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Opération campus : Le « Tour de France » des laissés pour compte Premier bilan de « l’opération campus » et revendications des étudiants en matière de rénovation des universités DOSSIER DE PRESSE

Dossier de presse sur le plan campus

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Le dossier fait par l'UNEF lors de la mise en place du Plan campus

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Page 1: Dossier de presse sur le plan campus

Opération campus : Le « Tour de France » des laissés pour compte

Premier bilan de « l’opération campus » et revendications des étudiants en matière de rénovation des universités

DOSSIER DE PRESSE

Page 2: Dossier de presse sur le plan campus

Dossier de Presse p.2

Opération campus

Sommaire Opération campus : une méthode et une ré-ponse inadéquates (p. 3)

1) Un constat : le patrimoine universitaire français est en mauvais état (p. 4) 2) L’opération campus : une méthode de mise en concurrence (p. 5)

Zoom sur : L’Ile de France, la grande oubliée (p.7)

Les 5 exigences de l’UNEF (p. 10)

1111 1,5 milliards pour rénover l’ensemble des sites universitaires dégradés

� � � � Le gouvernement doit retenir les 4 pro-jets des étudiants

� � � � Remettre les étudiants et les sciences hu-maines au cœur des 6 projets déjà retenus

� � � � Associer les étudiants et la communauté universitaire au plan campus

� � � � Garantir que l’enveloppe globale s’élèvera bien à 5 milliards d’euros

Le tour de France des universités laissées pour comptes : quelques exemple en images (p. 14)

Page 3: Dossier de presse sur le plan campus

Dossier de Presse p.3

Opération campus : une méthode et une réponse inadéquates

V alérie Pécresse a annoncé jeudi 29 mai les 6 premiers projets retenus dans le cadre du plan campus. L’opération campus démontre enfin une prise de conscience de l’état dégradé des bâtiments universitaires. Mais préférant concentrer les crédits sur 10 campus vitrine plutôt que de s’attacher à répondre au fond du problème en ré-

novant l’ensemble des sites dégradés, le gouvernement fait le choix d’une politique à courte vue. L’UNEF a dénoncé dès le début le risque que l’opération campus n’aboutisse à la mise en place de pôles d’excellence. Elle a ainsi obtenu que la Ministre intègre comme critère de choix des dossiers l’état de dégradation du patrimoine immobilier et s’engage à réserver une enveloppe de crédits pour une série d’opération de rénovation venant s’ajouter aux 10 rete-nus dans le cadre de « l’opération campus » Or, l’annonce des 6 premiers projets n’a pas apporté de réponse satisfaisante à nos inquié-tudes. Si le choix de grandes métropoles régionales permet de retenir les projets touchant le plus d’étudiants, le fait qu’aucune ville moyenne n’ait été retenue risque de creuser les iné-galités et de reléguer durablement les petites universités au second plan. Pourtant, 30% du patrimoine universitaire est en état dégradé, 15% des campus sont inadaptés à leur mission, et la moitié des campus n’ont connu aucune rénovation depuis 30 ans. Les campus universi-taires français sont également loin des standards internationaux en termes de qualité d’étu-des, d’accueil et de vie des étudiants. Les surfaces restent encore insuffisantes. Les universi-tés françaises ne disposent que de 7,7 m² par étudiant, ce qui est bien inférieur aux stan-dards internationaux. Pire, au sein des projets retenus, les universités de lettres et sciences humaines sont bien souvent marginalisées et la vie étudiante n’apparaît souvent pas comme une priorité. Parce que l’opération campus a été réalisée en toute opacité, en prenant soin de tenir à l’é-cart de l’élaboration des projets comme de leur sélection les étudiants, pourtant premiers concernés par le sujet, l’UNEF a réalisé son propre classement des 4 derniers projets devant être sélectionnés afin que les priorités des étudiants soient enfin prises en comp-te. L’UNEF rend également public un tour de France des campus dégradés pour démontrer s’il en était besoin que c’est bien d’un plan d’ensemble de rénovation et non d’une opération ciblée dont les universités ont besoin. L’UNEF interpelle le gouvernement et exige 5 garanties :

1111 L’attribution de 1,5 milliards d’euros (soit 30% de l’enveloppe globale) pour les petits projets de rénovation s’ajoutant aux 10 projets � � � � La prise en compte de la situation de tension extrême de l’enseignement

supérieur francilien et de sites de villes universitaires moyennes pour le choix des 4 derniers projets. Les projets retenus, au contraire de celui porté par exemple par l’université Paris 9 Dauphine ou Marne La Vallée, devront privilégier les universités ayant des bâtiments particulièrement délabrés et manquant clairement de surface d’enseignement (Paris 1, Reims…)

� � � � L’intégration dans les 6 projets déjà retenus des sites de lettres, sciences humaines et sociale, et le renforcement des problématiques de vie étudiante

� � � � Une garantie de transparence : alors que le Ministère et les universités ont re-fusé de transmettre les dossiers à l’UNEF et aux étudiants, l’UNEF exige qu’ils soient trans-mis à l’ensemble des membres du CNESER et à ce que les élus étudiants soient associés lo-calement à l’élaboration et la mise en œuvre des projets. � � � � La garantie que l’enveloppe globale s’élèvera bien à 5 milliards d’euros,

conformément aux engagements du Président de la République

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Dossier de Presse p.4

Opération campus : une méthode et une réponse inadéquates

1) Un constat : le patrimoine universitaire français est en mauvais état Dans le cadre de l’opération campus, pas moins de 46 projets qui ont été déposés, concer-nant plus de 100 établissements d’enseignement supérieur. Le nombre de dossiers déposés démontre la difficulté de toutes les universités à faire face à leur situation immobilière. 1/3 des bâtiments universitaires sont en situation dégradée

L’Observatoire de la sécurité des établissements scolaires et de l’enseignement supérieur évalue à 1/3 du patrimoine universitaire en état dégradé1 ou fortement dégradé. Cette si-tuation concerne aussi bien les infrastructures immobilières que les équipements scientifi-ques et pédagogiques. Elle a des conséquences négatives sur les activités d’enseignement et de recherche. Faute de matériel aux normes, certains présidents sont obligés de fermer des laboratoires. En février 2007, le président de l’université de Lyon 1 a été obligé d’inter-dire les manipulations chimiques dans plusieurs bâtiments parce que les appareils d’extrac-tion des vapeurs n’étaient plus aux normes, pénalisant ainsi étudiants et chercheurs.

Si certains bâtiments universitaires sont dans un état aussi désastreux, c’est parce que les crédits de maintenance restent insuffisants. En 2002, l’enveloppe budgétaire consacrée à la maintenance des bâtiments ne prévoyait2 que 7,7 € par m², alors que le coût moyen recon-nu par les professionnels pour un entretien correct des locaux est supérieur à 18 € par m². Pour être efficace sur le long terme, « l’opération campus » doit donc s’accompagner d’une augmentation des crédits de maintenance des universités.

Alors que la loi3 prévoit que toutes les universités « doivent être telles que toute personne handicapée puisse y accéder, y circuler, et y recevoir les informations qui y sont diffusées », et que plus de 7 500 étudiants handicapés sont accueillis au sein des universités françaises, les locaux ne sont pas adapté à leur accueil. Pour rendre l’ensemble des locaux accessibles, un investissement de 150 millions d’euros sera nécessaire4.

Un manque de place persistant

Les surfaces restent encore insuffisantes. Les universités françaises ne disposent que de 7.7 m² par étudiant. La surface moyenne par étudiant est bien inférieure aux standards interna-tionaux. Les amphis sont surchargés, les salles de TD sont souvent trop petites. Faute de crédits, les universités ne peuvent pas construire de nouveaux bâtiments. Elles sont donc dans l’obligation de louer ou d’acheter des bâtiments démontables. Aujourd’hui 500 000 m², soit 4%, du parc immobilier universitaire est composé de ce type de bâtiments(5). Attein-dre, comme la souhaité Valérie Pécresse dans le plan réussite en licence, 25h de cours par semaine en 1ère année et limiter à 20% le nombre de cours en amphis, nécessite donc la mise à disposition de nouvelles surfaces d’enseignement, adaptées à une pédagogie plus individualisée. Par ailleurs, le patrimoine est inadapté à l’accueil des étudiants dans de bon-nes conditions. Des espaces de vie étudiante doivent être construits sur chaque campus.

1 Rapport de 2002 de l’Observatoire de la sécurité des établissements scolaires et de l’enseignement supérieur 2 Chiffres du rapport de la mission d’information du Sénat sur le patrimoine immobilier universitaire de mars 2003 3 Loi d’orientation du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handi-capées 4 La politique d’accueil des étudiants handicapés, IGAENR, juillet 2006 5 Rapport de 2001 de l’Observatoire de la sécurité des établissements scolaires et de l’enseignement supérieur

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Dossier de Presse p.5

Un retard inquiétant sur la vie étudiante

Le retard français par rapport aux grands campus internationaux est particulière-ment frappant concernant la vie étudiante. Installations sportives vétustes et peu nombreuses, bibliothèques surchargées, absence d’équipements culturels font le quotidien des universités françaises. S’ajoute à cela la situation catastrophique du logement étudiant : moins de 7% des étudiants sont hébergés en cités Universitai-res, 2/3 des cités Universitaires n’ont jamais été rénovées. Tout ceci nuit fortement aux conditions de vie et d’études des étudiants, mais aussi à l’attractivité des cam-pus universitaires français.

2) L’opération campus : une méthode de mise en concurrence 6 projets retenus, 40 laissés pour compte

Au lieu de répondre à ces enjeux et de mettre en place un plan pluriannuel d’am-pleur permettant à l’ensemble des universités de rénover leur patrimoine dégradé, d’accroître en fonction de leurs besoins leur surface d’enseignement et de recher-che et d’améliorer la vie étudiante, le Ministère a préférer concentrer les moyens sur 10 campus pour constituer des vitrines de l’enseignement supérieur français, et tenter de dissimuler l’état de 80% des universités françaises derrières ces campus à visibilité internationale. Ainsi, alors que les 6 campus retenus sont implantés sur les plus grandes villes universitaires de province, ils concernent moins de 15% 6 des étudiants français. Les universités de taille moyenne mises de côté

Les 6 projets retenus émanent d’universités de grandes villes universitaires ayant fait le choix de mutualiser leurs forces. L’avantage indéniable est que cela permet de toucher le plus d’étudiants, cependant, cela conduit à accroître l’écart avec les petites et moyennes universités. En effet, ces universités sont déjà tenues à l’écart des Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur et des rapprochements qui se mettent en place. Ainsi, dans quelques années, il y aura à Marseille et à Montpellier des universités de près de 80 000 étudiants, tandis qu’à leur porte resteront les universités de Nîmes (4000 étudiants) et d’Avignon (7000 étudiants). Le risque est grand de voir se développer des universités à deux vitesses, les premières étant reconnues internationalement et les secondes cantonnées à leur rôle d’universités de proximité, et de déconnecter ainsi les premiers cycles universitaires de la recher-che. En écartant les universités de taille moyenne, Valérie Pécresse a fait le choix d’accentuer cette logique. Une recomposition autoritaire de la carte universitaire

Tous les projets retenus sont localisés dans l’une des 15 premières villes de France. Le plan campus privilégie les projets nés de regroupements d’universités dans les grandes métropoles régionales et risque de creuser les inégalités en reléguant du-rablement les petites universités au second plan. Si l’UNEF n’est pas opposée à des modifications de la carte universitaire, elle refuse toute recomposition autoritaire de celle-ci par le biais d’une « carotte financière à la rénovation » poussant à des regroupements universitaires sans réflexion sur leur cohérence et leurs conséquences. L’UNEF s’inquiète particulièrement des consé-quences en termes de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur : les

6 Ce chiffre est très large, puisqu’il est obtenu en additionnant l’ensemble des étudiants inscrits dans des établisse-ments associés au projet, alors que l’ensemble des sites ne sont pas concernés par le plan campus. Il faudrait donc plutôt vraisemblablement diviser ce chiffre par deux.

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Dossier de Presse p.6

universités de villes moyennes jouent un rôle majeur pour permettre à des étu-diants qui se trouveraient trop éloignés d’un site universitaire de poursuivre des études. Les regroupements d’universités et la concentration des moyens sur 10 campus « d’excellence » fait courir un risque bien réel d’apparition d’universités de second plan voire par endroits de « déserts universitaires ».

Les regroupements d’universités contraints par la carotte financière de « l’opération campus » ignorent la nécessaire réflexion sur l’aménagement du territoire en ma-tière universitaire, que l’UNEF réclame, et sur laquelle l’Etat a fait l’impasse depuis de trop nombreuses années malgré des évolutions importantes (bassins d’emplois, démographie, mouvements de population, etc…). Une telle réflexion, indispensable, doit être pilotée au niveau national, en association avec la communauté universitai-re et les élus locaux. Les PPP : une menace sur le service public

La Ministre a fait le choix d’exiger de l’ensemble des universités qu’elles recourent à des Contrats de Partenariats Publics Privés pour la gestion des opérations du plan campus. S’il est tout à fait logique que les universités ne soient pas maîtres d’ou-vrage, les PPP conduisent au contraire à revenir sur l’autonomie accordée aux uni-versités en confiant leur patrimoine immobilier rénové à des propriétaires privés. En effet, dans le cadre des PPP, ce sont les entreprises privées, propriétaires des lo-caux, qui assurent l’investissement et la maintenance. Elles sont rémunérées par le loyer versé ensuite pendant plusieurs dizaines d’années par les universités qui pour-raient récupérer la propriété des locaux à la fin de cette période.

L’UNEF craint que cette situation conduise les universités à se mettre dans une si-tuation financière difficile et remette en cause la nécessaire neutralité des bâti-ments universitaires en confiant leur propriété à des entreprises privées. L’UNEF demande expressément à ce que les PPP ne s’appliquent pas aux opérations d’investissement en matière de vie étudiante (cafétéria, restau-ration, logement) : les tarifs pratiqués (et notamment les loyers de sortie) risquant d’être plus élevés que les tarifs sociaux pratiqués par le CROUS. Une méthode opaque

L’opération campus a été réalisée en tournant le dos à la communauté universitaire et notamment aux étudiants. Valérie Pécresse a fait le choix de s’appuyer sur un comité ad hoc, constitué par ses soins sans s’embarrasser de représentants légitimes de la communauté universitai-re. Ainsi, le comité de sélection des projets comporte seulement des membres nom-més, et n’est composée d’aucun élu étudiant. Enfin, le Conseil National de l’Ensei-gnement Supérieur et de la Recherche (CNESER), n’a reçu aucune information sur l’opération campus et n’a été consulté ni sur les modalités de l’opération, ni sur les projets retenus.

Au niveau local, les projets ont été élaborés directement par les équipes de direc-tion et n’ont été qu’extrêmement rarement soumis aux conseils d’universités. Les élus étudiants n’ont été ni associés, ni consultés, ni même informés des projets. Ainsi, à l’heure actuelle, l’UNEF – qui est pourtant la seule organisation étudiante à avoir un élu étudiant dans l’ensemble des conseils d’administration d’universités - ne dispose que d’une information partielle sur uniquement 30% des projets dépo-sés, la majorité des universités ayant refusé de transmettre les dossiers aux étu-diants.

L’UNEF dénonce cette méthode qui conduit à mettre entre les mains des présidents d’universités l’ensemble des choix stratégiques, en tournant le dos aux représen-tants élus de la communauté universitaire, et notamment aux étudiants. Pourtant, cette association premiers concernés par la rénovation des campus à la procédure, loin d’être une contrainte inutile, est le seul moyen de garantir que les projets pro-posés soient réellement en phase avec les besoins des étudiants.

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Dossier de Presse p.7

M algré 16 projets proposés à Paris, aucune université parisienne n’a été rete-nue dans la première vague de sélection de l’opération campus. Pourtant la région parisienne réunit près de 27% du nombre total d’étudiants, et Paris concentre un ensemble de difficultés caractéristiques de la crise de l’immobi-

lier universitaire. Avec à peine 1,1 m2 par étudiant, et des sites morcelés et occupés de façon totalement incohérente, les étudiants franciliens sont soumis à des problèmes de surface évidents, et doivent souvent effectuer de longs trajets pour aller d’un site uni-versitaire à l’autre, à l’image des étudiants de Paris 2 qui ont cours dans des salles de cinéma tellement le site d’Assas est surpeuplé. En plus d’être insuffisant, le patrimoine universitaire est souvent très dégradé. Le campus de Jussieu est toujours amianté et les travaux s’éternisent, Paris 1 Tolbiac est confronté à de gros problèmes de sécurité…Quant à la vie étudiante, elle est quasiment inexistante : les installations sportives et culturelles sont loin des besoins, les surfaces de bibliothèques indigentes, et moins de 3% des étudiants ont accès à une chambre en cité universitaire. Les projets déposés ne permettent pas de répondre à ces enjeux, et malgré cette ur-gence, les universités n’ont pas su prendre leurs responsabilités dans le cadre de l’opé-ration campus. Les regroupements d’universités ou d’établissements dans les projets ne répondent ni à une logique géographique, ni à une logique académique mais font d’a-bord écho à des alliances correspondant aux histoires et amitiés des uns et des autres. Ainsi, les universités Paris 1 et Paris 4 sont exclues du projet Paris Universitas visant à créer un campus sur la montagne Sainte-Geneviève. Ainsi, l’université Paris 9 Dauphine, pourtant une des universités les mieux dotées, a présenté seule un projet. Quant aux universités de banlieue, à forte mixité sociale, elles ont été exclues : Paris 8 (Seine Saint Denis) et Paris 13 (Villetaneuse) n’ont été intégrées qu’à la marge du projet de Paris 1 (Panthéon Sorbonne) « Condorcet », dans lequel aucune réhabilitation des campus de Paris 8 et 13 n’est prévue. La ministre elle-même admet un manque de concertations pour les projets universitaires de la capitale, « la situation est totalement emmêlée […] les projets sont affaiblis par cette situation, il existe une « vraie difficulté » sur la région parisienne. Aucun projet n’a prévu un plan général de rénovation de ses sites, aucune n’a prévu la construction d’une bibliothèque interuniversitaire, alors que tous les étudiants subissent l’engorgement des bibliothèques universitaires parisiennes, aucun n’a prévu la mise en commun d’équipe-ments sportifs. Si Valérie Pécresse fait le constat que «la problématique de la restaura-tion et du logement n’est pas concerté », aucune solution n’est proposée. Pourtant, ce problème n’est pas nouveau, et a déjà conduit à ce que l’ensei-gnement supérieur francilien ne bénéficie qu’à la marge des plans d’investis-sements précédents dans l’immobilier universitaire, les plans U2000 et U3M. Combien de temps faudra-t-il donc attendre pour que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités, réorganisent l’imbroglio parisien, et investis-sent les moyens nécessaires à la rénovation et à l’élargissement des surfaces d’enseignement et de recherche ?

L’Ile de France, la grande oubliée Zoom

sur...

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Dossier de Presse p.8

Un règlement de compte politique plutôt qu’un règlement des problèmes des universités ?

Pour justifier qu’aucun projet parisien n’ait été retenu, Valérie Pécresse a rappelée qu’à Paris, « l’engagement des collectivités locales est malheureusement insuffi-sant »7, ce qui reste à démontrer. Après l’annonce de la mise en place d’une « conférence du logement étudiant en Ile de France» (à ce jour restée lettre morte) pour tacler la Ville de Paris en pleine campagne municipale, Valérie Pécresse dé-montre son intérêt pour le règlement de compte politique plutôt que pour le règle-ment des problèmes des universités.

Surtout, au-delà de la polémique, Valérie Pécresse feint d’ignorer que l’Etat a une responsabilité importante dans la crise de l’immobilier parisien, parce qu’il na pas voulu ni su assumer son rôle de pilote et de régulateur de l’implantation universitai-re, et parce qu’il n’a que trop rarement mis à disposition des universités le foncier et les bâtiments qu’il cédait dans la capitale. En matière de logement étudiant par exemple, l’Etat a mis moins de terrain ou bâtiment à disposition du CROUS de Paris pour les opérations de construction en cours que la Ville de Paris. L’Etat préfère bien souvent vendre ses biens aux prix du marché, ce qui s’avère très lucratif, plu-tôt que de les mettre au service d’opération immobilières d’intérêt général qui relè-vent d’ailleurs souvent de sa responsabilité, comme l’immobilier universitaire ou encore le logement étudiant.

7 Réponse à Jean Tibéri à l’Assemblée nationale lors de la séance des questions au gouvernement du mercredi 4 juin 2008

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Page 9: Dossier de presse sur le plan campus

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Les 5 exigences de l’UNEF

� � � � 1,5 milliards pour rénover l’ensemble des sites universi-taires dégradés

Suite aux demandes de l’UNEF d’aller au-delà de 10 projets, Valérie Pécresse a af-firmé à plusieurs reprise que «toutes les situations [immobilières] préoccupantes seront réglées d’ici à 2012 » 8 et que « [les universités] qui ne seront pas sélection-nées pourront bénéficier des crédits budgétaires libérés par mon ministère afin d’accélérer leur rénovation » 9. Elle a également donné une « mention » aux projets de certaines universités de Rennes, Cergy, Valenciennes, le Havre et Dijon (sans indiquer pour autant ce que cela signifiait).

Malgré ces propos, aucun engagement sur les crédits dédiés à ces opérations ni sur la liste des universités concernées n’a été pris. L’UNEF demande donc à Valérie Pécresse de joindre les actes à la parole et d’indi-quer au plus vite le montant global de l’enveloppe permettant d’engager des opéra-tions de rénovations venant s’ajouter aux 10 projets de l’opération campus. L’U-NEF demande à ce que 30% de l’enveloppe globale, soit 1,5 milliards, soit réservée aux projets de rénovation urgente s’ajoutant aux 10 projets comme la Ministre s’y était engagée.

Dans l’immédiat, l’UNEF demande que l’ensemble des bâtiments ayant reçus un avis négatif de la commission hygiène et sécurité soient réhabilitées en urgence. Au-delà, c’est à la totalité des situations d’urgence immobilière qu’il faut répondre par le biais d’un plan pluriannuel de rénovation qui permette de rénover l’ensemble des universités, sur tout le territoire de façon durable.

���� De façon à démontrer l’urgence de l’intervention, l’UNEF a réali-sé un tour de France des campus dégradés (à la fin de ce dossier)

� � � � Le gouvernement doit retenir les 4 projets des étudiants

Ce qui a présidé au choix des 6 premiers projets semble être plus une logique de regroupement et de concentration sur certains pôles régionaux. Nous pensons au contraire, que les prochains projets devront être retenus parce qu’ils affichent l’am-bition d’améliorer les conditions de vie et d’étude des étudiants. Ces projets devront également concerner des universités de proximité, pour que l’opération campus ne profite pas uniquement aux grands pôles. Les étudiants étant exclus du choix des projets, l’UNEF a réalisé son propre classement. Projet « Campus Grand Lille »

Le projet des universités Lilloises concerne plus de 70 000 étudiants mais répond surtout à une situation immobilière dégradée: un tiers des bâtiments ont reçus un avis négatif de la commission hygiène et sécurité et plus de 3 000 chambres en Cité U doivent être réhabilitées.

Nous soutenons ce projet car il répond pleinement aux attentes des étudiants. Une rénovation globale des campus, avec une adaptation des nouveaux bâtiments aux exigences d’une pédagogie individualisée et l’accessibilité des locaux pour les étu-

8 Réponse à Jean Tibéri à l’Assemblée nationale lors de la séance des questions au gouvernement du mercredi 4 juin 2008 9 Réponse à Jean-Michel Fourgous à l’Assemblée nationale lors de la séance des questions au gouvernement du 6 février 2008

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Dossier de Presse p.11

diants handicapés. La vie étudiante est bien prise en compte : le projet prévoit la construction de 1000 logements, l’ouverture de 2 nouveaux RU, le développement et la rénovation des équipements sportifs et culturels, la création d’une maison des étudiants. Projet « Campus Angers »

L’université d’Angers compte plus de 17 000 étudiants, elle doit surtout être valori-sée car elle est une vraie université de proximité. Le projet de cette université ré-pond d’abord aux critères d’urgences, 6 bâtiments ont reçus un avis défavorable de la commission hygiène et sécurité, et seulement 6% des étudiants sont logés en Cité U.

Ce dossier bénéficie de notre soutien car il prévoit un volet important sur la rénova-tion et la construction. Il est également un des rares projets à aborder la question des transports et des temps de trajet. Enfin, la question du logement y est une priorité : il est prévu que 10% des étudiants soient logés en Cité U, notamment avec la construction de deux nouvelles résidences. Projet « Condorcet (EPHE, EHESS, universités Paris 1,8 et 13) »

Ce projet est sûrement le plus emblématique de l’incapacité des universités pari-siennes à répondre aux situations de crise. Nous souhaitons que ce projet soit rete-nu car il est le seul à intégrer des universités de banlieue, qui ont besoin de plus qu’un simple coup de peinture. De plus, le projet de campus d’Aubervilliers concer-ne l’université de Paris, qui manque particulièrement de surface d’enseignement, et les disciplines de sciences humaines et sociales, laissées pour compte dans les pro-jets de campus déjà retenus. Le projet toutefois doit encore être profondément retravaillé afin de :

- Intégrer pleinement Paris 8 et Paris 13 et la rénovation du site de Villetaneuse (bâtiments et construction d’une BU) et du site de Saint Denis. - Développer la vie étudiante, et prévoir des constructions de logements, et d’espaces de vie étudiante (sport, culture, BU…)

Projet « université de Reims »

Nous souhaitons retenir la candidature de l’université de Reims car ses campus in-carnent à eux seuls, l’insalubrité extrême des conditions d’étude : sur 19 bâtiments, 17 ont reçu un avis négatif de la commission hygiène et sécurité, plusieurs amphis menaçant de s’écrouler sur les étudiants.

Le projet propose notamment de reconstruire intégralement le campus « Moulin de la Housse », d’ouvrir des résidences universitaires, de créer une maison de l’étu-diant, et de reconstruire le secteur « Croix Rouge ».

���� Remettre la vie étudiante et les sciences humaines au cœur des 6 projets déjà retenus

Les projets retenus concernent 19 universités et 340 000 étudiants10. Pour ces uni-versités, l’opération campus va permettre d’améliorer très sensiblement leur situa-tion. Un effort important sur la rénovation : le projet de Bordeaux intègre la réno-vation de 56% de ses bâtiments, le projet Toulousain prévoit de rénover les locaux d’enseignements sur Rangueil…

10 Ce chiffre est très large, puisqu’il est obtenu en additionnant l’ensemble des étudiants inscrits dans des établisse-ments associés au projet, alors que l’ensemble des sites ne sont pas concernés par le plan campus. Il faudrait donc plutôt vraisemblablement diviser ce chiffre par deux.

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Page 12: Dossier de presse sur le plan campus

Dossier de Presse p.12

L’UNEF s’inquiète toutefois de la mise à l’écart des universités de lettres et sciences humaines dans les projets : Toulouse le Mirail a été exclue par le Ministère du pro-jet toulousain, alors que ses bâtiments représentent la plus grande urgence immo-bilière, et que leur traitement exigeait un tiers (100 M€) du montant du plan cam-pus Toulousain, en plus des 100 millions d’euros investis par la région. Montpellier 3 est marginalisée au sein du dossier montpelliérain, qui ne concerne pas le site de Paul Valéry alors que de nombreux cours y ont lieux dans des bâtiments préfabri-qués. Le projet Grenoblois, centré sur la recherche, prévoit le regroupement des laboratoires et filières de formation dans de grands pôles (biotechnologies, médeci-ne, sciences et technologies de l’ingénieur…) en oubliant les lettres sciences humai-nes et sociales, pourtant portées par l’université Grenoble 3. Quant au projet lyon-nais, il ne concerne que le campus de la Doua et le site Charles Mérieux (Sciences), tournant le dos à l’indispensable rénovation du site de Bron (Lettres).

L’ensemble des projets aborde la question du logement étudiant, prévoyant 2000 nouvelles places à Grenoble, Lyon, Toulouse, 600 à Montpellier, cependant, seules les universités de Montpellier et Strasbourg font mention d’une gestion de ces loge-ments par les CROUS, pourtant seul à même de permettre une gestion sociale as-sociant les étudiants des services de la vie étudiante.

Enfin, dans la majorité des projets, la vie étudiante n’est pas la thématique centra-le. Les dossiers sont peu dissertes sur le développement des surfaces sportives ou culturelles, l’amélioration des services de documentation ou des transports. Ceci est sans doute la preuve que les projets ont été faits sans les principaux intéressés, les étudiants. L’UNEF demande que dans le cadre de l’approfondissement de leurs projets prévus avant novembre, ces universités intègrent :

• Une dimension forte des lettres et sciences sociales, notamment à Tou-louse où Toulouse 2 doit être réintégrée, Montpellier, Lyon et Grenoble

• D’avantage de problématiques de vie étudiante, avec une priorité plus affirmée au logement étudiant à Bordeaux, Strasbourg et Montpellier, et surtout de vrais projets d’infrastructures sportives, culturelles de docu-mentation, et la prise en compte des problématiques de transport.

• La gestion de l’ensemble des services de restauration ou de logement par les CROUS pour garantir leur caractère social

• Des garanties de transparence pour la conclusion des partenariats pu-blics privés

���� Associer les étudiants et la communauté universitaire au plan campus

L’opération campus a été élaborée d’un bout à l’autre sans aucune association des représentants de la communauté universitaire, pilotée au niveau local par les prési-dents d’universités, et au niveau national par le Ministère. Cela pose non seulement un problème démocratique, mais surtout un risque, d’ailleurs démontré dans les 6 projets retenus, que l’opération de corresponde pas aux besoins des étudiants et des universités.

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Page 13: Dossier de presse sur le plan campus

Dossier de Presse p.13

L’UNEF exige que les étudiants soient associés dans la deuxième phase du plan campus.

• Les étudiants doivent être intégrés dans les comités de pilotage des 6 pro-jets campus retenus. Les projets doivent également être soumis aux CA des universités concernées, et les élus doivent disposer de l’ensemble des infor-mations. La ministre doit donner des instructions aux recteurs en ce sens. • Le CNESER doit être saisi de l’opération campus et ses membres doivent pouvoir bénéficier de l’ensemble des informations • Un comité de suivi de l’opération campus, composé des organisations re-présentées au CNESER, doit être mis en place au niveau national afin de sui-vre l’évolution des 6 projets, de proposer les 4 derniers projets, et de travail-ler à la répartition de l’enveloppe affectée aux petits projets.

���� Garantir que l’enveloppe globale s’élèvera bien à 5 mil-liards d’euros

Le Président de la République s’est engagé à plusieurs reprises à ce que l’enveloppe globale attribuée au plan campus s’élève à 5 milliards d’euros. Pourtant, à l’heure actuelle, le gouvernement ne dispose que de 3,7 milliards d’euros issus de la vente d’actions d’EDF. Interrogée à ce sujet le 1er juin sur BFM TV, la Ministre a avoué qu’elle ne savait pas encore où seraient prélevés les 1,3 milliards restants. L’UNEF exige que les engagements soient tenus.

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Page 14: Dossier de presse sur le plan campus

Dossier de Presse p.14

Opération campus

A fin d’illustrer l’urgence immobilière dans laquelle se trouvent nos universités et le décalage entre la mé-thode retenue par le plan campus (10 projets rete-nus, beaucoup de déçus) et les besoins réels de ré-

novation, l’UNEF présente quelques exemples non exhaustifs de situations immobilières nécessitant une rénovation qui ne seront pas prises en compte par l’opération campus et qui démontre, s’il en était besoin, que c’est bien d’un plan d’ensemble de rénovation et non d’une opération ci-blée dont les universités ont besoin.

On retrouve dans ces exemples des cas de figures qui carac-térisent l’état des bâtiments universitaires :

• Des bâtiments construis dans les années 60-70 dans un état de délabrement important dû à l’absence de financement pour la maintenance des bâtiments universitaires

• Du provisoire qui dure : les préfabriqués et bâ-timents modulables représentent 4% des bâti-ments universitaires en France.

• Des bâtiments qui ne respectent plus les nor-mes de sécurité

• Un manque de place pour accueillir les étu-diants, particulièrement en région parisienne

Le tour de France des universités laissées pour comptes : quelques exemple en images

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Dossier de Presse p.15

Opération campus

Campus Croix-Rouge : L’ancienne bibliothèque qui

trône au milieu du cam-pus, en attendant que l’u-niversité ait les moyens de

sa destruction.

Campus Croix-Rouge : Bâtiment désaffecté en attente de rénovation.

A Reims, sur 19 bâtiments, 17 ont reçu un avis négatif de la commission hygiène et sécurité.

Université de Reims

Campus Croix-Rouge: Porte condamné, derrière un couloir avec un plafond sou-tenu par des pilonnes de chantier. Mais à l’étage su-périeur, il y a des salle de cours.

Page 16: Dossier de presse sur le plan campus

Dossier de Presse p.16

Campus Croix-rouge: Les nombreux préfabri-qués dans lesquels les étudiants ont cours en

attendant la rénovation.

Campus Croix-rouge: Des plafonds plein d’hu-midité.

Campus Croix-rouge

Campus Croix-rouge: Gaines électriques à l’air li-bre sur le campus en atten-te de la rénovation de cer-

tains bâtiments

Opération campus

Page 17: Dossier de presse sur le plan campus

Dossier de Presse p.17

Opération campus

Université d’Aix-Marseille1

Site de lettres et sciences humaines :

l’état des couloirs de l’université

Page 18: Dossier de presse sur le plan campus

Dossier de Presse p.18

Opération campus

Site de lettres et sciences humaines : le grillage pour protéger les étudiants des chutes de morceaux de mur!

Site de lettres et sciences humaines : L’effritement des murs extérieurs...

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Dossier de Presse p.19

Opération campus

Université de Metz

Université de Rouen

Campus de Mont-Saint-Aignan: Les travaux urgent de mise en sécurité des bâtiments nécessitent 2,7 millions d’euros. La poursuite de l’exploitation de la biblio-thèque à reçu 2 avis négatifs par la com-mission hygiène et sécurité.

Campus du Saulcy : Les couloirs de l’université

sans plafond

Page 20: Dossier de presse sur le plan campus

Dossier de Presse p.20

Opération campus

Site de Tolbiac : Echafaudages installés pour protéger les étu-diants des chute de vitres de la tour principale !

Université Paris 1

Site de Tolbiac : Escalier d’un amphi, une marche sur deux est cassée.

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Dossier de Presse p.21

Opération campus

Campus de Versailles, site de sciences : Les couloirs laissés à l’abandon.

Campus de Créteil : Les préfabriqués ne sont ni iso-lés, ni entretenus et font office de salle de cours.

Université Versailles-Saint-Quentin

Université Paris 12

Campus de Créteil : la dalle de l’université, l’eau ne

s’évacue pas lorsqu’il pleut

Page 22: Dossier de presse sur le plan campus

Dossier de Presse p.22

Opération campus

Campus de Jussieu: En plus du désamiantage, l’université a besoin de rénovations importantes (ici, couloirs et entrée d’une des tours)

Université Paris 6

Université Paris 4

Site de Clignancourt : Amphi avec filet au plafond pour protéger les étudiants des morceaux de plafond qui d’ef-fondre