Le navigateur genevois Dominique Wavre a pris le 10 novembre le départ du Vendée Globe – le tour du monde à la voile en solitaire, sans escales et sans assistance, à bord du voilier Mirabaud. Il participe à cette épreuve pour la quatrième fois, soit son dixième tour du monde en course, ce qui constitue un record.

dominique WaVre

Mon plus beau vendée globe!

mirabaudeT La voILe

désormais totalement remis de son aventure, il revient sur ce Vendée Globe, et nous en

décrit les temps forts. Pour commen-cer, nous lui avons demandé de combien de temps il a eu besoin pour se remettre complètement de ces trois mois de mer et de solitude.

Dominique Wavre: en fait, tout dépend de quoi on parle. J’ai très rapidement repris un rythme de sommeil normal, ainsi que des habi-tudes alimentaires de terrien. Par contre, il m’a fallu un certain temps pour retrouver des réflexes civilisés auxquels on ne pense pas

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ment d’expérience pour savoir que tout cela est éphémère et qu’il va bien falloir remettre les pieds sur terre. dans mon cas, ça se fait assez rapidement.

Par contre, on ne peut pas vérita-blement parler de retour à la nor-male. il y a un avant et un après, qui ne sont pas similaires. on n’est pas le même au terme d’une telle course.

En rêves-tu encore?non, pas du tout. Je ne l’ai d’ail-leurs jamais fait, je suis quelqu’und’assez pragmatique et je rêve peu...

une seconde lorsqu’on est seul en mer, comme de refermer les portes derrière soi ou de partir avec ses clés... on est un peu déphasé au terme d’une telle course... et il m’a fallu encore plus de temps pour récupérer complètement physi-quement, je ressens d’ailleurs tou-jours des douleurs au dos.

Et psychologiquement, comment se passe le retour à la normalité?c’est assez rapide et simple. le len-demain de l’arrivée, on ressent encore une très forte vague de sym-pathie de la part des gens, et l’on est euphorique. mais j’ai suffisam-

As-tu revécu la course, dressé un bilan?oui, bien sûr. J’ai commencé par découvrir tout ce qui s’était passé en mon absence; j’ai regardé les vidéos de mes concurrents, j’ai lu leurs récits et regardé le site officiel de la course. Puis je me suis aussi penché sur mon propre parcours, en essayant de voir ce que j’aurais pu faire différemment.

“J’ai Vu le nombre de PerSonneS incroYable qui SuiVaiT la courSe Sur mon comPTe facebooK...„Justement, y a-t-il des choses que tu aurais faites différemment?oui, des points de détail. la course parfaite n’existe pas. des fois, j’aurais par exemple dû prendre une option une demi-heure plus tôt... J’ai quelques petits regrets, mais rien de fondamental. Je ne pense pas avoir commis de grosse erreur stratégique. lorsque j’ai vu le nombre de personnes incroyable qui suivait la course sur mon compte facebook, je me suis aussi dit que j’aurais peut-être dû

envoyer encore plus d’images. mais j’ai tout de même envoyé une centaine de médias sur l’ensemble de la course, ce n’est pas mal.

Quelles ont été tes principales surprises au terme de l’arrivée?il y en a eu deux. Premièrement, j’ai appris que j’étais blessé (ver-tèbre fracturée) depuis le qua-trième jour de course, et ça a vrai-ment été une grande surprise (voir tirette). et puis, j’ai aussi été très surpris par l’impact des réseaux sociaux, et par le déferlement de commentaires pas toujours avisés sur le site officiel du Vendée Globe. J’ai été étonné d’y décou-vrir un si grand nombre de mes-sages mais aussi, dans certains cas leur agressivité et, hélas, leur bêtise.

Peut-on y faire quelque chose?oui, c’est clair, et c’est le rôle des organisateurs. J’ai d’ailleurs rédigé un bilan de ce Vendée Globe à l’attention des organisa-teurs de la course et de l’imoca (ndla: la classe de voiliers qui disputent le Vendée Globe). Je peux me permettre de le faire, car j’estime avoir suffisamment d’expérience pour avoir un avis qui compte. J’ai donc rédigé un document de cinq pages, confiden-

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l’arrivée, vendredi 8 février 2013 à 15:16:42 Tu après 90 jours, 3 heures, 14 minutes et 42 secondes de course.

Glissez pour plus de détails

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Comment se porte le Mirabaud après 40 000 km de mer? il se porte comme un charme! nous aurons bientôt fini le check-up complet, et nous n’avons rien trouvé d’anormal.

Comment vous y êtes-vous pris? nous avons commencé par vider complètement le bateau, et nettoyer l’intérieur de fond en comble. Puis nous avons passé chaque détail en revue, de l’avant à l’arrière.

Quels sont les souvenirs qui res-sortent, les meilleurs moments?c’est vraiment très dur à dire, il y en

tiel, qui met en évidence certaines faiblesses de l’organisation et qui permettra, je l’espère, d’évoluer à l’avenir.

Quels sont les pièges à éviter?il faut remettre la course et ses fondamentaux au cœur de l’équation, et éviter que les agences de communication et les avocats ne prennent trop de pouvoir, sinon à l’avenir, on verra des skippers s’entailler le front avec un cutter pour générer de l’audience... Je pense qu’il faut que les équipes s’engagent par le biais d’une charte éthique.

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les Sables-d’olonne approchent...

mon bricolage tenait un certain laps de temps, et qu’ensuite il fallait recommencer la réparation.J’ai donc passé beaucoup de temps au bout de mon bout-dehors, tout à l’avant du bateau. c’est un endroit très inconfortable et dangereux. mon mal de dos n’a rien arrangé...

La remontée de l’Atlantique était aussi très dure, d’après ce que racontaient tous tes concurrents directs?oui, c’est vrai, mais ça, c’était juste de la régate et du vent fort et contraire à affronter, donc rien d’anormal.

Juste après l’arrivée, tu déclarais que c’était ton plus beau Vendée Globe. Tu le penses toujours?oui, c’est vrai, c’était une course fantastique. J’ai été au contact direct de mes adversaires les plus proches du début à la fin, ce qui a beaucoup contribué à l’intérêt de la course et qui l’a rendue fasci-nante à vivre. et j’ai le sentiment d’avoir vécu un très bel accomplissement.

Propos recueillis par Bernard Schopfer

a tellement. evidemment, c’était assez extraordinaire de me retrou-ver bord à bord avec Jean le cam au milieu des mers du sud. J’ai aussi beaucoup apprécié le départ et les heures qui l’ont suivi. c’était une très belle bataille. Puis l’arrivée. et tant d’autres moments fabuleux...

Et les pires?J’ai eu un problème technique récurrent, avec mon bout-dehors (ndla: l’espar se trouvant devant l’étrave du voilier et sur lequel les marins arriment les plus grandes voiles d’avant). le bout qui passe à l’intérieur a été endommagé, et j’ai donc dû bricoler un système alternatif. le problème, c’est que

Tea time...