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Céline Guillemin CPD arts plastiques DSDEN de la Haute-Marne Dossier pédagogique Ecole & Cinéma

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Sommaire

A propos du film

Le résumé du film.............................................................................................................................................................. 4

Des ressources utiles ......................................................................................................................................................... 6

Buster Keaton .................................................................................................................................................................... 7

Filmographie sélective ...................................................................................................................................................... 9

Genèse du film ................................................................................................................................................................ 10

Avant d’aller au cinéma

L’affiche ........................................................................................................................................................................... 12

La bande annonce ........................................................................................................................................................... 14

La première séquence ..................................................................................................................................................... 16

Les particularités du film ................................................................................................................................................. 17

Le contexte historique : la guerre de Sécession ............................................................................................................. 18

Après la séance au cinéma

Juste après la séance ....................................................................................................................................................... 20

Les personnages .............................................................................................................................................................. 21

La trame narrative ........................................................................................................................................................... 22

Le burlesque .................................................................................................................................................................... 24

Une scène remarquable .................................................................................................................................................. 25

La plate-forme Nanouk

Analyse de séquence ....................................................................................................................................................... 27

L’image Ricochet ............................................................................................................................................................. 28

Le portfolio de la ciné-malle ........................................................................................................................................... 29

L’étoilement .................................................................................................................................................................... 30

Pour aller plus loin

Les héritiers de Keaton ................................................................................................................................................... 34

Jacques Tati : le burlesque à la française ........................................................................................................................ 37

En éducation civique et morale ...................................................................................................................................... 38

La révolution industrielle au XIXème siècle .................................................................................................................... 39

La machine dans l’art ...................................................................................................................................................... 40

Des machines imaginaires en arts plastiques ................................................................................................................. 43

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A propos du film

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Le résumé du film

Johnnie Gray a deux amours dans la vie : La "General" (une locomotive à vapeur dont il est le mécanicien) et Annabelle Lee.

Alors qu'il retrouve Annabelle pour un rendez-vous galant, la guerre de Sécession éclate avant même leur premier baiser. Pour ne pas passer pour un lâche, Johnnie veut être le premier à s'engager dans l'armée des États confédérés du Sud. Mais l'armée refuse de l'enrôler, le jugeant trop précieux comme mécano.

Une seconde désillusion terrasse Johnnie : Annabelle lui annonce qu'elle ne l'embrassera que lorsqu'il portera l'uniforme.

Un an plus tard, Annabelle admire son frère – décoré d'une médaille de guerre – et ignore Johnnie, toujours mécano sans uniforme.

Des espions nordistes, menés par le capitaine Anderson, parviennent à voler La "General". Johnnie se lance à leurs trousses pour récupérer sa locomotive, sans savoir qu'Annabelle y a été faite prisonnière. Il réquisitionne une locomotive de l'armée sudiste et, seul à bord, poursuit sur les rails La "General" et ses voleurs.

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Son habilité, autant que le hasard, lui permettent de déjouer les pièges tendus par les nordistes pour le stopper. Johnnie réalise bientôt qu'il a dépassé les lignes ennemies. La nuit, un orage éclate, il se réfugie sans le savoir dans le QG des nordistes. Il surprend leur plan d'attaque et découvre qu'ils retiennent sa fiancée prisonnière.

À la faveur de la nuit, il libère Annabelle et s'enfuit avec elle. Au matin Johnnie décide de reprendre La "General". Un uniforme nordiste sur le dos et avec l'aide d'Annabelle, il récupère sa locomotive.

S'engage une nouvelle course poursuite. Johnnie révèle à l'armée sudiste les plans des généraux. Le régiment file contrer ses ennemis. La bataille est violente, les tirs soutenus. Johnnie prend part au combat et, jouant de maladresses heureuses, contribue à la retraite des nordistes. Les soldats sudistes reviennent en héros à Marietta, mais Johnnie quitte la parade pour prendre soin de La "General".

Sous les yeux d'Annabelle, le général promeut Johnnie lieutenant. Vêtu de son propre uniforme, Johnnie peut enfin recevoir son baiser d'Annabelle, mais c'est sans compter sur le défilé des soldats que son nouveau rang l'oblige à saluer.

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Des ressources utiles

La plate-forme Nanouk

Plateforme pédagogique en ligne regroupant des documents pédagogiques et des extraits de films du catalogue École et cinéma. Elle offre aux enseignants et à leurs élèves la possibilité de travailler à partir de ces extraits vidéo (en se connectant avec son adresse académique uniquement). www.nanouk-ec.com Comment s’inscrire à Nanouk ? Voir le tutoriel

Le film

Le film est disponible sur YouTube (attention aux publicités indésirables). A voir ici.

Cahier de notes sur…

Dossier pédagogique sur le film. A télécharger sur la plate-forme Nanouk.

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Buster Keaton d’après le livret du CNC Quasiment né sur scène, Buster Keaton a modernisé les recettes du music-hall en les adaptant à la démesure du cinéma.

Une enfance à tomber par terre ! Joseph Frank Keaton Junior est né le 4 octobre 1895 (soit l'année de la toute première séance publique de cinéma) dans les coulisses d'un théâtre à Piqua, au Kansas. La légende veut également que le grand prestidigitateur Houdini se soit écrié « What a BUSTER ! » (« Quel casse-cou ! ») après l'avoir vu se relever d'une chute spectaculaire dans les escaliers. Le jeune Keaton, alors âgé de 6 ans, est ainsi surnommé pour l'éternité. Ses parents, Myra et Joseph Keaton, sont des artistes de music-hall, qui intègrent leur fils à leur numéro dès ses trois ans. Joe Keaton le jette par terre, se sert de lui comme d'un balai pour nettoyer la scène ou encore le balance dans la grosse caisse de l'orchestre.

Buster tombe et retombe, impassible, et cette absence d'affect déchaîne le rire des foules, ce qui n'est pas du goût des ligues pour la protection de l'enfance de New York. En 1907, l'une d'elles parvient à faire interdire le show (réputé pour être le plus violent de l'époque) pour une durée de deux ans.

Premiers films et apprentissage En 1917, Buster est repéré à New York par le producteur Joseph Schenk, directeur de la Comique Film Corporation qui produit les films de la plus célèbre star burlesque de l'époque : Roscoe « Fatty » Arbuckle. Buster est engagé comme comparse et faire-valoir de Fatty (« le Gros » en français). Il devient vite un pilier de ses courts métrages (15 films entre 1917 et 1919), pour lesquels il invente de nombreux gags. La complémentarité de Fatty (le gros grand à l'humour régressif et destructeur) et de Buster (le petit athlétique « innocent » qui lutte pour trouver sa place dans le monde) fera le succès de ces films. Keaton apprend avec lui les ficelles du métier de cinéaste. Quand ce dernier quitte le studio, Joseph Schenk fonde le Studio Keaton, pour lequel Keaton réalisera et interprètera une vingtaine de courts métrages, dont le premier, La Maison démontable (One Week) en 1920, est l'une des nombreuses merveilles.

Longs métrages et consécration

Entre 1923 et 1928, Keaton va signer dix longs métrages avec sa compagnie, et presque autant de chefs-d’œuvre, parmi lesquels Le Mécano de La General en 1926. Avec sa mise en scène aussi simple que savante et son propre corps qu'il malmène en le confrontant à la réalité (et à la dureté) des hommes et du monde, il construit une œuvre poétique et d'une grande singularité. Pour l'aider dans son travail, Keaton peut compter sur la complicité d'une équipe réduite : le producteur Schenk, Eddie Cline et Clyde Bruckman qui le seconderont à la réalisation. Keaton est également connu pour aborder son travail de manière collective, faisant participer toute son équipe (du producteur jusqu'au balayeur, comme il aime à le préciser) aux séances de travail sur le scénario. Pour Le Mécano, pas moins de quatre personnes sont citées pour le scénario et Clyde Bruckman est crédité comme coréalisateur. L'engagement physique (et souvent dangereux) de Buster dans la plupart des plans nécessite une sorte de garde-fou, un regard extérieur. Le film n'en reste pas moins un film de Keaton, puisqu'avec son corps il en insuffle le rythme et l'énergie au cœur de chaque plan.

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L'imminence du parlant, et du déclin… Le Mécano de La General sort en 1926, soit un an avant Le Chanteur de jazz d'Alan Crosland, le premier film parlant commercial. Cette révolution cinématographique sera un coup de massue pour de nombreux acteurs du muet (John Gilbert, dont la voix haut perchée ne collait pas à son image virile) et particulièrement du burlesque, cet art si corporel. Keaton, qui a passé sa vie à s'exprimer par l'image et le corps, peinera lui aussi à s'emparer de ce nouvel outil. Chaplin parviendra à y résister un temps (et même à s'en moquer dans Les Lumières de la ville en 1931) puis s'adaptera à ce changement. Un film mythique raconte ce moment de bascule du débarquement du parlant : Chantons sous la pluie, 1953, de Stanley Donen et Gene Kelly (dont une séquence célèbre montre la leçon de diction que doivent prendre les comédiens). Un film plus récent, The Artist de Michel Hazanavicius (2011), évoque, lui aussi, les difficultés d'adaptation d'une star du muet en 1927. Cette nouvelle donne technologique s'ajoute à une autre catastrophe pour Keaton, la signature en 1928 d'un contrat avec le grand studio MGM. Il perd alors sa liberté de création et ses précieux collaborateurs. Cette « erreur de sa vie » selon lui, se traduit par le début d'une longue série d'échecs et d'une période très difficile pour ce créateur unique. Jusqu'à sa redécouverte tardive, Keaton n'est plus que l'ombre de lui-même. Il apparaît dans des films ou des shows télé souvent médiocres, et souvent comme second rôle, ainsi que dans quelques numéros de cirque. Il recevra en 1959 un Oscar spécial pour sa contribution à l'art cinématographique. En France c'est la Cinémathèque française qui lui rendra, en 1962, un hommage en sa présence. Il sera célébré de nouveau dans le monde entier, et mourra quatre ans plus tard en Californie, en février 1966. Le critique Serge Daney dira alors : « Keaton est entré in extremis au panthéon des grands cinéastes. »

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Filmographie sélective d’après le livret du CNC

Courts métrages (coréalisés par Buster Keaton et Edward F.Cline) 1920 La Maison démontable ; Voisins-Voisines 1921 Malec chez les fantômes 1922 Frigo déménageur ; Frigo à l’Electric Hôtel 1923 Malec aéronaute ; Le Nid d’amour

Longs métrages 1923 Les Trois Âges (coréalisé par Edward F. Cline) ; Les Lois de l’hospitalité (coréalisé par John G. Blystone) 1924 Sherlock Junior, détective ; La Croisière du Navigator 1925 Les Fiancées en folie 1926 Le Dernier Round ; Le Mécano de La General (coréalisé par Clyde Bruckman) 1927 Sportif par amour (coréalisé par James W. Horne) 1928 Cadet d’eau douce (coréalisé par Charles Reisner) 1928 Le Caméraman (coréalisé par Edward Sedgwick)

Rôles tardifs notables 1950 Boulevard du crépuscule de Billy Wilder 1951 Les Feux de la rampe de Charlie Chaplin 1964 Film d’Alan Schneider et Samuel Beckett 1965 L’Homme du rail de Julian Biggs

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Genèse du film d’après le livret du CNC Le film s'inspire d'une histoire vraie, connue sous le nom de « raid d'Andrews ». En 1862 en Géorgie, un

commando d'une vingtaine de soldats nordistes vole la locomotive The General à l'armée sudiste, afin de bloquer le ravitaillement de leur bastion Chattanooga. Deux (ou trois, selon les sources) mécaniciens sudistes, au premier rang desquels William Alexander Fuller, se lancent à leur poursuite. Le plan nordiste finit par échouer, et neuf hommes sont pendus. William Pittenger, l'un des rescapés, écrit en 1893 le récit de cette aventure dans The Great Locomotive Chase.

Soixante-cinq ans après les faits, Clyde Bruckman lit ce roman et voit dans cette course-poursuite épique et mécanique une histoire idéale pour Buster Keaton, qui s'enthousiasme à son tour pour le projet.

Obsédés par l'idée de coller à la réalité, Keaton et Bruckman s'inspireront pour leur « reconstitution » des photographies de Matthew Brady, le grand photographe de la guerre de Sécession (voir le portfolio de la plateforme Nanouk).

La superproduction Ce souci de réalisme fait du Mécano de la General le film le plus cher de Keaton. Nous pensons bien sûr

aux milliers de figurants en costume et à l'emploi de trains d'époque. Keaton ira jusqu'à chercher deux locomotives ayant servi pendant la guerre et fera construire une reproduction de la Texas pour l'envoyer sombrer dans la rivière. Cette scène (filmée par six caméras pour ne pas risquer de rater la prise !) est réputée la plus chère du cinéma muet (42 000 dollars). Le coût total du film s'élève à 750 000 dollars, contre 385 000 pour La Croisière du Navigator, un autre de ses gros budgets.

Notons que les films historiques muets ont le plus souvent l'histoire comme sujet et non comme toile de fond (tel Naissance d'une nation (1915), de D. W. Griffith, se déroulant à la même période). Le Mécano de la General dénote ici, avec une lourde production au service d'un héros romantique et maladroit.

Le point de vue de Keaton La principale adaptation que fait Keaton par rapport au roman (outre l'ajout de la romance avec

Annabelle) est d'adopter le point de vue sudiste. Il part pour cela du principe que, dans l'inconscient américain, le Sud inspire la sympathie des perdants et que seuls les bleus peuvent jouer de mauvais tours. Il ne s'interdit cependant pas de brouiller les pistes en faisant endosser à Johnnie l'uniforme des deux camps, sans doute une manière d'induire une « neutralité » du personnage comme du metteur en scène. Cette volonté de ménager les sensibilités n'empêche pas le cinéaste d'affirmer son regard sur cette guerre fratricide, en en dénonçant l'absurde brutalité. On pense notamment à ce général affirmant à ses hommes que le pont n'est pas assez brûlé pour stopper la locomotive [01:05:20], et à son regard impassible après qu'elle se soit retrouvée dans la Rock River. Les cadavres s'accumulent dans la bataille finale, et le gag des soldats qui tombent autour de Johnnie comme des mouches (ou des soldats de plomb) ne fait pas oublier que la mort est présente, et bien réelle.

Du fiasco à la redécouverte Le Mécano de La General est un échec financier, aux États-Unis comme en France. On reproche à Keaton – seul avec sa locomotive – son narcissisme, et la longueur, si ce n'est le simplisme, de ce voyage aller-retour. Et puis l'association de la comédie à ce conflit douloureux ne passe pas non plus. Soixante ans après, la blessure est encore trop vive. Les propriétaires de la véritable "General" avaient d'ailleurs refusé de la lui prêter en comprenant qu'il voulait faire une comédie. Le Mécano de La General ne tient qu'une semaine à l'affiche au lieu de trois ou plus pour ses autres films. Le film est aujourd'hui considéré comme l'un des plus beaux de son auteur, et tout simplement l'un des plus beaux de l'histoire du cinéma.

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Avant d’aller au cinéma

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L’affiche

Objectif Faire entrer les élèves dans l’univers cinématographique du film par l’analyse de l’affiche.

Compétences visées - Repérer les éléments du langage plastique dans une production. - Décrire des œuvres d’art, en proposer une compréhension personnelle argumentée. - Emettre des hypothèses sur les lieux, les personnages et les actions du film.

Matériel - Affiches du film : à télécharger sur la plate-forme Nanouk.

Activités en classe On peut montrer les affiches entières, sans texte ou en dévoiler des détails au fur et à mesure.

Relever les éléments de l’image : Les deux affiches américaines, produites par le studio United Artists, évoquent volontairement un univers enfantin. Sur un fond bleu clair, c'est tout d'abord le visage émacié de Keaton que l'on remarque. Dans les deux cas, le portrait est stylisé, proche de la caricature. Gros visage sur petit corps : Keaton est transformé en lutin équilibriste qui se joue de deux situations périlleuse. Sur une affiche, il est assis sur un boulet de canon en propulsion. Sur l'autre, il chevauche une locomotive lancée à pleine vitesse, tenant dans ses bras une Annabelle plus petite que lui. Les deux affiches font référence au monde du cirque : l'homme-canon et le funambule.

Le titre : Le titre original : The General Le titre français : Le mécano de la General Il mérite une attention particulière avant la projection. Quelques points d’appui : - Le mot General est à révéler oralement, puis écrit (dans les titres) aux élèves afin de mettre en valeur sa particularité orthographique : la General (article féminin, mot au masculin / absence des accents aigus). - Qu’est-ce-que la General ? Recherche des définitions et usages du mot dans le corpus des mots connus des élèves. Hypothèses quant à l’objet ou au personnage possibles des titres. Grâce à cette recherche, les élèves seront rendus attentifs à l’univers militaire et comprendront plus facilement le jeu du titre original (jeu de mot ou mise en confusion…)

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A l’aide de quelques images (arrêts sur image du film, voir site Nanouk ou en permettant aux élèves d’accéder aux photogrammes du site Nanouk) acter que la General est une locomotive. - Opposer le titre original au titre en français. Le titre français met en valeur le héros « le mécano ». Le titre anglais met en valeur la locomotive, en jouant sur l’ambiguïté ; il appartient au champ militaire et rien ne précise qu’il s’agit du nom de la locomotive. A noter : l’emploi du mot mécano, nous rend de suite le héros familier.

Le genre : On pourra s'interroger avec les élèves sur le genre cinématographique que chaque affiche met en avant : film de guerre et/ou d'aventure pour l'affiche « homme-canon », film romantique pour l'affiche « locomotive ». Pourquoi privilégier un genre par rapport à l’autre ?

Pour aller plus loin : - Voir des court-métrages de Buster Keaton. - S’interroger sur le contenu de l’histoire : noter les hypothèses des élèves, y revenir au fur et à mesure de la découverte du film.

La sortie au cinéma : La rencontre avec un film se prépare d’autant plus qu’elle va se dérouler dans un lieu insolite, inconnu de la plupart des élèves : la salle de cinéma. Il est essentiel d’évoquer quelques données avec les élèves afin de leur permettre : - de comprendre les enjeux culturels de la « sortie », faire que la sortie devienne une aventure culturelle, - de découvrir avec lucidité et respect un nouveau lieu ayant une fonction spécifique et une organisation particulière, - de prendre conscience de l’importance de ce moment et du bonheur d’être initié à un nouvel art, - d’apprécier la rencontre avec une œuvre authentique et de partager ce moment avec d’autres (émotions collectives), - de disposer de quelques données, quelques clés de compréhension facilitant une complicité avec l’œuvre (attitude et comportement de spectateur). Voir document sur Ercom52 : aller au cinéma avec sa classe.

Remarque : La rencontre avec l’œuvre cinématographique est importante pour les élèves, car il s’agit d’une rencontre avec une œuvre d’art authentique. Afin qu’elle soit considérée comme telle, il importe de le dire aux élèves lors de la préparation à la rencontre et de leur rappeler le jour de la rencontre.

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La bande annonce

Objectif Faire entrer les élèves dans l’univers cinématographique du film par la découverte de la bande annonce.

Compétences visées - Repérer les éléments du langage plastique dans une production. - Décrire des œuvres d’art, en proposer une compréhension personnelle argumentée. - Emettre des hypothèses sur les lieux, les personnages et les actions du film.

Matériel - La bande annonce du film : à voir ici.

Activités en classe La bande annonce permet de relever un certains nombres d’éléments avec les élèves (ne pas hésiter à visionner la bande annonce plusieurs fois et à faire des arrêts sur image pour aider) : Sur l’histoire : - « Un homme et ses deux amours » : une femme et… qui ? ou quoi ? Interroger les élèves sur la photographie suivante pour faire comprendre que son deuxième (ou premier ?) amour est une locomotive :

- « Ne mentez pas – je ne veux pas que vous me parliez tant que vous n’êtes pas en uniforme. » : Le film se déroule pendant une guerre (on apprend après qu’il s’agit d’une guerre civile) ; les hommes vont s’enrôler (mot à expliquer ou possibilité de chercher sa définition) pour défendre leur pays et leurs idées ; notre héros doit s’enrôler pour satisfaire sa belle. Remarque : Le film a lieu pendant la guerre de Sécession (voir page 18 pour aborder le sujet avec les élèves). Les élèves pourraient penser que le film a été tourné pendant cette période. Bien leur expliquer que ce n’est pas le cas, il s’agit d’un film historique. En connaissent-ils d’autres ? - On voit notre héros dans diverses péripéties. - La guerre ne consiste pas uniquement en des affrontements physiques et des tirs ; la guerre c’est aussi des situations de stratégies et de sabotage : sabotage des rails, du pont. - Pourquoi sa fiancée l’embrasse à la fin ? Il est en uniforme. - Revenir sur les premières hypothèses émises lors de la découverte de l’affiche ; y revenir après la projection. Sur les particularités du film : - C’est un classique du patrimoine américain (Sélection « Cannes Classics »), - Le film est en noir et blanc, - Il est muet, plus précisément sans paroles mais accompagné de musiques.

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Ce sont deux données que les élèves n’ont pas l’habitude de rencontrer lorsqu’ils voient des films au cinéma ou par d’autres moyens. Un moment consacré au genre du film muet et à des explications sur le noir et blanc sera profitable aux élèves ; ils entreront avec plus d’aisance dans le film, ils enrichiront leurs connaissances sur le cinéma (voir page 17 sur les particularités du film).

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La première séquence

Objectif Rendre l'élève perceptif aux particularités thématiques et esthétiques du film et pour cela, lui donner des éléments de lecture et de connaissance, de réflexion et d'appropriation.

Compétences visées - Cultiver sa sensibilité, sa curiosité et son plaisir à rencontrer des œuvres. - Mobiliser ses savoirs et ses expériences au service de la compréhension d’une œuvre.

Matériel - Une connexion vers la plate-forme Nanouk : la première séquence du film se trouve dans la partie « Ciné-malle ».

Activités en classe

Le visionnage de la première séquence permet d’aborder les particularités du film (voir page 17 de ce dossier) et d’émettre des hypothèses sur les personnages et l’histoire.

Trace écrite Les éléments évoqués lors de la découverte de l’affiche, de la bande annonce et de la première séquence peuvent être compilés sur un écrit. Les élèves pourront y revenir après la découverte du film.

Fiche de l’élève >> à télécharger ici.

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Les particularités du film Objectif Rendre l'élève perceptif aux particularités thématiques et esthétiques du film et pour cela, lui donner des éléments de lecture et de connaissance, de réflexion et d'appropriation.

Compétences visées - S’approprier quelques œuvres de domaines et d’époques variées appartenant au patrimoine national et mondial. - S’ouvrir à la diversité des pratiques et des cultures artistiques. - Dégager d’une œuvre d’art, par l’observation ou l’écoute, ses principales caractéristiques techniques et formelles.

Remarques pour l’enseignant En photographie comme au cinéma, le noir et blanc était utilisé avant la découverte des procédés techniques permettant l’enregistrement des couleurs et s’imposait de fait aux artistes. Aujourd’hui, photographes et cinéastes ont la possibilité du choix entre la couleur et le noir et blanc. Et ce choix procède et du sujet traité et de la manière dont les réalisateurs ou les photographes veulent le raconter. En optant pour le noir et blanc, ils concentrent davantage leur attention sur les formes, la composition des images, le jeu de la lumière et celui des ombres et ramènent donc aussi le regard des spectateurs vers ces mêmes enjeux plastiques. Le cinéma muet se caractérise par l’absence de dialogues enregistrés sur un support mécanique (disque ou pellicule) et par l’absence sur le même support de musique et de bruits ou d’ambiances sonores. Pour autant, le cinéma, même à ses débuts n’est pas sans accompagnement sonore. Dès son origine, on allie du son à l’image et le son, musiques et bruitages, est produit en direct dans la salle de projection. Parfois, des bonimenteurs commentent les scènes aux spectateurs. Dans le cinéma muet, les attitudes comportementales, les gestes et l’expression des visages des acteurs sont amplifiés.

Activités en classe On peut commencer par visionner un court-métrage de Buster Keaton avec les élèves. exemple : La maison démontable >> A voir ici. Questionner les élèves sur le fait que le film soit muet : - Quelle astuce technique nous aide à suivre l’histoire ? - Imagine les dialogues. Est-ce possible ? - Comment les comédiens nous font-ils comprendre ce qui se passe ? A l’époque des films muets, des musiciens animaient les projections en jouant de la musique dans les salles de cinéma. - Regarde la vidéo sans le son : comment est-ce ? - Regarde avec la musique : comment est-elle dans les moments comiques ? dans les dramatiques ? Prendre le temps avec les élèves de travailler sur les origines du cinéma : voir le document de travail sur Ercom 52.

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Le contexte historique : la guerre de Sécession

Objectif Faire entrer les élèves dans l’univers cinématographique du film par l’analyse de la première séquence du film.

Compétences visées - Cultiver sa sensibilité, sa curiosité et son plaisir à rencontrer des œuvres. - Mobiliser ses savoirs et ses expériences au service de la compréhension d’une œuvre.

Aide pour l’enseignant La Guerre de Sécession, que les Américains appellent simplement la Guerre civile, a déchiré les Etats-Unis de 1861 à 1865. Contrairement à une idée reçue en France, l’abolition de l’esclavage n’est pas la cause unique de la « sécession », même si elle en fut un symptôme essentiel. Les disparités économiques, sociales et culturelles entre le Nord, commerçant et industriel, et le Sud, conservateur et terrien, sont bien plus essentielles. La guerre civile se caractérise, au moins jusqu’à la nomination du général Grant par Lincoln en mars 1864 – le raid Andrews a lieu en 1862 –, par la supériorité du commandement sudiste, l’importance des liaisons ferroviaires et télégraphiques, la volonté de détruire les moyens de communication de l’ennemi, toutes choses dont Le Mécano de la « General » rend compte de façon très juste. La révolte des États du Sud n’est pas considérée comme anti-américaine : elle exprime au contraire le courage du Sudiste de se battre pour sa liberté individuelle d’opinion, son droit de se gouverner lui-même, face à l’État fédéral. Le triomphe de l’Union, soldé par l’assassinat de Lincoln quelques jours après la reddition du général Lee à Appomattox, permet la réconciliation sur le fait que l’Amérique perdure, unifiée. Hollywood, pas plus que le Nord, ne peut s’aliéner commercialement le Sud. Dans Autant en emporte le vent (Victor Fleming, 1939), la destruction d’Atlanta par les troupes nordistes, entre autres, est donnée comme un acte de barbarie et les Nordistes en général comme des êtres manquant singulièrement de noblesse. Le conflit Nord-Sud, dans Naissance d’une nation (D. W. Griffith, 1915), est d’abord le déchirement de deux familles autrefois amies. En portant secours à un ennemi blessé, le Sudiste Ben Cameron, se fait acclamer par les Nordistes, avant de fonder le Ku-Klux-Klan pour protéger le Sud d’une domination noire… La phrase que se remémore le Sudiste O’Meara (Rod Steiger) dans Le Jugement des flèches, de Samuel Fuller (1957) éclaire l’attitude du cinéma hollywoodien dans sa majorité : « La reddition de Lee n’a pas été la mort du Sud, mais la naissance des États-Unis ». Mais la blessure fut si longue à cicatriser que Buster Keaton considérait toujours en 1965 que dans sa version du récit de William Pittinger (L’Infernale poursuite, de Francis D. Lyon, 1956), Disney s’était trompé : « Il a commis l’erreur de raconter l’histoire du point de vue nordiste. Et on peut toujours peindre les Nordistes comme les scélérats d’une histoire, mais c’est impossible pour les Sudistes ».

Activités en classe Faire une recherche documentaire sur le sujet : Article Vikipédia : La guerre de Sécession Un document de l’académie de Nancy : à télécharger ici.

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Après la séance au cinéma

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Juste après la séance Objectif Permettre d’interpréter l’implicite, de confronter les interprétations et de lever certaines incompréhensions.

Compétences visées - Exprimer ses émotions, ses sentiments et ses préférences artistiques. - Ecouter et respecter l’avis des autres et l’expression de leur sensibilité.

Matériel - La fiche « Ecole et cinéma » du film : à télécharger.

Activités en classe

Echanger autour des ressentis des élèves : Une importante phase d’oral est nécessaire pour permettre aux enfants d’exprimer leurs émotions. Cela leur permettra de prendre de la distance par rapport à ce qu’ils viennent de voir (ce que l’on a aimé ou pas, ce qui a fait peur, ce qui a fait rire, ce qui a ému, ce qui a étonné…).

S’assurer de la compréhension du film : Plutôt que de reconstituer l’histoire, un peu complexe à raconter pour des élèves d’école primaire, on privilégiera de mettre les élèves en situation d’évoquer le moment, la scène, l’effet, l’attitude, la mimique ou l’arrêt sur image, que chacun a retenu parce que le (la) plus apprécié(e) ou le(la) plus détesté(e) ou le(la) plus surprenant(e) dans le film. Il est alors attendu des élèves qu’ils essaient aussi de dire pourquoi, de révéler ce qui les touchés. Une telle entrée en matière doit permettre à chaque élève de revenir intérieurement sur le film, de faire un choix et se positionner et d’émettre un avis personnel. Cette situation est également profitable aux élèves dans le cadre de la rédaction d’une critique sur le film; elle alimente la réflexion de chacun mais permet aussi de s’enrichir des regards et des avis des autres.

Choisir une scène : Chaque élève peut dessiner une scène qu’il a particulièrement aimée et écrire en quelques lignes ce que raconte cette scène, pourquoi il l’a choisie et ce qu’il a ressenti (ou en dictée à l’adulte pour les plus jeunes).

Alimenter le parcours d'éducation artistique et culturelle (PEAC) de l’élève : Faire coller le travail dans le cahier de culture et faire coller la carte postale et la fiche du film (mémoire du parcours).

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Les personnages

Objectif Permettre aux élèves de s’approprier l’histoire du film à travers les personnages.

Compétences visées - Identifier les personnages d’une fiction, les intentions qui les font agir, leurs relations et l’évolution de ces relations.

Activités en classe Caractériser chaque personnage : rôle, portrait, son caractère…

Le héros principal - Rôle : que fait-il, que lui arrive-t-il ? - Portrait : à quoi ressemble-t-il ? - Comparer sa situation initiale et sa situation finale.

- Johnnie Gray est bien sûr le héros du film, mais est-il pour autant

héroïque ?

Revoir la scène où il se compare aux recrutés : Johnny est un homme ordinaire, au physique commun ; son teint est très blanc par rapport aux autres personnages. Il se démarque déjà physiquement. La motivation de son engagement dans les troupes sudistes ne répond ni à une quelconque démarche idéologique (comme par exemple servir les états confédérés) ni à une volonté de montrer ou prouver sa bravoure. Et quand il se met en mouvement, c’est pour récupérer la « General ». Les personnages secondaires - Comparer les personnages secondaires au personnage principal : quelles différences peut-on observer ? Aide : voir le document du département du lot. D’autres questions possibles : - Pourquoi Johnnie Gray veut-il s’enrôler ? Et les parents d’Annabelle ? - Johnny Gray est-il de la même taille que les autres personnages masculins ? - Comment les autres personnages considèrent-ils Johnnie Gray au début du film ? Ce qui est important à faire remarquer aux élèves c’est que Johnnie a l’apparence d’un clown et il se distingue de ce fait des autres personnages très sérieux. Il est le seul à s’engager par amour alors que les autres le font par patriotisme ; mais il n’a rien d’un « héros » et il est méprisé par les autres. Keaton propose un anti-héros qui agit non par patriotisme mais par amour mais qui se révèlera finalement plus héroïque et plus débrouillard.

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La trame narrative Objectif Faire reconstituer la trame narrative du film.

Compétences visées - Comprendre des textes, des documents et des images et les interpréter. - Identifier les personnages d’une fiction, les intentions qui les font agir, leurs relations et l’évolution de ces relations. - Comprendre l’enchainement chronologique et causal des évènements d’un récit, percevoir les effets de leur mise en intrigue.

Activités en classe S’assurer de la compréhension de l’intrigue - Comprendre la situation de départ : présentation du fait historique à la base du film. - Identifier les personnages : héros, personnages secondaires… (voir p 21). - Situation initiale/situation finale du personnage principal : comparer. - Reconstruire la trame narrative du film : en utilisant des images séquentielles, des phrases ou des mots clés… Quelques idées possibles

- Faire un résumé individuellement ou collectivement. - Reconstituer l’histoire à partir de photogrammes du film et les légender. Les photogrammes : à télécharger ici. - Faire le story-board (dessiner les étapes essentielles du récit et légender).

Aide pour l’enseignant : LES DEUX AMOURS DE JOHNNIE

Johnnie, le mécanicien de La "General", a deux amours : sa locomotive et Annabelle. En pause dans la ville de Marietta il retrouve sa promise pour un rendez-vous galant.

L'ANNONCE DE LA GUERRE Les amoureux sont interrompus avant leur premier baiser par le frère d'Annabelle, qui annonce le bombardement de Fort Sumter. La guerre de Sécession est déclarée. Le frère entend être le premier à s'engager contre les nordistes. Le sang de Johnnie ne fait qu'un tour : il ira à la guerre lui aussi. En récompense de sa bravoure, il reçoit un baiser qui le renverse, et fonce au bureau de recrutement.

PAS D'ENGAGEMENT POUR JOHNNIE L'armée refuse de recruter Johnnie, le jugeant plus utile comme mécanicien. Il passe pour un lâche aux yeux d'Annabelle, qui refuse de lui parler tant qu'il ne portera pas l'uniforme.

UN AN PLUS TARD Un an plus tard, la guerre est aux portes de Marietta. Le général nordiste Thatcher et son espion, le capitaine Anderson, fomentent un plan pour voler La "General", aux sudistes et faire sauter les ponts derrière eux. Annabelle admire son frère, blessé à la guerre et décoré d'une médaille, et ignore Johnnie, toujours mécano en civil.

LE VOL DE LA GÉNÉRALE ET LE DÉBUT DE LA POURSUITE EN SOLITAIRE Johnnie conduit La "General", avec à son bord Annabelle, qui va rendre visite à son père. Le capitaine Anderson et ses hommes profitent de la pause déjeuner pour voler La "General", qu'il croit vide. Mais ils capturent Annabelle, qui y était retournée chercher un foulard. Johnnie se lance seul à la poursuite de la

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locomotive, à pied, en draisine ou en vélo. Il réquisitionne le train d'une garnison sudiste, et se retrouve à nouveau seul poursuivant, aux commandes de la locomotive.

ATTAQUE ET CONTRE-ATTAQUE Johnnie arrime à sa locomotive un énorme canon qu'il peine à manipuler. Il manque de se faire sauter lui-même, mais réussit à inquiéter les voleurs de La "General", qui pensent être poursuivis par des militaires nombreux et organisés. En réponse, les fuyards lui tendent de multiples pièges. Avec chance et adresse, Johnnie dégage les obstacles qui se dressent sur les rails.

EN TERRITOIRE ENNEMI Tout à sa poursuite, Johnnie ne voit pas qu'il dépasse l'armée sudiste en déroute, ni même l'armée nordiste victorieuse. Caché dans sa locomotive, il s'enfonce au-delà des lignes ennemies. Le capitaine Anderson et ses hommes le bombardent de poutres depuis un pont. Johnnie se sort sain et sauf de ce guet-apens, mais les nordistes découvrent qu'il est seul à les poursuivre. Isolé en territoire ennemi, Johnnie n'a d'autre option que d'abandonner la locomotive.

UNE NUIT CHEZ LES BLEUS Surpris par la nuit, Johnnie se réfugie sans le savoir dans le quartier général des nordistes et surprend leur plan d'attaque contre les sudistes. Il reconnaît aussi la voix d'Annabelle, qu'il découvre être prisonnière de ses ennemis. Il la sauve et s'enfuit avec elle sous une pluie diluvienne. Annabelle reconnaît le courage de son sauveur.

REPRISE DE LA GÉNÉRALE Au réveil, Johnnie et Annabelle réalisent qu'ils sont proches du camp des sudistes. Johnnie repère La "General", et décide de la reprendre. Vêtu d'un uniforme nordiste volé, il s'immisce parmi les soldats et dissimule Annabelle dans un wagon. Annabelle détache le wagon, Johnnie assomme le capitaine Anderson qui se trouve à bord de La "General", et la reprend au nez et à la barbe de ses ennemis.

TRAJET RETOUR S'engage une course poursuite dans le sens du retour. C'est au tour de Johnnie, aidé par Annabelle, de tout tenter pour se débarrasser des nordistes partis à leurs trousses sur un autre train. Les deux héros sabotent un aiguillage et arrivent au pont de Rock River, qu'ils laissent en feu derrière eux.

RETOUR À MARIETTA Portant l'uniforme de l'ennemi, Johnnie se fait accueillir par les sudistes par des coups de feu. Il enfile un uniforme sudiste avant d'arriver à Marietta, où il avertit le commandement des plans d'attaque de l'ennemi. Johnnie, submergé par la frénésie de la mobilisation, récupère une épée trop grande pour lui et part après le régiment.

JOHNNIE S'EN VA EN GUERRE Les nordistes remettent leur locomotive en marche. Un général estime que le train peut emprunter le pont malgré le feu qui le dévore. Le train s'y engage, le pont s'effondre sous son poids et le train finit dans l'eau de la rivière. Johnnie rejoint le front et, galvanisé par l'épée de commandement qu'il a ramassée, s'agite et donne des ordres dans tous les sens. Par un enchaînement d'heureuses maladresses, il contribue au repli des nordistes.

HÉROS DU JOUR Les troupes sudistes rentrent victorieuse à Marietta. Johnnie retourne s'occuper de sa machine. Il y retrouve le capitaine Anderson qu'il va livrer à l'état-major. Sous les yeux d'Annabelle et de son père, le général sudiste ordonne à Johnnie de quitter son uniforme emprunté. Craignant la honte de n'être pas digne d'appartenir à l'armée, Johnnie est rhabillé par le général d'un uniforme neuf de lieutenant, signe de son engagement tant espéré.

LE BAISER TANT ATTENDU Enfin soldat, Johnnie peut maintenant recevoir son baiser d'Annabelle. Il embrasse Annabelle tout en saluant d'un geste mécanique le régiment qui vient le féliciter.

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Le burlesque

Objectif Rendre l'élève perceptif aux particularités thématiques et esthétiques du film et pour cela, lui donner des éléments de lecture et de connaissance, de réflexion et d'appropriation.

Compétences visées - S’approprier quelques œuvres de domaines et d’époques variées appartenant au patrimoine national et mondial. - S’ouvrir à la diversité des pratiques et des cultures artistiques. - Dégager d’une œuvre d’art, par l’observation ou l’écoute, ses principales caractéristiques techniques et formelles.

Activités en classe Remarques Le burlesque : un nouveau genre au cinéma Premier genre cinématographique reconnaissable, le burlesque prend sa source dans le cirque, le vaudeville et le music-hall. C'est un genre qui s'impose dès 1910. Il fait partie de la grande famille des films comiques : parodies, comédies, films d’humour. Le burlesque cherche à amuser, à déclencher rire et sourire, comme la comédie, mais il s’en distingue par des effets comiques inattendus et fulgurants (gags) qui font entrer le spectateur dans un univers caractérisé par la répétition, l’absurde, le non-sens, le décalage et l’irrationnel. « L’arroseur arrosé » des frères Louis et Auguste Lumière est un gag de clowns, par exemple. On pourrait dire que les deux parents du burlesque sont le cirque et la Commedia dell'arte, sans exclure la poésie. Outre Buster Keaton et Charlie Chaplin, les grands noms du cinéma burlesque sont Laurel et Hardy, Max Linder, Harold Lloyd, puis plus tard Jacques Tati ou Pierre Richard. Le catalogue d’École et cinéma comprend d’autres films burlesques : - « La ruée vers l’or », « Le kid » de Charles Chaplin. - « La croisière du Navigator » de Buster Keaton ; - « Jour de fête », « Mon oncle » de Jacques Tati, par exemple. Pour aller plus loin : Voir fiche pédagogique pour l’enseignant sur le burlesque >> à télécharger ici. Avec les élèves - Identifier, comprendre et tenter de définir ce qu’est un gag : Chercher des définitions, des exemples personnels, etc. Le gag est une solution apportée à un problème posé. Cette solution est bien évidemment rarement appropriée, ce qui produit l’effet comique. Cette règle constitue l’unité de construction du film burlesque. Les ingrédients : un personnage (immédiatement identifiable : « gueule », style, démarche, accessoire…), un objectif, un rapport au monde particulier (détournement des objets, marginalité, antagonisme, affrontement fortuit…), de l’absurde, des courses poursuites, des quiproquos… Les outils : pantomime, précision extraordinaire du jeu, investissement physique de l’acteur, autonomie du corps, rythme, composition chirurgicale des déplacements, cadrage et montage en cohérence, connivence avec le spectateur…

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Une scène remarquable Objectif Donner des éléments de lecture et de connaissance, de réflexion et d'appropriation à travers l’analyse de séquences du film.

Compétences visées - Relier des caractéristiques d’une œuvre à des usages, ainsi qu’au contexte historique et culturel de sa création. - Comprendre et interpréter des images.

La chute du train Scène remarquable du Mécano de la General, la chute du train des Nordistes est filmée en un seul plan d’ensemble et surtout à une distance telle qu’elle impose une certaine neutralité, sorte d’indifférence affectée, de la vision.

Activités en classe Analyser la scène : comprendre ce qu’est un plan d’ensemble : Télécharger le dossier télédoc : tout est donné !

Jouer et filmer une scène de cascade avec un véhicule miniature : La précarité de fabrication des ponts laisse présumer leur effondrement au moment du passage d’un véhicule miniature. Ce véhicule sera tiré sur le pont à l’aide d’une ficelle invisible (attention l’opérateur doit se situer hors du champ de la caméra). On pourra jouer autant de scènes que de ponts réalisés. Matériel utile : petites voitures ou trains miniatures munis d’une ficelle / appareils photos numériques et/ou téléphone portable. Organisation de la classe: prévoir les rôles et le scénario pour le tournage Plusieurs élèves peuvent filmer la scène moyennant des positionnements divers autour de la scène. Un clap de départ sera donné à chaque tournage. Contraintes posées: Filmer en une seule prise (comme Buster Keaton). Filmer selon des points de vue et des cadrages diversifiés. Pour les cameramen : s’organiser pour diversifier les mouvements de caméra (travelling latéral / avant / arrière / rotation de la caméra / etc.)

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La plate-forme Nanouk

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Analyse de séquence

Objectif Donner des éléments de lecture et de connaissance, de réflexion et d'appropriation à travers l’analyse de séquences du film.

Compétences visées - Relier des caractéristiques d’une œuvre à des usages, ainsi qu’au contexte historique et culturel de sa création. - Comprendre et interpréter des images.

Matériel - Un accès à la plate-forme Nanouk : https://nanouk-ec.com/

Activités en classe - Faire l’analyse de la séquence proposée par la plate-forme Nanouk du dispositif Ecole et cinéma : « Casser du bois : une scène de ménage ». Tous les éléments sont donnés (voir également le livret d’accompagnement du film) !

Aide pour l’enseignant : parcours sur le vocabulaire d’analyse filmique. Pour aller plus loin avec les élèves : vocabulaire pour l’étude d’un film.

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L’image Ricochet

Objectif Donner des éléments de lecture et de connaissance, de réflexion et d'appropriation : la mise en réseau.

Compétences visées - Mobiliser ses savoirs et ses expériences au service de la compréhension d’une œuvre. - Identifier quelques éléments caractéristiques d’une œuvre. - Mettre en relation quelques éléments constitutifs d’une œuvre avec les effets qu’elle produit.

Matériel - Un accès à la plate-forme Nanouk : https://nanouk-ec.com/

Activités en classe

La plate-forme Nanouk propose aux élèves trois images Ricochet (à découvrir dans la partie Ecole). On interrogera les élèves sur l’image « ricochet » proposée (sans donner d’explications pour commencer) : à quelle scène du film cette image fait référence ?

Avant de devenir le plus célèbre magicien de l’histoire du music-hall (il se libérait de n’importe quelle chaîne cadenassée dans n’importe quelle position), Houdini a travaillé dans une petite troupe avec les parents de Keaton : il aurait même inventé son prénom-surnom « Buster ». L’admiration de Keaton pour Houdini est le chaînon manquant de la filiation historique qui unit le music-hall à la forme burlesque au cinéma.

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Le portfolio de la ciné-malle

Objectif Donner des éléments de lecture et de connaissance, de réflexion et d'appropriation.

Compétences visées - Mobiliser ses savoirs et ses expériences au service de la compréhension d’une œuvre. - Identifier quelques éléments caractéristiques d’une œuvre. - Mettre en relation quelques éléments constitutifs d’une œuvre avec les effets qu’elle produit.

Matériel - Un accès la plateforme Nanouk : http://nanouk-ec.com/ sur la page dédiée au portfolio du film.

Activités en classe On interrogera les élèves sur les différentes images présentes dans le portfolio : pourquoi sont-elles mises en lien avec le film ?

Mathew Brady (1823-1896) – Zouaves Matew Brady est un photographe américain actif pendant la guerre de Sécession, et l'un des tout premiers photographes de guerre. On estime à environ 8 000 le nombre de planches réalisées par Mathew lors de la guerre. Le Congrès achète ces fonds en 1871. On trouve de nombreuses photos de cette période qui permettent de se rendre compte à quel point le travail de reconstitution de Keaton est très juste et très documenté.

La Maison démontable de Buster Keaton, 1920

La Maison démontable est un film américain réalisé par Buster Keaton et Edward F. Cline, sorti en 1920. En 2008, le film est rentré dans le National Film Registry pour conservation à la Bibliothèque du Congrès aux États-Unis. Voir le film complet ici.

Big Ben Street art, Lyon

Big Ben est surement le meilleur pochoiriste de Lyon, d’après ce qu’on a entendu. Il tire son inspiration de Banksy ou Blek le rat et aime l’art en général, la peinture et la musique.

Pour voir son travail : http://bigbenstreetart.com/

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L’étoilement

Objectif Donner des éléments de lecture et de connaissance, de réflexion et d'appropriation.

Compétences visées - Mobiliser ses savoirs et ses expériences au service de la compréhension d’une œuvre. - Identifier quelques éléments caractéristiques d’une œuvre. - Mettre en relation quelques éléments constitutifs d’une œuvre avec les effets qu’elle produit.

Matériel - Un accès la plateforme Nanouk : http://nanouk-ec.com/ sur la page dédiée à l’étoilement.

Activités en classe La plate-forme Nanouk propose de travailler en étoilement (mise en réseau cinématographique avec d’autres films du catalogue « Ecole et cinéma ») à partir d’une séquence du film. L’enseignant fera comparer l’extrait du film avec au moins un extrait d’un des autres films proposés, choisi en fonction de l’âge de ses élèves. Pour Le mécano de la General, la plate-forme propose deux thèmes d’étoilement :

Course poursuite Les premiers films ont beaucoup mis en scène des courses-poursuites, surtout dans le cinéma burlesque. Un voleur poursuivi par un policier, un enfant par un chien, toujours pour nous faire rire. Mais les poursuites sont-elles toujours drôles ? Comment la caméra filme des personnages qui se poursuivent ? Quel rôle joue le montage? Et toutes les poursuites provoquent-elles les mêmes émotions ?

Au fond des images Nous avons l’habitude de regarder ce qui se passe au premier plan, juste devant nous, l’action principale.

Mais parfois, cela vaut la peine de regarder plus loin, à l’arrière-plan, tout au fond de l’image. Et de se laisser

surprendre par ce qu’on y découvre. Pourquoi le cinéaste choisit de mettre en scène des éléments à l’arrière

de l’image? Est-ce de simples clins d’œil ? Comment travailler la profondeur de l’image ? Et comment

aiguiller notre regard vers cet arrière-plan ?

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Pour aller plus loin

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Mise en réseau littéraire

Le burlesque en littérature

Pierre-Henri Cami (1884-1958), auteur burlesque, admiré par Max Linder et par Charlie Chaplin, considéré par ce dernier comme le plus grand humoriste in the world. « Pardon Monsieur, aimez-vous les enfants ? - Je n'en ai jamais mangé... mais enfin... avec plaisir... ». Texte du petit chaperon vert à lire ici.

Pierre Albert-Birot (1876-1967), est un poète, sculpteur, peintre, typographe et homme de théâtre français. Proche des surréalistes, sans vraiment appartenir à ce mouvement, il joue avec les mots, les sons et les graphies.

Quelques poèmes-pancartes : à lire ici.

Jean Tardieu (1903-1995), est un écrivain et poète français, inventeur extrêmement fécond, qui s'est essayé à produire dans tous les genres et tous les tons : humoriste aussi bien que métaphysicien, dramaturge et poète lyrique ou formaliste. « La môme néant » : à lire ici.

Robert Lapointe, dit Boby Lapointe, est un auteur-interprète français, né en 1922 et en 1972. Il est surtout connu pour ses textes parsemés de calembours, de contrepèteries, d'allitérations et de paronomases. « Ta Katie t’a quitté » : à voir ici.

Pierre Gripari, né à Paris le 7 janvier 1925 et mort dans cette ville le 23 décembre 1990, est un écrivain français.

A lire en classe « Sept farces pour écoliers » :

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Sur Buster Keaton

Buster Keaton, le mécano du cinéma Texte d’Hélène Deschamps Illustrations d’Anastassia Elias Editions À dos d’âne, 2015 Quelques illustrations à découvrir ici.

Sur le thème des trains

Boréal-Express Chris Van Allsburg Editions L’école des loisirs Un train étrange s’arrête sous les fenêtres d’un petit garçon. Il y grimpe et se retrouve au milieu d’autres enfants en pyjama ou chemise de nuit, comme lui. Le train repart comme en rêve à travers forêts et montagnes enneigées, loin vers le Nord, vers le pays du Père Noël…

Sur le thème de la guerre de Sécession

Les tuniques bleues : l’album « Des bleus en noir et blanc » Lambil et Cauvin Editions Dupuis Dans cette bande-dessinée des Tuniques Bleues, Raoul Cauvin et Willy Lambil abordent le thème de la photographie (de l'époque). L’album met d’ailleurs en scène le photographe Matew Brady (voir le portfolio de la plate-forme Nanouk). La BD à télécharger ici.

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Les héritiers de Keaton

Le corps n'a plus seul la parole

Mis à part Chaplin et Laurel et Hardy, qui ont su s'adapter puis tirer profit de l'arrivée du cinéma sonore, la plupart des burlesques historiques ne se relevèrent pas de cette révolution technique et esthétique. Certains de leurs successeurs immédiats se sont cependant emparé du son et du langage comme d'un nouveau matériau propre à produire de l'émerveillement, et bien sûr du gag. C'est particulièrement le cas de Groucho Marx, leader de la fratrie des Marx Brothers. Il suffit de le voir, et surtout l'entendre, au début de Soupe au canard (Leo McCarey, 1933) pour découvrir comment il fait de la parole une arme de déstabilisation, pour ne pas dire de destruction, capable de venir à bout du plus stoïque des interlocuteurs.

Un burlesque sans corps ?

En même temps qu'éclot le cinéma parlant se développe le cartoon, ce court film d'animation qui met le plus souvent en scène des animaux : le lapin Bugs Bunny, le canard Daffy Duck, le chat et la souris Tom et Jerry, et bien d'autres. Ce genre dérivé du burlesque en reprend le goût pour l'absurde, la destruction et une cruauté certaine. Qui ne se souvient de l'acharnement avec lequel Tom et Jerry s'aplatissent comme des crêpes, se font exploser aux quatre coins de la pièce ou s'encastrent brutalement dans un mur ? Qui n'a jamais vu les yeux du loup créé par Tex Avery sortir de leurs orbites pour mieux lorgner le Petit Chaperon rouge ? L'infinité des outrages qu'il est possible de faire subir à ces personnages dessinés fait toute la drôlerie de ces films. Mais en survivant aux farces les plus violentes et macabres, ils cessent aussi de nous faire trembler pour eux, à la différence d'un Keaton dont le corps bien réel est l'horizon du gag, mais aussi la limite. Regarder quelques Tex Avery avec les élèves : à voir ici.

La poursuite du burlesque

De l'extinction progressive du genre jusqu'à nos jours, subsistent quelques artistes qui perpétuent ou renouvellent le burlesque. En France on pense bien sûr à Jacques Tati, grand admirateur de Keaton, cinéaste visionnaire venu lui aussi du music-hall, où il exerçait ses talents de mime (voir la page 37 consacrée à Tati). Dans les années 1970 et 1980, Pierre Richard fait rire un très large public avec son personnage d'éternel distrait. Romantique, rêveur mais néanmoins athlétique, son art de la maladresse s'impose avec des films comme Le Distrait (1970) et Les Malheurs d'Alfred (1972), qu'il a lui-même réalisés, ou encore La Chèvre (1981) de Francis Veber. À l'instar de nombreux burlesques, l'Américain Jerry Lewis démarre lui aussi sur scène, comme mime. Il devient célèbre avec son personnage de gaffeur naïf (souvent à la limite de l'idiotie), au service duquel il joue de son grand

corps élastique et de sa virtuosité en matière de grimace (voir Le Dingue du palace, 1960, Le Tombeur de ces dames, 1961 ; Jerry souffre-douleur, 1964, trois films qu'il a réalisés).

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Le cas Jackie Chan

De Hong Kong nous vient Jackie Chan, qui fait ses armes dans les films de kung-fu des années 1970 (Drunken Master, 1978) et devient une star mondiale de la comédie d'action dans les années 1990 (Rumble in The Bronx, 1995 ; Rush Hour, 1998, et ses suites). D'une stupéfiante agilité, il effectue comme Keaton (qu'il considère comme son inspi-rateur) ses propres cascades, et utilise son environnement direct (architecture et accessoires) pour se sortir d'une impasse. Il dissocie cependant souvent le gag de l'action, dont il privilégie le spectaculaire, là où Keaton les allie parfaitement.

Il se sent si redevable des maîtres du burlesque qu'il rend hommage à certains de leurs gags les plus fameux. Dans deux de ses films les plus réussis (Le Marin des mers de Chine, 1983, et sa suite en 1987), on le retrouve pris dans des engrenages tel Charlot dans Les Temps modernes ; suspendu aux aiguilles d'une horloge tel Harold Lloyd dans Safety Last ! ; et passant à travers l'ouverture d'une façade qui s'écroule sur lui tel Buster Keaton dans La Maison démontable et Cadet d'eau douce.

Le burlesque aujourd'hui Le style de Jim Carrey, immense vedette des années 1990, repose sur l'élasticité de son corps et sa capacité à contrôler chaque muscle du visage. Il a aussi, tout comme Jerry Lewis dont il se considère le disciple, poussé loin l'art du dédoublement de la personnalité (Docteur Strange Love, 1963, pour Lewis, et Fous d'Irène, réalisés par les frères Farrelly en 2000, pour Carrey). On notera que Carrey est devenu une star planétaire avec un personnage inspiré du cartoon (The Mask, de Chuck Russel, 1994).

Créateur en Angleterre de Mr. Bean, série télévisée des années 1990 au succès mondial, Rowan Atkinson reprend à son compte la maladresse et l'inadaptation au monde de certains burlesques. Enfant facétieux coincé dans un corps d'adulte (tel qu'il se définit lui-même), il se débat à grand renfort d'expressions ahuries dans les situations les plus quotidiennes, et n'a accès au langage que par onomatopées.

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Au début des années 2000 est apparu en Belgique le duo Abel et Gordon, dont le burlesque emprunte à la danse sa légèreté (L'Iceberg, 2006 ; La Fée, 2011 ou plus récemment Paris pieds nus, 2017). Ils vont chercher la poésie dans les recoins de l'ordinaire, et chez eux comme chez Tati, le langage, rare, surgit de manière inattendue et souvent incompréhensible. Notons également que, fait rare dans le burlesque, la femme du duo joue d'égal à égal avec l'homme.

Keaton inventeur du Parkour ? Keaton a mis en place un burlesque de l'adaptation à l'espace et l'architecture, en trouvant mille manières de franchir un obstacle. Les adeptes du parkour se fraient eux aussi leur chemin dans les volumes d'architectures le plus souvent urbaines.

David Belle n'a pas inventé le fait de se jouer des obstacles avec fluidité, il suffit de voir Keaton escalader la façade d'un immeuble dans La Voisine de Malec (1920), Douglas Fairbanks ou Burt Lancaster dans leurs films de cape et d'épée et Jackie Chan dans tous ses films. Mais il est celui qui a fait de l'art du déplacement une discipline à part entière. Il a fondé avec des amis le groupe Yamakasi, dont le film du même nom, réalisé en 2001, a popularisé la pratique. Souvent hors des clous de la légalité car empruntant des chemins de traverse, elle conduit de jeunes « traceurs » du monde entier à explorer leur environnement autrement, en changeant de point de vue, et en prenant littéralement de la hauteur. Cet art a conquis le cinéma, puisque désormais n'importe quel héros de film d'action ne se déplace plus que selon ses codes, acrobatiques et aériens (Banlieues 13, 2004 ; Casino Royale, 2006 ; Die Hard 4, 2007 ; Prince of Persia, 2010 ; Assassin's Creed, 2016, et tant d'autres). On notera que le parkour, qui fait de la maitrise totale son expression, n'est pas au cœur de films comiques, sans doute parce qu'il lui manque la chute, l'erreur qui produit le décalage, et rend le personnage tout simplement humain.

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Jacques Tati : le burlesque à la française

Jacques Tati, né Jacques Tatischeff le 9 octobre 1907 au Pecq (Yvelines), près du square portant à présent son nom et mort le 4 novembre 1982 à Paris, est un réalisateur et acteur français. Jacques Tati a été sportif professionnel, et dans les années trente, a mis au point un numéro de comique de music-hall exploitant ses qualités de mime et d'athlète. A ce titre, il intervient dans quelques courts métrages. Entre 1947 et 1949, il réalise et interprète Jour de fête, avec la complicité des habitants d'un village de l'Indre, et en expérimentant un procédé de filmage en couleurs encore incertain. Quatre ans plus tard, il crée le personnage de Hulot, à qui il demeure fidèle jusqu'à son dernier film.

Le comique élaboré de Tati, l'abondance des gags et leur simultanéité dans le cadre de l'écran agrandi (il a tourné Playtime en 70 mm) l'éloignent du burlesque initial, vers une tentative de dévoilement du monde. Jacques Tati a créé le personnage de Monsieur Hulot. Il semble s'être fondu dans ce personnage. Inventeur de gags d'une précision fascinante, metteur en scène scrupuleux et meilleur poète que producteur.

En classe Les films de Jacques Tati font partie du patrimoine du cinéma français et sont malheureusement méconnus du jeune public. Il est donc intéressant de les faire découvrir en classe. Le catalogue Ecole & Cinéma contient deux films de Jacques Tati : Jour de fête et Les vacances de Monsieur Hulot. Les extraits proposés sur la plate-forme Nanouk peuvent être visionnés avec les élèves. Le travail peut s’engager sur la comparaison du personnage de Monsieur Hulot avec celui Charlot Ces trois films sont en prêt à Canopé : n’hésitez pas à regarder l’un d’entre eux en entier avec vos élèves.

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En éducation civique et morale

Objectif Formation de la personne et du citoyen.

Compétences visées - Développer les aptitudes à la réflexion critique : en recherchant les critères de validité des jugements moraux ; en confrontant ses jugements à ceux d’autrui dans une discussion ou un débat argumenté. - S’affirmer dans un débat sans imposer son point de vue aux autres et accepter le point de vue des autres.

Activités en classe ● Annabelle, personnage et femme La présence d'une unique femme dans ce film d'hommes et de guerre attire particulièrement l'attention sur sa représentation. Le sexisme de cette représentation saute aux yeux, et sa généralisation dans le cinéma de cette époque ne dédouane pas pour autant Le Mécano de La Générale. Il pourrait être fait avec les élèves un inventaire des clichés qui caractérisent Annabelle, en commençant par ce qui la renvoie à sa seule « nature » de femme : elle n'a d'admiration que pour les héros, a besoin des bras d'un homme pour passer une nuit en forêt. On rit de sa futilité (que le sexisme, se voulant élégant, nomme « sens du détail ») : elle préfère jeter une planche trouée qui fait désordre à ses yeux plutôt que d'en alimen-ter la chaudière (qu'elle alimentera cependant d'une mini-brindille). Le pire gag du film sur ce registre est le moment où, ne sachant comment aider Johnnie aux commandes de sa Générale, Annabelle se met à passer le balai. Par cette action, on nous raconte qu'elle retrouve sa « place » (elle n'a rien à faire dans cette guerre, aucunement considérée comme une activité de femme), et aussi se prépare à ses futures activités d'épouse, en remettant un peu d'ordre dans le foyer… (Il est bien connu que les hommes, surtout lorsqu'ils sont importants, sont trop occupés à sauver la planète pour faire le ménage.) Pour balancer cette critique, notons qu'Annabelle est cependant plus forte et hardie que bien des héroïnes, et que Johnnie n'est pas toujours un homme fort. On pense à la corde qu'Annabelle tend entre deux petits sapins (jugée dérisoire par Johnnie) qui se révèlera plus efficace que certains pièges du mécano en chef. C'est peut-être un détail, mais elle signifie à Johnnie qu'elle n'a pas besoin de lui pour remonter dans la locomotive… Et quand, à leur retour à Marietta, elle a le réflexe d'aider à s'habiller le général sudiste, Johnnie fait de même, s'aventurant ainsi sur un registre réputé exclusivement féminin. ● Mener un débat en classe On pourra profiter de ce film pour évoquer l’égalité fille/garçon et les stéréotypes qui circulent pour chacun des sexes.

Pour aller plus loin : consulter les ressources disponibles sur Ercom52.

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La révolution industrielle au XIXème siècle Objectif Montrer aux élèves que l’industrialisation est un processus qui s’inscrit dans la durée et qui entraine des changements sociaux ainsi que des évolutions des mondes urbain et rural.

Compétences visées - Situer chronologiquement des grandes périodes historiques. - Ordonner des faits les uns par rapport aux autres et les situer dans une époque ou une période donnée. - Distinguer l’histoire de la fiction.

Activités en classe Le visionnage du Mécano de la General peut permettre d’aborder la révolution industrielle et l’âge industriel en France. Le document d’accompagnement sur Eduscol : https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Histoire/87/5/RA16_C3_HIGE_CM2_Th2_age_industriel_France_619875.pdf Quelques séquences possibles : http://cenicienta.fr/cm-histoire-revolution-industrielle-france/ https://laclassedemallory.net/2018/02/15/lage-industriel-en-france-sequence-2018/ Quelques œuvres à mettre en lien : Arts de l’espace : La tour Eiffel, le canal de Suez, l’opéra Garnier, Arts du langage : Emile Zola (ex : le paradis des chats), Arts du quotidien : Affiches de Toulouse-Lautrec, Arts du son : L’Hymne à la joie de Beethoven, Arts du spectacle vivant : Le lac des cygnes de Tchaïkovski, Arts du visuel : les impressionnistes, la première projection cinéma des Frères Lumières, les premières photographies.

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La machine dans l’art Objectif Construire chez les élèves une culture personnelle fondée sur la découverte et l’analyse d’œuvres significatives.

Compétences visées - Identifier : donner un avis argumenté sur ce que représente ou exprime une œuvre d’art. - Analyser : dégager d’une œuvre d’art, par l’observation ou l’écoute, ses principales caractéristiques techniques et formelles. - Situer : relier des caractéristiques d’une œuvre d’art à des usages ainsi qu’au contexte historique et culturel de sa création.

Activités en classe Montrer des œuvres avec des machines : voir le diaporama « La machine dans l’art ».

Aide pour l’enseignant Machine à rêver, machine volante, machine à peindre, machine à calculer, machine à remonter le temps,

l’homme a, de tous temps, rêvé d’accroître sa puissance en inventant de tels instruments.

A l’époque industrielle dès le XVIIIème siècle, la machine accompagne l’homme dans bien des tâches. L’imprimerie bien avant avait déjà été une belle invention mécanique. Mais on connaît les ravages de la mécanisation du travail aujourd’hui supprimant des emplois et privant de travail bien des personnes pour des raisons de profit. Quels rapports entretient l’art avec les machines ? Pourquoi les artistes sont-ils fascinés par ces ingénieuses mécaniques ? La Renaissance est un grand moment de l’histoire de l’art où les artistes se mettent non seulement à rêver mais aussi à inventer des machines artistiques les plus audacieuses. C’est Léonard de Vinci avec son imagination débordante qui a inventé de curieuses machines dont il a fait des croquis dans ses carnets. Léonard était obsédé par les mécaniques de la nature dont il a étudié les phénomènes : les tourbillons d’eau, les squelettes des oiseaux l’amenant à inventer une machine à voler.

Les machines deviennent aussi des sujets de peinture.

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Avec les futuristes, au début du XXème, la machine devient une sorte d’extension humaine dont les artistes exaltent la puissance.

Mais on pense inévitablement à Jean Tinguely avec ses machines spectaculaires :

Marcel Duchamp dans le Grand verre propose une œuvre très proche de la mécanique avec ses rouages, ses mécanismes, son mode d’emploi.

L’artiste Echo Yang exploite des machines de notre quotidien pour voir comment elles dessinent.

Anish Kapoor réalise des canons à peindre spectaculaires :

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Rebecca Horn invente des petites machines imitant le vol des papillons :

L’artiste australien Daniel Agdag réalise des machines volantes en carton qui donnent envie de voyager !

Théo Jansen réalise des machines en matériaux naturels qui fonctionnent :

Martin Messier invente un concert de machines à coudre. Artiste à mi-chemin de la musique et des arts plastiques.

En 2000, Wim Delvoye avec Cloaca invente une machine qui reproduit les phénomènes de la digestion. Une machine à faire des excréments !

Citations de l'artiste sur son œuvre : "J'ai d'abord eu l'idée de faire une machine nulle, seule, avant de concevoir une machine à faire du caca. J'ai pensé aux Temps modernes, à Chaplin, à sa machine à manger, à cette fascination du début du XXe siècle pour la machine. " "J'ai cherché un truc compliqué, difficile à faire, et cher, et qui ne mène à rien."

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Des machines imaginaires en arts plastiques Objectif Donner aux élèves les moyens de s’approprier des éléments plastiques pour représenter des éléments du film.

Compétences visées - S’ouvrir la diversité des pratiques et des cultures artistiques. - Repérer les éléments du langage plastique dans une production. - Décrire des œuvres d’art, en proposer une compréhension personnelle argumentée.

Matériel - feuilles blanches - ciseaux, colle, feutres - photocopies des planches de l’encyclopédie Diderot : l’horlogerie par exemple.

Activités en classe Les élèves imaginent une machine : ils choisissent des images issues d’autres domaines que celui du train (cuisine, horlogerie, mécanique générale…). Par le dessin, ils les relient pour composer une machine avec piston, engrenage, carlingue, réservoir, cabine de pilotage, etc… Ces machines archaïques ou futuristes peuvent voyager dans l’espace, sous les mers ou sur terre. Leur fonction pourra être évoquée dans le nom que lui donnera son ingénieur.

exemples vus à l’adresse suivante : http://mariajalibert.com/atelier-art-plastique-autour-du-train/