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La contrerévolution vendéenne 9 Gustave Gautherot, , Tours : Maison Alfred Mame et Fils, 1927, pp. 21-57. L’Épopée Vendéenne Y Y Y L e Vendéen de 1793 était-il un fanatique obtus, incapable de comprendre les aspirations modernes, et porté à massacrer le mécréant avec une férocité comparable, — en sens inverse, — à celle du jacobin exterminant le contre- révolutionnaire ? Dût-on faire crier au paradoxe, il faut affirmer que le caractère vendéen était de nature à se plier mieux que tout autre aux principes de liberté et d’égalité qui paraissaient devoir servir de fondements au nouvel ordre de choses. L’homme qui vit de la culture du sol est l’homme libre par excellence : il ne dépend que de la nature et de lui-même. Le paysan vendéen avait parfaitement conscience de ce privilège. Pauvre, il avait la fierté de sa pauvreté et concevait une horreur invincible pour toute servitude. Fidèle jusqu’au bout à ceux qui lui inspiraient confiance, il ne donnait cette confiance qu’à son gré, et nul n’eût été capable de la lui imposer. Cette ombrageuse indépendance sera d’ailleurs l’une des causes de la dissolution des armées vendéennes au lendemain des combats : volontaires, n’obéissant qu’au chef de leur choix, les insurgés ne lui obéiront que jusqu’à l’heure où ils désireront revoir leur foyer et reprendre leur charrue. On les a souvent représentés comme des troupeaux menés à la boucherie par d’égoïstes bergers. Rien de plus faux. Certes, les prêtres exerçaient sur eux une action puissante. Les ordres religieux créés à Saint-Laurent-sur-Sèvre, aux confins de l’Anjou et du Poitou, par le bienheureux Grignon de Montfort, eurent sur le soulèvement vendéen une influence presque déterminante : les pays où les Missionnaires de Marie et les Filles de la Sagesse établirent, au siècle, leurs maisons et exercèrent leur ministère, sont ceux la contre- révolution fut la plus ardente. Mais cette contre-révolution fut le choc de deux religions, ou, si l’on veut, le choc de la religion catholique et de l’irréligion révolutionnaire, et non une lutte d’influences personnelles. Les prêtres ne furent suivis par les paysans que dans la mesure où ils représentaient l’orthodoxie : la preuve en est dans la désaffection qui frappa aussitôt ceux qui obéirent aux hommes, et non plus à Dieu, en se ralliant à la Constitution civile du clergé. Il en fut de même pour la noblesse. La noblesse vendéenne est étroitement unie au peuple. Pauvre, elle réside dans ses domaines, et le souffle délétère du philosophisme à la mode l’a à peine effleurée. Entre elle et le paysan, il n’y a aucune barrière, sinon celle du respect et de la reconnaissance pour les services rendus, respect et reconnaissance qui n’inspirent au supérieur aucune morgue et laissent à l’inférieur toute sa fierté. Les châteaux étaient bâtis et meublés sans magnificence, raconte la marquise de La Rochejaquelein ; on ne voyait en général ni grands parcs ni beaux jardins. Les gentilshommes y vivaient sans faste et même avec une simplicité extrême. Quand leur rang ou leur fortune les avaient pour un temps appelés hors de leur province, ils ne rapportaient pas dans le Bocage les mœurs et le ton de Paris. Leur plus grand luxe était la bonne chère et leur seul amusement était la chasse. De tout temps, les gentilshommes poitevins ont été de célèbres chasseurs : cet exercice et le genre de vie qu’ils menaient les accoutumaient à supporter la fatigue et à se passer facilement de toutes les recherches auxquelles les gens riches attachent communément du goût et de l’importance. Ce qui dans d’autres régions sépare seigneurs et paysans contribue donc ici à les rapprocher. Il règne entre eux une sorte d’union inconnue ailleurs. Les propriétaires y afferment peu leurs terres ; ils partagent leurs productions avec le métayer qui les cultive ; chaque jour ils ont ainsi des intérêts communs et des relations qui supposent la confiance et la bonne foi. Comme les domaines sont très divisés et qu’une terre un peu considérable renferme vingt-cinq ou trente métairies, le seigneur entretient des communications habituelles avec les paysans qui habitent autour de son château ; il les traite paternellement, les visite souvent, cause avec eux de leur position, du soin de leur bétail, prend part à des accidents et à des malheurs qui lui portent aussi préjudice ; il va aux noces de leurs enfants et boit avec les convives. Le dimanche, on danse dans la cour du château, et les dames se mettent de la partie. Quand on chasse le sanglier ou le loup, le curé avertit les paysans au prône ; chacun prend son fusil et se rend avec joie au lieu assigné ; les chasseurs postent les tireurs, qui se conforment strictement à ce qu’on leur ordonne. Dans la suite, on les mena au combat de la même manière et avec la même docilité. Mais jamais cette docilité ne devint de la passivité, même à l’époque où l’existence des Vendéens, celles de leurs familles et de leur pays lui-même seront en jeu. « Ils obéissaient, a écrit le général Lamarque, mais d’amitié et avec une hauteur de sentiments qui semble être le contraire de l’obéissance. Ils acceptaient d’être dirigés, mais sans qu’on eût l’air de leur imposer sa volonté ; l’apparence du commandement les révolte... Nul pays n’est plus propre à devenir une république. » Sous le plus paternel des régimes, les Vendéens avaient, en effet, des mœurs républicaines, ce mot étant pris dans son sens le plus noble ; et s’ils devinrent tout de même les plus dangereux ennemis de la Révolution, ce fut qu’une intolérable tyrannie, destructrice des belles espérances de 89, — les força à prendre les armes. Depuis 1787, la Vendée suivait avec satisfaction les travaux des assemblées provinciales créées par le roi. Ses commissaires, — évêques, prêtres, nobles, bourgeois, — avaient cherché à améliorer le sort du peuple, et défendu ses intérêts avec une ombrageuse indépendance. Les privilégiés avaient, à l’avance, infirmé les haineuses accusations des faux amis du peuple en signant et en travaillant à faire prévaloir des déclarations analogues à celle du Bureau de l’impôt de l’Assemblée XVIII LES CAUSES DE LA GRAND’GUERRE. — L’OPPRESSION ANTI-RELIGIEUSE (1789-1792) e Les documents contrerévolutionnaires Réserver l’action pour l’avenir serait une faute ; réserver la vérité en serait une plus grande encore. Cardinal Pie Numéro 21 2002 — Février Cette contre-révolution fut le choc de deux religions, ou, si l’on veut, le choc de la religion catholique et de l’irréligion révolutionnaire.

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Lacontrerévolution

vendéenne

9

G u s t a v e G a u t h e r o t ,, Tours :

Maison Alfred Mame et Fils,1927, pp. 21-57.

L’Épopée Vendéenne

Y Y Y

Le Vendéen de 1793 était-il un fanatiqueobtus, incapable de comprendre lesaspirations modernes, et porté àmassacrer le mécréant avec une

férocité comparable, — en sens inverse, — àcelle du jacobin exterminant le contre-révolutionnaire ?

Dût-on faire crier au paradoxe, il fautaffirmer que le caractère vendéen était denature à se plier mieux que tout autre auxprincipes de liberté et d’égalité quiparaissaient devoir servir de fondements aunouvel ordre de choses.

L’homme qui vit de la culture du sol estl’homme libre par excellence : il ne dépendque de la nature et de lui-même. Le paysanvendéen avait parfaitement conscience de ceprivilège. Pauvre, il avait la fierté de sapauvreté et concevait une horreur invinciblepour toute servitude. Fidèle jusqu’au bout àceux qui lui inspiraient confiance, il nedonnait cette confiance qu’à son gré, et nuln’eût été capable de la lui imposer. Cetteombrageuse indépendance sera d’ailleursl’une des causes de la dissolution des arméesvendéennes au lendemain des combats :volontaires, n’obéissant qu’au chef de leurchoix, les insurgés ne lui obéiront que jusqu’àl’heure où ils désireront revoir leur foyer etreprendre leur charrue.

On les a souvent représentés comme destroupeaux menés à la boucherie pard’égoïstes bergers. Rien de plus faux.

Certes, les prêtres exerçaient sur eux uneaction puissante. Les ordres religieux créés àSaint-Laurent-sur-Sèvre, aux confins de

l’Anjou et du Poitou, par le bienheureuxGrignon de Montfort, eurent sur lesoulèvement vendéen une influence presquedéterminante : les pays où les Missionnairesde Marie et les Filles de la Sagesse établirent,au siècle, leurs maisons et exercèrentleur ministère, sont ceux où la contre-révolution fut la plus ardente. Mais cettecontre-révolution fut le choc de deuxreligions, ou, si l’on veut, le choc de la religioncatholique et de l’irréligion révolutionnaire,et non une lutte d’influences personnelles.

Les prêtres ne furent suivis par les paysansque dans la mesure où ils représentaientl’orthodoxie : la preuve en est dans ladésaffection qui frappa aussitôt ceux quiobéirent aux hommes, et non plus à Dieu, ense ralliant à la Constitution civile du clergé.

Il en fut de même pour la noblesse.

La noblesse vendéenne est étroitementunie au peuple. Pauvre, elle réside dans sesdomaines, et le souffle délétère duphilosophisme à la mode l’a à peine effleurée.Entre elle et le paysan, il n’y a aucunebarrière, sinon celle du respect et de lareconnaissance pour les services rendus,respect et reconnaissance qui n’inspirent ausupérieur aucune morgue et laissent àl’inférieur toute sa fierté.

Les châteaux étaient bâtis et meublés sansmagnificence, raconte la marquise de LaRochejaquelein ; on ne voyait en général nigrands parcs ni beaux jardins. Lesgentilshommes y vivaient sans faste et mêmeavec une simplicité extrême. Quand leurrang ou leur fortune les avaient pour untemps appelés hors de leur province, ils nerapportaient pas dans le Bocage les mœurs etle ton de Paris. Leur plus grand luxe était labonne chère et leur seul amusement était lachasse. De tout temps, les gentilshommespoitevins ont été de célèbres chasseurs : cetexercice et le genre de vie qu’ils menaient lesaccoutumaient à supporter la fatigue et à sepasser facilement de toutes les recherchesauxquelles les gens riches attachentcommunément du goût et de l’importance.Ce qui dans d’autres régions sépare seigneurset paysans contribue donc ici à lesrapprocher. Il règne entre eux une sorted’union inconnue ailleurs. Les propriétaires y

afferment peu leurs terres ; ils partagent leursproductions avec le métayer qui les cultive ;chaque jour ils ont ainsi des intérêtscommuns et des relations qui supposent laconfiance et la bonne foi. Comme lesdomaines sont très divisés et qu’une terre unpeu considérable renferme vingt-cinq outrente métairies, le seigneur entretient descommunications habituelles avec les paysansqui habitent autour de son château ; il lestraite paternellement, les visite souvent,cause avec eux de leur position, du soin deleur bétail, prend part à des accidents et à desmalheurs qui lui portent aussi préjudice ; il vaaux noces de leurs enfants et boit avec lesconvives. Le dimanche, on danse dans la courdu château, et les dames se mettent de lapartie. Quand on chasse le sanglier ou le loup,le curé avertit les paysans au prône ; chacunprend son fusil et se rend avec joie au lieuassigné ; les chasseurs postent les tireurs, quise conforment strictement à ce qu’on leurordonne. Dans la suite, on les mena aucombat de la même manière et avec la mêmedocilité.

Mais jamais cette docilité ne devint de lapassivité, même à l’époque où l’existence desVendéens, celles de leurs familles et de leurpays lui-même seront en jeu. « Ils obéissaient,a écrit le général Lamarque, mais d’amitié etavec une hauteur de sentiments qui sembleêtre le contraire de l’obéissance. Ilsacceptaient d’être dirigés, mais sans qu’oneût l’air de leur imposer sa volonté ;l’apparence du commandement les révolte...Nul pays n’est plus propre à devenir unerépublique. » Sous le plus paternel desrégimes, les Vendéens avaient, en effet, desmœurs républicaines, ce mot étant pris dansson sens le plus noble ; et s’ils devinrent toutde même les plus dangereux ennemis de laRévolution, ce fut qu’une intolérabletyrannie, — destructrice des bellesespérances de 89, — les força à prendre lesarmes.

Depuis 1787, la Vendée suivait avecsatisfaction les travaux des assembléesprovinciales créées par le roi. Sescommissaires, — évêques, prêtres, nobles,bourgeois, — avaient cherché à améliorer lesort du peuple, et défendu ses intérêts avecune ombrageuse indépendance.

Les privilégiés avaient, à l’avance, infirméles haineuses accusations des faux amis dupeuple en signant et en travaillant à faireprévaloir des déclarations analogues à celledu Bureau de l’impôt de l’Assemblée

XVIII

LES CAUSES DE LA GRAND’GUERRE. —L’OPPRESSION ANTI-RELIGIEUSE

(1789-1792)

e

Les documents contrerévolutionnairesRéserver l’action pour l’avenir serait une faute ; réserver la vérité en serait une plus grande encore.

Cardinal Pie

Numéro 21 2002— Février

Cette contre-révolution futle choc de deux religions,ou, si l’on veut, le choc de

la religion catholique et del’irréligion révolutionnaire.

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générale de la généralité de Tours : « Il est unprincipe certain, c’est que toute dispense ouexemption de la loi est destructive de la loi,et, par une conséquence aussi véritable quece principe, souverainement injuste... Enmatière de finance, tout privilèged’exemption pèse nécessairement sur tousles autres... »

Ils ne s’étaient point bornés à desdéclarations de principes. Ils avaient réaliséd’importantes réformes pratiques. Ainsi,l ’ é t a t d é p l o r a b l e d e s v o i e s d ecommunications, dû à l’insuffisance de lacorvée, étant l’une des principales causes dela stagnation des affaires, ils s’étaientingéniés à y porter remède : en 1789, plus dequatre cent mille toises de routes étaientcréées, réparées ou en cours d’achèvement.La généreuse et harmonieuse collaborationde tous assurait, dans la paix, le progrèssocial...

Mais déjà l’anarchie savamment préparéemenaçait l’État des pires bouleversements,et les promoteurs des réformes ne s’yt rompa ient po int . La

du Poitou transmit à sesbureaux d’élection, dans les derniers mois de1789, l’avis suivant : « Quand tous les pouvoirssont confondus, anéantis, quand la forcepublique est nulle, quand tous les liens sontrompus, quand tout individu se croitaffranchi de toute espèce de devoirs, quandl’autorité n’ose plus se montrer et que c’estun crime d’en avoir été revêtu, quel effetpeut-on attendre de nos efforts pour rétablirl’ordre ? »

L’effroi des plus clairvoyants ne gagnait pasencore pourtant l’ensemble du pays, et l’onpeut dire que la Vendée de 1789 nenourrissait pas de préventions contre lesidées nouvelles, ni même contre lespoliticiens qui commençaient à en jouer.

Ses cahiers ne renferment rien departiculièrement réactionnaire. L’ère deliberté et de fraternité qui semble s’ouvrir estapplaudie par les fiers paysans que nousconnaissons. Le tiers-état nomma desdéputés qui seront, comme La Révellière-Lépeaux et les deux Goupilleau, d’ardentsjacobins. Parmi les représentants de lanoblesse, se trouva le comte de Dieusie,nommé en 1787 procureur-syndic del’Assemblée provinciale d’Anjou, auteur (en1788) des

, où il saluait avec enthousiasmela Révolution prochaine, membre en 1789 dela gauche de la Constituante. Le clergé, —fait éminemment significatif, — émit dessuffrages aussi démocratiques que partoutailleurs : les évêques de Luçon et de Poitiersne furent élus que parmi les derniers ; et l’onsait qu’à Versailles, le 13 juin 1789, ce serontles curés poitevins qui, en se ralliant au tiersinsurgé, donneront le signal de la fusion desordres.

Ce n’est point qu’à cette époque idylliqueles bourgeois qui, dans les villes, travaillaientà se rendre maîtres du gouvernementpopulaire, n’eussent un peu forcé leshabitants à épouser leurs vues : la Vendéeconnut ces modèles de cahiers et cesbrochures subversives qui faisaient partie du

plan de campagne dont on a de nos joursdévoilé les astucieux secrets. Mais on selaissait en somme entraîner de bonne grâce,sans prévoir que c’était à d’effroyablesabîmes.

Les événements de juillet auraient pudessiller les yeux. La illuminal’horizon d’éclairs ne présageant que trop latempête. Dans toutes les paroissesvendéennes, de mystérieux messagersannoncèrent que les ennemis, débarqués surles côtes, remontaient la Loire à marchesforcées pour dévaster le pays. A Chemillé, ondisait qu’ils avaient occupé Cholet ; à Cholet,qu’ils s’étaient rendus maître de Chemillé.« A Mortagne, raconte Boutillier de Saint-André, nous étions ce jour-là réunis enfamille dans le cabinet de mon père... Il était9 heures du soir, et ma mère, suivant un pieuxet ancien usage, faisait à haute voix la prière.Nous la répétions avec elle... Nous fûmestout à coup tirés de notre contentionreligieuse et nos voix furent interrompuespar un coup qu’on frappa dans lecontrevent... C’était Champagne, lepalefrenier de notre oncle de la Chèze, queson maître envoyait de Roussay pour nousprévenir de l’arrivée prochaine des Anglais.Cette absurde nouvelle fut bientôt répanduedans toute la ville de Mortagne. Chacun ycrut : on sonna le tocsin, tous les hommess’armèrent de faux et on illumina lesfenêtres ; nous ne nous couchâmes pas, etnous attendîmes avec grande anxiété lavenue du jour. Mon père était alors maire, età ce titre il reçut vers minuit deux députés deCholet qui venaient demander du secours.Ils étaient armés jusqu’aux dents. Ilsportaient déjà des cocardes tricolores etfaisaient de grands gestes. Ils soutenaientque les Anglais arrivaient et qu’ils n’étaientqu’à quelques lieues de Cholet, et qu’ilsmassacraient sans pitié les hommes, lesfemmes et les enfants. Cependant le jourparut, mon père revint. Chacun rentra chezsoi bien rassuré. On eut honte de s’être laisséeffrayer par une fausse nouvelle ; mais le coupétait fait : le peuple était armé et tout sedisposait à la révolution. »

Le peuple vendéen saurait bientôt se servirde ses armes pour des fins tout opposées àcelles qu’avait envisagées certain club duPalais-Royal. En attendant, il continuait àsuivre le mouvement. Les curés bénissaientdes drapeaux aux couleurs de la nationqu’avaient brodés de nobles châtelaines ; ilsne dédaignaient pas de se parer de rubanstricolores . De Bonchamps, de LaRochejaquelein, d’Elbée, s’affirmaient « bonspatriotes » ; d’Elbée, conjointement avectrois chanoines et quatre-vingts habitants deBeaupréau, envoya même, le 20 juillet, à lamunicipalité d’Angers, une adresse dont lessignataires offraient d’aller au premier signalporter secours, « jusqu’au dernier soupir, àleurs illustres et immortels représentants. »C e s r e p r é s e n t a n t s , c e s a u g u s t e sreprésentants de la nation, comme disaitdans un mandement du 22 août l’évêqued’Angers, s’étaient mis, hélas ! à la remorquedes sanglants émeutiers du 14 juillet ; mais lerecrutement des milices nationalesvendéennes n’en fut point entravé, et lecapitaine Gabriel Baudry d’Asson, qui un anaprès sera l’un des premiers chefs de

l’insurrection, en devenait à Fontenay-le-Comte major-général.

La Vendée serait-elle donc l’un desboulevards du jacobinisme ? On put le croireencore en 1791, lors de l’application de la loiqui dépouillait une première fois de ses biensl’Église de France. Parmi les acquéreursd’immeubles ecclésiastiques figurent un deColbert (le maître de Stofflet), un deBonchamps, un d’Elbée. Sur vingt-huitmillions de biens nationaux mis à l’encandans le département de la Vendée, on envendit pour vingt millions. Certains articlesde la Constitution civile étaient bien denature à alarmer les consciences ; mais on enignorait le sens exact, et l’on espérait encoreq u e t o u t s ’ a r r a n g e r a i t e n t r e l eGouvernement et l’Église.

Beaucoup de prêtres acceptèrent leserment, sous la réserve capitale qu’y mirentceux de Fontenay-le-Comte : « Je jured’accepter la Constitution, excepté dans leschoses qui dépendent de l’autoritéspirituelle. »

Comme cette réserve était inconciliableavec la nouvelle religion d’État, les troisquarts des curés et des vicaires durentensuite prononcer le , et furenten conséquence remplacés par des jureurs.

Ce ne fut qu’un seul cri dans le pays :La guerre civile

devenait inévitable.

Les bourgeois des administrationsdépartementales qui, obtempérant aux motsd’ordre des Sociétés des amis de laConstitution, avaient perdu tout contactavec l’âme populaire, s’imaginèrent que riendésormais ne pourrait leur résister. Ilslancèrent d’injurieux arrêtés contre lescirculaires des évêques. Le procureur-général-syndic Delaunay dénonça le brefpontifical, alors distribué en Vendée,comme « attentatoire à l’autorité souverainede la nation, faux, incendiaire, contenant desmaximes erronées, dangereuses etanticonstitutionnelles... »

Les Vendéens n’étaient pas hommes,précisément, à se prosterner devant uneConstitution qui méconnaissait à ce pointleurs droits. Dans les districts de Cholet etde Châtillon, on décide d’empêcher par tousles moyens la prestation du serment : àMaulévrier, dans la cour du château de M. deColbert, des canons bourrés à mitraille sontdirigés vers la route de Cholet, par où doitvenir la force armée chargée d’imposer lefatal serment. Et trois à quatre cents garsarmés de piques, de faux et de fourches,refusent d’écouter leur vieux curé Tharreau,qui leur prêche l’apaisement. Maintesmunicipalités déplorent d’ailleurs le rôlequ’on leur fait jouer : elles supplientl’Assemblée nationale de ne point priverleurs concitoyens de la plus essentielle deslibertés.

Mais les politiciens, qui prétendentreprésenter seuls le peuple en leur qualité de« bons patriotes », poursuivent le siège desconsciences. La

, — exécutrice des ordres

C o m m i s s i o nintermédiaire

Réflexions sur la prochaine tenue desétats généraux

Grand’Peur

non possumus

Nousne voulons pas des intrus !

Société ambulante des amis de laConstitution

Les documents contrerévolutionnaires n 21 — Février 2002o2

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jacobins, — s’installe en souveraine à Nantes,à Angers, à Cholet, à Niort, aux Sables-d’Olonne. Sous l’inspiration d’un de cesfanatiques haineux qui s’imaginaient exercerle magistère de la Raison, Mercier duRocher, ses principaux agents se réunirent auchâteau de l’Oie, en plein Bocage vendéen,resserrèrent les liens de leurs clubs avec leclub central de Paris, et écrivirent auxhabitants des campagnes une adresse où ilsstigmatisaient « le travail perfide desprêtres ».

Le résultat d’une semblable pression fut dedissiper les dernières illusions et d’exaspérerles réfractaires.

Les élections des évêques furent pour lacause des un évidentdésastre.

A Saint-Maixent (où devait résider lenouvel évêque des Deux-Sèvres), le députéJallet, naguère si zélé, refusa la mitre.

Le chanoine Menigoutte, élu à sa place,s’enfuit comme un malfaiteur au bout d’unmois de tergiversations et dérouta toutes lesrecherches. Mestadier, troisième élu, devaitse retirer en 1795 pour exercer le notariat. AAngers fut élu le curé Pelletier, qui devaitdémissionner en 1793, en déclarant quedepuis trente ans il n’avait pour seule loi quela religion naturelle. A Nantes, l’ex-religieuxMinée devait finir, plus misérablementencore, dans le mariage et une boutiqued’épicerie. A Fontenay, le Père Servant,nommé par soixante-dix-huit voix seulementsur cent soixante-treize votants et quatrecent soixante et onze électeurs, ne voulut pasdevenir évêque de Vendée ; Rodrigue, quiréunit cinquante-sept suffrages sur cent neufvotants (chiffre qui indiquait près des quatrecinquièmes d’abstentions), Rodrigue devaitaussi abdiquer et défroquer en 1793. Si larépulsion des Vendéens pour de pareilspersonnages avait besoin de justifications,elles ne seraient donc pas difficiles à trouver.

Les élections curiales eurent des résultatsplus significatifs encore, car le corpsélectoral était, cette fois, le peuple lui-même.

Les électeurs refusèrent en masse de veniraux assemblées, et nombre de prêtres, qu’unepoignée de fanatiques avait nommés, sedérobèrent. Dans le district de Machecoul,par exemple, tel fut le cas de douze élus surtreize. Dans le district de Vihiers, sur vingt-cinq cures vacantes, on n’arriva, à force descrutins, qu’à en pourvoir quinze, et sept élusdéclinèrent les honneurs déshonorantsqu’on leur proposait.

La Vendée se divisait donc en deux campsennemis : d’un côté les fonctionnaires et lesbourgeois révolutionnaires, qui s’étaientemparés du pouvoir ; de l’autre, les massespopulaires, qui repoussaient la servitudereligieuse.

Bientôt éclatèrent, dans le Marais, deviolentes émeutes qui furent les véritablespréludes de la guerre civile.

A Saint-Alphonse-du-Ligneron, pour nousborner à cet exemple, les gros électeurs du

bourg allaient, disait-on, nommer un mairepatriote et chasser le vieux curé Foucher,alors mourant. Au sortir de la messe, lesgardes nationaux qui venaient occuperl’église pour l’élection furent insultés etmaltraités. Le tocsin appela à la rescousse lesvillageois des paroisses voisines quiaccoururent de toutes parts et obligèrent lagendarmerie à se barricader dans la maisonde l’ancien maire Bouvier. Le district deChallans, prévenu aussitôt de l’émeute, fit desuite converger vers Saint-Christophe lesgardes nationales de toutes les villes voisines,ainsi que des détachements de Dragons-Conti et de Royal-Lorraine-Cavalerie : ilsarrivèrent sur les lieux dans la nuit du 1 mai,déployèrent le drapeau rouge de la loimartiale et ramenèrent prisonniers unedizaine de paysans, instigateurs des troubles.Assaillis alors par une bande de villageoisarmés de faux, les gendarmes tirèrent à boutportant, tuèrent quatre hommes et enblessèrent d’autres. L’un d’eux, le paysanGuillon, couvert de blessures, continuait à sebattre :

« Rends-toi ! lui cria-t-on :

— Rends-moi mon Dieu ! » répondit -il.

Et il expira...

La guerre de Vendée était virtuellementouverte.

Le 9 mai, les deNantes adressèrent au Directoiredépartemental une pétition sollicitant uneloi prompte et générale pour l’éloignementdes curés réfractaires,... seul moyen deprévenir l’effusion du sang. Le Directoire serallia, naturellement, à ces vues. Des dragonsallèrent imposer les intrus aux populations.Toutes les chapelles furent interdites auxréfractaires. Bien plus, dans la Loire-Inférieure comme dans le Maine-et-Loire,les réfractaires reçurent l’ordre de se rendreau chef-lieu pour y demeurer sous lasurveillance des corps administratifs : ils yfurent internés, même en l’absence dedénonciations contre eux.

L e s m u n i c i p a l i t é s c a t h o l i q u e sdémissionnèrent de toutes parts. A Cholet,le président Chouteau, resté seul auDirectoire du district, en fut réduit àdemander des troupes pour calmerl’agitation croissante. Les églises se vidèrent,et il fallut faire escorter les intrus afin de lesprotéger contre les huées. Certainscommandants de gardes nationauxexagéraient encore les rigueurs prescrites :« Les lois sont douces et trop douces dans cescirconstances, écrivait celui de Cholet ; ilfaudrait trancher et militairement agir pourramener l’ordre. » Ce butor alla saccager lescouvents de Saint-Laurent-sur-Sèvre,opération qu’il annonça ainsi : « J’adresse audépartement deux gros mulotins et un trèsgros paquet de papiers incendiaires(catéchismes et instructions contre lesintrus), dont on les a trouvés nantis. Jeconviens que nous ne sommes pas trop dansla forme, mais le fond doit l’emporter... »

En juin, à la nouvelle de la fuite à Varennes,les proscriptions se généralisèrent ; les logis

suspectés de cacher des réfractaires furentviolés sans autorisation légale. Surexcitée partant de vexations, l’indignation populaireparut, au début de juillet, prête à éclater.Effrayés de ses progrès, les administrateursmodérés du Directoire vendéen supplièrentl’Assemblée nationale de leur envoyer uncommissaire chargé de prévenir « les maux del’anarchie » ; la Constituante leur expédia lesjurisconsultes Gallois et Gensonné, suivisbientôt du général Dumouriez.

Ces libéraux répugnaient aux violences etdésiraient la paix ; mais ils changèrent quatreou cinq fois d’orientation politique, selonque les clubs jacobins à la séance desquels ilsassistaient se répandaient en diatribes plusou moins furieuses. Finalement, ilsrefusèrent de faire droit aux pétitions quiréclamaient partout la liberté du culte. « Leparti de Rome, écrivait Dumouriez, ne s’entiendrait pas à cette victoire. »

A Châtillon, les 2 et 3 septembre, ilsentendirent les délégués des cinquante-sixmunicipalités du district : « Toutesénonçaient le même vœu, rapportèrent lescommissaires : celles dont les curés avaientété remplacés nous demandaient le retour deces prêtres ; celles dont les curés nonassermentés étaient encore en fonctionsnous demandaient de les conserver. Nous nesol l ic itons d’autre grâce, disaientunanimement (de nombreuses députationsde villages), que d’avoir des prêtres en quinous ayons confiance. Plusieurs d’entre euxattachaient même un si grand prix à cettefaveur, qu’ils nous assuraient qu’ilspayeraient volontiers, pour l’obtenir, ledouble de leurs impositions. »

Il faut citer la suite :

«

Nousdevons faire remarquer que, dans ce mêmedistrict de Châtillon, troublé depuislongtemps par la différence des opinionsreligieuses, les impositions arriérées de 1789et 1790, montant à plus de sept cent millelivres, ont été presque entièrement payées. »

Voilà qui suffirait à anéantir certainescalomnies toujours vivaces : les Vendéens neréclamaient qu’une chose, la libertéreligieuse, — ce qui est bien un « droit del’homme », — et ils ne se seraient pointinsurgés si les tyrans jacobins ne la leuravaient odieusement ravie.

En août 1791, les paysans des Maugesaffluèrent dans les lieux de pèlerinages : ilsdemandaient à la Vierge d’écarter d’eux lapersécution, et pour cela d’éclairer le roi etles législateurs. Le 15 août, trois mille fidèlesétaient ainsi assemblés vers l’humblechapelle du bois de Belle-fontaine, entreCholet et Beaupréau. Après avoir chanté le

, les litanies, le Rosaire, tous seretirèrent en silence.

Or, dans la nuit du 20 au 21 août, tandisqu’un groupe de pèlerins regagnait Cholet

Amis de la Constitution

Amis de la Constitution

Les mêmes hommes qu’on nous avait peintscomme des furieux, sourds à toutes sortes de raisons,nous ont quittés l’âme remplie de paix et debonheur, lorsque nous leur avons fait entendre qu’ilétait dans les principes de la Constitution nouvellede respecter la liberté des consciences.

Salve Regina

er

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par la lande de la Papinière, des gardesnationaux se précipitèrent sur lui etramenèrent triomphants à la ville unetrentaine de prisonniers. Le 21, ledépartement de Maine-et-Loire ordonna ladestruction du sanctuaire et l’arrestation desporteurs de cierges et de bannières. Le 23, unnouveau groupe de pèlerins fut dispersé versJallais à coups de crosses de fusils et de platsde sabre. Le 27, la chapelle était détruite et lastatue miraculeuse portée par l’intrus deCholet dans son église profanée. Des scènesanalogues se produisirent à Notre-Dame-des-Gardes et à Notre-Dame-de-la-Charité,vers Saint-Laurent-de-la-Plaine.

Que restait-il à faire aux Vendéens, sinon àcourir aux armes ?

Ils patientèrent pourtant encore un an etdemi avant de proclamer la guerre sainte.L’âme vendéenne se détachait du régimenouveau ; elle ne songeait pas encore àorganiser l’insurrection.

L’établissement de la Constitutionnouvelle parut d’ailleurs permettre denouvelles espérances. Le roi l’avaitsanctionnée et avait écrit, le 14 septembre1791, une proclamation à tous les Français oùse lisaient ces phrases : « Le terme de larévolution est arrivé... Que toute idéed’intolérance soit donc écartée à jamais ; queles opinions religieuses ne soient plus unesource de persécutions et de haines ; quechacun, en observant les lois, puissepratiquer le culte auquel il est attaché. » Sicela se réalisait, si les Vendéens restaientlibres de choisir leurs prêtres, la paix allaitrefleurir.

Or les jacobins ne l’entendaient pas ainsi.Le 6 novembre, les administrateurs deMaine-et-Loire annoncèrent que « desrassemblements de trois à quatre millehommes armés se livraient à tous les excèsque produisait le délire de la superstition »,que « partout les prêtres constitutionnelsétaient maltraités, assassinés jusqu’au pieddes autels ». Sur d’aussi scélératesdénonciations, l’Assemblée nationaleordonna de nouvelles mesures contre lesprêtres non assermentés, perturbateurs durepos public. En Vendée ces mesures furentappliquées avant même d’être décrétées :comme, à Saint-Laurent-de-la-Plaine, laVierge était apparue, racontait-on, sur lesruines du sanctuaire, le Directoire de Saint-Florent-le-Vieil, considérant que, dans lesprocessions qui s’y dirigeaient de nouveau,les prières qu’on y faisait, les hymnes qu’on ychantait de rétablir lesprêtres dans leur ancien état, le Directoirearrêta de « réprimer, au besoin par la force,tous les attroupements de ce genre ». Unintrus fut installé dans l’église de Saint-Laurent-de-la-Plaine. Et lorsque le roi eutrefusé de sanctionner le décret (du 29novembre) qui frappait de déchéance tous lesprêtres non assermentés, les privait de touttraitement et pension, les déclarait « réputéssuspects de révolte contre la loi et demauvaise intention contre la patrie, etcomme tels plus particulièrement soumis à lasurveillance de toutes les autoritésconstituées », les Directoires d’Angers et deNantes se conformèrent au mot d’ordre que

les Sections de Paris vinrent alors signifier àla Législative, et ils considérèrent commenon avenu le royal.

Les prêtres vendéens non assermentésétaient décidément traités comme desmalfaiteurs. Le 1 février, ceux de Maine-et-Loire reçurent l’ordre de se rendre à Angerset d’y fixer leur demeure dans la huitaine :c’était, disait l’arrêté, pour les placer, « sous lasauvegarde de la loi, à l’abri de toute insulte ! »Ceux qui restaient en fonctions dans leursparoisses étaient à l’avance déclarésresponsables des troubles qui y éclateraient.

On dépouillait les églises de leurs clocheset de leurs ornements sacrés. La Révellière-L é p e a u x , l e f u t u r p o n t i f e d e sthéophilanthropes, réunissait dans lachapelle de l’ancien chapitre de Beaupréaules de la région,essayait d’établir des clubs et organisait desfêtes patriotiques.

A ces insultantes provocations, lescatholiques ne répondirent encore que pardes moyens constitutionnels. En avril,presque toutes les municipalités des districtsde Savenay, de Clisson et d’Ancenisadhérèrent à une pétition qui démontraitl’illégalité de la conduite du Directoire deLoire-Inférieure : « Nous voulons la paix,écrivaient les protestataires au président del’Assemblée nationale ; mais le moyen de laconserver et de l’obtenir est d’observer et defaire observer la Constitution. »

Dans les Mauges , t rente-quatremunicipalités suivirent cet exemple et sefirent représenter à cet effet dans le comitéqui se réunit le 30 avril chez l’aubergisteCourbet, procureur de la commune de laPoitevinière. On y arrêta un programmetenant en ces trois articles : éloignement desprêtres constitutionnels imposés auxpopulations malgré elles et contrairement audroit d’élire et de choisir les ministres de leurculte reconnu à tous les citoyens par laConstitution du 13 septembre 1791 ; retourou conservation des prêtres non assermentésréclamés par la presque unanimité deshabitants des campagnes ; dissolution de cessociétés de faux qui,par leur fanatisme et leurs incessantesdénonciations, avaient la plus grande partdans les troubles du pays.

Rien de plus juste, de plus légal. Mais qu’yavait-il de légitime pour les jacobins, endehors de leur arbitraire ? Averti de laconspiration, le Directoire d’Angers fitcerner, le 8 mai, par la gendarmerie l’aubergede la Poitevinière, où l’on trouva unevingtaine de convives. Huit d’entre euxfurent internés au château d’Angers avanttoute preuve de culpabilité, et l’on demandaà la Législative leur comparution devant lacour martiale d’Orléans. Les églises où serassemblaient régulièrement les fidèlesfurent en outre fermées, et une nouvellerandonnée de gendarmes et de gardesnationaux poursuivit la capture desinsermentés.

Loin de blâmer ces proscriptions, laLégislative les légalisa par le décret du 27mai : « Lorsque vingt citoyens actifs du même

canton se réuniraient pour demander ladéportation d’un ecclésiastique nonsermenté, le Directoire du départementserait tenu de prononcer la déportation sil’avis du Directoire du district étaitconforme à la pétition ! » Les jacobinstriomphèrent, signèrent des pétitionscomme celle où l’ex-orateur Benaben,président des et futurapologiste des noyades de Nantes, disait auDirectoire d’Angers :

« Séparez ces forcenés (les réfractaires) deshonnêtes citoyens ! Enfermez-les autantpour leur propre sûreté que pour la nôtre ! »Cette sommation fut exécutée le 17 juin : aumoment où les quatre cents prêtres reléguésà Angers se rendaient à l’abbaye de Saint-Aubin pour l’appel quotidien, une bande degardes nationaux se précipita sur eux et lesemmena prisonniers au petit séminaire. LeDirectoire reconnut l’illégalité de cetteexpédition ; mais il la confirma par un arrêté(du 18 juin), dont l’impudence éclate dans ceslignes : « Considérant que, vu l’effervescencedes esprits, la sûreté individuelle desparticuliers détenus serait évidemmentcompromise s’ils étaient plus longtempsdans la ville, et que ce serait exposer lescitoyens et gardes nationales à une secondeviolation de la loi, extrémité... qu’il est dudevoir du corps administratif de prévenir partous les moyens possibles,... celui-ci invite lesparticuliers détenus dans la prison du petitséminaire à y demeurer sous la sauvegarde dela loi. Il leur sera fourni, à leurs frais, toutesles choses nécessaires à la vie. Et, pour plusgrande sûreté de leurs personnes, lecommandant de la garde nationale serarequis d’établir une garde... tant de jour quede nuit. »

Pour que la sanglante ironie de cetteinvitation fût complète, on autorisa lesdétenus à écrire aux personnes du dehors,mais en présence du commissaire de lamunicipalité ou du commandant du poste.Encore ce commandant, le sieur de Soland,refusa-t-il d’accorder cette faveur aux« scélérats » qui auraient pu, écrivait-il le 3juillet, mettre ainsi en péril « les amis de laLiberté et de l’Égalité ».

Le terrain constitutionnel était donc seméde chausse-trapes : y rester plus longtempsn’eût été qu’une duperie. La questionpolitique se mêlait d’ailleurs de plus en plus àla question religieuse.

Comment continuer à admettre un régimequi laissait insulter le roi dans son proprepalais ? qui exigeait de tous le port de lacocarde nationale, signe d’adhésion à larévolution jacobine ? qui violait, dans un buttrop clair, le secret des foyers en ordonnant ladéclaration publique des armes et desmunitions ? qui rétablissait la milice, malgréles doléances unanimes de 1789, enréquisitionnant pour sa défense tous leshommes valides ?

Le temps était arrivé de crier auxoppresseurs : Nous ne servirons pas ! « Nousavions un roi et des édits paternels qu’il nousdonnait et des règlements sages, écrivait àDanton un Vendéen de Jallais, Lemercier ;nous avions des cours et des tribunaux de

avaient l’intention

veto

Amis de la Constitution

Amis de la Constitution

Amis de la Constitution

er

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tous les degrés qui défendaient notrehonneur et nos biens... Et, grâces à vosmenées, à vos complots, à vos attentats,...nous n’avons plus rien qui nous protège etnous sommes livrés à toutes les horreurs del’anarchie. Ah ! la patrie est morte, car letrône est tombé et la religion est éteinte.Vous avez des gendarmes que nous bravons,et nous prions à genoux, à mains jointes, pourla prompte fin d’un régime qui vous a donnéle pouvoir. Vous le payerez cher ! Vouspayerez le sang que vous avez versé. »

L’insurrection commença par le district deChâtillon, en août 1792, au lendemain de laprise des Tuileries.

A Moncoutant, des insermentés ayant osécélébrer la messe dans un champ voisin decette petite ville, la municipalité menaça des’en saisir. Aussitôt les paysans s’y portentarmés de fusils, de faux et de bâtons, pillentl ’hôte l de v i l l e e t l a mai son del’administrateur départemental Puichaud,puis vont demander au chevalier GabrielBaudry d’Asson de se mettre à leur tête et sedirigent vers Châtillon-sur-Sèvre. Ils sont desix à dix mille, venus d’une quarantaine deparoisses. La gendarmerie de Cholet lesdisperse ; mais le tocsin, qui sonne dans tousles clochers, les rallie et grossit leur nombre,et ils vont assiéger Bressuire. Là, ils seheurtent à une véritable armée degendarmes, de gardes nationaux et de soldatsréguliers. Le canon sème la panique dansleurs rangs. Il y eut plus de trois centsvictimes, dont une dizaine de patriotes.

La Terreur régna dans ce coin de Bocage.Cinquante-huit prisonniers furent menés àAngers. Les perquisitions se poursuivirentdurant plus d’un mois : les paysans,épouvantés, abandonnèrent une premièrefois leurs villages.

Ils apprirent alors que les prêtres, jusque-làinternés à Angers, étaient déportés enEspagne. Ceux qui avaient échappé auxpoursuites éta ient traqués par lagendarmerie : pour en finir avec eux, leDirectoire des Deux-Sèvres réclamait une loiqui condamnât à la peine de mort toutecclésiastique réfractaire qui serait trouvésur le territoire de la République après ledélai fixé, avec confiscation des biens ducondamné, dont moitié serait attribuée audénonciateur ; les mêmes peines de mort etde confiscation seraient également portées« contre ceux qui auraient la lâcheté dedonner asile aux prêtres réfractaires et de lesreceler » (19 décembre 1792).

La Convention devait adopter cettemotion le 19 mars 1793. En attendant, ellesupplicia Louis XVI. Non contented’écraser les âmes, elle prétendit encoredisposer arbitrairement des corps et desbiens.

En Maine-et-Loire, la contributionfoncière atteignit le quart, le tiers et même lamoitié du revenu net : pour 1792, la cotemobilière de ce seul département portait unesurtaxe de quatre cent quarante-deux mille

l ivres, alors que le gouvernementrévolutionnaire, en bouleversant l’ordresocial, avait privé les artisans de leur travail.Et il fallait encore lui offrir son sang ! Il fallaitrenouveler ces levées dont on connaissaitmaintenant les résultats par les récits desvolontaires revenus au pays : « Hâves,épuisés, en haillons souillés, honteux d’eux-mêmes, a écrit C. Port dans

, ils racontent à tout venant lesmisères et les trahisons, les marches forcées,pieds nus, dans la nuit, dans la neige ; les longsmois sans abri, sans armes, sans vêtements,sans pain... Ainsi, en pleine ville, dans lescafés, dans les foires, aux veillées descampagnes, ils s’en vont prêchant, avidementécoutés... »

Pourtant, ce n’étaient point les souffrancesde la vie des camps qui effrayaient lesVendéens : ils sauront le prouver. Maiscomment consentir à s’enrôler en masseparmi ces milices de Bleus qui étaient lesinstruments des pires vexations enduréesdepuis deux années ? Voilà ce que leurdemandait le décret du 24 février 1793 sur lalevée de trois cent mille hommes. De dix-huit à quarante ans, tous les Français nonmariés ou veufs sans enfants étaient mis enréquisition permanente ; tant que le chiffrede trois cent mille hommes ne serait pasatteint, « les citoyens seraient tenus de lecompléter sans désemparer. » Les paysans,qui ne pouvaient payer de remplaçants,supporteraient la plus lourde charge : enétaient exemptés les administrateurs,procureurs, officiers municipaux, juges,commissaires nationaux, receveurs, c’est-à-dire les nouveaux privilégiés qui étaientjustement leurs oppresseurs exécrés.

La nouvelle du décret parvint à Cholet le 2mars, en plein marché. Ce fut unsoulèvement d’horreur. On vit des jeunesgens, rassemblés dans les auberges, arborer lacocarde blanche et fouler aux pieds lacocarde tricolore. A l’auberge Babin, unmenuisier s’écrie :

« Engageons-nous par serment à neparticiper en quoi que ce soit à cette loi derecrutement ! »

Le serment est prêté et bientôt se produit,avec la garde nationale, une sanglantecollision : deux couleuvrines amenées duchâteau de Maulévrier sont déchargées sur lafoule et font sept victimes.

La révolte des conscrits gagna comme unfeu de poudre toutes les paroisses desMauges. Le tirage au sort, fixé au 12 mai, neput s’opérer. Du côté de Gonnord et deSaint-Lambert-du-Lattay, se formaient desbandes de plusieurs centaines de paysansarmés de fusils, d’instruments aratoires et debâtons, prêts à précipiter le courant qui sedessinait. Les chefs, déjà, se révélaient. VersChanzeaux, René Forest est couché en jouepar le médecin patriote Godelier :

« Tire, lui crie froidement Forest ; mais, situ manques ton coup, on ne te manquerapas ! »

Godelier fait feu, n’atteint personne, ettombe frappé à mort.

Mêmes scènes dans la . Uncamp fut établi à la Mothe-Achard pourcerner les réfractaires qui s’emparèrentbientôt des chefs-lieux des trois districts deChallans, de Montaigu et de la Roche-sur-Yon. Dans les landes de Vallet, les bandesd’insurgés atteignirent rapidement trois àquatre mille.

Le sort en était jeté : selon l’expression dumémorialiste de Béjarry, « l’agitation quibourdonnait alors dans le pays ressemblait àcelle d’une ruche, la veille du jour où doit ensortir un essaim. »

Le premier essaim régulier de l’arméevendéenne se forma dans les Mauges, à Saint-Florent-le-Vieil.

Le 12 mars, quatre mille hommes à cocardeblanche assiègent le district : ils s’emparentdes canons qu’on braque et décharge sur eux,p r é c i p i t e n t l e c o m m i s s a i r e d uGouvernement par-dessus le parapet duchâteau de la Mauvoisinière, s’emparent dusiège du district et en brûlent les papiers,puis regagnent par petites bandes leursfoyers.

Pour que l’insurrection ne se réduisît pointà ces échauffourées sans lendemain etn’aboutît point à un immédiat écrasement, illui fallait des chefs capables de l’organiser. Lepremier, le plus représentatif, et à bien deségards le plus grand, fut Jacques Cathelineau,le .

Fils d’un maçon du Pin-en-Mauges, cethomme de trente quatre ans, père de sixenfants dès 1785, gagnait la vie de sa familleen exerçant les fonctions de voiturier et decolporteur. Habile à parler et à écrire, d’uneéquité parfaite et d’un dévouement à touteépreuve, il jouissait d’ailleurs dans la régiond’une grande influence et était souventchoisi pour arbitre dans les querelles defamille. « Tout le monde l’adorait, » rapporte

LES DÉBUTS DE L’INSURRECTION. —L’ARMÉE VENDÉENNE

(Août 1792-mars 1793)

la Vendéeangevine

Vendée poitevine

Saint de l’Anjou

Jacques Cathelineau

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Mme de La Rochejaquelein. D’untempérament ardent et d’une piétéprofonde, il avait fait partager aux habitantsdu pays son aversion clairvoyante pour lesdestructeurs de ce qu’il aimait le plus aumonde. En 1791, il avait guidé des centainesde pèlerins aux sanctuaires du May et deSaint-Laurent-de-la-Plaine. Son visageallongé, encadré de cheveux noirs, étaitempreint d’une admirable distinction.N’étant pas conscrit, puisqu’il était marié, ilne se trouvait pas le 12 mars à Saint-Florent ;mais il fut dès le lendemain mis au courantdes événements. On lui annonça que l’ex-caporal Jean Perdriau, voiturier comme lui etmarchand de tabac à la Poitevinière, avaitdéjà soulevé, au son du tocsin, les gars de sonvillage et était parti vers Jallais pour attaquerle poste républicain.

A ce moment, Cathelineau, à demi nu,pétrissait le pain de sa famille dans le sombreréduit que l’on voit encore aujourd’hui nonloin de l’église du Pin. Par une illuminationsoudaine, ce paysan comprend le granddevoir qui l’appelle. Il se dépâte les mains,prend ses vêtements et ses armes.

« Vois ces pauvres enfants, lui crie safemme qui se jette éperdument à son cou,que vont-ils devenir ?

— Aie confiance, répond-il, Dieu, pour quije vais combattre, en aura soin. »

Et il fait rassembler une vingtained’hommes sur la place du village. Il lesharangue. « Chaque mot qu’il prononce estcomme un trait enflammé qui pénètre lescœurs, a raconté le curé Cantiteau ; il estimpossible de l’entendre sans entrer dans sessentiments ; sa voix est comme un feu quiélectrise tous ses auditeurs. Sans balancer,sans hésiter, ils se joignent à lui. » Ils vontd’abord à l’église dont les portes, scellées,sont rouvertes. Cathelineau s’offre à Dieu enholocauste et dit aux habitants qui l’ontsuivi :

« Vous qui ne pouvez combattre, priezpour le succès de nos armes. »

Il met à sa boutonnière un Sacré-Cœur etsuspend un chapelet à son cou. Puis il part endonnant, d’un coup de pistolet, le signal de laguerre sainte.

En route, sa petite troupe, forte d’abord devingt-sept hommes, s’enfle plus rapidementque les ruisseaux du pays après l’orage.Quelques heures après, ils sont cinq cents,s’emparent du château de Jallais et du canonqu’il renferme. Puis ils marchent surChemillé, où ils arrivent à 5 heures du soir aunombre de deux mille.

Chemillé était défendu par une centaine degardes nationaux. Sans désemparer,

Cathelineau, rejoint par Perdriau, fléchit legenou, se signe, entonne le ,lance ses gars à l’assaut. Son chapeau et labride de son cheval sont coupés par un coupde sabre qui lui entame le front ; mais il crie :

« Enfants, à la baïonnette et à coups decrosses de fusils ! »

Les patriotes s’enfuient bientôt de touscôtés. Des renforts arrivent du reste de laSalle-de-Vihiers et de la Tourlandry, amenéspar un jeune vicaire taillé en hercule, à lafigure rugueuse, l’abbé Barbotin. Arrive aussiForest, qui a chassé de Joué les gendarmes deVihiers. Le triomphe est complet.

Les jours suivants, les révoltés étaient cinqmille. Stofflet rejoignit Cathelineau. Cegarde-chasse du comte de Colbert (seigneurde Maulévrier) se tenait caché au château deVillefort, où il avait passé son temps à coulerdes balles en prévision des luttes prochaines ;il les distribua aux paysans qui vinrent luidemander de se placer à leur tête et il projetaaussitôt d’attaquer Cholet. A Saint-Georges-du-Puy-de-la-Garde, i l fut nommécommandant de l’armée chrétienne ; en saqualité d’ancien caporal instructeur deLorraine-Infanterie, il paraissait le plus apteà remplir ces hautes fonctions.

Ironie des situations ! Cholet était défendupar un grand seigneur, le marquis deBeauveau, qui était devenu jacobin et juraitd’exterminer ces « sabots ferrés ». Celui-cirangea ses troupes, trois cents gardesnationaux, dans la lande des Pagannes.Mettant à profit les ajoncs qui couvrent le solet les haies qui l’entrecoupent, les « sabotsferrés » s’égayent à droite et à gauche ; aucentre, leurs canons, chargés par le fameux

, tuent au second coup M. deBeauveau et renversent dans la boue, à côtédu général, trente-six gardes nationaux. Lapanique se met dans les rangs des patriotes ;la ville est envahie. Mais le château tienttoujours. A l’abri de ses épaisses murailles, lesRépublicains tirent à coup sûr et sans péril.« De malheureux paysans sans armes, racontele témoin Savary, le chapeau bas, les mainsjointes, venaient se mettre à genoux à vingt-cinq pas du pavillon. Ils semblaient désirer etchercher la mort : on en a vu découvrir leurpoitrine et défier l’ennemi. » Cependant lesassiégés sont avertis que le feu va être mis à laville s’ils ne se rendent pas : ils capitulent ettous ont la vie sauve.

La prise de Chemillé avait coûté quarantetués aux Bleus et trois cents aux Blancs.

Cathelineau, Stofflet et Perdriau prirentpossession du pays au nom du roi etétablirent une première ébauche degouvernement sous le nom de

. Cesbron d’Argonne futnommé gouverneur. Puis l’armée, classée parparoisses, se dirigea, après le , vers denouvelles victoires.

Les gardes nationaux du district deVihiers, des dragons d’Angers, des soldats deSaumur, en tout deux mille hommes,s’étaient réunis à Vihiers. Le 14 au soir, ilségorgent le vieux régisseur du château deTigné, M. des Aulnaies, et se barbouillent levisage de son sang ; puis, au chant de la

, ils gagnent Coron, où ils seheurtent aux catholiques.

« Vive la religion ! Vive le roi ! Rembarre,rembarre ! » hurlent ceux-ci, qui escaladentles haies, débordent les patriotes, les percentde leurs piques et de leurs faux, et les mettenten quelques instants en pleine déroute. Ilsn’ont plus qu’à ramasser les fusils, les sabreset les cartouches qui jonchent le sol. Ilss’emparent aussi d’un canon demeurécélèbre, , dont les ornements debronze rappellent la gloire de Richelieu.

Le lendemain, après avoir entendu unemesse d’actions de grâces et fait un joyeuxautodafé des papiers du district, la plupartregagnent leurs foyers et leurs champs.

Cependant, semblable à un incendie quiéclate en cent endroits à la fois, l’insurrectionse généralise.

Le 13 mars, deux mille paysans de la régionde Beaupréau vont trouver le lieutenantd’Elbée en son habitation de la Loge et leprient de prendre leur commandement. En1789, ce gentilhomme avait renoncé à sesprivilèges et pris part à l’assemblé du tiers-état. En 1791, effrayé de la pente où glissait leGouvernement, il avait émigré ; puis, sur lesinstances de sa femme, il était revenu enAnjou, où il affectait de vivre à l’écart detoute politique. Les paysans arrivèrent auchâteau le lendemain de la naissance de sondernier enfant. Il refusa leur offre et leurmontra la folie de leur entreprise ; mais on fitappel à sa piété, à sa bravoure, à sonloyalisme, et alors, avec la promptitude qu’ilmettra dans la suite à conduire ses hommes àl’assaut, il s’écria :

« Allons ensemble au martyre ou à lavictoire ! »

Il avait posé comme condition d’avoir pourcompagnon d’armes son ami de Bonchamps.

Déjà, une troupe de paysans avait pénétré àla Chapelle-Saint-Florent, dans le château dela Baronnière. L’ancien capitaine de l’arméedes Indes n’était pas, lui non plus, un contre-révolutionnaire militant. En gentilhommeéclairé, il cultivait ses terres en même tempsque les arts et les sciences. Le 1 septembre1792, six mois avant, il avait prêté ce sermentcivique : « Je jure d’être fidèle à la nation, demaintenir la liberté et l’égalité et de mouriren les défendant... » Il essaya de calmer leshuit paysans envoyés vers lui en députation.

« Monsieur le marquis, déclarent-ils lelendemain, nous avons passé la nuit enprières pour demander à Dieu de nousinspirer : nos déterminations n’ont paschangé. Nous croyons que la volonté de Dieuest que nous prenions les armes pour vengernotre foi, notre roi, le clergé et la noblesse.

— Mais, mes amis, objecta-t-il encore,vous ne réussirez à rien !

— Eh bien ! monsieur le marquis, nousmourrons pour Dieu et pour le roi ! »

Vaincu par tant d’héroïque noblesse,Bonchamps leur fait jurer de rester fidèles àla religion, au roi prisonnier, à la patrie, et

Vexilla Regis

Six-Sous

Comitéd’administration

Te Deum

Marseillaise

Marie-Jeanne

er

6

Il met à sa boutonnière unSacré-Cœur et suspend unchapelet à son cou. Puis il

part en donnant, d’un coupde pistolet, le signal de

la guerre sainte.

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« de ne jamais s’abandonner aux cruautés quiensanglantent les guerres civiles » ; puis ilembrasse sa femme, qui est sur le point demettre au monde son troisième enfant.

« Il ne faut pas s’abuser, lui dit-il, nous nedevons pas aspirer aux récompenses de laterre : elles seraient au-dessous de la puretéde nos motifs et de la sainteté de notre cause.Nous ne devons même pas prétendre à lagloire humaine ; les guerres civiles n’endonnent point. »

Il part alors à pied pour Saint-Florent.

L’armée vendéenne a maintenant sesprincipaux chefs. Danguy et La Cathelinière,Lucas-Championnière et le chevalier deCouëtus, dans le pays de Retz ; le chevalierGuerry de La Fortinière, à Noirmoutiers ;Pajot et Pinault, Joly et Savin dans le Marais ;Sapinaud de La Verrie vers Mortagne etBaudry d’Asson dans le canton de laChâtaigneraye ; les frères de Royrand à Saint-Fulgent, vers le carrefour ; enfinCharette de La Contrie et le marquis de LaRoche-Saint-André à Machecoul ont pris lesarmes à la même époque. Le 20 mars,d’Elbée, devant qui s’efface modestementCathelineau, lance à la France uneproclamation où il annonce le dessein del’armée catholique et royale : rétablir lareligion catholique et la monarchie. Le 21,Chalonnes, défendu par trois mille cinqcents patriotes, est emporté. A la fin du mois,la Vendée militaire tout entière est debout.Les cloches de Pâques, en annonçant lamesse des insermentés qui ont repris la placedes intrus, semblent annoncer aussi la

restauration chrétienne et royale.

Lorsqu’on étudie la guerre de Vendée, onest frappé par ce fait que les insurgés, souventdispersés par les Républicains, se retrouventles jours suivants tout aussi compacts. Aprèsles défaites les plus écrasantes, du moins enapparence, ils reconstituent leurs forces etprennent bientôt d’éclatantes revanches. Lelecteur s’étonnera que les colonnesinfernales et les hécatombes des proconsulsaient mis si longtemps à accomplir leurœuvre de destruction : le pays semblerarenaître sans cesse, avec une miraculeusefécondité, de ses cendres et de son sang. Faitparadoxal : ces défenseurs de l’autel et dutrône ont réalisé, sous le fer de leursbourreaux, l’utopie de l’armée-nation, telleque la conçoivent aujourd’hui les pursrévolutionnaires.

Mais ce n’était pas, pour les Vendéens, uneutopie ; car, dans leur superbe indépendance,ils devaient aux traditions ancestrales l’unitésupérieure de pensée et de volonté qui est lacondition de la victoire.

Individuellement, ils paraissaient manquerde discipline. Ils prenaient ou déposaient lesarmes quand ils le voulaient bien. Ilsquittaient sans se gêner le chef qui ne savaitpoint conserver leur confiance, et lorsque,après le combat, quelque officier leursemblait avoir faibli, ils trouvaient toutnaturel de lui dire : « Monsieur le comte n’apas été brave aujourd’hui. » Mais ils étaientdévoués corps et âme à la Cause ; pourassurer son triomphe, aucun sacrifice ne leurcoûtait, et ils réalisaient ainsi des prodigesque les règlements les plus draconiens,comme ceux qu’édictait la Convention, sontà jamais impuissants à susciter.

Lorsqu’il fallait marcher, le tocsinrésonnait au clocher du village. A défaut descloches souvent brisées par les Bleus, lescornes de bœufs, « au saint nom de Dieu et depar le roi, » beuglaient un rauque appel.Aussitôt les gars abandonnaient le sillon,décrochaient leur fusil, se munissaient d’unquartier de pain et suivaient le capitaine deparoisse. Les femmes se mettaient en prièreset préparaient les charrettes de pain quidevaient se trouver sur le passage destroupes. Parfois aussi elles se glissaientfurtivement dans les rangs de l’armée,habillées en hommes, et, devant la mitraille,l’héroïsme de tous était égal. Comme onavait dû interdire aux femmes de combattre,elles se contentaient d’ordinaire de soignerles blessés, d’assister les mourants et,sentinelles vigilantes, de prévenir les leurs dela marche de l’ennemi.

Au rassemblement, on n’édictait point desévères consignes : « L’absence de toute règlep r é c i s e , d i t l a m a r q u i s e d e L aRochejaquelein, venait de ce qu’elle eût étésuperflue et même nuisible. Chacun était sûrde soi et des autres. Il ne fallait pas prescrirede devoir à des gens qui faisaient toujours leplus qu’il leur était possible. » Il arrivait que lecourage physique fût au-dessous du couragemoral : certains chefs frappaient alors ceuxqui n’osaient pas assez, mais nul ne s’enplaignait au nom de l’humanité. On étaitplutôt reconnaissant de cette vigoureuseassistance.

Les chefs se souciaient peu du galon. Pourse faire reconnaître, ils mettaientsimplement à leur chapeau quelques plumesde volaille. A partir de la bataille de Torfouseulement, ils reçurent une espèced’uniforme : veste verte avec collets verts,noirs ou blancs. Encore s’habillaient-ilscomme ils pouvaient et portaient-ils souventla redingote ou l’habit. Les chefs de groupesde paroisses ou divisions se ceignaient d’uneétroite ceinture blanche ; celle des générauxétait large et flottante. C’est Henri de LaRochejaquelein qui avait lancé cette mode : àla bataille de Fontenay, il avait noué autourde sa tête et de ses reins des mouchoirs deCholet ; cette singularité l’avait rendu lepoint de mire des Bleus. Pour ne point luilaisser l’honneur périlleux de recevoir tousles coups, les autres officiers l’imitèrent ; et lemouchoir de Cholet couvrit bientôt la têtedes soldats eux-mêmes. Ajoutons-le :lorsqu’après le passage de la Loire, on voulutréglementer les attributs des officierssupérieurs, les officiers subalternes seplaignirent « de voir des signes honorifiquesapporter l’inégalité dans les rangs d’unearmée toute composée de volontaires ».

Les simples « brigands » se reconnaissaientà la bigarrure de leur habillement : largeschapeaux de paille ou de feutre, parfoisremplacés par de gros bonnets de lainerousse ; veste arrondie de coutil, de serge oude laine brune, bleue ou grise ; gilet très courtqui laissait la chemise former bourrelet au-dessus de la culotte à pont, boutonnée sur lecôté de la jambe jusqu’au genou ; guêtres detoile ; sabots ferrés, qu’on abandonnaitsouvent pour courir plus vite. Tout celaconstituait l’ordinaire costume de travail,bientôt réduit à l’état le plus misérable. Cespaysans-soldats auraient pu se munir deshavresacs et des gibernes qu’ils prenaient auxBleus en quantité ; mais ils craignaient des’alourdir et plaçaient leurs cartouches dansleurs poches ou dans un mouchoir roulé à laceinture. Ils échangeaient seulement leursfaux, leurs fourches et leurs piques contre lesfusils, les pistolets et les sabres républicains.Leur artillerie, au bout de quelques moisassez puissante, n’eut pas d’autre origine.

L’équipement de la cavalerie n’avait riennon plus de brillant : les chevaux de meuniersou de colporteurs, sellés en bâts, étaientharnachés de cordes ; les cavaliers en sabotssuspendaient avec des ficelles leurs fusils etleurs couteaux. Mais au signal donné parl’aile d’un moulin à vent ou quelque trompede piqueur, ces pauvres gens, éclaireurs,flanqueurs ou poursuivants, savaientsurmonter tous les obstacles. Sous laconduite d’un Marigny ou d’un Charette, ilsaccomplirent de prodigieuses randonnées.

La tactique des Vendéens était très simple.Ils se dirigeaient vers l’ennemi en colonnesde quatre ou cinq hommes de front, parfoispêle-mêle, drapeaux, canons et général entête. Celui-ci, avec quelques cavaliers, allaitreconnaître les positions de l’adversaire, puisrevenait bride abattue en criant à lamultitude : « En avant, les gars, voilà lesBleus, là-bas ! » Les gars s’égayaient à droite età gauche ; les plus audacieux, les meilleurstireurs, gardes-chasses et braconniers, enavant. Se dissimulant derrière les haies et lelong des rivières, ils savaient à merveille

Charles de Bonchamps

de l’Oie

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D’Elbée lance à la Franceune proclamation où ilannonce le dessein del’armée catholique et

royale : rétablir la religioncatholique et la monarchie.

Les documents contrerévolutionnaires n 21 — Février 2002o

Page 8: DOCUMENTS CONTRE REVOLUTIONNAIRES

pratiquer cette utilisation du terrain quireste l’art par excellence du troupier français.Le fracas des canons ouvrait le feu. Lesaumôniers donnaient aux combattantsagenouillés une absolution suprême. Au cride « Vive le roi ! » poussé à pleins poumons,on se précipitait sur l’ennemi et d’abord surson artillerie. Ruse que Lamoricièreapprendra plus tard à ses zouaves, les paysansse jetaient à terre dès qu’apparaissait, au-dessus des pièces, l’éclair de la poudre ; puis,se relevant après le passage du projectile, ilsarrivaient de bonds en bonds à proximité desbouches à feu :

« Un tel, criait-on alors, tu es le plus fort,saute à cheval sur ce canon ! »

Le gars bondissait en hurlant : « Vive leroi ! » et les canonniers étaient assommés surleurs pièces.

Cependant les ailes, cheminant debuissons en boissons, ne tardaient pas àentourer la position. Les tirailleurs visaient àla tête et manquaient rarement leur coup.

« Fonçons, les gars ! ordonnaient les plushardis. Les Bleus sont épouvantés !rembarre ! rembarre ! »

Les Bleus se voyaient perdus ets’enfuyaient, abandonnant leurs armes et nepouvant dès lors éviter le carnage.

Si le nombre avait raison des Blancs, ceux-ci n’étaient pas, pour autant, exterminés.Mettant à profit leur parfaite connaissancedu terrain et se débarrassant seulement deleurs sabots, ils criaient : « Vive le roi quandmême ! » et disparaissaient, comme deslièvres, dans toutes les directions, pour seretrouver, quelques lieues plus loin, dans despositions de rassemblement indiquées àl’avance. Ce fut tout le secret de leursprodigieuses résurrections.

Le service de l’intendance était plus querudimentaire. L’armée ne possédait pas defourgons à vivres. Le train des équipages étaitinexistant. Et pourtant on ne manquait pasde nourriture dans un pays où il arrivait auxBleus de mourir de faim. C’est que lapopulation tout entière réservait sessubsistances pour ses défenseurs. Lescomités chargés de réunir les bestiauxdélivraient « au nom du roi » des reçus auxmétayers. Ces dettes, que le Gouvernementde Louis XVIII aurait dû considérer commesacrées, ne furent jamais acquittées : le sang,versé à torrents, ne reçut d’autre récompenseque la satisfaction du devoir héroïquementaccompli.

Si la vertu maîtresse de tout soldat est lesacrifice de lui-même à la cause, nul ne peutse refuser à ranger de pareils soldats parmi lesplus grands.

Claude M -R :

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cm, 526 pages et 16 p. de photographies h. t.Préface du père Jean-Jacques Marziac. Prix :28,50 euros (186,95 F) + 5,40 euros de portpour envoi par correspondance chez lediffuseur SA D.P.F., B.P. 1, 86190 Chiré-en-Montreuil.

Mort en 2000, le père Michel André,prêtre missionnaire (Martinique, Guinée,Algérie, Argentine) a vécu d’une façondangereuse et éprouvante la décolonisationet les conséquences du Concile Vatican II (ilse trouvait à Conakry et frôla la mort en 1961,au moment ou Sékou Touré instaura unrégime communiste en Guinée). Il futégalement un collaborateur du père Brottieren 1948 et professeur pendant six ans à l’écoledes missions d’Allex. Ami de MonseigneurLefebvre, appartenant comme lui à l’ordredes Spiritains, il fut avant tout, un prêtre deterrain, un formidable éducateur de lajeunesse et entraîneur d’hommes, en faisantreposer tout son apostolat sur la messe deSaint Pie V.

Empêché de poursuivre son ministère en1971 (il était à l’époque en Argentine), ilrevint en France et s’installa en Anjou (laprovince de ses origines) où il créa chapelleset œuvres pour maintenir la tradition. Ilfonda l’Association Noël Pinot qui est venueen aide à plus de 2000 prêtres persécutés etlaissés pour compte par leurs évêques, puis lebulletin (Association Noël Pinot, 54rue Delaâge, 49100 Angers France ; fax 02 4187 81 20).

Usé par ces longues années de labeurincessant, considérablement affaibli, il s’estéteint en 2000 à l’âge de 85 ans.

Claude Mouton-Raimbault décrit de façontrès vivante la figure de ce prêtre vrai, c’est-à-dire d’une piété et d’une charité extrêmes quidoit être un exemple pour les traditionalistesen même temps qu’un sujet de réflexion pourceux qui ne le sont pas. Il s’est efforcé d’êtreun « pont » et de tendre une main fraternelle àtous les prêtres, ses frères, tout en restantferme dans son combat.

Jacques Crétineau-Joly,, Éditions Pays & Terroirs,

1994. Disponible à la SA D. P. F.

Émile Gabory, ,Éditions Robert Laffont, 1989. Disponible àla SA D. P. F.

Marquise de la Rochejaquelein, ,Éditions du Bocage, 1994. Disponible à la SAD. P. F.

, BP 1, 86190 Chiré-en-Montreuil, France. Tél. : 05 49 51 83 04 ; fax :05 49 51 63 50 ; http://www.sadpf.com.

, BP 79, 33410Cadillac, France. Tél./fax : 05 56 76 74 80 ;http://www.litoo.com.

, B. P. 51,67044 Strasbourg cedex, France.

,

, 201 rueSainte Christine, 83000 Toulon, France.Tél./Fax : 04 94 03 16 74.

, 85 ruePetit, 75019 Paris, France. Tél. : 01 40 03 9635, fax : 01 40 03 96 50. Association fondée en1953 sous la présidence d’honneur du généralWeygand . Sa mission est de « prolonger lamission de la Sainte de la Patrie par la prièreet l’apostolat » (mandat fixé par Pie XII), etd’« approfondir la connaissance de Jeanned’Arc sous tous ses aspects : scientifiques,artistiques, moraux, mystiques ».

, lettre d’infor-mations confidentielles d’Emmanuel Ratier,l’un des hommes les mieux informés. Poursavoir ce qui se passe dans les coulissesrévolutionnaires (franc-maçons, sectes,mondialistes, lobbies cosmopolites...) aussibien que chez les contrerévolutionnaires. BP254-09, 75424 Paris cedex 09, France.Tél./fax : 01 40 16 80 92 ; http://www.faits-et-documents.com.

Saint Michel Archange, défendez-nousdans le combat ; soyez notre secours contrela méchanceté et les embûches du démon.« Que Dieu lui commande », nous ledemandons en suppliant ; et vous, Prince dela milice céleste, repoussez en enfer, par lapuissance divine, Satan et les autres espritsmauvais qui rôdent dans le monde pourperdre nos âmes. Ainsi soit-il.

Y Y Y

OUTON AIMBAULT Un prêtrevrai. Le Père André (Dans la tourmente de ladécolonisation et du Concile)

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(Indulgence de trois ans ; plénière, une fois par mois, pour larécitation quotidienne, aux conditions ordinaires (confession,communion, visite d’une église avec prière aux intentions duSouverain Pontife). Pén., 12 novembre 1932.)

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Au terrible torrent de boue constitué par leslivres sortis de l’officine ténébreuse des impies,

sans autre but, sous leur forme éloquente et leursel perfide, que de corrompre la foi et les mœurs et

d’enseigner le péché, le meilleur remède, on enpeut être assuré, est de leur opposer des écrits

salutaires et de les répandre.

S. S. Léon XII, , 26 juin 1827.

I. Kraljic, C.P. 49604, 5122 Côte-des-Neiges, Montréal, Qc, H3T 2A5, Canada. Email :[email protected]. URL :http://www.contrerevolution.org

Lettre Diræ librorum9

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