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1 Centre européen de la paix - SOUCHEZ 22 JUIN 2012 Conférence de presse Programme des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale mis en œuvre par le Conseil régional Nord-Pas de Calais DOSSIER DE PRESSE Contacts presse : [email protected] – 03 28 82 53 03 [email protected] – 03 28 82 53 12 [email protected] – 03 28 82 53 82

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Centre européen de la paix - SOUCHEZ 22 JUIN 2012

Conférence de presse Programme des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale

mis en œuvre par le Conseil régional Nord-Pas de Calais

DOSSIER DE PRESSE

Contacts presse : [email protected] – 03 28 82 53 03 [email protected] – 03 28 82 53 12 [email protected] – 03 28 82 53 82

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Deux nouveaux lieux de mémoire en Nord-Pas de Calais

Le Conseil régional Nord–Pas-de-Calais, à l’issue d’un dialogue avec l’Etat, a décidé de créer pour marquer le centenaire de la Grande Guerre un monument international qui, pour la première fois, dépasse les mémoires nationales de la tragédie.

Un nouveau mémorial de la Grande Guerre à Lorette Etabli au sommet du plateau de Notre-Dame-de-Lorette (commune d’Ablain-Saint-Nazaire), à proximité de la nécropole nationale française, ce sera l’un des plus grands mémoriaux au monde, puisqu’il réunira 600 000 noms, présentés par ordre alphabétique, sans distinction de nationalités, amis et ennemis d’hier mélangés. Le lauréat du concours, l’architecte Philippe PROST, a conçu un monument magnifique, à la fois respectueux et puissant. Son projet sera présenté pour la première fois à l’occasion de la conférence de presse de ce vendredi 22 juin.

Un nouveau programme aussi pour le Centre d’interprétation A l’occasion de la conférence de presse sera également présenté un second grand programme, porté en maîtrise d’ouvrage par la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin. Etabli au pied de la colline de Notre-Dame-de-Lorette, sur le territoire communal de Souchez, un Centre d’interprétation présentera l’histoire de la Grande Guerre sur le sol du Nord-Pas de Calais, à l’aide de techniques muséographiques contemporaines (audiovisuels, maquettes animées, objets placés dans leur contexte, etc.). Cet équipement, qui bénéficie d’un soutien du Conseil régional sous forme d’ingénierie culturelle, est actuellement en phase de concours pour la désignation de l’architecte. Il sera inauguré en octobre 2014 et ouvert en accès libre. Ces deux programmes sont le résultat de la parfaite coopération sur ces dossiers symboliques entre les collectivités territoriales du Nord-Pas de Calais et les services de l’Etat, en particulier avec la la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives du Ministère de la Défense et la Préfecture du Pas-de-Calais.  

 

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3 questions à Daniel PERCHERON, Sénateur du Pas-de-Calais et Président du Conseil Nord-Pas de Calais Quelle importance va revêtir la commémoration centenaire de la Grande Guerre, pour le peuple français ? La commémoration centenaire de la Grande Guerre évoquera ce qui est sans nul doute

la plus grande tragédie vécue par le peuple français au cours de son histoire : 1,4 millions de soldats ont péri entre 1914 et 1918, sur une population de 40 millions. Chaque famille a connu la mort de l’un des siens au front. Les cérémonies qui vont se succéder entre 2014 et 2018 vont d’abord renforcer la prise de conscience collective de l’ampleur de l’épreuve subie, mais elles vont aussi permettre de saisir le caractère mondial du conflit. Plusieurs dizaines de nations se sont battues sur le sol du Nord–Pas de Calais. La commémoration va souligner la paix qui règne sur notre continent depuis des décennies, en particulier grâce à la profonde réconciliation entre Français et Allemands.

Quel est l’objectif qui sous-tend la création d’un mémorial international sur le site de Notre-Dame-de-Lorette ?

L’objectif de la réalisation du Mémorial international qui sera édifié à Notre-Dame-de-Lorette c’est d’abord de faire prendre conscience de la mort de masse qui a été la conséquence des conflits du XXe siècle ; une mort qui a frappé de jeunes hommes, pour la plupart des citoyens mobilisés, ou, dans le cas des Britanniques, des volontaires. Ce mémorial soulignera aussi l’affaiblissement de l’Europe qui a résulté de l’affrontement militaire des nationalismes. Mais ce monument sera aussi un signe d’avenir : il montrera que les peuples de bonne volonté ont aujourd’hui choisi de vivre en paix, en respectant le droit international.

Quels sont les partenariats mis en œuvre par la Région avec les nations qui ont combattu sur le sol du Nord–Pas-de-Calais aux côtés de l’armée française ?

Le Conseil régional Nord-Pas de Calais finance la réalisation de deux musées franco-australiens : l’un à Bullecourt, dans le Pas-de-Calais, a été inauguré en avril dernier ; le second, à c’est Fromelles, dans le Nord, il le sera en juillet 2013. Des milliers de jeunes volontaires sont venus du monde entier pour combattre à nos côtés. Ce fut aussi le cas des Canadiens, et nous accompagnerons bien sûr les initiatives qui marqueront le centenaire de la prise de Vimy, un moment fondateur de cette jeune nation, en avril 2017. Nous n’oublierons pas non plus la mémoire des combattants venus des empires coloniaux de l’époque, qui n’avaient a lors pas de droits civiques et qui sont pourtant venus mourir sur notre sol, pour défendre notre liberté : je pense aux Sénégalais, Marocains, Algériens, Tunisiens, mais aussi Indiens ou Népalais qui servaient dans l’armée britannique.

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3 questions à Jean-Pierre KUCHEIDA, Maire de Liévin et Président de la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin Quelle seront les fonctions du Centre d’interprétation que la CALL va édifier sur la commune de Souchez, au pied de la colline de Notre-Dame-de-Lorette ? Les abords de Notre-Dame de Lorette disposent d’une situation d’excellence au cœur d’un maillage de grands sites de mémoire de la Grande Guerre. Les acteurs du territoire souhaitent développer la filière « tourisme de mémoire ». Je souhaite donc rappeler en premier lieu les principaux objectifs recherchés :

- Bien que largement visité, le Nord – Pas-de-Calais dispose sur la filière tourisme de mémoire d’une

notoriété insuffisante auprès du public notamment Français. Ainsi, la Lorraine (Verdun), la Picardie (Historial de Péronne, le Chemin des Dames), la Flandre Belge (Ypres et In Flanders Fields Museum), ou la Normandie (pour la Seconde Guerre mondiale), disposent d’une renommée plus forte dans ce domaine. Cette recherche de notoriété passe par une meilleure communication de l’offre mais avant tout par un renforcement de celle-ci.

- Le Nord – Pas-de-Calais et notamment les secteurs autour d’Arras et de Lens-Liévin, ont été très

largement marqués par la Grande Guerre. Par sa situation stratégique et sa richesse économique, la région a fait l’objet de convoitises (utilisation des mines, course à la mer) et a été ardemment défendue pour empêcher une occupation plus conséquente. Du fait des destructions massives, les secteurs concernés par les conflits ont connu de nombreux bouleversements. Ainsi la plupart des paysages, l’urbanisme, l’architecture de Reconstruction sont la résultante de cette période. Pour autant, malgré la présence des grands sites de mémoire et des associations d’histoire locale, l’histoire du Nord – Pas-de-Calais, au cours et au lendemain de la Grande Guerre est encore insuffisamment connue du public. Le Centre d’interprétation aura un rôle pédagogique essentiel.

- Malgré un maillage important de sites de mémoire de la Première Guerre mondiale et d’éléments

révélateurs des impacts de celle-ci sur le territoire. La région, ne dispose pas à ce jour, d’un lieu qui puisse servir de portail pour l’ensemble de la filière et qui donne à comprendre le conflit, son empreinte et qui invite le visiteur à découvrir la diversité des sites de mémoire en région.

Pour atteindre ses objectifs, le portail d’interprétation de Souchez développera plusieurs fonctions et proposera au public :

- un espace scénographique de 600 m², d’accès libre et gratuit, permanent et didactique, qui accueillera une présentation synthétique et contemporaine qui donnera les clefs de compréhension des grands épisodes de la Première Guerre mondiale en Artois et en Flandre française.

- Un espace Mémoriel permettra de consulter des terminaux qui donneront les informations utiles sur le parcours des combattants dont les noms sont repris sur le mémorial international qui sera créé à Ablain-Saint-Nazaire face à la Nécropole Notre Dame de Lorette.

- Un espace d’information touristique renseignera les visiteurs sur les sites de mémoire régionaux accessibles au public, sur les circuits thématiques, les randonnées pédestres ou cyclo-touristiques dédiés, sur les possibilités locales de restauration et d’hébergement.

- Un espaces de services comprenant un bloc sanitaire permettant de recevoir les groupes se déplaçant en bus, une boutique thématique et une zone de détente équipée de distributeurs automatiques.

N’avez-vous pas l’impression que les collectivités territoriales et l’Etat ont désormais pris a bras-le-corps la mémoire de la Grande Guerre, après des décennies d’oubli ? L’approche des commémorations du 100ème anniversaire de la Grande Guerre nous oblige à un travail sur la Mémoire. La paix reste fragile, le monde est en effervescence et il faut rappeler à chaque instant l’horreur des

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grands conflits mondiaux du XXe siècle pour que cela ne se reproduise jamais. Dés lors, chacun doit être mobilisé, de l’union européenne en passant par l’Etat et jusqu’à nos plus petites communes. Il est vrai qu’aujourd’hui l’Etat est réellement aux côtés des collectivités pour nous accompagner dans la réalisation des équipements et aménagements. Chacun doit prendre sa part dans cette démarche car au delà du travail essentiel de Mémoire, barrière aux extrémismes, c’est le développement économique et touristique de la région qui est visé. Quels sont les projets portés par les Canadiens sur le site de Vimy, fondateur de leur nation, dans le cadre du centenaire ? Nos amis Canadiens ont mené depuis un an une enquête de fréquentation du site. Les résultats sont impressionnants, plus de 550 000 visiteurs découvrent chaque année le parc et mémorial canadiens, ce qui le place au deuxième rang des sites touristiques du département (après Nausicaa). 117 000 personnes ont été accueillies dans l’actuel centre d’accueil (65 % d’étrangers). Fort de ses résultats, dans la perspective du 100e anniversaire de la prise de la Crête-de-Vimy (9 avril 2017), les autorités canadiennes étudient actuellement la possibilité de créer un centre d’interprétation pour présenter le rôle des Canadiens au cours de la Grande Guerre, les grandes offensives et rappeler comme vous me l’indiquez que l’offensive de Vimy, est à l’origine de la fondation de la nation canadienne. La Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin souhaite être aux côtés des Canadiens, ainsi avec mon collègue, Robert MIELOCH, maire de Givenchy-en-Gohelle, nous engageons une étude pour la création d’un espace d’accueil touristique multiservices au pied de la colline pour développer l’activité de restauration, d’hébergement et de services, totalement absente du site.

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3 questions à Dominique RIQUET, Maire de Valenciennes, Député européen et Président du Comité de Pilotage des Chemins de mémoire Comment la Région Nord–Pas-de-Calais prépare-t-elle la commémoration centenaire de la Grande Guerre ? La Région Nord-Pas-de-Calais, sous l'impulsion du Président Percheron, et avec le partenariat des Conseils Généraux, des Comités de Tourisme et du monde associatif, est engagée depuis maintenant plusieurs années dans un vaste travail sur la restitution de la Mémoire, via à la fois un travail scientifique, des études de

restauration de la Vérité Historique ou de sa remise en perspective, un travail sur l'organisation du tourisme de Mémoire et un travail de fond pour qu'un certain nombre de lieux soit créés soit restaurés. Dans ce contexte nous avons bien entendu essayé de faire coïncider au mieux l'aboutissement de ces différents travaux pour la commémoration du centenaire de la Grande Guerre en 2014. En quoi le monument international qui sera créé sur le site de Notre-Dame-de-Lorette marque-t-il une étape dans la construction d’une identité européenne ? Ce monument revêt une double importance symbolique. C'est d'abord le premier monument et le premier mémorial aux morts d'un conflit qui réunit toutes les parties engagées dans un souci, évidemment, de symbolique, de paix et de dénonciation des horreurs de la guerre. A ce titre 600 000 noms, toutes nationalités confondues et par ordre alphabétique sans distinction d'aucune sorte, permettront à la fois de montrer l'énormité des pertes et de rapprocher ces combattants tombés, il y a maintenant 100 ans dans la mémoire de tous et au service de la paix. Le monument lui-même de par sa nature représente aussi un symbole extrêmement fort, de ce double but :

‐ Hommage et souvenir à tous les combattants de la Grande Guerre tombés sur le territoire de notre Région et symboliquement réunis.

‐ C'est aussi un manifeste contre l'horreur de ce conflit qui a déchiré une Europe, qui est maintenant en passe de s'unir.

Vous qui êtes un spécialiste de l’histoire de la Grande Guerre, quels éléments nouveaux la recherche a-t-elle récemment apportés à la connaissance du conflit ? Depuis maintenant une quinzaine d'années, l'intérêt historique sur la Première Guerre Mondiale a connu un regain absolument extraordinaire. Que ce soit auprès des universitaires, historiens et scientifiques, comme auprès du grand public. Le nombre des travaux d'études scientifiques jusqu'à ceux de la vulgarisation qui sont publiés, est absolument extraordinaire. Dans ces conditions, nous avons évidemment beaucoup progressé sur la connaissance de ce conflit, tant d'ailleurs sur les grands enjeux, les causes déclenchantes, les impacts politiques, l'analyse de la conduite des opérations et la relation de cette conduite avec les politiques mondiales que sur une meilleure connaissance des conditions de vie du combattant, les conséquences de cette guerre à l'arrière. Beaucoup d'études ont également été consacrées aux conséquences économiques, démographiques et mémorielles de ce conflit sur les différentes nations belligérantes. Enfin un très gros travail a été fait sur ce qui reste encore un mystère : Comment ces millions d'hommes ont pu supporter des années durant, des conditions épouvantables sur le plan physiologique et psychologique en restant dans une certaine forme d'obéissance ?La brutalisation de cette guerre les a confrontés à des conditions inimaginables et pourtant de tout côté, si l'on peut dire, ils ont tenu, cela fait également l'objet de très nombreux travaux. En tout état de cause, je pense que nous n'avons pas fini d'épuiser un sujet qui reste si exceptionnel que, pour les gens de notre génération et les plus jeunes, il suscite encore une très grande incompréhension.

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3 questions à Eric LUCAS, Contrôleur général des Armées, Directeur de la Mémoire du Patrimoine et des Archives au Ministère de la Défense

En quoi la convention signée entre le ministère de la Défense et la Région Nord – Pas-de-Calais, en avril 2011, marque-t-elle une évolution dans la mémoire menée par l'Etat ? La convention du 13 avril 2011 est un texte important qui traduit la volonté de l'Etat d'accompagner, pour la première fois, une collectivité territoriale dans l'élaboration et la conception d'un projet mémoriel aussi ambitieux que celui mis en œuvre par la Région Nord – Pas-de-Calais. Plaçant au centre du projet un territoire marqué par les conflits contemporains, cette convention répond aux enjeux actuels de diffusion de la mémoire. Fournissant son expertise, son savoir-faire et s'impliquant dans chacune des dimensions de ce programme mémoriel, le ministère de la Défense accompagne ainsi la Région Nord – Pas-de-Calais. Cette convention renforce la filière du tourisme de mémoire. En effet, celle-ci est devenue, en quelques années, un moteur du développement culturel et économique des collectivités territoriales dont certaines sont privées d'autres ressources. Tourisme de sens, le tourisme de mémoire éveille la conscience des citoyens à leur histoire. Véritable pédagogie par le voyage, le tourisme de mémoire participe à la construction de la citoyenneté et de ses valeurs. Au carrefour du tourisme, de la culture et de l’aménagement du territoire, cette convention prolonge la politique de mémoire portée, pour l’Etat, par le ministère de la Défense et souligne le dynamisme de la Région Nord – Pas-de-Calais dans la valorisation du patrimoine légué par les conflits du XXème siècle. Quelle est selon vous la force essentielle du mémorial que la Région Nord-Pas-de-Calais va édifier sur le site de Notre-Dame de Lorette ? L'une des forces essentielles du mémorial réside d'abord dans le choix du site où il sera érigé. Restée dans l'histoire comme la "butte sanglante", la colline de Notre-Dame de Lorette constitue l'un des hauts-lieux de la mémoire de la Première Guerre mondiale. Les combats qui s'y déroulèrent, au cours de l'année 1914-1-1915, résument l'acharnement des soldats français et allemands à vouloir occuper cette position stratégique qui domine l'Arrageois et la plaine de Lens. Aujourd'hui, au centre de la colline, s'étend le plus vaste des cimetières militaires français : 40 058 corps y reposent, dont 20 060 dans des tombes individuelles et 19 998 dans sept ossuaires et une crypte. Dans ce monument, sont rassemblés les restes morts du soldat inconnu de 1939-3945, de celui d'Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie et enfin la dépouille du soldat inconnu de la guerre d’Indochine. Sa surface est de 25 hectares. L'autre force est ensuite dans le symbole qui surgit de ce projet. Sans oublier nos propres morts, le monument érigé aux abords de la nécropole de Notre-Dame de Lorette constitue d'abord une prouesse mémorielle. En effet, un siècle après la tragédie de la Grande Guerre, l'idée de rassembler en un même lieu tous les soldats alliés et ennemis sur un même monument, soit près de 600 000 noms, constitue bien un défi. Grâce à une méthode scientifique strictement appliquée de récolement, il y a, au travers de ce monument, une victoire de la mémoire sur l'oubli. Dans une "ronde des morts", les noms de ces soldats, dont beaucoup étaient âgés d'une vingtaine d'année, rappellent combien leur sacrifice fut grand. Aujourd'hui, en ces temps apaisés, il convenait donc d'honorer dignement et dans un esprit fraternel le souvenir de ces morts qui furent autrefois amis ou ennemis. S'intégrant parfaitement au site de Notre-Dame de Lorette, la force de ce mémorial réside donc dans sa capacité à sublimer le sacrifice tous les combattants, en honorant dignement leur mémoire. Ici, en ce lieu unique au monde, le visiteur pourra, en un seul coup d'œil, mieux mesurer tous les effets de la mort de masse. C'est pourquoi, à l'heure où le centenaire constitue, pour la première fois, un rendez-vous mémoriel international, il convient que l'Etat au travers du ministère de la Défense s'associe à ce projet porté par la région Nord – Pas-de-Calais.

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Comment l'Etat va-t-il organiser les commémorations de la Grande Guerre sur la période 2014-2018 ?

Comme pour d'autres commémorations importantes de l'histoire de France, l'Etat s'implique dans la mise en œuvre et la coordination d'actions emblématiques pour célébrer le centenaire de la Première Guerre mondiale. Cycle mémoriel majeur, le centenaire de la Grande Guerre sera commémoré dans le monde entier durant plus de quatre années et avec l'ensemble des pays belligérants de la Grande Guerre.

A cet effet, au début de l'année 2012, un groupement d’intérêt public (GIP) baptisé “Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale 1914-2014″ a été créée (Cf. JO du 11 avril). Sa présidence a été confiée au général d’armée Elrick Irastorza, ancien chef d’état-major de l’armée de terre. Cette structure a pour vocation la conception, la préparation et l’organisation du programme commémoratif du centenaire de la Première Guerre mondiale.

Grâce à ce GIP, la France se donne les moyens de préparer ce grand rendez-vous mémoriel international. Dans cette perspective, un rapport de préfiguration rédigé par Monsieur Joseph ZIMET, de la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives au ministère de la Défense et des anciens combattants, a été remis le 11 novembre 2011 au Président de la République.

Ce rapport propose une répartition des tâches entre l'Etat et les collectivités territoriales, avec une action des pouvoirs publics qui se concentrerait sur le début (2014) et la fin (2018) de la commémoration. Le programme commémoratif officiel du Centenaire pour l'année 2014 serait articulé autour de six grands rendez-vous prenant place entre le 28 juin 2014, ouverture européenne du Centenaire, et le 11 novembre 2014, date à laquelle un écrivain et ancien combattant de la Grande Guerre pourrait entrer au Panthéon. Ce programme insistera sur la transmission pédagogique de la mémoire de la Grande Guerre, le développement culturel et scientifique et le tourisme de mémoire.

Ainsi, l'Etat assumera son rôle d’ordonnateur de la politique de mémoire de la Nation et prendra, avec le concours de la société civile et des collectivités territoriales, toute sa part dans l’animation du programme commémoratif du centenaire de la Première Guerre mondiale. Ce programme concentrera l’action de l’Etat sur le début (2014) et la fin (2018) de la commémoration et proposera dans l’intervalle aux collectivités territoriales et aux partenaires étrangers un cycle de commémorations décentralisées qui marquera les grandes étapes de la Première Guerre mondiale sur le territoire national.

Le GIP associe plusieurs départements ministériels (défense, culture, éducation nationale, affaires étrangères, tourisme, intérieur), des établissements publics, notamment l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG), le musée de l’armée et l’établissement public de communication et de production audiovisuelle de la défense (ECPAD), mais également l’association des maires de France et le Souvenir français.

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La création du mémorial international de Notre-Dame-de-Lorette Soucieuse de rendre hommage à la mémoire de tous les combattants morts sur son sol entre 1914 et 1918, la Région Nord–Pas-de-Calais a décidé, avec le soutien de la Direction de la Mémoire du Patrimoine et des Archives du Ministère de la Défense, d’ériger, sur le plateau de Notre-Dame-de-Lorette, face à la nécropole nationale française, un mémorial international. Il s’agira d’inscrire les noms des quelques 600 000 soldats de toutes nationalités tombés en Flandre française et en Artois entre 1914 et 1918 ; les noms seront disposés par ordre alphabétique, toutes nationalités mélangées, amies et ennemies d’hier. L’objectif de ce mémorial est d’ancrer le souvenir de la mort de masse qui a frappé les sociétés européennes (mais aussi celles des empires coloniaux français et britannique), alors que l’Europe connaissait un développement économique et technique exceptionnel et qu’arrivaient à l’âge adulte les premières générations entièrement alphabétisées. Il s’agit aussi de rappeler les ravages qui naquirent de l’affrontement des nationalismes, afin de mieux faire comprendre le caractère exceptionnel de la paix qui règne aujourd‘hui sur le continent européen après des siècles de conflits meurtriers. Ce mémorial, qui sera l’un des plus grands de la planète, est donc à la fois un geste d’hommage et un signe d’espoir. Le Mémorial sera établi sur le plateau, au sud-est de la nécropole, sur un terrain de 2,2 hectares, cédé à la Région Nord–Pas-de-Calais par le Ministère de la Défense, dans le cadre d’une convention signée le 13 avril 2011. Le site ouvre de larges perspectives sur le plateau artésien, avec, en arrière-plan, la ville d’Arras. Un cahier des charges très rigoureux avait été élaboré par la Région, en collaboration avec Madame l’Architecte des Bâtiments de France pour le Pas-de-Calais et la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement. Il prenait en compte les multiples contraintes imposées par la nature et l’esprit des lieux, sur un site inscrit au titre du « grand paysage » (loi du 2 mai 1930). A l’issue d’un concours international qui a mis aux prises cinq équipes françaises et étrangères, le jury a choisi, en avril 2012, le projet de l’architecte parisien Philippe PROST. L’unanimité s’est faite sur la puissance et la pertinence de sa proposition : élégance, respect des lieux et des hommes s’expriment dans la pureté des lignes de l’ellipse qui constitue la structure du monument et dans la sobriété des moyens mis en œuvre. L’œuvre, qui sera inaugurée au printemps 2014, est aussi un tour de force technologique. L’architecte a également prévu un éclairage permanent du monument pendant la nuit, grâce à des panneaux photovoltaïques. Le mémorial de Notre-Dame-de-Lorette constituera un point central de la mémoire collective, française et internationale, sur le territoire du Nord–Pas-de-Calais.

Extraits de la présentation de son projet par Philippe PROST, architecte, lauréat du concours de création du Mémorial de Notre-Dame-de-Lorette « A la nécropole nationale érigée au XXe siècle répondra bientôt, pour célébrer le centenaire de la Première Guerre mondiale, un mémorial international. A la douleur a succédé l’apaisement. (…) Pour réunir les ennemis d’hier, rassembler les 600 000 noms de combattants morts sur les champs de bataille du Nord–Pas-de-Calais, nous avons choisi l’anneau comme figure, en pensant à la ronde que forment ceux qui se tiennent par la main. Anneau synonyme à la fois d’unité et d’éternité : unité car les noms forment alors une sorte de chaîne humaine, éternité puisque les lettres s’enchaînent sans fin, l’ordre alphabétique prévalant sur toute distinction de nationalité, de grade, de religion. (…) Ancré dans le sol sur les deux-tiers de son périmètre, l’anneau s’en détache lorsque la déclivité du terrain s’accentue. Son porte-à-faux est là pour rappeler que la paix demeure toujours fragile. (…) Sur le site même où se déroulèrent d’effroyables combats, la nature a aujourd’hui repris ses droits ; le mémorial inscrira demain la mémoire des morts dans l’espace et au-delà célèbrera la paix retrouvée. »

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Une vaste entreprise de collecte des noms des soldats tués dans le Nord et le Pas-de-Calais entre 1914 et 1918 Une grande opération a été lancée par la Région Nord–Pas-de-Calais en 2011, en partenariat avec la DMPA du Ministère de la Défense, la Commonwealth War Graves Commission pour les combattants britanniques, et le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge (VDK) pour les Allemands. Elle aboutira, début 2013, à l’établissement d’une liste de 600 000 noms environ. La liste des soldats britanniques est désormais bouclée : elle comporte 294 000 noms d’hommes issus de tout l’Empire britannique : Anglais, Ecossais, Gallois, Irlandais, Canadiens, Australiens, Néo-Zélandais, Sud-Africains, Indiens. La liste allemande, fournie par le VDK, comporte 174 000 noms ; elle ne contient pas l’intégralité des tués allemands, en raison de la destruction d’une partie des archives pendant la Seconde Guerre mondiale. La Région Nord–Pas-de-Calais a mis sur pied une équipe pour saisir la liste des soldats français tués sur le front de Flandre française et d’Artois, à partir de la base de données des « Morts pour la France » fournie par la DMPA ; le nombre peut désormais être estimé à 105 000 ; en février 1916, les troupes françaises furent transférées vers Verdun, cédant la place à l’armée britannique. Enfin, les combattants d’autres nationalités ont été recensés : Belges, Portugais, Russes, Roumains, etc.

Maître d’ouvrage : Conseil régional Nord-Pas de Calais Inauguration : décembre 2013 Fin des travaux : printemps 2014 Budget prévisionnel de l’opération : 6,5 millions d’euros (toutes dépenses confondues)

Un travail de mémoire de grande ampleur : « les Chemins de mémoire » La création et le développement des « Chemins de mémoire en Nord–Pas-de-Calais » ont été placés sous la tutelle d’un comité de pilotage régional rassemblant des représentants des différentes collectivités territoriales (Conseil régional, Conseil Général du Nord, Conseil Général du Pas-de-Calais) et de l’Etat (Ministère de la Défense, Préfecture du Pas-de-Calais). Le comité de pilotage est présidé par M. Dominique RIQUET, Maire de Valenciennes et Député européen. Pour l’accompagner dans sa réflexion, le comité s’est adjoint les compétences d’un comité scientifique rassemblant historiens et archéologues français, britanniques, allemands et belges. Le comité scientifique a œuvré à l’identification des sites majeurs témoignant des différents épisodes qui ont fait l’histoire de la région au cours de la Grande Guerre dans le but de structurer des itinéraires thématiques de découverte de ce patrimoine : « les Chemins de mémoire de la Grande Guerre en Nord-Pas de Calais ». Une fois conçus, ces itinéraires 14-18 ont été confiés au Comité Régional de Tourisme pour en assurer la mise en œuvre. Le CRT a développé un ensemble de supports d’information du public, et en particulier un site internet, qui décrit une centaine de sites de mémoire et fournit des informations historiques approfondies : www.cheminsdememoire-nordpasdecalais.fr

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La création d’un centre d’interprétation, à Souchez Dans le cadre de la convention Etat-Région, il a été décidé de créer un centre d’interprétation sur la commune de Souchez, au pied de la colline de Notre-Dame-de-Lorette. La maîtrise d’ouvrage est assurée par la CALL, propriétaire du terrain de 4 hectares sur lequel sera construit l’équipement ; elle bénéficie d’une ingénierie culturelle fournie par la Région, partenaire du projet. Le programme de ce « Portail des champs de bataille de la Grande Guerre en Flandre française et en Artois » a été validé au printemps 2012 et un concours d’architectes-scénographes est en cours ; le lauréat sera désigné en septembre 2012. Le Centre d’interprétation sera inauguré en octobre 2014, date commémorative de l’installation de l’armée allemande sur le territoire actuel de la CALL. Le centre d’interprétation brossera un tableau à la fois synthétique, accessible, rigoureux et spectaculaire des grands axes de l’histoire du Nord et du Pas-de-Calais pendant la Grande Guerre :

- carnages de la guerre de mouvement pendant la « course à la mer ». - occupation de la majeure partie du département du Nord et du Bassin minier pendant quatre ans, sous

un régime très sévère imposé par l’armée impériale (pillage économique, travail forcé, déportations). - le front, de la frontière belge à la Somme, avec les grandes offensives menées par les Alliés en 1915

(deuxième et troisième batailles d’Artois, Loos) et en 1917 (Batailles d’Arras et de Cambrai), puis par les Allemands en 1918 (offensives sur la Lys et au sud d’Arras).

- Présence de combattants venus de la Terre entière. - Mort de masse des combattants et destruction considérable des paysages. - Mise en place, après-guerre, des lieux de mémoire (cimetières et mémoriaux).

Tous les moyens actuels de la scénographie seront utilisés : visuels de grande dimension, projection audiovisuelles de films d’archives, maquettes à différentes échelles, tables tactiles, etc. Le centre présentera également des éléments de la remarquable collection d’objets constituée par l’archéologue arrageois Alain Jacques, spécialiste éminent de la Grande Guerre. Le « Portail » de Souchez proposera également un espace de consultation informatique qui permettra d’accéder au parcours des 600 000 combattants dont le nom sera inscrit sur le mémorial international de Notre-Dame-de-Lorette, ainsi qu’un point d’information touristique.

Maître d’ouvrage : Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin Inauguration : Octobre 2014 Budget prévisionnel de l’opération : 6,7 millions d’euros HT

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Notre-Dame-de-Lorette, le cœur de la mémoire régionale de la Première Guerre mondiale Faisant le constat de la nécessaire revalorisation de la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette, située sur la commune d’Ablain-Saint-Nazaire (Pas-de-Calais) et de ses abords, l’ensemble des collectivités ont uni leurs forces. L’Etat, représenté par le Ministère de la Défense et des Anciens Combattants, a entrepris de restaurer la basilique et la tour-lanterne qui se trouvent au centre de la nécropole nationale française et de sécuriser l’enceinte du cimetière par un système de vidéosurveillance, après les actes de profanation du carré musulman qui ont eu lieu en avril 2007 puis en décembre 2008.

Le petit musée situé dans la tour-lanterne a fait l’objet d’une requalification en 2008. La Direction de la Mémoire du Patrimoine et des Archives a par ailleurs entrepris de réaménager l’entrée principale de la nécropole, afin de lui rendre sa solennité, et les stationnements situés à proximité, les travaux devant être achevés pour 2014.

La Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin (CALL) a décidé de construire, sur le territoire communal de Souchez, un Centre d’Interprétation destiné à établir le récit de la Grande Guerre sur le territoire du Nord et du Pas-de-Calais. Conçu comme un « Portail des champs de bataille », cet équipement, qui sera d’accès libre, sera inauguré en octobre 2014. Il fait l’objet d’une présentation détaillée dans la suite de ce document.

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La CALL et le Département du Pas-de-Calais ont uni leurs efforts pour requalifier la route d’accès à la nécropole depuis la base de la colline de Notre-Dame-de-Lorette. Un parcours piétonnier sera créé en même temps que la réfection de la chaussée. Les travaux seront réalisés à la fin de l’année 2012.

Enfin, un circuit de randonnée cyclotouriste a été créé autour des « hauts-lieux de la Grande Guerre en Artois » avec pour point de départ Notre-Dame-de-Lorette, dans le cadre d’un partenariat entre la CALL, la Communauté de communes de l’Artois et le Comité Régional de Tourisme. Il sera inauguré à l’été 2012.

Le soutien à des projets de musées locaux Au titre de sa politique des « Chemins de mémoire », le Conseil régional a souhaité apporter son soutien à différents projets d’équipements structurants :

- ouverture au public de la Carrière Wellington à Arras, effective depuis 2008, - réhabilitation du musée Jean et Denise Letaille de Bullecourt (Pas-de-Calais,

inauguré le 25 avril 2012), création du musée australien de Fromelles (Nord, inauguration prévue le 19 juillet 2013), projets initiés par l’Etat Australien dans le cadre d’un programme de revalorisation des sites témoignant de l’engagement des forces australiennes durant la Première Guerre mondiale intitulé « The Australian Remembrance Trail along the Western Front »

- transformation en œuvre d’art contemporain de la Maison Forestière Wilfred

Owen à Ors (Nord) dans le cadre du contrat de développement du Pays du Cambrésis (inaugurée le 1er octobre 2011).

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Annexes

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Eléments d’information historique sur le site de

Notre-Dame-de-Lorette Avant la Grande Guerre, une chapelle dédiée à Notre-Dame-de-Lorette se trouvait au sommet du plateau. Au début du XVIIIe siècle, après à sa guérison miraculeuse lors d’un pèlerinage au sanctuaire de Loretto en Italie, un habitant d’Ablain-Saint-Nazaire avait décidé d’ériger sur le plateau qui surplombe son village une chapelle dédiée à Notre-Dame de Lorette. Un édifice plus vaste fut construit au cours du XIXe siècle. Le 4 octobre 1914, après avoir échoué à prendre Arras, l’armée allemande se rend maître de la colline haute de 165 mètres. Il faut sept mois de combats acharnés, de décembre 1914 à juin 1915, pour que l’armée française, au prix de très lourdes pertes, parvienne à s’emparer du plateau de Notre-Dame-de-Lorette. Au cours des trois batailles d’Artois, on estime à près de 180 000 les pertes (tués, blessés et portés disparus) dans les rangs français et à 130 000 dans les rangs allemands.

Créée en application d’un décret du Président de la République française en date du 16 janvier 1924, la nécropole nationale, le plus grand cimetière militaire français, occupe une superficie de 27 hectares, au sommet du plateau, à l’emplacement où se trouvait la chapelle Notre-Dame-de-Lorette, qui fut anéantie par les combats. Constituée à partir d’un petit cimetière aménagé en 1915, elle fut considérablement agrandie par le regroupement, au début des années 1920, des corps de soldats français reposant dans plus de 150 cimetières provisoires, en Artois, en Flandre française et sur le front de l’Yser, en Belgique. 40 057 corps y reposent ; tous sont des soldats tués lors de la Grande Guerre sur les fronts d’Artois et de Flandre française, à l’exception de 6 sépultures de la campagne de France de 1940. On compte 39 985 Français (dont 19 998 reposent dans sept ossuaires et dans une crypte), 64 Russes, un Belge et un Roumain. Au centre du cimetière se dressent une basilique, de style néo-byzantin (consacrée en 1937), et une tour-lanterne (haute de 52 m, inaugurée en 1925), édifices conçus par le grand architecte lillois Louis Cordonnier, assisté de son fils. À la base de la tour-lanterne a été aménagée une crypte où furent successivement déposés : en 1950, le corps d’un soldat inconnu de la Seconde Guerre mondiale ; en 1955, des cendres de déportés morts dans les camps de concentration nazis ; en 1977, un soldat inconnu des conflits d’Afrique du Nord (1952-1962) ; enfin, en 1980, un soldat inconnu de la Guerre d’Indochine (1945-1954). La basilique contient des fresques et des vitraux qui évoquent la Grande Guerre et l’histoire religieuse et patriotique de la France. De nombreuses plaques furent apposées par des familles ou des camarades à la mémoire de soldats tués au combat.

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Deux grandes allées, bordées d’alignements de tombes individuelles, forment, en se croisant entre la basilique et la tour-lanterne, une vaste esplanade dédiée aux cérémonies officielles. Dans l’angle sud-ouest de la nécropole se trouve un carré musulman. A la base de la tour lanterne a été gravé un quatrain composé par Monseigneur Julien, Évêque d’Arras :

« Vous qui passez en pèlerins près de leurs tombes, Gravissant leur calvaire et ses sanglants chemins

Ecoutez la clameur qui sort des hécatombes Peuples, soyez unis – Hommes, soyez humains. »

En 1920, des anciens combattants créent l’Association du Monument de Notre-Dame-de-Lorette dans le but d’entretenir le site de la nécropole, d’y accueillir les familles venues se recueillir sur la tombe d’un des leurs, et de veiller au souvenir de ces « Morts pour la France ». Organisés en sections locales, les membres de cette association, appelés les Gardes d’honneur, s’engagent bénévolement à assurer au moins une journée de présence sur le site de la nécropole. L’Association compte, aujourd’hui, 4 000 membres, sous la présidence de M. Michel Haute.

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Le Nord-Pas de Calais, une région profondément marquée par la Grande Guerre

La commémoration centenaire de la Grande Guerre, entre 2014 et 2018, va provoquer une montée en puissance considérable de la demande mémorielle au sein des pays qui furent belligérants pendant ce conflit. En France, après plusieurs décennies d’effacement liées aux déchirements de l’Occupation allemande de la Seconde Guerre mondiale et des guerres coloniales, la société a entrepris, depuis la fin des années 1980, de se pencher sur le traumatisme considérable que fut la Première Guerre mondiale ; la mort du dernier « Poilu », en 2008, a achevé le basculement de la mémoire vers l’histoire, alors que se multipliaient les publications universitaires qui renouvellent notre connaissance du conflit. La Région Nord–Pas de Calais fut, pendant la Grande Guerre, une zone de front : pendant quatre années, les tranchées ont balafré ses paysages, entre la frontière belge et la Somme. Elle a connu des affrontements terribles – batailles d’Artois de 1914 et 1915 opposant Français et Allemands, offensives britanniques majeures sur Loos (septembre 1915), devant Arras (avril-juin 1917) et Cambrai (novembre 1917) – avant de subir les assauts massifs de l’armée impériale allemande, en avril 1918. Les deux départements du Nord et du Pas-de-Calais étaient respectivement placés, fin 1918, au premier et au troisième rang des zones détruites par les combats, avec près de 300 villages et villes (Lens, Armentières, Bailleul) anéantis. La mémoire collective a fixé en d’autres lieux symboliques (Verdun pour les Français, la Somme et Ypres pour les nations britanniques) le souvenir de la mort de masse des soldats. Pourtant, les champs de bataille de Flandre française et d’Artois ont donné naissance à plusieurs centaines de cimetières militaires, à la plus grande nécropole française (Notre-Dame-de-Lorette) et à la plus grande nécropole allemande (La Maison-Blanche, à Neuville Saint-Vaast).

Hier au cœur des conflits, le Nord–Pas-de-Calais est devenu l’un des cœurs d’une Europe pacifiée. Les jeunes générations européennes ont intégré le ravage qu’ont été les deux conflits mondiaux et s’accordent de plus en plus à considérer ces épisodes tragiques du XXe siècle comme les premières pages d’une histoire européenne commune. Les ennemis d’hier sont désormais les principaux moteurs de la construction de l’Union Européenne pensée par ses pères fondateurs comme le meilleur moyen de préserver la paix sur le continent. La Paix en Europe promue par les ennemis d’hier, tel est le message délivré par la signature du projet régional « Chemins de mémoire ».