43
1 DOSSIER D’AIDE À LA PRÉPARATION Ce dossier a été élaboré par l’équipe des préparateurs pour vous aider à entamer votre préparation au cours de l’été. Ils s’attendent donc non seulement à ce que vous ayez lu les œuvres au programme mais aussi à ce que vous ayez déblayé le terrain dans tous les domaines qui vous sont présentés ici. Cela peut paraître impressionnant, mais sans votre effort préalable, votre préparation, concentrée sur quelques semaines en raison d’un calendrier dont nous ne sommes pas maîtres, perd son sens et beaucoup de son intérêt. Ces pages vous montreront que nous sommes prêts à vous soutenir mais que l’efficacité du parcours dépend, forcément, de vous. Bon courage. ECRIT La dissertation littéraire Bibliographie générale (littérature) La dissertation en civilisation Bibliographie générale (civilisation) Le commentaire littéraire Prose Théâtre Poetry Le commentaire en civilisation La traduction (version et thème) ORAL L’anglais oral Linguistique Compréhension orale Thème oral Explication de choix de traduction Entretien avec le jury Didactique Conseils de travail pour l’été : auteurs et questions LITTÉRATURE William Shakespeare, The Winter's Tale. Ed. Stephen Orgel, Oxford, OUP: Oxford World's Classics, 1996 NB-L'édition Penguin Shakespeare sera utilisée à l'oral. Thomas Hardy, Far from the Madding Crowd [1874]. Londres, Norton Critical Edition, 1986. Film de John Schlesinger (1967). Philip Roth, American Pastoral [1997]. New York, Vintage Books, 1998. CIVILISATION Le Parti libéral en Grande-Bretagne, 1906-1924 Révolte et utopie, la contre-culture des années 60 ANNEXE : SITES UTILES Bibliothèques, Librairies, Médiathèque RAPPEL : les informations générales relatives au concours sont consultables sur le site de Charles V : http://www.ufr-anglais.univ-paris7.fr

Dossier Agregation Interne 2011-12

Embed Size (px)

DESCRIPTION

interesting

Citation preview

Page 1: Dossier Agregation Interne 2011-12

1

DOSSIER D’AIDE À LA PRÉPARATION

Ce dossier a été élaboré par l’équipe des préparateurs pour vous aider à entamer votre préparation au cours de l’été. Ils s’attendent donc non seulement à ce que vous ayez lu les œuvres au programme mais aussi à ce que vous ayez déblayé le terrain dans tous les domaines qui vous sont présentés ici.

Cela peut paraître impressionnant, mais sans votre effort préalable, votre préparation, concentrée sur quelques semaines en raison d’un calendrier dont nous ne sommes pas maîtres, perd son sens et beaucoup de son intérêt.

Ces pages vous montreront que nous sommes prêts à vous soutenir mais que l’efficacité du parcours dépend, forcément, de vous.

Bon courage.

ECRIT La dissertation littéraire Bibliographie générale (littérature) La dissertation en civilisation Bibliographie générale (civilisation) Le commentaire littéraire Prose Théâtre Poetry Le commentaire en civilisation La traduction (version et thème) ORAL L’anglais oral Linguistique Compréhension orale Thème oral Explication de choix de traduction Entretien avec le jury Didactique

Conseils de travail pour l’été : auteurs et questions LITTÉRATURE William Shakespeare, The Winter's Tale. Ed. Stephen Orgel, Oxford, OUP: Oxford World's Classics, 1996 NB-L'édition Penguin Shakespeare sera utilisée à l'oral. Thomas Hardy, Far from the Madding Crowd [1874]. Londres, Norton Critical Edition, 1986. Film de John Schlesinger (1967). Philip Roth, American Pastoral [1997]. New York, Vintage Books, 1998. CIVILISATION Le Parti libéral en Grande-Bretagne, 1906-1924 Révolte et utopie, la contre-culture des années 60 ANNEXE : SITES UTILES Bibliothèques, Librairies, Médiathèque RAPPEL : les informations générales relatives au concours sont consultables sur le site de Charles V : http://www.ufr-anglais.univ-paris7.fr

Page 2: Dossier Agregation Interne 2011-12

2

FICHES METHODOLOGIQUES POUR LES EXERCICES

I- ÉCRIT

LA DISSERTATION

LA DISSERTATION LITTERAIRE La dissertation est un argument développé à partir d’un questionnement ou d’une problématique qui se posent face à un sujet et en rapport avec une œuvre. Le but de cet exercice est d’évaluer la culture générale du candidat, sa maîtrise des outils critiques et rhétoriques clefs, mais aussi et surtout sa capacité à poser les problèmes clairement, à analyser les données objectivement, et à argumenter de manière convaincante. Il ne s’agit donc nullement d’appliquer des recettes ou de plaquer un plan type, ni de réciter scolairement un cours appris par cœur. C’est pourquoi nous déconseillons vivement l’usage aveugle et intensif de manuels de méthodologie. Pour réussir cette épreuve, la première nécessité est de bien connaître les œuvres du programme, étant entendu que l’impasse manifeste est sanctionnée par la note éliminatoire de zéro au concours. Il convient donc de lire et de relire plusieurs fois chaque œuvre pendant l’année, de se familiariser avec la structure d’ensemble et les détails, de se faire au besoin des fiches pour les citations et les éléments à mobiliser face à des sujets possibles. Les sujets proposés peuvent être notionnels (une ou deux notions le plus souvent) ou citationnels (citation courte, tirée de l’œuvre ou à son propos). Dans les deux cas, une étape analytique de plusieurs minutes est indispensable pour dégager du sens et faire parler l’intitulé du sujet, au lieu d’une fuite en avant à partir du premier sens qui vient à l’esprit, et qui est le plus souvent uniquement thématique ou psychologisante. C’est cette étape analytique (les différents sens des notions proposées, leur caractère proprement littéraire, le contexte de la citation, etc) qui permet de transformer le sujet en problème et en dynamique. Une problématisation réussie permet à son tour d’éviter un plan qui ne sera qu’une coquille vide et scolaire (du type personnage-intrigue-écriture), un catalogue paraphrastique des diverses manifestations du sujet dans l’œuvre, ou encore un hors-sujet partiel ou complet. On ne saurait trop insister sur l’importance d’un entraînement régulier à l’exercice pendant l’année, réalisé autant que faire se peut dans les conditions de l’épreuve, c’est-à-dire en temps limité. Ce n’est que par ce moyen qu’on prendra l’habitude de trier les données et d’adapter le savoir acquis au sujet proposé. Le cours et les citations sont autant d’outils à mobiliser avec discernement pour servir l’argumentation et illustrer le propos. Il peut donc également être utile de s’entraîner pendant l’année à faire des plans détaillés afin de maîtriser ce travail de sélection de données et leur intégration à une réflexion personnelle. Outre ce travail indispensable sur les œuvres, la préparation gagne à être enrichie par la révision ou l’acquisition de quelques repères en histoire des idées, en histoire littéraire, en rhétorique et en termes d’outils critiques. A cet effet, il ne faut pas hésiter pendant l’année à ouvrir un dictionnaire spécialisé (ex : le Penguin Dictionary of Literary Terms and Literary

Page 3: Dossier Agregation Interne 2011-12

3

Theory) chaque fois qu’on rencontre une notion ou un concept qu’on n’est pas sûr de pouvoir définir clairement ou utiliser à bon escient. Enfin, le travail de préparation ne doit pas négliger la langue, le style et la présentation. Là encore, un entraînement régulier permettra d’acquérir ou de vérifier la correction de la langue, ainsi que la clarté et l’élégance du style et de la présentation. La meilleure source pour jauger le contenu et le niveau de l’épreuve et comprendre les attentes du jury reste les rapports du jury des années antérieures. Nous vous conseillons vivement de les consulter à la bibliothèque, à la fois pour les recommandations fournies par le jury et pour les exemples de corrigés qu’ils incluent.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE : QUESTIONS DE LITTERATURE

Histoire littéraire De la Grande-Bretagne :

GRELLET, F. et VALENTIN, M.-H., An Introduction to English Literature, Paris : Hachette, 1984. GRELLET, F. et VALENTIN, M.-H., An Introduction to English Literature, Paris : Hachette, 2005. LAROQUE F., MORVAN A., REGARD F. Histoire de la littérature anglaise PUF,

1997. Regard, Frédéric, Histoire de la littérature anglaise, Paris : PUF, 2009.

Des Etats-Unis :

GRELLET, F. An Introduction to American Literature, Paris, Hachette, 1993. HART, James D. (ed.), The Concise Oxford Companion to American Literature, Oxford/Oxford Univ. Press, 1986. RULAND, Richard and BRADBURY, Malcolm, From Puritanism to Postmodernism, Penguin, 1991.

Du monde anglophone : COUSSY, LABBE, FABRE G. & M. Les littératures anglophones depuis 1945, Paris: Nathan, 1988 COUSSY, Denise et Evelyne Labbé, Les Littératures de langue anglaise depuis 1945:

Grande-Bretagne, Etats-Unis, Commonwealth, Paris : Nathan, 1991. GRELLET, Françoise, Anthologie des littératures du monde anglophone, Paris :

Hachette, 2002. POUVELLE, Jean et Jean-Pierre Demarche (ed.), Guide des littératures d'Irlande & du

Commonwealth des origines à nos jours, Paris : Ellipses, 2008.

Page 4: Dossier Agregation Interne 2011-12

4

Analyse de genres

Roman

Niveau élémentaire : HAWTHORN, Jeremy, Studying the Novel, Londres : Hodder

Arnold, 2005. Niveau 2 : RIMON-KENAN S.Narrative fiction, Contemporary Poetics, London: Methuen, 'New Accents', 1983. GENETTE G. Figures III, Paris: Seuil, coll Points

Poésie

Niveau 1 FURNISS T. & BATH Michael, Reading Poetry An Introduction London, Prentice Hall & Harvester Wheatsheaf, 1996. LENNARD John The Poetry Handbook , Oxford, O.U.P., 1996 Dictionnaires spécialisés MYERS J. & M. SIMMS . (eds) The Longman Dictionary of Poetic Terms ,1989 PREMINGER A. & BROGAN T.V.F. (eds), The New Princeton Encyclopaedia of Poetry and Poetics, Princeton: Princeton University Press, 1993.

Théâtre

Shakespeare Niveau 1 : LAROQUE, F., Shakespeare, comme il vous plaira, Paris : Gallimard, 1992, 'Découvertes'. Niveau 2: WELLS, S., ed., Cambridge Companion to Shakespeare Studies, new ed., Cambridge, Cambridge University Press, 1986. Critique générale: Niveau 1: RYNGAERT, J-P., Introduction à l'analyse du théâtre, Paris, Bordas, 1989. Niveau 2: ELANI, K., The Semiotics of Theatre and Drama, London & New York, Routledge, 1980, 'New Accents'

Terminologie et Méthode critique

ABRAMS, M. H., A Glossary of Literary Terms, New York, Harcourt Brace College Publishers, 1993, sixth edition. DENIER, R; BLATTES, R. et alii. L'explication de texte en anglais , Paris: Ophrys, 1979 GRELLET, Françoise, A Handbook of Literary Terms, Paris: Hachette, 2009. HUGUES, T. & PATIN, C. L'analyse textuelle en anglais , Paris: Dunod, 1995. TAANE Eric : L’Explication de texte : méthodes et pratique Paris : Hachette U, 1997.

Page 5: Dossier Agregation Interne 2011-12

5

LA DISSERTATION EN CIVILISATION

Quelques éléments de méthodologie Les ouvrages abondent sur la méthodologie de la dissertation de civilisation pour les concours et sont en général de bon conseil ; je vais donc simplement ici vous donner quelques conseils personnels et pratiques pour aborder cet exercice. Peut-être faut-il commencer par quelques mots pour démystifier le mot “ dissertation ” et rassurer ainsi les étudiants. La dissertation de civilisation, comme le commentaire, sont des exercices dialectiques : ce sont des constructions artificielles qui passent par des étapes précises, et il faut répondre à des attentes précises elles aussi. Dans une certaine mesure, ce sont des jeux auxquels tout le monde peut participer, si les règles sont comprises. Le plus souvent, le sujet consistera en une citation en anglais émanant d’un critique ; on pourra trouver des citations de l’auteur lui-même. Il n’est pas impossible d’avoir comme sujet un ou deux mots en anglais : sujet « notionnel » à deux termes. Quelque soit le sujet, le candidat doit s’astreindre à une période de réflexion sur le sujet lui-même, chacun des termes qu’il contient, et la façon dont ils sont reliés les uns aux autres. Il faut noter toutes les idées qui vous viennent tandis que vous tournez et retournez le sujet dans tous les sens, et éviter pendant cette étape d’intégrer à votre réflexion les connaissances accumulées tout au long de l’année. C’est un moment important, car il permet d’ébaucher une problématique qui émane directement de votre réflexion sur le sujet et les nuances, questions, paradoxes, que vous aurez pu en extraire. C’est seulement dans un deuxième temps qu’il faut faire appel aux connaissances. Ces connaissances vont servir de chair en s’organisant autour d’une ossature déjà esquissée. Si vous ne passez pas par la phase de réflexion “ à vide ” sur le sujet, vous risquez de faire une dissertation qui sera en fait une question de cours : vous aurez vu les mots “ ironie ” ou “ humour ” dans le sujet, et vous replacerez tout ce que vous avez lu sur l’humour chez Mencken, sans problématiser votre réflexion en rapport avec le sujet. Cette deuxième phase normalement sera plus longue que la première, car vous saurez probablement beaucoup de choses sur les questions au programme ; elle vous livrera donc plusieurs pages de notes dans le désordre mais déjà néanmoins liées par le fil directeur de votre réflexion préliminaire. C’est alors que vous allez élaborer votre plan et réorganiser vos idées en deux ou trois parties qui vous permettront de développer votre réflexion de façon claire, logique et progressive : - Claire : les phrases doivent être ni trop courtes, ni trop longues. Évitez le jargon et connaissez le sens précis des termes scientifiques ou politiques que vous utilisez (humour, ironie, conservateur, libéral, libertaire, marxiste, communiste…). Soyez précis pour les termes désignant l’aire anglophone : Royaume-Uni, Grande-Bretagne, Angleterre, États-Unis, Amérique… La clarté doit aussi être matérielle : des paragraphes distincts, des parties nettement séparées … - Logique : d’une phrase à une autre, le lecteur doit discerner le lien et le raisonnement que vous développez. Les transitions sont importantes, ainsi que les mots de liaison : thus,

Page 6: Dossier Agregation Interne 2011-12

6

therefore, yet, however, notwithstanding… (voir GRELLET, F. , A Handbook of Literary Terms, p. 227-28.) - Progressive : vous devez partir du plus évident pour aller vers le plus subtil ou le plus complexe. Ainsi votre dernière partie doit vous permettre de livrer la clé de votre réflexion, de résoudre la problématique que vous aurez posée. D’un point de vue pratique, il est utile d’avoir des feutres ou surligneurs de trois couleurs différentes, qui vont vous permettre de classer vos notes : vous saurez ainsi parfaitement où vos idées doivent s’intégrer dans votre réflexion. Avec un plan clairement charpenté et des notes bien classées, vous pouvez vous lancer directement dans votre rédaction sans faire de brouillon. Normalement vous savez exactement où vous allez, et il est donc possible dès ce moment de rédiger votre conclusion, puis votre introduction. L’introduction s’ouvre par quelques mots généraux sur la question et le thème général du sujet, puis cite le sujet. On attend ensuite, en quelques phrases, une analyse rapide des termes clés du sujet et la problématique que vous en avez retirée. Vient ensuite l’annonce de plan : comment et dans quel ordre vous allez réfléchir à cette problématique. L’annonce de plan doit avant tout être claire : le lecteur doit pouvoir noter immédiatement les deux ou trois étapes de votre réflexion. Votre conclusion résumera brièvement les étapes de votre raisonnement et livrera votre opinion finale sur la problématique choisie.

Page 7: Dossier Agregation Interne 2011-12

7

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE : QUESTIONS DE CIVILISATION

*Histoire de la Grande-Bretagne MORGAN, K. , ed. Oxford History of Britain. Oxford: OUP, 2nd ed. 1988 *Histoire des Etats-Unis KATZMAN, D.M., NORTON, M.B. et al., A People and a Nation : A History of the United States, Houghton Mifflin Co., 1986 ( 2nd ed.)

LE COMMENTAIRE DE TEXTE

EN LITTÉRATURE

L'EXPLICATION/ LE COMMENTAIRE D'UN TEXTE EN PROSE Un commentaire de texte doit proposer une lecture interprétative d'un passage qui vise à passer du sens explicite (ce que le texte dit) au sens implicite (ce qui s'y dit de manière plus voilée, voire son non dit), faire surgir les différents niveaux de sens imbriqués, ce qui forme véritablement l'objet de votre interprétation. Même si le passage que vous avez à expliquer (en règle générale 400 à 500 mots/40 à 50 lignes, mais peut varier en fonction de la densité du texte) présente une cohérence interne, il a été artificiellement extrait d'un continuum narratif. Au cours de votre commentaire, il vous faudra donc procéder à une analyse de détail qui fasse ressortir la manière dont le sens se construit dans le texte, ses propres lois de composition, en même temps que rétablir les liens (narratifs et thématiques) par lequel le texte s'insère dans l'ensemble plus vaste que constitue le récit, c'est-à-dire montrer sa fonction à l'intérieur de l'œuvre (le passage ne doit cependant pas devenir prétexte à la simple récitation de connaissances générales sur l'œuvre). Il s'agit pour vous de faire un certain nombre de repérages, identifier les stratégies discursives, et ensuite de rassembler les éléments du texte qui vous paraissent signifiants pour les regrouper selon une hiérarchie qui formera la trame de votre interprétation.

Page 8: Dossier Agregation Interne 2011-12

8

La déconstruction analytique : Au-delà des contenus thématiques que vous aurez repérés à la première lecture, il vous faut identifier tout ce qui permet de relier le texte à son contexte, à la fois historique (la vision sociale, politique, philosophique, culturelle et idéologique au sens large qui informent le texte) et esthétique (notamment la tradition littéraire dans laquelle il s'inscrit ou à l'égard de laquelle il marque ses distances; le genre auquel il appartient). Plus largement, tâchez de repérer les références plus ou moins explicites à d'autres textes avec lesquels le texte entre en résonance (les questions d'intertextualité), les normes et codes esthétiques qu'il fait jouer. Analysez la fonction de chacun de ces éléments à l'intérieur du passage (ex : une allusion à un épisode biblique a une signification variable selon le contexte dans lequel elle se trouve employée). Les techniques narratives indiquant le positionnement de l'instance narrative par rapport au récit, c'est-à-dire les questions de voix (qui parle ?)-en commençant par le statut du narrateur : extra/intra-diégétique, etc.-et de focalisation (qui voit/perçoit ?). Ainsi, vous analyserez les différents marqueurs d'énonciation qui signalent l'emprise de la voix narrative sur l'énoncé (stratégies d'effacement ou au contraire marqueurs d'emphase. Ex : rôle de la modalisation, l'emploi du passif, énoncés hypothétiques ou assertifs,...). Au moyen de la focalisation, le récit peut faire varier les points de vue sur l'histoire (la focalisation interne qui privilégie le point de vue d'un personnage, externe-où la scène est vue sans que l'on ait accès aux pensées des personnages, et le récit non-focalisé, c'est-à-dire le point de vue d'un narrateur omniscient qui englobe la totalité du récit). L'impression produite sur le lecteur varie nécessairement en fonction de la manière dont la perception d'un personnage est représentée (plus ou moins filtrée par l'instance narrative ; pour cela il convient d'analyser le type de discours employé : direct, indirect, indirect libre...). Les rapports complexes entre voix et focalisation, le décalage entre instance narrative et point de vue (degrés de distance, ironisation éventuelle), doivent faire l'objet d'une attention particulière. Les questions de temporalité, à l'intérieur du récit aussi bien qu'au niveau de la narration. Le narrateur dispose d'une large gamme de procédés lui permettant de manipuler la temporalité de son récit et dont il convient d'étudier la fonction: ordre dans lequel les événements sont racontés (chronologique ou non ; effet que produisent les ruptures- analepses et prolepses- dans la chronologie) ; le rythme du récit, c'est-à-dire les questions de durée (effets d'accélération ou de décélération du temps, depuis l'ellipse jusqu'à la pause descriptive, en passant par le sommaire et la scène) ; les questions de fréquence (le nombre de fois où un événement se produit au regard du nombre de fois où il est raconté : aspect singulatif, itératif). Il est important d'envisager la stratégie temporelle employée dans l'extrait au regard de l'ensemble de l'œuvre. Pour les questions de narratologie, je vous renvoie à l'ouvrage de Gérard Genette, Figures III (Seuil). L'analyse de la langue elle-même, c'est-à-dire aussi bien les niveaux de langue que l'agencement syntaxique des phrases, tous les éléments de la rhétorique employée, mais particulièrement tout ce qui relève de l'usage figuratif du langage (à commencer par les tropes par ressemblance et contiguité : comparaison, métaphore, métonymie, synecdoche, symbole, etc.) et permet véritablement de faire jouer les différents niveaux de sens (dénoté et connoté), les glissements sémantiques, et passer ainsi du sens littéral à une interprétation figurée du texte et de ses enjeux. Pour tous ces aspects, vous pourrez vous référer utilement à l'ouvrage de Françoise Grellet, A Handbook of Literary Terms (Hachette)

Page 9: Dossier Agregation Interne 2011-12

9

La reconstruction critique : Dans l'introduction il vous faut : 1) Indiquer de quelle partie de l'ouvrage est tiré l'extrait et fournir un bref résumé (2/3 lignes max.) ; 2) Replacer l'extrait dans l'économie générale de l'œuvre (importance pour l'" intrigue " si c'est le cas ; liens thématiques ; parallélismes/contrastes avec d'autres passages...) ; 3) Indiquer votre problématique (=ce qui vous semble être fondamentalement en jeu dans l'extrait, au-delà de ce qui se dit en surface) ; 4) Enoncer votre plan, c'est-à-dire l'essentiel des étapes de votre argumentation et la logique, les raisons de leur succession. A la fin de votre introduction, vous devez avoir créé un horizon d'attente pour votre lecteur qui doit savoir où vous aller le mener (c'est pourquoi vous devez éviter les formulations sous forme de questionnement du type : " nous pouvons nous demander pourquoi... "). Le commentaire proprement dit doit réarticuler ensemble les différents éléments que vous avez dégagés lors de votre analyse, après les avoir hiérarchisés selon les différents niveaux de sens mis au jour, c'est-à-dire, encore une fois, en allant du plus au moins explicite. Si le commentaire linéaire n'est pas proscrit, il se révèle fréquemment dangereux car il fait courir le risque de redites voire de paraphrase, mais votre plan peut éventuellement suivre le mouvement général de l'extrait, si sa structure et sa logique discursive vous permettent de faire jouer les aspects plus thématiques et d'aller vers un approfondissement du sens. Votre conclusion doit faire le point sur votre argumentation, la progression suivie, et si possible ouvrir la perspective, en suggérant par exemple un prolongement possible de la réflexion vers un aspect moins exploré, mais néanmoins pertinent, du passage, ou en le réinscrivant à l'intérieur du mouvement narratif et des enjeux (esthétiques, idéologiques, etc.) plus larges de l'œuvre. On peut consulter, dans la bibliographie générale DENIER, BLATTES, et alii ou TAANE.

LE COMMENTAIRE D'UN TEXTE DE THÉÂTRE Afin d'aborder efficacement cette épreuve, il faut avoir présent à l'esprit la nature particulière de votre objet d'étude: un texte de théâtre. Cette évidence constitue en fait l'écueil principal de l'exercice. Contrairement à un extrait de roman, de nouvelle, ou même à un poème, qui sont conçus pour être lus, à voix basse ou à voix haute, et s'adressent d'abord à un lecteur, par définition, le texte de théâtre s'adresse à des acteurs et à des spectateurs. L'étymologie du mot "théâtre" fait d'ailleurs référence à "ce qui se voit". On ne peut concevoir de théâtre sans support visuel et sonore: une scène, des acteurs avec des corps en mouvement, des voix, des lumières, des sons et un public. Faire une étude littéraire critique d'un texte de théâtre, qui n'aura jamais la fixité d'un texte écrit, relèverait alors de la gageure? Pas nécessairement, car le texte de théâtre est à la fois un objet littéraire et un objet théâtral. Ce sont ces deux dimensions, littérarité et théâtralité, qu'il faut prendre en compte lors de votre commentaire de texte. Face à une scène donnée, vous devez faire un effort d'imagination et vous glisser, pendant quelques minutes, dans la peau d'un metteur en scène. Posez-vous des questions très concrètes sur le jeu possible des acteurs, leurs déplacements dans l'espace, la présence éventuelle d'un décor, d'accessoires, de lumières, le rapport des acteurs entre eux et avec le public. Le théâtre ne se réduit pas au texte écrit: il suppose une multitude de signes et de discours qui n'apparaissent pas forcément sur la page et que le lecteur doit imaginer. N'hésitez pas à faire des références concrètes à des adaptations (s'il en existe), à la scène et au cinéma, de l'œuvre au programme.

Page 10: Dossier Agregation Interne 2011-12

10

Prenons l'exemple précis, dans Hamlet, de la scène 1 de l'acte III, qui contient le célèbre monologue "To be or not to be". Ce monologue doit être étudié dans le contexte d'une situation dramatique particulière. En effet, le roi et Polonius assistent, dissimulés, "seeing unseen", à l'entretien d'Hamlet et d'Ophélie. Ophélie est manipulée par son père et le roi, telle une actrice obéissant aux injonctions du metteur en scène. Quant à Hamlet, on ne saura jamais avec certitude s'il a conscience d'être épié, mais c'est fort probable d'après la question qu'il pose à Ophélie: "Where's your father?" (vers 130). De plus, l'affectation du monologue d'Hamlet peut se comprendre si, se sachant observé, il prend volontairement la pose du mélancolique, stéréotype en vogue à l'époque élisabéthaine. Un étudiant qui omettrait de commenter la composante métathéâtrale de cette scène - le spectateur regarde deux hommes qui, eux-mêmes, regardent un jeune couple conscient d'être observé - passerait à côté de la complexité du passage. Par ailleurs, vous devez acquérir un minimum de terminologie et manier aisément les notions clés ayant trait au théâtre (comédie, tragédie, tragi-comédie, parodie, satire, farce, ironie dramatique, mise en abyme, catharsis, distanciation etc.) Plus spécifiquement, il convient de se familiariser avec le théâtre de Shakespeare et le théâtre élisabéthain afin d'éviter les erreurs les plus fréquentes: pas de femmes actrices à l'époque, pas de règle des trois unités, contrairement au théâtre classique français, pas de théâtre à l'italienne, pas de quatrième mur, mais un théâtre en bois, circulaire, à ciel ouvert, le "wooden O". On se reportera utilement au livre d'Elisabeth Angel-Perez, Le Théâtre anglais, collection "Les Fondamentaux", Hachette Supérieur, 1997, chapitre sur "Le théâtre de la Renaissance", p. 21 à 37. Vous trouverez également dans cet ouvrage quelques notions sur le contexte idéologique, littéraire et religieux de l'époque, notions essentielles pour comprendre la crise métaphysique de la période, reflétée dans le théâtre de Shakespeare et de ses contemporains. Enfin, le théâtre shakespearien étant constitué d'une alternance de vers et de prose, il est conseillé de revoir les règles de base de la métrique anglaise et du pentamètre iambique (on pourra se reporter aux premiers chapitres de A Handbook of Literary Terms de Françoise Grellet, Hachette, 1996).

COMMENTAIRE or EXPLICATION DE TEXTE IN POETRY (although there is no poetic work as such on your syllabus, this may be helpful for

Shakespeare’s Richard II) NATURE OF THE EXERCISE : Princeton Encyclopedia of Poetry and Poetics defines explication de texte or commentaire (for the purposes of the exam the two exercises will be deemed indistinguishable) as follows: " Poetry as seen by explication is characterized by three major qualities. Self-sufficiency, the first of these, affirms the poem as impersonal and autonomous. Biographical considerations are ignored or at most given slight regard, poetry is detached from its historical context, and the poem is judged for itself rather than for its effect upon a reader..... A second major characteristic, that of unity, is traditional. But explication has insisted upon a comprehensive organicism, has studied the relation of structure and materials.... A final characteristic is complexity, which stands in antithesis to a simplicity of plainness but not to a simplicity of articulated function."

Page 11: Dossier Agregation Interne 2011-12

11

It is to be remembered that most poems given at the exam are indeed autonomous texts (ie not extracts). This distinguishes them, often, from commentaries on prose works and plays. Structure of YOUR final text It is worth recalling the traditional, canonical structure of a commentaire or explication de texte, includes the following elements: 1) An introduction: 3) A plan 4) The commentary or explication 5) A conclusion: For the plan there is a fundamental problem raised by the strategic choice between the running commentary (ligne à ligne) or the synthetic commentary. It is important to practice both formats systematically during the year. Relying exclusively on one or other of them can be a very dangerous strategy. Many of the reports seem to prefer the running commentary for poetry but each method has its advantages and - above all - disadvantages. RUNNING COMMENTARY / LIGNE A LIGNE Danger of the running commentary = paraphrase "Expliquer un passage, ce n'est jamais redire le quoi du texte, mais son pourquoi et son comment." (1986) SYNTHETIC COMMENTARY : Danger of the synthetic commentary= transforming the commentary into a dissertation or the explication into a leçon: "tel poème de Hughes qui devient leçon sur les oiseaux dans la poésie de Hughes" (1986); la confusion "explication de texte et leçon <est> sanctionnée avec sévérité" (1987); "il est désastreux de réduire et de "normaliser" immédiatement le passage en y retrouvant une thématique passe-partout: ainsi la beauté d'un poème de Yeats comme "To a Shade" ne dépend pas des grandes polarités symboliques yeatsiennes sous lesquelles il était maladroit de l'écraser.... la présentation du texte représenterait l'integritas: <le moment où on le distingue de tout ce qui n'est pas lui.>. Toute la difficulté est alors de montrer un moment unique pris en coupe dans le continuum qu'est l'oeuvre." (1990) TECHNICAL DIMENSIONS SPECIFIC TO POETRY: It is advisable to begin during the summer compiling a series of "fiches". One of the simplest ways to do this is to look at the index of a certain number of critics on the poet you have to study and take the ten most frequent formal entries. A random search in a book on Shelley gives: Hymn, Lyric, Ode, Sonnet, Symbol, etc .... PREPARING A COMMENTARY : When working towards a commentary, and to avoid paraphrase, it is often wisest to begin with more formal aspects of work you are being asked to study as generally you will have a good grasp of the "thematic" issues : Candidates are often advised to work in a two tier system Read through once, rather impressionistically, and note your first reactions about tone watching for literary devices that a poem can share with other literary texts (irony, humour, pathos, etc..) tempo and carefully ascertaining who exactly is speaking "persona"/character (= ? male female uncertain.) .... and who is the "addressee" (being careful, for example about - for example - ambiguities of gender in love poems)

Page 12: Dossier Agregation Interne 2011-12

12

II) Read through a second time more analytically looking at each of the following main standard entries: PHONETIC ANALYSIS : - Assonance and Alliteration; Rhyme: Full rhyme, masculine rhyme; feminine rhyme; consonantal rhyme; eye-rhyme etc. It is important not to attribute too fixed a meaning to particular sound constellations (s = serpents etc) Although no actual oral reading is requested during the exercise, it s highly recommended to concentrate on what such a reading would require and reveal. Always keep in mind the 1992 Agrégation Externe report that emphasizes the reading reveals whether or not the "texture phonique, les figures de rhétorique et le mouvement rythmique ont été perçus. La diction doit alors tenir le plus grand compte des élisions, des césures, de l'étalon métrique et de ses modulations, des assonances et des allitérations." See below the remarks on poetic form. SYNTACTIC ANALYSIS : You should examine systematically: sentence stops, caesura, enjambment, (run-on lines etc), asking yourself whether the stanza treated as a unit (a poet can play stanza or line against syntax or make them coincide, which has an important closural dimension) noting significant grammatical choices (imperatives, modals etc). You should then look carefully at the vocabulary, not only at the denotations and connotations of the words but also seeing if they are monosyllabic/ polysyllabic//concrete/abstract. It is often easy to articulate a commentary around exceptional phenomena (the sudden appearance of a five syllable word for example which will be de facto highlighted). METRE You must check an introduction to English language prosody if you are not used to doing metrical analyses (cf general bibliography). You need to master the basic terminology before classes begin, once again concentrating on the metrical devices used by the poet you are to study (free verse for example for many twentieth century poets; blank verse for Milton etc...). Cf below for an example of an analysis expected of an agrégation student FIGURES OF SPEECH : It is important to have a sophisticated working definition of the following basic categories: metaphor; simile; symbol and for particular periods you must be able to recognize other figures like for the seventeenth century the "conceit". As you read critical works on your poet you should keep a list of the forms most frequently referred to. POETIC FORM : - Always ask what sort of poem it is, whether the form is "closed" or "open". Each form has a history and particular possibilities (the voltà in the sonnet for example). One should know how to distinguish the basic closed forms like the epigram, the ode, the sonnet / the ballad ... Here again as you read the critics check that you have a working definition of each of the major forms used by the particular poet - do not spend your time on forms that your poet does not us. For example the ballad was popular in the later 18th Century revival of antiquarianism and folk poetry and is a dominant form in Romanticism and late-Romanticism. It is unlikely that a seventeenth century poet will have used the form - though there are always exceptions. THEMATIC ANALYSIS : It is essential always to work from poem to theme and NEVER work backwards from what you have learnt in class towards the text (i.e. never impose a "thematic" opposition that you have seen in class). This is extremely tempting but always catastrophic (see above the dangers of the synthetic plan)

Page 13: Dossier Agregation Interne 2011-12

13

To help you visualize what a jury will be expecting here is a brief example an actual analysis found in the 1988 agrégation externe report: La nostalgie du poème de MacNiece "Carrickfergus" la sensation d'éloignement et de perte apparaît plus, dans le dernier quatrain, grâce à l'effet obtenu par la réduction progressive du nombre des accent dans les vers rimés que par la charge sémantique des mots employés: I went to school in Dorset, the world of parents Contracted into a puppet world of sons Far from the mill girls, the smell of porter, the salt-mines And the soldiers with their guns. Le dernier vers ne comporte que deux accents naturels, l'un sur la première syllabe de "soldiers" et l'autre sur "guns" avec une possibilité prosodique d'accentuer "And" ou "with", voire les deux. Une quadruple accentuation tend à aligner le quatrième vers cité sur le second (avec un rythme initial différent). Quatre possibilité existent et ce n'est que si l'on sait qu'elles existent qu'une préférence personnelle autorisée, c'est-à-dire une lecture, pourra se manifester. Dans tous les cas, c'est l'évaluation du rythme qui révèle la surdétermination émotionnelle de la sémantique pure." It is clear that the jury (here for specialists but nevertheless) expects agrégés to be able to do sophisticated formal analyses of texts. It is important not to rely on thematic structures of the sort child/adult when dealing with texts of this sort. Obviously, skill in structuring your material can only come with assiduous practice over the year.

Page 14: Dossier Agregation Interne 2011-12

14

EN CIVILISATION

Methodology for text commentaries

Objective of the commentary

In a text commentary, your role is to determine the historical significance of the text. In order to do so, you must discuss the perspective given by the author on the historical issues presented in the text. You must determine what his objectives are and how / to what extent he achieves them. This implies that there needs to be 2 levels to your analysis:

- Level 1: define, explain, highlight the events, evolutions etc… mentioned in the text, using your knowledge of the period; demonstrate that you know your history, understand what the author refers to, and are able to make the text comprehensible to people who do not know the period or have not read the text.

- Level 2: comment on the intentions of the author, on how he presents the issues at sake, and why. This means that you here cast a constructive critical glance on the text to determine the degree of subjectivity of the author. You are thus able to perceive what the author’s interpretation of events is.

Preliminary work on the text

1. Look at the “margins” of the text: title, source, date (situate it within your period),

author (see whether it’s anonymous / anybody famous; if the author is known to you, gather in your mind the elements you know about him/her…)

2. Read the text carefully, at least 3 times. When you read the text for the first time, do not make any notes or write on the text; do not make assumptions and keep a clear and open mind until you have read the last word of the text: texts can be deceptive and the key to the interpretation may be at the end of the passage – it’s always difficult to get rid of wrong assumptions.

3. Once you have perceived the general idea of the text, look closely at the following elements:

a. nature of the text (official report / letter / petition / speech…). The specificity of the text will have to be taken into account in your analysis.

b. period analysed in the text + date when the text was written. They may be the same or they may be different, in the case of memoirs for instance - the retrospective aspect of a document should never be ignored. Place the date(s) within your period + is it immediately before/after a major historical event, reform etc. Before you start your analysis, you must be clear on the context in which the text was written or the speech delivered.

c. author (or multiple authors); if you know who they are, determine whether they are likely to have a particular bias / events they describe and why.

d. readership / audience: this is essential to help you analyse the objectives of the author, who he intends to convince and what means he will use to do so.

e. tone/ literary qualities… because they are markers of subjectivity and will help you determine the intentions, means and possible bias of the author.

Page 15: Dossier Agregation Interne 2011-12

15

f. structure of the text: uncover the internal logic of the text, the argumentative dynamic of the author’s demonstration, looking closely at repetitions/progression…

Detailed analysis of the text

One of the main challenges here is to distinguish the main arguments from the more minor points. This does not mean of course that details are to be overlooked: but they shouldn’t obscure the central dynamic of the text, which should be at the heart of your commentary.

A linear analysis of the text will first enable you to choose the terms, dates, concepts, events, etc… that need to be defined, explained and commented on. Select the quotes that you will include in your commentary. But the objective of your analysis should be to go towards the most problematic elements, towards what is implicit, what is left unsaid, what is hidden (consciously or unconsciously) by the author. You should uncover whether the author is being influenced (and by whom or what), to what extent he is biased, and to what extent he himself tries to influence his readership/audience. It is on these points that your commentary should provide a critical (which of course means constructive assessment) perspective on the text. Compare the way the author presents events to what you know of these same historical events, to ultimately determine why the author writes as he does, what his motives are and what, therefore, is the historical interest of the text.

Once you have completed this detailed analysis, you will be able to organise the main themes of the text into a logical, detailed outline and determine a problématique. Remember that this is not an essay and that the problématique should be based on the historical interest of the text and the intentions of the author, not on the subject matter in general.

Introduction

1. Begin with the context: select relevant historical developments that will lead to the

issues at stake in the text. Please, never begin with “The document under study… / This document… / In this text…. / The author of this text….”: it’s superficial, mechanical and generally gives the examiner the impression that it will be a fairly average (at best) commentary. Select the context critically: the historical long-term perspective is only interesting if relevant: avoid equally superficial and naïve comments, such as “England has always been… / For centuries…”. The introduction should remain dense, concise, to the point: it is not the place to cram in knowledge, so do not give a vast panorama of events on the subject at stake in the text.

2. Present the main idea/theme of the text (brief but to the point), the objective of the author, the date, the readership; show that you have understood the context in which the text was written or the speech delivered and that you will reflect on its significance.

3. Introduce a clear problématique, focused on the text (not simply on the general topic of the text) and on its interpretation. Once again, the essential elements in a commentary are the interpretation that the author gives of the period concerned, and your own informed interpretation of the author’s perspective. You need to reflect on

Page 16: Dossier Agregation Interne 2011-12

16

how the text should be read in order to be properly understood, in its explicit and implicit elements.

4. Announce a clear outline, making sure it is clearly distinguishable from the problématique.

5. Do not hesitate to take time over the introduction. Clarity is the key – the jury will only have their notes to rely on afterwards and must be left in no doubt as to what you will demonstrate in your commentary and what your main parts will be.

Development

1. outline: traditionally three main parts are appreciated, mostly because it often provides the most dynamic impulse to your analysis. Two or four parts are generally more difficult to operate – in any case, anything under 2 and over 4 is to be completely ruled out.

2. each subpart should progress from the most simple and immediate level of analysis (definition, explanation…) to the most complex and critical demonstration (intentions, bias, implicit, historical significance…). The same progression should also be followed for your main parts.

3. the text should be the focus of your analysis; your commentary follows from the text, as it demonstrates the author’s view of events. In your commentary, there should never be an analysis that is not supported by a quote from the text (or by a comment that shows that such element is not found in the text, cf implicit and unsaid); and there should never be a quote with no analysis to follow.

4. quotes should also be kept short: there will be very few instances when several lines need quoting at length. Be very specific and carefully select the words to be quoted.

5. Do not hesitate to draw comparisons between the document you are asked to study and other documents you have read that would highlight the interest of the text and help you build a critical analysis. Interpretations are central in history and the quality of your analysis will be improved if you can use briefly and selectively other documents that may be relevant to fully understand the significance of the text you are to study.

6. Similarly, do not hesitate to use the historiography on the period to support your analysis. Referring to books and/or articles by historians of the period will give weight to your own analysis and demonstrate that you have a broad and informed perspective on events.

Conclusion

It should not be a summary (neither of your development nor of the text itself). You

must reflect on what you have demonstrated and pull together the threads from your main arguments, conclude on the historical interest/significance of the text, the objectives of the author and his/her degree of subjectivity. Needless to say, you must provide an answer to the problématique given in the introduction.

Include your reflection in a broader historical context (without giving the impression that it’s a mere “what happened next”: it should always be problématisé).

Remember to conclude on the period as it is presented by the author in the text, not just on the period or the events.

Page 17: Dossier Agregation Interne 2011-12

17

To be avoided at all costs

1. Paraphrase and reformulation: this will be avoided if you remember the 2 levels that your commentary must include (cf above).

2. Essay rather than commentary: (cf above: never provide an analysis that is not closely linked to the text and its specificity; this should also enable you to avoid any placage de cours).

3. Literary commentary: style, rhetorical devices etc… are only useful if they support your analysis of history; if not, they are irrelevant.

4. Judgment on the author, pseudo-psychology on his/her feelings and intentions. Bold statements (particularly if unfounded…): valuable comments generally come from the confrontation between several interpretations of the same event/process.

Several textbooks have been produced in history and civilisation on the subject. In the library, you can look at Bernas C., Gaudin E., Poirier F., The Document in British Civilisation Studies: Understanding, Analysis, Commentary. Paris: Editions Ophrys, 1992.

LA TRADUCTION

Dans son format actuel, l'épreuve de traduction du concours de l'agrégation interne se compose d'une version et d'un thème associés à une épreuve d'explication de choix de traduction qui a vu le jour à la session 2000 (5 ou 6 points de « traductologie », l'ensemble ayant une durée de 5 heures. Les textes à traduire sont extraits de textes littéraires, le plus souvent d'un auteur contemporain. Les trois sous-épreuves (thème, version et explication de traduction) sont d'importance égale, ce qui est reflété dans le barème de notation, et il est conseillé aux candidats de consacrer autant de temps au thème, à la version et à l'explication, soit environ 1h30, ce qui laisse 30 minutes pour une relecture attentive et des corrections éventuelles de l'ensemble.

*VERSION Les textes proposés à l'épreuve de version de l'agrégation interne sont toujours des textes stylistiquement très marqués, et tirés le plus souvent d'œuvres du 19ème ou du 20ème siècle. Ils offrent souvent une certaine résistance à la première lecture, et, le jour de l'épreuve, nécessitent, de la part des candidats, un certain sang-froid : il faudrait idéalement pouvoir faire deux lectures "détachées" c'est-à-dire sans d'abord avoir en tête la traduction à venir afin d'être en mesure de réellement s'imprégner du texte-source, d'en appréhender les spécificités stylistiques et les difficultés syntaxiques, au-delà des inévitables ignorances lexicales, qui, si elles sont ponctuelles, ne constituent pas un obstacle à une traduction réussie. Ce n'est que dans un deuxième temps qu'il faudrait procéder au travail de traduction proprement dit, en s'attachant, cette fois-ci, à la mise en français, quitte à revenir dans un troisième temps au texte source pour vérifier que la traduction proposée est suffisamment fidèle. Il est clair qu'une connaissance approfondie et fine des deux langues, anglais/français, est nécessaire à la réussite de cette épreuve ; mais cela est sans doute encore plus vrai en ce qui concerne le français. On ne saurait trop conseiller aux futurs candidats de continuer à lire en français tout au long de l'année en particulier des textes littéraires, de grands auteurs, de toutes les époques et de tous les genres. Seul le commerce permanent avec la langue française

Page 18: Dossier Agregation Interne 2011-12

18

écrite et soutenue permettra d'acquérir la maîtrise et l'aisance nécessaires au travail de traduction. (Ce dernier conseil s'adresse encore davantage aux candidats de langue maternelle anglaise). En effet, les textes proposés visent souvent à mettre à l'épreuve, entre autres, les capacités des étudiants à manier la syntaxe du français sans risquer les ruptures de construction (phrases longues, avec nombreuses incises, subordonnées etc. qu'il ne s'agit pas de tronquer). En outre, il va de soi qu'une connaissance parfaite du système des temps français est exigée (en particulier conjugaisons des verbes au passé simple, subjonctifs présent et imparfait). Par ailleurs, on ne peut traduire un texte littéraire de langue anglaise sans une connaissance assez vaste et approfondie de la civilisation des pays anglophones notamment, mais pas exclusivement, même si la plupart du temps les références culturelles restent en nombre assez limité dans les versions proposées. Nous avons signalé que le lexique n'était pas l'obstacle majeur à la réussite de l'épreuve, néanmoins il y a un minimum exigible ; la lecture crayon en main et dictionnaires unilingues et bilingues à proximité des œuvres du programme constitue déjà une source d'enrichissement et d'approfondissement appréciable de son vocabulaire. Nous finirons en rappelant qu'il est très important de lire attentivement les rapports des années passées concernant la version et de s'arrêter sur les corrigés proposés afin de les analyser, texte anglais en regard ; afin de voir comment certaines difficultés ont été résolues ; et afin de discerner les "attentes du jury". Il va de soi que seul un entraînement régulier tout au long de l'année permettra aux candidat(e)s d'acquérir le savoir-faire et la technique nécessaires et suffisants. Une bibliographie détaillée d'ouvrages sur la traduction sera fournie en début d'année ; la plupart des ouvrages suggérés pour le thème trouvent évidemment leur utilité propre pour la version. BERTHELIN Colette, L'Orthographe de A à Z, Paris : Hachette. DIXSAUT, J. et WATSON, I., You don't say so !, Paris : Ellipses, 1992. GRELLET, F., Apprendre à traduire, Nancy : Presses Universitaires de Nancy, 1991.

*THÈME Dans son format actuel, l’épreuve de traduction du concours de l’agrégation interne se compose d’une version et d’un thème, ainsi qu’une question de traductologie (l’explication en français de choix de traduction portant sur des segments préalablement identifiés par le jury, deux sur le thème, deux sur la version), l’ensemble ayant une durée de 5 heures ; le candidat dispose donc d’une heure et demie environ pour un thème d’à peu près 300 mots, extrait d’un texte littéraire, le plus souvent d’un auteur contemporain. Pour atteindre le niveau exigeant du concours, il convient, par une pratique régulière analysée et commentée, d’acquérir des méthodes de lecture d’un document français pour en dégager les spécificités stylistiques et linguistiques afin de les rendre en anglais. Cela requiert évidemment une maîtrise du lexique, de la syntaxe et de la stylistique du français et de l’anglais. Les candidats doivent dès l’été commencer à se remettre à niveau en faisant un diagnostic de leurs difficultés. Pour ceux qui n’ont pas fait de traduction de ce type depuis un certain temps, on aura pour premier objectif de retrouver les acquis. Une partie essentielle du travail personnel consistera à relire, avant la rentrée de septembre, les rapports des sessions récentes du concours (qui se trouvent sur le net). Les conseils, bibliographies, relevés d’erreurs ainsi que les sujets et leurs corrigés seront un guide précieux

Page 19: Dossier Agregation Interne 2011-12

19

en début de préparation. Nous ferons ces textes en guise d’exercice d’entraînement, en se référant au modèle proposé par le jury. Pour mieux comprendre les rapports de jury (et la traductologie), il vaut mieux se familiariser le plus tôt possible avec deux longs ouvrages souvent cités : J. Guillemin-Flescher, Syntaxe comparée du français et de l’anglais, Ophrys, 1981 ; ou H. Chuquet et M. Paillard, Approche linguistique des problèmes de traduction, Ophrys, 1987. Mais pour commencer, un manuel particulièrement simple et ergonomique reste M. Durand & M. Harvey, Méthode et pratique du thème anglais, Dunod, 1992. Une bibliographie plus complète sera donnée en cours. Un dernier conseil : une bonne traduction littéraire comporte une part de travail d’explicitation du style de l’auteur. Il sera donc utile de lire le programme des œuvres littéraires au programme en analysant les méthodes des auteurs et s’approprier, le cas échéant, certains de leurs effets.

II - ORAL

QUALITÉ DE L’ANGLAIS ORAL

Deux possibilités : ou votre expression en anglais oral vous plaît telle quelle et ceci ne vous concerne pas, ou bien vous profitez de le préparation du concours pour rénover un peu les choses avec profit et/ou plaisir. Dans le second cas, lisez ! Chaque enseignant connaît l’usure que subit inévitablement la qualité de l’anglais dans sa version “pédagogique” - efficacité oblige – avec l’emploi fréquent de vocables transparents, la surarticulation, une mélodie excessivement didactique, montante, ça va de soi, etc. Au vu des fiches d’évaluation de l’oral des années passées, le jury adopte une démarche allant du général au particulier (avec des variantes minimes), qui se résume ainsi :

1. Phénomènes d’ensemble : - intonation (souvent montante ou bien monotone) - débit (souvent haché et/ou syllabique à la française) 2. Phénomènes portant sur mots ou groupes - place et réalisation des accents lexicaux - réduction des syllabes inaccentuées Certains décalages d’accent sont si prévisibles que le jury les guette d’avance. Citons difficulties, fascinating, allegory, interpreted, consequently, occur, satire, etc.

1. Problèmes vocaliques : - diphtongaison (don’t, won’t, change, ancient, say vs. says /said…)

- qualité vocalique des sons interférant avec le vocalisme français, surtout le son de duck (tough et non “teuf”), en particulier dans les mots à graphie en <o>, tels above, among, month, mother, son, govern, company, comfort , etc. - opposition “longues”/“brèves” surtout hit / heat et soot / suit Ces problèmes font partie des “grands classiques ” que le jury traque impitoyablement.

Page 20: Dossier Agregation Interne 2011-12

20

4. Problèmes consonantiques Officiellement, ils sont “beaucoup moins importants” que les rubriques précédentes. On sait pourtant combien la récurrence de réalisations des th en [z] ou [s], des contractions de type “didn’t” avec une finale en -deunt, de l’absence de [h] – phonologiquement capitale -, provoquent une impression désastreuse et donc pèsent lourd dans l’évaluation globale. Une des versions de la fiche d’évaluation comporte d’ailleurs une catégorie mystérieuse intitulée “francisation” ! 5. Communication Ce point concerne l‘attitude du candidat face à son auditoire et pose peu de problèmes à des enseignants déjà expérimentés. Il découle de tout cela qu’un travail personnel régulier, par séances brèves, s’impose. - Lecture À VOIX HAUTE en ayant préparé le texte (noter au crayon les pauses ou suspensions de la continuité, au moindre doute chercher la place de l’accent lexical ou la prononciation, marquer des indications de mélodie et de rythme). Ne jamais envisager plus de 10-15 lignes à la fois. Refaire le même texte plusieurs jours pour fixer les réflexes. - Repérage dans le concret de ses propres difficultés en utilisant, à petites doses à la fois, un livre d’exercices qui les explorent presque toutes. (Ginesy pour les problèmes segmentaux, Guierre pour l’accent lexical par ex.) Bref, réapprendre à s’entendre ! C’est la condition sine qua non pour progresser. - Attaquer les mots à problèmes (en s’inspirant pour commencer des exemples suggérés précédemment) cristallisés dans leur forme inexacte par des années de réflexes inadéquats. Se faire une liste de ses erreurs favorites et les travailler souvent, toujours à voix haute, isolément d’abord, et aussitôt après, dans un contexte bref IMPROVISÉ (non écrit). - Improviser presque chaque jour, par exemple sur les textes au programme, trois ou quatre phrases de commentaires, dont le sens a relativement peu d’importance, mais dont la construction orale doit être progressivement maîtrisée. Les gains visés sont les suivants : 1. enrichir son expression (bannir “as is said in the text” ou tout équivalent), 2. articuler ses idées et arguments, 3. le tout en respectant une courbe mélodique descendante (même lorsque la modestie et les hésitations vous soufflent de “monter” ou de rester sur une courbe suspendue…) 4. et, évidemment, surveiller la prononciation elle-même. Pour être efficace, ce travail régulier doit commencer dès l’été. Un des bénéfices (un plaisir aussi) de l’attention à l’oral est qu’elle ouvre des portes à l’analyse des textes (en développant la sensibilité auditive), permet d’en approcher la spécificité sonore et, du même coup, de cerner l’imbrication forme-sens qui est l’un des piliers de la réflexion critique sur les textes. Suggestions bibliographiques DUCHET J.-L., Code de l’anglais oral, Paris, Ophrys, 1994 GINESY M., Exercices de phonétique anglaise, Paris, Nathan, 1989 GUIERRE L., Règles et exercices de prononciation anglaise, Paris, Longman-France, 1987 (ou bien GUIERRE L., Drills in English Stress-Patterns, Paris, Longman-France, 1984) Dictionnaires de prononciation WELLS J.C., Longman Pronunciation Dictionary, Longman, New Edition, 2000 (ou bien JONES D., English Pronouncing Dictionary, Cambridge University Press, 2003)

Page 21: Dossier Agregation Interne 2011-12

21

LINGUISTIQUE

COMMENT PRÉPARER LA PRÉPARATION ?

De quoi s'agit-il ? L'épreuve de linguistique consiste en un commentaire sur une question 'large', qui mais renvoie à un phénomène largement représenté dans le texte-support. Ce texte est celui proposé pour le commentaire littéraire (en ce cas, il est tiré du programme) ou de civilisation (dans ce cas, il peut provenir soit d'un texte au programme [cas particulier de Morris], ou, d'un texte ayant trait à la question. Il ne s'agit donc pas toujours d'anglais contemporain (vous pouvez avoir une scène de Shakespeare à commenter), mais pas de panique : les questions posées ne font pas appel à des connaissances spécifiques en histoire de la langue. Il est question de "linguistique" et non simplement de "grammaire" ce qui veut dire qu'on attend de vous que vous dépassiez une approche strictement descriptive et visiez une démarche "explicative", justifiant les formes analysées, après les avoir triées et organisées selon des critères explicites. Évidemment, vous vous ferez une meilleure idée des attentes du jury, en lisant les rapports du concours des sessions récentes. Où en êtes-vous ? Vos situations vis-à-vis de la linguistique anglaise (ou de la grammaire-linguistique, comme on dit parfois) sont variées. Certains d'entre vous ont déjà étudié le domaine au sein de l'un des cadres théoriques représentés dans les universités. En général vous avez été en contact avec l'une des variantes de la linguistique énonciativiste, plus (très) rarement avec l'un ou l'autre aspect de la linguistique générative. Vous n'avez pas vraiment étudié le domaine au cours de votre formation, mais vous avez été amené/e à l'aborder à travers votre enseignement : la " Pratique Raisonnée de la Langue " vous a peut-être conduit à vous forger une pratique du raisonnement linguistique appliqué à l'anglais. Vous n'avez jamais eu l'occasion ou l'envie de vous plonger dans les arcanes de la "linguistique" et vous appréhendez le "jargon" des spécialistes abscons que seraient les linguistes... Parfois même, l'irritation n'empêche pas un sentiment de culpabilité. Vous pensez même carrément que vous n'avez jamais vraiment fait de grammaire (ce qui est en fait inexact, mais la sensation d'ignorance semble plus forte que tout !) Quel que soit votre cas de figure, sachez d'abord qu'une connaissance très poussée de la langue est indispensable ; sachez aussi qu'une excellente maîtrise de la grammaire "traditionnelle" est un atout précieux et, pour ceux qui s'inquièteraient de leur "ignorance", qu'il ne s'agit pas de tout oublier pour découvrir la voie radieuse de la 'vraie' grammaire ! Or, malgré l'existence d'un cours de linguistique étalé sur toute la durée de la préparation, il est fréquent que les malaises ne soient pas dissipés, d'autant qu'il est impossible de couvrir la totalité d'un "programme" qui se résume à ... tous les aspects de la grammaire de l'anglais. Il est donc indispensable que vous vous (re)familiarisiez avec le domaine avant démarrer la préparation et il faut y consacrer du temps pendant l'été, même si, évidemment, les ouvrages dont il va être question ne constituent pas une lecture de vacances idéale, d'autant

Page 22: Dossier Agregation Interne 2011-12

22

que vous ne pouvez pas vous borner à les lire et qu'il faut faire des exercices, voire des débuts de fiche! Les indications bibliographiques sont limitées mais elles sont largement suffisantes pour vous lancer sans crainte à la poursuite du Graal linguistique : en raison de la présence dominante des approches énonciativistes, vous serez orienté/es dans ce sens, avec toutefois, vous le verrez, quelques précautions.

OUTILS ESTIVAUX • L'épreuve de l'agrégation interne sollicitera votre capacité de raisonnement à partir de phénomènes qu'il faudra recenser dans un texte. Quelle que soit votre situation, il convient d'abord de jauger l'étendue de vos connaissances opératoires de la langue et, en même temps votre connaissance des catégories traditionnelles de la grammaire, tout en vous (re)faisant une idée de l'approche linguistique. C'est tout à fait possible en vous servant d'ouvrages " de base ", destinés aux étudiants de DEUG ou de classes préparatoires. Il ne s'agit pas de vous lancer dans la lecture de travaux théoriques développés, mais de vous mettre au contact de la réflexion linguistique au travers d'ouvrages liés à une pratique : les références ci-dessous présentent l'avantage considérable de proposer des exercices, qu'il convient de faire pour vous-même, avant de regarder les explications éventuelles. Si vous êtes parmi ceux qui sont familiers de l'approche linguistique, ils vous permettront déjà des révisions étendues Ne commencez pas par la lecture effrénée d'une grammaire développée (voir plus loin, 4 "Que faire concrètement ? ") HOARAU, L., MAZODIER, C., RIVIERE, C., Exercices Commentés de Grammaire Anglaise 2, Paris, Ophrys, 1998. PERSEC, S., BURGUÉ, J-Cl., Grammaire Raisonnée 2, Paris, Ophrys, 1999. • La linguistique énonciativiste néglige parfois un peu la syntaxe, du moins dans l'exploration systématique des mécanismes syntaxiques. Il est indispensable de disposer des notions de base qui permettent de traiter les énoncés complexes, c'est-à-dire d'abord les connaissances portant sur les catégories syntaxiques. Si vous vous sentez vraiment "débutant", c'est dans les ouvrages ci-dessous que vous pourrez retrouver un certain calme, notamment dans le premier. RIVIERE, C., Pour une syntaxe simple à l'usage des anglicistes, Paris: Ophrys, 1995. • On ne peut raisonnablement tenir un discours relevant de la grammaire linguistique sans un minimum de notions centrales en linguistique générale. Toute la méthodologie de l'analyse en contexte repose sur des "fondamentaux" de la linguistique: les manipulations qui permettent de raisonner visent avant tout à former des séries d'énoncés que l'on compare et pour lesquels on propose des critères permettant de mesurer leurs différences afin, si possible, d'éclairer les composantes de la valeur (du sens) de l'énoncé que l'on traite. Par ailleurs, pour l'étude de la question qui vous sera proposée, il faut constituer, à partir du texte-support, un corpus de formes qui permet le questionnement , l'évaluation, là encore, des différences et/ou des similitudes. Il faut donc savoir ce que recouvre, par exemple, la "distribution", la "neutralisation", la "distribution complémentaire"... Il faut maîtriser des notions simples, mais fondamentales comme celles de "paradigme" ou de "syntagme".

Page 23: Dossier Agregation Interne 2011-12

23

LARREYA, P. & WATBLED, J.-Ph. Linguistique générale et langue anglaise, Paris, Nathan, 1996, ("128, Langues"). • Il est aussi plus que souhaitable de pouvoir raisonner sur le français : on peut très bien se servir de la traduction comme manipulation, par exemple, à condition de ne pas faire comme si traduire revenait à expliquer! C'est la comparaison des phénomènes entre les deux langues qui fait partie éventuellement d'un raisonnement explicatif. Je vous propose de retrouver vos bases, dans des ouvrages d'accès plutôt aisé, que les candidats à l'agrégation de lettres utilisent avec profit... DENIS & SANCIER-CHÂTEAU, Grammaire du français, Paris, Livre de Poche, 1994. MAINGUENEAU, D. Précis de grammaire pour les concours. Paris : Dunod, 1999. D'autres indications plus globales vous seront fournies en début de préparation. • Il serait bon aussi de vous faire une idée de ce que vous aurez à faire dans l'épreuve du concours ; consultez les rapports mais surtout reportez-vous à GARNIER, G. & GUIMIER, Cl., L'Épreuve de linguistique au CAPES et à l'Agrégation d'Anglais, Paris, Nathan, 2001, Nathan Université, nouvelle édition. [ Traite de façon ordonnée de nombreux points particuliers, puis présente des "sujets de synthèse" peut-être un peu plus larges que ceux proposés à l'A.I. mais dans une perspective qui vous convient tout à fait] • Munissez-vous d'une grammaire étendue mais facile d'accès, par exemple LARREYA, P. & RIVIÈRE, C., Grammaire explicative de l'anglais, Paris, Longman France, 1999, nouvelle édition. • Commencez à explorer un problème étendu (l'aspect) par l'intermédiaire d'un ouvrage installant des bases claires RIVIÈRE, C., Verbes d'action, verbes d'état, Paris, Ophrys, 2002, "gramvoc".

OBJECTIFS RAISONNABLES DE JUIN A OCTOBRE

Fixez-vous comme objectif d'avoir, avant le début de la préparation, identifié quelques axes majeurs : Les problèmes de syntaxe : énoncé simple, énoncé complexe (quels sont les différents types de propositions ?) Le verbe : le rôle de l'auxiliaire ; identifiez ce que sont les valeurs de temps, d'aspect, de modalité et les formes qui contribuent à ces valeurs. Le nom : identifiez les catégories de substantif (comment repère-t-on un dénombrable, un indénombrable, un "collectif" ?) Parcourez les problèmes de détermination, en revoyant la description du rôle spécifique des déterminants de base (A, the, Ø [absence de déterminant] Revoyez impérativement l'essentiel de la morphologie du verbe (verbes irréguliers [y compris les variantes], les principaux verbes à particule, la mise en place des formes avec auxiliaire (quel ordre ?), du nom (types de pluriel, invariables, type d'accord, etc) et, si possible, les principaux morphèmes de dérivation (suffixes et préfixes). Pas d'impasse non plus, bien sûr sur la syntaxe du verbe, interrogations, négations, interro-négation, emploi anaphorique de l'auxiliaire (tags, reprises...). Prêtez une attention particulière à l'articulation entre les phénomènes oraux et les valeurs opératoires (à titre d'exemple : la distinction accentuelle entre /s´m/ et /sUm/ correspond à une différence de type de détermination. Laquelle ? Ou encore : quelle est la courbe

Page 24: Dossier Agregation Interne 2011-12

24

mélodique associée à l'interprétation exclamative d'une structure interro-négative (type Didn't it rain!)...)

QUE FAIRE CONCRÈTEMENT ?

A partir de là, comment procéder concrètement ? Chacun a sa méthode de travail, mais voici quand même un canevas possible pour ceux qui se pensent vraiment en dehors du coup : PRÉALABLE : appropriez-vous les catégories grammaticales de base (Rivière) Puis • Cherchez une 'rubrique' grammaticale en vous appuyant sur vos connaissances traditionnelles (s'il ne vous vient rien, regardez une entrée de Larreya-Rivière), par exemple CAN et MAY, ou THIS et THAT ou "l'absence d'article" ou le "Present Perfect" , ou la"proposition infinitive" ou le "gérondif"... • Cherchez les exercices correspondants dans les ouvrages de la rubrique 1. Faites-les in extenso, vérifiez avec les corrigés. • Dans ces mêmes ouvrages, examinez les explications portant sur les choix possibles entre les formes, ou sur les contraintes qui font que telle forme est possible et pas une autre. • Résumez sur un début de fiche • Consultez le chapitre (ou la partie de chapitre) correspondant dans Larreya-Rivière. Étendez, si nécessaire votre début de fiche. • Essayez de retrouver ce problème dans Guarnier-Guimier, en commençant par lire soigneusement le texte support dont ils se servent. Voyez si vous saisissez l'organisation du raisonnement qu'ils proposent (reconstruisez-en les étapes). • Choisissez un passage dans l'un de vos textes au programme dans lequel le problème que vous avez travaillé vous paraît figurer à plusieurs reprises. Voyez si vous pouvez simplement classer les différents cas en fonction des notions que vous avez tirées des étapes 1 à 6. • Éventuellement, commencez à vous constituer un glossaire de termes techniques : quand vous en rencontrez un (ex "prétérit modal", "notion", "validation"...) demandez-vous si vous sauriez le définir. Si la réponse est négative, cherchez à le retrouver dans les ouvrages cités. Si vous n'y parvenez pas, passez à autre chose, cela se mettra en place pendant la préparation. MAIS privilégiez toujours, pour commencer, le caractère pratique de ce que vous pouvez et devez faire avant le début des cours : il vaut mieux faire un exercice en détail pour voir si vous maîtrisez correctement la différence entre le parfait simple et le parfait + be-ing, par exemple, plutôt que d'attaquer d'emblée des pages sur l'aspect.

NOTE POUR LINGUISTES INQUIETS

Pour ceux qui sont déjà familiers des approches linguistiques, un mot sur les différences entre les divers courants de la linguistique énonciativiste (dont les propos parfois 'exclusifs' peuvent troubler les candidats) . Nous travaillerons, pour l'essentiel, dans le cadre de la Théorie des Opérations Enonciatives (T.O.E.) initiée par A. Culioli. Si vous avez déjà réfléchi à partir d'un autre cadre, ne vous astreignez pas d'emblée à en changer; essayez plutôt de voir les points de convergence, et efforcez-vous de voir comment vous présenteriez un raisonnement sur tel ou tel point traité à partir de cadre. Vous aurez en début de préparation quelques références concernant les autres approches et le cas échéant, les points communs et les différences

Page 25: Dossier Agregation Interne 2011-12

25

éventuelles pourront être discutées. En aucun cas, cette multiplicité des points de vue ne doit vous empêcher de d'abord vous construire une pratique du raisonnement ni d'évaluer sereinement vos connaissances. Si ces indications n'épuisent pas votre soif linguistique - ou que vous vous souhaitiez d'autres formulations, notamment pour avancer plus vite dans un cadre "théorique", reportez-vous, dans la brochure de l'agrégation externe, aux conseils concernant l'épreuve de tronc commun de l'écrit.

Enfin, pour tous, et avant tout, faites de l'anglais de haut niveau, écrit et oral. Lisez, récitez, chantez, comprenez, affinez ! Enjoy your English and

maybe you'll enjoy your grammar !

COMPRÉHENSION ORALE / RESTITUTION

L'épreuve de restitution dure 10 minutes, et est immédiatement précédée du thème oral (devant le même jury). Elle porte sur un document radiophonique authentique, d'une durée moyenne de 2mn Une première écoute continue est suivie d'une seconde écoute. Le candidat peut prendre des notes sommaires pendant les deux écoutes (mots clés, dates, noms propres, articulations logiques, etc..). Après la seconde écoute, le candidat propose sa restitution en anglais. Il ne s'agit pas d'une épreuve de traduction simultanée, le candidat ne se substitue pas au locuteur (pas de première personne, ni de discours direct), mais opère une reformulation. Il peut commencer par introduire brièvement le document (sujet de l'interview, du reportage, etc.), puis en restitue le contenu avec précision, mais sans coller au texte mot à mot. La prestation, en anglais, sera évaluée en fonction du degré de restitution du contenu, de l'exactitude des données objectives, de la clarté et correction dans la langue . Le jury admet les caractéristiques habituelles du discours spontané (ruptures de construction, redondances, hésitations, auto-corrections), mais sanctionne les impropriétés, les fautes de langue, ou erreurs de registre. Pour vous préparer à cette épreuve, écoutez la radio le plus souvent possible (BBC Radio 4, sur 198LW par exemple, il est aussi possible de capter diverses radios anglophones sur le Web ou sur les chaînes satellites). Enregistrez certaines émissions. Entraînez-vous à prendre des notes sommaires et à restituer le contenu de fragments minutés selon le format de l'épreuve. La prise de notes est l'une des principales difficultés de cette exercice. Il faut évidemment noter en anglais !. N'essayez pas de prendre des notes exhaustives, mais appuyez-vous sur des mots-clés. Il peut aussi être utile de faire des fiches de vocabulaire par thème sur différents sujets d'actualité, questions de société, etc.

Page 26: Dossier Agregation Interne 2011-12

26

THÈME ORAL

" L'épreuve est sans préparation. Le jury ouvre après la compréhension orale l'enveloppe du thème oral en rappelant au candidat qu'il dispose de 5mn pour prendre connaissance du texte et de 10 mn pour dicter sa traduction, en précisant tous les signes de ponctuation (y compris les traits d'union, les apostrophes du génitif, les virgules ou les points dans les chiffres) et les majuscules uniquement lorsqu'elles diffèrent de la typographie française . Le candidat est toujours libre de ses notes. A l'issue des 5 mn, il propose sa traduction au jury qui la prend en notes dans son intégralité. Il pourra, le cas échéant, revenir sur certains points ou demander au jury de lui relire certains passages&. N'oublions pas que le jury était mis dans les mêmes conditions que le candidat et qu'il a joué le jeu avec franchise ". On peut commencer sa préparation pendant l'été en entreprenant une révision générale du vocabulaire d'actualité en consultant, par exemple, Words de Gusdorf (Ellipses). Il faut aussi : * lire les trois derniers rapports d'agrégation * faire une fiche sur la ponctuation (comment dit-on "points de suspension" &.?) *faire des fiches de prononciation sur les mots liés à l'actualité (ex. les noms de villes pour l'Irak : Bassorah). Pour ce faire le plus simple est d'écouter régulièrement la BBC World Service (MW 648kHz) et/ou BBC Radio 4 notamment le programme "TODAY" (6h.30 à 9h.00 GMT) 7h30-10h00 (heure française) sur ondes longues 198kHz. *lire régulièrement des journaux variés: The Sunday Times, The Economist,The New Statesman, The Spectator, New Scientist, The Herald Tribune, Time, Newsweek. en établissant des fiches de vocabulaire sur les événements marquants et les domaines d'actualité (ex.: Iraq) et en se concentrant essentiellement sur les domaines que l'on ne connaît pas bien. Les rapports nous rappellent que les sujets abordés sont extrêmement divers.

EXPLICATION DE CHOIX DE TRADUCTION

• Conseils de préparation

L'explication est rédigée en français et porte sur des segments soulignés par le jury dans les deux textes à traduire. Elle a pour intitulé : " Le candidat expliquera et justifiera sa traduction des mots ou segments soulignés dans la version et le thème. " D'après les indications données par la Présidente du jury lors de la réunion des préparateurs en juin 2001, le nombre de segments soulignés n'excède pas 5. Dans la pratique, il y a eu 4 segments soulignés à chaque session depuis 2002 (2 dans le thème et 2 dans la version). Les segments soulignés peuvent être un mot, une phrase, une proposition ou un syntagme nominal (voir plus bas les sujets des sessions 2002 à 2004). La démarche à adopter est clairement définie dans le rapport du jury de 2002 : " - cerner le problème mis en évidence par le segment souligné,

Page 27: Dossier Agregation Interne 2011-12

27

- sortir l'énoncé de son contexte et le traiter comme un énoncé " ouvert " afin de multiplier les possibles, - évaluer les manipulations mises en place, leurs pertinences tant sémantiques que syntaxiques, - replacer l'énoncé en contexte et rejeter les formulations irrecevables en raison même de la clôture imposée par la contextualisation et de la mise en perspective qu'elle autorise, - vérifier la validité de la traduction retenue à l'aune des occurrences éventuelles du même phénomène en d'autres endroits du texte. " Le commentaire de traduction s'inscrit dans une perspective différentielle, et requiert de ce fait des connaissances des tendances récurrentes tant en français qu'en anglais. Au même titre que l'analyse linguistique, cette épreuve suppose de mobiliser des connaissances grammaticales qui doivent être mises au service d'une explication en contexte. Si dans un premier temps on sort effectivement l'énoncé de son contexte, ce n'est qu'une étape censée préparer le terrain à des manipulations dont la pertinence se mesure ensuite en contexte. Il ne faut donc pas perdre de vue que l'objectif est de vérifier par une analyse grammaticale la validité de la traduction proposée, ce qui interdit tout glissement vers une présentation de type " question de cours ". Le recours à une métalangue claire et maîtrisée est indispensable.

• Conseils bibliographiques

Cadrage de l'épreuve : -Le texte du J.O. Numéro 52 du 2 Mars 2001 page 3326 : consultable sur le site de la SAES, rubrique concours/ agrégation interne / arrêté : http://www.univ-pau.fr/saes/saes.htm -Rapport du jury http://www.education.gouv.fr/siac/siac2/jury/detail/agreg_int_ang.htm Sur la traduction : voir la rubrique thème. On peut en outre recommander la lecture de passages concernant la traduction de termes marqués culturellement dans l'ouvrage suivant : Newmark, P. (1995) A Textbook of Translation. London: Prentice Hall International. Sont particulièrement utiles les chapitres 9, 10, 13, et 18 intitulés respectivement « Translation and Culture », « The Translation of Metaphors », « The Translation of Neologisms, et Short Items », cette dernière partie comprenant notamment des indications précieuses sur la traduction des noms propres et des acronymes. Sur l'explication de la traduction : Chuquet, H. (1990) Pratique de la traduction. Paris : Ophrys. Chuquet, H. & Paillard, M. (1987) Approche linguistique des problèmes de traduction. Paris : Ophrys. Guillemin-Flescher, J. (1981) Syntaxe comparée du français et de l'anglais. Paris : Ophrys. Slamowicz, J.(2004), Outils pour le commentaire de traduction. Paris, Ophrys. (commencez par cet ouvrage). Si votre parcours antérieur vous a déjà permis de vous familiariser avec le commentaire de traduction et la linguistique, vous lirez avec grand profit la Syntaxe comparée, qui couvre l'ensemble du champ de l'analyse contrastive entre le français et l'anglais en montrant que les choix de traduction sont largement explicables en fonction des structures syntaxiques récurrentes dans chacune des langues considérées. Cette lecture peut être facilitée par un examen préalable des tableaux d'exemples qui figurent à la fin de l'ouvrage. Toutefois, si ce champ d'étude est totalement nouveau pour vous, il est préférable de l'aborder à travers

Page 28: Dossier Agregation Interne 2011-12

28

l'Approche linguistique des problèmes de traduction, dont la lecture est indispensable. Cet ouvrage met en évidence les différences grammaticales et syntaxiques entre les deux langues qui influent sur le choix de tel ou tel procédé de traduction. Il présente en outre l'avantage, essentiel dans la perspective de cette épreuve, d'effectuer un va-et-vient constant entre la traduction de textes français et anglais et l'explication de leur traduction. Pour vous exercer, reportez-vous ensuite à la Pratique de la traduction, qui propose une série de textes traduits et à traduire, les premiers étant systématiquement assortis d'un commentaire des choix de traduction, et les seconds d'une analyse préliminaire. 3) Exemples : sujets des sessions 2002 à 2004 Les textes dans leur intégralité sont accessibles sur le site de la SAES : http://www.univ-pau.fr/saes/pb/annales/agreginterne/04/trad04.pdf - Session 2002: I am not wringing my hands. I'm drying my nails. Yes. I've seen those pictures, thank you very much. Si une goutte pouvait s'étirer sur toute la hauteur de la vitre, je retrouverais sans doute mon visage de bébé. A quoi pouvais-je ressembler la première année de ma vie ? - Session 2003: his hair had been carefully brushed into respectful sleekness. And Mr Verloc, steady like a rock - a soft kind of rock - marched now along a street which could with every propriety be described as private. Vers quatorze heures, Clémentine s'apercevait soudain que les aînées rentreraient dans à peine trois heures et qu'elle ne s'était acquittée d'aucune des tâches d'une mère de famille. Nicole et Béatrice poussaient toujours des cris de joie en voyant l'accoutrement de leur petite sœur, mais certaines mères disaient à haute et intelligible voix : - Session 2004: "Almost without exception, my dear" -again? why not?- "our students are abysmally ignorant. Providing the most naive of readers with a feminist perspective on Euripides is one of the best ways you could devise to close down their thinking before it's even had a chance to begin to demolish a single one of their brainless 'likes'. Avec sa couenne épaisse et burinée, à la manière des grands baroudeurs amerloques - Bogart, Sterling Hayden, Randolph Scott, Spencer Tracy -, ses cheveux argentés, ses épaules massives, une ou deux dents en or, je lui trouvais une bonne gueule de héros. A l'heure du café, il me permettait parfois de m'installer derrière le grand volant de bakélite de la Vedette.

PRÉPARER UN ORAL (TIMING, NOTES, ENTRETIEN)

Les épreuves d'oral (ou certaines parties de l'épreuve académique : commentaire critique et compréhension-restitution) sont suivies d'un entretien avec le jury, dont l'importance ne doit pas être négligée par le candidat.

Page 29: Dossier Agregation Interne 2011-12

29

L'entretien est un moment important de l'épreuve. Il doit permettre au candidat de préciser certains points de son exposé, de considérer des aspects du texte où du sujet qui n'ont pas été abordés dans l'exposé, de corriger d'éventuelles erreurs de lecture ou d'interprétation, et à partir de là, de corriger le cours de son exposé ou d'élargir son propos. Le jury attend de l'entretien qu'il aide le candidat à éclaircir, corriger et enrichir son propos. Un entretien abordé avec ouverture, concentration, et dans un esprit de communication, offre au candidat la possibilité d'améliorer sa performance durant l'exposé. En revanche, un candidat qui tend à camper sur ses positions, qui répète son propos sans chercher à comprendre les questions du jury, où qui au contraire modifie sans discernement son propos par souci de plaire au jury, risque de se pénaliser pour la notation finale. Les questions du jury sont en général de trois types : - questions de clarification ou de correction portant sur le détail du/des documents commentés - questions de reprise portant sur des parties de l'exposé - questions de reprise et d'amplification portant sur l'exposé en général Un bon entretien permet au jury de passer d'un type de question à l'autre et au candidat de corriger ou d'enrichir l'ensemble de sa performance. Un entretien plus laborieux, s'il met à jour des problèmes de compréhension des documents ou confirme les erreurs commises par le candidat, en restera à un ou deux types de questionnement. Attention cependant : les questions posées par le jury ne précisent pas la nature de la question et ne vous orientera pas vers la correction ou la précision. Le jury se doit de rester neutre, de ne pas influer sur l'interprétation du candidat. Il vous demandera d'expliquer votre propos, de reprendre un argument développé, il pourra éventuellement mettre en lumière des incohérences ou des contradictions dans votre exposé. C'est au candidat de considérer, en prenant le temps de la réflexion, si son propos semble corroboré par le document sur lequel il a travaillé, si son propos repris par le jury semble clair. La question posée indique simplement qu'il y a quelque chose à reprendre, sans en préciser la nature. Les qualités d'un bon entretien : Présentation : - une langue bien tenue, dans la continuité de l'exposé. La qualité de la langue doit faire l'objet de toutes les attentions : pas de chute de registre, syntaxe claire et correcte, vocabulaire riche et varié ... - un débit clair, continu, une voix posée, audible - une volonté de communication : regarder le jury, prendre le temps d'écouter les questions, de réfléchir, chercher à convaincre sans agressivité Contenu : - écouter les questions, qui ne sont pas faites pour vous piéger mais pour vous permettre de reprendre, corriger, préciser, votre propos. Ne pas camper sur ses positions, ne pas arguer que vous avez déjà traité le point sur lequel on vous interroge, ne pas mettre en cause les capacités d'écoute et de compréhension du jury. Si on vous demande des précisions, c'est en général qu'elles sont nécessaires. Ne pas non plus vous contredire à tout bout de champ, modifier et reprendre tout ce que vous avez dit, sous prétexte qu'on attire votre attention sur tel ou tel point, ce qui indique un manque d'assurance dans votre interprétation. Prendre le temps de réfléchir aux questions, afin de jauger le type de clarification nécessaire qui vous est demandé. - savoir dépasser l'erreur: s'être trompé sur un point de détail ou sur une portion du/des document(s) proposés est ennuyeux, mais ne doit pas paralyser le candidat qui prend

Page 30: Dossier Agregation Interne 2011-12

30

conscience de son erreur. L'entretien doit lui permettre de faire les corrections nécessaires, à condition de prendre le temps nécessaire pour modifier votre lecture et reprendre certains points de votre présentation initiale. Il faut alors développer votre propos, ne pas s'en tenir à une réponse sèche. En tout état de cause, l'entretien se prépare durant l'année. Il faut absolument participer aux simulations d'épreuves et organiser des séances de travail entre candidats afin de se former à l'entretien, dont l'influence sur la note finale est loin d'être négligeable. Il s'agit d'un moment crucial, souvent appréhendé par les candidats fatigués par la longueur et le stress de la préparation. Sans une bonne habitude de l'exercice, il peut s'avérer pénalisant. Le stress, la fatigue, l'appréhension, seront d'autant mieux surmontés par un candidat qu'il en aura pris l'habitude durant l'année.

DIDACTIQUE

Comment se préparer à l'épreuve de Didactique de l'Agrégation Interne d'Anglais ? Lors de sa présentation de la nouvelle maquette du concours (J.O. du 2 Mars 2001), Madame Golaszewski, IGEN, alors présidente du jury, précisait les modalités de l'épreuve professionnelle d'admission :" Exposé de la préparation d'un cours suivi d'un entretien (durée de la préparation: trois heures; durée de l'épreuve: une heure maximum (exposé: quarante minutes maximum; entretien: vingt minutes maximum); coefficient 2. L'épreuve prend appui sur un dossier composé de un ou de plusieurs documents en langue étrangère (tels que textes, documents audiovisuels, iconographiques ou sonores) fourni au candidat. L'exposé est désormais de 40 minutes, ce qui induit deux conséquences : - le nombre de documents proposés au candidat sera de 4 au maximum (étant entendu que les documents sont de longueur variable) ; - les candidats devront être plus brefs dans la présentation de leur analyse de document (première étape dans leur présentation). Il s'agit de dégager de manière brève, mais incisive, la spécificité de chaque document et comment il est corrélé aux autres. Cette épreuve étant une épreuve de "didactique", l'essentiel pour le candidat est de montrer comment il envisagerait de mettre en oeuvre l'étude de ces documents (à partir des conclusions de son analyse initiale) devant une classe dont il aura précisé le niveau (et qui n'ira pas au-delà d'une classe de Terminale). La démarche consiste donc à dessiner un parcours didactique sous-tendu par un fil conducteur qui en assure la cohérence et à mettre en relief quelques moments forts de cet itinéraire. Le dossier fourni au candidat peut être l'addition des documents indiqués ci-dessus ou un seul qui pourra être désormais un document audiovisuel portant sur le monde anglophone et d'une durée de 3 minutes environ. Pour les documents sonores, le script sera fourni. " Rappelons d'abord que malgré l'intitulé " exposé de la préparation d'un cours ", le jury attend la construction d'un parcours d'apprentissage à partir des documents du dossier proposé aux candidats, ces derniers devant illustrer de façon concrète, par des exercices et des activités, les

Page 31: Dossier Agregation Interne 2011-12

31

passages obligés de leur mise en œuvre pour réaliser les objectifs qu'ils se sont fixés. C'est un exercice périlleux pour lequel le candidat doit faire preuve d'une excellente maîtrise intellectuelle du contenu du dossier, de connaissances didactiques théoriques et de qualités pragmatiques pour concevoir leur mise en œuvre. Comment se préparer dans les meilleures conditions à cette épreuve ?

1. Le " fond " du dossier :

Le contenu des dossiers proposés est très variable et peut être relativement pointu. On pense par exemple au dossier sur Hogarth, et à celui sur le " Politically correct "3. Cela suppose donc une mise à jour constante de ses connaissances en littérature et en civilisation des pays anglo-saxons. Par ailleurs, le volume de lecture impliqué par 4 documents, généralement assez longs, exige que les candidats soient capables de prendre connaissance rapidement du dossier, tant pour l'analyse de type " universitaire " que pour l'analyse didactique. Or, l'utilisation constante des manuels n'habitue pas les candidats à ce genre de travail. Une bonne préparation pourrait partir de l'analyse de trois ou quatre documents d'une unité d'un manuel de second cycle, sans prendre connaissance des indications données par les auteurs, en effectuant son propre choix d'objectifs, et de mise en œuvre. Une des difficultés ressenties par les candidats semble être celle de mener l'analyse selon l'axe forme /sens, c'est-à-dire que trop souvent, les candidats présentent un décryptage des idées sans prendre appui sur ce qui est signifiant dans les formes, qu'il s'agisse de sémiologie de l'image, de procédés littéraires, argumentatifs ou rhétoriques. Il convient donc de s'entraîner systématiquement à ce type de travail. Une autre difficulté consiste à trouver le thème qui peut fédérer les divers documents du dossier. En effet, la démarche est totalement à l'inverse de celle généralement pratiquée par un enseignant qui choisit des documents qui lui permettront de mettre en place un certain nombre d'objectifs qu'il décide de se fixer. Il faut donc apprendre à mettre en perspective les documents, pour en percevoir les échos et les dissonances avant de déterminer un thème fédérateur.

2. Le Parcours d'Apprentissage :

Si l'on parle de " projet pédagogique ", le candidat doit bien comprendre qu'il s'agit d'une épreuve de DIDACTIQUE, c'est-à-dire qu'on lui demande de réfléchir à une démarche où l'enseignant doit être le médiateur des savoirs et des savoir-faire à transmettre à l'apprenant. Il doit donc constamment réfléchir au QUOI , et au POUR QUOI afin de pouvoir sans cesse justifier ses choix auprès du jury. Lorsqu'il travaille avec les documents tirés d'un manuel, un professeur de second cycle ne se pose généralement pas la question du choix de la classe à laquelle il destine un projet. En principe, une bonne analyse des documents amène logiquement à comprendre à qui on peut proposer le dossier. Mais, outre le bon sens, toujours nécessaire, qui permet d'évaluer les difficultés de tous ordres (longueur, abstraction, lexique, syntaxe, savoirs d'ordre culturel), il est parfois nécessaire de faire référence au programme culturel de tel ou tel niveau, il faut pouvoir réfléchir à l'exploitation d'un dossier en lien avec les T.P.E ou le programme d'Histoire Géographie. Pour ce faire, il faut être bien imprégné des textes en vigueur.4 Ces connaissances seront nécessaires au candidat pour indiquer au jury, en termes de savoirs et de savoir-faire, ce que les élèves maîtrisent avant de commencer l'étude du projet et ce qu'ils apprendront au cours de la séquence, c'est à dire ce parcours d'apprentissage, aussi appelé FIL CONDUCTEUR, qui l'amène à préciser dans quel ordre il étudiera les documents,

Page 32: Dossier Agregation Interne 2011-12

32

et à fixer des objectifs intermédiaires qui lui permettront, à terme, de parvenir à un objectif terminal. Sans devenir nécessairement " jargonnant ", le candidat aura tout intérêt de consulter un dictionnaire de didactique qui lui permettra de mieux comprendre et utiliser ces termes incontournables .

3. La mise en œuvre : Une fois ce parcours établi, reste au candidat à en exposer les " passages obligés ", c'est-à-dire à fixer les activités et exercices qui permettront aux élèves de parvenir à l'objectif terminal. Cette partie, la plus importante, doit représenter plus de la moitié du temps d'exposé lors de l'épreuve orale. C'est souvent le " maillon faible " de cet exercice. Or c'est ce qui permet vraiment au jury d'apprécier la cohérence entre l'analyse des documents et les objectifs fixés par le candidat. Les 3 heures imparties pour la préparation de l'épreuve sont terriblement en deçà du temps que le candidat y consacrerait dans la réalité. Il est donc impératif de se forger des automatismes qui facilitent la mise en place d'activités et d'exercices en fonction de tel ou tel type de problématique (par exemple, dossier civilisationnel ou littéraire), ou de compétence(compréhension/expression). Tout en sachant que l'on ne peut jamais appliquer exactement la démarche adoptée pour traiter un dossier à un autre. Se constituer une typologie d'activités possibles, pour aider les élèves à résoudre les problèmes de compréhension, en particulier, mais pas uniquement, le traitement du lexique, ou pour leur faire percevoir les procédés rhétoriques, argumentatifs ou littéraires, semble indispensable. Pour les collègues exerçant en lycée, ces fiches peuvent s'enrichir au fil des projets menés avec les élèves. Il serait souhaitable et bénéfique que leur préparation au concours trouve un écho dans leur pratique quotidienne. Pour tous, et en particulier pour les candidats enseignant en collège, la lecture des rapports de jury (désormais disponibles en ligne dès fin juillet), s'impose pour bien rentrer dans cette optique et s'inspirer de la logique d'exemples de dossiers traités. On peut également conseiller la lecture de quelques ouvrages : The Teacher's Survival Kit - Josiane Hamonnet Babonneau - CRDP de Bretagne (4 tomes qui allient réflexion et pratique didactique).Quant au livre de Mireille Quivy et Claire Tardieu, Réussir l'Epreuve de Didactique à l'Agrégation Interne, paru avant les derniers changements puisqu'on y parle encore d'épreuve didactique à l'écrit, et de " cours phare " qui n'existent plus actuellement, il cerne bien le niveau d'exigences attendu et fournit des outils utiles et transférables. Reste ensuite à pratiquer l'exercice, en solitaire ou en équipe, d'abord sans contrainte de temps, puis rapidement en trois heures, comme le jour du concours, soit à partir de sujets déjà donnés (cf. rapports du jury), soit en faisant ce même travail avec des documents originaux ou tirés de manuels de second cycle. • L'objectif de cette brochure étant simplement d'aider les candidats à se préparer pendant

l'été, la liste d'ouvrages conseillés est volontairement limitée. Pour une liste plus complète, voir le rapport du jury.

• Eléments d'information donnés lors de la réunion des préparateurs à Paris (ENS, Bd Jourdan Paris 14ème) le vendredi 1er juin 2001.

• Rapport du jury - Session 2003 - http://www.education.gouv.fr/siac/siac2/jury/detail/agreg_int_ang.htm

Page 33: Dossier Agregation Interne 2011-12

33

• La liste des thèmes des TPE : http://www.eduscol.education.fr/D005O/default.htm - les nouveaux programmes d'anglais : - Seconde : B.O. Hors série n°7 du 29 août 2002 - Première : B.O. Hors série n° 7 du 28 Août 2003 - Consultation des programmes de Terminale sur : http://www.eduscol.education.fr/ - Histoire Géographie : - Seconde : B.O. Hors série n°6 du 29 août 2002 - Première et Terminale : B.O. Hors série n° 7 du 3 Octobre 2002

CONSEILS DE TRAVAIL POUR LA PRÉPARATION DES

AUTEURS ET QUESTIONS

ATTENTION

Pour répondre à des souhaits émis par les candidats en fin d’année, nous avons décidé de

proposer dès maintenant des sujets de dissertation pour chacun des sujets au programme.

Votre travail de l’été s’en trouve donc enrichi ! Ces sujets feront l’objet de discussion dans

les cours (soit vos séances spécifiques sur l’auteur ou la question, soit lors des séances de

corrigés prévues désormais en plus le mardi après-midi.)

Du coup, l’équipe des préparateurs compte qu’en retour, vous aurez effectivement pris le

temps de réfléchir à ces sujets pour que cette nouveauté remplisse sa fonction : mieux vous

préparer en vous aidant vous-mêmes.

Page 34: Dossier Agregation Interne 2011-12

34

PROGRAMME AGREGATION INTERNE 2011-2012

Épreuves écrites et orales I - Littérature 1. William Shakespeare, The Winter's Tale. Ed. Stephen Orgel, Oxford, OUP: Oxford World's Classics, 1996 NB-L'édition Penguin Shakespeare sera utilisée à l'oral. 2.Thomas Hardy, Far from the Madding Crowd [1874]. Londres, Norton Critical Edition, 1986. Film de John Schlesinger (1967). 3. Philip Roth, American Pastoral [1997]. New York, Vintage Books, 1998. II - Civilisation 1 - Le Parti libéral en Grande-Bretagne, 1906-1924 Devenu une force politique incontournable dans la seconde moitié du XIXème siècle, le Parti libéral accède de nouveau au pouvoir en décembre 1905, suite à la démission d'Arthur Balfour, puis il remporte les élections législatives de 1906, porté par un raz-de-marée électoral. Pourtant, moins de vingt ans plus tard, en 1924, le Parti libéral a pratiquement cessé d'exister et n'a plus au Parlement qu'une représentation symbolique en comparaison de ce qu'il avait connu en 1906. Pris ensuite au piège d'une guerre qu'il ne souhaite pas et qui va à l'encontre de nombre de ses principes, le Parti libéral se voit contraint de mettre en place de nombreuses mesures liées à l'effort de guerre. Contesté à gauche, dépassé par sa droite, divisé en son sein, le Parti libéral amorce alors un lent déclin qui le mènera vers la place peu enviable de tiers parti au sein du système politique britannique à partir des années 1930. C'est ce déclin, dans un contexte particulier de paix et de guerre, que l'on étudiera ici, en prêtant une attention toute particulière aux points suivants : 1. Le « Nouveau Libéralisme » Le « Nouveau Libéralisme » s'affiche résolument comme une force de progrès radical, prête à faire intervenir l'État, dans une certaine mesure, dans des domaines comme par exemple la sécurité sociale ou les réformes fiscales (nouvelle assiette de l'impôt, réforme des impôts indirects ; remboursement de la dette publique, budgets de 1909 et 1914 en particulier). 2. La recomposition du paysage politique et social Le paysage politique fut transformé durablement pendant les années 1905-1924 et il conviendra d'étudier : les enjeux électoraux et les rivalités avec les deux autres partis ; les alliances politiques et les coalitions ; les luttes intestines au sein du Parti libéral ; le rôle des personnalités politiques ; le divorce des aspirations libérales et ouvrières, et l'assise électorale du Parti libéral qui devient clairement celle des classes moyennes. Sans oublier les mouvements sociaux dans un contexte de crise économique et de montée du chômage.

Page 35: Dossier Agregation Interne 2011-12

35

3. Les enjeux et les crises Le déclin du Parti libéral s'inscrit dans un contexte de crises qu'il réussit plus ou moins bien à gérer : la crise constitutionnelle de 1909-1911 et le refus répété des Lords de voter certaines lois adoptées par les Communes ; la réforme du Parlement de 1911 ; l'élargissement du suffrage ; la réforme du système politique ; le désétablissement de l'Église anglicane en Écosse et au Pays de Galles ; la « question irlandaise » du Home Rule et le risque de guerre civile en Irlande (le débat interne aux nationalistes irlandais est exclu de la question). 4. Les courants historiographiques La quasi-disparition d'un grand parti de gouvernement dès 1924 a offert de nombreuses pistes aux chercheurs. Il s'agit ici d'explorer le débat historiographique autour de cette question, en examinant les facteurs et la chronologie qui sont avancés pour l'expliquer, fondant ainsi les différentes écoles historiques sur le sujet. Quels sont les indicateurs retenus et pourquoi ? On évaluera l'importance du déclin libéral dans le contexte plus large de l'évolution du Royaume-Uni au début du XXème siècle. 2 - Révoltes et utopies : la contre-culture américaine des années soixante Malgré quelques voix dissonantes, les années cinquante avaient constitué aux États-Unis une période de relative harmonie sociale et de consensus culturel. Mais avec l'entrée à l'université de la génération issue du baby-boom, un nouvel état d'esprit se dessine progressivement. Les enfants de la classe moyenne blanche, plus ou moins directement inspirés par les expériences littéraires et philosophiques de la Beat Generation, commencent à remettre en question les valeurs et les pratiques de leurs parents, celles de l'Amérique mainstream. Ce qui avait débuté, avec l'émergence de la musique rock, par une timide évolution des goûts artistiques se transforme alors en une critique globale de la société. La jeunesse devient le moteur du changement et se place au centre de la vie culturelle et bientôt politique et économique du pays, contestant les hiérarchies établies, rejetant les contraintes de tous ordres. Cette période de bouleversements culturels, politiques et sociaux sans précédents, auquel l'ouvrage de Theodore Roszak, The Making of a Counter Culture (1968) a donné son nom, se caractérise par deux phénomènes complémentaires : une vague de contestation d'ordre social et politique et l'émergence de nouvelles pratiques culturelles. La contestation porte entre autres sur les pratiques consuméristes qui fondent l'organisation capitaliste du pays et met en place les prémices du mouvement environnementaliste. Elle concerne par ailleurs les différentes minorités ethniques, qui se radicalisent progressivement : les communautés africaine-américaine (Black Power), amérindienne (Red Power) et mexicaine-américaine (Brown Power). L'époque est également marquée par le renouveau d'un féminisme (Women's Lib) qui se conjugue aux revendications de la communauté homosexuelle. Plus encore, la guerre du Viêt Nam, après avoir recueilli l'approbation de la majorité des Américains, fait l'objet d'une critique virulente qui touche l'ensemble de la population. La vie politique américaine se durcit sous l'influence d'une « Nouvelle Gauche » militante, voire radicale, du Port Huron Statement (1962) jusqu'aux bombes des Weathermen, en passant par de violentes manifestations sur les campus universitaires et la remise en cause d'une recherche scientifique dédiée au complexe militaro-industriel. En parallèle, de nouvelles pratiques artistiques et sociales apparaissent. Elles s'articulent autour de pratiques spécifiques (musique rock, bandes dessinées, Pop Art, théâtre de rue, happenings, cinéma expérimental), de nouvelles modalités de rapports humains (révolution sexuelle, mouvements hippie et yippie, communes), et d'expérimentations avec les drogues (marijuana, LSD) que relaient les nouveaux médias (presse underground, fanzines, nouveau journalisme). Pourtant, les contradictions ne manquent pas et il faudra s'interroger sur les limites et les ambiguïtés d'une période qui voit la musique populaire devenir une industrie de masse,

Page 36: Dossier Agregation Interne 2011-12

36

l'amour libre déboucher sur la pornographie et la critique de la société de consommation régénérer Madison Avenue. Par ailleurs, si la contre-culture s'avère très médiatique, elle ne concerne qu'une fraction relativement modeste de la population, en termes d'âge, de classe sociale, de groupe ethnique ou de localisation géographique. Il conviendra également de s'interroger sur les interprétations contradictoires auxquelles elle a donné lieu, au sein de la droite conservatrice comme de la gauche radicale : s'agit-il d'une véritable révolution ou d'un simple moment de récréation hédoniste ? Comment cette période s'insère-t-elle dans la tradition démocratique américaine et au sein d'une histoire marquée par les rébellions et les utopies religieuses ? La période concernée s'étend de la fin des années cinquante (émergence d'Elvis Presley sur la scène nationale, mise au point de la pilule contraceptive en 1956, influence de films comme Rebel Without a Cause [1955], etc.) jusqu'aux premières années de la décennie soixante-dix, lorsque le mouvement s'essouffle et change de nature, avec le départ des derniers Américains du Viêt Nam (1972) et l'intensification des violences raciales et politiques. NB - Les éditions sont données à titre indicatif. I - Littérature

Shakespeare: The Winter’s Tale

Laetitia Coussement-Boillot [email protected]

L’édition de la pièce recommandée pour l’écrit du concours est celle établie par Stephen Orgel, Oxford World’s Classics, Oxford University Press, 1996. Pour l’oral, c’est l’édition Penguin Books qui sera utilisée.

La pièce The Winter’s Tale, jouée le 5 novembre 1611 devant le roi Jaques Ier à Whitehall –sa date précise de composition demeure inconnue – est une œuvre tardive de William Shakespeare. Malgré l’avertissement que constitue le titre même de la pièce, renvoyant à l’univers du conte, de nombreux critiques, dont Dryden dès 1672, ont reproché à cette pièce ses incohérences et son manque de vraisemblance (en tout premier lieu la jalousie de Leontes, dès la scène1 de l’acte I). Autre originalité de la pièce, la création par le dramaturge du personnage d’Autolycus, prototype du marginal jacobéen, colporteur, escroc, acteur et pourquoi pas, dans une certaine mesure avatar du dramaturge lui-même.

Cette tragicomédie, qui emprunte à la tradition pastorale tout en la subvertissant, n’est donc pas la pièce la plus connue du dramaturge, même si les metteurs en scène de théâtre l’affectionnent pour son côté spectaculaire (on pense en particulier à la scène de la statue durant laquelle Hermione revient à la vie).

Outre la difficulté de définition du genre hybride – la tragicomédie – auquel la pièce appartient, la langue de The Winter’s Tale présente des problèmes tant lexicaux que syntaxiques. Il ne faudra donc pas hésiter à consulter une édition bilingue afin d’éclaircir certaines obscurités textuelles. On pourra, par exemple, se reporter à la traduction récente de

Page 37: Dossier Agregation Interne 2011-12

37

la pièce par Louis Lecocq in William Shakespeare, Œuvres Complètes, tragicomédies II, Paris, Robert Laffont, 2002.

Il est recommandé aux étudiants de lire plusieurs fois la pièce avant la rentrée de septembre, crayon en main, d’effectuer un travail de repérage sur la structure, les images, les motifs récurrents et de s’attarder sur l’introduction très documentée de Stephen Orgel. Une bonne connaissance du contexte, particulièrement du théâtre de l’époque, est indispensable; on pourra se reporter à l’ouvrage synthétique d’Elisabeth Angel-Perez, Le Théâtre anglais, éditions Hachette, collection « les fondamentaux », 1997.

Thomas Hardy, Far from the Madding Crowd (1874), Norton Critical edition, 1986.

Carole Cambray [email protected]

Dabord publié en feuilleton (comme l’intégralité de ses 14 romans à l’exception des 2 premiers), Far from the Madding Crowd est le quatrième roman de Thomas Hardy et celui qui allait définitivement le révéler au public et lui apporter la reconnaissance littéraire. Œuvre de transition à bien des égards, c’est notamment dans ce roman qu’il introduit pour la première fois le terme Wessex (exhumé du lointain passé de l’Angleterre—voir la préface très importante à l’édition de 1895 du roman dans l’édition Norton), pour désigner une aire géographique du sud-ouest de l’Angleterre dont les contours s’agrandiront au fil de ses romans et qui deviendra le concept unifiant de l’ensemble de son œuvre (romanesque mais également poétique). De ce point de vue, mais également pour voir en quoi ce roman est déjà porté par les lignes de force qui parcourent l’ensemble de ses romans (notamment tout ce qui ressortit aux questions de genre, au double sens de « gender » et de genre littéraire), votre lecture de Far from the Madding Crowd gagnera en profondeur si vous lisez d’autres romans de Hardy pendant l’été, ce qui sera plus utile et agréable à ce stade que de lire des critiques. Il conviendrait de lire en priorité Tess of the D’Urbervilles (1891), mais vous pourrez également lire avec profit The Return of the Native (1878), et The Mayor of Castebridge (1886), ce qui permettra de prendre la mesure de l’approfondissement de certains aspects de son œuvre, notamment son radicalisme croissant et l’assombrissement progressif de la vision de Hardy, et d’apprécier à quel point Far from the Madding Crowd est empreint d’une comparative légèreté. Vous pouvez également lire ses essais qui jettent un éclairage sur son écriture (« The Dorsetshire Labourer », 1883 ; « The Profitable Reading of Fiction », 1888 ; « Candour in English Fiction », 1890 ; « The Science of Fiction », 1891, tous consultables sur internet). Pour ceux qui souhaiteraient cependant se plonger dans des lectures critiques, outre les articles de la Norton, l’ouvrage de Patricia Ingham, Thomas Hardy (coll. Authors in context, Oxford World’s Classics, 2003, à la bibliothèque de Charles V) constitue une excellente introduction au contexte littéraire, social et historique ainsi qu’à l’ensemble de l’œuvre de Hardy.

Page 38: Dossier Agregation Interne 2011-12

38

Pistes de réflexion : • La représentation du féminin : aucun autre grand romancier victorien du sexe masculin n’a accordé une place aussi éminente aux figures féminines et à la question du féminin dans sa fiction. Si la manière dont il représente les relations entre les sexes lui valut souvent d’être considéré comme subversif (par son exploration des mécanismes du désir aussi bien que par l’interrogation qu’il fait porter sur l’institution du mariage), il convient également de relever les ambiguïtés du discours tel qu’il est véhiculé par la voix narrative. • La question du genre littéraire, et en particulier tout ce qui relève de la pastorale et de sa réécriture. Si le titre, emprunté à Thomas Gray’s « Elegy on a Country Churchyard », inscrit d’emblée le roman dans la tradition pastorale, l’ancrage du récit dans une réalité socio-économique et le destin des principaux personnages viennent déjà subtilement interroger la pastorale (ce qu’amplifieront les romans ultérieurs). • La voix narrative et la manière dont le discours du narrateur omniscient se fait tantôt le reflet d’une certaine doxa, tantôt beaucoup plus ambiguë, plus critique, ouvrant ainsi des failles discursives dans le récit. • Tout ce qui ressortit à la vision (notamment les questions de focalisation, de point de vue) et au visuel (les références aux arts visuels, le pictorialisme de l’écriture, voire la dimension proto-cinématographique de son écriture). • Il faudra également prêter une attention particulière au style et à la langue de Hardy. Grand philologue, toujours en quête du mot juste (vous remarquerez une certaine prédilection pour le mot rare), son écriture est extrêmement recherchée, d’une grande précision lexicale (ce qui participe de son esthétique réaliste au même titre que le parler dialectal de certains personnages), mais également d’une grande sensibilité poétique (se rappeler que Hardy se considérait lui-même avant tout comme un poète, disant n’écrire de la fiction que dans un but lucratif), le tout allié à une syntaxe parfois contournée. Idées de sujet : Tragedy and comedy / Irony (and humour) / Desire / The body / Innocence and experience / Past and present / Perception and understanding / Perspective / The poetic and the prosaic / Nature / Domestication and domesticity / Men and women

American Pastoral de Philip Roth

Martine Chard-Hutchinson [email protected]

Quelques recommandations pour aborder efficacement American Pastoral de Philip Roth [1997], édition conseillée New York, Vintage Books, 1998. • Une première lecture pour se laisser porter par le texte, suivie d’une lecture avec prise de notes autour de points clé : mise en place des cadres historique et géographique, des personnages, type de voix narrative, types de récit, tons.

Page 39: Dossier Agregation Interne 2011-12

39

• Pour cibler le titre et repérer tout ce qui s’y rapporte dans le texte, il serait bon d’aller voir du côté de la tradition de la pastorale américaine —qui ne date pas de Philip Roth ! Voir par exemple R.W.B. Lewis, The American Adam (1955) • Pour avoir une idée de l’ancrage de ce roman dans la production littéraire de Roth, il faut prendre en compte qu’il est le premier d’une trilogie consacrée au personnage de Nathan Zuckerman, les deux autres romans étant I Married a Communist (1998) et The Human Stain (2000). Philip Roth a obtenu le Pulitzer Prize for Fiction un an après sa publication, preuve que l’ouvrage a eu un retentissement particulier dans le monde des Lettres américaines. • Si on veut découvrir une facette plus drôle du talent de l’auteur mais aussi poursuivre l’exploration de la culture des années 60 aux USA, on peut à titre d’expérience et de récréation lire ce que Roth a publié en 1969 : Portnoy’s Complaint. • Inutile de se précipiter sur la critique. Toutefois le numéro « Philip Roth » de la série Profils américains (2002) édité par Paule Lévy et Ada Savin vous donnera un bel aperçu de la réception de son œuvre au début des années 2000. II - Civilisation

Le Parti libéral en Grande-Bretagne entre 1906 et 1924.

Clarisse Berthezène [email protected]

Les bornes chronologiques du sujet sont importantes : 1906 marque le retour au

pouvoir des libéraux portés par un raz-de-marée électoral, tandis qu’aux élections de 1924, les libéraux deviennent un parti minoritaire, polarisant ainsi les élections autour du Parti conservateur et du Parti travailliste. Après près d’un siècle de gloire, le Parti libéral semble s’être subitement évanoui du paysage politique, laissant alors la place à une série d’interrogations sur son histoire. Dès 1935, George Dangerfield publie The Strange Death of Liberal England, expliquant le déclin du Parti libéral principalement – mais pas seulement - par la montée du parti travailliste. La question du déclin du Parti libéral fait partie d’un des débats historiographiques les plus polémiques de la Grande-Bretagne au 20e siècle. The Strange Survival of Liberal England, édité par EHH Green et Duncan Tanner en 2007, laisse entendre que la question reste encore d’actualité.

Ce sujet est donc avant tout un sujet historiographique demandant une bonne connaissance des différentes interprétations de l’histoire du Parti libéral. Pour ce faire, il faudra d’abord s’interroger sur l’identité du Parti libéral en 1906 et sur le Nouveau Libéralisme. Si les libéraux sont résolument favorables au libre-échange, les gouvernements libéraux entre 1906 et 1914 optent pour une intervention croissante de l’Etat en matière

Page 40: Dossier Agregation Interne 2011-12

40

sociale. Réformes sociales et réformes fiscales semblent indiquer que le Parti libéral s’est réconcilié avec l’idée d’un état collectiviste. La question de savoir si l’Empire libéral subventionne les réformes sociales et s’il existe un « Empire social » fera partie des interrogations sur le Nouveau libéralisme.

La première guerre mondiale et la question de savoir si une « guerre libérale » est possible divise en profondeur et de manière durable le Parti libéral. La nouvelle assise électorale du Parti et le déclin de l’appartenance religieuse comme élément clé du comportement électoral transforment les enjeux politiques. Les libéraux étaient-ils donc condamnés au déclin après 1918? L’effervescence intellectuelle du Parti libéral dans les années vingt est particulièrement remarquable. Les pamphlets de J. M. Keynes ou de William Beveridge et les écoles d’été du Parti libéral sont à la fois radicales et innovantes. Il faudra donc interroger les différentes bornes chronologiques possibles du sujet.

Les étudiants pourront se familiariser avec la période ainsi qu’avec celle qui précède immédiatement à l’aide du livre de Martin PUGH, The Making of Modern British Politics 1867-1945. Oxford, Blackwell, 2002 3rd ed.1982 et de d’Alan O’DAY, The Edwardian Age. Conflict and Stability 1900-1914, London, Macmillan, 1979. Ils pourront commencer à se faire une idée des débats historiographiques en lisant le livre de Dangerfield, The Strange Death of Liberal England ainsi que le livre de Peter Clarke, Lancashire and the New Liberalism. Cambridge, CUP, 2007.

Révoltes et utopies : la contre-culture américaine des années soixante

Isabelle Richet, Bureau D13 [email protected]

Le sujet de civilisation américaine de cette année est assez limité dans le temps : les « long sixties » du milieu des années cinquante au milieu des années soixante-dix, mais très foisonnant quant aux thématiques suggérées et il peut donc être l’occasion de cadrages assez différents. La réunion des préparateurs n’ayant pas encore eu lieu, dans les notes qui suivent je souhaite avant tout fournir quelques pistes de réflexion générales soulevées par le sujet afin de guider le travail des candidats pendant l’été.

Premier point à bien comprendre, même si le terme « les sixties » est un raccourci utile qui sera sans doute souvent utilisé, ce n’est pas le sujet. Celui-ci porte sur un aspect de la période, la révolte de la jeunesse et ses différentes manifestations culturelles, sociales et politiques. En s’arrêtant sur la formulation de l’intitulé du sujet on voit qu’il porte sur la « contre-culture américaine des années soixante » dont on fournit une ébauche de contenu : « révoltes et utopies ». La contre-culture est donc ici encore une fois un raccourci qui recouvre des manifestations extrêmement diverses, allant des luttes des minorités au mouvement de libération des femmes, du mouvement contre la guerre du Vietnam aux expériences communautaires utopiques et modes de vie alternatifs, en passant par les différentes productions artistiques et culturelles qui ont accompagné le « Mouvement ». Il faut comprendre le mot « culture » à la fois dans le sens étroit des productions intellectuelles et

Page 41: Dossier Agregation Interne 2011-12

41

artistiques d’un groupe à un moment donné, et dans le sens large, anthropologique, qui fait référence à l’ensemble des modèles de comportement, de croyances, de pensée, de production et reproduction socialement construits et transmis, partagés à une période donnée par un groupe ou une société. Dans ce sens, la « contre-culture » fait référence à un mouvement de contestation par un groupe particulier – ici les enfants du baby-boom – de ces normes établies et plus ou moins acceptées par la génération précédente. On assiste en effet, au cours de ces années, à la remise en cause de la légitimité et de l’autorité des élites politiques, sociales, culturelles et à la tentative de formuler et de mettre en place des modèles de comportement alternatifs dans ces différents domaines.

Malgré la proximité - dans le temps et par certaines thématiques –de cette période et de ce mouvement, le sujet présente un certain nombre de difficultés. La première vient précisément de cette apparente proximité. Je ne veux pas faire allusion ici seulement à la multitude de clichés qui hantent la mémoire collective de cette époque – « sex, drugs, and rock n’roll » pour n’en citer qu’un - mais au fait que son traitement oscille encore entre « mémoire » et « histoire ». Etudier une période dont beaucoup des acteurs sont encore vivants peut être un avantage et un inconvénient. L’avantage est évident : une multitude de témoignages, la possibilité d’interroger les acteurs, ce qui est d’autant plus intéressant pour certains mouvements informels qui ont laissé peu de traces documentaires. Mais l’inconvénient vient du caractère fragmentaire et subjectif de la mémoire, de la volonté d’autojustification des acteurs, de la tentation de réduire le « mouvement » à leur expérience individuelle de celui-ci, ce qui a été le cas de nombre des premiers ouvrages écrits par des anciens responsables de Students for a Democratic Society devenus universitaires. Comme l’a fait remarquer David Farber, ces ouvrages « are powerful acts of memory wrestling with history in an effort to bring some order to the rush of still vivid experiences » (David Farber, The Sixties. From Memory to History, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1994, p. 3). Depuis quelques années cependant, la période et le “Mouvement” ont commencé à être « historicisés », c’est-à-dire étudiés avec la distance critique et les méthodologies propres à l’histoire pour tenter d’en restituer les dynamiques d’ensemble, soit à travers des ouvrages de synthèse, soit à travers une accumulation de monographies portant sur des mouvements particuliers. Une seconde difficulté vient du fait que la contre-culture des années soixante reste au cœur des virulents débats idéologiques qui traversent la société étatsunienne depuis la montée du mouvement conservateur ces dernières décennies et, dans une large mesure, les sympathies idéologiques des universitaires peuvent parfois se substituer à l’analyse rigoureuse de leur objet d’étude. Soumis au double traitement des conservateurs, qui veulent en éradiquer jusqu’à la mémoire, et des acteurs de l’époque qui la valorise de façon acritique, la « contre-culture » tend ainsi à perdre beaucoup de sa complexité et a encore du mal à trouver sa place légitime dans l’histoire des Etats-Unis de la seconde partie du vingtième siècle. La troisième difficulté vient de la formulation du sujet lui-même, qui implique de connaître l’histoire d’une multitude d’expériences tout en les resituant dans une dynamique d’ensemble que le sujet propose d’articuler autour des notions de contestation et de pratiques alternatives. Cela implique à la fois de bien connaître les différents mouvements mais également d’en saisir les similitudes et les différences qui ont façonné leur interaction, leurs trajectoires individuelles et collectives tout comme leur réalisations durables.

La première chose pour les étudiants est de se familiariser avec la période qui forme le cadre de ces mouvements de révoltes. Un bon manuel est l’ouvrage de William H. Chafe, The Unfinished Journey : America Since World War II, Oxford University Press, 2003, qui offre une bonne mise en perspective de la contre-culture ; ou bien celui de Douglas T. Miller, On our Own. Americans in the Sixties, Lexington, D.C. Heath, 1996. Une première approche synthétique de la contre-culture est fournie par l’ouvrage de Terry Anderson, The Movement

Page 42: Dossier Agregation Interne 2011-12

42

and the Sixties, Oxford University Press, 2001, et celui – plus succint – de Van Gosse, The Movements and the New Left, 1950-1975. A Brief History with Documents, Bedford/St Martin’s, 2005. Ceux qui ont le temps pourront aller plus loin en s’intéressant à certains mouvements. Pour le mouvement noir, un ouvrage récent qui fait le lien entre le mouvement pour les droits civiques et le Black Power est le livre de Peniel E. Joseph, Waiting ‘Til the Midgnight Hour : A Narrative History of Black Power in America, Henry Holt, 2007. Pour le mouvement des femmes: Ruth Rosen, The World Split Open: How the Modern Women’s Movement Changed America, Viking, 2000. Pour la création culturelle une bonne introduction est l’ouvrage dirigé par Peter Braunstein & Michel William Doyle, Imagine Nation: The American Counterculture of the 1960s and 1970s, Routledge, 2001, et sur la musique, James E. Perone, Music of the Counterculture Era, Greenwood, 2004. A propos de musique justement vous pouvez abuser de youtube afin de vous plonger dans l’atmosphère musicale de l’époque. La folk music d’abord : Pete Seeger, Peter Paul and Mary, Bob Dylan Joan Baez, Phil Ochs; le rock psychédélique ensuite: Jimmy Hendrix, Santana, the Greatful Dead, the Velvet Underground. Vous trouverez aussi des vidéos sur le mythique festival de Woodstock. Le cinéma est aussi un moyen de s’intéresser à la représentation de la période : vous pouvez trouver en DVD, Rebels Without a Cause (sur le malaise de la jeunesse des années 50), Easy Rider, mais aussi The Graduate ou Alice’s Restaurant.

This should keep you going until September! Contestation Nouvelles pratiques culturelles (culture prie à la fois dans son sens étroit : créations artistiques diverses) et anthropologique large

Page 43: Dossier Agregation Interne 2011-12

43

CALENDRIER DE LA PREPARATION A

L’AGREGATION INTERNE

2011 / 2012

Inscription pédagogique

Mercredi 14 septembre 2011

Accueil Agrégation Interne 10h00 à 12h00

Séance de travail « dissertation »

Littérature 13h00 à 14h30

Civilisation 14h30 à 16h00

Début des cours : mardi 20 septembre 2011