneaugmentationdutempsdetravailprofessionneldupèreetunediminutiondeceluidelamère.Lephénomènead’autantplusdeconséquencessurlaconciliationdestempspourlesfamillesmonoparentales.En schématisant, les femmes prennent en charge le quotidien, les tâches les moinsvalorisées(ménage,lingerestentdestâcheslargementféminisées),etleshommescequisevoientetcequidurent(jardinage,bricolageet,deplusenplus,lacuisine).Cettedistinctionpermetdecomprendreque leshommes restentmaîtresdes tâchesplushonorablesetdecomposition commepeut être la cuisine et que les femmesquant à elles, s’occupent destâchesplusingratesquesontlerepassageetlelavagedulinge.Larépétitivité,l’invisibilitéetlapénibilitécaractérisentlestâchesàdominanteféminine,alorsquelesactivitésmasculinessontmoinscontraignantes,plusoccasionnelles,impliquentmoinsderesponsabilités,plusdesatisfaction,etsetraduisentplussouventparlaréalisationd’objetsvisiblesetdurables.Eneffet ondira plus souvent «c’est très bon ce que tu as cuisiné» et qu’onne relèvera les«talents» enmatière de repassage et de lavage5. Egalement, la garde des enfants resteencoremajoritairementassuréeparlesfemmes(leshommesconsacranttroisfoismoinsdetempsquelesfemmesàleursenfants).Si lesmentalitéset lescomportementsontbeaucoupchangéces trentedernièresannées,lesévolutionsrestentlentesetl’égalitédanslasphèredomestiqueestenréalitébeaucouppluslointainequedansl’universprofessionnel.Lepartagedestâchesàlamaisonetlagardedesenfantssontencoreloind’êtreéquitablesmêmeparmilesjeunesgénérationsetmalgrélesdiscourssurlenouveaurôledespères.Lesinégalitésdanslasphèredomestiqueontdesrépercussionspourlesfemmesdansbiend’autresdomainesoùellessontfreinées,delavieprofessionnelleauxloisirs,enpassantparl’engagementpolitiqueouassociatifnotamment.Enmatièredetravail,cestâchesquotidiennesalourdissentleurjournéeetentraventdefaitleurcarrièreprofessionnelle.C’estunedesraisonsquiexpliquentl’essordutempspartielouleurmobilitémoindremaisaussileurfaiblereprésentationenpolitiqueoudanslesinstancesdirigeantesd’associations.

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Selon l’Observatoire sur laResponsabilité sociétaledesEntreprises (ORSE), «lapromotionde l’égalité entre femmes et hommes passe par une meilleure conciliation entre vieprofessionnelleetprivéecarcesontlesfemmesquis’avèrentêtrelesplustouchéesparlemanqued’équilibreentrecesdeuxaspectsdelavie».EnFrance,lanégociationcollectiveannuelleobligatoiresurl’égalitéprofessionnelle(loidu9mai2001)etsalariale(loidu23mars2006)inclutlaquestiondel’articulationentrel’activitéprofessionnelleetlaviepersonnelleetfamiliale.Ainsi,en2008,150accordsd’entrepriseetdebrancheontétésignésdanscedomaine,et42entreprisesétaientdétentricesduLabelEgalité en mars 2010. Celui‐ci récompense les actions menées en faveur de l’égalitéprofessionnelledans une entreprise, sa gestion des ressources humaines et sonmanagement,ainsiquesonaccompagnementdelaparentalitédanslecadreprofessionnel.Parexemple,ilpeuts’agird’améliorerlesdroitsàlaretraitedupersonnelpourlespériodesdecongéparental.ÉducationRéussitescolaireLesfillesréussissentmieuxenfrançaisdanslespetitesclasses,ontplussouventleurbacetunelicence,voireunmaster.Oncompteplusdefillesquedegarçonsàl’université.Quandon creuse, on s’aperçoit que les garçons ont demeilleurs résultats enmathématiques auprimaire,écartquis’estompeentroisième.Al’université,lesgarçonssontmoinsnombreuxquelesfilles,maisobtiennentplussouventundoctorat.ParcoursscolairesLes filles représentent 58% des étudiants à l’université. Cependant, on constate que lasexuation des filières est toujours aussimarquée. Elles constituent 70% des étudiants enlettresetscienceshumainesmaisreprésententmoinsde30%danslesfilièresscientifiques.Danslesclassespréparatoires,ellessontmajoritairesdanslesprépaslittéraires(75%)maisne représententque30%desprépas scientifiques. Elles sontmajoritairesdans les filières«commerceetadministration»et«sciencedel’éducation»etminoritairedanslesfilières«ingénierie». La majorité des diplômés dans le domaine de la santé, du social, de laformation des professeurs et des programmes éducatifs, sont des femmes dans l’UE en2004.Lasélectionnesefaitpasseulementaumomentdel’entréedansl’enseignementsupérieur:lesfillessontdéjàminoritairesenfilièrescientifiqueaulycée,quiconduitauxfilièreslesplussélectives de l’enseignement supérieur. Dans l’enseignement professionnel, elles sontmajoritairementregroupéesdansquelquesspécialités:secrétariat,comptabilité,commerceet santé et social. D’unemanière générale elles sont très peu présentes dans les filièresindustriellesetàl’inverse,surreprésentéesdanslesfilièrestertiaires.Onobservecependantqu’ellesontdépassé lesgarçonsdans lesprépasscientifiquesetqu’ellesprogressentdansles écoles d’ingénieurs: de 15,7% des élèves en 1985 à 25,9% en 2007. (chiffres siteobservatoiredesinégalités;homme/femmes.Leschosesévoluentmaisàunrythmelent.Lesgarçonsquittentplusprématurémentl’écolequelesfillesetredoublentplus.

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Bien que proportionnellement plus nombreuses que les hommes à accéder aux étudessupérieures, les femmes demeurent moins présentes dans les filières les plus cotées etsélectives.D’unemanièregénérale,dansl’ensembledeleurscolarité,lesgarçonsinvestissenttoujoursmajoritairement les filières masculines (filières scientifiques, filières électro‐techniques,mécanique, bâtiment‐construction) quand les filles se réfugient massivement dans lesfilières traditionnellement féminines (filière littéraire, médicale, filières administratives,formationensecrétariat,métiersdusocial...).Lesmodesdevie,l’éducation,leschoixdesleursparentsoulefonctionnementdusystèmeéducatif restent différenciés selon le sexe et expliquent la plus oumoins grande réussitescolairedanscertainsdomaines,et,surtoutleschoixd’orientationverstelleoutellefilière.Nousallonsvoirquel’écoleintègredanssonfonctionnement,sespratiqueslesstéréotypessexistesliésàlasexuationdesdisciplines,desfilières,desqualités,descompétences,etplustarddessecteursetdesmétiers.Accèsàlaviepolitique

• En2007, les femmes représentaient seulement18,5%desdéputésà l’AssembléeNationale et sont présentent à 21,8% au Sénat.On observe tout demême, uneprogressionparrapportà2002oùellesnereprésentaientque12,5%desmembresdel’AssembléeNationale.

• En 2007, lors des législatives les parti politiques n’ont présenté que 41,6% decandidates(45,5%auPSet26%àl’UMP).

• LesConseilsRégionauxcomptent48%defemmes.Cependant,seulesdeuxfemmessontàlatêted’uneRégion.

• 13,1% des conseillers généraux élus en 2008 sont des femmes, contre 10,9% en2004 et 9,8% en 2001.Mais cinq femmes seulement sont présidentes de ConseilGénéral.

• Lesmairiescomptent35%deconseillèresmunicipales.Onpeutnotercependantunedifférence importante entre les communes de moins de 3 500 habitants, nonsoumisesauxcontraintesdelaloisurlaparité,quicomptent32,2%deconseillèresmunicipales, et les autres communes qui en comptent 48,5%.Malgré ces chiffresencourageants,seuls13,8%desmairessontdesfemmes,etcelles‐cinedirigentque6des38communesdeplusde100000habitants.

Jusqu’auXXèmesiècle,lerôlepolitiquedelafemmen’apasétéfavorisé.Larévolutionn’arien fait pour reconnaitre, ni valoriser la place des femmes au‐delà de leurs rôlestraditionnels(épouse,mère),sinonenleurreconnaissantquelquesdroitscivils.LaFrancen’areconnuquetrèstardivementlesdroitspolitiquesàlafemme.Plusieurspropositionsdeloivisant à instaurer le droit de vote des femmes avait été envisagés dans la 1èremoitié duXXèmesiècle.Ellesn’ontcependantjamaisabouti,leSénatrejetantfréquemmentleprojetdeloioufaisantobstacleauprocessus.(1919,1922refusd’examinerleprojetdeloi,1927,1932,1935,1936).C’estl’ordonnancedu21avril1944,duGénéraldeGaule,Comitéfrançaisdelibérationnationalquiattribuelesdroitspolitiquesauxfemmes:«lesfemmesIl faut cependant attendre 1989 pour voir une première femme française Maire d’unecommunedeplusde100000habitants(CatherineTrotman,àStrasbourg)et1991pourvoirunefemmenommée1erministre(iln’yenapaseud’autresjusqu’àaujourd’hui).

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Lareconnaissancedel’égalitédesdroitspolitiquesentrelesfemmesetleshommesrésulted’unlongcombatdontlesavancéesontsouventétéfragilesetremisesencause.Dans, les faits, jusquedans lesannées2000, les femmesn'avaientqu'uneplace restreintesurlascènepolitique,malgréundroitd'accèsthéoriquementégal.Aprèsunéchecen1982,larévisionconstitutionnellede1999,complétéeparlaloiorganiquedu6juin2000,aouvertlavoieàdes réformes législativesdestinéesà imposer les femmesdans laviepolitiqueetsociale.Cetteloiorganiqueamodifiélaconstitutionpourdonneruneexceptionauprinciped'égalitédetousdevant la loi. Jusqu'alors,aucune loimentionnant lesexenepouvaitêtrepromulguée,carunetelleloiétaitanticonstitutionnelle.Aprèslevotedecettemodificationdelaconstitution,leprinciped'égalaccèsauxmandatsélectorauxapuêtremisenplace.Ils'agitd'unedesraresmesuredediscriminationpositiveinstauréeenFrance.Plusieurs textes ont donc été adoptés pour favoriser la place des femmes dans la viepolitique. La parité en politique amaintenant 10 ans.Malgré les réformes et d’évidentsprogrès, lesfemmesrestentencoreminoritairesparminosélus(à l’encontredenombreuxpaysoccidentaux).Laloisurlaparitéapermisdefaireélirebeaucoupplusdefemmesdansles conseilsmunicipaux et régionaux. Cependant, elles n’ont pas forcément accédé à desfonctionsderesponsabilitélocale.Danslesconseilsgénéraux,lareprésentationdesfemmesrestetrèsfaible.Demême,danslesentreprisesoudanslahautefonctionpubliqueoùellesrestenttrèsminoritairesauxniveauxdedirection.Deseffortsrestentdoncàaccomplirenvued’uneréelleparitéenmatièredereprésentationpolitique.Alongterme,onpeutpenserqu’uneégaleprésencedesfemmesetdeshommesdans la sphèrepolitiquepourraitavoiruneffetpositif sur les représentations, sur laplacedesfemmesdanslerapportdepouvoiretpluslargementauseindelasociété.Cependant,à l’inverse,cesmesurescoercitivesquivisent laparitépeuvent jeterundoutesurlalégitimitédelaprésencedesfemmescandidatesauxdifférentesélectionsetjouerenleur défaveur. L’électeur choisit‐il une femme pour ses qualités personnelles ou pour saqualité de femme? Figure‐t‐elle sur une liste de candidats en position éligible pour sescompétencesouparcequec’estobligatoire?L’institution scolaire dans son fonctionnement, véhicule les représentations sexuéesdesrôles,dessavoirsetdesmétiersL’écoleassurelaformationdesfuturscitoyens.Acetitre,elleaccueilletouslesenfantssansdistinction de sexe, d’origine… Elle transmet des savoirs et une culture commune senséspermettre aux individus de s’épanouir, de s’élever et favoriser l’égalité de tous, dans lerespectdel’autre.Malheureusement,dans son fonctionnement, ellepeineà assurer cetteégalitéde tousetnotamment, l’égalité entre les sexes, véhiculant stéréotypes, représentations sexuées dessavoirs, des qualités, des aptitudes, des compétences, des rôles et desmétiers. Dans sespratiques,elleappliqueuntraitementdifférentauxélèvesselonleursexe,surlesquestionsd’évaluationetd’appréciationdesrésultats,descomportements,d’orientation.Egalement,danslesinteractionsaveclesélèvesetdanslagestiondelaviescolairedansetendehorsdelaclasse, lespratiquesdesagentsde l’écolesontdifférenciéesselon lesexeetceuxdès leplus jeune âge6. Au final, les oppositions sexuées sont plus fortes à la sortie du systèmescolairequ'àl'entrée.

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InteractionsentreélèvesL’écoleadolescenceestunepériodedeconstructionidentitaire.Lapressionsociétalesurlesgroupes imposedesnormesdecomportementdifférenciées, lescomportementsdéviants,les attitudes considérées comme anormales étant rejetées. Ainsi, à l’école, le groupe depairevaimposerdesnormesdecomportementquivonts’installercommedesréférences.Cettepressiondesnormesdecomportementexacerbe,chezlesgarçons,ledéveloppementd’une culture machiste et de comportements manifestant la virilité, voir le sexisme etl’homophobie,afind’affirmerleuridentitémasculine.LesmanuelsscolairesLesmanuelsscolairesvéhiculentdespréjugésetdesstéréotypessexistes7.Dans les manuels de primaires, les représentations de la vie quotidienne associentnaturellementcertainesactivités,certainesattitudesauxfemmesouauxhommescar«c’estnormal». L’étude révèle qu’à 90% les femmes sont représentées en train d’effectuer destâches, notamment ménagères. Les hommes sont représentés, à la maison, soit lisant lejournal,jardinant…Leshommessontbeaucoupplusreprésentésensituationprofessionnelleque les femmes.Les femmes qui travaillent occupent des poste traditionnellement typiquement féminin:hôtessedel’aire,infirmière,caissière…En situation professionnelle, les hommes sont beaucoup plus représentés en tant que«dominant» (unpatronetsasecrétaire,unneurochirurgienetson infirmière…).L’inverseesttrèsrare.Dans les manuels scolaires de l’enseignement secondaire, les femmes sont très peureprésentées dans les manuels de physique et de biologie sauf pour ce qui concerne laprocréationetlamaternité,cequirenforcel’idéeselonlaquellelecorpsfémininnesertqu’àfaire des enfants. Dans lesmanuels de biologie, le corps de l’homme est le plus souventreprésenté et pris en exemple. Il incarne le «neutre», «la norme». Dans les manuelsd’histoireoudegéographie, les femmessont souventabsentesde l’histoirepolitique.Ellesont souvent évoquées au sein de chapitre spécifiques: «les femmes et la résistance»,«l’évolutiondudroitdesfemmes»8.Ces stéréotypes sont tellement durablement installés dans les représentations collectivesintériorisées par toutes et par tous que ces représentations sexistes présentes dans lesmanuels scolaires semblent passer quasiment inaperçues et paraissent difficiles à fairereconnaitre.Il peut arriver que les adultes soient euxmêmeporteurs de préjugés (nous sommes tousporteursdepréjugés!) au seinde leuractivité,dans les interactionsavec leursélèves, enclasseoudansdesdécisionsd’orientation. Lespersonnels scolairespeuventperpétrer, demanière inconsciente, des pratiques discriminantes, fondées sur ces préjugés et cesstéréotypes de genre. Notamment, ces pratiques s’expriment à travers l’attitude vis‐à‐visdes élèves, face aux interactions en classe, dans l’évaluation et dans l’éducation àl’orientationdesélèves.Lesinteractionsenclasses

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Derrière les interactionsen classepeut se jouer, demanière inconsciente, l’expressiondedéséquilibresdanslesrapportssociauxentrelesfillesetlesgarçonsetlareproductiondesrôlesstéréotypés.Lesarbitragesde l’enseignant,seschoixdans l’animationde laclasseetdes travaux de classe, lorsqu’ils sont fondés sur des stéréotypes de genre, peuventcontribueràrenforcerunecertainevisiondesrapportsentrelesfillesetlesgarçonsdominésparl’unoul’autredesdeuxsexes.Favoriser l’expression des filles ou des garçons dans telle ou telle matière, attribuer destâches d’exécution aux filles et de réflexion aux garçons dans la conduite des travaux enclasse,négligerlamiseenplaced’unecertainemixitédanslestravauxdegroupe,laissersedévelopperdesmoqueries,plaisanteriesàcaractèresexiste…ExemplesdestéréotypesEnmathématiques,lesgarçonsontsouventl'espritplusvif.Ilssontpluscréatifsetplusactifsenclasse.Ladynamiquede la classeest vitedominéepar lesgarçonsquiaccaparent l'attentiondesenseignants. Les filles s'effacent et n'osent pas s'imposer face aux garçons. Si elles sontmoinsmisesenvaleur,ellesfinissentpardouterdeleurscompétencesetperdentconfiance.Lesgarçonssont trèsminoritairesdanscettesection (SMS). Ilsnesontpasvraimentà leurplacedans cette filièrequimèneàdes emplois féminins. Ils ont rarement librement choisicettesectionets'ilssontlà,c'estqu'ilsavaientunniveauinsuffisantpourd'autresfilières.Lesgarçonsenminoritédansuneclassepeuventêtreconduitssoitàjouerles"caïds"soitàs'inhiber totalement quand ils ne correspondent pas à l'image traditionnelle du garçonattendue par l'ensemble de la classe. Dans ce dernier cas, ils risquent de ne plus oserexprimerleursdifficultésetd'aggraverleursituationscolaire.La physique en généralmotivemoins les filles. Elles y réussissentmoins bien. Les garçonssontplusactifsetplusinventifs.Onrenforcechezlesfillesleursentimentd'incompétenceetchezlesgarçonsleursentimentdesupériorité.Onnefavorisepasl'émulationentrelesfillesetlesgarçons.Lesfillessontplussoigneuses.Ellesontlesoucidebienexécutercequ'onleurdemande.Onest sûrque le travail serabien fait.Cela renforce ladivisionsexuéedescompétences : lesgarçons produisent des idées, des solutions, les filles exécutent bien les tâches quidemandentdusoinetdel'attention.Lesgarçonsetlesfilless'entendentmieuxquandilssontséparés.Quandonlesfaittravaillerensemble,lesgarçonsnelaissentpaslaplaceauxfilles.Lanonmixité,sielleapporteunconfortrelatifauxfilles,favoriselascissionentrelessexeset «un entre soi», ne permet pas aux élèves de confronter des besoins différents, de sedécouvrir et de se reconnaitre des compétencesmutuelles en termes de créativité et deréalisation.L’évaluationetl’appréciationdesrésultatsscolaires

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Onutilise souvent undouble standarddans l’évaluationdes filles et des garçons dans lesmatière connotés masculines ou féminines. On juge les filles sur leur travail et leurconformisme («elles font ce qu’elles peuvent») et les garçons sur leurs capacitésintellectuelles.À résultatséquivalents,on traitedifféremment les filleset les garçons.Parexempleenmathématiques,pourunemêmenote,l’appréciationseradifférente.Onpensesouvent que les garçons sont en dessous de leurs possibilités. On les considère comme«sous‐réalisateurs» (ilsontdesmoyensmais ils "ne fontpas tout cequ'ilspeuvent").Onconforte le garçondans l'idéeque si ses résultats sontmoyens, c'estqu'il ne travaillepasassez et la fille dans l'idée qu'elle fait tout ce qu'elle peut. Ces différences d'attentes etd'appréciationssontparticulièrementsensiblesdanslesmatièresscientifiques.Decefait,onn'offrepaslesmêmespossibilitésd'orientationultérieuresàl'unetàl'autre.Celarenforcelesentimentdesfillesd’êtremoinsdouéespourcertainesmatièresquelesgarçons.Plusieurs expériences de correction de copies en aveugle ontmontré qu'elles avaient pourconséquence une surévaluation des bonnes copies de garçons, une sous‐évaluation desbonnescopiesdefillesetinversementplusd'indulgencepourlesmauvaisescopiesdefillesetplusdesévéritépourlesmauvaisescopiesdegarçons.Or,on saitdepuis lesexpériencesdeRosenthalet Jacobson sur "l'effetPygmalion"que lesattentesdesenseignantspeuventavoiruneffetde"prophétiesautoréalisatrices":parcequenousycroyons,uneidée,fausseaudépart,peutdevenirexacteàl'arrivée.Lesidéesquelesenseignants se font sur leurs élèves ‐ et qu'ils expriment plus ou moins implicitement ‐provoquent chez ces derniers des comportements en accord avec ces idées. L'élève dontl'enseignantattendqu'il soitbonélèveoumauvaisélèveade forteschancesde ledevenireffectivement.Ainsilesattentesdesenseignants,forgéessurlesstéréotypesdesexe,ontdeforteschancesderenforcerchezlesélèvesdesfaçonsd'êtreconformesàcesstéréotypes.Onpourraitaussiexpliquerdecette façon lemoindre sentimentdecompétenceet lamoindreestime de soi qu'on observe chez les filles, à l'adolescence, par rapport aux garçons, àrésultatsscolairescomparables...".‐N.MOSCONI,LimitesdelamixitélaïqueetrépublicaineinFillesetfemmesàl'école,LesCahierspédagogiquesn°372,mars1999L’auto‐réalisation du stéréotype peut se manifester lorsqu’à un niveau de performanceidentique en français et mathématiques au collège, les filles s’estiment meilleures enfrançaisqu’enmathématiques, intériorisantainsiuneimagesexuéedescompétences.Cecise confirme au lycée : quand ils se jugent très bons en français, 1 garçon sur 10 va en L,quandellessejugenttrèsbonnesenfrançais,3fillessur10vontenL.Etquandilssejugenttrèsbonsenmathématiques,8garçonssur10vontenS,quandellessejugenttrèsbonnesenmathématiques,6fillessur10vontenS.«Fillesetgarçonssurlechemindel’égalitédel’écoleàl’enseignementsupérieur»édition20109.Enmatièred’orientation,lesraisonsquiprésidentauxchoixprofessionnelssontégalementinfluencés par les attentes de la famille et la société. Ces attentes peuvent générer unepression sociale qui poussent les filles et les garçons à choisir une formation puis uneprofession jugéesconformeà leursexe(désirsetattentesdesparents,modèlesdegenresimposésparlasociété…)Parexemple,lesfillesanticipationuncertainfonctionnementdelafamillequilesinciteàopérerdeschoixdecompromisréduisantleurambition.ExemplesdestéréotypesEn mathématiques, les filles réussissent en travaillant beaucoup. Les garçons peuventsouventmieuxfaire:ilsn'exploitentpastoutesleurspossibilités.

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Onpensesouventque lesgarçonssontendessousde leurspossibilité. Il faut lespousseràtravailler en ayant des exigences pour eux. Pour une fille qui veut devenir professeur desécoles, la filièreESconvientbienetoncraintquesonniveaune luipermettepasdesuivreune1èreS.C’estle«doublestandard»dansl'évaluationdesfillesetdesgarçons:onjugelesfillessurleur travail, les garçons sur leurs capacités intellectuelles. Pour des résultats moyens, legarçonsne travaillepasassez,ne faitpasassezd’efforts, la filles fait toutcequ’ellepeut.Cettepratiqueconforteunevisiondéforméedelaréalitédescapacitésdeschacunquitendà dévaloriser les filles et à survaloriser les garçons. Cela peut renforcer le sentimentd’inférioritédanscertainsdomaineschezlesfilles.Cepeutêtrel’inversedansunefilièreouunespécialitétraditionnellementféminine.Decefait,onn'offrepaslesmêmespossibilitésd'orientationultérieuresàl'unetàl'autre.Pourungarçonbrillant,c'estdommaged'entrerdansunefilièrelittéraire.Ilvaseretrouverdans une classe de filles. Il vaut mieux qu'il entre en 1ère scientifique où il y aura plusd'émulationetdespossibilitésd'orientationplusdiversifiées.On fournit une image alternative de la filière littéraire : dévalorisée pour les garçons,valoriséepour les filles.Celareproduit lesstéréotypessur lahiérarchieet lasexuationdesfilières(associationlettres/féminin;sciences/masculin).L’orientationL'orientation scolaire est souvent dictée par de fausses représentations des rôles sociaux.Elleaboutitàdespartagesdevenustraditionnels,àunedivisionsexuéedessavoirs,préludeàcelledesmétiers.Unecertaineimagedumasculinetduféminincontinueàêtrevéhiculéedansetparl'école,malgréleseffortsnotablesentreprispourmodifierlescomportements.Lestéréotypedominantconsisteàpenserqueladifférencedessexesinduitdesappétences,des aptitudes et des intérêts différents, perçus comme étant l’expression de différencesnaturelles.Lesfillesseraient,parnature,plusdociles,plustournéesverslalittératureetlacommunication, les garçons, par nature, seraient plus dissipés, plus actifs, plus vifs, pluscréatifs, manuels, plus doués pour les sciences. Ces différences ont été construiteshistoriquementetperdurentsocialement.L’institutionscolairen’estpasseuleresponsabledupoidsdecesstéréotypes,maiselleneparvientpasàlescombattreefficacement.L’École,quidevraitêtreunvecteurdel’égalitéparticipeàlareproductiondeladivisionsexuéedesrôlesdechacun.ExemplesdestéréotypesIl existe des métiers qui intéressent toujours les jeunes filles : s'occuper d'enfants oud'animaux... D'autres qui conviennentmieux aux jeunes garçons : mécanique, industrie...,notammentpourdesélèvesendifficulté.Cela influence la recherche de stage dans desmétiers ou des secteurs traditionnellementsexuésetl’orientationfuture.Onrisqued'inciterlesélèves‐fillesougarçons‐àreconduirelesmodèlesprofessionnelslespluscourants,enméconnaissantlesconséquencessocialesetprofessionnellesquecelapeutengendrer.Lesélèvesdoiventavoirconscienceque le rejetoul'attraitpouruneprofessionestdépendantdesreprésentationsquel'onena.Ensuivant

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cesreprésentationsdemétierstraditionnellementsexués,ilsrisquentdesecantonnerdanslarecherchedestagesconventionnelsetd'avoirdumalàlesexploiter.Leshommesetlesfemmesnesontpaségauxfaceautravail,maisonnepeutpasychangergrandchose.Ce typede jugement reproduit la représentationd’unedivisionsexuéedesmétiersetdesfonctions,misogyniedecertainsmilieux.Onrisqued'occulterlefaitquelemarchédutravailetlesdéroulementsdecarrièresontsouventdifférentspourleshommesetlesfemmes.Onrisqued'amenerdesfillesàfairedeschoixd'orientationdansdessecteursdontlesgarçonss'excluent.Onlaissecroirequen'importequelleformationprésentedesavantagessimilairespar rapport à l'insertion professionnelle. De fait on ne favorise pas une prise de décisionréaliste.La technologie, c'estpour lesgarçons.Les fillesn'yconnaissent rien.Elles risquentde fairedesdégâtsetdeseblesser.Onrenforcechezlesfillesl'idéequ'ellessontinaptespourcetypedetâche.Onconforteladivisionsexuéedescompétencesetdessavoirsparuneffetd'étiquetage.Lesfillesrisquentdesedémotiverpourcetenseignement.Les filles sont plus consciencieuses et plus soigneuses. Elles rédigentmieux. Elles sont plusmotivéesparcetypedethèmeetmeilleuresenfrançais.Mêmeeffetvis‐à‐visdesgarçonsLors des visites d’établissement, notamment dans les lycées professionnels, les élèves quipassentdanslaclassesupérieure,etlaplupartdesfillesnesontpasintéressésparcetypedevisite.Onrisquedeprovoquerunescissionentrelesfillesetlesgarçons,lesbonsetlesmoinsbonsélèves.C'estdoncencorelà,unefaçondemaintenirdesreprésentationssocio‐sexuéesdesmétiersetdes formationsainsiqu'une imagedévaloriséede l'enseignementprofessionnelindustriel. On risque de faire naître des illusions si l'on n'informe pas sur le fait quel'insertionprofessionnelleestencoretributairedereprésentationssexuées.Lesélèvesetlesenseignantsrisquentdenepasavoirconsciencequepourlesfillescommelesgarçons,êtreenminoritédansunétablissementpeutposerdesproblèmesdeviescolaire.AutrestéréotypesfréquentsActivitésphysiques Lesfillessontmoinscombatives.Ellesontpeurdescoups.Ellestirentmoinsbienetmoins

fort que les garçons. Le jeu va rapidement être l'affaire des garçons, les filles vont sesentirinutilesetêtrerenforcéesdansunepassivitéquilesdétachedel'espritcollectifdujeu.

La danse est plutôt une activité pour les filles. Elles sont plus gracieuses. Les garçons

s'ennuient.Illeurfautdesactivitésoùleurcombativitépuisses'exprimer.Onrenforcelesgarçonsetlesfillesdansl'idéequecertainesactivitéssontparnatureréservéesàl'unoul'autresexeenfonctiondedispositionsphysiquesdifférentes.

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Lesgarçonssontplusremuants.Ilsontbesoindese"défoncer",decourir.Lesfillessontpluscalmes,ellesadorent"papoter"oujouerentreelles.L'espaceestoccupéetdominépar les garçons qui peuvent exercer librement leurs besoins d'activités physiques. Lesfillesetlesgarçonsn'apprennentpasàpartagerleursjeux.

Educationàlasanté,àlasexualité Ilestsocialementadmisquecesontprincipalementlesfillesquidoiventassumerseules

la contraception. Lesmessages de prévention s'adressent souvent aux jeunes filles, enfaisant appel à leur sens des responsabilités face à la prévention des grossesses nondésirées, ou face aux maladies sexuellement transmissibles. Les garçons ne sont pasresponsabilisés. On renforce l'idée que la contraception, l'éducation à la sexualité estl'affairedesfilles.Onnepréparepaslesfillesetlesgarçonsàassumerleursexualitédemanièreégalementresponsable.

Le sexisme recouvreaussibiendes réflexionsmoqueuses,des commentaires insultants,

voire injurieuxquedesactesplusgravesdont l'objectifesttoujoursdepersuaderqu'unsexeestinférieuràl'autre.Lapermissivitébanaliselesexismeordinairecommeunmodederelationnormalentrelesgarçonsetlesfilles.

L'accèsàlapornographieestdeplusenplusfacilepourlesadolescents,qu'ils'agissede

revues,devidéosoudesitesinternet.Detouttemps,lesadolescentssesontprocurésdesphotosourevuespornographiques:celafaitpartiedesrituelsinitiatiquesàlasexualitédesgarçons.Cesimagesvéhiculentdesreprésentationsavilissantesetdégradantesdelafemme et de la sexualité humaine. Elles induisent l'accès à une sexualité facile, sansrisqueetsansinvestissementrelationnel.

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Discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et lesmœursLesmœursregroupentpluslargementunevariétédecomportementsoud’élémentsdefaitscommedes situationsdistinctesde l’orientation sexuelle, telles que le transsexualisme, letravestismeoucertainespratiquessexuellesnonconventionnelles.Traditionnellement, la religion, l’éducation, les médias, la psychanalyse et la psychologiepopulaireontvéhiculél’imageducouplehomme‐femmecommeleseulmodèleacceptablederelationamoureuse.Or, lesrelationsentrepersonnesdemêmesexeontprobablementtoujoursexistéàtraverslesnombreusescivilisations.Touteslesculturesn’onttoutefoispasdisposé d’un concept spécifique identifiant «l’homosexualité», qui distinguait leshomosexuels comme un groupe à part. Les ressources historiques permettent d’établirl’existencederelationshomosexuellessouslaGrèceAntique.Sidansdenombreuxpays,cesrelations ont cependant été considérées comme un péché ou un crime, parfois punis demort, l’homosexualité n’a pas toujours été réprimée. La lutte pour la reconnaissance del’homosexualité n’est pas un combat contemporain qui résulterait d’un processusd’acceptation linéaire et croissant au cours de l’histoire. En Europe, notamment, despériodes d’acceptation et de répression se sont succédées aux différentes époques.Toutefois, ilestuneconstanteàtouteslescultures:si l’homosexualitémasculineàparfoisététolérée,l’homosexualitéféminineatrèssouventétéignorée,oubliéeetbeaucoupmoinstolérée. Par ailleurs, la négation de l’existence de l’homosexualité a toujours été l’un deprocédélesplusefficacepouroublierlesdroitsdespersonneshomosexuelles.Aujourd’hui, les différentes orientations sexuelles reconnues sont l’hétérosexualité,l’homosexualité, la bi‐sexualité et la transsexualité. On regroupe habituellement lespersonneshomosexuelles,bi‐sexuellesettranssexuellessouslesigle«LGBT» (Lesbiennes,Gays,bisexuels,transsexuel).Lesstéréotypesetlesmythesàproposdeshomosexuels(personnesLGBT)Les stéréotypes et les mythes à propos des homosexuels (personnes LGBT) sontextrêmement nombreux et répandus. La grandemajorité sont évidemment faux. Ils sontconstruits sur des préjugés, des fausses représentations, des jugements de valeurs sansfondements, des idées toutes faites. Ils trouvent leur fondement dans l’homophobie(idéologiqueoudepréjugé), l’ignoranceou lapeurde l’autre. Ilssontdérivésde lanormehétérosexiste qui s’impose dans nos sociétés. Ils véhiculent souvent une image négative,infériorisante, dégradante et humiliante des personnes LGBT. (Cf. fiche pédagogique«déconstruisonslesstéréotypeshomophobes»)UnesociétédominéeparlanormehétérosexisteL’hétérosexismeestunsystèmedepenséeidéologiquefaisantdel’hétérosexualitélanormeuniqueàsuivreenmatièredepratiquesexuelle. Ilsefondesur l’idéedecomplémentaritédes sexes. L’hétéro sexisme renvoie à un présupposé qui veut que tout le monde soithétérosexuel, et que l’hétérosexualité soit le seul modèle relationnel acceptable (cf.

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homophobie institutionnelle et culturelle). Les homosexuels (gays, lesbiennes, bisexuels)sontdoncrejetésdanscesystème.Traditionnellement, la religion, l’éducation, les médias, la psychanalyse et la psychologiepopulaireontvéhiculél’imageducouplehomme‐femmecommeleseulmodèleacceptablederelationamoureuse.Parexemple,danslesmanuelsscolaires,notamment,lesmanuelsdebiologie et d’histoire, les rapports amoureux ou sexuels sont exclusivement abordés sousl’angled’unerelationhomme‐femme.Lestroisgrandesreligionsmonothéistes(Chrétiennes,musulmane et juive) condamnent moralement les relations amoureuses entre deuxpersonnedemêmesexe.Lesloisreflètentégalementcetteconceptionhétérosexistedelasociété: en France, la loi sur lemariage prévoit uniquement et exclusivement l’union dedeuxpersonnesdesexeopposé.Autrementdit,lemariagehomosexuelestinterdit.Comme legenre,cetteconceptionhétérosexistedesrapportsamoureuxousexuelsentrelesindividustend,dèslors,àêtreintériorisée,dèsleplusjeuneâge,parsocialisation.Cequine signifie pas que cette intériorisation de la norme hétéro sexiste par l’individu vaautomatiquement engendrer chez lui une attirance pour le sexe opposé. Elle est«transmise»etprésentedansnosinconscientscollectifscommenormesociale.L’hétérosexismeposedesidentitésmasculineetfémininedistinctes(lesgenres).Ilconsidèrele mode de vie hétérosexuel comme seul mode vie possible. On parle aussid’«hétéronormativité».L’hétérosexismeenglobeunensembledevaleursetdenormesquiattribuentunefaçondéterminéed’être,d’agiretdesecomporteràchacundesdeuxsexes.Ils’agitde«modèlesdegenre»,denormesprescriptives.Lesnormesvestimentairesoulafaçondes’exprimerensontdesexemples.Dansunesociétédominéeparlanormehétérosexiste,lespersonneshétérosexuellessevoientforcéesd’adapterleurcomportementpournepasêtre stigmatiséescommehomosexuelles.C’est cequ’onappelle le conformismedegenre. Pour ne pas être exclus ou victimes de comportements homophobes, les jeuneshomosexuel(le)ssonteux(elles)aussicontraint(e)sdeseconformeràcesnormesdegenres.Hétérosexisme,conformismedegenre,homophobie,discriminationetpréjugéssontalorsliés. L’homophobie serait le fruit de l’hétérosexisme. En promouvant l’heterosexualitécomme unique modèle relationnel entre les individus, l’hétérosexisme rejettel’homosexualité.C'estunehomophobie«pardéfaut».C'est‐à‐direquel'homosexueln'apasdereprésentationde lui‐même luipermettantdesesituerparrapportàunenormeautrequel'hétérosexualité(danslesdomainespolitique,desmédias,del’éducation,dumondedutravail).Cependant, on ne choisit pas consciemment son attirance pour l’un ou l’autre sexe.L’identitésexuelleseraitdécouverteàl’adolescenceetaucoursdescyclesdelavieadulte.Tout comme l’identité, elle dépend d’une multitude de facteurs: son éducation, sonenvironnementmais aussi et surtout son histoire de vie, ses besoins, ses attentes et lesexpériences que chaque individu développe. L’orientation sexuelle est le résultat d’uneconstruction, d’un processus psychologique personnel. La variété des orientations et desattirancestémoignedelacomplexitédesrelationshumainesetdeladiversitédesindividus.L’homophobie

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Nousavionsvuequel’originedel’homophobieétaitliéeàuneconceptionhétérosexistedelasociété.normestraditionnellesassociéesàlaféminitéouàlamasculinitéL’homophobie ne concerne ainsi pas uniquement les jeunes d’orientation homosexuelle,maistouslesjeunesquineseconformentpasauxprescriptionsdegenre.L’homophobiesepeutvadesviolencesverbales(insultes,sarcasmes,moqueries),physiques(agression, viole), et psychologiques (humiliation, intimidation, harcèlement) à ladiscrimination. On peut distinguer plusieurs niveau d’homophobie pouvant être le faitd’individusdegroupesets’exprimeràdifférentsniveauxdelasociété:–Homophobiedulangage:insultes,plaisanteries,vocabulairenégatifquistigmatisentl’homosexualitéetlespersonneshomosexuelles.–Homophobiepersonnelle:sentiment/croyancequeleshomosexuel(le)ssontanormaux,bizarres,malades.Sentimentdepeur,insultes,évitement,violenceverbale,voirephysique.–Homophobieinstitutionnelle:institutions,lois,règlementsquidiscriminentlespersonneshomosexuelles.– Homophobie sociale et culturelle : normes sociales et culturelles qui favorisentl’hétérosexualitéaudétrimentdel’homosexualité.–Homophobieintérioriséedespersonneshomosexuelles:ils/ellesintègrenteux / elles‐mêmes les préjugés, les normes sociales homophobes et en viennent à sedévaloriser,voireàsedétestereux/elles‐mêmes,etàdévaloriser,voireàdétesterlesgaysetlesbiennesdeleurentourage.– Hétérosexisme : présupposé qui veut que tout le monde soit hétérosexuel, et quel’hétérosexualitésoitleseulmodèlerelationnelacceptable(cf.homophobieinstitutionnelleetculturelle).L’homophobieintérioriséeLes personnes homosexuelles intègrent elles‐mêmes les préjugés, les normes socialeshomophobes et en viennent à se dévaloriser, voire à se détester elles‐mêmes, et àdévaloriser,voireàdétesterlesgaysetlesbiennesdeleurentourage.Le fait que les gays et lesbiennes grandissent dans un monde généralement hostile auxhomosexuels, et où il n'y a pas de modèles valorisés d'homosexualité, font qu'ilsintériorisent la violence homophobe qui les entourent (injures, propos méprisants,condamnationsmorales,attitudescompassionnelles).Cetteintériorisationdel'homophobiepeutentraînerunsentimentdeculpabilité,dehonte,voiredesdépressionsoudessuicides.L'homophobieestl'unedesprincipalescausesdesuicidechezlesadolescents2.L’homosexualité,«unstigmateinvisible»Un stigmate est une caractéristique associée à des représentations et des stéréotypesnégatifs.Dans le cardedediscriminations racistesou sexistes, la couleurdepeau, le sexeconstituent des «stigmates visible». L’orientation sexuelle ou l’identité sexuelle est un«stigmateinvisible».Les homosexuels (lesbiennes, gays, bi sexuels) peuvent décider ou non de révéler leuridentitésexuelledansleurrapportsaveclesautres.Danslesfaits,ilssontsouventcontraintdecacherleuridentitésexuellepouréviterd’êtrediscriminés,exclus.Laparticularitédesdiscriminationsfondéessur l’orientationsexuelleestqu’ellereposesurdes«stigmatesinvisibles»

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HomophobieetsexismeLe sexisme peut être une source de l’homophobie. L’homophobie masculine serait uneattitudeengendréepar lahantisequ’ont lesgarçonsderetrouvereneux toutcequipeutressembler au féminin. (D. Welzer‐Lang, 1994). Les garçons efféminés sont catégoriséscommedes«gays».Lesproposhomophobessontaussiunmoyend’affirmerson identitémasculineensedistinguantdecequirenvoieà la féminitéetauxfilles.L’homophobieestalorsunemanifestationdusexisme.LesdiscriminationspardomaineLes discriminations dont sont victimes les homosexuels sont difficiles à mesurer. Parcequ’être homosexuel n’est pas un critère statistique des données officielles, et que peud’enquêtessontréaliséessurlesujet.EmploiLes discriminations exercées à l’égard des personnes LGBT dans le monde du travailconstituentuneréalitéomniprésenteenmêmetempsqu’unsujettabouetoublié.Les situations de violences vécues par les homosexuels sontmultiples: insultes, blagues,moqueries, menaces, intimidation, harcèlements, agressions physiques, rejet. Une étudecommanditéparlaHALDEen20083montreque:

• 88%deshomosexuelsontaumoinsune fois ressentiet/ouétévictimeset/ouététémoinsd’homophobiedansl’ensembleduparcoursprofessionnel

• 40 % ont été au moins une fois victimes (blagues, insultes, dégradation, violence

physique, menaces d’outing, chantage au licenciement mentionnant explicitementl’orientationsexuelle)

• 40%des homosexuels déclarent avoir essuyédes remarques homophobes sur leur

tenuevestimentairedansleurentreprise,32%surleurcoiffure/accessoires,26%surleursgestesetattitudescorporelleset18%surleurvoix.

Les discriminations exercées à leur encontre sont particulièrement répandues dans unmondeprofessionnel largement dominépar la normehétérosexiste et fortement travaillépar la stéréotypisations sexuée des métiers et des secteurs. Comme les femmes, lespersonnes LGBT sont soumis à un «plafond de verre». Enmatière de rémunération, lessalariéshomosexuelshommesgagneraient,enmoyenne,5,5%demoinsqueleurcollègueshétérosexuelsdansleprivéet6,5%danslepublic4.Cettedifférencepeutallerjusqu’à10,5%sionlescompareàleurscollèguesmariés.Cettediscriminationestparticulièrementvisiblechezlescadres.Audelàdeladifférencesalariale,c’esttoutledéroulementdeleurcarrièrequi est affectée. Les discriminations qu’ils subissent concernent les restrictions àl’embauche, la mise au placard ou à l’écart, les licenciements et ruptures de contratabusives, les écarts de rémunération, les freins dans l’avancement et dans la promotionprofessionnelle.Il est cependant difficile demettre en évidence ces discriminations car peu de personnesdéclarentouvertementleurhomosexualitéautravail(66%déclarentn’avoirpasdévoiléleur

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homosexualité au cour de leur vie professionnelle). Par ailleurs, les discriminations sonttoujours«habilléesetmasquées»pard’autresmotifs.Parexemple, la ruptureducontratdetravailestfréquemmentjustifiéeparl'insuffisanceprofessionnelle,l'exécutionfautiveducontratdetravail,desactesmalveillants,lamésententeoudel'incompatibilitéd'humeur,lafaute,voireleharcèlementsexuel.Les discriminations et les violences homophobes dépendent des secteurs professionnels.Certains secteurs seraient plus «homophobes» que d’autres. Selon l’étude de la HALDE,l’homophobieperçueseraitplusimportantedansledomainedel’éducationquedansceluide l’immobilier/location/serviceauxentreprises.Egalement, l’industriemanufacturière, lestransport/communicationainsiquelestrèspetitesentreprisesconstituentdesvariablesquirenforcentleshomophobiesperçues.Les personnes L&G sont contraintes d’adopter des stratégies pour masquer leur identitésexuelle:ilsutilisentdesfaux‐semblant(motsneutrescomme«ami»ou«conjoint»pourjouerleshétérosexuelsclassiques), ladissimulation(ilsn’évoquentjamaisleurvieaffectiveetsentimentale)oulacouverturequiconsisteàs’inventerunevied’hétérosexuel.Education

• Codedel’Éducation(articleL.312‐16)prévoituneinformationetuneéducationàlasexualitédispenséesdanslesécoles,lescollègesetleslycées

• Circulairen°2003‐027du17février2003relativeàl’éducationàlasexualitédanslesécoles, collèges et lycées (qui mentionne la lutte contre les préjugés sexistes ouhomophobes).

• Circulairen°2006‐197du30novembre2006relativeaucomitéd’éducationàlasantéetàlacitoyenneté(CESC).

L’homophobieàl’écoleRésultats «Enquête surl’homophobie en milieu scolaire» 2006, SOS Homophobie: 712personnesinterrogées

• 58% des personnes interrogées déclarent avoir été soit victimes soit témoinsd’homophobie

• lesmanifestationsprincipalesdel’homophobiesontlesmoqueriesetlesinsultes(55

%). Dans 5 % des cas, il y a coups et blessures. Ces actes sont renouvelés oupermanentspour46%d’entreeux.

A l’école, l’homosexualité demeure un sujet tabou, difficilement abordable par lesenseignants et les éducateurs. Le manque de ressources conceptuelles et pédagogiquesfacilementappropriables, la craintede s’exposeraux réactionsviolentesdesélèvesetdesparentssontàl’originedesréticencesducorpsenseignantàabordercesujet.L’écolecommelieud’émancipationindividueletsocialreprésenteunespacedeconstructiondesonidentitéetnotammentdesonidentitésexuelle.Pourtant,elleestsouventlethéâtrede la manifestation de l’homophobie et de l’expression des préjugés. Ce rejet del’homosexualitésemanifesteentrelesélèves,trèstôtparuneviolenceverbale(moqueries,

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injures), psychologique (harcèlement et intimidation) et physique (agression, viol).L’homophobie peut aussi être dirigée vers des jeunes qui, par leur attitude, leurcomportement ou leur tenue vestimentaire, dérogent aux normes traditionnellementassociéesàlaféminitéouàlavirilité.Généralement,lesinjuresetlesmoqueriesàcaractèrehomophobesefontentendredanslesclassesetlescouloirsdel’école.L’intimidationetlesagressionssont leplussouventcommisesà l’insudupersonnelenseignant,dansdes lieuxcommelacourd’école,lesvestiairesetlesbusscolaires,avantetaprèslesheuresdeclasse.Lescomportementshomophobessontaussibienlefaitdesgarçonsqueceluidesfillesquiles expriment souvent de manière plus implicite, par des attitudes de stigmatisation,d’exclusion.Cesviolenceshomophobesexercéespar lespaires (intimidationet leharcèlement)ontdegraves conséquences sur les jeunes LGBT en terme de bien‐être, d’estime de soi et derésultats scolaires. L’homophobie provoque sentiment de honte, de culpabilité et dedévalorisation chez les homosexuels. Ce sentiment de honte mine son épanouissementpersonnel et limite la conduite de sa vie5. La crainte d’être identifié comme gay oulesbienne, puis d’être stigmatisé, est un motif important d’anxiété, de dépression etd’idéationssuicidaireschezlesjeunes(J.Vincke,1998).En1978,unerechercheaméricaineadémontrépour lapremière fois,que les risquessuicidairesétaientplusélevésauseindesadolescents homosexuels et bisexuels avec un taux treize fois plus important que leshommes hétérosexuels. Une étude du Québécois Michel Dorais montre que le taux desuicidechezlesjeuneshommesd’orientationhomosexuelleestdetroisàsixfoisplusélevéque chez les jeunes d’orientation hétérosexuelle6. Chez les jeunes lesbiennes, le taux desuicideestencoreplusélevé7.Enfin, ladiscriminationà l’égarddeshomosexuelspeutégalementêtre le faitdesadultes,qui, consciemment ou non, adoptent parfois des attitudes, des pratiques inspirées d’unevision «hétéro‐sexiste» de la société, reproduisant ainsi les stéréotypes à l’égard deshomosexuels.Au delà certaine pratiques, lemanquede reconnaissance, de représentations et d’imagespositivesdespersonnesLGBTauseindel’écoleetdanslesprogrammesscolairesrévèlelemalaisedel’institutionscolairevisàvisdecesujet.Lesenseignantssontrarementformés,préparésouenclinsàdiscuterdecesquestionsd’identitéetorientationsexuelle.Decefait,les jeunes ne se tournent pas vers les enseignants ou les éducateurs pour évoquer leurorientation sexuelle et dans les bibliothèques les ouvrages sur l’homosexualité sontquasimentinexistants.Cemanquedecompréhension,desensibilitéetdesensibilisationdela part l’institution scolaire et de ses acteurs renforce l’isolement social et l’exclusion desjeunesLGBT.L’homophobie à l’école est une réalité difficile mesurer car les victimes sont souventréticentes à déclarer un acte homophobe. Selon l’enquête sur l’homophobie en milieuscolairedeSOSHomophobie,44%desvictimesn’oseraientpasenparler.Al’Université,lespréjugésetl’homophobiepersistentUne enquête de SOS Homophobie «sur les représentations de l’homosexualité dans lemilieu étudiant», paru en février 20118, révèle que pour un étudiant(e) sur 5,l'homosexualité n'est pas « une manière d'aimer comme une autre » que 13% desrépondant(e)s estimentque l'homosexualitéest«uneorientation sexuelledéviante».Demême, ilsetellessont19%àsedire«choqué‐e‐s»ou«dégoûté‐e‐s»paruncouplede

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même sexequi se tient lamainou s'embrasseenpublic.Unemajoritédes répondant(e)sestiment que les insultes « pédé », « enculé », « gouine » ou « tapette » ne sont pasforcémentoupasdutouthomophobes.Demême,47%desrépondant(e)shétérosexuel‐le‐sne constatent « jamais » d'insultes homophobes sur leur lieu d'études, contre seulement30%deshomoetbisexuel‐le‐s:cetécartmontrecombienlesdifficultésrencontréesparleshomoetbisexuel‐le‐srestentméconnues.Cetteenquêtesoulignelanécessitédeluttercontrel’homophobie,lespréjugésetpourunemeilleure acceptation des homosexuels, dès le plus jeune âge, à l’école, au collège et aulycéemaiségalementàl’université.Viefamilialeetfiliation,desdiscriminationslégalesLemariageLe code civil ne limite pas l'accès au mariage aux seuls couples de personnes de sexesdifférents,pasplusqu'auxseulscouplesdepersonnesdemêmesexe.Cependant,lemariagen'estpasnonplusexplicitementouvertauxcouplesdemêmesexe.Pardéfaut, lemariageestdoncàprioriouvertàtous(couplesdepersonnesdesexesdifférentsoudepersonnesdemêmesexe).Cependant,danslesfaits, lesdemandesdemariageentredeuxpersonnesdemêmesexeavaientjusquelàtoutesétérefuséessansmotifsjuridiqueapparent.Lepremiermariageentredeuxpersonnesdumêmesexeaeulieule5juin2004enFrance.Ilaprovoquéde vives réactions de contestation, en particulier de la part des représentants dugouvernementdel’époque.Derrièrecetteprivationdudroitaumariagesejoueégalementdesrestrictionsdansl’accèsàcertainsdroitssociauxetcivilsqu’ilprocure:couverturesociale,transmissiondepatrimoine,adoption…L’adoptionL'adoption conjointe par des pacsés ou des concubins n'est pas autorisée. Les couplesadoptants doivent êtremariés depuis aumoins deux ans. En cas de divorce, le parent se"découvrant homosexuel" bénéficie moins souvent du droit de garde que le parent non"homosexuel",etceendépitdelalégislationenvigueur,quinefaitpas(danslestextes)dediscriminationsurl'orientationsentimentaleetsexuelledesindividus.Depuis1966,l'adoptionplénièreestouverteauxcélibataires.Toutcélibatairedeplusde28ans peut adopter un enfant. Les "homosexuel(le)s" peuvent donc adopter des enfants entantquecélibataire.Cecientreencontradictionaveclaloiinterdisantauxcouplesdemêmesexed'adopter(uncélibatairepeutadopter,puissemettreencouple).Cependant,ilfautajouterquelorsdelaprocédured'agrément,l'homosexualité,dèsqu'elleestclairementrévéléeestunmotifderefus!Depuisle1erjanvier2005,laloiinterditcettediscriminationliéeàl'orientationsentimentaleetsexuelle(discriminationtrèssouventfaiteparlesorganismesgestionnairesdesprocéduresd'agrémentd'adoption).Maisrienn'estfaitconcrètementpourappliquercette loietcombattreainsi ladiscrimination.DeuxarrêtsduConseil d'Etat, en 1996 et 1997, ont même instauré une jurisprudence qui pousse lescandidatsàl'adoptionàcacherleurhomosexualité!

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LaprocréationMédicalementAssistéeLesloisdebioéthiquedejuillet1994encadrentstrictementlapratiquedelaPMA:Ellen'estautorisée, de façon clairement discriminatoire, qu'aux couples hétérosexuels vivants encoupledepuisaumoinsdeuxansaumomentdelatentativeetenâgedeprocréer.LedondusangLe Mercredi 14 janvier, un arrêté définissant de nouveaux critères pour sélectionner lesdonneurs de sang a été signé. L'âge limite du premier don est repoussé à 65 ans et lesdonneurs régulierspourrontdonner jusqu'à70ans.D'autrepart, lenombremaximumdedonspassede20à24paran(plaquette,sangetplasmaconfondus).Maisl'unedesmesuresdecetarrêtéprovoquelacolèredecertainesassociations.Eneffet,leshomosexuelsmâlesexclusdudondusangdepuis1983

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Discriminationfondéesurl'origine,l'appartenance ou la non appartenance, vraie ou supposée,d'unepersonneàuneethnie,unenation,unerace,etsurlacouleurdepeauOn appelle discrimination raciale toute distinction opérée à raison de l'origine, ou del'appartenanceounonappartenanced'unepersonneàuneethnie,unenation,unerace,oude sa couleur de peau (apparence physique). L'apparition de la notion de discriminationracialefaitsuiteàlapériodedesluttescontreleracismedesannées1960‐1990.Certains auteurs parlent de «discrimination raciste». Ils jugent le terme «discriminationraciale»euphémisantcarcequisejouederrièrecesprocessus,cespratiques,qu'ils'agissedediscriminationdirecte,indirecte,systémique,c'estbienduracisme.Sous cette rubrique nous regroupons les critères de «race», «d'appartenance ethnique,nationale», et de «couleur de peau» car ils sont souvent associés, confondus dans laformationdespréjugés,des stéréotypeset serventdebase communeauxdiscriminationsraciales.La discrimination fondée sur l'origine, «la race» l'appartenance à une ethnie, une nationconcerne étrangers, les immigrés (qui peuvent être de nationalité française), et leursdescendants(essentiellementfrançais).Ladifficultédemesurer lesdiscrimination fondéessur l'origineethnique, l'appartenancereligieuseEnFrance,lesraisonsdel'émergencetardivedelaquestiondesdiscriminationsracialesouethniques sont liées,enpartie, à l'absencedepreuves statistiquesquantifiables liéesà cetype de discrimination. En vertu du principe universaliste de non‐distinction des individusselon leurorigines, laRépubliques'interditdecollecterdesdonnées relativesauxoriginesnationalesethniquesoureligieuses.Les catégories ethniques, nationale ou religieuse n'existent pas dans la nomenclature desrecensements, des statistiques publiques. Autrement dit, elles ne donnent pas lieu à unrecensement,àladifférencedesÉtats‐Unisoùlesafro‐américain,lesasiatiques,leslatinos...sontofficiellementdénombrés.En France, il est donc quasiment impossible d'établir des statistiques sur l'ampleur desinégalités et discriminations en matière d'emploi, de logement, d'éducation en ce quiconcernelespersonnesappartenantauxdifférentsgroupesethniquesetreligieux.Cen'estparexemplepaslecasdesdiscriminationfondéesurlesexe,surl'age,lehandicap...Le «testing» est un mode de preuve qui consiste à comparer le sort réservé à despersonnesderéférenceavecceluiréservéàdespersonnessusceptiblesd'êtrediscriminéesenraisond'uncritèreprohibé.Ilconstitueuninstrumentutilepourmettreenévidencelesinégalitésetdévoilerlanaturediscriminatoiredecertainscomportements.Lesinégalitéspardomaines

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EnFrance,ilestinterditdecollecterdesdonnéesrelativesauxoriginesnationales,ethniquesou religieuses. Il est donc difficile de quantifier les inégalités selon l'origine des individus.Cependant,voiciquelquesdonnéesquipermettentdedonnerunaperçudecesinégalitésetde déceler de la discrimination à l'égard des personnes étrangères, immigrés ou nées deparentsimmigrés.Cesinégalitésnesontpasuniquementlefruitdediscriminationsraciales.Entreautre, l'origine socialepeutêtre la causedeces inégalités.Également,unenouveaumodedepreuve, le testingàpermisdemettreenévidencedespratiquesdiscriminatoiresdansdifférentsdomaines(emploi,logement,loisirs)Emploiaccèsàl'emploi

• Le chômage frappe plus les étrangers que les français : 22,2% des actifs nonressortissants(horsUE)contre7,5%desfrançais1

• Entre 30 et 39 ans, plus de 35% des étrangers originaires d’Afrique sont au

chômage,contre11%deceuxquiviennentdel’intérieurdel’Unioneuropéenne2.

• Letauxdechômagedesimmigrésestde15,2%contre7,3%pourlesnon‐immigrés

• Cette différence peut s'expliquer par le niveau de qualification (les immigrés sontplusnombreuxàoccuperdesemploispeuounonqualifiésetsontdoncdavantageexposésauchômage).

• Cependant,àCSPéquivalentlesimmigrésdemeurentplussouventsansemplois• Lesfemmesimmigréessontplustouchéesparlechômagequeleshommesimmigrés

:17,3%contre13,5%.

• Le tauxd’activitédes femmes immigrées estde9points inférieurà celuidesnon‐immigrées:57%contre66%

• Letauxdechômagedesjeunesdontlesparentssontnésàl'étranger(horsUE)est

de28%,contre13%pourlesjeunesdontlesparentssontnésenFrance.• Troisansaprèslafindeleursétudes,66%desenfantsd'origineétrangère(dontles

deuxparentssontnéesàl'étranger)occupentunemploicontre79%pourlesenfantsdontlesdeuxparentssontnéeenFrance(61%pourlesenfantsdontlesparentssontnéesauMaghrebet59%pourlesenfantsdontlesparentssontnésenAfriquesub‐saharienne)

• Letauxdechômagedesjeunesnon‐diplômésdontlesparentssontnésàl'étranger(horsUE),troisaprèsleursortiedusystèmeéducatif,estde42%.Ilestde30%pourlesjeunesdontlesparentssontnésenFrance3

conditionsdetravail

• Lapartdes jeunesenCDI,dont lesparents sontnésà l'étrangeretde56%contre64%pourlesjeunesdontlesparentssontnésenFrance

Typed'emploi

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• Troisimmigréssurdixoccupentunemploinonqualifié• Les immigrésoccupentprincipalementdesemploisd’ouvriersoud’employés:c’est

lecaspour62%d’entreeuxcontre51%desautresactifsayantunemploi,d’aprèslerecensementdelapopulation

• 46% des hommes immigrés actifs sont ouvriers, contre 35% des hommes nonimmigrés.Leshommesimmigréssontplussouventouvriersnonqualifiés

• Les femmes immigrées sont plus fréquemment employées à temps partiel que lesautresactives(34%contre28%).

Éducation

• A l’entréeen6ème, les résultatsobtenusauxévaluationsnationalespar lesélèvesdont les deux parents sont immigrés, se situent près de dix points au‐dessous desrésultatsobtenusparceuxdontlesdeuxparentssontfrançais.

Les raisons de ces différences de résultats scolaires liée à l'origine sociale (la CSP desparents).LogementTesting5:àniveaudevieéquivalent,lescandidatsportantunnomévoquantuneoriginedeFrance métropolitaine obtiennent deux fois plus de rendez‐vous pour une visited'appartement, et au terme de cette visite ils ont 4 fois plus de chances d'obtenirl'appartementquelescandidatsd'originemaghrébineouafricaine.Lesdiscriminationsdansl'accèsaulogementtouchentmajoritairementlesimmigrésquecesoitdansleparclocatifprivéoudansleparcpublic.Cesdiscriminationspeuventêtreaussibiendirectesqu'indirectesetsystémiques.Elle peuvent, par exemple, être liées à des comportements racistes dans le parc privé, lepropriétairerefusantdélibérémentde loueràunepersonneouunefamille immigréemaiségalement liées aux représentations sociales du risque attaché à certains groupesdans lecadre de logiques de gestion patrimoniale (de valorisation des programmes) des bailleurssociaux. Les immigrés originaires duMaghrebet plus encore les d'Afrique Sub‐saharienneendossent l'image d'un «groupe à risque» de la gestion immobilière qui ferait fuir les«bonscandidats».Danscesreprésentationssemêlentdesstéréotypesculturalistessur lecomportement et le mode de vie des « Africains » (avec une focalisation sur les cas depolygamie et les difficultés de gestion qui en découlent), les anticipations de troubles devoisinage ou les actes de racisme générés par l’installation de ces familles. Cesreprésentationsguidentlespratiquesdesagentsdistinguantles«bons»etles«mauvais»groupes au mépris des critères formels d’attribution des logements. Les pratiquesdiscriminatoires se dissimulent ou se combinent souvent derrière d’autres justificationscommelescaractéristiquessociales,familiales,l'impératifdemixitésocialeou«d'équilibresociologique»,cequilesrenddifficilementdécelables.Cesdiscriminationspeuvent,entreautre,semanifesterpardes«pratiquesdeguichet»quivontdesproposdenatureàdécouragerledemandeuràdesproposdélibérémenthostilesou des fins de non recevoir apparemment injustifiées. Il peut s'agir de délais d’attenteanormalement longs dans le traitement des dossiers, de propositions de logement situés

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exclusivementdansdesquartiersstigmatisés,derefusmotivésparlapratiquedequotadansleparcsocial,descritèressocio‐économiqueset/oufamiliaux.Par ailleurs, la logique de gestion patrimoniale aboutie souvent à une spécialisation «ethnique » d’une fraction du parc social qui résulte des stratégies de regroupement desimmigrés dans les secteurs non « récupérables » ou « sacrifiés ». L'idée selon laquelle laprésencede locataires immigrésdansun secteur serait synonymed'unedévalorisationdusite pousse les bailleurs sociaux reporter les demandes des personnes immigrées vers lesprogrammespeuattractifs.Dansleparcsocial,lesdiscriminationsethniquesdansl'accèsaulogementsontégalementlefruit de discriminations indirectes générées par les procédures complexes composant lachaine d'attribution qui défavorisent clairement lesménages immigrés : accumulation depièces justificatives à fournir lors du dépôts de dossiers, nécessité de présenter desconditionsd'hébergement«ordinaires»,utilisationdeconditionsd'anciennetéderésidencedans la communeoudans la région... Cesprocédures«composentun systèmede filtragequi, sans avoir besoin de s’assigner des objectifs discriminatoires, pèse sur les trajectoiresrésidentiellesdecesménages6».Larace,commeleracisme,sontdesconstructionssocialesConfrontés aux réalités physiques ou biologiques, la race comme le racisme sont desconstructions sociales, qui résulte du jugement social que l'on porte sur une différencepréexistante,commelephénotype,lacouleurdepeau,l'ethnie,lacultureoulanationalité.Elleestleproduitd'interactionshumainesetdeluttesd'intérêts.La ségrégation raciale ne reflète pas une différence anthropologique proportionnée à lapigmentationdelapeau,elletraduitunedifférencesocialedoncinculquéepar l'éducationetpartoutuneformationausenslargeduterme(MaxWeber).(RapportCOMEDD)Silesracesn'existentpas,leracismeetladiscriminationracisteexistentet,engénérantunehiérarchisation‐différenciationentrelesgroupes,produisentdoncsocialementlesraces(cesontleshiérarchiessocialesquicréelesdifférencesetnonl'inverse)L'ethnicisationdesrapportssociauxDepuis, lesannées1970‐1980,onassisteenFranceàunphénomèned'«ethnicisationdesrapportssociaux».L'ethnicisationest lecomportementconsistantàdésignerdes individusou des groupes à partir de critères comme l'origine géographique, ethnique, nationale,linguistiqueoureligieuse:maghrébins,musulmans,latinos...«L’ethnicisationestunfaitdepsychologiesociale,c'estunmodedecatégorisationsociale.Elle consiste, pour le majoritaire, à voir les individus issus de l’immigration comme lesmembres d’une catégorie définie par une origine et une culture différente (de soi) etinférieure (l’ethnicisation impliquetoujoursun jugementdévalorisant).Ellesemanifesteenpréjugésàl’encontred’autruiàraisondesaculturesupposéedifférente,etgénéralementendiscriminations10».L'ethniciationdes rapports sociaux a généralementun impact négatif sur l'intégrationdesimmigrés dans la société et, notamment, sur l'acceptation des minoritaires par lesmajoritaires.

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«Lesformesd’intégrationqueprésententlesdescendantsdesfluxmigratoiresmaghrébins–forte convergence culturelle et insertion socio‐économique médiocre – s’expliquent pourpartie aumoins par les discriminations exercées à leur encontre sur une ; base ethnique,tandisqu’ilssontadaptésculturellement»(Lorcerie).L'originedesdiscriminationsracistesTroismanifestationduracismeselonPierreAndréTaguieff13:

• Le«racismeidéologie»quirenvoieàdesdoctrines,conceptiondumonde,visiondel'histoire,théorie,philosophie

• Le«racismepréjugé»associéàdesattitudes,dispositionsaffectivo‐imaginaireliées

àdesstéréotypesethniques,semonnayantenopinionsetcroyances

• ladiscriminationracisteoule«racismediscrimination»quisontdescomportementscollectifs observables, voir mesurables liés à certains modes de fonctionnementsocial.Commepratiquediscrimination,ségrégation,violence

Ces trois formes de racisme ne se recoupent pas nécessairement. Si le «racismeidéologique» est une des causes de la discrimination raciste, l'origine du développementdesdiscriminationsracistesestsouventplussubtile.Eneffet,lesthèses,l'idéologieafférantàcediscoursontétéinvalidéesparlesscientifiquesqui ontdémontré, dans les années1950‐60, que leshumains étaient génétiquement tropsemblablespourqu'onpuissentparlerderace(99,9%desgènessont identiquescheztouslesêtreshumains).Decefait,sicesthèsesn'ontpasdisparues,ellestendentdemoinsenmoins à être mises en avant pour expliquer les comportements et les pratiquesdiscriminatoires.Le«racismepréjugé»quidésignedesattitudesnégativesàl'égardd'ungrouperaciséetdeses membres, construites à partir de croyances, de jugements, de stéréotypes racistesassociéesauxcaractéristiquesdeces individusetdecesgroupesestégalementsourcedediscriminations racistes. Ces représentations peuvent être explicites et conscientes chezcertainsindividus.Cependant,ellespeuventégalementêtreancréesdansnotreinconscientcollectif(implicitement),vialesmodèlessocioculturelsetlesschémasdepenséehéritésdenotreenvironnementsocial(famille,milieusocial...)quel'onaprogressivementintégré.Cecinousamèneàconsidérerque lesdiscriminations racistes, comme lesautres typesdediscriminations,nesontpasuniquement«directes»,c'estàdire,explicitesetvolontaires.Elles peuvent être inconscientes, fondées sur des pré‐supposés, des attentes quant auxdiversgroupesquigénèrentdespratiquesdiscriminantesàl'égarddecesgroupes.Cependant, si la discrimination raciale a pour origine le racisme, elle ne se réduit pas àl'expressiond'un«racismeidéologique»oud'un«racismepréjugé»,«infra‐conscientisé».Il ne faut donc pas confondre «racisme» et «discrimination raciste». En France la luttecontre les discriminations racistes a souvent été réduite à la lutte contre le racisme,dissimulant lesspécificitésde laquestionde ladiscriminationracistecommeunequestionsociale différente, voir indépendantde la questiondu racisme. Le racismepeut êtreposécomme cadre d'origine de l'apparition de la discrimination racialemais il ne suffit plus àl'expliquer et à la concevoir comme question sociale. Question sociale au sens où les

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discriminations sont à appréhender dans le cadre des rapports entre groupes sociauxmajoritaireetminoritaire.Le concept de relations sociales de domination plutôt que le racisme peut permettred'expliquerledéveloppementdespratiquesdiscriminatoiresàl'égarddesgroupesracisés.Ledéveloppementdesdiscriminationsracistesseraitaujourd'huid'avantagelaconséquencede l'existence d'un «rapport social de domination» entre le groupe majoritaire et lesgroupes minoritaires. Ce rapport social de domination serait construit à partir dereprésentationsdesgroupesdominésproduisantundiscourspermettantdelégitimeretdejustifierlesdiscriminationsracistes.Cerapportsocialdéséquilibréestenpartirdûàlaplacequ'occupentetqu'ontoccupéslesgroupesminoritairesdanslasociétéetsurtoutàlareprésentationdecetteplace.Ilestdoncégalement à appréhender à partir de la pensée colonialiste et de la domination qui ontstructurépendantlongtempslerapportauximmigrés.Les populations immigrés et leurs descendants ont longtemps été considérés comme«extérieurs» à la nation, comme les populations à «intégrer», c'est à dire à doter deressources nécessaires, venant palier à leur manques et à leur déficiences, en vued'améliorer leur compréhension et leur participation à la société française. Encoreactuellement, les appellations partagées «jeune d'origine immigrée», «jeunes issus del'immigration»nesontpasneutresetlesrenvoieàcetteextériorité.Aujourd'hui, les «populations d'origine immigrée» sont souvent considérées par lespolitiquessocialesetdans lesmédiascommerelevantd'un«problème».Parexemple,entermed'emploi,desdispositifspublicsplusoumoinsstigmatisantles«désignent»commelacatégorieàinsérer,«cellequiposeproblème».Lemédiaslesassocientrégulièrementàlaviolence,auxémeutes.Ces mécanismes contribuent à construire et à entretenir des représentations, desperceptions, une image négative, stigmatisante des populations immigrées. Cesreprésentationssestructurentnotammentautourd'une«figuredel'immigré»,construiteàpartirdesproblèmesqu'ilposeetquirenvoieàlaquestiondelalégitimitédesaprésence.C'est à travers cette question de la légitimité/illégitimité que se définissent cequ'Abdelmalek Sayad appelle les «rapports de forces symboliques» qui expriment desrapports sociaux de domination entre les groupes, assignant le groupeminoritaire à uneplacededominé.Atraverscette logique, ils'agitdoncdesprocessusdedifférenciationetdehiérarchisationsociales qui font des notions «d'ethnies, de religion, de race ou de nationalité» unecatégorieetuncritèredeclassement.Ces représentations de la perceptions de la place des groupes racisés dans la sociétégénèrentdeladiscriminationqui,enretour,contribueàentretenir,(légitimer)etreproduireces représentations sociales discriminantes. Dans ce cadre, la discrimination raciste peutêtreconsidéréecomme«unespaceréeletsymboliquedeproductionderapportssociauxdedomination»parlesreprésentationssocialesqu'ellealimente(stigmates,...)14Qu'elles soient issus d'un conception et d'une idéologie raciste hiérarchisant les groupeshumains,depréjugésetdestéréotypesassociésàdesgroupes racisés,oude laprésence,dans la société, de mécanismes de domination d'un groupe majoritaire sur un groupe

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minoritaire, dans tous les cas, l'origine des discriminations racistes résident bien dans lesreprésentations(négatives).Lesdiscriminationsracistesproduisentunehiérarchisation‐différentiationentrelesgroupessociaux ayant des conséquences matérielles dans l’accès aux biens, aux services et auxdroits.Audelàdecombattre leracisme, il importedoncdefaireévoluercesreprésentations,cespréjugés et stéréotypes racistes. Il importe aussi de combattre les représentations quialimententlaperceptiondel'altéritéentrelesgroupesbaséssurlaraceoulacultureetquisontàl'originedesprocessusdevictimisationdesgroupesminoritaires.Lacatégorisationethniqueàl'écoleLes inégalités de réussites scolaires selon l'origine apparaissent comme une réalitésubjectivevécueetressentieparlesélèves,lesenseignantsetlesfamilles.Lesenfantsdontlesparentssont immigrés réussissentmoinsbienà l'école. Ilsontdemoinsbons résultatsscolaires,sortentplusfréquemmentdusystèmeéducatifsansdiplôme,sontsur‐représentésdanslesfilièreslesmoinsprestigieuses.ChiffresortiesansdiplômeNéanmoins, on ne peut pas parler de «discrimination» liée à l'origine des élèves dansl'école,ausensstrictduterme.C'estàdireausensoùunindividuseraitindumentprivéd'undroitoud'égalitédans l'accèsàunservice,oudans lecasd'unedispositionapparemmentneutre qui nuirait spécifiquement à une catégorie de population. L'école Républicaineaccueille tous les élèves sans distinction de race, de couleur, d'origine, d'appartenanceethnique,religieusesetc.Cependant,forceestdeconstaterquel’écolen’estpasuniquementlelieuoùsemettentenscène les inégalités et la discrimination sociales, mais qu'elle contribue elle‐même à laproductiondesinégalitésetà lareproductiondediscriminations(2).Denombreuxtravauxsociologiquesontmontréqu'àtraverssonfonctionnement,l'école(sesagents,l'institution)entretien des mécanismes discriminatoires qui produisent, reproduisent et amplifient lesinégalités entre les élèves selon leur origine. On parle de «racisme institutionnel», de«catégorisation ethnique» (Lorcerie) ou d'«éthnicisation des rapports sociaux à l'école»quidésignentl'usageplusoumoinsimplicitedesclassementsethniquesdanslagestiondelapopulation scolaire. Elle se manifeste notamment à travers les «opérations banales»comme la fabrication des classes, les pratiques d'orientation, d'évaluation et de prise enchargedesdifficultésscolairesetdisciplinairesdesélèves(punition,leconseil),lesrelationsentreécoleetfamilles...«Cesclassementss'exprimentleplussouventdefaçondétournéeetépisodique».Les phénomènes d'ethnicisation des rapports sociaux à l'école recouvrent aussi laségrégationscolaire,lesrapportssociauxauseindel’école(entreélèves,danslesrelationsprofesseurs‐élèvesouentrepersonnelsducorpsenseignanteux‐meme)etl’ethnicisationdelaviolenceàl’école.Cette «catégorisation ethnique» a notamment été encouragée par le développement deprocessus ségrégatifs qui ont eu pour effet de rendre moins mixtes deux typesd'établissement scolaires : les établissement de prestiges de plus en plus sélectifssocialement,etlesétablissements«défavorisés»,généralementclassésenZEP,situésdans

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lesquartiers«ditsendifficulté»etqui concentrent les catégoriesdepopulations lesplusdémuniesdontlesenfantsd'immigrés.A l'origine de ces catégorisations et des ces pratiques, les préjugés, le stéréotypage et lastigmatisation à l'égard d'une caractéristiques comme l'appartenance religieuse ouethnique.Silesagentsscolaires,éducateurs,professeurscharrientdemanièreplusoumoinsconsciente des stéréotypes, c'est le système scolaire dans son ensemble qui, dans sonfonctionnement,manipuledescatégoriesethniquesdontl'usageestpourtantcontraireauxidéauxrépublicainsqui fondent l'école française.Cesclassementsdictent lespratiques, leschoix des acteurs de l'école. Il s'agit de discriminations «informelles», «rampantes»,«systémiques».Parexemple,dans la constitutiondes classes, JeanPaulPayetamontréqu'il existaitdanscertainsétablissementsunerépartitiondifférentielledesélèvesétrangerset françaisselonles classes au delà de ce qu'exigerait leur différence de niveau scolaire15. A travers laconstitution des classes, des logiques conduisent le système scolaire à créer dességrégations internes. Dans de nombreux établissements, il existe quelques «mauvaisesclasses»majoritairementpeupléesd'élèvesd'origineétrangère.En terme d'orientation, on observe que la hiérarchie des filières recouvrent souvent unecertaine répartition ethnique des classes selon le degré de prestige de la filière. C'estparticulièrementvraidansleslycéesprofessionnels.Parfois,cesdécisionsdiscriminatoiressontprisespourprotégerlesélèvesduracismeetdespréjugésqu'ilsseraientsusceptiblesderencontreràl'extérieurdusystèmescolaire(casdelarecherche de stage dans certaines branches professionnelles sur lemarché du travail parexemplemétierenrelationaveclaclientèle).Ouracismevoilé?Il s'avère que les ségrégations internes jouent sur le climat de l'établissement et sur lességrégations ethniques16. Les élèves observent des différences de composition ethniqueentrelesclassesetsaventaussiqu'ellessontenpartielefruitdetraitementsinégalitairesetxénophobes.Cetteformedediscriminationencourageparfoisuneethnicisationdesconflitsentrelesélèvesdesdifférentesfilièresoudesdifférentesclassesquinesontpasdupent.Lesélèves des filières et des classes les moins prestigieuses, les moins valorisées,majoritairement«descendantsd'immigrés»,sesententreléguésenraisonsdeleurorigineethniqueoureligieuse.A l'inverse,cetterépartitionethniquerenforce,chez lesélèvesdesfilièresplusprestigieuses,plussouventfrançaisdesouche,laperceptiondel'altéritévisàvisde ces élèves. Cette situation entraine parfois l'expression de propos, d'attitudes et decomportementsracistes.L'expériencescolaireesticifondatriceduracisme.«Lesréinterprétationentermeethniquede l'expériencescolairedecertainsélèves issusdel'immigration conduit à des oppositions frontales envers les enseignants soupçonnés plusfacilementderacismeoudiscriminationsqu'ailleurs17.»Cette catégorisation ethnique affecte les parcours scolaires des jeunes «issus del'immigration».Elleaégalementpoureffetdemettreenexerguelesdifférencesethniquesetderenforcerlaperceptiondel'altéritéentrelesjeunesselonleurorigine.renforcerlemarquageethniquedesindividus

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DiscriminationfondéesurlareligionLadiscriminationreligieuseserapporteàuneconsidérationoudistinctiondésavantageusede personnes qui se fonde sur leur affiliation religieuse, leurs convictions (ou non‐convictions) personnelles, leur aspect ou comportement fondé sur leurs convictions ouencoreleuraffiliationreligieusesupposée1.L'identitéreligieuseestcommunémentperçuecommeétroitementliéeàl'identitéracialeetethnique:ilestsouventdifficiled'établirunedistinctionentreladiscriminationfondéesurlemotifdelareligionetcellequisefondesurlesmotifsdel'origineethniqueouraciale.Cetteintersection s'avère particulièrement forte dans le cas, par exemple, de la communautéjuive,quiestvictimedediscriminationenraisonnonseulementdesareligionmaisaussidecaractéristiques ethniques, nationales ou perçues comme raciales. Les personnes victimesdediscriminationreligieuselesontsouventsurlabasedeplusieursmotifs.Lareligionpeut,parexemple,êtreprétexteà ladiscriminationenraisondel’origineethniqueencequ’elleestporteusederéférentsculturelspouvantfonderunediscrimination,cequifaitquelalignede démarcation entre ces deux critères de discrimination doit être analysée aveccirconspectionaucasparcas.L'intersection entre la race et la religion est particulièrement courante en Europeaujourd'hui:d'unepart,parcequecertainsgroupessecaractérisentàlafoisparleurorigineethnique/nationale et par leurs origines religieuses/culturelles; et, d'autrepart, parcequepréjugésracistesetpréjugésreligieuxserejoignentsouvent.Ilestalorsdifficiled'établirunedistinctionentrelesdeux2.Cependant, ils convientdepréciser cesdifférents termespour comprendrequ'ils peuventrenvoyer à des ensemblesdistincts et rappeler que les amalgameset les rapprochementssystématiquesentre«race»,religion,ethnie,cultureetnationalitésontsouventréducteurs.Les races n’existent pas, la culture renvoie à un ensemble beaucoup plus vaste que lareligion, l’ethnieestungroupedont lesmembrespartagentunehistoire,uneculture,unelangue,destraditionsetunereligioncommune.Cependantplusieursethniespeuventavoirlamême religion, culturelle lamême langue, voir lamêmehistoire (hutu et tutsi). On nepeutdoncpassystématiquementréduirelareligionoulacultureàl’appartenanceethniqueetinversement.Également, la discrimination fondée sur l’appartenance religieuse et celles fondées surl’apparence physique (phénotype, style vestimentaire) et le patronyme se rejoignentsouvent dans le cas de discrimination directe ou institutionnelle (pratique de guichet,catégorisationen,matièred’éducation,delogement,d’emploi)La loi sur la laïcité a été adoptée en France le 9 décembre 1905, à l'initiative du DéputésocialisteAristideBriandTroisgrands«piliers»delalaïcitépeuventêtremisenavant9.

• Laneutralitédel'Etat:• Lalibertédeconscience• Lepluralisme

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Islamophobie,lastigmatisationdelareligionmusulmaneLareligionmusulmanefait l'objetd'unestigmatisationdelapartdecertainsreprésentantspolitiques,danslesmédias,desinstitutions,despolitiquesetdespratiquesetdesdiscoursquotidiensEn France, l'islam est plus désignée comme «le marqueur d'une identité déficiente parrapportàuneculturedominantequecommel'unedestroisreligions».L'État doit garantir la parité du libre exercice des différents cultes.Or, ce n'est pas le caspourcequiestdelareligionmusulmane.Cettestigmatisationdelareligionmusulmaneestlefruitdepréjugésetdestéréotypesquifavorisent la construction d'un imaginaire négatif autour de l'islam. L'image d'un Islamconservateur, intégriste, qui violerait les droits humains élémentaires et les libertésindividuelles, l'imaged'un«Islamcommunautariste»dont lesmembresnesouhaitentpassemélanger, l'imaged'un«Islamterroriste»(quis'amplifiedepuisle11septembre2001),dangereux, sévissantdans lesbanlieuesetdésireuxde s'étendre. L'idéeque l'islamestunhéritage indigène, racialement connoté. Dans cette construction imaginaire, l'islam, laculture,«larace»,lacouleurdepeausontétroitementassociés.Lespréjugésracistessontsouventàl'originedecettestigmatisationdel'islam.Lesdiscourspopulairesetévénementspolitiques, fréquemment reflétésdans lesmédias,ont établi un lien négatif entre l'islam et le terrorisme. Cette association a influencé lescomportements sociaux et a conduit à une résurgence de la discrimination raciale etreligieuse. Un récent rapport de l'Observatoire européen des phénomènes racistes etxénophobes(EUMC)aconstatéquelesmusulmanssontsouventvictimesdediscrimination,de stéréotypes négatifs ainsi que de manifestations de préjugés et de haine. Cesmanifestations prennent la forme de menaces verbales et d'agressions physiques sur lespersonnesetlesbiensainsiqueduprofilageracial10.Cespréjugés,stéréotypes,imagestendent(donc)àêtrealimentésparlepouvoirpolitique,lesinstitutions,lesmédiasqui,dansleurpratiquesetdansleursdiscours,stigmatisenteux‐même, parfois ouvertement, la religionmusulmane. L'annonce d'un débat sur la place del'Islam en France, ou les raccourcis trop rapides entre «Islam» et «islamisme» ou entre«islamisme»,«banlieue»,«jeunes»présentsdanscertainesémissions.«L'islam fait peur». C'est en tout cas l'idée que tente parfois de véhiculer des relaisd'opinions(hommespolitiques,médias...)Plusgénéralement,derrièrecetteconstructionc'estl'idéequel'Islamrenvoieàunecultureconsidérée comme lointaine, inférieure et très différente de la culture majoritaire«supérieure»etqu'elledénoteunemoinsgrandecapacitéà s'assimilerà la culturede lacivilisation.Elleestencesensdangereuse.

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PardomaineEmploiDiscriminationàl'embaucheUne étude basée sur un test, récemment publiée par la French‐American Foundation11révèle un fort risque de discrimination envers les Français musulmans à raison de leurreligion,etce,indépendammentdeleurorigine.Lacandidatederéférence,AurélieMénard,reçoituntauxderéponsede25(25à27%).MarieDioufobtientuntauxderéponsede21%,tandisqueKhadijaDioufn’obtientuntauxquede8%.«Nosrésultatsmettentau jourunediscriminationconsidérableàl’égarddesmusulmans»,concluentleschercheurs,constatantque, selon leur test,« lesmusulmans ont 2,5 foismoins de chance d’obtenir un entretiend’embauchequeleurshomologueschrétiens.»DiscriminationssalarialesL'étude reprend les résultats de l’enquête Laitin/CSA, menée auprès de 511 ménagesd’ascendance Serer ou Joola vivant en France qui montre, par ailleurs, que les ménagesmusulmansontunrevenumensuelinférieurde400eurosenmoyenneàceluidesménageschrétiens.a)Unemployeurdécidedenepasengagerundemandeurd'emploiparceque,bienquecedernierpossèdelescompétencesexigéespourlafonction,ilapparaîtaucoursdel'entretiend'embauche qu'il est musulman. Il s'agit d'une discrimination fondée sur le motif de lareligionoudesconvictions.b)Lesélèvesd'uneécolesontridiculisésoumêmeagressésphysiquementenraisondeleurcroyance.Ils'agitd'unharcèlementreligieux.c) Un Etat n'autorise l'enregistrement et l'octroi d'un lieu de culte qu'à certainesorganisationsreligieuses:cetteattitudepourraitdonnerlieuàunediscriminationauniveaududroitindividuelàpratiquerunereligionouunecroyance.d)Uneorganisationquireprésentedesminoritésreligieusesorganiseuneréunionàlaquelletous les membres sont invités, lors d'un jour férié juif. Si des participants juifs se voientempêchésdes'y rendreuniquementenraisonde ladatede la réunion, il s'agitalorsd'unmanqued'aménagementpermettantderépondreàleursbesoinsreligieux.Lespersonnesquiappartiennentàdesminoritésreligieuses,toutspécialementlesmigrants,perçoiventaussi,defaçondisproportionnée,desrevenusinférieursetconnaissentdestauxdechômagesupérieursàceuxdelapopulationmoyenne.Ilsrencontrentdesdifficultéspouraccéder au logement et vivent souvent dans des quartiers pauvres. Ils sont victimes depréjugésetvivent l'exclusionou lamarginalisationdans lesactivités sociales,politiquesetéconomiques et font l'objet d'un traitement inéquitable dans les services publics ousociaux15.La liberté religieuse est universellement reconnue et consacrée dans de nombreuxinstruments juridiques19; dans la pratique cependant, une disparité peut exister entre lagarantie de ce droit et sa mise en application de sorte qu'un écart subsiste entre lesengagementsjuridiquesetlesréalitésvécuesparlescommunautésreligieuses.Leslois,lespolitiqueset lespratiquesdes Etatsmembresparticipentparfois de ceproblème, commedanslescassuivants:

‐ leprofilageraciale

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‐ laparitédescultes:constructiondelieuxdecultedroitindividuelàpratiqueretàmanifestersareligion:misamallorsquelesbesoinsportentsurdespratiquesquidiffèrentdespratiqueset traditionsreligieuseseuropéennes lespluscourantesEx :dimancheun jourderepos.Parconséquent,desproblèmesseposentencasdedésird'assister à des services religieux à d'autresmoments de la semaine. D'autres problèmespeuvent se poser en matière de régimes alimentaires particuliers ou d'autres pratiques,commeleportdesymbolesouvêtementsreligieux,parexemple,ouencorel'observancedejoursfériésreligieux23.Délibération relative aux règles fixées par la loi et la jurisprudence pour l’expressionreligieusedansl’entreprisen°2009‐117du06/04/2009La liberté de religion et de convictions s’appliquedans l’entreprise privéedans les limitesque constituent l’abus du droit d’expression, le prosélytisme ou les actes de pression àl’égardd’autressalariés.Le Code du travail permet à l’employeur, dans le cadre de son pouvoir de direction,d’apporterdesrestrictionsaux libertés individuellesetcollectivesauseinde l’entreprisesielles sont justifiées par la nature de la tâche à accomplir et proportionnées au butrecherché.Acejour,ilestadmisquedeuxtypesdeconsidérationspeuventjustifierunerestrictionàlalibertéde religionetdeconviction:d’unepart,des impératifsdesécuritéau travailetdesanté,etd’autrepartenraisondelanaturedestâchesàaccomplirparlesalarié.Lorsque la restriction de cette liberté est justifiée par la nature spécifique des tâches àaccomplir, les modalités et les conséquences de cette restriction doivent pouvoir êtrediscutéesavec les intéressésafindeconcilieraumieux leursconvictionset les intérêtsdel’entreprise.