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La Maréchalerie Centre d’art contemporain école nationale supérieure d’architecture de Versailles AVANT LA LA VISITE JENNIFER CAUBET LA MÉCANIQUE DES INTERSTICES DU 19 AVRIL AU 15 JUIN 2013 DOSSIER DE L’ENSEIGNANT Exposition La mécanique des interstices, Spatiovore, photo : Aurélien Mole

DOSSIER DE L’ENSEIGNANT - versailles.archi.fr · Tendance cinétique, jeux sur la perception de l’espace, rapport à l’échelle, ... école nationale supérieure d’architecture

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La Maréchalerie — Centre d’art contemporainécole nationale supérieure d’architecture de Versailles AVANT LA

LA VISITE

JENNIFER CAUBET LA MÉCANIQUE DES INTERSTICESDU 19 AVRIL AU 15 JUIN 2013

DOSSIER DE L’ENSEIGNANT

Exposition La mécanique des interstices, Spatiovore, photo : Aurélien Mole

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SOMMAIRE

LA MARÉCHALERIE: LE PROJET ARTISTIQUE 3

JENNIFER CAUBET 4

BIOGRAPHIE 8

LA MECANIQUE DES INTERSTICES 9

REPÈRES 11

NOTIONS 16

INFOS PRATIQUES 17

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LA MARÉCHALERIE: LE PROJET ARTISTIQUE

Une situation historique et patrimoniale Le centre d’art contemporain La Maréchalerie est un pôle expérimental de recherche et de création. Initié par l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, il est un lieu unique réfléchissant les correspondances entre art contemporain et architecture. Située sur le domaine national du château de Versailles, La Maréchalerie occupe une place singulière entre espace urbain et site patrimonial, propice à une démarche d’expérimentation.

Expérimentation et production

La Maréchalerie est composée d’éléments architecturaux et spatiaux contraignants : un espace très ouvert, une grande arcade vitrée, une hauteur sous plafond importante. Les artistes sont invités à réaliser dans ce lieu insolite, des œuvres in situ qui répondent par une approche personnelle et sensible à ces contraintes. Ces invitations donnent lieu à un échange pédagogique sous forme de workshops avec les étudiants de l’école d’architecture.

Travail à la chaîne, Vincent Ganivet, La Maréchalerie © Laetitia Tura

La Maréchalerie © Charles Plumey-Faye

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JENNIFER CAUBET

Terrain d’occurrences, 2012 – Acacia, aluminium, câble inox, boulon, pierre, bâche PVC micro perforée. 10m x 4,50m x 7m. Production et exposition : Le vent des forêts. Crédits photo : Camille Hofgaertner

Jennifer CAUBET aborde l’espace et le volume tels une gageure. Ses œuvres sont une référence permanente à l’architecture tant par l’utilisation de matériaux de construction (bois, métal, béton) que par ses formes et les espaces qu’elles occupent. Influencée par les « utopies réalisables » de Yona Friedman et la radicalité de l’œuvre de Claude Parent, les architectures fabulées de Jennifer CAUBET sont une tentative toujours renouvelée de manipulation de l’espace afin de « créer par la sculpture des enclaves disponibles ». Ses sculptures - Plug-in rhizome (2011), E.A.T. (Espace d’Autonomie temporaire) (2009-2010), Action développée en espace blanc (2011), Phaeton - [plateforme pour une surface de suspension] (2011) - s’essaient à vaincre les sciences de la construction, aidées des liens que l’artiste entretient avec les savoir-faire et technicités de menuisiers et métalliers.

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Œu vre réalisée avec le soutien du programme Pôle d’Art initié par l’association Savoir au Présent, Bertin Technologies, le Conseil Général des Landes, le Conseil Régional d’Aquitaine, la Ville de Tarnos et Le Lycée Technique Ambroise Croizat de Tarnos.

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Plug-in rhizome, 2010 – Béton, acier, bois. Dimensions variables. Exposition collective La B.B.C invente le murmure d’ambiance, LMD Galerie Paris. Crédits photo: Jennifer Caubet

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Diagramme d’une production de l’espace, 2009 – Pavés, sangles, attaches en métal. Dimensions variables. Exposition et production, AIR Antwerpen (Belgique).Crédits photo : Jennifer Caubet

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BIOGRAPHIE

DNSAP à l’Ensba, Paris.

Séminaire dirigé par Nobutaka Kotake à l’Université de Musashino Tokyo.

Maîtrise d’Arts Plastiques à l’Université Toulouse le Mirail.

Exposition personnelle à la BF15 espace d’art contemporain, Lyon.Les apparitions, exposition collective en partenariat avec la ville de Pau, le Bel Ordinaire espace d’art contemporain. Comissariat François Lousteau.La mécanique des interstices, La Maréchalerie centre d’art contemporain de l’énsa-v, Versailles.

Terrain d’occurrences, Le vent des forêts, Fresnes-au-Mont.Participation au Gala Triangle, Marseille. Participation à la revue 0scilliation.Participation à l’édition AIR Antwerpen (Belgique). Stock Option, exposition collective, Galerie de la Jeune Création, Paris.

Exposition Si maintenant, où?, Galerie AGART, Amilly.Exposition L’occasion fugitive, Stork Galerie Rouen.Exposition collective Topographique 2, À propos d’une île, Eglise des Forges, Tarnos.Exposition Jennifer Caubet / Angel Verguera, galerie Cortex Athletico, Bordeaux.Exposition collective In Between, L’autonomie 9, Bruxelles.Exposition collective Le lieu dit, Bourgogne.

Exposition collective La BBC invente le murmure d’ambiance, LMD galerie, Paris.Exposition collective Juste de passage, Le 10neuf, CRAC Montbéliard.Foire d’art contemporain « Access & Paradoxe » invitée par Astérides, Paris.Exposition collective Relative, Villa Cameline, Nice.Exposition collective « F# », Ausstellungsraum Klingental, Bâle.

Exposition collective Regionale 10, à la Kunsthalle, Basel (Suisse).Exposition personnelle de fin de résidence Veille active, la Générale en Manufacture, Sèvres.Exposition collective Accomodation, HISK Institute, Ghent (Belgique).Exposition collective Parcours West 4 : Bétonsalon, Mains d’œuvres, La Maréchalerie, Le CNEAI, La Générale en Manufacture.

Exposition collective Un hiver à Beijing, galerie 3plus3 Art Space, Pékin (Chine).Participation à www.oneshot2k8.fr, magazine d’artiste sur internet.Exposition Sculpture en l’île, Andresy.

Exposition collective How does a Mosquito measure the world?, Mogra Gallery, Tokyo (Japon).

Exposition 50% Hors Taxe, Galerie la vitrine, Paris.

2008

2006

2004

2013

2012

2011

2010

2009

2008

2007

2005

—Née en 1982 à Tonneins (FRANCE).Vit et travaille à Paris.jennifercaubet.com

EXPOSITIONS

FORMATION

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LA MÉCANIQUE DES INTERSTICES

La mécanique des interstices est le titre de l’expédition spatiale menée par l’artiste Jennifer Caubet à La Maréchalerie. L’espace du centre d’art contemporain en son sens le plus strict y a été complètement réquisitionné. Sur une plateforme imaginaire l’objet de conquête, le spatiovore, nom donné par l’artiste, y est venu se poser. Volume architecturé qui occupe les espaces et s’en nourrit pour exister, selon la définition, cette immense structure arachnéenne se déploie et tisse sa toile tout en tension entre les murs du centre d’art.L’espace ainsi envahi, la sensation de vide persiste, que faut-il regarder ? Que se passe-t-il entre les espaces ajourés de cette sculpture tentaculaire? Un principe d’interstices qui nous invite comme l’ont fait les artistes minimalistes, à renouveler notre rapport à l’œuvre d’art, abolir cet intervalle et intervenir dans un espace existentiel et non plus esthétique.Occupation, conquête, envahissement, Jennifer Caubet se réclame d’un vocabulaire guerrier, elle envisage ses sculptures comme autant de prises de pouvoir sur l’espace.

Les pièces sont comme des îlots de liberté prenant en considération le monde qui leur préexiste. Déploiement dans cet entresol, le spatiovore révèle le volume du lieu dans lequel il s’invite, crée un dialogue, une dispute raisonnable. Jennifer Caubet se joue des proportions gigantesques de l’espace d’exposition auquel elle se confronte et choisit de conquérir en y greffant cet objet aux allures d’architectures filaires. Inspiré par les architectures utopiques des années 60, le spatiovore n’est pas sans rappeler les projets en nappe de Yona Friedman, entre autre la ville mobile (1958), cité en hauteur qui « enjambe » littéralement la ville au sol. Prendre de la hauteur, rêver, c’est ce que l’artiste nous propose en flirtant avec la recherche d’utopies, en cela, sa démarche est proche de celle de Constant qui pensa sa Nouvelle Babylone (1959) comme une cité imaginaire, la naissance d’une mégastructure dans un espace vierge qui serait selon son créateur : « Un rêve fantaisiste réalisable du point de vue technique, souhaitable du point de vue humain et indispensable du point de vue social. »

Exposition La mécanique des interstices, Spatiovore, photo : Aurélien Mole

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Représentations abstraites à l’aide de formes concrètes, on peut également voir dans le travail de Jennifer Caubet une familiarité sur le terrain des utopies constructivistes. Mastodonte d’acier, le spatiovore malgré son impression de légèreté et de lévitation s’inscrit dans le registre du réel. La mécanique et l’aspect robotique de l’assemblage rendent visibles la « vérité du matériau ». Celui-ci est brut, la sublimation opère ailleurs. L’enchevêtrement de lignes et de formes géométriques agit dans une mécanique qui suggère le mouvement mais pourtant, rien ne bouge, le poids de la sculpture l’ancre dans le réel.

Tendance cinétique, jeux sur la perception de l’espace, rapport à l’échelle, Jennifer Caubet joue avec le spectateur, elle lui propose plusieurs lectures de ses oeuvres l’invite au déplacement. Les pièces en béton qu’elle a discrètement installée dans certains angles de La Maréchalerie créent un nouveau tracé visuel, renouvellent l’approche physique du lieu dans une subtile distorsion. La série de dessins (...) présentée dans la deuxième salle revêt un aspect plus ornemental. Par l’utilisation d’un motif schématique faisant référence à l’occupation d’un territoire (schéma d’échangeurs autoroutiers) elle crée une trame qui s’appréhende à plusieurs échelles et s’apprécie de près ou de loin, suggérant ainsi un autre déplacement possible dans l’espace.

Exposition La mécanique des interstices, Spatiovore, crédits photos : Aurélien Mole

Exposition La mécanique des interstices, Constellation dérivée #1 crédits photos : Aurélien Mole

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Architectures utopiques

Les projets de mégastructures, entre 1950 et 1960, relevaient d’un univers imaginaire et science-fictionnel mais répondaient à des problèmes bien réels : nécropoles, congestion, raréfaction des ressources, surpopulation. La mégastructure se recentre sur un individu avant tout mobile et imprévisible et son projet se superpose à l’environnement urbain existant. Mais ces thèmes sont secondaires face au choc visuel qu’impose l’image de superstructure en nappes infinies, que leur taille permet d’imaginer habitées. Ces projets « en nappe » sont entre autres ceux de Y.Friedman et Constant. La naissance de la nappe est dépendante de la structure « à l’emjambée » de Y.Friedman. Dans le projet de la ville mobile (1958), la cité est en hauteur et « enjambe » véritablement la ville existante au sol. Les immeubles-ponts sont enchaînés de manière aléatoire les uns aux autres dans un esprit labyrinthique et sont portés en suspension par une structure depuis les piliers de fondation. Cette « nappe » se présente tel un nouveau tissu ou une aire de mobilité au dessus de la ville existante. Elle met en scène plusieurs niveau et fluctue selon les dénivelés du paysage. La multiplication des niveaux n’est pas pour autant l’occasion de recréer des volumes, c’est bien l’image horizontal de plateau qui prévaut. Dans la Nouvelle Babylone (1959) de Constant, la structure en « nappe » est également présente. Des plaques désarticulées s’étirent à l’horizontal et semblent glissés au dessus d’un sol lisse et dépeuplé. L’Utopie est davantage présente chez Constant que chez Y.Friedman par le simple fait d’une invention et d’une naissance, d’une mégastructure dans un espace vierge et La Nouvelle Babylone est décrite comme une rêve pour l’homme. C’est une ville qui se développe au fur et à mesure de la dérive du promeneur, la multiplication de plans s’accorde à un habitant qui aurait retrouvé la marche, le plaisir du contact, celui du jeu et de l’échange, la déambulation libre ou l’errance. D’après Constant « La Nouvelle Babylone ne finit nulle part (puisque la terre est ronde), elle ne connait pas de frontières (puisqu’il n’y a plus d’économie nationale) ou de collectivité (puisque l’humanité est fluctuante) ».

REPÈRES

Yona Friedman , Ville Spatiale , 1959-1960

Constant , La nouvelle Babylone

Source: Architecture et Utopie, Par Jasmine ANTEUNIS

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Constructivisme

La notion de constructivisme au sens strict se définit selon deux axes fondamentaux : d’une part son idéalisme social, de l’autre son vocabulaire plastique.

Né en Russie vers 1915 avec les premiers contre-reliefs de Tatline, le constructivisme était, en théorie et en pratique, l’expression d’un idéal politique foncièrement utopique.Pour les constructivistes, la société future appelait un nouveau langage artistique, débarrassé des symboles ou illusions, qui se fonderait sur un principe de réalité : des matériaux « réels » existant dans un espace « réel ». Ces matériaux ainsi que leurs formes seraient porteurs de sens dans leur substance même et dans la dynamique de leurs relations concrètes. En véhiculant ainsi des valeurs abstraites dans des formes concrètes, ils préparaient les foules à l’avènement d’un monde nouveau. De sorte que le constructivisme ne saurait se laisser réduire à l’abstraction géométrique, même s’il est le plus souvent géométrique et abstrait.

L’ambition de « transformer le monde » manifestée par Tatline, n’était pas sans rapport avec les idées des futuristes italiens et des cubo-futuristes russes, mais elle s’inscrivait dans un contexte socio-culturel plus critique. L’accent sur les matériaux réels ou ordinaires n’était pas nouveau en soi, et la notion de « vérité du matériau » préconisée par Tatline était plus complexe que celle du sculpteur qui s’efforce de respecter et de mettre en valeur le support de son expression. Dans l’esprit de Tatline, l’artiste qui se conformerait à la spécificité d’un matériau donné se laisserait guider par des lois naturelles et donnerait naissance à des formes « nécessaires » dotées d’une signification universelle, tout comme l’étaient autrefois celles des peintres d’icônes. A cela près que ces nouvelles icônes incarnaient l’avenir.Les matériaux « réels » que choisit Tatline sont le bois, le métal et le verre. C’étaient leurs caractéristiques inhérentes qui dictaient à l’artiste son répertoire de formes. Pour Tatline, la forme « naturelle » du bois était la planche plate ou le panneau au contour géométrique, celle du métal, débité en feuilles minces, le cylindre ou le plan courbe, et celle du verre carreau plat ou cône.

Source: L’art contemporain, Phillippe BIdaine, éditions SCALA

Contre-relief d’angle, Tatline, 1915

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Comme le projet constructiviste, le projet «réaliste» revendiquait les matériaux réels et l’espace réel pour le nouvel art ; il stigmatisait le symbolisme ou l’illusionnisme des peintures et des sculptures traditionnelles. La véritable substance de la sculpture serait l’espace lui-même.Paradoxalement, la sculpture constructiviste en général, avec ses volumes ouverts sur l’espace, ses agencements architectoniques et son souci de la transparence, répond à l’objectif déclaré de Boccioni: l’interpénétration de l’espace intérieur et extérieur. Toutefois ces œuvres procédaient d’autres idéaux et revêtaient une autre signification. Pour Gabo, par exemple, comme pour Tatline et Katarzyna Kobro, la notion de transparence n’était pas une expression importante de la modernité et des progrès technologiques qui permettaient sa mise en œuvre. Elle correspondait à un idéal politique lié à des données historiques bien précises. Aux yeux des artistes, la rigidité hiérarchique et sociale qui caractérisait le monde ancien reposait sur des barrières infranchissables, tandis que la transparence constituait une métaphore de la société sans classe, en évolution constante, du monde nouveau.

Letatline, Tatline, 1930

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Extraits dossier pédagogique: BALESTRA Raymond / CHARLES Christine / ROUX Richard / Conseillers Pédagogiques Départementaux en Arts Plastiques FAPE 2009

Minimalisme

Né aux Etats-Unis au milieu des années 60, interprété comme une réaction au débordement subjectif de l’Expressionnisme abstrait et à la figuration du Pop art, le Minimalisme est caractérisé, entre autres, par un souci d’économie de moyens. Il hérite du célèbre principe de l’architecte Mies Van der Rohe « Less is more », des œuvres de Malevitch, et reconnaît le peintre abstrait Ad Reinhardt comme l’un de ses pionniers.Le travail des artistes minimalistes et leur réflexion portent avant tout sur la perception des objets et leur rapport à l’espace. Leurs œuvres sont des révélateurs de l’espace environnant qu’elles incluent comme un élément déterminant.L’aspect le plus marquant de ce courant fut sans doute une conception inédite du rapport du spectateur à l’œuvre d’art, qui renouvela le mode de perception esthétique jusque dans sa substance. En Europe et en Amérique, dans l’Arte Povera et dans l’art minimal, les œuvres accaparaient l’espace du spectateur.

Wall drawing #289, Sol LeWitt, 1976

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Stack, Donald Judd, 1972.

Autrement dit elles intervenaient dans un espace existentiel et non plus esthétique. Des artistes avaient déjà exprimé naguère leur désir « d’œuvrer dans l’intervalle qui sépare l’art et la vie », ce qui avait donné naissance, entre autres, aux combine paintings et aux happenings.Il s’agissait désormais, pour les artistes de la seconde moitié des années soixante, d’abolir complètement cette intervalle.

L’état d’esprit qui a engendré la sculpture minimale aux Etats-Unis procède de trois phénomènes concomitants.Le premier est l’intérêt pour l’expression théâtrale, stimulé par les happenings des années cinquante, qui ouvrit à l’artiste plasticien un autre champ d’activité, celui d’une expérience vécue où la conscience de son propre corps dans sa relation avec l’espace environnant primait sur tout le reste, comme au théâtre. Le deuxième est la fréquentation d’une sorte de peinture réductrice représentée par les Black Paintings d’Ad Reinhardt et par les séries de toiles noires, puis «aluminium» et «cuivre» exécutée par Frank Stella à la fin des années cinquante et au début des années soixante. Ces œuvres de très grand format plaçaient le spectateur dans une situation de tête-à-tête privilégié, et le faisait pénétrer à l’intérieur du tableau en l’incitant à identifier son espace avec celui de la peinture. C’étaient des œuvres monochromes où le jeu des relations internes et la composition hiératique avaient disparu au profit d’une organisation modulaire de la surface fondée sur la symétrie orthogonale et la répétition. Quant à la troisième source d’inspiration du minimalisme, elle se situe du côté du constructivisme soviétique et de Brancusi.

D’une manière générale, donc, l’objet minimal rompt avec l’évolution suivie jusque-là par la sculpture moderne. Il est différent sous les points de vue de l’iconographie, de la structure, de la situation dans l’espace, des techniques, des matériaux et du fonctionnement sémantique. Il n’est pas structuré par des relations internes ; mais constitué d’une addition d’éléments modulaires. Son volume peut être quasi immatériel. Ses formes sont neutres, géométriques, parfois horizontales, rarement verticales (par refus de l’anthropomorphisme). Ses matériaux sont industriels, et il est souvent exécuté dans un établissement industriel d’après des indications de l’artiste. Enfin, l’objet minimal est destiné à susciter des réactions à prédominance physique.

Source: Qu’est-ce que la sculpture moderne, Editions du Centre Pompidou

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NOTIONS

Architecture: Art de bâtir des édifices devant avoir une fonction précise. On parle aussi d’architecture pour nommer le style ou les caractéristiques d’un édifice.

Installation: Discipline hybride de l’art contemporain. Oeuvre qui prend en compte l’espace du spectateur et considère les relations entre plusieurs éléments, entre les choses et leurs contextes.

Sculpture: Art de réaliser des oeuvres en trois dimensions à partir d’un bloc de matière solide, en faisant appel à des techniques variées ou par assemblage de différents éléments.

Espace :C’est là que les œuvres d’art prennent place en tant qu’objets matériels. L’espace où se trouve l’œuvre d’art est aussi celui de l’artiste, celui où il travaille, celui de son corps et de ses mouvements. C’est aussi l’espace du spectateur qui influence la manière de contempler. Il faut un point de vue mobile pour voir tout un édifice, l’intérieur l’extérieur, les côtés.

Assemblage :Tout procédé dont les effets dépendent de la manière dont les éléments divers sont réunis pour former un tout. Désormais, tout matériau peut entrer de plein droit dans le champ plastique et être assemblé avec d’autres.

Art minimal :Né aux Etats-Unis au milieu des années 60, interprété comme une réaction au débordement subjectif de l’Expressionnisme abstrait et à la figuration du Pop art, le Minimalisme est caractérisé, entre autres, par un souci d’économie de moyens. Leur travail et leur réflexion portent avant tout sur la perception des objets et leur rapport à l’espace. Leurs œuvres sont des révélateurs de l’espace environnant qu’elles incluent comme un élément déterminant.

Constructivisme :Tendance historique des abstraits russes des années 20, marquée par la radicalité des choix formels (simplification géométrique), la dimension architecturale et l’engagement socio-politique (c’est alors un art au service de la révolution). Il est une référence souvent implicite de beaucoup d’artistes contemporains.

In situ :En français, en situation. Au contraire de l’œuvre autonome, l’œuvre in situ s’appuie sur ses relations et ses interactions avec l’environnement, mais aussi avec son contexte intellectuel.

Sources : l’Art contemporain, Christophe Domino, éditions SCALA Vocabulaire d’esthétique, Etienne Souriau, éditions Presses Universitaires de France – PUF

Le minimalisme, dossier pédagogique du centre George Pompidou, http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-minimalisme/ENS-minimalisme.htm

Bibliographie

L’Art contemporain, centre Georges Pompidou, Scala éditionsLa sculpture moderne, centre Georges Pompidou, Scala éditionsQu’est-ce que la sculpture moderne?, Herbert Read Arted, éditions d’art

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INFOS PRATIQUES

La Maréchalerie – centre d’art contemporainécole nationale supérieure d’architecture de Versailles5, avenue de Sceaux – 78000 VersaillesT. 01 39 07 40 27 – F. 01 39 07 40 [email protected]:// lamarechalerie.versailles.archi.fr

CONTACT

Pour réserver une visite, préparer un atelier d’expérimentation plastique,Sonia KessitiChargée de la pédagogieT. 01 39 07 40 [email protected]

OUVERTURE

Ouvert tous les jours sauf les dimanches et les jours fériés, de 14h00 à 18h00 et le matin sur RDV. Entrée libre. Fermé du 6 au 12 mai.

ACCÈS

Avenue du Général de Gaulle, entrée par la Place des Manèges, face à la Gare Versailles Rive-GaucheAvenue de Sceaux, entrée par l’école nationale supérieure d’architecture de Versailles