Directeurs d'tude : Saweta Clouet, Chrif Hanna, Jean-Yves Petiteau

arts de faire - fvrier 2015

ESTUAIRE 2029

Tirer des bords

Ce livret relate le chemin parcouru entre la dcouverte dun territoire et lnonciation des intentions de projet. Il conte notre voyage entre deux Loires, dont la retranscription est la synthtisation dun travail de recherche et danalyse, mais aussi le fruit dune dmarche base sur la reconnaissance des rencontres et des changes. Donges en est lobjet dtude et se rvle peu peu au cours du rcit qui illustre une approche sensible mais galement fonde sur des donnes objectives. Cette complmentarit entre les reprages sur le terrain et le travail lcole nous permet de livrer une identification du territoire, den discerner les enjeux, de soulever des interrogations et de sy projeter. Sous la forme dune histoire, ces textes proposent une immersion dans un monde, exposent notre rflexion, explicitent la stratgie de groupe et aboutissent trois propositions personnelles.

ESTUAIRE 2029

ENTRE DEUX LOIRESBousculer la hirarchie des les

Tirer des bordsJustine Cloarec (PFE), Cllie Mougel (PFE), Jeanne Roze.

Directeurs d'tude : Saweta Clouet, Chrif Hanna, Jean-Yves Petiteauensa nantes - arts de faire

DONGES

Justine CloarecCllie Mougel Jeanne Roze

Estuaire 2029Estuaire de la Loire, territoire

en mouvement

Equipe tudiants :

Equipe enseignante : Chrif Hanna, Architecte Urbaniste Jean-Yves Petiteau, Anthropologue Saweta Clouet, Architecte

Intervenants : Cendrine Robelin , CinasteFlore Grassiot, Architecte et ArtisteRicardo Basualdo, Artiste et Scnographe Urbain

Ouvrage dit en 20 exemplaires - Achev dimprimer en Janvier 2015

ESTUAIRE DE LA LOIRE TERRITOIRE EN MOUVEMENT

ENTRE DEUX LOIRESBOUSCULER LA HIRARCHIE DES ILES

TIRER DES BORDS

JUSTINE CLOAREC (PFE) CLLIE MOUGEL (PFE)JEANNE ROZE (MASTER)

DIRECTEURS DTUDE : CHERIF HANNA, JEAN-YVES PETITEAU, SAWETA CLOUET

cole Nationale Suprieure dArchitecture de Nantes -arts de faire-

5SOMMAIRE6 Prface9 Introduction

11 Dcouverte

12 Au coeur de l'estuaire12 Lestuaire, un intrt national 14 Lestuaire, lchine dune mtropole deux ttes14 Donges, une situation stratgique aux portes de lestuaire 16 Paysages d'eaux16 Le mouvement des deux Loires18 La machinerie hydraulique des espaces naturels20 Une histoire particulire20 Des implantations humaines partages entre les deux Loires 20 Mmoire du bourg, un carrefour 21 La perte de l'identit du bourg

25 Immersion26 Traverses30 Rencontres, entretiens et itinraires34 Ateliers publics

39 Discernement / Donges aujourdhui : territoire morcel, paysages contrasts

40 Les diffrentes facettes de Donges 40 Effets de la ville-territoire et pratique de la grande chelle42 Insularits conomiques et polarits lchelle de la commune45 Poids des acteurs et des rgles48 Paradoxe de la raffinerie48 Le bourg, attractivit et pratiques locales48 Le bourg, structure et mobilit51 Enjeux : (Se)recentrer ? 53 Intentions et projection / Impulser pour faire lien

54 Rinterroger lexistant et soulever les potentialits55 Cardo-dcumanus, mise en valeur dun axe nord-sud et nouvelle transversalit55 Nouvelles mobilits57 Sites d'intervention

63 Propositions

63 Quais en mouvement / Jeanne Roze71 Sjour sur le quai / Cllie Mougel91 Coeur de bourg / Justine Cloarec

6Lestuaire de la Loire : un territoire en mouvement

Lestuaire de la Loire est, de son origine nos jours, le territoire de tous les dparts, celui des voyageurs, des aventuriers, celui des conqurants et des migrants.Les villes de lestuaire se sont greffes sur les quais o ont transit les hommes, les marchandises et la valeur.

Ce territoire instable au rythme des crues, des mares, des creusements du lit dun fleuve sauvage sur lequel se croisaient migrants et commerants est devenu lespace privilgi dune immigration. Le mouvement sinverse, le territoire sinvente au fil de limaginaire et devient lenjeu de multiples investissements.La valeur de ce territoire repose sur un hritage, celui des mobilits antrieures, dont les infrastructures conservent la mmoire. Elle repose sur les dplacements et mouvements qui les investissent aujourdhui, multipliant les croisements, liens et concidences sur lesquels se jouent de nouveaux rapports de civilit et une nouvelle urbanit.Un monde sinvente au croisement de ces mouvements, une mtropole originale se construit sur les liens que les nouveaux et anciens habitants tissent sur un paysage redcouvert donc rinvent.

La question sur laquelle repose le mnagement de la future mtropole estuarienne, repose sur la qualit de nouveaux espaces-temps sollicits par la mise en rsonance des diffrents territoires.

Tirer des bords : une mtaphore

pragmatique...

Mobiliser une rsilience

En mer, tirer des bords, cest poursuivre sa route au prs serr contre le vent.Remonter lestuaire contre le vent , souvent contre courant, cest engager un parcours de reconnaissance. Cest retrouver au prsent les traces dune histoire.

Tirer des bords, cest, en louvoyant, rveiller les traces dun dplacement antrieur; celles des liens qui peuvent encore mobiliser le territoire.Lestuaire est un territoire en mouvement : celui du fleuve, de la mare, des marais et de lestran que lon protge ou que lon sdimente. Les btiments ou les infrastructures ne suivent pas la mme temporalit que celle des constructions ancres sur le sol.

Lestran, les rives, les bords, les berges et les quais ne subissent pas seulement les mouvements naturels du fleuve ou de la mer, ils bordent un territoire continental. Lieux des passages et transactions qui animent, modifient et obligent rinvestir les espaces o les hommes et marchandises embarquent ou dbarquent. Ils deviennent miroir des grandes mutations conomiques inscrites dans un rapport de mondialisation.

Sur un tel espace en mutation, les strates de chaque occupation recouvrent la mmoire des changes et valeurs sur lesquelles se rejoue, priodiquement, dans un rapport daltrit,

PRFACEChrif Hanna et Jean-Yves Petiteau

7une identit des hommes et des lieux.

Ces implantations et ces effacements obligent, comme le monde non encore dcouvert, redcouvrir un territoire qui sinvente et renat au fil de lhistoire.Si les rives ne recelaient pas un potentiel, jamais les nouveaux conqurants ne rinvestiraient priodiquement cet espace dont la valeur repose sur la transaction. Et parce que ce territoire sinvente chaque phase de lhistoire ; le reprage doit tre analys et pratiqu comme une aventure : celle dune dcouverte et dune relecture du potentiel que rvle cette identification des traces.Retrouver ces traces, cest mobiliser des liens que chaque frontire met en tension entre des territoires, lointains ou proches. Cette reconnaissance en acte des traces qui tissent les relations potentielles dun bord par rapport ses diffrents contextes permet dvaluer, de choisir et de construire les liens qui placent chaque projet comme lattente dune relation, dun change et dune ngociation.Ce que nous rvle chaque ngociation, cest que ce qui schange dborde ou dplace lobjet dans sa fonction ou sa dfinition premire.Les arguments de lchange mobilisent de nouveaux contextes. Ce qui est important nest pas toujours la fonction premire, mais ce quelle induit comme rapports sociaux. Ce que lon change dans lchange. Ce nest jamais ni lobjet lui mme ni son usage mais sa valeur1 qui est totalement relative la reconnaissance des partenaires de lchange et du contexte.

Sur un espace en mutation, la rvlation de ce maillage dynamique est la premire cl pour la mise en uvre dune problmatique de lamnagement.

1 Ce quun conomiste /anthropologue: Georges Hubert de Radkowski analyse dans son ouvrage : La mtamorphose de la valeur, Presses universitaires de Grenoble, 1988

Ce sont donc les liens, le contexte et lenjeu de chaque traverse qui permettent de rinventer le potentiel de chaque territoire.Le reprage pour cela nest pas neutre puisque le dplacement du dcouvreur est dj une mise lpreuve dune interaction ; soit la reconnaissance dun change, qui rvle le potentiel de chaque parcelle ou fragment sollicit, par lexprience dun tel dplacement.

Lestuaire est par excellence, un territoire en mouvement. Il nest pas seulement le lieu dune identit remarquable, mais, le territoire privilgi dune problmatique nouvelle. Le lieu dune exprience o sexplicite un regard nouveau sur le territoire.

Le master 2015 est la 8me dition dune dmarche stratgique centre sur lEstuaire de la Loire. Chaque session est loccasion dexplorer de nouveaux espaces diffrentes chelles ; les mobiliser et rendre explicite des arts de faire et des arts de vivre, peu ou pas toujours reconnues par les experts et professionnels de lamnagement.

Aprs La mtaphore dune le en 2013 et import/export en 2014, la thmatique retenue pour le projet actuel tirer des bords tente de retrouver sur les traces de la mmoire, la dynamique dun mnagement capable dinaugurer un processus de rsilience in-situ.Cette dmarche propose avec les personnes qui y vivent, un projet : mnagement/amnagement sur les communes de : Nantes (Chantenay), Frossay, Cordemais, Donges, Paimboeuf, Trignac, Saint-Brvin. et les lisires quils contaminent.

Ce livre, parce quil est une reconnaissance de lart de vivre et lart de faire sur chaque espace abord, est un document ressource pour aider chaque communaut rflchir et laborer des propositions qui valorisent lidentit des diffrents lieux et mobilisent les potentialits reconnues lors

8

9Ce mmoire est la synthse du travail dtude men de septembre 2014 fvrier 2015 dans le cadre de loption de projet Estuaire 2029 sous la direction de Chrif Hanna, Jean Yves Petiteau et Saweta Clouet. Il prsentera la dmarche et le rcit du chemin parcouru depuis la dcouverte du site jusqu laboutissement du projet.

Le long de lestuaire, chaque groupe dtudiants a choisi un territoire dtude. De Nantes Saint Nazaire, les communes qui ponctuent la mtropole ont en commun le fleuve tout en dtenant leur propre particularit. Donges est lune dentre elles, en lien avec leau, en corrlation troite avec lindustrie du ptrole, enveloppe la fois dune image froide mais aussi dun imaginaire tonnant. Le choix de Donges comme site de projet est n dune curiosit, dune envie de dcouvrir et dapprhender un territoire touch par la complexit des lments qui sy confrontent. Entre raffinerie et nature, entre gant de fer et infinitude des marais, nous avons voulu comprendre Donges.

Dans le cadre de la pdagogie de loption qui repose sur l'change, et base sur un travail associant pratiques et participations llaboration du projet, les allers-retours entre terrain et cole ont tout au long du semestre aliment la rflexion et terme la conception.

La premire approche que nous ayons eu du territoire de Donges fut celle lie au parcours de lestuaire durant

lequel nous avons pu pour la premire fois nous plonger dans les paysages qui parsment la Loire, du nord au sud. Quelques instants de pauses pour dcrire les premires impressions et sensations prouves. A chaque visite suivante, la rflexion sen ait trouv enrichie et cest ainsi qua dbut notre travail dapprhension, danalyse et de cartographie.

Par ailleurs, les rencontres avec les acteurs institutionnels ont apport des donnes concrtes et permis dentrevoir une ralit qui complte la premire approche sensible. Enfin, la rencontre avec des acteurs qui vivent, habitent ou travaillent le territoire de Donges t essentielle. Sous forme dentretiens plus ou moins prvus, plus ou moins organiss ou encore sous forme ditinraires, ces changes ont dot lapproche dun caractre plus vrai. Ils ont permis de faire surgir des lments cls, et surtout de rvler dautres facettes, douvrir notre vision parfois errone a priori.

Le mmoire se dcompose en cinq temps : le premier li la dcouverte technique du site, sa situation, sa gographie, sa topographie ou encore son histoire; le deuxime traite de sa dcouverte plus sensible lie aux ressentis personnels aussi bien quaux rencontres; la troisime est lanalyse que nous proposons du territoire, mlangeant objectivit et subjectivit; la quatrime soulve les enjeux et expose les intentions du projet commun lorsque la dernire prsente les trois projets personnels.

INTRODUCTION

10

11

DCOUVERTE

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Lestuaire, un intrt national

Le systme hydrographique semble tre un lment consquent tudier afin de rflchir au devenir dun territoire. Le fleuve symbolise les flux une grande chelle puisque celui-ci se jette dans la mer et constitue une voie de communication depuis les terres. La Loire, le plus long fleuve de France qui s'tend sur prs de mille kilomtres, constitue un enjeu national dans le sens o son bassin versant reprsente prs dun cinquime de la superficie du pays. Son embouchure figure donc comme un lieu stratgique, un carrefour.

Un estuaire est une forme particulire de littoral. Cest un port naturel se prsentant comme un carrefour ouvrant des voies deau naturelles, de pntration lintrieur du continent TPFE Martin Bruno, L' estuaire, matire projets : extension des installations industrialo-portuaires de l'estuaire de la Loire

La Loire est considre comme un fleuve vivant . Les civilisations lont transforme la fois pour la dompter et en mme temps pour sen protger, mais elle conserve des vnements paysagers naturels remarquables. Aujourdhui encore nous lappelons le dernier fleuve sauvage . Lestuaire de la Loire sinscrit dans un environnement naturel particulier parce quil est la rencontre de deux masses deau de salinits et de courants distincts. Ainsi, diffrents cosystmes se rencontrent et confrontent leur caractre marin, fluvial et terrestre, crant des zones humides comme les vasires et les roselires, habitat dune faune et dune flore comptant de multiples espces.

Le fleuve ny est plus fleuve, locan ny est plus ocan TPFE Martin Bruno, L' estuaire, matire projets : extension des installations industrialo-portuaires de l'estuaire de la Loire

AU CUR DE L'ESTUAIRE

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Donges

St.Nazaire

Nantes

Orleans

Angers

Saint-Etienne

Tours

Urbanisation et activits lies l l'estuaire

ST-NAZAIREPAIMBOEUF

CORDEMAIS

ST BREVIN LES PINS

INDRE

DONGES

NANTESCOUERON

Marais

Terres arables

Implantation de l'activit portuaire

Urbanisation

Zones industrielles

Fleuve, situation de l'estuaire et bassin versant

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Lestuaire, lchine dune mtropole deux ttes

La superficie de lestuaire stend sur plus de 100 km de long et 50km de large, entre Nantes et Saint-Nazaire, avec prs de 80% despaces naturels et agricoles non construits. Cette mtropole est considre comme peu dense avec une moyenne de 29 habitants par hectare et 35 dans lagglomration nantaise. Cet entre-deux, ces vides au cur de la mtropole, sont dessins par plus de 40000 hectares de zones humides issues du systme hydrographique caractristique de lestuaire.

ce caractre naturel vient se superposer une dynamique industrielle. En effet, la situation particulire de lestuaire en fait un territoire convoit conomiquement. Une mtropole est par dfinition un point de rencontre entre un territoire et de nombreuses fonctions ncessaires son dveloppement. Elle a besoin de sintgrer dans des rseaux dchanges et dinformations, des axes de communication que la situation du fleuve lui apporte. Ainsi, les polarits que sont Nantes et Saint-Nazaire crent une aire dinfluence lchelle de lestuaire.

Son histoire et son occupation humaine en ont fait un objet maniable. Ses rives ont chang dpaisseur et de nature cause des contraintes de navigabilit du fleuve et des activits portuaires et terrestres qui sy sont implantes. Les impacts anthropiques ont remodel au fil du temps ce territoire toujours dans loptique de favoriser lexploitation du port et afin dassurer un lien entre le domaine maritime et terrestre.

Donges, une situation stratgique aux portes de lestuaire

Le port-autonome de Nantes-Saint-Nazaire prend place sur les rives Nord et Sud de lestuaire de la Loire. Il facilite les changes internationaux et accueille des navires pour les charger et dcharger. Les fonctions du port sont varies et elles cohabitent avec des industries qui exploitent les ressources issues des flux maritimes. Sur la rive nord, la situation dembouchure a dtermin la vocation industrielle et portuaire de lagglomration de Saint-Nazaire. Dans son prolongement vers lamont, la zone industrialo-portuaire Donges-Montoir rassemble plus de 85% des flux du Port autonome. Ce secteur sest principalement tourn vers le commerce et lindustrie de lnergie. Ainsi, le terminal portuaire de la ZIP (Zone Industrialo Portuaie) Donges-Montoir stablit sur la commune de Donges o on trouve le terminal ptrolier qui jouxte la deuxime raffinerie de France.

La situation de Donges nest pas anodine puisquelle reprsente ds son origine un choix stratgique dimplantation. En effet, le patronyme de la commune est issu du donjon tablit durant les invasions normandes lendroit o le champ de vision est large et porte la fois vers la porte de lestuaire et vers lamont du fleuve.

Donges a vient de Donjon, a a t cre au Xme, XIme onzime sicle lorsque les Normands envahissaient la Loire.On avait mont un donjon au bord de la Loire, sur un peron rocheux qui savanait. Ce donjon en bois, ctait une motte fodale avec une base de terre, de quelques mtres de haut, un vrai poste dobservation qui surveillait, dun cot on voyait jusqu Saint Nazaire, et de lautre ct on avait une vue sur Cordemais, donc ctait un endroit parfait pour surveiller. Donc voil Donges Donjon, a a toujours t un site stratgique

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A l'ouest, vers l'ocan

A l'est, vers Nantes

Schma donjon

Donjon

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Le mouvement des deux Loires.

Linfluence de lestuaire sur les modes dhabiter est issu directement du rapport leau. Le systme hydrographique est constamment en volution ce qui rend difficile la dfinition des limites du fleuve sur le territoire. Les lignes de rivage se modifient avec le temps, les flux maritimes crent des rythmes de sdimentations des berges et contraignent les amnagements.

La rive nest pas une ligne mais une surface, un sol particulier, un entre deux, un espace part entire : lestran. Samuel Rajalu dans Parcours destuaire

On distingue diffrents milieux humides entre les terrains adjacents au lit du fleuve et les sols humides en retrait, dans les terres. Cette variation entre zones humides nous amne voir la Loire sous deux visages marqus par des temps diffrents. Ainsi, la Loire fluviale est compose par le fleuve, les vasires, les berges, les roselires et les prairies humides qui jouxtent le cours deau; tandis que la Loire humide est faonne par

ses marais et sa topographie plus marque. Ces deux Loires fonctionnent sur des rythmes indpendants mais lensemble de ces biotopes restent intimement connects. La Loire fluviale volue la cadence quotidienne des mares alors que la Loire humide se modifie au fil des saisons. Ainsi lhiver, les marais immergs signalent les asprits de larrire-pays.

Le territoire de Donges se dcoupe entre zones inondables et mergences de granit. limage des marais de Brire parsems dles, la topographie rvle des points hauts, des perons rocheux qui sont le socle o stablissent les implantations humaines, caractristiques du mode dhabiter dans lestuaire. Nous sommes donc dans une construction insulaire du territoire, un archipel dles, de marais, de prairies et de zones inondables tmoins des rapports troits entretenus avec la Loire.

PAYSAGES D'EAUX

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Topographie et perons rocheux

Hydrographie

Canal de la Taille

Etier de Lavau

Bras de la Taille

Cana

l de M

artig

n

Canal du Priory

Ecluse du Priory

Vanne de MartignEcluse de la Taille

DONGES

SAINT-NAZAIREPAIMBOEUF

SAINT-MALO DE GUERSAC

MONTOIR

Mer haute

Mer basseEmergences de granitEclusesZones humides

Canaux

Rigoles

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La machinerie hydraulique des espaces naturels

Leau assure la fois lunit et la diversit des paysages de lestuaire. Comme vu prcdemment, la rencontre de types deau de salinits et de courants diffrents apporte des formes dhabitats particuliers pour de nombreuses espces danimaux et de vgtaux.

Depuis la rive, on distingue les vasires o se dposent les sdiments du fleuve chaque mare. Ce bassin riche en biodiversit est le premier maillon de la chane alimentaire o viennent se nourrir de phytoplancton de nombreuses espces doiseaux. Puis, en partie suprieure, les berges sont colonises par une vgtation plus fournie, les roselires. Cette zone naturelle dpuration des eaux participe la prolifration de la faune et la vgtation dessine le paysage de lestuaire en captant la lumire et les effets du vent.

Les prairies qui bordent le fleuve sont entretenues par une activit agricole extensive. Elles sont inondables, cest pourquoi llevage y est pratiqu, ce qui permet un entretien rgulier par fauchage et pturage. Les prairies humides de larrire-pays, o prolifrent dans certaines parties une vgtation de marais, sont de vastes espaces dont les hauteurs regroupent les implantations humaines. Lensemble de ces milieux humides est rgul par un systme hydraulique complexe compos dtiers, de rigoles et de canaux qui forment des exutoires vacuant leau douce vers la Loire. Le territoire de Donges se structure par son hydrographie et lamnagement de voies deau contrles au gr des saisons et des mares par des cluses et des vannes pour faciliter son usage. Lagriculture et ses exploitants participent au maintien de ce systme et en sont les garants.

Donges est une le, avant on pouvait en faire le tour en cano ! Un Dongeois

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La raffinerie de Donges depuis Paimboeuf

Paimboeuf depuis les bords de Loire de Donges (zone de Donges-Est )

La raffinerie et l'glise de Donges depuis les terres

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Des implantations humaines partages entre les deux Loires

Comme nous lavons vu, les implantations humaines et le dveloppement conomique de la commune sont troitement lis au systme hydraulique de lestuaire. La situation de Donges entre l'embouchure et l'amont du fleuve en on fait un territoire stratgique dans lvolution passe et venir de la mtropole Nantes-Saint-Nazaire.

Ds le Moyen Age, Donges saffirme comme une place importante dans le pouvoir fodal puisquelle reprsente un site commandant lentre de la Loire. Faisant face Paimbuf, elles symbolisent les portes de lestuaire. Sur la rive nord de la Loire, les terres fodales se rpartissent entre la chtellenie de Gurande, le vicomt de Donges qui stendait de Saint-Nazaire Cordemais, et Nantes.

lchelle du territoire de Donges, les implantations humaines prennent place sur les les dessines par la Loire. Le bourg le plus important sinstalle sur les rives du fleuve. Au dix-huitime sicle, les marais de Donges sont privatiss, contrairement ceux de Brire. De nombreuses seigneuries

stant tablies au cur de la Loire humide tirent leur conomie des activits agricoles dlevage et herbagre, ainsi que du systme hydraulique contrl par les cluses. Ces tablissements insulaires assurent la matrise du territoire et en valorisent les ressources.

Mmoire du bourg, un carrefour

Le bourg de Donges se positionne donc au bord de la Loire fluviale, o un port de pche se dveloppe et entretient des liens quotidiens avec la rive oppose, par le biais dun bac vers Paimbuf. Ds lindustrialisation, au XIX me sicle, la mise en place du chemin de fer marque un tournant dans lvolution du bourg. Celui-ci devient un carrefour entre la route, le fer et le fleuve.

La fin de la Premire Guerre Mondiale marque la mtamorphose des rives du fleuve avec limplantation dun dpt ptrolier par les troupes amricaines proximit du bourg. Cet vnement propulse Donges au rang de carrefour international, en louvrant sur le secteur de lindustrie nergtique. Cette nouvelle

UNE HISTOIRE PARTICULIRE

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Origines de sdentarisation

Canal du Priory

Canal de la Taille

Cana

l de M

artign

Canal de Bernasseau

Le Brivet

Cana

l de l

a Bro

usse

La Hlardire

La LandeBlanche

Trveneux

CondLa Loirie

La Charpenterais

Redureau

La Laubrie

La Simonnais

Mareil

LOisillreLa Jallais

Martign

vanne deMartign

cluse de la Taille

Vieux Pont

cluse duPriory

LeBois Joubert

Donges

Paimbuf

chelle de visibilit amne le bourg tre occup par les allemands durant la Seconde Guerre Mondiale. Cette occupation et la proximit de la raffinerie ont fait de Donges une cible pour les bombardements Allis. Celui-ci est presque totalement dtruit hormis le btiment de la gare et les infrastructures de la raffinerie.

La perte de lidentit du bourg

La question de la reconstruction du bourg est pose dun point de vue conomique. Les bords du fleuve sont envisags pour le dveloppement de la raffinerie. Le carrefour des Six Croix situ au niveau de la route principale reliant Nantes Saint-Nazaire est propos comme un possible lieu de reconstruction. Mais le bourg est rebti dans les annes cinquante environ un kilomtre des rives, perdant sa

Manoirs des seigneuriesPcheries clusesPorts mdivauxEcluses et vannes de rgulation hydraulique

Ville / bourg

Zones humidesLoire et ses principaux canaux

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qualit de carrefour mais permettant nanmoins aux travailleurs de se rendre pied, en quinze minutes, la raffinerie.

Ville de laprs-guerre, la situation de la commune de Donges est donc particulire. Il sagit de lune des deux seules villes de France reconstruites non pas sur ses ruines, mais cot. Une ville nouvelle reconstruite proximit des fondations de la prcdente, renaissant de ses cendres sur un site vierge. Dangerosit ? Prtexte pour laisser plus de place la raffinerie ? Le recul du bourg dans les terres reste mystrieux et laisse ses habitants suspicieux. Auparavant fleur deau, le quai qui spare la Loire du bourg est aujourdhui large dun kilomtre.

De nos jours, le bourg se trouve cloisonn entre Loire humide et Loire fluviale, ne sachant se situer par rapport lidentit quil doit adopter. Sa trame urbaine orthogonale et son architecture caractristique de la reconstruction livrent une lecture confuse de lappropriation du bourg par ses habitants.

1850 1900Moyen-Age

Voie ferr

1125

Industrialisation

Chteau

Vicomt de Donges

Le chateau et des seigneuries sinstallent sur les perons rocheux, site stratgique pour surveiller lembouchure.

Donjon, lorigine du premier boug.

Economie essentiellement lie la pche et la chasse.

Bac reliant Donges Paimboeuf 1e

Apparition du chemin de fer.

Ouverture de Donges sur ces extrieurs en particulier St Nazaire et Nantes.

1857

1125 1857

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2000

Bombardement allis

1kmoie ferre

2nd Guerre Mondiale

1917

1932

Donges: Un carrefour nergtique

Dbut du Raffinage

Dpts de ptrole AmricainsDpts de ptrole Amricains

1ere Guerre Mondiale

chemin

Ouverture de Donges sur ces extrieurs en particulier St Nazaire

Reconstruction du bourg

situ 1km de sa position initiale.Perte du rapport direct avec la Loire. Donges se tourne vers les marais

1944Destruction du bourg

Bombardements allis dtrui-sant le bourg 90%.

Internationalisation

Dveloppement du port et de la gare maritime

1951

Bourg provisoire constitu de Barraquement en bois.

1946

2000Developpement de la raffinerieElf et Total Fina fusionnent sous le nom de TotalFina Elf SA

Devient Total SA2003

Aujourdhui

Le bourg stend sur ces extrieurs, avec le dveloppement des hameaux.

1944 1951 Aujourdhui

Frise chronologique de la ville de Donges

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25

IMMERSIONVoyage au pays des contrastes

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Notre premire traverse du territoire a t guide par la carte IGN, des cheminements tracs sur le papier pour dcouvrir et ressentir les lieux sur lesquels nous avions dj projet un imaginaire in virtu . Par la route, la marche, des arrts, des silences, des observations inscrites dans nos carnets, travers lobjectif dun appareil photo ou dune camra, nous tions des voyageurs traversant les paysages de Donges.

Cette posture de dcouverte du territoire entre en rsonance avec la dmarche de la biennale dart contemporain Estuaire qui sest droule entre 2007 et 2012, et qui perdure aujourdhui avec des uvres permanentes dissmines le long de la Loire entre Nantes et Saint-Nazaire. La colonisation des espaces naturels par des uvres dart est une manire douvrir le regard sur le patrimoine paysager que reprsente lestuaire. Par ce biais, nous engageons une reconnaissance de lautre, de lidentit des lieux et des hommes. Nous faisons partie du territoire de lhabiter. Le parcours est vcu comme une destination

initiatique o nous devenons explorateur.

Inventer un territoire, cest associer des faits toutes les particularits du terrain ; une butte, un rocher, un pli ou une brche dans le paysage deviennent le rsultat des faits surnaturels ou hroques, ce qui revient amener du lgendaire. Cest cette capacit surinterprter la physionomie du relief, par exemple, ou dire que telle ou telle chose sest droule ici, qui permet de sapproprier le territoire.

Ces uvres dart ponctuelles font cho aux implantations humaines qui jalonnent lestuaire. Les manifestations portuaires et industrielles le long de la Loire formalisent des allgories, des chimres qui nous interrogent en les contemplant. Elles nous fascinent dans leurs mouvements plus ou moins perceptibles. linstar de la raffinerie de Donges, nous avons t blouis par cette machinerie colore qui soppose la srnit des paysages ligriens. Nous la sentions comme venimeuse. Elle fut le point de dpart de notre dcouverte,

TRAVERSES

{} il faudrait maintenant considrer laventure de notre voyageur comme fragile et presque superficielle. Dans cette terre, de lui, inconnue, il rencontre les charmes du prsent et, laide de son intuition, il entreprend une navigation incertaine dans les eaux du pass. Il remonte tant bien que mal en amont. Jamais il npouse le cours des choses que de si loin ont avanc jusqu nous et qui dj nous dpassent dans leur avenir. Pierre Sansot, Variations paysagres

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tant sa monumentalit nous attirait.

Nous avons utilis loutil vido pour formaliser cette premire traverse de Donges. laide de ce support, nous avons crois nos points de vue pour offrir une lecture personnelle du territoire. Par le rcit, nous avons rvl les phnomnes de transition que nous avons vcu lors

de la traverse. Ltendu de la commune prsente des lieux trs diffrents, des paysages qui sopposent. Ainsi, ce sont ces passages entre les lieux, les matires et les atmosphres auxquels nous avons t sensibles.

Photo arienne et carte IGN

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Aujourdhui, jai pris la voie rapide. Un standard routier. Des terres pleins. Des talus. Jai franchis le Sillon de Bretagne pour dcouvrir les marais, une ouverture sur le parc de la Brire. En mengageant dans le village, je lai pas vu la raffinerie. Je lai senti.

Si javais long la Loire ou emprunt la voie ferre, jaurais dcouvert Donges par ses signaux de fumes. Une usine nuages. La raffinerie, librant de ses hauts tubes daciers colors, une fume blanche incessante.

Le rideau brumeux se lve pour nous livrer un spectacle de tuyaux entremls. Le bourdonnement incessant de la raffi-nerie emplit tout lespace et une odeur acre vient me troubler. Devant moi, une machine infernale, spectaculaire, aux entrailles mis nu dans un ballet de parallles et de nuds qui convergent vers deux tours cracheuses de feux.Elle simpose tel un chteau. Une place forte. Imprenable.

Je fuis lattraction de ce gant dacier qui me fascine mais en mme temps me terrifie. Et si un jour elle steignait ? Comment le bourg retrouverait son chemin vers la Loire en l'absence de son amer industriel ? Je remonte cette alle plante, une droite traversant le faubourg de lle raffinerie pour atteindre la cte sud du bourg isol.Au bourg, on ny passe pas par hasard, il faut vouloir sy rendre.

Au cur de ces espaces de nature, je retrouve taille humaine. Je ne me sens plus domine, crase par les btisses. Je respire profondment. Pas dmanation dhydrocarbure. Ici, on ne la sent pas, on ne la voit pas. Non loin de l, nous dcouvrons le domaine du Bois Joubert. De partout, ce nest que prs et marais, autour dun manoir pittoresque construit en pierre.

Ici, cest la place de la gare. La gare, elle nest pas ici. Elle tait l bas.

Jai envie de trouver leau. Et si je mesquivais pour dcouvrir Donges-sur-Brire.

Vido ralise l'issue de la traverse "Reprages"

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Je me sens privilgie de pouvoir dambuler dans ces zones humides qui en hiver seront submerges. Inaccessibles.Jcoute les oiseaux, le vent qui agitent les roseaux et les feuilles dans les bocages. Les espaces sont ouverts, mon horizon est lointain. Jarrive distinguer les grues de dchargement du port. Les lieux sont vastes mais je ne me sens pas perdue.

Mais o est Donges-sur-Loire ? En retournant sur le bourg, jai envie de lesquiver. Je mengage dans un hameau qui mimmerge dans des marais. Ici encore, la raffinerie ne peut pas se faire oublier, des cuves normes me cachent la vue. Statiques. Ces imperturbables mastodontes dacier entonnent en chur une ritournelle de mcaniques industrielles. Tel un acouphne dans mes oreilles. Jai mal la tte dentendre le chant de ces citernes.Cette raffinerie semble si inaccessible et pourtant si prsente.

Je suis le grillage entourant lenclos des cuves sans jamais y trouver de faille. Je me sens opprime entre toutes ces cltures.Et si ces cuves alignes avec attention devenaient demain les alignements de Donges ?

Dstabilie, je mcarte du trac de la route. lore dun bois, jaccoste au bord dun tang. Calme, imperturbable. Les arbres courbes le dos pour effleurer la surface rflchissante du bassin. Je me sens protge, je me tais, jcoute.Un hron agite ses ailes.Cependant, jentends les chos du port, des industries, de la route. Je ne doit plus tre trs loin de la Loire.

Les infrastructures routires simposent. Jai limpression davoir franchit une frontire. Jescalade une barrire pour emprunter un chemin de terre en friche. Tel un sentier de contrebande. Abrit sous un pont, je surplombe un canal. Un trac rectiligne qui traverse le territoire. Jarpente des lieux spectaculaire, hors dchelle.

Je lai trouv la Loire. Mais elle est inabordable. Ses abords sont agits, brutaux, dangereux. Leau elle mme est anxieuse. Le vent souffle. Je me sens petite, vulnrable. Aux portes de lestuaire, le fleuve a perdu sa douceur ligrienne. La hauteur des bateaux, la musique du port teinte les lieux dune atmosphre maritime. Nous sommes lembarquement pour de lointains horizons. Pourtant je ne sens ni lodeur du sel de mer, ni celle de la mare, mais toujours lhaleine ftide de la raffinerie.

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Rencontres et entretiens

La dcouverte du site saccompagne ncessairement de rencontres avec ses acteurs. travers des entretiens non directifs, quils soient habitants, lus, quils y travaillent ou quils y soient simplement de passage, ces familiers du territoire nous ont apport leurs expriences dans notre dcouverte. Ds les premires visites, lcoute, lchange et la reconnaissance des paroles, des rcits nous ont guid. Les lieux, les paysages ont pris une autre dimension quand ils nous ont t conts par ces diffrentes figures de Loire.

Chaque figure dongeoise avec qui nous avons li connaissance, nous ont apport des visions diffrentes du territoire et la manire dont celui ci est apprhend. En premier lieu, notre parti pris a t de contacter lorgane institutionnel de Donges et des associations miroirs de la vie sociale. Nous avons men plusieurs entretiens avec des acteurs de la municipalit dont certains lus et un employ de mairie. Jean Marc Daniel, responsable du service urbanisme, Franois Cheneau, maire de Donges et son adjoint lurbanisme Louis Ouisse, nous ont permis dobtenir des cls de comprhension intressantes et dapprhender la facette politique.

Les changes avec quatre retraits de lassociation Tmoins de la vie Dongeoise ont t riches de souvenirs et d'anecdotes qui nous ont beaucoup appris sur lhistoire de la commune. La rencontre avec les retraits de la raffinerie, lAssociation des Retraits des Socits du Groupe Total, nous ont donn la valeur et lattachement des employs leur lieu de travail. Par ailleurs, nous avons effectu un entretien avec Dianick Lezin, un acteur culturel, membre de lassociation La DchARTge tablie dans le hameau du Bois Joubert o cohabitent plusieurs collectifs. Dans un second temps, au fil des visites sur site, nous avons rencontr des habitants et commerants de Donges. linstar de la grante du PMU, Sylvie et son compagnon Christophe employ chez un sous-traitant des chantiers navals de Saint-Nazaire, nous avons chang sur le quotidien du bourg. Enfin, nous avons rencontr dautres protagonistes du territoire comme le port autonome lors dune discussion avec Katell Cornec-Lepage du service amnagement et dveloppement territorial. Les rencontres avec ces diffrentes figures ont t un moment fort du semestre dans la mesure o lacte de faire connaissance sest rvl chaque fois riche de nombreux enseignements.

ENTRETIENS & ITINERAIRES

Car tout paysage se compose dhommes et de productions humaines Pierre Sansot, Variations paysagres

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Itinraires

Nous avons ralis deux itinraires. Le premier avec Samuel Rajalu, employ agricole Donges et habitant Campbon. Dot de nombreuses connaissances sur le milieu qui lentoure et sensible la posie quvoquent les paysages brirons, Samuel na pas hsit nous guider hors des

sentiers battus pour nous faire dcouvrir des paysages surprenants. Pour le deuxime, nous avons t guids par Chantal, directrice de lcole lmentaire de Donges et vivant dans un hameau proche du bourg. travers une promenade de son quotidien, elle nous a cont la qualit de son hameau et des rapports de bon voisinage qui y existent.

Echantillon de citations issues des entretiens

On allait la plage. Il y en avait des plages tout le long du port. Ctait des plages plus Maintenant, cest des plages mari-

times. Ctait du beau sable, le sable de Loire

Pour moi, Donges et la

raffinerie cest indissociable

Ce sont les entreprises qui profitent de la Loire. Par contre

lhabitant de Donges aujourdhui, bah il est sevr. Bon moi jy vais

parce quil faut que je vois leau au moins une fois par jour, mais on

nen profite pas

Moi je vais vous dire, il y a les gens qui travaillent la raf et il y a les gens qui travaillent ailleurs. Et l, il y a une grosse barrire ! Les gens de la raf ne frquentent pas les gens qui travaillent en

dehors. Ce n'est pas du tout pareil. a date depuis trs trs longtemps

Non, on ne peut pas dire a! On ne peut pas dire quon connais bien le

territoire... l on est une enclave de Brire,

mme si on est Donges....on est vraiment

la bordure! Dailleurs, juste aprs nous, a se

termine, on est vraiment au bout!

Quand on est en plein dans les marais,

cest dpaysement complet

Nous on na plus rien voir

avec la raffinerie au contraire mme,

elle nous embte finalement. On ne devrait pas

dire a, parce que a amne du travail quand

mme, mais enfin bon avec tous les problmes de

scurit quon nous pose maintenant,

a commence nousCest vraiment,

vraiment un problme.

Nous on est sdentaires,

on est enracins et on partira pas. [rires]

On a bien des possibilits daller ailleurs, mais

je peux pas penser que je peux partir do je

suis, jirais pas ailleurs vivre, je pourrais pas.

Jai essay mais cest pas possible. Je

reviens la base. [rires]

Le bourgni briron,

ni cot Loire

Cest un travail prenant car lusine tourne 24 heures

sur 24

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Itinraire n1: Samuel

Tu vois, ce quon voit cest la valle de la Loire. Cest entre le paysage qui est plus clair et puis celui qui est flou, qui est grisOn voit presque un peu Paimbuf tout au loin, petite range de maisons. Et si on regarde bien on voit le un fil argent en travers, cest la Loire. En tout cas cest un autre pays, cest le pays des marais. ""Et on va aller... essayer d'aller voir Paimbuf "

"Voil, on la voit la Loire l, cette fois-ci."

"Cest spectaculaire quand mme. Moi, jaime."

"Cest rigolo parce que le port, pendant 2 sicles on a essay de le ramener vers Nantes. On a russi en rduisant tous les mandres de la Loire en un seul chenal. Et puis finalement, bah maintenant le port est redescendu vers Saint-Nazaire et puis les bateaux qui remontaient encore jusqu Nantes ny vont quasiment plus. Il y a une sorte de reconqute du ct naturel du fleuve."

" Mais il ny a rien de plus exotique je trouve, et en plus port de main, que de venir ici. Et puis on sent quon sloigne de tout, de toute la vie ordinaire. En faite cette le elle a ils lont vu apparatre. Elle nexistait pas. En fait leau lors des grandes crues, peut monter jusquau vil-lage l, jusquaux maisons. Cest tonnant le bruit que a fait quand la mare monte..."

"Quand on est au niveau des prs, un peu plus haut, et que des fois on voit les bateaux glisser sur lherbe, cest fascinant. Je trouve quon se sent vraiment privilgi quand on est quand on vient ici. a aurait pas t beau une centrale nuclaire en face l ? (rires)"

"Attendez, on va dabord faire de la ngo-ciation.Bon, les agriculteurs on les drange toujours, il ne faut pas vous inquiter. Il nous a dit : ah bah vous tes pas revenus !

"On y va ?!"

"Jaime bien cette ide davoir un ailleurs comme a, un peu cach, un peu un peu pas frquentable. Ce qui est de plus en plus faux, ce quoi jai particip en my intressant."

"Cest trs VIP comme coin (rires)"

"Vous voyez, bah la caravane quon voyait tout lheure. L'agriculteur ma dit que par-fois il restait dormir ici, pour surveiller ses animaux. Ici, cest nulle part quand mme.Aprs lAfrique, maintenant cest le Far West. Les grands levages. Mais a cest vraiment le... ce qui me plat. Ici, on peut se prendre pour un cowboy."

"On voit de mieux en mieux Paimbuf non, vous ne trouvez pas ? "

"Voil, les bords de Loire! ""Et en face, Paimboeuf."

De Savenay la Loire, zone de Donges-est

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Itinraire n2: Chantal

"Allez, en route!"

"Je me promne autour de chez moi, mais voil, je ne vais pas promener mon chien dans le centre de Donges, ni sur le sentier sportif...parce que voil, jai pas non plus envie de croiser des lves ou des parents!"

"Aprs, nous, on essaye avec les lves de sortir... de d-couvrir Donges dj...parce quon saperoit quils ne connaissent pas forcment! Il y a le sentier sportif qui mne aux marais, et il y a des enfants qui habitent dans le bourg de Donges qui ne connaissent pas!""Donc on les emmne, et ils dcouvrent quelque chose qui est a port de main pour eux..."

"Ca c' est ce que mes enfants appelaient quand ils taient petits l'entre du chteau! Parce qu'en fait ya une maison l bas, et heu, quand la nationale a t trace, ils ont coup l'alle et du coup il reste juste l'entre!"

"Autour, a reste des terres agri-coles, des terrains privs... On aime autant que a reste comme a!"

"Ici c'est un chemin qui est assez emprunt, plus ya de maisons qui se construisent, plus le chemin est emprunt forcment, avant yavait que le facteur qui utilisait ce chemin l"

"C'est une piste cyclable, un chemin vert quelque chose comme a. De l on va jusqu' la Pom-

meraye!"

"C'est trs campagne, des fois dans le champ l on voit des renards mais l il est trop tard pour les voir"

"Donc l a fait des grandes tendues, voil... L on sent qu'on s'loigne de la route, le bruit est moins im-portant"

"Ca fait du bien, c'est ressourant..."

"Donc l on voit qu'on est pas si loin que a de la Brire, l bas, mais on va voir un petit peu mieux aprs "

"Cet hiver ce n'tait que de l'eau, que de l'eau, partout! On voyait les arbres qui ressortait mais autrement a faisait un lac"

"On voit au fil du temps les canaux qui se bouchent, tout doucement, avec l'herbe qui pousse dedans... Je crois que c'est a la jussie, l'herbe qui envahit les marais"

"Nous a fait 17ans qu'on habite l, moi je suis originaire de Saint Nazaire et on a achet ici. On savait pas qu'on tait Donges quand on est arriv la maison en fait. On est arriv par la campagne et du coup on savait pas qu'on tait Donges!" "D'ici, on voit pas du tout la raffinerie, pas du tout, elle est l bas, mais l on la voit pas."

"Dans les maisons qui sont l, yen a qui servent de gte aussi"

"En fonction des saisons le paysage est diffrent, c'est plus ou moins vert etc..."

"C'est la premire fois que je vois des chevaux par contre, d'habitude c'est des vaches!""Autrement on voit des cygognes, l bas, au prin-temps"

"Donc voil, le petit endroit qu'on aime bien, nous"

Promenade au nord de Donges

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Dmarche, lieux, dispositifs

Un autre moment fort dans la relation avec les interlocuteurs sest incarn dans lorganisation d'ateliers publics. Durant trois jours, nous avons prit place dans diffrents lieux de Donges et propos un espace de rencontres et de discussion autour dateliers libres, de cartes ou encore dimages. En amont, la distribution de flyers et daffiches avaient pour but de communiquer lvnement et dinviter le public intress. Il a t cependant difficile dagir suffisamment tt pour diffuser linformation, et les personnes rencontres dcouvraient pour la plupart latelier par hasard. Le fait de ne pas pouvoir bnficier dun seul et mme espace durant les trois jours, ce qui au dbut nous ennuyait, sest avr trs riche dans le sens o cela nous a permis de rencontrer des personnes aux profils trs diffrents et de rendre lchantillon des informations reues plus reprsentatif des Dongeois, ne frquentant pas les mmes lieux en fonction de leur ge ou de leur statut. Nous nous sommes installs deux demi-journes la mdiathque Jules Vernes, une demi-journe la Maison des Jeunes gre par lOSCD, Office Socio-Culturel de Donges et une journe sur la place de la mairie en profitant du jour de march.

Les diffrents dispositifs que nous avons conu taient les suivant:

-Choisissez votre photo et racontez nous : Un atelier libre comprenant une srie de cartes postales reprsentant diffrents paysages de Donges issus de nos photos et disposes dans de petits rceptacles, que chacun avait loisir de choisir et de commenter au dos.

ATELIERS PUBLICS

Affiches de communication

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-Photos ariennes, gommettes et stylos : Deux photographies ariennes de Donges, deux chelles diffrentes permettaient aux intrsss de nous parler du territoire, de leurs lieux favoris ou encore de leurs dplacements en annotant sur la carte des lments, et en permettant dengager une discussion.

-Continuez la phrase : Un atelier libre laissant disposition des panneaux accompagns dun stylo pour inviter crire suivant un dbut de phrase tel que A Donges, jaimerais

- Appel au dbat par des thmes et citations : Un mur de post-its agrment de citations, de phrases, dlements danalyse qui avait pour objectif dinterpeller et de convier lchange.

Lexprience des ateliers publics a t intense et les supports mis en place nous ont permis de retranscrire par lcrit ou le dessin les paroles et changes au cours de la journe. Chaque personne qui nous accorde du temps nous offre de la matire, nous livre des informations, fait merger de nouvelles problmatiques, renforce ou ananti des prjugs, raconte une histoire. Sil parat par moments difficile de suivre, si on se sent parfois submergs par tant de ressources, la fin des journes est un moment essentiel pour prendre du recul. Un moment qui permet ce soulever les lments abords, de revenir sur chaque information afin de compiler les ressources et dapprhender au mieux ces nouveaux lments, matires projet.

Aprs-midi la maison des jeunes

Stand sur la place de la mairie, jour de march

Atelier la mdiathque

Echanges autour de cartes

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La question de lidentit

Lors des ateliers publics, certains sujets ont particulirement attir notre attention. Dune part, nous avons ressenti une fracture entre les habitants du bourg et ceux des hameaux qui semblent vivre indpendamment. Dans tous les cas, ils ne sidentifient que rarement au bourg ou bien en parlent au pass. Il apparat que le poids de limage raffinerie ajout aux caractristiques de son histoire ait laiss Donges sans identit particulire. Ni les lus, ni les habitants ou usagers narrivent lui confrer de particularit propre, dunit. Les mots ont du mal se poser sur cette commune complexe et on retrouve de manire rcurrente dans les changes avec les Dongeois une certaine ambigut. Il est difficile de savoir sils apprcient ou non la commune, de connatre leurs ressentis, dapprhender leur vision qui oscille entre fiert, indiffrence ou gne.

Je suis briron Moi je viens des hameauxAvant on allait la plage DongesJe ne suis pas forcment attache ce qui se passe Donges, si a ne me passionne pas jy vais pas! Et je pense que beaucoup de Dongeois doivent fonctionner comme a! Cest limpression que jai Propos de Dongeois

Sil est difficile dapprhender cette question lie limage, lhistoire et au social qui mriterait une tude plus approfondie, nous prenons en compte lexistence certaine dun blocage, dun ancrage fort de limage et dun morcellement didentits perdues qui saccompagne dun morcellement physique du territoire que nous dvelopperons par la suite. Entre industrie, centre-bourg, marais et hameaux, Donges est constitue dinsularits. Ces morceaux de ville entretiennent peu de liens et provoquent

alors des coupures de proximit ainsi que labsence dune identit dongeoise.

Lexprience sur le terrain est donc la source du travail, il sagit dj du projet. La dcouverte, la comprhension et le diagnostic du territoire sont les tapes pralables ncessaires pour apprhender des problmatiques. Les ateliers publics permettent dalimenter la rflexion, de remettre en question des ides, de casser des prjugs . Lapprhension du territoire de Donges, aussi bien par lanalyse gographique, topographique et urbaine que par lapproche des logiques dacteurs, rendue possible grce aux diffrentes rencontres, ou encore par ltude des documents institutionnels, permet de se forger une connaissance qui fait surgir des points de rflxion. La construction dun mode dintervention est donc spcifique au territoire tudi. Issus du diagnostic effectu sur la base de lapprhension continue et prcise du site, les diffrents enjeux mergent.

Superposition d'informations reues aux ateliers publics

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"Cartes postales tmoignages" issues des ateliers publics

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DISCERNEMENTTerritoire morcel, paysages contrasts

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Les diffrentes facettes de Donges

Si Donges est connue avant tout pour sa raffinerie, derrire la zone industrielle se cache un vaste et riche territoire de marais. Avec une superficie de 4850 hectares, la commune laisse entrevoir de vastes espaces naturels et des paysages insouponns. A la limite du parc de la Brire qu'il est prvu d'tendre, nous avons dcouvert avec fascination que le territoire de la commune recelait une facette naturelle et paysagre denvergure. Donges nest donc pas quune raffinerie. Les rservoirs de ptrole, les pieds dans leau, ctoient un patrimoine bti, les chemines industrielles dialoguent avec le clocher de lglise et les limites de son emprise jouxtent des tendues de marais. Si lindustrie et ses entreprises sous-traitantes sont ostensibles, le visage des marais demeure plus en retrait mais pas moins important. Li la Loire, il sincarne dans la prsence de leau, des zones humides, dun milieu particulier riche en biodiversit et ressource pour lagriculture,

la pche et la chasse. Limage apriori de Donges est donc fausse et les prjugs sont vite balays lorsquon saventure dans les espaces encore prservs de lpaisseur des marais.

Effets de la ville-territoire et pratique de la grande chelle

Les deux dernires dcennies, marques la fois par une extension de la priurbanisation et par un phnomne dmiettement urbain ont vu apparatre la ville-territoire. Cet espace dentre deux, qui nest ni ville ni campagne ressemble une constellation dlments mlangeant urbain et rural. Ces lments sont le fruit des logiques sectorielles, foncires et financires qui sans coordination produisent sparment des implantations. Lurbanisation se dveloppe ainsi selon le march, et lvolution des comportements sociaux qui sindividualisent vont dans le sens de ce morcellement. Par leur ampleur, ces transformations esquissent les contours

DONGES AUJOURD'HUI

Nan mais ici cest super, cest juste que {} Tout pour dire que, limage de Donges ... Donges sen sortira jamais de cette image l! La raffinerie, lindustrie! Un dongeois

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dun nouveau type de ville : une ville qui court sur le territoire, qui devient diffuse, une ville-rgion, forme concrte et visible de la mtropole et dont les chelles sentrecroisent, ne rappelant plus en rien la ville-constitue.

Donges sinscrit dans ce contexte de ville-territoire. Llargissement des mobilits et la recomposition de loffre demplois, de services et dhabitat ont permis de crer des interactions avec les communes environnantes. Les modes de vie sortent des limites administratives et engendrent des rapports avec les extrieurs, avec les polarits situes entre Nantes et Saint Nazaire. La tendance est aux dplacements, qui concernent aussi bien les loisirs, la consommation que le travail. Ils seffectuent majoritairement en voiture et permettent une dlocalisation de certains usages. Le nombre important de Dongeois travaillant hors de la commune illustre cette tendance la diffusion de la ville et est accompagn

dune vasion lie au commerces ou aux loisirs. Le territoire est ainsi vcu dans sa grande chelle. Le lieu dhabitat nest plus celui du travail ni forcment celui de la consommation ou des loisirs.

Donges, cest ailleursJean Marc Daniel

On va se promener Saint BrvinUn Dongeois

On est prs de tout...Une Dongeoise

Pas loin de lautoroute, pas loin des chemins de fer, cest pas loin des bateaux, pas loin de ParisUn Dongeois

Polarits extrieures et temps de trajet en voiture pour les rejoindre depuis DongesEspaces vocation agricole / Espaces vocation industrielle 50 km

N

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Insularits conomiques et polarits lchelle de la commune

Aprs avoir plac Donges dans un contexte large et compris les interdpendances entre polarits de lestuaire, il nous a paru intressant dtudier Donges dans son entit propre. A lchelle de la commune, le territoire de Donges se caractrise par un parpillement dlments insulaires: implantations industrielles et portuaires, centre-bourg, talement urbain sous forme de lotissements, hameaux, terres agricoles, prsence des routes ou encore surfaces commerciales, un archipel dles urbaines se dessinent. Lies ou enclaves par un rseau daxes, les les forment un entremlement de fonctions et de formes, qui brouille les limites. Ces lments, systmes conomiques et entits urbaines se dcoupent sur la carte et diffrent dans leurs fonctions et leur chelle.

Iles industrielles closesLes industries portuaires et la raffinerie forment une frange dles fermes. Ce sont celles qui sautent aux yeux, de par leur constructions gigantesques et leur machinerie interminable, celles qui paraissent les plus impermables, infranchissables. La raffinerie est une le fascinante, un monde mystrieux qui sclaire la nuit et ne sendort jamais. Ces insularits industrielles convoquent une chelle internationale lie aux changes de limport-export et sont sources de flux maritimes et routiers importants. Il sagit dles closes dont le public est filtr voire interdit et qui forment une interface entre Donges et la Loire.

Marais et les agricolesSi Donges accueille la deuxime plus importante raffinerie de France, elle nest pourtant pas tourne essentiellement vers lindustrie portuaire. Il s'y exerce galement une activit agricole importante qui en fait

la deuxime commune la plus agricole de la CARENE (Communaut d'agglomration de la rgion nazairienne et de l'estuaire). Comme on la vu, lconomie prgnante lie lindustrie se double dune conomie moins visible mais bien prsente, celle de lagriculture rsonant lchelle des marais de lestuaire. Entre les les se dploie le tapis vert des espaces naturels.

Iles rsidentielles : le bourg et les hameauxUn peu plus au nord, l'urbanisation s'est constitue partir du centre bourg, dun coeur attractif. Lle du bourg rassemble galement les activits commerciales et de loisir. Autour, de nombreux villages et hameaux, poches de logements, se sont disperss sur le territoire de la commune. Ils forment une constellation de lieux-dits.

Frontires lgislatives Chaque polarit, chaque noyau dtient son propre mode de fonctionnement et entre ces les lespacement est issu de la topographie mais aussi programm par la juxtaposition des rgles (espaces prserver, PPRT, sites seveso, loi littoral, servitudes) qui dterminent des primtres.

Frontires physiques Quadrill par la nationale N171 reliant Nantes et Saint-Nazaire, d'un embranchement menant vers le nord du dpartement en direction de Pontchteau, la D773, ainsi que de la desserte propre aux terminaux portuaires et la voie ferre qui relie Le Croisic Paris, le territoire se dcoupe en systmes clos et enclavs traverss de grands axes.

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Les infrastructures frontires Les les agricoles (exploitations)

Les les entreprises (ZI)

L'insularit des hameauxL'le du bourg

Les les industrielles

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Insularits

Economies : entre agriculture et industrie 210km

N

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Poids des acteurs et des rgles

A ct des effets de la ville territoire, il nous parat primordial dvoquer leffet du poids de la raffinerie sur le dveloppement de Donges. Limage de la ville sest constitue autour de ce gant. Mais outre limage positive ou ngative que peut dgager la raffinerie, on ressent surtout limportance de son poids dans les initiatives et les dcisions prises par la commune. Plus quune image ou quun objet, plus quune entreprise ou quune industrie, la raffinerie a t et demeure un acteur de poids tablissant son pouvoir sur le territoire. Des annes 1930 jusqu aujourdhui, cest le seul lment, avec la gare, qui ai subsist aux bouleversements de la guerre. Cette industrie ptrolire gre par lentreprise Total Raffinage France est lorigine du dveloppement de la ville, a t source de sa prosprit conomique et permis la construction de logements et dquipements. Ayant t prsente ds lorigine, financ des constructions et fait bnficier les habitants davantages, lentreprise a acquis un certain pouvoir qui encore aujourdhui perdure. Si elle nexerce plus une autorit aussi importante quauparavant, limage dun acteur puisant se perptue. La taxe que versait jadis la raffinerie la commune est aujourdhui perue par la CARENE et rend plus indpendantes les deux parties mais lindustrie reste dans les esprit un grand qui pse sur les dcisions. Les habitudes sont restes et les lus montrent des rticences intervenir dans le dveloppement de la commune et agir face une logique industrielle qui pse sur tout. Limpression de se sentir petits provoque une inertie dans les actions de la municipalit. Lengourdissement est palpable et la commune ne semble pas avoir de prise sur ce gant qui a ancr un tat desprit en mme temps quimpos un type de dveloppement Donges.

On ne se donne plus les moyens de notre propre rflexion, il y a comme une sorte de fatalisme Jean Marc Daniel

Par ailleurs, les rgles en lien avec la raffinerie et les industries du port participent de cet engourdissement des actions dans la mesure o elles restreignent lintervention de la municipalit en terme de dveloppement. Trois tablissement sindustriels sont classs SEVESO seuil haut au titre de la lgislation des installations classes pour la protection de lenvironnement, en raison des volumes et de la nature des substances quils produisent et stockent : la raffinerie, le site emplisseur de GPL exploit par Antargaz et un dpt dhydrocarbures. La proximit de ces trois sites a ncessit la mise en place dun plan de prvention des risques technologiques, PPRT. Autant de classifications et de rglements qui amputent les perspectives pour la commune. Le PLU, en cohrence avec ces diffrentes prescriptions, applique aux zones proches du secteur industriel des interdictions de construire et des restrictions dusages plus ou moins fortes en fonction de lloignement de ce dernier. La commune semble paralyse, asphyxie par le cumul de censures.

Nanmoins, un rcent entretien avec le responsable du service urbanisme de Donges, Jean Marc Daniel, permet dapporter une nuance et dentrevoir de futurs changements en faveur dun assouplissement des rgles juges trop oppressantes. En effet, la prochaine actualisation du projet de rglement PPRT prvoit la disparition des primtres circulaires (cf carte des frontires lgislatives la page suivante) qui seront pris en compte dans la rvision du PLU courant 2015. Une mesure qui permettra peut tre de redonner un souffle

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Frontires lgislatives

Protections rglementaires

Site inscrit au patrimoine rgional

Natura 2000

Arrt de protection biotope

Espace bois class

Transport de matires dangereuses

Ferr

Routier

Installations classes pour la protection de l'environnement ICPE

ICPE soumise autorisation

Site SEVESO

ICPE soumise dclaration

Site en cours de fermeture

Zones d'effets

Effets graves et significatifs sur la vie humaine

Effets indirects sur la vie humaine

Effets dangereux cintique lenteZones de danger

Zone des effets ltaux

Zone des effets irrversibles

Primtre de protection

210km

N

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Frontires physiques

Canaux

Loire

Zones humides

Espaces boiss et haies bocagres

Zone industrielle

Servitudes relatives au transport d'lctricit

Servitudes relatives aux canalisations

Servitudes relatives aux canalisations d'hydrocarbures

Servitudes relatives aux canalisations de produits chimiques

Voie ferre

Axe routier (4voies)

Limites naturelles Frontires conomiques

210km

N

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Paradoxe de la raffinerie

Du ct des habitants, les avis concernant la raffinerie sont confus. Aujourdhui, elle reste une source demplois, directs ou indirects, et est porteuse dune dynamique locale. Elle est dans la pense de nombreux habitants llment qui fait vivre Donges, dont la ville ne pourrait se passer. A linverse de limage quelle donne la ville, la raffinerie nest donc pas forcment ngative ni omniprsente dans la vie des habitants ou usagers. La plupart loublient, en tout cas vivent avec et sont loin den faire une proccupation permanente.

Nanmoins, outre le ct positif des retombes conomiques et lapport demplois, la raffinerie est galement trs prsente de par son aspect nfaste. Risques industriels, peurs, mauvaises odeurs, pollutionla raffinerie fait merger de nombreuses problmatiques lies la dangerosit. Les habitants se retrouvent souvent dans limpasse lie aux nouvelles lgislations en matire de scurit qui interdisent les travaux ou prconisent des systmes de protection couteux. Ils ne savent plus sils en veulent la raffinerie ou aux mesures tatiques et aux lois qui se durcissent mesure que lindustrie se rapproche du bourg.

Cur, poumon et cancer Cest ainsi quapparait cet objet la fois source, dynamique et mal de la ville. Dans les paroles des personnes rencontres, notamment lors des ateliers publics, on sent lambigut de lobjet raffinerie, entre reconnaissance et rejet, entre ncessit et peur. Des questions se posent, demi-mot, des interrogations taboues sur le devenir de la raffinerie, sur sa possible disparition lie lpuisement des ressources, sur laprs, sur lnergie du futur. Beaucoup prfrent ne pas y penser. Dans tous les cas le paradoxe se fait sentir.

Le bourg, attractivit et pratiques locales

Avec une histoire particulire, une image errone, le poids de la raffinerie et les effets de la ville-territoire, Donges est une commune qui semble subir le contrecoup dun certain nombre dlments extrieurs. Nanmoins, face cette condition spcifique, le pessimisme ambiant cache une facette beaucoup plus positive. Si, comme on la vu prcdemment le caractre insulaire provoque une impermabilit physique et une cassure des liens entre espaces et acteurs, certaines pratiques observes ou dcrites par ces derniers vont dans le sens oppos et favorable des relations constructives. Les proximits sont coupes mais les pratiques regroupent. Si les pouvoirs publics et les lus semblent dmunis face au cas de Donges, ses habitants continuent vivre et rver.

Si le bourg semble dsert et asphyxi, les activits et animations sont pourtant bien prsentes. La commune possde un tissu associatif relativement dense et compte ainsi plus de soixante associations caractre social et culturel, sportif, scolaire et syndical. LOSCD, Office Socio Culturel de Donges, propose un grand nombre dactivits pour toutes les tranches dges. LEspace culturel Renaissance qui abrite une salle de spectacle-cinma organise rgulirement en lien avec la mdiathque des reprsentations et met en place des expositions ainsi quun festival de musique FolkenScne en partenariat avec les communes de Trignac et Montoir de Bretagne. De nombreux clubs sportifs proposent cours et comptitions. Enfin, diverses associations simpliquent sur le territoire de la commune : devoir de mmoire, mise en valeur du patrimoine, relance du commerce De nombreuses initiatives prennent place sous forme

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de projets, dvnements rguliers ou ponctuels et sorganisent tout au long de lanne. Par ailleurs, des pratiques informelles participent aussi de la cohsion sociale comme la cration dun groupe dchanges dobjets doccasion ou encore la vente de produits issus du potager

Le bourg, structure urbaine et mobilit

Lattractivit de la commune est lie au prix du foncier mais galement, comme on la vu, limportance des associations et la forte prsence dquipements scolaires,

sportifs et culturels. Cest ce qui revient le plus souvent dans les discussions avec les personnes rencontres. Ecoles, Maison de l'Enfance et de la Jeunesse, piscine couverte, salles omnisports, terrains de football, terrains de tennis, skateparc, piste de tir larc, salle de spectacle, salle des ftes, mdiathque lpoque o la raffinerie finanait de nombreux quipements se constate au vu dune offre varie. On souponne cependant une absence totale de rflexion damnagement cohrent entre ces lments. Limplantation de ces nombreux quipements qui se trouvent regroups dans un espace transversal ouest-est provoqu un zoning fonctionnel. Les

Structure urbaine : axe nord-sud, zoning est-ouest, polarits 10km

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quipements scolaires, sportifs et culturels dessinent un primtre qui stend aujourdhui encore avec la cration de nouveaux quipements. Ce regroupement de programmes publics dessine une frange qui traverse le bourg et qui se trouve aujourdhui dans limpossibilit de sagrandir au vu de la protection des espaces naturels. A ces extrmits, cette frange d'quipements est en contact avec des zones humides prserver et pose la question de la limite entre urbain et rural.

A ct de cet agrgat dquipements qui dessine une frange est-ouest dans l'organisation urbaine de la commune, on distingue une ligne verticale. Un axe routier nord-sud traverse Donges. Il relie la raffinerie, les industries portuaires et la gare, dconnecte, au centre du bourg situ 1km plus au nord. Dans son prolongement il rejoint la trame orthogonale historique de Donges qui sarticule autour de trois places : place des coles, place de la mairie et place de la gare. Il apparat donc une ligne ponctue de polarits diffrentes et caractristiques qui forment la structure de la ville: rond-point des coles, place de la mairie et place de la gare. La structure urbaine du bourg est ainsi base sur un axe historique nord sud concentrant les polarits historiques et sur une zone est ouest regroupant les quipements.

Quant aux dplacements dans la commune, ils sont marqus par une utilisation massive de la voiture reprsentant prs de 9 dplacements sur 10. Elle est dans la ville-territoire la manire de sapproprier la grande chelle et synonyme dautonomie. Prs de 68% des Dongeois ne travaillent pas dans la commune, elle est ainsi utilise comme moyen de transport majoritaire pour se rendre au travail. Cependant, son usage reste prpondrant au sein de la petite chelle, mme lorsque les distances

sont faibles. Si les habitants des hameaux lutilisent pour rejoindre le coeur du bourg, ceux qui y habitent font de mme et prfrent la marche pied ce mode de dplacement rapide. Cet usage qui pose question entrane un stationnement accru et une dgradation qualitative des espaces. Le bourg a perdu son caractre de centre ville, lanimation de ses espaces publics : on ny prend pas place, on y fait seulement des arrts fugaces.

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Enjeux : (Se)recentrer ?

Dun point de vue gnrique, nous lavons vu, Donges fait partie de la ville-territoire. Non seulement par ses implantations humaines diffuses sur les grandes tendues de la commune, mais aussi par la dpendance de ses hameaux des secteurs de services issus du ple mtropolitain. Aujourdhui, nous nous dplaons de manire autonome et motorise pour accder aux besoins de la vie quotidienne. De ce fonctionnement, la situation de bourg priurbain en ptit et tend perdre sa fonction de centralit, tant il est ais davoir accs aux mmes services rpondant souvent une plus grande demande, quelques dizaines de kilomtres en voiture. Le quotidien des habitants de Donges est partag entre les diffrentes polarits de services que proposent la priphrie des agglomrations de Saint-Nazaire et de Nantes.

Pourtant, lheure o nos ressources en nergie fossile samenuisent, lusage de lautomobile au quotidien pose question. La lgislation franaise dfinit travers des textes tels que les lois Grenelles sur lenvironnement des orientations sur la rflexion du territoire et conditionne la mise en place des rglements durbanisme. Une attention doit tre apporte sur lchelle des polarits urbaines afin de structurer le territoire de manire quilibre et ainsi remettre en question la pratique du tout en voiture. Aujourdhui, les bourgs priurbains reprsentent des enjeux fonctionnels pour le territoire. Leur dveloppement en tant que noyaux attractifs une chelle locale est une manire dclater lhomognit de la ville gnrique o les caractristiques de chaque territoire perdent leurs distinctions. Lenjeu est de bousculer les fonctions actuelles du bourg afin de le sortir de lasphyxie dont

il est victime. Les vnements dynamiques du village doivent tre mis en valeur ou crs en rinterrogeant leur rapport lespace public et la manire dy accder. La diversification des services et une rflexion sur lespace public reprsentent donc galement un enjeu concernant lattractivit du bourg.

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INTENTIONSImpulser pour faire lien

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Rinterroger lexistant et soulever les potentialits

lchelle du bourg de Donges, on a constat des coupures, une perte de son attrait et un non-rapport Loire. Lidentit de la ville ne parvient pas trouver de connexions avec le fleuve et ses paysages deau du fait de son cloisonnement par des chelles spectaculaires telles que la zone industrielle, le port et leurs infrastructures de dessertes. Tout en considrant comme valeur positive limbrication des diffrentes chelles, lenjeu est port sur lchelle de proximit, la plus fragile, en pril. Lide est dintervenir dans le bourg sans oublier daffirmer son caractre ligrien, de reconnatre la multiplicit de ses chelles et de souligner sa place dans lestuaire. La lgitimit dune intervention dans le bourg sappuie sur le potentiel de lexistant de rpondre aux enjeux lis la redcouverte des Loires et la ractivation dune centralit, dune base o se concentre un espace urbain partag. En ce sens, notre

volont est de prendre un contre pied en affirmant que Donges nest peut tre pas quun ailleurs.

Par une lecture de la physionomie du bourg, nous constatons quun axe traversant nord-sud concentre les points stratgiques de sa dynamique. Cette route forme non seulement un lien physique entre la Loire fluviale au sud et la Loire humide vers le nord, mais est galement ponctue de services actifs dans le fonctionnement du bourg. Cet axe est le vecteur de dynamique du bourg. Il dessert les bords du fleuve, le quai du port, la raffinerie, la gare ferroviaire, les principales polarits du bourg, les marais et plus au nord, certains hameaux. Les services attractifs du centre urbain sont les institutions, les quipements, le commerce de proximit, le systme associatif et les pratiques de bon voisinage. Ces vnements existants formalisent la vie dans lespace public. Leurs temps dterminent lespace. Lurbanit du bourg se construit par rapport eux.

Chez Deleuze, l'le reprsente un endroit sans racines ni attachements. Cette vision insulaire s'oppose de celle de Glissant pour qui l'le archiplique est, par dfinition, relation: elle n'existe partir d'aucune coupure et tend toujours vers l'autre, suppose mme l'autre, et cet autre ne se rfre pas seulement une autre le, mais aussi autrui et son monde lui. Kathleen Gyssels, Bndicte Ledent, L'ecrivain Cariben, Guerrier de L'imaginaire

ENTRE DEUX LOIRES

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Impulser plutt que planifier

Les intentions ne sincarnent pas dans une planification mais plutt dans une impul-sion. Elles permettent de rpondre aux enjeux relevs sans prtendre gurir tous les maux constats. Les interventions se font plus douces, se basent sur des forces locales et ont pour but de les conforter et de les activer. Le projet commun qui com-prend les projets personnels voqus par la suite sadapte aux conditions et lchelle de Donges. Face une action urbaine contrainte, des projets restreints et un manque de dynamisme li au budget serr ou un certain fatalisme, lide est de pro-poser une intervention juste et conome qui gnrerait un effet dentranement. Il sagit dun travail dacupuncture qui va proposer dactiver des microcentralits.

Finalement, penser la micro-chelle, cest agir sur tout un territoire

Cardo-dcumanus, mise en valeur dun axe nord-sud et nouvelle transver-salit

Nord-sud, une ligne squentielleEst-Ouest, une nouvelle transversalit Lide, dune part, est de faire de laxe nord-sud une ligne de force en le mettant en valeur, en renforant les polarits exis-tantes (les trois places), en en crant de nouvelles et en lui offrant des terminaisons (bord de Loire et bord de Brire). Dautre part, cet axe sunit une transversale est-ouest support des quipements en zoning . Ensemble, ils fondent un trac cardo-decumanus. Les extrmits du decumanus (les jardins et les quipements sportifs) interpellent sur la question des lisires du bourg. De cette interrogation nat une r-flexion sur des pratiques qui sinscrivent non pas le long de laxe nord-sud mais dans

son paisseur. Nous nous intressons donc aussi au traitement des franges urbaines de manire ponctuelle, comme le camping municipal, afin de permettre un dialogue avec lenvironnement des marais.

Lintention est de raliser des micro-inter-ventions ayant pour objectif denclencher une (r)activation. Plutt que damnager, lide est donc de mnager le territoire et de prfrer la planification un mode dintervention petite chelle. A travers ces interventions, lajout de programmes dans les ples reprs a pour objectif de rpondre aux besoins, dentraner de nou-veaux usages et dimpulser une redynami-sation de la commune. Ces nouveaux pro-grammes, points dappui qui redonneraient un sens laxe, permettraient une lecture squentielle de Donges en sappuyant sur la spcificit et la qualit de chaque ple. Des bords de Loire jusquaux marais, en pas-sant par un espace industriel, en traversant la lisire et en pntrant au cur du bourg, la traverse nord-sud offrirait la vision des diffrents paysages dongeois. Le renforce-ment de laxe nord-sud permettrait donc de rvler les diffrentes figures ligriennes quil traverse afin dapaiser les tensions.

Les lieux points mettent en relation des acteurs qui dans le fonctionnement et lusage des espaces, sont amens se croiser. La diversit des interactions est saisie travers ces ples de rencontre dans lide de dclencher une mise en lien humaine. Lide est de mettre en rseaux ces lieux supports de pratiques collectives. Lis physiquement par la route, ils seraient galement lis par les acteurs quils concernent, les temporalits quils gnrent, les flux quils drainent. Les pratiques du commun et les vnements ponctuels seraient ainsi mis en vidence par cette nouvelle trame immatrielle qui connecterait les vnements vecteurs de dynamique humaine. Celle ci est un

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support sur lequel tous les usages sont possibles et permet au territoire de se rvler par ses structures de rencontre. Ainsi, nous noprons pas un amnagement, nous ne colmatons pas les limites entre les chelles mais tentons de faire lien. Lide est dencourager des pratiques existantes en les mettant en relation entre elles et en en imaginant de nouvelles, de manire penser une volution sur le long terme.

Tschumi opre par moments plus que par lieux : cest le montage de ces moments qui fabrique les lieux. Luca Merlini, Larchipel Tschumi : cinq les

10km

NIntentions : le Cardo-Dcumanus

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Nouvelles mobilits

Les intentions cites plus haut s'accompa-gnent ncessairement dune rflxion sur la mobilit. Les modes de dplacement uti-liss qui concernent des pratiques du quo-tidien ou des vnements plus ponctuels sont des donnes sociales intgrer au pro-jet. Lattractivit dun territoire, la qualit des services, leur visibilit et leur viabilit dpendent de la manire dont ils sont des-servis. Par ailleurs, la forme des dplace-ments et les mouvements engendrs dans lespace sont vecteurs de sociabilit. Cest donc en fonction de la reconnaissance des parcours, des rythmes et des centralits que nous pouvons penser une amlioration des conditions de mobilit.

Ltablissement dune nouvelle grille de lecture dans les rapports sociaux du bourg demande donc prendre en compte la ma-nire dont les micro-interventions sont mises en lien physiquement. Lutilisation de la voiture comme moyen de dplace-ment privilgi rompt les espaces-temps de sociabilit que dautres modes de dplace-ments permettent. Du fait de la ville-terri-toire dcrite prcdemment, les habitants sont dpendants de cet outil afin de se mouvoir au quotidien. Les moments din-terruption qui normalement marquent des points de rencontre et des temps de civi-lit disparaissent. Lespace public du bourg souffre du monopole de la voiture. Loffre de stationnement large et tendue induit une incitation effectuer de nombreux tra-jets, mme trs courts, par le biais de son vhicule personnel. Cette pratique cre une rupture des proximits que dautres moyens de se dplacer ne provoquent pas.

Face au systme actuel qui privilgie la voiture lchelle mtropolitaine et influence dans le mme sens les comportements, lintention est dimaginer les dplacements lchelle plus rduite

du bourg. Sil ne sagit pas de supprimer totalement la voiture, il sagit de penser des alternatives de transport complmentaires tels que des circuits doux et des transports en commun routiers ou fluviaux. Lenjeu est doffrir des possibilits de se mouvoir autrement lchelle urbaine en favorisant lintermodalit. Aujourdhui, loffre de transport en commun se rsume deux lignes ferroviaires peu frquentes, une ligne de bus (ligne T4 )desservant toutes les heures le bourg vers le centre de Saint-Nazaire, des cars scolaires et un systme de navette la demande reliant les hameaux au centre de Donges. En nous basant sur cette offre de dplacement collectif existant, lide est de crer une nouvelle ligne. Au moyen dun circuit de mini-bus prenant place sur la voie du cardo, nous crons une connexion avec le fleuve en permettant de sy rendre autrement quen voiture. La frquence de cette nouvelle ligne de transport semi-collective sappuie sur la temporalit des services existants et ceux crs par les programmes que nous mettons en place. Elle doit jongler entre le rythme rgulier de certains quipements comme lcole, la gare et le rythme des travailleurs, et des utilisations singulires en fonction des services recherchs dans le bourg ou encore des arrives ponctuelles de navires en bord de Loire. De ce fait, ses horaires varient entre une frquence de passages rguliers et des temps o elle fonctionne la demande. Elle sappuie galement sur la frquence des flux ferroviaires et de la ligne bus mtropolitaine. En dcoule la cration dun ple intermodal parmi les micro-interventions qui permet loptimisation du systme de transport en commun.

La mise en place de cette navette renforce lancrage du cardo comme laxe dynamique de la commune le long duquel, lavenir, nous pourrons projeter sa densification lgitime. Elle relie les points structurants dont la frquentation rgulire participe

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leur propre reconnaissance et justifie ce moyen de dplacement pour les relier. Par lusage des transports en communs, il sagit de gnrer des temps darrt, des espaces-temps intermdiaires durant lesquels la coprsence entre usagers forment des lieux de socialit. Il est important de considrer travers cette dmarche la qualit des temps de pause et de dplacement du dispositif. Sur le long terme, cette ligne de transport participe alors la reconnaissance et lattraction du bourg comme centralit.

Chteaubriand

Maison des associations

Le stade

Les grands Moulins

Lavoisier

Trgalot

Guy Cadou

Lo La-grange

Home At-lantique

Centre culturel

Clos Ga-lants

Raffinerie

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NIntentions : nouvelles mobilits

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Nouveaux programmes, Sites dintervention

Les programmations proposes au sein du schma Cardo-Dcumanus hybrident plusieurs fonctions sur des sites considrs comme des centralits de notre trame pro-jete. Chaque micro-intervention dtaille par la suite est pense en cohrence avec la trame globale et trois dentres elles seront dveloppes dans les projets personnels.

Les coles. Cur des quipements.La place des coles apparat aujourdhui comme un carrefour de flux entre les en-tres et sorties des lves et la concentra-tion de plusieurs modes de dplacements. Ce lieu dinterface se situe au croisement du cardo-decumanus , au cur de la trame dynamique des quipements. Il ap-parat donc comme un espace dintermo-dalit o le systme de transport en com-mun actuel rencontre la nouvelle ligne de navettes connectant le bourg au fleuve. Le programme qui sy dveloppe est un ple intermodal o le terminal de la navette cohabite avec les arrts de cars scolaires et la ligne de bus de lagglomration nazai-rienne. Une plateforme de covoiturage se couple au dispositif afin de rflchir autre-ment lusage de la voiture. Sur laxe de-cumanus , lamnagement dun trac doux est-ouest permettant laccs chacun des quipements offre aux usagers pratiquant des sports ou dautres loisirs dutiliser les services de cette halte routire. De ce fait, nous voulons favoriser les dplace-ments des habitants par des modes doux comme la marche ou le vlo afin de mna-ger la place du corps dans la perception du bourg.

Les jardins. Environnement partag.La terminaison lest du decumanus se structure autour dquipements scolaires, sportifs et culturels entretenant un rapport paysager dans leur amnagement avec les

marais. Le traitement de la frontire passe par un agencement despaces de nature par le biais de programmes tels que le parcours de sant et les jardins partags. Nous pro-posons de connecter le trac du parcours de sant au nouveau cheminement doux que nous mettons en place le long de laxe est-ouest. Ainsi, lallongement du parcours de sant cre des squences paysagres va-ries rvlant les asprits du bourg qui se conclue par une introduction dans le paysage humide des marais dongeois. En parallle, nous souhaitons renforcer lini-tiative des jardins partags entretenus par lassociation Les petits marais chez . Ce lieu de culture est le support de ren-contres et douverture du regard sur les qualits environnementales du territoire. Nous le concevons comme un espace de sociabilit ncessaire aux rapports de bons voisinages et qui peut tre mis en relation avec des activits agricoles et commerciales dans la commune.

Les quipements sportifs. Attractions ponctuelles. lextrmit oppose, louest du decu-manus , la juxtaposition des quipements sportifs nous mne penser que lamna-gement du site est anarchique . Nous sommes en lisire du bourg dont lhorizon nous rvle un paysage spectaculaire o les cuves imposantes dialoguent avec les vastes tendues humides des prairies inondables. Ce lieu entretient une affluence priodique des quipements sportifs comme le stade municipal, le skatepark ou encore la pis-cine. Cest pourquoi, nous prenons le parti dun programme flexible, li de lvne-mentiel pouvant se drouler en extrieur. Nous proposons lamnagement dune esplanade publique libre permettant lac-cueil de manifestations sportives ou cultu-relles et tirant parti des qualits paysagres de la lisire comme fond de scne. Dans sa programmation, nous ne considrons pas la valorisation de cet espace public comme

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un lieu de rassemblement quotidien mais dans son fonctionnement par rapport au bourg, apportant un point de vue dcal de la rigidit minrale des places publiques du cur urbain. Ce lieu de rception permet de rflchir aux connexions de Donges avec les communes priphriques o des festivits intercommunales pourrait prendre place, pour favoriser lattrait du bourg.

Place de la mairie. Amer du bourg.Dans le chapelet des places qui bordent laxe nord-sud, la place de la mairie est le centre institutionnel et le lieu de com-merce. Elle se formalise comme un grand volume vide o prennent place deux monu-ments architecturaux singuliers, lglise et la mairie. travers un projet architectural qui sera plus dtaill dans la dernire partie de ce mmoire, nous suggrons le ram-nagement de lespace public et la mise en place dun programme visant revitaliser le commerce et donner visibilit lagricul-ture. Limplantation dun march couvert et dune Maison du commerce et de lar-tisanat sappuie sur les pratiques existantes et gnre un nouveau lieu dchanges mar-chands et sociaux.

Place de la gare. Lisire du bourg.Situes la lisire sud du bourg, le long de laxe nord-sud, la place de la gare et dans son prolongement, la rue louis pasteur, forment un espace public bord de plu-sieurs dlaisss urbains. Nous faisons face au paysage des tours de distillation de la raffinerie et des entreprises sous-traitantes de la zone industrielle. Des espaces de stationnement importants pour les poids lourds et les automobiles composent la place . Ces points darrt facilitent laccs aux quelques commerces prsents. Ce site rvle un caractre daccueil des personnes en transit ce qui est le levier de notre inter-vention. Nous envisageons limplantation dun foyer daccueil des marins hybrid

avec un espace cybercaf ainsi que la cra-tion de logements de courtes dures pour les travailleurs en dplacement attenant un atelier o les Dongeois peuvent recycler des objets et changer des services dans un rapport de bon voisinage. Lensemble de ce programme sera plus dtaill par la suite.

La gare ferroviaire. Interface enclave.Lenclavement de la gare au cur de la raf-finerie ne permet pas aux Dongeois dac-cder aisment aux transports ferroviaires. En favorisant la desserte du site par le sys-tme de navette entre le centre bourg et la Loire, nous envisageons une utilisation plus accrue du systme ferr du fait dun meilleur accs celui-ci. Il sagit donc de travailler une plateforme intermodale per-mettant larrt de la navette et l