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DOSSIER HIDA / Arts plastiques / 2. Thématique : « Arts, espace, temps » L’œuvre d’art et sa relation à l’espace / au temps L’œuvre d’art et sa relation au spectateur Période historique : 1948 Programme : L'œuvre, l'espace et le spectateur Abstraction, corps, geste, couleur, forme, temps de création, performance, espace, spectateur. Liste des œuvres étudiées : Jackson Pollock, Silver over black, white, yellow and red, 1948. Liste des œuvres d'ouverture : Yves Klein, photographie de la performance Anthropométrie, 1960. Détails sur l'œuvre : 221 x 330 cm Peintures industrielles sur toile Lieu de conservation : Musée National d'Art Moderne, Paris

DOSSIER HIDA / Arts plastiques / 2.clg-jean-rostand-lamotte-beuvron.tice.ac-orleans-tours.fr/... · 2016. 5. 20. · DOSSIER HIDA / Arts plastiques / 2. Thématique : « Arts, espace,

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  • DOSSIER HIDA / Arts plastiques / 2.

    Thématique : « Arts, espace, temps » L’œuvre d’art et sa relation à l’espace / au tempsL’œuvre d’art et sa relation au spectateur

    Période historique : 1948

    Programme : L'œuvre, l'espace et le spectateurAbstraction, corps, geste, couleur, forme, temps de création, performance, espace, spectateur.

    Liste des œuvres étudiées :Jackson Pollock, Silver over black, white, yellow and red, 1948.

    Liste des œuvres d'ouverture :Yves Klein, photographie de la performance Anthropométrie, 1960.

    Détails sur l'œuvre : 221 x 330 cmPeintures industrielles sur toileLieu de conservation : Musée National d'Art Moderne, Paris

  • Le contexte :Au cours du XXème siècle, le tableau et la pratique de la peinture vont être radicalement bouleversés. L’aventure commence en Russie, en Allemagne et en France, à l’époque où Marcel Duchamp fait parler de lui à Paris.Chacun de leur côté, les peintres Malevitch, Kandinsky et Mondrian cessent de peindre des sujets réalistes et figuratifs (= qui représentent des sujets reconnaissables de notre monde : des personnes, des paysages, des objets…) pour se concentrer uniquement sur les rapports entre les couleurs et les formes. Ces peintres inventent ainsi l’art abstrait.A partir de là, de nombreux artistes vont explorer d’autres manières de peindre et de considérer le tableau.Dans l’art contemporain, le corps de l’artiste est souvent impliqué directement dans la création artistique. Il est, en quelque sorte, un instrument de la création.Cette œuvre de Jackson Pollock a été réalisée juste après la seconde guerre mondiale aux États-Unis. Nous sommes en pleine crise sociale et économique.

    L'auteur :(né en 1912 - mort en 1956)Pollock ne représentait pas de tempête, mais par sa gestuelle, sa peinture exprime une vie tourmentée : il a vécu dans une extrême précarité durant la majeure partie de sa vie, même si, en 1949, le magazine Life titre en « une » : « Pollock est-il le plus grand peintre vivant ? ».

    Le peintre américain Jackson Pollock utilise à partir de 1947 une technique (= en arts plastiques, c’est le procédé qu’utilise l’artiste pour créer : peinture, collage, assemblage, gravure, photographie…) appelée dripping (= technique de peinture associée au peintre Jackson pollock et qui consiste à projeter la peinture sur une toile avec un pinceau ou tout autre instrument). Le corps de l’artiste est alors impliqué entièrement dans la réalisation de ses œuvres. Ce sont les mouvements du corps, généralement très rapides, qui donnent forme à la composition. Les toiles de grands formats sont déposées sur le sol. L’artiste tourne autour ou marche dessus en projetant de la peinture à l’aide de divers instruments (morceaux de bois, pinceaux, spatules, etc…). Parfois, il suspend des boîtes trouées et pleine de peinture au-dessus de ses toiles. Il leur impulse un mouvement et la peinture s’en échappe, tombant sur le support de manière aléatoire. Malgré tout, l’artiste contrôle parfaitement son procédé, même s’il laisse place à une part de hasard. Cette façon de peindre si particulière avait une signification très importante pour l'artiste : il s'agissait pour lui de transposer son énergie, sa force, sur la toile. L'important n'est pas alors le résultat (une toile maculée de peinture) mais l'action de peindre, le moment où il projette la peinture. Il ne s'arrêtait que lorsqu'il en était complètement épuisé.

    Dans l’œuvre de Jackson Pollock on distingue deux types de toiles : celles qui ont été découpées une fois achevées et celles sur lesquelles on peut observer les différentes phases de création, en particulier sur les bords.

    Jackson Pollock appartient au mouvement artistique : expressionnisme abstrait (terme français) ou Action Painting (terme anglais).Les artistes regroupés sous l’étiquette de l’expressionnisme abstrait ont en commun le désir d’exprimer leur propre personnalité dans l’action de peindre (peinture d’action ou peinture gestuelle).Le mouvement est apparu dans les années 1960–1970 à New York, Los Angeles, Washington, puis Toronto et Londres.

    Il se caractérise également par une expression plus libre, spontanée, intuitive, un espace illusionniste, l'emploi de l'acrylique et d'autres techniques picturales plus récentes.

    « Un critique a écrit que mes tableaux n'avaient ni commencement ni fin. Il ne l'entendait pas comme un compliment, or c'en était un. C'était même un beau

    compliment. Seulement il ne le savait pas. » Jackson Pollock

  • Décrire et interpréter l'œuvre :On ne voit rien. Rien de reconnaissable ou d’identifiable dans cette œuvre. C’est une peinture abstraite. On ne peut identifier que des projections de peinture, des éclaboussures, des coulures, qui s’entrelacent à l’infini. La profondeur ici n’est plus due à la perspective mais à la superposition de toutes ces couches.Aucune forme principale ne semble se détacher du fond. C’est un fond constellé de trainées de peinture. Dans ce chaos, on distingue 4 couleurs : noir, blanc, gris argenté, rouge et jaune.Pour réaliser cette peinture, Pollock a étendu sur le sol une toile brute (normalement les toiles sont enduites et rigides: celle-ci est souple et poreuse).Il utilise de la peinture à l’huile (traditionnelle) mais aussi des peintures industrielles (peinture d’émail et d’aluminium), des peintures automobiles qui ont des consistances particulières, plus épaisses ou plus liquides, et des couleurs industrielles; métallisées par exemple : ici on peut voir un gris argenté.Les lignes sont réparties sur la totalité de la toile de façon homogène. Il n’y a aucune zone de repos, aucun centre d’intérêt. Quelques zones sont plus denses, Pollock ayant effectué à ces endroits plusieurs passages.Pollock ne peint pas comme tout le monde, ce qui est révolutionnaire c’est justement sa manière de peindre.Pour peindre il n’utilise plus de pinceaux au sens classique mais des battons ou des pots de peinture percés. Ces outils ne touchent plus le support, il les promène au dessus de la toile et laisse couler la peinture ou la projette selon une technique qu’il nomme «dripping» de l’anglais «laisser couler, verser».Pollock maitrise ces substances et sait comment les poser sur la toile, il sait comment elles réagissent à ses gestes. Selon l’outil utilisé il sait varier l’épaisseur des coulures : du léger filet à la large trainée. Avec ses instruments il se livre à une véritable bataille autour de la toile.Au final, on se retrouve devant une image sans fin, dans laquelle on n’a plus aucun repère. C’est alors notre imagination qui peut se laisser porter: constellations, fin du monde, branchages, feu d’artifice, représentation de l’ infini... Chacun l’interprète différemment. Cela vaut pour l’ensemble de la toile ou pour n’importe laquelle de ses parties : examiner un détail donne la même impression que l’ensemble.

    Jackson Pollock dans son atelier, photographié par Hans Namuth.

    VOCABULAIRE et NOTIONS : Abstraction / corps, geste, format / couleur, forme / temps de création / espace, spectateur.