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Pastorale de la famille ma g Dossier LA VIE DE FAMILLE UN CHANTIER QUOTIDIEN 06 12 NUMERO 3

Dossier LA VIE DE FAMILLE - Pastorale familiale · n'est pas un long fleuve tranquille La vie de couple ne ressemble pas à un long fleuve tranquille. Le temps de la passion fait

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Pastorale de la famillemag

Dossier LA VIE DE FAMILLEUN CHANTIER QUOTIDIEN

06–12

NUME

RO 3

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B o n n e s a d r e s s e s Les mouvements pour la famille

La pastorale du couple et de la familleLa pastorale du couple et de la famille de l'Eglise catholique dans le canton de Vaud est un service ouvert à tous qui ambitionne d'être un lieu pour soutenir, coordonner et soutenir selon l'Evangile.Vous avez envie de connaître les différentes possibilités de faire grandir votre couple ou votre famille. Vous traversez un moment de crise et vous souhaitez être aiguillés vers des personnes compétentes. Vous souhaitez en savoir plus sur le service de la pastorale familiale. Renseignements : 021 613 23 63

Préparation au mariageLes CPM

Les Centres de Préparation au Mariage (CPM) sont un service d'Église en vue d'accompagner les futurs mariés vers la célébration religieuse du mariage et la constitution d'une famille selon l'esprit de l'Évangile de Jésus-Christ. Renseignement : www.preparation-au-mariage.ch

Amour et Engagement

Le mouvement Vivre et Aimer propose pour les jeunes qui veulent réfléchir à leur engagement dans la vie à deux, au sacrement de mariage le week-end AMOUR ET ENGAGEMENT. Renseignement : www.vivre-et-aimer.org

Nourrir son coupleLes Equipes Notre Dame (END)Mouvement de spiritualité conjugale, les END sont organisées en groupe, constitué de 4 à 5 couples chrétiens accompagnés d'un prêtre, qui se réunissent une fois par mois. Renseignements : www.equipes-notre-dame.fr

Vivre et Aimer

Dans notre société difficile le couple peut-il durer ? Le mouvement Vivre et Aimer répond OUI. Il propose aux couples des week-ends pour construire jour après jour une relation durable et développer sa communication à deux.Renseignement : www.vivre-et-aimer.org

AFICH

L’Association des Foyers Interconfessionnels de Suisse propose des temps de rencontre pour les foyers « mixtes ».Renseignements : www.afich.ch

La famille, quand 1+1 = 3, 4, 5, 6...Mouvement, Familles nouvellesLes Focolari

Mouvement largement oecuménique qui propose des rencontres en petits groupes et des rassemblements. Les enfants peuvent participer à des activités, différenciées selon les âges.Renseignements : www.focolari.ch

La prière des Mères

La Prière des Mères s'adresse et soutient toutes celles qui ont un coeur de mère et qui désirent prier ensemble pour leurs enfants, petits-enfants et tous les enfants du monde. Il existe plus de 25 groupes dans le canton de Vaud.Renseignements : [email protected] www.prieredesmeres.com

Quand la crise advientCaritas Vaud, consultation conjugale

Donnons-nous une chance ! La consultation conjugale de Caritas Vaud est un service ouvert à tous les couples, mariés ou non, qui sont à la recherche d'une relation plus satisfaisante dans leur couple et/ou dans leur famille. Elle propose aux couples en difficulté des entretiens confidentiels dans un cadre neutre et bienveillant.Renseignements : www.consultationconjugale.ch

Le veuvage, Espérance et vie

Vous venez de perdre celui ou celle qui partageait votre vie, vous souhaitez accompagner un veuf ou une veuve de votre entourage, vous accompagnez des familles en deuil, le mouvement Espérance et vie vous accompagne. Contact Vaud : Abbé Richard Arnold, 024 441 51 48

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Bonnes adresses

Editorial

L'agenda

DOSSIER: la vie de famille, chantier quotidien

La vie de couple n'est pas un long fleuve tranquille

Le sacrement du mariage au coeur de nos chantiers

Le pardon en famille une clé essentielle

Donner la vie, un chantier qui dérange nos habitudes et nos rôles

Témoignages: accueillir un enfant

Papa, Maman, vous allez être grands-parents», quand nos enfants devienennt parents

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Pardon, merci, s'il te plaît La prière en famille un chantier dif-ficile

La messe avec les petits Le chantier du dimanche

L’Eglise dans nos chantiers conjugaux

Quand la crise n'est pas surmontée

L'Eglise face au divorce

Travail et vie de famille Testez votre équilibre

Les 7 commandements pour concilier vie de famille et vie professionnelle

Témoignage

Par delà la mort, l’amour...

Donner! Oui, mais bien donner!

Fêtes de famille, fête de Noël

Repas de famille

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La vie de familleChantien quotidienLa vie de famille s'est une formidable aventure et en même temps c'est un chantier qui ne finit pas!

sommaire Le mariage est et rest-era le voyage de décou-verte le plus important que l'homme puisse entreprendre.

Kierkegaard

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PUBLICATIONPastorale de la famille

de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud Pascal Bregnard

ch des Mouettes, CP 600 1001 Lausanne

[email protected]

EDITORIALJacques Aenishaenslin

Pascal BregnardDavid La Framboise

Françoise MerloFrançois Rouiller

REDACTIONKrisztina La Framboise

CREDITYves Guezou

Fotolia.fr

CORRECTIONJackeline Polla

Pierre-André Werlen

Mag est publié par la pastorale de la famille dans le canton de Vaud.

Il a vocation d'être à la fois une ressource et un lieu d'information.

Mag est un magazine semestriel.

© 2012 by mag tous droits réservés.

magPastorale de la famille

La vie de famiLLe ça bouge énormément

Vous rêviez d’une vie de famille tranquille mais en réalité chez vous tout bouge du matin au soir, 365 jours sur 365 jours. L'agenda familial est chargé : école, boulot, dodo, épicerie, rendez-vous en tout genre, mé-

nage et autres joyeusetés! De plus chaque membre de la famille est dans une dynamique de changement : naissance d’un enfant, adolescence, vie professionnelle... Bref, chez vous, la vie de famille ça déménage ! Rassurez-vous, vous faites partie de la majorité des familles.

L a vie familiale est en fin de compte un défi à chacun de ses membres. Quand on y pense, elle est un extraordinaire laboratoire où se vivent des expérien-ces de tous genres qui ont pour effet la transformation systématique de tous ses membres, chacun possédant tout un potentiel à développer. C’est un chantier permanent et passionnant. Le Mag s’y arrête l’espace d’un numéro.

Pascal Bregnard

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A g e n d a 2 0 12 Les événements du couple

et de la famille en Eglisepréparation au mariage

couple famille

2 septembreLAUsANNEOLympIADEs DEs fAmILLEs

Une journée de sport, de foi et de réflexion pour la famille.

Pascal Bregnard 079 213 09 46 www.cath-vd.ch

octobre - décembreCUgy (VD)pARCOURs REVIVRE

7 soirées destinées à toute personne séparée, qui vit actuellement un divorce ou qui est déjà divorcée depuis peu ou longtemps.

www.cath-vd.ch

6-7 octobrefRIBOURgpéLERINAgE DEs mèREs DE fAmILLE

"Vivre la confiance avec la Sainte Fa-mille" annimé par la communauté du Verbe de Vie.

Le Verbe de Vie 026 684 26 58 [email protected]

12-14 octobreBEx3 jOURs

pOUR COUpLEs"Quand la chaire est appelée a devenir cantique" au Foyer de Charité Dents-du-Midi à Bex. Prise en charge des enfants.

Foyer de Charité 024 463 22 22 [email protected]

6, 13 et 20 novembreLAUsANNEpRépARATION AU mARIAgE

Soirée CPM pour prendre le temps de la vie à deux.

www.preparation-au-mariage.ch

9-11 novembreBEx3 jOURs pOUR COUpLEs

"Un duo de charme pour une vie trini-taire" au Foyer de Charité Dents-du-Midi à Bex. Prise en charge des enfants.

Foyer de Charité 024 463 22 22 [email protected]

16-18 novembremONTANAWEEk-END pOUR COUpLE

WE Vivre et aimer

sur la communica-tion.

Isabelle Monnet 027 203 65 65 [email protected]

16-18 novembreDELEmONTWEEk-END pOUR fIANCés

WE Amour et Engagement sur la communication.

Isabelle Monnet 027 203 65 65 [email protected]

30 novembre - 2 décembrefRIBOURgWEEk-END pRépARATION AU mARIAgE

Préparation au ma-riage, avec Bruno Fuglistaller sj, Susanne et Xavier Maugère.

Notre Dame de la Route 026 409 75 00 www.ndroute.ch

8-9 décembrepENsIER (fR)pRépARER NOEL EN fAmILLE

Célébrations, ateliers, enseigne-ments sur: comment transmettre la foi à nos enfants.

Le Verbe de Vie 026 684 26 58 [email protected]

15 décembrepENsIER (fR)sOIREE "LOUIs ET ZéLIE mARTIN"

Une soirée cou-ple sur le thème "Confiance, le Sei-gneur est avec vous". Garde possible pour les enfants.

Le Verbe de Vie 026 684 26 58 [email protected]

16 décembrepENsIERjOURNéE fAmILLE

"Préparer Noël en famille" avec le Verbe de Vie.

Le Verbe de Vie 026 684 26 58 [email protected]

9 févrierLAUsANNEsOIRéE "sAINT VALENTIN"

Un thème, un repas aux chandelles, un partage en tête à tête.

Pastorale de la famille dans le canton de Vaud www.cath-vd.ch

2ème semestre

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La vie de couple, c'est une aventure, un chantier qui se construit jour après jour. Le vivre dans la durée, c'est accepter de vivre des crises et de prendre le temps de la relation.

La vie de couple n'est pas un long fleuve tranquille

La vie de couple ne ressemble pas à un long fleuve tranquille. Le temps de la passion fait place inévitablement aux temps de ten-sions et parfois aux crises aigues. D'après certains chiffres offi-ciels, seulement 20% des couples confirment le «happy end» des histoires d'amour : «ils se mariè-rent, eurent beaucoup d’enfants et vécurent heureux!». Nous avons tous dans notre entourage des couples complices qui s'aiment depuis leur jeunesse, ont fait leur étude ensemble, ont des en-fants adorables et semblent faits

pour passer le reste de leur exis-tence comme deux amoureux. Malheureusement, nous connais-sons parfois plus de couples di-vorcés. En réalité, 50% des ma-riages actuellement en Suisse, aboutissent au divorce. Les 30% qui restent ensemble, pour le meilleur mais surtout pour le pire, ne se parlent presque plus ou sont dans un cycle de conflit perpétuel maintenus ensemble pour des rai-sons matérielles, religieuses ou sociales.

Même parmi le 20% des cou-

ples «heureux», les tensions et les crises apparaissent tôt ou tard. En effet, une vie de couple sans conflit n’est pas envisageable. Que nous soyons croyants ou pas, la question dans un couple n’est pas de savoir si nous allons vivre ou pas des crises mais comment nous allons les gérer.

Vieillir ensemblePourtant, quel couple n’a jamais fait sienne la prière de Tobie au soir de ses noces avec Sara (Tb 8, 7): vieillir ensemble. La Bible ne

nous propose pas une recet-te du couple durable. Elle n’est pas un livre psycho-logique ou philosophique sur l’amour. La Parole de Dieu nous propose un pro-jet qui porte un nom: l’Al-liance. Une Alliance qui se construit, s’entretient, traverse des temps de crise et de réconciliation.

Un processus normalDire qu’un couple vivra des crises semble être une la-palissade. Ce sont des pro-cessus normaux et peuvent être l’occasion de bilans, de remises en question et de révoltes parfois… Pour-tant, un paradoxe apparaît. A l’heure du développe-ment personnel et de l’ère de la re-cherche de l’unité et de la paix intérieure, les sta-t i s t ic iens nous ap-p r en nent l’augmentation quasi continuelle des ruptures conjugales.

Les crises dans un couple ou une famille sont mul-

Une Alliance qui se construit, s’entretient, traverse des temps de crise et de réconciliation.

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La vie de couple n'est pas un long fleuve tranquille

tiples. Il y a les crises liées aux étapes de la vie (fin de l’amour idéalisé, naissances des enfants, démon de midi…), celles liées aux épreuves (la maladie, le chôma-ge…), aux envahisseurs (travail, belle-famille…) mais aussi les cri-ses larvées liées à la routine.

Un risque ou une chance ?L’idéogramme chinois du mot «crise» a un double sens: à la fois «danger» et «opportunité». Toute crise ou conflit révèle une situa-tion qui peut être une chance pour le couple.

Les conflits de couple ne sont ni tout blanc ni tout noir. Ils sont dans leur dynamique ambivalents car ils se présentent comme des défis aux partenaires. Ces derniers auront-ils les moyens nécessaires pour dépasser la crise, évoluer et arriver à un nouvel équilibre? Ou bien tomberont-ils dans une sorte de passivité faite d’incohérence, voire de violence, de désunion et de séparation?

Une querelle conjugale marque en fin de compte un temps de vérité, un lieu de vérification de l’état de sa relation à l’autre. Elle est aussi l’opportunité de mieux se connaî-tre et de mieux s’aimer. Ainsi, la

crise bien négociée peut être l’oc-casion d’une nouvelle croissance dans l’amour du couple.

Prévenir, c’est guérirSelon le conseiller conjugal Jean-Yves Savoy, les couples consultent trop tardivement un spécialiste afin de gérer leur crise. La plupart des grands conflits résultent de petites choses quotidiennes non réglées qui s'accumulent jour après jour, année après année. Couplé à un manque de communication, le mélange devient au fils du temps explosif. «Prévenir, c’est guérir» rappelle la sagesse populaire. «L’ave-nir du navire ne dépend pas en-tièrement du flux de la mer qui le porte: c’est la ma-nière dont il a été construit et radoubé qui lui per-met de supporter les intempéries sans dégâts majeurs». Il en est de même dans la vie conjugale. Un couple qui prend du temps pour se construire durant «les jours de gloire» sera mieux armé afin de traverser les «jours de peines et de vulnérabilités». Une clé pour réussir: le temps et encore le temps. L’engagement

dans le mariage est un exercice de haute voltige. La célébration du mariage n’est pas un abou-tissement, c’est le commence-ment d’une aventure qui doit se construire jour après jour. Ses corollaires? La communication et le pardon! Comment aimer dans la durée sans partage et sans se pardonner! «Impossible» disent en cœur Philippe et Marie mariés depuis plus de 20 ans!

Marathoniens de l’amourL’amour durable c’est comme un coureur de fond! Il n’existe pas

de marathonien qui ne coure pas régulièrement, qui ne prenne le temps de réfléchir aux meilleures condi-tions d’entraîne-ment ou stratégie

pour conduire à bien ses projets. D’ailleurs, celui qui ne s’appuie que sur ses propres aptitudes na-turelles déchante très vite. Dans le domaine de l’amour conjugal du-rable, la dynamique est la même. Comment aimer sur le long ter-me, si nous n’avons pas appris jour après jour à communiquer et à cultiver sa vie à deux.

Pascal Bregnard

« Cela m’étonne toujours, dit Dieu, d’entendre les gens dire : Nous sommes mariés !... Comme si on se mariait un jour ! Laissez-moi rire. Comme si on se mariait une fois pour toute. Ils croient que c’est arrivé, et qu’ils peuvent vivre, vivre de leurs rentes d’amour de gens mariés ».

Charles Péguy

Une clé pour réussir: le temps et encore le temps.

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Si le mariage à l'Eglise n'est pas une assurance tous risques, à quoi peut-il bien servir?

Le sacrement du mariage au coeur de nos chantiers

Selon certaines études, il y a quatre fois moins de divorces en France parmi les catholiques pratiquants. Un des facteurs de l’unité d’un couple dans la durée réside du fait de ses propres croyances et de la pression sociale ou religieuse qui l’entourent. Probablement que ces éléments ne sont pas étrangers à ce bon score. Pourtant, ils ne suf-fisent pas à tout expliquer. En ef-fet, le sacrement du mariage peut être une source et une aide en cas de chantiers qui s’essoufflent ou de conflit.

Pas de baguettes magiquesIl ne s’agit pas d’attendre un coup de baguette magique ou une sorte d’assurance tout risque contre la crise ou l’échec. Par contre, le couple marié religieusement vit un sacrement. Mystérieusement, il est associé à l’amour de Dieu. Dès lors, la grâce agit au cœur de leur crise dans la mesure où le couple y est ouvert. C’est la promesse que Dieu fait en s’engageant avec les époux. Encore une fois l’accueil de cette grâce n’élimine pas la

souffrance, mais il nous permet de la vivre autrement. Dans le sacrement du mariage, le lien qui unit le couple ne se fonde pas seu-lement sur le désir ou la volonté des conjoints. Le lien est nourri par une source plus profonde et intérieure: la foi en l’amour donné et reçu comme don. Aux yeux du croyant, il n’y a pas de fatalisme ou de fatalité. Une voie est tou-jours possible et ouverte. Tant que les conjoints «restent sujets de la relation et s’ouvrent l’un à l’autre au don de l’Esprit, des ressour-ces nouvelles peuvent apparaître» rappelle Xavier La Croix: don de patience, de pardon, d’humilité, d’énergie pour recommencer, de fermeté parfois…

De quel amour m’aimes-tu?Ainsi, un mystère habite les conjoints, quelque chose qui les dépasse et les porte. Quand ils partagent entre eux, quand ils s’unissent dans l’union des corps ou qu’ils se pardonnent, leur amour est bien sûr le leur mais aussi l’œuvre de Dieu et participa-

tion de son amour. Car en Jésus, Dieu nous donne une parole, il nous pardonne et s’unit à l’huma-nité. Tout comme dans l’Evangile, Jésus apprend aux couples la pa-tience, la justice, le don, le pardon et le dialogue. Loin des discours théoriques, l’amour conjugal sou-ligne l’amour du Christ pour les hommes dans la vie de tous les jours.

Pour vivre l’amour durable et le vivre en vérité sans devoir uni-quement se supporter, le couple chrétien apprend à entrer dans ce chemin de l’amour oblatif. Si ce passage ne se fait pas, les époux pourront se dire, comme le Christ dans l’évangile, toi aussi tu veux me quitter? Il est important, il est vital que la crise se déclare, que le malentendu ne couve pas sous la cendre, mais éclate au grand jour. Comme le Christ dans son face à face avec Pierre (Jn 21, 16-17), les conjoints pourront alors se poser la question: «de quel amour m’aimes-tu?».

Pascal Bregnard

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«Qu’est-ce qui est le plus lourd: un kilo de plumes ou un kilo de plomb?» Sans hésiter, les en-fants répondent souvent «le kilo de plomb». Cela nous amuse. Et pourtant, ne faisons-nous pas la même erreur dans la vie conju-gale et familiale en oubliant de pardonner les petites offenses qui rythment notre quotidien. Qu’est-ce qui est le plus grave une scène de ménage spectaculaire ou mille

petits coups d’épingles qui s’inscrivent dans notre cœur? En réa-lité, les petites dispu-tes quotidiennes tuent aussi gravement l’amour. Puisqu’elles nous sem-blent insignifiantes, nous

ne prenons pas la peine de se les pardonner.

Attention, c’est un véritable «étouffe amour». Plus le temps passe et plus on redoute de solder les comptes. Pourtant, il n’est ja-mais trop tard pour se demander pardon mais il ne suffit pas de le

savoir... Il s’agit de se le dire ! C.S. Lewis écrivait: «Tout le monde dit que le pardon est une belle idée jusqu'au jour où il doit pardon-ner».

Une démarche de véritéLe pardon est d’abord une démar-che de vérité: commencer par voir et nommer l’offense, qu’on soit l’auteur ou la victime. Le pardon n’est ni un moyen expéditif de mettre fin à une dispute, ni une façon de minimiser une offense. Pardonner n’est pas excuser ou oublier, mais c’est entrer dans une démarche où l’amour est plus grand que l’offense.

Pardonner fait revivre l’amour et réduit les distances qui s’étaient creusées: «l’amour ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il n’entretient pas de rancune, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, endure tout» (1 Co 13, 5-7).

Combien de fois? Le Christ nous propose le premier forfait illi-mité de l’histoire : il nous invite à pardonner 77x7 fois, c’est-à-dire autant de fois que nécessaire.

«Ne réservons pas le pardon aux choses importantes, prévient Christine Ponsard. Il faut appren-dre à se pardonner les fétus de paille quotidiens, si l'on ne veut pas se retrouver un jour avec une botte de foin sur la tête! L'amour grandit à travers ces «petits» par-dons. Plus on prend l'habitude de pardonner les petites choses, plus on pardonnera aisément les gran-des».

Une déclaration d'amourVivre le pardon, c’est une décla-ration d’amour, c’est une décision, un choix. Pardonner, c’est redon-ner à l’autre la possibilité d’aimer. C’est emprunter un chemin par-semé de difficulté et parfois de peur mais qui mène à la libéra-tion. En se pardonnant récipro-quement, les conjoints attestent qu’ils croient l’un en l’autre et en leur amour.

Pascal Bregnard

Le pardon en couple et en famille est une clé pour permettre à l'amour de durer. Au menu, on trouve les «gros morceaux», les incontournables tels qu’une infidélité ou la violence... A côté de ces «plats de résistance», la plaisanterie énervante du papa, la moquerie d’une soeur, ou les acrimonies conjugales, paraissent des broutilles sur lesquelles on peut passer d'un coup de volonté. Et pourtant...

Le pardon en famille une clé essentielle

Demander pardon, c’est reconnaître que j’ai blessé l’autre, notamment son conjoint.

Etre pardonné, c’est être aimé(e) au-delà de ses pauvretés.

Pardonner, c’est se placer dans la dynamique de l’amour.

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Je demande pardon non parce que j’ai tord mais parce que j’ai blessé.

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Donner la vie est une formidable aventure pour un couple. Elle demande d'ac-cepter un nouveau rôle qui n'est pas toujours inné.

Donner la vie, un chantier qui dérange nos habitudes et nos rôles

L’amour est la plus belle des aven-tures humaines et lorsque cette aventure est scellée par le ma-riage chrétien, l’engagement pris devant Dieu par les deux époux, est le reflet de l’union de l’amour du Christ et de l’Eglise. Quoi de plus beau en effet que de s’engager alors sur les quatre piliers fonda-mentaux de ce sacrement où li-berté, fidélité, durée et fécondité seront les maîtres-mots d’un épa-nouissement réciproque et les clés d’un mariage heureux.

Lors du rituel du mariage catho-lique, après avoir écouté la pa-role de Dieu qui révèle la gran-deur de l’amour et du mariage, le prêtre invite les époux à donner leur consentement sur ces quatre points: la liberté, la fidélité, la du-rée et la fécondité. Sur ce dernier point, il dit: «dans le foyer que vous allez fonder, acceptez-vous la responsabilité d’époux et de pa-rents?»

«Oui, nous le voulons…»Quel couple n’a pas répondu «oui» à cette question. Tous les couples qui se marient à l’église répondent par l’affirmative et veulent des enfants. Oui mais combien? En avons-nous déjà discuté? Y-a-t-il déjà des enfants de part et d’autre? Et si oui, comment envisager l’arrivée d’un autre enfant qui deviendra un demi-frère ou une demi-sœur de la fratrie déjà existante? Et si nous avions un enfant handicapé ou malade ou

moins parfait que nous ne l’avions imaginé, est-ce que nous serions prêts à l’accepter? Et l’adoption, l’avortement, la contraception, avons-nous parlé de ces choses-là ensemble suffisamment? Et notre vie sexuelle, nous satisfait-elle pleinement tous les deux? Et notre amour, comment rayonne-t-il autour de nous? Que partageons-nous avec nos amis, la famille, les autres, la cité, le travail ou la paroisse?

Oui, il y en a des questions… Car s’engager dans la vie à deux et donner naissance à un enfant n’est pas une décision que l’on prend à la légère. L’arrivée d’un enfant au sein d’un couple bous-cule ses habitudes et les rôles de chacun et cela demande des ajus-tements. Mais heureusement, les neuf mois de grossesse qui sépa-rent la conception de la naissance donnent un peu de temps pour se préparer aux changements. Un premier enfant, c’est un bou-leversement. D’époux que nous sommes, nous devenons parents pour la vie. Quelle responsabilité, soudain… et quelle angoisse pour certains!

Il y a des pères qui ne peuvent as-sumer, se sentant encore trop l’en-fant de leur père pour être père à leur tour. Et pour cause, durant les premiers mois, le bébé est très demandeur d’affection, de pré-sence, d’amour et de patience. Il va donc falloir lui faire de la place.

Pas toujours facile pour un futur papa que d’accepter cette relation triangulaire ou la femme, deve-nant mère à son tour, se consa-crera toute entière aux soins du bébé avec le risque d’être moins disponible pour le couple. Avec l’arrivée du deuxième enfant, les choses sont plus faciles, la famille se constitue et les deux parents sont appelés à partager les tâches. Et puis, il y a déjà l’expérience du premier. Papa s’occupe de l’aîné, par exemple, pendant que maman allaite. Petit à petit, on s’organise. Quand il y a plusieurs enfants, c’est encore autre chose, la famille devient «tribu» et il faut souvent chercher un logement plus grand, trouver une voiture plus adéquate, gérer les horaires des uns et des autres avec l’école, les sorties, les courses, les loisirs, les sports de chacun, les devoirs ou encore autre chose. Le temps du couple diminue de plus en plus, on tombe dans les années folles! Mais tous ces changements ne sont rien, si l’on y réfléchit, au regard de cette aventure extraordinaire et uni-que qui est celle, «d’être parents», engagés pour la vie, dans la plus belle épopée qui existe.

Pour réussir, on peut se faire aider…En s’entourant d’autres jeunes cou-ples pour parler de ses difficultés et de ses joies. En se ménageant des temps sans les enfants que l’on confiera aux grands-parents ou à une baby-sitter pour per-mettre au couple de se retrouver. Se séparer de son enfant ne veut pas dire «l’abandonner» et les pe-tites séparations aident l’enfant à grandir autant qu’elles permettent aux parents de se régénérer. C’est même souvent un outil de survie pour le couple. Donc, n’ayez pas peur de devenir parents, avec la grâce du Seigneur, toujours pré-sente dans le mariage chrétien, «soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la». (La Genèse).

Krisztina La Framboise

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Donner la vie, un chantier qui dérange nos habitudes et nos rôles

Dans une famille recomposéeAccueillir un enfant est une expé-rience unique car d'une part, cha-que enfant est unique et d'autre part, car nous, parents, sommes dans un état d'esprit différent à chaque fois.

L'expérience commence à se faire sentir à chaque nouvelle arrivée, mais pour moi tout est à ré-ap-prendre pour nous adapter à ce nouveau petit être et pour l'inté-grer au mieux dans l'environne-ment existant. Accueillir un en-fant dans une famille recomposée ne représente pas, à mon sens, une

spécificité, c'est le même départ pour chacun d'entre eux, entouré, toujours, d'amour.

Anne-Sophie

S'ouffrant d'un handicapAntonia nous a appris à ne pas avoir d’attentes, vivre au jour le jour avec reconnaissance. Chacun de ses progrès est un immense ca-deau et du haut de sa trisomie 21, elle a ainsi transformé notre regard sur nos autres enfants aussi.

Natasha

Venant d'ailleurs, l'adoption«Si tu accueilles un petit enfant comme celui-là, c’est Moi que tu accueilles». Après avoir eu la chance d’accueillir la vie de nos 6 enfants biologiques, il y avait encore de la place dans notre cœur. Nous nous sommes donc tournés là où il y avait un besoin et sommes devenus «famille d’accueil». Pouvoir accompagner un enfant sur une partie de son chemin de vie et le voir se développer harmonieusement nous remplit de joie.

Fabienne

Témoignages: accueillir un enfant

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Comment avez-vous vécu l’annonce lorsque vous avez appris que vous alliez devenir grand-mère?On les connaît nos enfants et on l’avait un peu deviné depuis quel-ques temps. On sentait leur joie et leur bonheur avant même qu’ils aient décidé de nous prévenir. Quelle surprise néanmoins ! Pour eux, surtout, même s’ils l’avaient programmé ce bébé… et pour nous aussi, qui allions changer de rôle, maintenant, vis-à-vis d’eux, embarqués dans la plus belle des aventures humaines. Oui, mais que de questions ! Si Marie de-mande à l’ange Gabriel «comment cela se fera-t-il?» lorsqu’il lui an-nonce qu’elle va porter celui qu’on appellera Jésus, on peut imaginer les nombreux questionnements de nos enfants alors qu’ils s’apprêtent à poser l’acte le plus important de leur existence, celui de donner la vie.

Comment envisagez-vous de soutenir vos enfants dans cette aventure?Quand on a la chance d’être pa-rents de quatre filles, comme nous, la participation permanente à tous les stades de la grossesse est assurée. Mais la première des questions, est souvent : «est-ce que l’accouchement fait mal?» Et ensuite, «combien de temps faut-il pour retrouver sa silhouette?» Ce sont des questions terre à terre mais il faut savoir déchiffrer et dé-nicher derrière tout ça, une appré-hension, une crainte mais aussi, une grande pudeur.

Donner la vie… Qu’est-ce que cela représente pour vous?Le bonheur, l’expérience de don-ner la vie, c’est tellement «grand» qu’il n’y a pas de mots. C’est de l’ordre du merveilleux ou plu-

tôt ça tient du miracle. Engen-drer, donner naissance, mettre au monde c’est se retrouver au cœur des questions existentielles : Qui suis-je ? D’où viens-je ? De quelle famille ?

Vous parlez de la filiation?Oui, l’identité d’un enfant à naître passe par la filiation. Dans toutes les civilisations, il existe de nom-breux rites autour des naissances pour marquer ce passage. Beau-coup de gestes, des marques dans la chair parfois, justement pour attester de cette filiation. Pour une mère, c’est facile de prouver que l’enfant vient de nous mais pour les pères, jusqu’à ce jour, cela a toujours été une interrogation. Aujourd’hui, il y a les tests ADN quand il y a un doute et que la confiance n’est plus là.

Et en tant que grands-parents, l’identité change-t-elle?Oui, une nouvelle identité nous est assignée. D’abord, par les ap-pellations de nos petits-enfants : « Grand-Papa, Grand-Maman, Papi, Mamie ». Certains le vi-vent très mal d’ailleurs et préfèrent qu’on les appelle par leurs prénoms. Peut-être l’an-goisse devant la vieillesse? La peur de mourir? Mais quand on donne la vie, on donne la mort. La mort et la vie sont indissoluble-ment liées. Et puis, dans la famille des grands-parents, il peut y avoir encore des personnes plus âgées. A notre époque souvent, les grands-parents ont encore leurs parents, ce qui fait qu’ils sont grands-pa-rents, parents et enfants de la gé-nération qui les précède. Ce n’est pas toujours facile de jongler avec

toutes ces identités mais elles ont toutes un point de convergence : elles nous obligent à évoluer.

Et au moment de la naissance, que ressent-on?C’est encore plus intense en tant que grands-parents. L’émerveille-ment est encore plus fort devant le nouveau-né que pour la nais-sance de nos propres enfants. On pourrait dire qu’on regarde cet événement avec plus de distance. (Un silence…) Non, je crois qu’on le vit plus dans la profondeur, le cœur travaillé par les joies et les peines éprouvées depuis notre jeu-nesse.

Apprend-t-on à être grands-parents?On apprend à tout âge. Mais, en devenant grands-parents, nos meilleurs éducateurs, ce sont nos enfants. Certes, quand ils devien-nent parents, il faut apprendre à se retirer. Attention, cela ne veut pas dire «ne plus exister » mais appren-dre à se retirer pour leur « donner la vie» à nouveau. Leur identité de parents ne pourra se construire que si nous ne pesons pas sur eux

avec nos exi-gences et nos h a b i t u d e s au risque de les mainte-nir dans une dépendance, même affec-tive.

Quel rôle devons-nous jouer, en tant que grands-parents?Il faut savoir offrir à nos enfants une présence discrète et aimante, et faire confiance à ce que nous leur avons donné. Mettre no-tre «Foi» dans leur compétence. Dans le passage biblique qui nous parle du début de la vie publique

Voilà, la grande nouvelle est arrivée…! «Papa, Maman, vous allez être grands-parents.» Rencontre avec Françoise Merlo qui a eu la joie de voir ses enfants devenir parents.

«papa, maman, vous allez être grands-parents» Quand nos enfants deviennent parents

En devenant grands-parents, nos meilleurs éducateurs, ce sont nos enfants.

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«papa, maman, vous allez être grands-parents» Quand nos enfants deviennent parents

de Jésus, on entend la voix du Père qui dit: «Celui-ci est mon fils bien-aimé.» Puis, Jésus se re-trouve «seul», emmené au désert, poussé par l’Esprit, dit-on. Il est confronté aux tentations, aux dif-ficultés de l’existence mais sur-tout, confronté à lui-même. Cela veut dire que quand nos enfants deviennent parents, ils acquièrent eux aussi une identité nouvelle, mettent au monde une nouvelle façon d’exister. Et, on sait tous que cet accouchement se fait ra-rement sans douleur. Notre rôle à nous, c’est d’offrir à nos petits-en-fants «une présence de deuxième main» faite d’amour mais débar-rassée d’attentes. Quelle récom-pense alors de voir ce petit monde courir vers nous, de sentir une petite main s’accrocher à la nôtre. Tout cela se manifeste dans cha-

que famille de façon différente. A chacun de trouver sa manière «d’accompagner».

De quelle manière peut se vivre cet accompagnement?Prendre les enfants de nos en-fants le temps d’un week-end. C’est du bonheur pour tout le monde! Les uns se reposent, les autres dérouillent leurs articula-tions vieillissantes et les tout-pe-tits apprennent à quitter leur nid. Se proposer comme «parents de jour», une journée ou deux dans la semaine. Mais attention, ce n’est pas de tout repos car la présence d’un enfant entraîne souvent l’ap-parition de tous les autres. Et puis, il y a tous les petits dépanna-ges d’urgence…

Justement, n’est-ce pas trop lourd pour des grands-parents ?Il faut savoir se mettre à l’écart de temps en temps. Se garder des moments rien que pour nous pour apprendre aux plus jeunes qu’une certaine solitude est nécessaire et bénéfique. Se retirer pour goûter au bonheur. Souvent, on ne le voit pas, bien caché qu’il est dans no-tre quotidien. Se mettre à l’écart est important pour louer ce Dieu incarné dans notre monde et lui rendre grâce pour toutes les géné-rations qui nous précèdent et pour toutes celles qui nous suivront.

Propos requis parPascal Bregnard

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La messe avec des petits enfants se transforment parfois en champs de bataille et les parents en ressortent plus épuisez que ressourcez. Faut-il bailloner nos têtes blondes ou renoncer à vivre l'Eucahristie avec eux?

La mes se avec l e s pe t i t s L e c h a n t i e r d u d i m a n c h e

«Laissez venir à moi les petits en-fants et ne les empêchez pas car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent.» (Evangile selon saint Luc 18, 15-17). Pour-quoi les petits enfants? Parce que ce sont ceux qui ressemblent le plus à Jésus-Christ par leur sim-plicité et leur humilité.

Pas si simpleOui, mais ce n’est pas toujours aussi si simple. Dans beaucoup de familles, chaque dimanche

revient la même question de sa-voir si l’on emmène ses enfants à la messe, ou pas. Entre les iné-vitables bavardages de l’un qui veut savoir le pourquoi de tout, l’impossibilité de tenir en place de l’autre qui n’arrête pas de gigoter comme un pantin ou le troisième qui fait des siennes en se baladant au milieu des rangs, difficile de ne pas se faire remarquer avec sa tribu. D’où l’angoisse des parents de venir avec leurs chérubins.

Pourtant, certains osent et reven-

diquent le droit d’aller à la messe avec leurs petits. Telle cette fa-mille nombreuse: «nous avons huit enfants, cette expérience hebdomadaire, nous la vivons déjà depuis 18 ans! Au fils du temps, avec un peu de pratique, nous avons acquis et testé des astuces qui marchent…».

Alors quelques trucs et astuces pour garder le cap sans se décou-rager.

Krisztina La Framboise

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Les paramètres à ne pas négliger

L’avant-messe: il faut que l’ha-billage, le petit-déjeuner, le tra-jet soient effectués sans trop de stress.

L’heure de la messe: ne pas s’y rendre trop tôt, fastidieux pour les petits et leur gestion de l’attente, ni trop tard, trop de monde déjà en place.

Choisir sa place si possible: plu-tôt devant pour bien voir ou bien derrière pour pouvoir bouger et sortir si c’est la catastrophe ou en-core pour le petit dernier qui dort dans sa poussette ou le cadet qui a besoin de tranquillité.

L’accueil des enfants par le prêtre et les paroissiens.

Choisir des messes où les petits peuvent participer avec des of-frandes, des lumignons, le Notre-Père autour de l’autel, des gestes de paix…

La présence d’autres familles, réconfortante pour ne pas être les seuls à déranger, qu’on peut re-trouver après la messe et avec qui l’on peut échanger, aussi impor-tant pour les parents que pour les enfants.

Une arme fatale Le sac de messe Arme fatale des messes presque tranquille, le sac de messe est l'ob-jet à ne pas négliger. Il contiendra plus éléments!

L'ABC: tout ce que l’on prend pour distraire les enfants : des li-vres avec fenêtres, animés et ludi-ques, des coloriages avec des craies plutôt que des crayons qui risquent de casser. Des jouets de bébé qui ne font pas de bruit en tombant ou encore, des surprises…

Les incontournables «doudous», «lolettes», «mouchoirs» et autres «tétines» pour apaiser.

Le petit en-cas de secours pour arrêter «la Crise» s’il y a, avec boisson, de préférence qui ne cou-le pas, petits gâteaux qui ne font pas trop de bruit en mangeant et surtout, qui ne tâchent pas et du-rent longtemps.

Et quand ça ne suffit pas…

Et que… comme dit cette mère de famille, «lessivée après une heure de célébration avec sa marmaille, elle ne rêve plus que d’une messe toute seule», il y a encore une so-lution : courir chez le libraire et acheter le livre de Sophie de Mul-lenheim, «LA MESSE AVEC LES PETITS: 10 bonnes idées pour y aller… et y rester !» «Un vrai bonheur», dit cette maman qui a souri à l’expression «y rester» et qui a trouvé ce livre facile à lire, gai, encourageant, bien structuré et léger. «Je l’ai lu d’un trait…!»

Un livre donc, à acheter de toute urgence, plein de bonnes idées pour ceux qui vivent des messes paisibles et encourageant et drôle pour tous les autres. Car quand on est convaincu que les enfants, même tout petits, reçoivent à la messe les grâces dont ils ont be-soin pour grandir, on ne peut pas les en priver.

A tous, bonne messe et bonne lec-ture !

Krisztina La Framboise

Sophie de Mulenheim, La messe avec les petits : 10 Bonnes idées pour y aller... et y rester, Edition Mame, 2008.

«Laissez venir à moi les petits enfants et ne les empêchez pas car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent.»

Luc 18, 15-17

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L’Eglise, experte du Dieu para-doxale qui se révèle dans la vul-nérabilité et experte en humanité au service de l’amour, a un vérita-ble rôle à jouer dans nos chantiers conjugaux et familiaux. Sans mo-ralisme, ni voyeurisme, elle peut le faire si elle a l’audace de se laisser bousculer dans sa propre pratique, si elle se laisse interpeller par ceux qui se tournent vers elle.

S’aimer sur le long termeAlors que tomber amoureux est automatique grâce à la magie de la nature et du coup de foudre, s’aimer sur le long terme s’apprend et s’entretient! Rien n’est inscrit dans les gènes! Les préparations aux mariages, les mouvements tels que les Equipes Notre Dame, Vivre et Aimer ou les initiatives paroissiales portent cette même ambition: offrir des lieux d’appro-

fondissement à la fois spirituelle, psychologique et anthropologi-que. «Six soirées de préparation aux mariages! Cela prend beau-coup de temps» témoignait un jeune couple qui envisageait un mariage à l’Eglise! Bien sûr! Dans ce domaine, pas de miracle! Aimer dans le long terme, c’est un vérita-ble chantier dont les fondations doivent être solides et cela prend du temps!

Etre pris dans une AllianceSi l'amour n'est pas seulement l'engagement d’un couple mais un don de Dieu, un mariage à l’Egli-se est l’occasion pour les conjoints de prendre conscience de la di-mension spirituelle de leur enga-gement et de vivre le sacrement du mariage comme une vocation. Car vivre son mariage à l’Eglise, c’est accepter d’être pris dans l’alliance

qui unit Dieu et l’humanité. C’est demander au Christ de nous faire vivre ce qu’il a vécu, lui-même, jusqu’au don total en mourant sur la croix et en ressus-citant le jour de Pâques. Idéal de vie auquel les jeunes mariés sont invités à participer et qui fait du sacrement de mariage un projet à visée quasi mysti-que. On est alors bien loin du ma-riage-contrat ou mariage-forma-lité que d’aucuns proclament avec désenchantement. Oui, le mariage chrétien est une folle aventure et un pari sur l’amour fou mais… pas moins que l’engagement du Christ et son amour pour les hommes qui n’a jamais cessé d’exister pour nous sauver. Qui traverse les crises et qui construit petit à petit l’édi-fice de l’amour.

Pascal Bregnard

Dans le prolongement de la Parole de Dieu, l’Eglise promeut l’amour durable. Afin d’être en cohérence avec ce message, elle doit avoir les moyens d’assurer «un service après-vente» qui puisse permettre aux couples non seulement d’être nourris spirituellement mais aussi de tenir dans la durée, et le cas échéant d’être accompagnés lors de crise.

L’Eglise dans nos chantiers conjugaux

un projet à visée quasi mystique.

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L’Eglise face au divorce

La position de l’Eglise catho-lique vis-à-vis du sacrement de mariage est de défendre le lien de l’union et l’implication de Dieu dans le couple. Ainsi, elle respecte la valeur de l’indissolu-bilité. A l’heure actuelle, elle ne se permet pas d’annuler un ma-riage et laisse entrouverte la pos-sibilité que les conjoints puissent se réconcilier et revivre matri-monialement ensemble.

Par contre, l’Église catholique se donne la possibilité de recon-naître nul un mariage si ses mi-nistres auraient mal discerné le caractère sacramentel de l’enga-gement. C’est le cas lors de vice de consentement, d’empêche-ment ou de défaut de forme. Ici, le vécu passé n’est pas « annulé » et garde toute sa valeur. Cepen-dant, il n’est plus identifié à la vo-lonté d’alliance de Dieu. « Cette démarche est véritablement libé-ratrice et permet à certains de se reconstruire » témoigne Maria Chavez-Camacho qui œuvre à l’Officialité du diocèse de Lau-sanne, Genève et Fribourg.

Parfois le chantier s’effondre et la crise ne peut pas être sur-montée. Aujourd’hui, un couple sur deux fait la douloureuse expérience de la sé-paration et du divor-ce. L’Eglise ne peut pas rester indiffé-rente face aux «nau-fragés du mariage». Comme le rappelait Jean-Paul II dans Fa-miliaris Consortio, elle ne peut pas les abandonner. Dans cette dynamique, un parcours «Revivre» a été mise en place par les Eglises du canton de Vaud. Ce derniers offre à toutes per-sonnes séparées ou divorcées l’occasion

de dis-c u t e r des défis auxquels elles sont confron-tées. Il ne s’agit

pas de poser un juge-ment mais d’être pré-sent auprès de per-sonnes qui souffrent et de faire le point sur différents thèmes tels que les conflits, les aspects juridiques, comment gérer ses relations avec son ex-conjoint, les enfants, comment se recons-truire ou les possibi-lités de nullité… «J’ai été touchée et récon-fortée de voir l’Eglise m’accueillir comme je suis et me donner des pistes pour y voir plus clair» disait Estelle une participante.

Les personnes di-vorcées font partie de l’Église. Elles ne sont ni des honnis, ni excommuniées. Membres souvent blessés, elles sont à ce titre une priorité pour toute l’Eglise. Peu importe leur choix de vie par la suite,

elles font de par leur baptême partie de la communauté des chrétiens. Trop sou-vent, le réflexe est de se demander d’abord si tel ou tel choix est conforme avec la dis-cipline de l’Eglise. Est-ce une attitude fraternelle ou un ré-flexe de Docteur de la Loi?

L’Église, comme le Christ dans l’Evan-gile, se propose d’ac-cueillir tout homme et toute femme com-me un frère ou une sœur quelle que soit sa situation. L’an-nonce du Royaume appelle celle-ci à une pastorale qui est à la fois exigeante et pé-trie d’audace, de bien-veillance, d’espérance et de miséricorde. Un chantier pas toujours facile mener!

Pascal Bregnard

Quand la crise n’est pas surmontée

XLes personnes divorcées font partie de l’Église.

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Tra v a i l e t v i e d e f a m i l l eTe s t e z v o t r e é q u i l i b r eIl n'est pas rare que le travail empiète sur la vie privée des Français. Travail de nuit,horaires décalés ou encore stress une fois rentré chez soi : la vie professionnelle reste unsujet de préoccupation. Est-il possible d’équilibrer boulot et vie de couple ? Faites le test.

1. Vous rentrez du bureau et, pour patienter dans les habituels embouteillages :

Vous vous régalez d'avance en songeant à la petite soirée qui vous attend, d'autant plus que vos parents et beaux-parents □

sont invités. (1)Vous montez le son de l'autoradio en rêvassant avec un brin de nostalgie. □ (2)Vous repassez de fond en comble la journée que vous venez de passer, en pesant le "pour" et le "contre" des décisions que □

vous allez devoir prendre. (3) 2. Dans votre bureau, vous optez plus volontiers pour le mode de décoration suivant :

Deux ou trois photos discrètes de vos enfants parmi vos documents professionnels. □ (2)Votre portrait en pied en tenue de vacances pour vous délasser dans les pires moments de stress. □ (3)Vos dossiers, plannings et contacts professionnels prennent toute la place. □ (1)

3. Il vous arrive parfois de faire le compte de vos amis. Vous constatez qu'ils appartiennent en majorité :

Au cercle de famille élargi car les amis de vos parents sont vos amis. □ (2)A l'équipe des collègues de travail car vous êtes plus à l'aise avec ceux qui parlent votre langage... □ (1)Au cercle des copains/copines avec lesquels vous partagez vos loisirs. □ (3)

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4. En arrivant chez vous, après une journée de dur labeur :

Vous donnez le bain à la petite dernière, faites réciter ses leçons à l'ainé, et consacrez du temps à votre compagnon : ce sont □

là des rituels immuables auxquels vous ne renonceriez pour rien au monde! (1)Vous vous efforcez d'être attentive à chacun mais vous avez du mal à être complètement présente, vaguement préoccupée □

par la réunion de demain... (2)Vous préparez un dîner rapide pour votre compagnon et les enfants, tandis que vous vous contenterez d'un sandwich tout □

en peaufinant le discours qui ouvrira la réunion de demain matin. (3)

5. La famille est attablée, les discussions vont bon train. A l'instant où l'on s'adresse à vous :

Vous participez activement aux échanges avec une certaine dose d'humour qui fait le bonheur de votre entourage. □ (1)Vous tentez de recentrer les préoccupations sur votre terrain de prédilection en filtrant les éléments qui vous intéressent. □ (3)Vous attendez patiemment que l'on aborde les affaires qui concernent votre contexte professionnel, en faisant parfois la □

sourde oreille... (2) 6. Dès que les beaux jours reviennent et qu'il est enfin possible de s'octroyer une petite semaine de vacances, vous n'oubliez pas :

La caméra vidéo, pour garder une trace vivante de ces moments de pur plaisir, toujours trop courts. □ (1)Les dossiers en cours que vous parcourrez tranquillement quand les enfants seront couchés. □ (2)Le portable sur lequel vos collaborateurs sont autorisés à vous contacter quand bon leur semble. □ (3)

7. Malgré le rythme trépidant du quotidien, vous vous arrêtez un instant pour jeter un coup d'oeil sur votre mode de vie. Vous constatez que :

Vous êtes capable d'occuper un poste clé dans votre entreprise tout en suivant de près la scolarité de l'aîné et les progrès de bébé... □ (1)Vous avez encore oublié l'anniversaire du petit dernier alors que vous connaissez le taux du CAC 40 sur le bout des doigts. □ (3)Vous êtes peu présent dans le quotidien de votre petite tribu mais c'est la seule condition pour "réussir"... □ (2)

8. Certains vous trouvent distraite – et ils n'ont pas tout à fait tort – car il vous arrive :

De chercher votre voiture sur le parking du supermarché, persuadée une fois encore qu'on vous l'a volée. □ (1)De confondre les numéros de téléphone, ce qui occasionne quelques quiproquos savoureux sur votre lieu de travail. □ (1)D'appeler votre épouse par le prénom d'une collègue de travail ou vice versa, ce qui provoque quelques troubles, malgré □

vos plates excuses. (3) 9. Vous êtes, comme nombre de vos contemporains, sujette à quelques insomnies réactionnelles ponctuelles. Celles-ci sont dues :

A une certaine forme d'excitation liée aux projets et soucis familiaux. □ (1)A de petites angoisses existentielles liées à une période charnière de votre vie. □ (2)A des préoccupations professionnelles qui ont tendance à vous envahir et à modifier votre caractère. □ (3)

Additionnez le nombre de point que vous avez obtenu et retrouvez le résultat à la page suivante. Avez-vous un travail envahissant, prenant ou équilibré ? En réalité, c’est le partage à deux ou en famille que vous aurez entre vie de famille et vie professionnelle qui est essentiel ! Pour cela aidez-vous de la page 23 !

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Jusqu'à 15 pointsUn travail envahissant

Vous éprouvez certaines difficultés à répartir votre temps et donc votre énergie affective. L'un des plateaux de la balance est surchargé, ce qui donne à l'autre cette allure de peau de chagrin. Vous avez mis tous les oeufs dans le même panier et toute votre énergie dans le champ professionnel. Il n'est pas certain que cette voie vous garantisse l'efficacité que vous n'avez de cesse de revendiquer. L'implication dans le milieu du travail ne peut résulter d'une certaine fuite en avant sans provoquer quelques dégâts sur les plans relationnel et familial. Il serait sans doute intéressant que vous marquiez le pas et que vous fassiez le point pour évaluer vous-même le sens profond de ce clivage qui s'est installé entre votre vie de famille et votre statut de "pro". Nul ne conteste l'évidence de vos motivations, mais celles-ci ne prendront véritablement un sens que si elles s'articulent autour de vos projets de vie en enrichissant, dans le vrai sens du terme, vos rapports avec votre entourage immédiat. Vous apprécierez le fait d'ajuster le tir car ceux qui vous aiment vous en seront reconnaissants.

Entre 16 et 22 pointsUn travail parfois prenant

Trouver le juste milieu entre l'implication professionnelle et l'intégration active dans le milieu familial n'est pas chose facile. Certes, d'aucuns reconnaissent en vous le ou la "pro" dont rêve toute direction des ressources humaines, mais il arrive que les membres de votre famille vous fassent signe en tirant la sonnette d'alarme. Bien sûr vous les portez clairement dans votre coeur, alors n'hésitez pas à leur réserver du temps. La situation n'est pas dramatique car vous savez retomber sur vos pieds en rassurant tout le monde. Vous gagnerez vous-même une certaine paix intérieure en répartissant vos investissements de manière plus équitable. Faute de cet ajustement nécessaire, vous courez le risque de passer à côté de moments précieux qui donnent à la vie toute sa dimension humaine.

Entre 23 et 27Le juste équilibre

Vous avez brillamment réussi ce dont nous rêvons tous : concilier vie professionnelle et vie affective. Si vous vous présentez comme un acteur efficace au sein de votre entreprise, vous avez su préserver la chaleur de la présence auprès des vôtres. Ce sens inné de la famille vous permet de relativiser votre investissement à l'extérieur tout en vous impliquant dans les grandes décisions concernant votre carrière. Vous savez, par ailleurs, intéresser vos proches aux problématiques de votre vie professionnelle mais avec mesure, en évitant de les noyer dans vos préoccupations. Cette position fait de vous une personne "agréable à vivre", ouverte et consciencieuse. Vous avez entre les mains de véritables atouts et des talents de négociatrice qui vous seront d'une grande utilité face aux écueils dont est inévitablement parsemé tout parcours professionnel.

Les réponses du test :

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Les 7 commandements :pour concilier vie de famille et vie professionnelle.

5 questions pour faire le point entre famille et travail

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Lundi matin. Une nou-velle semaine commen-ce après un week-end bien rempli auprès des enfants: activités sporti-ves, goûter d’anniversaire, scouts, messe, repas fami-lial, temps en couple. Et voi-ci que le travail reprend: réu-nions, rendez-vous, e-mails. Tout s’enchaîne rapidement et finit par s’entremêler. Où sont donc les limites entre vie familiale et vie profes-sionnelle? Sommes-nous parents le week-end et collaborateurs du lundi au vendredi? Je crois qu’un jour ou l’autre, la question se pose bru-talement face à nous : que fais-je de ma vie de famille? Que fais-je de ma vie profession-nelle? Ne suis-je pas en train de sacrifier l’une pour l’autre. Quel est le sens de tout cela? Lorsque cette question sur-vient et déstabili-se nos certitudes, c’est le moment de nous arrê-ter pour nous mettre face à Dieu. Oui, le Seigneur nous a voulu père ou mère de fa-mille. Oui, le Seigneur a voulu notre activité profes-sionnelle. L’un comme l’autre sont bons aux yeux de Dieu. Forts de cette certitude, nous pouvons Lui demander dans la prière de venir unifier notre vie. Car notre activité de parents comme notre activité professionnelle sont de la même nature. Dieu nous a créé à son image et à sa ressemblance pour poursuivre dans le monde Sa Création: en faisant grandir nos enfants pour qu’ils deviennent des Saints et en exerçant notre activité professionnelle de telle sorte que notre monde devienne plus humain et plus juste. Saint Joseph n’a-t-il pas appris à marcher au fils de Dieu tout en construisant des charpentes?

Jean-Bernard et Claire Palthey

Témoignage

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«Si tu veux être tranquille, n’achè-te pas une maison, il y a toujours quelque chose à refaire!». Conseil d’un ami. C’est sûrement vrai: des bouts qui tombent en ruine, en panne, en désuétude, qu’il faut changer, refaire, modifier… Nos familles échapperaient-elles à cette dynamique? Les besoins changent, les personnes aussi, des habitudes s’usent, parfois des cer-titudes, tandis que germent des nouveautés tantôt choisies, tantôt insoupçonnées. Sans cesse il faut «passer à autre chose».

A l’épreuve de toutes les petites morts du quotidien, notre foi en la Résurrection n’est pas toujours si simple... Combien faisons-nous d’acharnements thérapeutiques pour des choses ou des situations que nous refusons de perdre? C’est

qu’accepter la mort ne va pas de soi : à qui est fait pour la Vie, toute mort paraît indue.

Accepter la mort est si difficile d’ailleurs que le deuil est un long processus qui passe par différen-tes phases: le choc et le déni (c’est impossible…ça ne va pas se pas-ser comme ça…), la révolte (c’est injuste! …c’est trop!), le marchan-dage (si je m’en sors je promets que… si c’est vrai je te jure que…), la tristesse ou l’accablement, et l’acceptation (c’est ainsi : main-tenant que vais-je en faire?). Ces phases ne se vivent pas forcément dans l’ordre, et se répètent.

Ceci dit, passe encore, les «pe-tits» deuils! Mais que dire de la «grande» mort? Celle qui s’invite tôt ou tard dans chaque famille...

Un ami. Un parent. Un conjoint. Un enfant, parfois.

Le sol se dérobe. Les repères écla-tent. Comme un pont qui vacille parce qu’un pilier s’écroule. Re-trouver l’équilibre. «Refaire sa vie». Avec ce trou au cœur. Il ou elle n’est plus là. Long processus du deuil. C’est tout notre intérieur qui se réorganise autour de cette blessure. Pas pour l’oublier. Pour rendre plus supportable ce trou absurde qui ne se fermera jamais, construire autour, pierre après pierre, pour qu’un jour peut-être le puits ainsi monté permette d’y puiser un peu d’eau, un peu de sens, un peu d’Ailleurs. Ainsi la vie se réorganise, le sens et les va-leurs, aussi. Il ou elle n’est plus là pour tenir la place qu’il occupait pour nous: qui la prend, le faut-

pa r d e l à l a m o r t , l ’ a m o u r. . .

Les deuils font parties de la vie. C'est un véritable chantier quipeut prendre le temps.

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il, comment? Nous changeons. Et nos compagnons de vie, touchés eux aussi, différemment, à un autre rythme, changent autant. Privés de la personne disparue, changés les uns et les autres, et souvent dé-synchronisés, voilà que l’équilibre familial traverse les turbulences. La famille, lieu de soutien, devient parfois le lieu de la confrontation. A un moment ou à un autre, vient souvent la question: en sortirons-nous, comment…?

Non, croire à la Résurrection n’est pas toujours si simple. Il faut plus que le tombeau vide pour graver dans le cœur des apôtres la certi-tude de la Résurrection, la certi-tude que la Croix n’était pas une signature de fin de page, mais, au cœur de l’Histoire, la déchirure hurlée d’un Dieu qui fera désor-mais de cette blessure l’ouverture

par laquelle jaillit de ce côté du monde l’eau et le sang, l’Esprit et l’Amour. Pour réaliser que même la mort n’arrête pas la vie, il faudra des centaines d’apparitions (cf. les Actes des Apôtres), il faudra des siècles de compagnonnage entre Dieu et les siens, des siècles d’es-pérance sans cesse renouvelée.

Il faut donc du temps, à chacune et chacun, pour saisir peu à peu, sous le séisme, le rocher que rien n’ébranle et qui porte l’édifice: ce-lui de ma vie, de ma famille. Croi-re à ces fondations, c’est cela, l’ac-quiescement profond à la vie. La vie plus loin que toute blessure. La vie plus forte que l’absurde. La vie derrière la vie. La vie espérance. La vie invincible. La vie éternité, permanence absolue, qui ne peut donc consentir ni au mal ni à la mort. Cette vie qui ne peut faire,

comme la source, que sourdre in-lassablement, par toute faille, par toute déchirure.

Les deuils font partie de la tra-me des jours. Ce qu’ils charrient aussi: éclats, douleurs, et doutes, bien légitimes. Croire malgré tout à la résurrection, ce n’est peut-être pas plus que de laisser l’espé-rance se faufiler dans les failles et le temps, comme au loin le chant d’oiseau qui parviendrait peu à peu à l’oreille, à travers la jungle, un chant comme une Parole, une Parole comme la Source: rien, ni aucune mort, ne pourront nous séparer de l’amour de Dieu (Rm 8,39)! Rien ne pourra nous sépa-rer de l’Amour! Rien ne pourra séparer ceux qui aiment!

François RouillerAumônier au CHUV

pa r d e l à l a m o r t , l ’ a m o u r. . .

« ... le mystère de la souffrance. J’ai encore beaucoup de peine à en parler de sang-froid. Je veux seule-ment l’évoquer. Parce que c’est cette souffrance qui m’a abrasée, qui m’a rabotée jusqu’à la transparence. Calcinée jusqu’à la dernière cellule. Et c’est peut-être grâce à cela que j’ai été jetée pour finir dans l’inconcevable. (…) Ce qui est bouleversant, c’est que quand tout est détruit, quand il n’y a plus rien, mais vraiment plus rien, il n’y a pas la mort et le vide comme on le croirait. Pas du tout.

Je vous le jure, quand il n’y a plus rien, il n’y a que l’Amour. Il n’y a plus que l’Amour. Tous les barra-ges craquent. C’est la noyade, l’immersion. L’amour n’est pas un sentiment. C’est la substance même de la création. »

Christiane Singerpeu de temps avant d’être emportée par le cancer

« Ne vous a-t-on jamais ressuscité? Personne ne vous a-t-il jamais parlé, pardonné, aimé assez pour vous ressusciter?

N’avez-vous pas assisté à des résurrections?N’avez-vous ressuscité personne?Avez-vous expérimenté la puissance de la vie qui jaillit dans un sourire, dans un pardon, dans un ac-cueil, dans une communauté véritable?

Comment croire à une résurrection future si vous n’avez pas l’expérience des résurrections immédiates?Comment croire que l’amour est plus fort que la mort s’il ne vous a pas rendu vivant?

S’il ne vous a pas ressuscité des morts?»

Louis Evely

mots chois i s

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«Tout ce qui n’est pas donné est perdu» dit un célèbre proverbe in-dien. Phrase douce à mon oreille, et qui flatte bien sûr mes idéaux chrétiens. Combien plus quand je pense à ma famille! Elle m’a été donnée! J’ai à tout lui donner! Grandeur de l’amour, et de la gra-tuité!

Donner toujours?Vraiment?... Beaucoup, beau-coup de bonheur, bien sûr! Mais soyons honnêtes: je pense aussi à ces fois où ma famille me coûte, en énergie, en temps, en soucis, en fatigue! Je ne donne pas, c’est elle qui prend! Je n’en aurais pas tou-jours l’envie… Cadeau, la famille? Combien de fois voudrais-je juste rester seul un moment, un peu de silence, un peu de paix?… Don-nez, donnez! Pour le meilleur et pour le pire! Je pense à ces couples épuisés qui finissent par se déchi-rer de fatigue. Je pense à ces hom-mes, à ces femmes, qui ont telle-ment sacrifié pour leur conjoint ou leur famille qu’ils se demandent à la fin si, eux, ils ont existé. Com-me je pense à certains pasteurs ou prêtres tellement donnés qu’ils ont fini par craquer, burn-out, bouteille ou dépression …

L’enjeu, peut-être, est plus subtil et plus simple à la fois. Pour don-ner, encore faut-il avoir quelque chose à donner! Encore faut-il

disposer d’un espace en nous qu’il ne s’agit pas de vider au sens d’un sacrifice de ce que l’on est, ce qui équivaudrait à un suicide! Maurice Zundel répétait qu’on ne peut de-venir un espace de générosité sans disposer d’abord d’un espace de sécurité. Je me permets de com-pléter autrement, avec mes mots: pour pouvoir nourrir les autres, il faut être soi-même du bon pain, car un pain rassis ne nourrit plus personne.

Un peu d’humilité…Cela requiert, il me semble, une double humilité. La première consiste à ne pas se croire plus fort que ce que l’on est. Autrement dit, avoir l’humilité de m’entendre et me respecter moi-même, avec mes propres besoins et limites, afin de rester nourrissant pour les autres. Quels espaces pour moi seul puis-je me donner, pour nourrir ensuite mon couple? Puis en couple pour nourrir ma famille? Et en famille pour donner plus largement à ceux que je rencontre, amis, collègues, bénéficiaires de mon travail ou de mes dons?

La deuxième humilité consiste à reconnaître la part de l’autre. On dit des femmes trop maternelles qu’elles sont «étouffantes». Trop vouloir donner, c’est noyer l’autre, l’empêcher de prendre sa part, sa place. Au fond, c’est l’empêcher de

pouvoir, lui aussi, donner ce qu’il est. Reconnaître qu’il ne m’appar-tient pas (ni mon conjoint, ni mes enfants, ni personne), reconnaître aussi parfois mon impuissance face à l’autre, c’est en réalité lui offrir cet espace où il peut se dé-ployer, exister à son tour, se don-ner, devenir effectivement cadeau pour moi.

Reflets de DieuAlors s’installe ce double mou-vement de donner et recevoir, qui n’est autre que la circulation d’amour qui se vit au cœur même du Dieu Trinité, dont nous sommes l’image. En Lui tout est donné et accueilli (cf. texte de M. Zundel ci-contre). Il ne s’agit plus là de «sacrifice», mais de lâcher-prise, de démaîtrise, de pauvreté, dans l’émerveillement et la liberté.

Alors, il n’y a plus le danger de se perdre ou de ne pas en faire as-sez. Il n’y a plus à craindre ou à retenir. Donner, accueillir: la gé-nérosité n’est plus un devoir, mais une respiration. Donner n’est plus un acte, mais un état. Autant que recevoir. Si «grâce» est bien un synonyme de «don», n’est-ce pas cela, alors, l’état de grâce?

François Rouiller

D o n n e r ! O u i , m a i s b i e n d o n n e r !

Choisir la famille, c'est choisir de donner! Oui mais comment et combien?

En Lui tout est donné et accueilli.

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L’Essentiel ne se possède jamais, il ne peut se vivre, se sentir, se respirer, que sur le mode du don. Cette expérience, chacun la fait d’une façon ou d’une autre. Elle reflète la Source de toute vie: en Dieu tout est don. Une autre façon de concevoir la vraie puissance, celle qui devrait habiter nos familles et nos allian-ces. Maurice Zundel en a été l’un des magnifiques chantres.

Le vrai bonheur, le bonheur de la personne, le bon-heur de l’esprit, enfin tous ces bonheurs qui ont leur origine dans l’intelligence et dans le cœur, sont des biens qui ne peuvent être possédés. Lorsqu’on veut posséder la vérité, on la perd. Lorsqu’on veut s’en faire un monopole, on la limite dans une caricatu-re. Lorsqu’on veut posséder l’amour, on lui devient étranger.

Les biens de l’esprit sont des biens «impossédables», et Dieu qui est le souverain bien est souverainement impossédable. Dieu est l’anti-possession. Dieu est l’anti-narcisse. La vie divine n’est à personne: ni au Père qui n’en est que la communication au Fils, ni au Fils qui n’en est que la restitution au Père, ni au Saint-Esprit qui n’en est que la respiration vers le

Père et le Fils qui aspirent vers Lui. La vie divine, dans la Trinité, c’est donc une vie donnée, une vie d’amour, une vie de générosité, une vie dépossédée, une vie de pauvreté. (…)

Et voilà ce mot de «désappropriation» qui flambe sur tous les horizons. C’est cela, Dieu: la désappro-priation fondamentale dans le brasier de l’éternelle Trinité. Et c’est là notre unique espérance. Toute la vision pyramidale de la grandeur s’écroule; il ne s’agit pas de dominer, de regarder de haut en bas, d’avoir des sujets, de se faire une cour, d’occuper une situa-tion! Il s’agit de tout donner, en se donnant, radicale-ment, comme Dieu!

C’est un autre monde, c’est un autre univers, c’est un autre homme, c’est une autre échelle de valeurs! Jé-sus est à genoux, au lavement des pieds : c’est cela, la grandeur!... la grandeur selon Dieu…

Maurice Zundel

Cité par M. Donzé dans L’humble Présence,

Editions du Tricorne, Genève 1986, p. 37-39

L’Essentiel ne se possède jamais

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Quelques producteurs de films, avides de scénario facile ont exploité ce créneau pour nous faire rire… pour ne pas pleurer!

Il est vrai que les fêtes de familles et surtout celles de Noël sont des lieux d’émotion intense. Les attentes des uns et des autres sont vives, les sentiments exacerbés, tant la tension vécue en ce mois de décembre amplifie toute chose. De plus, Noël, ranime dans les coeurs de tout humain et pas seulement dans le coeur des croyants la nostalgie de l’enfance, le désir de bonheur, le goût d’un «Absolu». On s’aime, un peu, beaucoup, tendrement,...pas du tout!

Depuis de nombreuses années, j’écoute mes voisins, mes amis, ma famille raconter leurs expériences de Noël: des jeunes parents souhaitent vivre cette soirée, seuls avec leurs enfants mais se sentent obligés d’inviter le soir du 24, Papa, Maman. Et s’ils font cette invitation, ils vexent Beau-Papa et Belle-Maman. Casse-tête! Certaines familles veulent fêter le 24, d’autres le 25 uniquement. A

midi, non, le soir. Avec celui-ci, sans celle-là. Casse-tête!

Je me suis jurée, et mon mari m’a suivi, de ne jamais peser dans la vie de mes enfants «adultes et parents» pour cette fête si belle.

Accueillir «Ce Dieu qui vient comme un enfant désarmé dans tous les coeurs vides et offerts», m’aide à me dépouiller de mes attentes. En tous les cas à les hiérarchiser.

J’ai cherché des solutions pour que mes enfants se sentent libres. Qu’ils puissent privilégier leurs désirs, qu’ils jonglent plus facilement avec les souhaits de leurs enfants et des autres grands-parents. Ils acceptent encore tous, semble-t-il avec joie, de se rassembler chez nous pour une grande fête de famille. Une année le 24 en soirée, l’année suivante le 25. Et on se repose chaque fois la question car les familles évoluent, déménagent, s’agrandissent.

Et si ce n’est plus possible, on pourra se rencontrer un dimanche

de l’Avent, le 1er, le 2ème, le 3ème, c’est bien égal. On allumera une bougie, la 1ère, la 2ème ou la 3ème, c’est bien égal. On partagera un gâteau, on écoutera une poésie. S’il fait un peu froid on fera une flambée dans la cheminée. Et ce sera divin et ce sera Noël. Avant l’heure et alors! Il faut se dire que Noël, c’est d’abord quand on vit dans la Paix et que l’on goûte avec reconnaissance le bonheur du «Présent partagé».

Et tant pis si ce n’est pas le 24 décembre, et tant mieux ce moment reviendra plus souvent.

Je le sais, je l’ai vécu.

Françoise Merlo

fêtes de famille, fête de NoëlQue d'Espérance derrière ces mots

Tout un mois d'activité, parfois deux pour préparer une fête inoubliable. Et pourtant, ces quelques heures en famille peuvent devenir source de tristesse, de déception voire de conflits.

J’ai cherché des solutions pour que mes enfants se sentent libres.

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Ce qui était autrefois un rituel quotidien très codifié se transforme actuellement et devient un chantier pour chaque famille. Les mères travaillent en dehors de la maison, les pères ne rentrent pas à l’heure du repas, les enfants sont occupés par de multiples activités et tout ce joli monde ne trouve pas le temps de s’asseoir pour partager un repas.

Comment faire?Quant aux foyers monoparentaux, c’est encore une autre paire de manche. Pour d’autres parents, ce n’est pas tant les contraintes horaires que le libre choix qui pousse à abandonner le format traditionnel du repas. Comme tant d’autres règles d’éducation, ces rites qu’entoure la table, souvent lourdement chargés de souvenirs du pouvoir parental et de la transmission de bonnes manières, subissent l’effet du balancier. «Il faut surtout pas faire comme

mes parents ont fait» disent certains.

Savoir comment faire, et trouver la forme que devrait prendre le repas familial est un casse-tête pour chaque foyer. Il n’y a pas de réponse tout faite. Le moment de se nourrir reste un moment clé dans notre société qu’on le veuille ou pas.

A la lumière de l'EvangileA travers les siècles, l’homme a transformé ce besoin fondamental et foncièrement égoïste de se nourrir en un lieu de communion. Certes ce n’est pas toujours facile de se mettre à table ensemble, mais si on évite les situations potentiellement conflictuelles on n’arrivera jamais à surmonter ces difficultés et découvrir des moments de joie et de partage. Si on lit l’Evangile, on constate que Jésus a souvent profité des moments de repas pour enseigner, et pour

montrer le chemin. Il commence son ministère à un festin, il accepte l’invitation des pécheurs. De plus le royaume de Dieu est comparé à un banquet. Finalement, Il nous laisse Sa présence à travers le temps et l’espace sous forme du repas eucharistique.

Que chaque famille trouve le modèle de repas familial qui lui convient selon sa situation de vie, et qu’elle profite de ces moments privilégiés de communion, avec ceux qui lui sont chers.

Krisztina La Framboise

Suggestions de lecture :

Alliance no 155 «Le Repas» Michel et Monique Rouche.

«Le Repas de famille n’est plus ce qu’il était» dans «Et comment va la famille?: Petites chroniques des familles au quotidien», Nicole Fabre et Madeleine Natanson.

R e p a s e n f a m i l l eBesoin fondamental? Célébration? moment de convivialité? source de stress? C'est peut-être un peu tout cela à la fois.

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OLYMPIADESDES FAMILLES ( 7e édition )

2 septembre 2012Stade Pierre de Coubertin, Vidy-Lausanne

www.cath-vd.ch