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Dossier pédagogique Tristan texte et mise en scène d’Eric Vigner © Alain Fonteray, Tristan, mise en scène Eric Vigner. mardi 9 au vendredi 12 décembre 2014 (création au Théâtre de Lorient du 4 au 8 novembre 2014, dans le cadre du Festival Mettre en scène) Dossier pédagogique réalisé par Clémence Littaye, professeur du service éducatif : [email protected] Contacts relations publiques : Margot Linard : [email protected] Rénilde Gérardin : [email protected]

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Dossier pédagogique

Tristan

texte et mise en scène d’Eric Vigner  

© Alain Fonteray, Tristan, mise en scène Eric Vigner.

mardi 9 au vendredi 12 décembre 2014

(création au Théâtre de Lorient du 4 au 8 novembre 2014, dans le cadre du Festival Mettre en scène)

Dossier pédagogique réalisé par Clémence Littaye, professeur du service éducatif : [email protected] Contacts relations publiques : Margot Linard : [email protected] Rénilde Gérardin : [email protected]

 

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texte et mise en scène Eric Vigner avec Bénédicte Cerutti Mathias Hejnar Thomas Pasquelin Alexandre Ruby Jules Sagot Zoé Schellenberg Isaïe Sultan

décor et costumes Eric Vigner collaboration artistique Olivier Dhénin, Jutta Johanna Weiss lumières Kelig Le Bars son John Kaced atelier costumes Anne-Céline Hardouin maquillage Anne Binois assistant à la mise en scène Olivier Dhénin assistant au décor Vivien Simon Production CDDB – Théâtre de Lorient, CDN ; Théâtre National de

Bretagne Avec la participation du Jeune Théâtre National Remerciements au Théâtre National de la Colline et au Centquatre,

établissement artistique de la Ville de Paris

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SSOOMMMMAAIIRREE PPrréésseennttaattiioonn ddee llaa ppiièèccee page 3

LLEE PPRROOJJEETT AARRTTIISSTTIIQQUUEE

UUnnee ffiigguurree ddee ccoommbbaattttaanntt ssuuccccèèddee àà ll’’aauuttrree

CCee qquuii rreessttee ddee TTrriissttaann

EEnnttrreettiieenn aavveecc EErriicc VViiggnneerr

page 4

page 5

page 6

TTRRIISSTTAANN DD’’EERRIICC VVIIGGNNEERR

AA ll’’oorriiggiinnee ddee llaa ppiièèccee dd’’EErriicc VViiggnneerr :: llaa llééggeennddee ddee TTrriissttaann

LLeess ppeerrssoonnnnaaggeess –– TTaabblleeaauuxx eett ssccèènneess ddee llaa ppiièèccee dd’’EErriicc VViiggnneerr

EExxttrraaiittss

LLaa mmiissee eenn ssccèènnee dd’’EErriicc VViiggnneerr eenn iimmaaggeess

LLaa pprreessssee eenn ppaarrllee……

page 9

page 10

page 11

page 14

page 16

TTEEXXTTEESS EENN PPAARRAALLLLÈÈLLEE :: LLEE MMYYTTHHEE DDEE TTRRIISSTTAANN AA TTRRAAVVEERRSS LLEESS TTEEMMPPSS

TTrriissttaann,, aauu MMooyyeenn--AAggee

TTrriissttaann,, llééggeennddee vviivvaannttee

TTrriissttaann aauu ddéébbuutt dduu XXXXèèmmee ssiièèccllee

page 18

page 25

page 32

HHIISSTTOOIIRREE DDEESS AARRTTSS –– PPRROOLLOONNGGEEMMEENNTTSS

((LLee mmyytthhee ddee TTrriissttaann ddaannss llaa ppeeiinnttuurree,, àà ll’’ooppéérraa,, aauu cciinnéémmaa))

page 35

LL’’ÉÉQQUUIIPPEE AARRTTIISSTTIIQQUUEE page 46

BBIIBBLLIIOOGGRRAAPPHHIIEE // SSIITTOOGGRRAAPPHHIIEE page 51

De Tristan et Iseult, on se souvient d’un philtre d’amour, de bateaux traversant les mers,

d’une voile noire ou blanche, d’une épée séparant des corps endormis, de ronces éternelles

entrelaçant les tombes des amants, d’une violente nature, forêt, lande, rocs, âpres et

sauvages, du vent, des chiens et d’un cheveu d’or dans le bec d’une hirondelle. Il ne s’agit

pas de raconter tous les épisodes connus de la fable mais de recomposer les fragments

d’un discours amoureux entre Iseult et Tristan. De l’inachevé de ce mythe originel, en

réécrire la part manquante, celle qui reste à inventer ici et maintenant. Et en rendre compte.

Sensiblement. Musicalement. Rappeler la légende d’origine, c’est retrouver la colère, la

passion, l’élan du désir pur et indomptable confronté à la brutalité d’un monde cruel, et se

brancher sur l’énergie vive de la jeunesse dans l’éclosion de sa pleine immaturité. Tristan et

Iseult, c’est le scandale de l’extrême jeunesse dans sa beauté insolente qui défie les lois

des pères et ne résigne pas à l’abandon. C’est le désir absolu mené jusqu’au bout de vivre

cet amour là, ou bien mourir, c’est égal : Lui par Elle, Elle par lui.

Tristan est le 1er épisode d’un cycle consacré aux rituels d’amour et de mort. Il sera créé en

novembre 2014 à Lorient dans le cadre du Festival Mettre en Scène.

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LLEE PPRROOJJEETT AARRTTIISSTTIIQQUUEE

Une figure de combattant succède à l’autre

L’année dernière, Frédéric Boyer et moi-même éprouvions tous deux le besoin de

« rappeler » le fantôme de Roland/Orlando pour faire entendre, chacun à notre endroit, cette

figure originelle pleine d’avatars et de déclinaisons, de fréquences, de sons et de

sentiments. Une voix à la fois lointaine et extraordinairement proche — hantée et vivante.

Une figure en appelant une autre, c’est un autre combattant amoureux qui se rappelle à

nous cette saison. Une figure antérieure à Orlando : Tristan, un « spectre aussi vieux que la

tragédie du monde ». À travers ce descendant d’Ulysse, c’est la légende d’un amour

insolvable qui nous interpelle — une légende qui traverse le temps, les mers, les livres pour

atteindre notre rivage. Si Tristan et Iseult errent parmi les siècles et les continents, c’est

« pour rejoindre d’autres corps et s’en séparer » sans jamais songer à se consoler. Ils sont

des mythes qui jamais ne grandissent ni ne vieillissent, des figures qui voyagent parmi les

siècles pour chanter une histoire d’amour extrême, « immobilisée dans la culminance de la

passion », comme écrivait Duras. Il ne s’agira pas de raconter tous les épisodes de la fable

mais d’en rendre compte d’une manière sensible et contemporaine pour observer de quelle

manière ce chant d’amour opère encore.

Eric Vigner

 © Gg 

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Ce qui reste de Tristan…

L’histoire est là depuis toujours, l’amour

est là depuis toujours.

Que reste-t-il de ces figures héroïques,

archaïques, ancestrales ? Comment ces

figures éternelles arrivent-elles jusqu’à

nous ? Qu’est-ce qu’elles nous

enseignent ? Que reste-t-il de Tristan Et

Iseult ?

Un imaginaire, une légende, un mythe,

celui du territoire d’où je viens, la

Bretagne, mais aussi l’Irlande, la

Cornouailles, le paysage celte, territoire

hostile, rude où l’homme lutte avec les

éléments.

Une langue étrangère d’avant la littérature savante, une langue qui est la source de la

littérature, le passage de l’oral à l’écrit.

Ce qui reste de Tristan, une histoire en morceaux que je dois terminer. La part manquante

où la création entre en œuvre.

Ce qui reste de Tristan c’est l’apprêté, la violence de la nature faite à l’homme, la mer, la

pierre, le vent. La forêt qui les tue, les chiens.

Ce qui reste de Tristan c’est la magie comme moteur dramatique au même titre que la

raison : le philtre, les créatures extraordinaires, le cheveu d’Iseult apporté par une

hirondelle. Le merveilleux du Moyen Âge.

Ce qui reste de Tristan c’est la jeunesse – sans père, héroïque – l’extrême jeunesse de ces

enfants qui veulent mourir – romantiques avant l’heure. Tristan et Iseult, des jeunes gens en

colère, en révolte contre l’ordre établi. Sans illusions sur leur avenir ou destinée, ils préfèrent

le suicide à l’abandon.

Ce qui reste de Tristan ce sont les rituels d’amour et de mort.

Ce qui reste de Tristan c’est la force d’un mythe très ancien qui traverse le temps et se

réactive dans l’œuvre d’autres écrivains de Claudel à Duras.

Avec Tristan commence un cycle, ce sera Partage de Midi de Claudel en 2015 et Le Vice-

Consul de Duras en 2016, pour en finir avec Tristan, pour retourner à la page blanche.

Eric Vigner, mars 2014.

Tristan et Iseut buvant le philtre d'amour. Miniature (1470) extraite du Livre de Lancelot du lac, de Gautier Map. (Bibliothèque nationale de France,

Paris.). Ph. Coll. Archives Larbor.

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Entretien avec Eric Vigner

Olivier Dhénin. Pourquoi avoir choisi de travailler sur Tristan Et Iseult ? Est-ce lié à votre

culture ? Tristan de Loonois, c’est un nom breton. Un jeune homme du Léon, de

Bretagne. On sait l’importance qu’a pour vous Lorient et son histoire avec l’ailleurs, la

route des Indes et le rapport à l’étranger. Ici vous vous retrouvez face à la mer, l’Irlande

et la Cornouailles. Tout se concentre autour de la mer de Bretagne, est-ce un moyen

pour vous d’être plus proche de votre territoire ?

Éric Vigner. Je suis breton comme Tristan mais ce mythe celte dont l’histoire se concentre

entre la Bretagne, l’Irlande et la Cornouailles ne se limite pas à ce territoire

géographique ni à son imaginaire. Il est dit que l’on trouve déjà cette histoire dans le

conte persan Wis Et Ramin. La légende de Tristan et Iseult appartient au monde. Tristan

Et Iseult c’est l’une des grandes histoires d’amour tragique qui va voyager et influencer

la littérature. Les premières traces écrites datent du 9ème siècle. Ce qui m’intéresse

c’est de voir comment ce mythe donne Roméo et Juliette de Shakespeare ou Bérénice

de Racine ou Pelléas et Mélisande de Maeterlinck ou plus récemment Partage de Midi

de Claudel et Le Vice-Consul de Duras. Pour paraphraser mon ami Frédéric Boyer, mon

projet est de rappeler Tristan, aujourd’hui, sur la scène du théâtre, au début du 21ème

siècle.

OD. Vous me disiez que vous commenciez le premier volet d’une trilogie consacrée à ce

mythe avec la création de Tristan puis celle du Partage de Midi de Paul Claudel et enfin

une adaptation du Vice-Consul de Marguerite Duras…

ÉV. C’est un cycle sur les rituels d’amour et de mort où la mer est présente. Il est généré

par la légende. Tristan sera créé en novembre 2014 à Lorient dans le cadre du Festival

Mettre en Scène. Le second volet que je créerai en 2015 sera la mise en scène du

Partage de Midi de Paul Claudel où la question de l’amour ajoutée à celle de Dieu se

déplace chez des personnages au milieu de leur vie. Ils prennent la mer pour la Chine

pour espérer recommencer une nouvelle vie. Le dernier volet qui clôturera ce cycle en

2016 est celui des fantômes de ces héros qui prennent cette fois les traits d’Anne-Marie

Stretter et du Vice-Consul de Lahore dans Le Vice-Consul de Marguerite Duras. Ce

roman qui appartient au cycle indien de l’écrivain situe l’action dans une ambassade de

France qui n’a jamais existé dans les années 30 à Calcutta à la fin du colonialisme. Ces

trois spectacles se répondent les uns les autres. Ce qui m’intéresse c’est la

transformation du mythe à travers ce voyage littéraire. Tristan et Iseult deviendront Ysé

et Mesa dans Le Partage de Midi puis Anne-Marie Stretter et Jean-Marc de H. dans Le

Vice-Consul.

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OD. L’étrangeté de la légende de Tristan et Iseult c’est que nous avons plusieurs versions,

en France et en Allemagne. C’est la première fois que vous choisissez un texte qui n’est

pas écrit – ou même trop écrit quand on voit les nombreuses versions qui existent. Or

vous avez beaucoup travaillé la littérature écrite, le rapport au livre, des auteurs ont écrit

pour vous — pourquoi prendre un texte dont on n’a que des fragments ?

ÉV. Il n’y a pas en effet un livre qui serait l’histoire de Tristan et Iseult mais une multitude de

fragments qui sont réunis pour la première fois par un spécialiste du monde médiéval

Joseph Bédier au début du 20ème siècle. Ce texte reconstitue l’ensemble des épisodes

de la légende avec les fragments qui proviennent du 12ème siècle principalement de

Béroul, Chrétien De Troyes, Thomas d’Angleterre, auxquels il a ajouté d'autres

fragments (Eilhat D'Oberg, fragments anonymes...) pour constituer un récit faisant

aujourd'hui référence. En 2014, on peut donc réécrire l’histoire, reprendre ces

fragments de discours amoureux entre Iseult et Tristan et les donner à jouer, à

entendre, à vivre. Mon projet n’est pas de raconter tous les épisodes de la fable mais

d’en rendre compte d’une manière sensible et contemporaine, de voir ce qu’il en reste

et de la confronter à la jeunesse. Ce qui me passionne c’est la part manquante, celle

qui reste à inventer. L’inachevé originel de ce mythe et sa capacité de se transformer

qui nous autorise à le reprendre pour créer ici et maintenant.

OD. L’amour est le moteur principal de votre travail au théâtre. Vous avez mis en scène

Othello, Pluie d’été à Hiroshima, La Bête Dans La Jungle… Shakespeare, Racine,

Duras… Comment intégrez-vous dans votre réflexion cette légende médiévale ?

ÉV. Ce premier volet associe l’amour et la jeunesse dans un imaginaire qui est celui du

Moyen Âge. Le Moyen Âge a une rudesse, une violence, une cruauté et une crudité

magnifiques. Ce n’est pas un monde policé, mais un monde dur, fait de granit, de forêt,

d’océan, où la nature la plus farouche exalte la passion des amants. La mer est un

élément fondamental dans Tristan également, l’élément matriciel en quelque sorte, celui

qui unit et sépare.

OD. Quel traitement esthétique allez-vous appliquer à ce mythe qui a généré des œuvres

indissociables comme l’opéra de Wagner ou les toiles de Waterhouse ? Comment le

metteur en scène et plasticien que vous êtes va-t-il s’approprier ces figures

incandescentes et ces espaces perdus que sont Tintagel et la forêt du Morois ?

ÉV. Je reprends un travail esthétique que j’ai mené avec Orlando de Haendel en octobre

dernier et je le poursuis avec Tristan. Comme pour Orlando, je voudrais créer une

dramaturgie plastique qui exalte la palette du sentiment amoureux qui va de la

naissance du désir à la folie suicidaire. Pour Tristan, ma démarche est proche de celle

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de la construction d’un opéra, avec du texte bien sûr puisque c’est un récit de tradition

orale, mais où la musique et le chant sont très présents – c’est par le chant qu’Iseult

guérit Tristan. Le Moyen Âge est le monde de l’enluminure, du livre d’heures. Le

spectacle se développera par tableaux, par chapitres, qu’ils soient purement

plastiques, musicaux ou théâtraux.

OD. Est-ce que le héros Orlando a en quelque sorte convoqué Tristan ?

ÉV. Je pense sincèrement que chaque création est la partie d’un tout qui finit par constituer

une œuvre. Une production en entraîne une autre. Avoir travaillé Orlando de Haendel

dont la source originelle est le poème de L’Arioste au début du 16ème siècle me conduit

à désirer rencontrer Tristan qui est antérieur et qui est aussi l’histoire d’un combattant

amoureux.

OD. Vous avez choisi des jeunes comédiens pour porter cette histoire. Pourquoi ce choix de

la jeunesse pour jouer cette histoire ancienne qui a presque mille ans ?

ÉV. L’extrême jeunesse est très touchante dans Tristan et Iseult. C’est ce qui est très beau.

Vaincre la malédiction. Aller au bout de son désir. Jusqu’à la mort. Revenir à la légende

d’origine c’est retrouver la colère, la passion, l’élan du désir pur et indomptable

confronté à la brutalité de la nature et à la violence d’un monde cruel, c’est se brancher

à l’énergie vive de la jeunesse.

Propos recueillis par Olivier Dhénin, mars 2014.

© Olivier Dhénin, photographie de répétition, Tristan, mise en scène Eric Vigner.

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TTRRIISSTTAANN DD’’EERRIICC VVIIGGNNEERR

A l’origine de la pièce d’Eric Vigner : La légende de Tristan

Tristan, fils de Rivalen, roi de Léonois, et de Blanchefleur, sœur du Roi Marc, est d’abord un

héros semblable aux personnages dont les exploits légendaires forment la matière du Cycle

breton : il excelle aux armes et à la harpe et se montre aussi accompli chevalier que parfait

damoiseau. Les luttes, les tournois, les réunions courtoises sont la monnaie courante de ses

jours jusqu’au moment où, ayant affronté et vaincu le Morholt, il est, à la suite de la blessure

empoisonnée qu’il a reçue dans ce dernier combat, comme précipité hors de son monde.

Inguérissable, on l’abandonne en effet dans une barque, et il s’en va à la dérive. Ce voyage,

où ne préside que le hasard, est déjà l’initiation à l’univers mystérieux dont les lois vont régir

son destin, mais une initiation, si l’on peut dire, à rebours, car loin qu’elle le fasse accéder

au contrôle des forces secrètes qui vont gérer sa vie, ce sont ces dernières qui

commencent à s’emparer de lui, à le posséder. Dès cet instant, Tristan est poussé vers une

aventure où sa volonté personnelle s’efface devant une puissance supérieure, et l’épisode

de sa première rencontre avec Iseult la blonde n’en est qu’une confirmation, elle qui lui

apporte une guérison par magie, et non par recours à sa vitalité naturelle. Plus tard, quand,

retourné en Cornouailles, il est renvoyé par le Roi Marc en quête de la jeune fille aux

cheveux d’or dont celui-ci veut faire son épouse, Tristan semble s’être réintégré dans son

monde normal d’aventures chevaleresques, mais ce n’est qu’une apparence : la force qui

l’avait guidé une fois vers Iseult ne le ramène à elle que pour le posséder définitivement.

L’« erreur » qui lui fait partager avec Iseult le philtre d’amour n’a une allure de hasard que

par rapport à une conscience restreinte de l’événement ; en réalité, la soumission de Tristan

à l’univers mystérieux dans lequel l’avaient fait pénétrer sa blessure et sa guérison appelait

cette « erreur », la nécessitait même. Tristan n’est surpris par une passion irrésistible et

tyrannique que parce qu’il y état préparé de toute son âme malléable au merveilleux.

L’amour devait avoir pour le posséder ce visage de foudre, à contre-volonté. Tout ce qu’il

lui reste alors à vivre – aussi bien ses tourments de conscience vis-à-vis du Roi Marc que

son impossible union avec Iseult aux blanches mains –, plutôt que le développement d’un

caractère, n’est que la transposition symbolique des effets d’une passion absolue qui se

nourrit de toutes les épreuves au lieu de s’y user. Le récit de toutes ces épreuves forme

d’ailleurs comme le code de l’amour-passion toujours en lutte contre les lois et le monde, et

seulement couronné par la réunion des amants dans la mort. Incarnation des procédés

d’amour, Tristan doit la persistance de sa légende non pas tant à la parfaite coïncidence de

son destin et de sa passion, qu’au caractère d’exemple fascinant que conserve son

10  

« histoire » pour être née aux sources mêmes d’une sensibilité qui dans sa fraîcheur naïve,

ne pouvait encore se mêler d’aucun artifice.

Extrait de l’article consacré à « Tristan », Dictionnaire des personnages,

Bernard Noël, Robert Laffont, Bouquins, 1960, p. 967-968.

Les personnages

TRISTAN

ISEULT

MARC

JEUNE HOMME

BENEDICTE

BARONS (Andrew, Bob)

Tableaux et scènes de la pièce d’Eric Vigner ((ééttaatt ddee ttrraavvaaiill))

11.. L’Île verte (Où l’avez-vous trouvé ? – Le Combat du Morholt – Je te reconnais.

Chant d’Iseult)

22.. Tintagel (Son nom de Tristan dans Tintagel est désert – Les Barons jaloux –

L’Hirondelle – Déjà infecté par l’amour)

33.. Sur le bateau (Préparation des philtres – Lovedrinc. Suicide is painless)

44.. Tintagel (Les Noces)

55.. Sur la lande (Ulysse a fait un long voyage)

66.. Tintagel (Votre Femme vous trompe – Triangle équilatéral – Ultimatum – L’Etat

sauvage – Les Eaux noires – L’Ange annonciateur)

77.. Le Verger (Pelléas et Mélisande – Je l’abandonne à l’histoire)

88.. La Forêt du Morois (Into the wild – On ne sait pas que Dieu n’existe pas – J’ai brûlé

toutes les images)

99.. Epilogue

© Olivier Dhénin, photographie de répétition,

Tristan, mise en scène Eric Vigner.

11  

Extraits

Extrait 1 : Je te reconnais – Chant d’Iseut

Tristan, « 1. L’Île verte », Eric Vigner (2014) p. 9.

12  

Extrait 2 : Into the wild

13  

Tristan, « 8. La forêt du Morois », Eric Vigner (2014) p. 38-39.

14  

La mise en scène d’Eric Vigner en images

© Jean-Louis Fernandez  

15  

© Alain Fonteray

16  

La presse en parle…

Isabelle Nivet, Article paru dans Le Télégramme, jeudi 06 novembre 2014.

17  

Gildas Jaffré, Article paru dans Ouest-France, jeudi 06 novembre 2014.

18  

TTEEXXTTEESS EENN PPAARRAALLLLEELLEE

LLEE MMYYTTHHEE DDEE TTRRIISSTTAANN,, AA TTRRAAVVEERRSS LLEESS TTEEMMPPSS

TTrriissttaann,, aauu MMooyyeenn--AAggee

Une lecture des principales versions médiévales de la légende

Une partie du dossier de l’exposition virtuelle de la Bibliothèque Nationale de France sur le

Roi Arthur est consacrée au mythe de Tristan au Moyen-Age. Danielle Quéruel y propose

une lecture des différentes versions de Tristan écrites au Moyen-Age.

Bien que l’histoire des amants de Cornouailles soit connue très tôt, il ne reste que des

fragments des premiers romans français qui la racontent : dans les années 1170, deux

auteurs, Béroul et Thomas, mettent en vers le Roman de Tristan. Ils proposent à la même

époque deux versions au ton très différent. C’est en combinant leurs vers avec la réécriture

en prose et les traductions étrangères que l’on peut reconstituer la légende de Tristan.

Le roman de Tristan de Béroul

Les vers laissés par Béroul passent pour être la marque d’une certaine brutalité, ou du

moins d’un certain réalisme. L’univers dans lequel se place l’auteur est celui de la féodalité :

Marc et son neveu Tristan sont liés par un lien de parenté mais aussi par un lien vassalique.

Les amants sont poursuivis par la malveillance de barons félons jaloux de la préférence du

roi pour son neveu. Des usages juridiques sont évoqués : la condamnation d’Iseut au

bûcher, son jugement selon les usages de l’époque lors d’un procès public et oral. Les

amants sont soumis à une succession de pièges et de dénonciations dont ils sortent grâce

à la ruse le plus souvent. Sont dessinés des personnages forts : Iseut est celle qui réfléchit,

manie les propos mensongers et les serments ambigus, tantôt reine rayonnante de beauté,

tantôt amante soumise aux pires souffrances morales et physiques ; Tristan est tourné vers

l’action ; la figure royale avec le personnage de Marc est affaiblie, parfois ridiculisée. Des

scènes dramatiques et théâtrales sont montrées : celle où Tristan rejoint Iseut dans son lit

en croyant déjouer la ruse préparée par le nain Froçain qui a répandu de la fleur de farine

entre les deux lits, la scène où Iseut échappe au bûcher mais est donnée aux lépreux, la

scène où les amants poursuivis se réfugient dans une « loge de feuillage » dans la forêt de

Morois et sont découverts par le roi, la scène enfin où Iseut se justifie publiquement et

clame son innocence.

19  

Le Roman de Tristan de Thomas

Très différent du texte de Béroul, bien que contemporain, le Roman de Tristan composé

vers 1170 par Thomas d’Angleterre, clerc à la cour d’Henri Plantagenêt et Aliénor

d’Aquitaine, permet d’imaginer la suite et le dénouement de cette histoire. Six fragments

nous sont parvenus : les amants sont découverts endormis par le roi et le nain dans un

verger, Tristan se marie avec une autre femme qui s’appelle Iseut aux Blanches Mains,

Tristan qui pense toujours à celle qu’il aime, Iseut la Blonde, fait réaliser une salle contenant

des statues évoquant son amour, Tristan et Kaherdin se rendent en Angleterre afin de revoir

Iseut la Blonde, Tristan retourne en Petite-Bretagne et enfin Tristan et Iseut meurent

ensemble.

Thomas dit avoir entendu les récits de différents conteurs bretons, en particulier d’un

certain Bréri, poète gallois, et les avoir utilisés pour écrire un roman auquel il prétend donner

une unité. Il choisit pour son récit une tonalité très différente de celle de Béroul. Le conflit

féodal entre Marc et Tristan est laissé de côté. Discours et monologues se multiplient afin

d’expliciter les sentiments des personnages. Certes il redit la force de l’amour qui unit les

jeunes gens, mais a surtout le désir d’adapter cette histoire aux exigences de la fin’amor : la

passion n’est pas due à la magie d’un philtre, mais au choix de chacun des amants pour

l’autre. La culpabilité n’existe pas car la conduite de Tristan et Iseut se justifie ici totalement

par la morale courtoise qui exalte l’amour adultère. Thomas cherche essentiellement la

« verur », c’est-à-dire vérité des sentiments et la vraisemblance des caractères. Tristan est

un personnage qui se livre à l’introspection, est souvent hésitant, souffre de profonds

tourments loin de celle qu’il aime ; ses choix l’entraînent vers de nouvelles souffrances.

L’existence de Tristan n’est plus, en l’absence de toute possibilité d’être heureux avec

Iseut, qu’une série de renoncements : à sa position sociale, au monde chevaleresque et à

tout bonheur personnel.

C’est ainsi que Thomas d’Angleterre insiste sur le fait que Tristan décide d’épouser une

autre femme dans l’espoir d’oublier celle qu’il aime. Il supporte mal non seulement d’être

séparé d’elle, mais aussi d’imaginer qu’elle accepte de partager le lit de son époux, le roi

Marc. Il choisit Iseut aux Blanches mains, sœur de son ami Kaherdin, double de la reine par

le nom et la beauté, mais il ne trouve pas l’apaisement dans ce mariage, incapable d’oublier

Iseut la Blonde et de la remplacer. L’auteur se complaît ici à analyser longuement les

tourments de Tristan, recourant à tous les artifices de la rhétorique.

La scène de la mort des deux amants est la plus belle illustration du pathétique qui

caractérise le récit de Thomas. Lors d’un combat contre six redoutables chevaliers, frères

d’Estout l’Orgueilleux, Tristan est mortellement blessé. Il demande à Kaherdin de prévenir

20  

Iseut la blonde qui seule pourra le guérir. Celle-ci tente de le rejoindre en Petite-Bretagne,

mais retardée par les péripéties de la traversée en mer arrive trop tard pour le sauver. Le

drame final est causé par l’épouse de Tristan, Iseut aux Blanches Mains, qui par jalousie lui

ment et lui fait croire que le bateau qui approche arbore une voile noire et non une voile

blanche, ce qui signifie qu’Iseut n’est pas sur le bateau. Tristan pensant que son amie ne

viendra pas se laisse mourir. La douleur d’Iseut la Blonde est alors à son comble :

Ami Tristan, quand je vous vois mort, je ne puis ni ne dois continuer à vivre. Vous

êtes mort par amour pour moi, et moi mon bien-aimé, je meurs de douleur de

n’avoir pu venir à temps. (vv.3233-36).

Thomas insiste sur l’impossibilité physique que connaissent les amants de vivre l’un sans

l’autre. Cela le conduit à construire une superbe scène où Iseut s’étend sur le corps de

Tristan et, lui baisant la bouche et le visage, se laisse mourir à son tour :

Corps contre corps, bouche contre bouche, elle rend l’âme aussitôt, mourant

ainsi auprès de lui de la douleur qu’elle ressent pour son ami. (vv. 3267-70)

Cette scène est l’une de celles qui sont restées au-delà des siècles dans la mémoire des

lecteurs et a donné à cette histoire d’amour une grandeur et une beauté inégalées.

Un lai de Marie de France

Les aventures des amants ont donné naissance à un certain nombre de petits récits

autonomes qui chantent volontiers la souffrance due à la séparation. L’un des plus célèbres

est le Lai du Chèvrefeuille composé par Marie de France vers 1165, qui en 118 vers,

reprend l’évocation courtoise de l’amour de Tristan et Iseut. Les amants se retrouvent en

forêt, pour quelques minutes de bonheur, grâce à une ruse de Tristan qui a écrit sur une

baguette le coudrier son nom afin d’avertir la reine de sa présence. Il grave aussi son amour

en une formule superbe évoquant la façon dont le chèvrefeuille s’enlace autour du coudrier

et ne peut plus en être séparé :

Belle amie : il en est ainsi de nous ; ni vous sans moi ni moi sans vous.

(v. 77-78)

Marie de France qui prétend avoir lu cette histoire dans un livre en connaît l’issue tragique

et rappelle que cet amour valut bien des souffrances aux amants avant de causer leur mort

le même jour.

D’autres textes nous sont parvenus sous forme d’extraits qui choisissent de raconter

comment Tristan, obligé de vivre loin de la reine, cherche à la revoir. Il s’agit

des Folies (manuscrits de Berne et d’Oxford). Traversant la mer Tristan se présente à la cour

déguisé en fou ou en jongleur afin de revoir celle qu’il aime. Iseut peine parfois à identifier

21  

Tristan sous ces déguisements alors que le chien Husdent lui reconnaît son maître. Là

encore il s’agit de raconter quelques moments de bonheur que les amants peuvent savourer

grâce à la ruse et au mensonge.

http ://expositions.bnf.fr/arthur/arret/06_3_1.htm

Le roman de Tristan en Prose

Au XIIIe siècle apparaissent de vastes cycles romanesques en prose, longs prolongements

des schémas élaborés par les clercs qui aux siècles précédents avaient écrit les premiers

romans arthuriens. C’est ainsi que tout comme le Lancelot en prose reprend et prolonge

le Chevalier de la Charrette de Chrétien de Troyes, le roman de Tristan en prose est

composé vers 1230-40. Il s’agit d’une immense fresque qui repose sur la fusion des deux

principales sources d’inspiration de la matière de Bretagne : l’histoire des amants de

Cornouailles et la légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Le roman

devient alors un récit de chevalerie et Tristan est intégré au monde arthurien, faisant

désormais partie des meilleurs chevaliers de la cour et participant à la Quête du Graal

comme Lancelot, Gauvain ou Perceval.

Le roman a connu un très grand succès jusqu’à la fin du XVe siècle et a trouvé place dans

les plus prestigieuses bibliothèques médiévales. Tristan devient l’un des meilleurs chevaliers

du monde à côté de Lancelot à qui il est sans cesse comparé ; il représente les valeurs

chevaleresques comme les autres chevaliers de la Table ronde. Quant au couple formé par

Tristan et Iseut il est comparé à celui que forment Lancelot et Guenièvre dans le Lancelot en

prose.

Le récit en prose – sans doute pour répondre à l’attente des lecteurs de l’époque – présente

une vue élargie de l’histoire de Tristan et de ses ancêtres, en la rattachant au temps du

Christ : Tristan descend d’une lignée issue de Bron, beau-frère de Joseph d’Arimathie.

Après un long récit des unions successives de ses ancêtres, le texte évoque le moment où

Marc devient roi de Cornouailles et où sa sœur Hélyabel épouse le roi de Léonois, Méliadus.

Celui-ci, ensorcelé par une fée, disparaît et Hélyabel meurt de douleur en donnant

naissance à un fils qui reçoit le nom de Tristan. Avec l’aide de Merlin Tristan est confié à un

jeune homme noble, Governal qui devient son précepteur. Méliadus se remarie avec la fille

du roi Hoêl de Petite-Bretagne qui jalouse de Tristan cherche à l’empoisonner et le contraint

à se réfugier en Cornouailles à la cour de Marc, où il parfait son apprentissage de chevalier.

Parmi ses dons il possède celui de jouer de la harpe et de savoir chanter.

Les épisodes anciens où les amants s’aiment en cachette sont conservés en particulier

22  

celui du philtre d’amour : « Iseut regarde Tristan et Tristan regarde Iseut ; ils se contemplent

avec une telle intensité que l’un et l’autre connaissent leur amour et leur désir. » Les amants

doivent se séparer et des aventures nouvelles et multiples sont insérées. Ainsi d’autres

chevaliers aiment Iseut : Palamède, mais aussi Kaherdin qui meurt de cet amour qu’Iseut

refuse de partager. Tristan lui se croit trahi et erre longuement dans la forêt en proie à la

démence.

La grande innovation du récit est que, Tristan, poursuivi par la haine du roi Marc, doit se

réfugier au royaume de Logres et à la cour du roi Arthur. Désormais il mène une vie de

chevalier errant, réalisant les plus grands exploits chevaleresques qui le placent parmi les

meilleurs chevaliers arthuriens et peut être comparé à Lancelot. Les amants séparés

s’écrivent des lettres et des « lais » d’amour qui donnent à ce roman une tonalité

lyrique.Iseut d’abord à la cour du roi Marc, devant les dangers qui la menacent, rejoint

Tristan au château de la Joyeuse Garde, prêté pat Lancelot, mais continuent à souffrir des

absences répétées de Tristan qui s’attarde à la recherche d’exploits et participe à la quête

du Graal. La fin du roman ne garde pas la belle image de la traversée entre la Grande et la

Petite Bretagne. Lorsque les amants se retrouvent, Tristan est blessé, par une blessure due

à une épée couverte de venin par Morgane. Il fait ses adieux à la chevalerie et à ses

compagnons d’aventure, Lancelot, Palamède et Dinadan et serre Iseut sur sa poitrine avec

une telle force qu’elle en meurt en même temps que lui quitte la vie. Les amants sont alors

« couchiez bouche a bouche » et sont réunis dans la mort comme dans les versions

antérieures. Le roi Marc, bouleversé par ce spectacle, ordonne que leurs corps soient

enterrés ensemble à Tintagel.

http ://expositions.bnf.fr/arthur/arret/06_3_2.htm

Danielle Quéruel, « Arrêt sur > l’amour > Tristan et Iseut »,

Dossier de l’exposition « La légende du roi Arthur » de la Bibliothèque Nationale de France,

http://expositions.bnf.fr/arthur/index.htm.

Texte écho : Le Lai du Chèvrefeuille, Marie de France

J'ai bien envie de vous raconter

la véritable histoire

du lai qu'on appelle Le chèvrefeuille

et de vous dire comment il fut composé et

quelle fut son origine.

On m'a souvent relaté

l'histoire de Tristan et de la reine,

et je l'ai aussi trouvée dans un livre,

l'histoire de leur amour si parfait,

qui leur valut tant de souffrances

puis les fit mourir le même jour.

Le roi Marc, furieux

contre son neveu Tristan,

23  

l'avait chassé de sa cour

à cause de son amour pour la reine.

Tristan a regagné son pays natal,

le sud du pays de Galles,

pour y demeurer une année entière

sans pouvoir revenir.

Il s'est pourtant ensuite exposé sans hésiter

au tourment et à la mort.

N'en soyez pas surpris:

l'amant loyal

est triste et affligé

loin de l'objet de son désir.

Tristan, désespéré,

a donc quitté son pays

pour aller tout droit en Cornouaille,

là où vit la reine.

Il se réfugie, seul, dans la forêt,

pour ne pas être vu.

Il en sort le soir

pour chercher un abri

et se fait héberger pour la nuit

chez des paysans, de pauvres gens.

Il leur demande

des nouvelles du roi

et ils répondent

que les barons, dit-on,

sont convoqués à Tintagel.

Ils y seront tous pour le Pentecôte

car le roi veut y célébrer une fête:

il y aura de grandes réjouissances

et la reine accompagnera le roi.

Cette nouvelle remplit Tristan de joie:

elle ne pourra pas se rendre à Tintagel

sans qu'il la voie passer!

Le jour du départ du roi,

il revient dans la forêt,

sur le chemin que le cortège

doit emprunter, il le sait.

Il coupe par le milieu une baguette de noisetier

qu'il taille pour l'équarrir.

Sur le bâton ainsi préparé,

il grave son nom avec son couteau.

La reine est très attentive à ce genre de signal:

si elle apperçoit le bâton,

elle y reconnaître bien

aussitôt un message de son ami.

Elle l'a déjà reconnu,

un jour, de cette manière.

Ce que disait le message

écrit par Tristan,

c'était qu'il attendait

depuis longtemps dans la forêt

à épier et à guetter

le moyen de la voir

car il ne pouvait pas vivre sans elle.

Ils étaient tous deux

comme le chèvrefeuille

qui s'enroule autour du noisetier:

quand il s'y est enlacé

et qu'il entoure la tige,

ils peuvent ainsi continuer à vivre longtemps.

Mais si l'on veut ensuite les séparer,

le noisetier a tôt fait de mourir,

tout comme le chèvrefeuille.

« Belle amie, ainsi en va-t-il de nous:

ni vous sans moi, ni moi sans vous! »

La reine s'avance à cheval,

regardant devant elle.

24  

Elle aperçoit le bâton

et en reconnaît toutes les lettres.

Elle donne l'ordre de s'arrêter

aux chevaliers de son escorte,

qui font route avec elle:

elle veut descendre de cheval et se reposer.

On lui obéit

et elle s'éloigne de sa suite,

appelant près d'elle

Brangien, sa loyale suivante.

S'écartant un peu du chemin,

elle découvre dans la forêt

l'être qu'elle aime le plus au monde.

Ils ont enfin la joie de se retrouver!

Il peut lui parler à son aise

et elle, lui dire tout ce qu'elle veut.

Puis elle lui explique

comment se réconcilier avec le roi:

elle a bien souffert

de le voir ainsi congédié,

mais c'est qu'on l'avait accusé auprès du roi.

Puis il lui faut partir, laisser son ami:

au moment de se séparer,

ils se mettent à pleurer.

Tristan regagne le pays de Galles

en attendant d'être rappelé par son oncle.

Pour la joie qu'il avait eue

de retrouver son amie,

et pour préserver le souvenir du message

[qu'il avait écrit

et des paroles échangées,

Tristan, qui était bon joueur de harpe,

composa, à la demande de la reine,

un nouveau lai.

D'un seul mot je vous le nommerai:

les Anglais l'appellent Goatleaf

et les Français Chèvrefeuille.

Vous venez d'entendre la véritable histoire

du lai que je vous ai raconté.

Marie de France, Lais, « Le Lai du

Chèvrefeuille » (fin du XIIème siècle).

25  

TTrriissttaann,, llééggeennddee vviivvaannttee

Dans le magazine n°7 du Théâtre de Lorient1, à l’occasion de la création de la pièce d’Eric

Vigner, Christine Ferlampin-Acher publie un article consacré à la légende de Tristan.

Ils se nomment Pyrame et Tisbé, Roméo et Juliette, Tristan et Iseult… Le chant des amants

tragiques se déploie et se réinvente à l’infini. Genèse éternelle d’un mythe d’amour et de

mort mêlé.

Tristan et Iseult, ou Tristan sans Iseult…

Il est étrange de constater que cette histoire d’amour, avec ses deux jeunes amants, est

souvent désignée par le nom seul de son héros masculin. Pourtant il n’y a pas de Tristan

sans Iseult. On parle de la légende de Tristan, alors que l’histoire est celle d’un couple ;

mais ce couple n’existe que dans son impossibilité, ses séparations sur terre, et sa mort.

Tristan est bien le héros de cette histoire. C’est lui qui en porte la tragédie, c’est lui dont le

nom laisse résonner l’adjectif « triste », comme le rappellent déjà les romanciers du Moyen-

Âge : sa mère est morte en le mettant au monde, et c’est pour cela qu’il a été nommé

Tristan. Sevré de sa mère, séparé d’Iseult qu’il aime (les deux mots, sevrer et séparer,

viennent du même terme latin et sont synonymes en ancien français), Tristan est

tragiquement déterminé par son nom, son enfance, sa jeunesse. Certes Iseult joue un rôle

important, mais c’est Tristan, d’abord, qui incarne la tragédie et la porte en lui, depuis sa

naissance. Le Moyen- Age s’en souviendra et inventera un Roman de Tristan en prose, dont

le titre passe sous silence Iseult et qui ne s’intéresse que secondairement à la jeune

princesse.

Tristan et Iseult, couple tragique

Peut-être notre regard est-il faussé par l’anachronisme, incorrigiblement romantique ?

Chrétien de Troyes, l’auteur de génie qui a introduit le Graal en littérature, mentionne parmi

ses œuvres un roman de Marc et Iseult, qui ne nous a pas été conservé et qui montre qu’au

Moyen-Âge le héros n’était pas nécessairement Tristan : la scandaleuse histoire adultère, où

un neveu trompe son oncle et son seigneur, pouvait être lue sous l’angle du mariage, à la

promotion duquel travaillèrent les XIIe et XIIIe siècle. Chrétien de Troyes chercha à concilier

le mariage avec la fin amor, l’amour parfait des poètes lyriques. Pour lui, le héros n’était

semble-t-il pas Tristan, mais Marc, l’époux. Il est peut-être heureux que nous ayons perdu

                                                            1 Eric Vigner est actuellement directeur du Théâtre de Lorient, et c’est dans ce théâtre que sera créée en novembre 2014 la version du Tristan qu’il met en scène, et à laquelle ce dossier est consacré. Plusieurs articles du Magazine du Théâtre de Lorient n°7 sont consacrés à cette création. Le magazine dans son ensemble (et notamment les articles relatifs au spectacle d’Eric Vigner) est consultable sur le site du Théâtre de Lorient à l’adresse suivante : http://www.letheatredelorient.fr/sites/default/files/magazines/TDL_mag_7.pdf

26  

le roman que l’inventeur du Graal a composé sur les amants de Cornouailles… La légende

d’amour et de mort que nous connaissons tous plonge ses racines profondément dans le

Moyen Âge. Si le premier témoignage littéraire, le Roman de Tristan de Béroul, remonte à la

deuxième moitié du XIIe siècle, on sait que la légende est connue bien avant, comme en

témoignent les troubadours : Cercamon, dès avant 1150, dit avoir le cœur de Tristan ;

Bernard de Ventadour, amoureux malheureux, dit souffrir plus que Tristan. Remontant

certainement à des légendes orales, dans ce monde où la littérature passait par le verbe

vivant avant de se poser sur le parchemin, l’histoire de Tristan et Iseult remonte soit à une

tradition cornique, dans laquelle le nom du héros, latinisé et figurant encore sur une stèle,

était Drustanus et celui du mari, Marc, signifiait « cheval », d’où les oreilles de cheval du roi

dans le récit de Béroul, soit à une source écossaise, Tristan étant un roi Picte, du nom de

Drust ou Drustan. L’histoire irlandaise de la Fuite de Diarmaid et de Grainne, qui daterait du

IXe siècle, a pu jouer aussi un rôle. Il est donc très vraisemblable que le mythe de Tristan et

Iseult a une origine celtique. Mais d’autres sources ont été combinées : des motifs

folkloriques, largement attestés, se reconnaissent, comme le combat contre le dragon ou

l’homme aux deux femmes (avec le mariage de Tristan et Iseult aux Blanches Mains, triste

double d’Iseult la Blonde), tandis que la voile blanche ou noire évoque l’histoire antique de

Thésée, que connaissaient bien les lettrés du Moyen-Âge.

La genèse du mythe, jusqu’au XIIe siècle, reste mystérieuse car rares sont les traces écrites.

De fait, c’est du XIIe siècle, au moment où l’ancien français commence à être employé en

littérature (avant seul le latin était langue de culture), que datent les plus anciens

témoignages conservés, avec le roman de Béroul, celui de Thomas, ou le Lai du

Chèvrefeuille de Marie de France, qui raconte un bref épisode de la vie des amants. La

version de Béroul n’est conservée que dans un fragment, incomplet, qui commence avec la

scène du rendez-vous épié par Marc et se termine par la mort du félon Godoïne : il nous

manque le philtre, il nous manque la mort des amants. Il est fréquent que les textes les plus

anciens ne soient conservés que dans des fragments, mais il est frappant de constater que

le Tristan de Béroul a failli disparaître. Et l’on a pu émettre l’hypothèse que l’histoire a

choqué, a suscité des réticences, tout en fascinant, ce qui expliquerait une diffusion

incertaine et incomplète. Il est possible aussi que la puissance de ce texte, qui place au

cœur du récit les tourments du remords, qui met en scène des héros ambigus, avec Iseult

qui joue avec les mots et avec Dieu lors du serment à double sens, explique que les

manuscrits, trop souvent lus, trop souvent manipulés, aient disparu. Vers 1170-1175,

Thomas reprend l’histoire et exalte l’idéal courtois et les choix amoureux. Le philtre n’a plus

qu’un effet provisoire, il symbolise l’amour, mais n’en est plus la cause exclusive, magique

27  

et fatale. Reposant sur l’incompatibilité entre l’amour passion, l’amour courtois et la société

féodale, plus discrète quant au problème religieux, cette version concurrença celle de

Béroul. Un héros et deux Iseult, deux versions principales pour une même légende, des

paroles à double entente (comme le serment de la reine) : la légende de Tristan est placée

sous le sceau du double, du reflet incertain et du verbe ambigu, à l’image de ce héros, à

cheval entre la Cornouailles anglaise qui l’a vu naître et la Petite Bretagne (tel était le nom

médiéval) armoricaine où il meurt.

Tristan, légende bretonne ?

Oui, si l’on donne au nom Bretagne son sens ancien, qui englobe la Petite Bretagne et la

Grande-Bretagne, les terres continentales et les terres insulaires : Tristan est né en

Cornouailles anglaise, le roi Marc est roi de Cornouailles, et il tient sa cour à Tintagel. Oui

aussi au sens moderne du nom Bretagne, puisque Tristan le Cornouaillais épouse Iseult aux

Blanches Mains, la fille de Hoël, le roi de Petite Bretagne, de Bretagne armoricaine, et c’est

en Bretagne qu’il meurt. La Bretagne se dédouble, petite et grande, tout comme il y a deux

Iseult, l’une reine de Cornouailles et l’autre fille du roi de Petite Bretagne ; tout comme il y a

aussi deux Tristan, l’un de Cornouailles, le héros de notre histoire, et l’autre, Tristan le Nain,

né à la frontière de Petite Bretagne, qui est, chez Thomas, l’un des acteurs de la mort du

héros. En effet, Tristan (le Grand Tristan, né en Grande-Bretagne) prend la défense de

Tristan le Nain, à qui le félon Estout l’Orgueilleux, a enlevé son amie. Blessé dans le combat

par une arme empoisonnée, Tristan (le Grand) meurt finalement. Au philtre magique répond

le venin de l’arme mortelle ; Tristan le Nain a perdu sa dame, tout comme Tristan est séparé

d’Iseult. Dans le combat contre le ravisseur, Estout l’Orgueilleux, Tristan le Nain meurt,

Tristan (le Grand) est blessé mortellement. De ces doubles spéculaires, l’un est breton,

l’autre cornouaillais. Tristan est dit « de Leonois » : les plus anciens textes situent cette

région en Angleterre et ce serait (les érudits hésitent) le Lothian en Écosse ou la région de

Carleon. Elle a cependant été confondue avec le pays de Léon en Bretagne française,

d’autant plus facilement que le destin de Tristan se dénoue sur le Continent. Tristan,

doublement breton, donc. L’histoire des deux jeunes amants connaît un immense succès

au Moyen-Âge : on la représente sur de précieux coffrets en ivoire ; on en fait de longs

romans aussi bien que des récits brefs, qui racontent par exemple comment Tristan devient

fou ou se déguise en jongleur. Si Béroul et Thomas ont écrit au XIIe siècle, en vers (la

littérature ne s’écrivait pas encore en prose à cette époque), le très long Roman de Tristan

composé en prose par un auteur anonyme dans les années 1230-1250 connut de

nombreuses versions et était encore copié au XVe siècle : ce récit, accordant moins

28  

d’importance aux amours des deux héros, insiste surtout sur Tristan comme héros

chevaleresque et preux compagnon de la Table Ronde du roi Arthur. C’est cette version qui

eut les honneurs des premières impressions au XVIe siècle et qui assura pour plusieurs

siècle le souvenir de vaillant Tristan. Le succès fut européen, Tristan fait partie de ces

mythes qui ont contribué à la fois à l’émergence des littératures en langues « nationales » (à

une époque où la culture s’écrivait partout et uniformément en latin) et à la constitution

d’une culture et d’un imaginaire communs. Si la légende arthurienne et la légende

tristanienne ont une origine qui plonge dans les traditions celtiques, en général insulaires,

elles ont été acclimatées et diffusées largement en Europe. La version de Béroul fut traduite

par Eilhart von Oberg, en moyen haut-allemand, vers 1170-1180 (et cette traduction, qui

donne l’histoire complète, nous permet d’imaginer ce qu’était le texte français original, qui,

rappelons-le, n’est conservé que très partiellement), puis par Gottfried de Strasbourg, qui

reprend plutôt la version de Thomas (vers 1210) et par Heinrich von Freiberg (vers 1280).

L’on conserve aussi dans l’aire germanique médiévale des textes anonymes, comme Tristan

le Moine ou Tristrant und Isalde. Un auteur écossais a composé à la fin du XIIIe siècle un Sir

Tristrem ; il existe dans le domaine ibérique un Tristan de Leonis, et un Tristan de Leonis el

joven, tandis que dans divers dialectes italiens sont conservés les Tristano veneto, Tristano

Panciatichiano et Tristano Riccardiano. En Scandinavie, au XIIIe siècle, dans l’entourage du

roi Haako Haakonarson, qui joua un grand rôle dans la diffusion de la matière arthurienne

dans le Nord, frère Robert adapte en 1226 le Tristan de Thomas dans sa Tristrams saga ok

Ísöndar. N’oublions pas d’autre part qu’un manuscrit du XVIe siècle nous a conservé le

texte d’un Tristan biélorusse, qui remonte à une version vénitienne du Tristan en prose. Le

Moyen Âge n’a pas été un temps de repli : les hommes, les légendes et les manuscrits

voyageaient beaucoup. Tristan est cornouaillais de naissance, breton (d’Armorique)

d’adoption, mais il a aussi, et surtout au Moyen Âge, la nationalité européenne.

Tristan, aimer à mourir

Tristan est devenu le symbole de l’amour passion, de l’amour mortel. Destin de deux jeunes

amants que la société sépare, dont la forêt sauvage abrite provisoirement la passion. Il

semble aller de soi que leur histoire ait connu un succès mondial. Et pourtant, au Moyen

Âge, ce n’était pas évident. Plusieurs légendes racontant les malheurs de jeunes amants

séparés par leurs familles étaient bien connues. La poétesse Marie de France raconte, vers

1190, dans un lai (c’est-à-dire un bref poème narratif), l’histoire des Deux Amants, qui se

passe en Normandie et non en Bretagne, à Pitres (aujourd’hui dans le département de

l’Eure). Un père aimait sa fille d’un amour exclusif et, pour éviter qu’elle se marie, il avait

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institué une épreuve : seul pourrait l’épouser le jeune homme capable de la porter jusqu’au

sommet d’une colline. Tous les prétendants échouèrent. Un jeune homme tomba amoureux

de la fille du roi, qui s’éprit aussi de lui. Une parente de la demoiselle donna à l’amoureux un

philtre qui lui donnerait la force d’accomplir l’exploit. Cependant porté par sa passion le

jeune homme oublia de boire le philtre, puis refusa de céder à la demoiselle qui le suppliait

de s’arrêter pour prendre la potion. Arrivé au sommet, il meurt, et la jeune fille, le prenant

dans les bras et l’embrassant, s’éteint dans un souffle. Le philtre, répandu, rendit le sol

fertile. On construisit un cercueil pour les deus enfanz. Depuis, dit le texte, la colline

s’appelle le Mont des deux Amants et les Bretons ont composé un lai à partir de cette

histoire. Voilà une histoire normande, racontée par les Bretons, et présentant des motifs très

tristaniens, comme les jeunes amours contrariées par la famille, le philtre, la mort dans une

étreinte, la métaphore végétale (sur les tombes de Tristan et Iseult poussent des plantes qui

se rejoignent, symbolisant leur union au-delà de la mort ; la végétation est fertile sur la

colline où meurent les deux jeunes amants de Pitres). Ce lai, qui s’appuie sur des légendes

locales, normandes, qui ont été transmises jusqu’au début du XXe siècle, mettait en scène

deux héros fort proches de Tristan et Iseult : ils n’auront pas autant de succès. Ce qui n’est

pas le cas de Pyrame et Tisbé, l’autre couple concurrent. Pyrame et Tisbé sont deux héros

des Métamorphoses d’Ovide. Ce texte d’un poète latin (43 avant J.-C., 18 après J.C.) était

un best-seller au Moyen Âge. On en a conservé de nombreuses copies dans des manuscrits

en latin, mais aussi dans des traductions en langue vernaculaire, en ancien français, plus

accessibles pour un public de laïcs, qui, contrairement aux clercs, ne comprenaient pas la

langue savante. Le récit latin a été adapté et commenté : ainsi il existe un texte, l’Ovide

Moralisé, qui raconte les différentes métamorphoses qui ont intéressé le poète latin, et qui

les commente, en leur donnant des interprétations morales, qui sont de pures inventions par

rapport au texte original, mais qui témoignent de la façon dont les médiévaux

s’appropriaient les fables païennes en leur donnant un sens chrétien. L’histoire de Pyrame

et Tisbé fait partie des récits des Métamorphoses les plus connus au Moyen Âge. L’histoire

est simple, et avant Ovide, elle est mentionnée par le grammairien Hygin : Pyrame et Tisbé

sont deux jeunes amoureux, que des rivalités familiales séparent. Communiquant par une

fente dans un mur, ils se donnent rendez-vous près d’un mûrier. Tisbé arrive la première :

un lion surgit, qui la fait fuir. Dans sa course, elle laisse tomber son voile, que le félin saisit

dans sa gueule et souille de sang avant de l’abandonner par terre et de disparaître. Pyrame

arrive, voit le tissu sanglant, s’imagine que Tisbé est morte et se suicide. Tisbé, revenue de

sa frayeur, revient près du mûrier, trouve Pyrame mort et se tue à son tour. Le fruit du

mûrier, jusqu’alors blanc, souillé de leur sang, est depuis de couleur rouge. La légende

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ovidienne, comme la plupart des récits des Métamorphoses a une valeur étiologique : elle

explique l’origine d’un phénomène naturel, ici la couleur des mûres. Dans le récit en vers qui

date du XIIe siècle et qui raconte en ancien français les amours tragiques de Pirame et

Tisbé, le rapprochement avec Tristan et Iseult est flagrant : les deux amants meurent

bouche à bouche, dans un souffle. Si Pyrame et Tisbé n’ont pas donné lieu à autant de

reprises romanesques que Tristan et Iseult au Moyen Âge, ils étaient eux aussi très souvent

cités en exemple quand il était question de passion amoureuse. Si dans le cas de Tristan et

Iseult les textes sont réticents à évoquer le suicide, interdit aux Chrétiens, et suggèrent

plutôt une ultime étreinte mortelle, un dernier baiser fatal, dans le cas de Pyrame et Tisbé,

qui sont deux païens de Babylone, les auteurs ne rechignent pas à mentionner

explicitement de la mort qu’ils se donnent : ils sont païens et échappent à la morale

chrétienne. Ce qui serait scandaleux pour les amants de Cornouailles, ne l’est pas pour les

deux jeunes Babyloniens. C’est pourquoi leur histoire réussit assez durablement à

concurrencer celle de Tristan et Iseult.

Tristan, la fleur de la chevalerie

À la fin du Moyen Âge, si les jeunes amants cornouaillais sont toujours bien connus, c’est

surtout Tristan comme modèle de chevalier parfait qui intéresse et jusqu’au XIXe siècle, la

légende, sans être oubliée complètement, est en retrait : la mode sera à l’Antique et le

roman, comme genre littéraire, n’est guère en vogue du XVIe au XVIIIe siècle. Les conditions

ne sont pas réunies pour que le roman de Tristan et Iseult, support de la légende, enflamme

les imaginaires. Et lorsque Shakespeare invente Roméo et Juliette en 1595, plus que les

deux amants cornouaillais, ce sont Pyrame et Tisbé qui lui servent de modèles (à partir

d’une nouvelle italienne traduite en anglais) et qu’il transpose à Vérone. Dans Le Songe

d’une Nuit d’Été, à peu près à la même époque, il met d’ailleurs en scène sur le mode

parodique l’histoire de Pyrame et Tisbé : plus que Tristan et Iseult, ce sont eux qui fascinent

les imaginaires et stimulent l’invention du dramaturge. Pourtant Pyrame et Tisbé,

aujourd’hui, sont bien oubliés. On connaît Roméo et Juliette, on connaît Tristan et Iseult,

mais les deux amants babyloniens ont été éclipsés. L’engouement pour Tristan et Iseult

s’affirme en fait particulièrement au XIXe siècle, dans le sillage de la redécouverte

romantique du Moyen Âge. Le philtre merveilleux, le tragique de la passion mortelle,

séduisent alors un large public. D’abord en Angleterre (où la légende arthurienne a souvent

eu une dimension patrimoniale), avec par exemple une édition dès 1816 par Walter Scott du

Sir Tristrem médiéval, ou les adaptations d’Arnold (1852) ou Tennyson (1885), ou bien

encore le poème épique de Swinburne Tristram of Lyonesse (1882). Cependant c’est

31  

surtout Wagner qui a contribué à l’extraordinaire promotion du mythe tristanien au XIXe

siècle, avec la création en 1865 de Tristan und Isolde (la première parisienne est de 1899).

Wagner a utilisé plusieurs sources allemandes, comme le roman de Gottfried de

Strasbourg, mais aussi le Sir Tristem en moyenanglais ou le Tristan de Béroul. Le rôle de

Wagner ne saurait être sous-estimé, au point que Denis de Rougemont, dans son ouvrage

L’amour et l’Occident qui eut un important retentissement (1939), fait de Tristan et Iseult

revu par Wagner l’archétype de l’amour passion. C’est cependant le philologue Joseph

Bédier qui fit découvrir la légende française à un public qui ne connaissait Tristan et Iseult

que par l’intermédiaire de Wagner : il publie en 1900 son Tristan et Iseut dans lequel, en

combinant divers témoins (essentiellement Béroul et Thomas, même si les versions

étrangères, comme celle de Gottfried de Strasbourg, sont aussi mises à contribution) il

reconstitue ce qu’il considère comme l’archétype de la légende. Cette belle œuvre, d’un

poète philologue, est toujours très largement diffusée et c’est encore le plus souvent par

son intermédiaire que le lecteur français découvre la légende des deux amants de

Cornouailles, qui depuis Wagner, ne cesse de hanter les créateurs. Les jeunes amants

malheureux qui meurent se nomment Pyrame et Tisbé, Roméo et Juliette, Tristan et Iseult.

Ils sont bretons, de Babylone ou de Vérone : le mythe se déploie, éternellement, à l’image

de ces arbres qui poussent sur les tombes de Tristan et Iseult et qui se rejoignent, par-delà

la mort, pour toujours.

Christine Ferlampin-Acher2, « Légende vivante », Le Théâtre de Lorient, Un théâtre, une ville, un magazine, numéro 7, saison 2014-2015.

                                                            2  Christine Ferlampin-Acher, ancienne éléve de l’ENS et agrégée de lettres, est professeur à l’université Rennes 2 et membre de l’Institut Universitaire de France. Elle est spécialiste de littérature française du Moyen Âge et travaille en particulier sur la légende arthurienne, le roman et le merveilleux.

32  

TTrriissttaann aauu ddéébbuutt dduu XXXXèèmmee ssiièèccllee ::

Le Roman de Tristan et Iseut de Joseph Bédier3 (1900-1905)

Joseph Bédier, spécialiste médiéval, a rassemblé au début du XXème siècle les différentes

versions existantes du mythe de Tristan, constituant ainsi un récit de référence.

La version intégrale du texte de Joseph Bédier dans sa version audio (lue par le donneur de

voix René Depasse) est disponible à l’adresse suivante :

http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/tristan-et-iseult.html

Partage de midi4 de Paul Claudel (1906)

Le site de la Société Paul Claudel (www.paul-claudel.net) propose un résumé de la pièce.

Le drame est, selon l’expression de Claudel dans une lettre à Francis Jammes du 19

septembre 1905, « l’histoire un peu arrangée » de l’« aventure » amoureuse qu’il vécue de

1900 à 1905.

Le premier acte est situé sur un paquebot en mer vers l’Extrême-Orient, au milieu de

l’Océan Indien. Quatre personnages, à l’heure de midi, s’entretiennent sur le pont du

navire. Mesa, en qui l’auteur s’est représenté, est un fonctionnaire qui regagne son poste

en Chine. À bord se trouvent une jeune femme, Ysé, accompagnée de son mari, De Ciz, et

de ses quatre enfants, ainsi qu’un joyeux aventurier qui cherche fortune, Amalric. Mesa,

solitaire et désemparé après avoir effectué, comme Claudel en 1900, une tentative

malheureuse d’entrée dans la vie monastique, est aussitôt fasciné par la belle Ysé,

coquette, insouciante, éprise de vie après des années d’un mariage qui la laisse

insatisfaite. Amalric, qui l’avait rencontrée et aimée autrefois, se promet de la conquérir à

nouveau. De Ciz, bel homme aimable, égoïste et indécis, est en quête d’un emploi lucratif.

Tous quatre, en route vers la Chine, espèrent y trouver un sort à la mesure de leur

ambition ou de leur désarroi. Ils dialoguent en attendant la cloche qui annonce l’heure du

repas du soir.

Le second acte se passe à Hong-Kong, après la traversée, dans un cimetière où Mesa a

donné rendez-vous à Ysé et à son mari. Tandis qu’il s’éloigne un instant en les attendant,

De Ciz fait part à Ysé de son intention de partir pour effectuer un trafic douteux de

commerce et de traite des indigènes, et s’apprête à la quitter malgré ses objections et ses

supplications. Mesa, revenu et seul face à Ysé, la prend dans ses bras sans qu’elle

                                                            3 Une version écrite de l’œuvre intégrale de Bédier, éditée par le groupe Ebooks libres et gratuits, est disponible à l’adresse : http://www.diogene.ch/IMG/pdf/bedier_tristan_et_iseut.pdf

4 Cette pièce de Paul Claudel constituera le second volet du cycle consacré aux rituels d’amour et de mort par Eric Vigner. Elle sera créée en 2015.

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résiste : tous deux s’abandonnent à leur passion, résolus à briser les liens qui les

séparent. Lorsque De Ciz revient auprès d’eux, Mesa s’ingénie hypocritement, pour

éloigner le mari gênant, à le persuader d’accepter l’emploi dangereux qu’il lui a proposé.

Le troisième et dernier acte a lieu quelques années après, dans une maison d’un port de

la Chine, où l’on reconnaît le décor du consulat de Foutchéou où Claudel a vécu la

passion que rappelle le drame. Ysé vit maintenant avec Amalric, après avoir quitté Mesa,

dont elle eu un enfant. C’est l’époque de la révolte des Boxers, qui assassinent les

résidents étrangers, et la maison où Amalric et Ysé se sont réfugiés a été minée et va

exploser pour qu’ils échappent aux assiégeants. Survient Mesa, qui détient un passe qui

permettrait à Ysé de fuir. Il lui reproche son silence et la supplie de se sauver avec lui, De

Ciz étant mort, dans un long monologue auquel elle ne répond pas un mot.

Lorsqu’Amalric revient, une brève lutte oppose les deux hommes, et Mesa, vaincu,

s’effondre, tandis qu’Amalric et Ysé s’enfuient après s’être emparés du passe. Mesa,

demeuré seul dans la maison qui va sauter, s’adresse à Dieu dans un « cantique » où il

prend conscience de sa faute et s’apprête à quitter ce monde. Mais Ysé, qui s’est

échappée, revient soudain pour mourir avec lui, et les deux amants, dans un ultime

dialogue, échangent le serment d’un consentement sacramentel qui transfigure et

accomplit leur amour dans le « partage de minuit ».

http://www.paul-claudel.net/oeuvre/partage-de-midi/partage-de-midi-resume

Extraits

Acte II

YSÉ – […] Il faut me laisser seule. Il ne faut point venir me voir.

Ils demeurent en silence sans se regarder. Puis soudain Ysé relève la tête et lui ouvre les

bras. Il l’étreint en sanglotant, la tête contre son flanc.

YSÉ – Pauvre Mesa !

Elle lui caresse la tête.

MESA – Ysé !

YSÉ – Pauvre enfant ! Mesa ! Pauvre Mesa !

MESA – Tout est fini.

Il se relève et demeure vacillant comme un homme ivre.

YSÉ, le regardant en face – Viens !

Viens et ne demeure pas séparé de moi plus longtemps.

Ils s’étreignent, Ysé demeurant immobile et passive. Arrêt.

MESA – O Ysé !

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YSÉ – C’est moi, Mesa, me voici.

MESA – O femme entre mes bras !

Fin de l’acte III

Entre Ysé vêtue de blanc en état de transe hypnotique. [Elle se promène dans la pièce, se

perd, s’affole] soudain l’on entend un grand cri de femme épouvantablement mélodieux et

aigu.

MESA, appelant fortement – Ysé ! Ysé ! viens ! viens !

Pause. Et on la voit tout à coup toute blanche avec ses longs cheveux épars dans la

véranda inondée par la lune.

MESA, pensant – Telle je t’ai vue jadis, sur le navire !

Elle vient, elle s’accroupit à ses pieds, elle pose son bras nu tout droit au travers de ses

genoux. Il lui met légèrement la main sur la tête.

YSÉ – Mesa, je suis Ysé. C’est moi.

Paul Claudel, Partage de midi, Folio Théâtre n° 17, Paris, Gallimard, 1994, p. 105.

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HHIISSTTOOIIRREE DDEESS AARRTTSS –– PPRROOLLOONNGGEEMMEENNTTSS

LLEE MMYYTTHHEE DDEE TTRRIISSTTAANN DDAANNSS LLAA PPEEIINNTTUURREE

Il peut être intéressant, en amont de la représentation, d’amener les élèves à comparer les

représentations de ce couple mythique à travers les temps (choix des épisodes représentés,

décor, vêtements…). Parmi les très nombreuses représentations existantes, quelques

exemples sont proposés ci-dessous.

Au XVème siècle

Sur un navire se dirigeant vers l'Irlande, Tristan boit le philtre que lui tend Iseut.

Au fond, un navire à voile noire rapporte le cercueil de Tristan et Iseut en Cornouailles. Miniature du XVe siècle. Bibliothèque nationale de France, Paris. Ph. Coll. Archives Larbor.

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A la fin du XIXème et au XXème siècle

Les préraphaélites anglais

Le Musée d’Orsay présente en quelques lignes ce mouvement artistique.

[Les jeunes étudiants qui fondent la confrérie préraphaélite au milieu du XIXème siècle]

ambitionnent de créer une nouvelle peinture, se référant non-plus à la Renaissance, mais à

l'art médiéval, celui d'avant Raphaël, libre et authentique, suivant en cela les préceptes de

l'influent théoricien victorien, John Ruskin. Leurs tableaux sont colorés, porteurs de

multiples symboles et références littéraires, sensibles à la nature et aux questions sociales.

http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/bienvenue/actualites/le-preraphaelisme.html

Mort de Tristan et Iseut.

Miniature d'un manuscrit du XVe siècle du Livre de Lancelot du lac. (Bibliothèque nationale de France, Paris.)

Ph. Coll. Archives Larbor.

Tristan et Iseult à la fontaine, épiés par le Roi Marc.

Miniature d’un manuscrit du Tristan en prose (Bibliothèque nationale de France, fr.97, c. 279, Paris).

Edmund Blair Leighton, La Fin de la chanson, ou Tristan et Iseult (1902).

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John William Waterhouse, Tristan et Iseult avec la potion (1916).

Edward Burne-Jones, La Tête funeste (1886-1887).

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Salvador Dali

Ce peintre, dont l’opéra favori était Tristan und Isolde de Richard Wagner, s’est lui aussi

intéressé à la légende de Tristan et Iseult à plusieurs reprises.

En écho, un autre projet de Salvador Dali autour du mythe dans le domaine des arts visuels.

Projet de décor pour un ballet de Léonide Massine, Tristan fou, programmé en 1944

au Metropolitan Opera de New York, Salvador Dali (1944).

Broche Tristan et Iseult réalisée par Salvador Dali (1985).

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LLEE MMYYTTHHEE DDEE TTRRIISSTTAANN AA LL’’OOPPEERRAA

Tristan und Isolde de Richard Wagner (1865)

A l’occasion de l’émission « Soirée lyrique » de Judith Chaine5 consacrée à la représentation

de Tristan und Isolde de Wagner à L’Opéra de Paris en 2014, le site de France Musique

présente ainsi cet opéra :

Opéra en trois actes de Richard Wagner (1813-1883).

Créé le 10 juin 1865 au Théâtre royal de la Cour de Bavière, Munich.

En 1857, Wagner suspend la composition du Ring, abandonnant Siegfried dans la forêt

profonde, pour entreprendre une autre quête. Le compositeur a lu Schopenhauer et

la Bhâgavad-Gita – percevant dans le renoncement l’ultime moyen de s’affranchir des

limites de l’existence – et vit une romance passionnée avec Mathilde Wesendonck. De ces

affinités spirituelles et amoureuses naîtra Tristan et Isolde, le récit d’un amour trop grand

pour le monde matériel. Pour mettre en musique ce mythe, dans lequel Denis de

Rougemont voyait se jouer le destin de l’Occident, Wagner repousse loin les limites de son

art : tonalité mouvante, tension languissante, résolution toujours retardée jusqu’à la mort

d’amour d’Isolde – « ce souffle du monde auquel elle s’abandonne, ce flot qui l’enveloppe

dans lequel elle se noie… »

Résumé : Tristan est chargé de ramener en Cornouailles Isolde, princesse d'Irlande, qui doit

y épouser le roi Marke. Elle se révolte contre ce qu'elle considère comme une trahison de

Tristan, qu'elle a jadis soigné et guéri. Par la vertu d'un philtre magique, ils s'éprennent

violemment l'un de l'autre. Malgré son mariage avec le roi Marke, Isolde reste unie à Tristan

par un amour inébranlable. Les deux amants sont surpris par le souverain en pleine nuit

d'amour. Dans la bousculade qui s’ensuit, Tristan est blessé. Il doit s'enfuir dans ses terres

de Bretagne où il agonise en réclamant la présence d'Isolde. Celle-ci arrive pour recueillir

son dernier soupir. Isolde, en extase, lance un dernier chant d'amour et meurt à son tour.

Inspiré par le mythe celte, le compositeur épure son livret et donne une signification

personnelle au philtre d’amour, qui devient le révélateur d’une passion déjà existante. Il fait

de Tristan et Isolde un immense poème lyrique, un chant d’amour et de mort…

http://www.francemusique.fr/emission/soiree-lyrique/2013-2014/tristan-und-isolde-de-

richard-wagner-05-17-2014-19-00

                                                            5 L’émission peut être réécoutée sur le site de France Musique à la page : http://www.francemusique.fr/emission/soiree-lyrique/2013-2014/tristan-und-isolde-de-richard-wagner-05-17-2014-19-00  

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Extrait de partition de Tristan une Isolde de Richard Wagner, 1960.  

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L’opéra de Richard Wagner, qui ne cesse, depuis sa création, d’être représenté, a par

exemple été joué en 2014 à L’Opéra de Paris dans une mise en scène de Peter Sellars,

accompagné du vidéaste Bill Viola, sous la direction musicale de Philippe Jordan.

© Charles Duprat, Janina Baechle, Robert Dean Smith, Violeta Urmana et vidéo de Bill Viola.

 © Benjamin Ealovega. 

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Tristan et…6 de Mathieu Bauer (2010)

Opéra de Mathieu Bauer, dʼaprès une libre adaptation de lʼOpéra de Richard Wagner, textes

de Lancelot Hamelin.

Mathieu Bauer, metteur en scène de théâtre musical, musicien et fondateur de la

Compagnie Sentimental Bourreau, donne sa version XXIe siècle de la passion majuscule de

Tristan pour Isolde. Avec 4 comédiens, 1 chanteuse lyrique, 5 musiciens et côté musique,

banjo, marimba, trompette, contrebasse, piano…

Lancelot Hamelin évoque ainsi cet opéra :

Notre "opéra" commence par le réveil brutal et minuscule de Tristan habité par les songes

et les doutes. Anti-opéra ? L’image de Tristan sur la plage est tirée des romans autant que

de l’opéra : un lit sur une plage, face à la mer, avec un homme blessé, qui s’est endormi en

attendant l’arrivée d’un bateau. Donc Tristan dort. C’est le début de l’acte III de l’opéra.

Notre contre-opéra consiste en la méditation de Tristan – sa reviviscence des actes

précédents et peut-être futurs, les "actes" de l’opéra qui le retraversent, comme l’opéra

nous traverse à chaque vision, et parfois nous revient, comme un air lancinant, à certains

moments de nos vies. Un des axes de la méditation de notre Tristan, et d’une certaine

façon le moteur de cette méditation, réside dans le doute et la crainte qu’Isolde soit déjà

passée, repartie... Tristan a-t-il raté son propre opéra – comme d’aucun d’entre nous ratons

nos vies, faute d’avoir été capable de répondre à la convocation de la pulsion désirante ?

http://www.letheatredelorient.fr/archives/documents/24785/note-dintention-lancelot-hamelin-tristan-

et.html                                                             6 Des informations sur la pièce, ainsi qu’un extrait de captation, sont présentes sur le site de http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Tristan-et/

© Christian Raynaud de Lage, Tristan et…, mise en scène Mathieu Bauer

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LLEE MMYYTTHHEE DDEE TTRRIISSTTAANN AAUU CCIINNEEMMAA

Jean Cocteau, L’Eternel Retour, film réalisé par Jean Delannoy (1943)

L’Encyclopédie Larousse [en ligne] présente ainsi le film de Jean Cocteau :

Résumé :

Marc possède un château. Il y héberge sa belle-sœur, le mari de celle-ci et leur fils Achille,

un nain malveillant. Le neveu de Marc, Patrice, est un beau jeune homme. Il rencontre

Nathalie, une belle jeune femme, et l'amène au château pour qu'elle épouse son oncle. Le

nain, jaloux, veut empoisonner Nathalie et Patrice. Or, le breuvage qu'il leur verse est un

philtre d'amour. Il fonctionne si bien que Marc en prend ombrage et que l'aventure se

complique. Elle se termine par la mort mythique des deux amants.

Commentaire :

Jean Cocteau a écrit ce scénario en s'inspirant de la légende de Tristan et Iseut. Il l'a

rénovée et a réussi à créer de nouveaux mythes qui ont enchanté les spectateurs des

années 1940. Le couple Marais-Sologne est devenu idéal et le romantisme effréné du

propos a permis à Jean Delannoy, cinéaste d'habitude plus sec, de faire une œuvre

émouvante. Un « film culte », réalisé à une époque où l'expression n'existait pas encore.

Encyclopédie Larousse [en ligne], article « L’Eternel Retour »,

http://www.larousse.fr/encyclopedie/film/l%C3%89ternel_Retour/4039.

L’étude de quelques affiches de ce film permet de mettre en évidence certains des motifs

de la légende de Tristan et Iseut (ces affiches peuvent être consultées sur le site de

cinemafrançais.fr).

 

 

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http://www.cinema-francais.fr/les_films/films_d/films_delannoy_jean/l_eternel_retour.htm

   

 

45  

La présentation vidéo du film proposée sur le site myskreen souligne les liens qui existent

entre le film L’Eternel Retour et la légende de Tristan.

http://www.myskreen.com/film/drames/542075-l-eternel-retour/

Jean Marais (Patrice) et Madeleine Sologne (Nathalie), L’Eternel Retour (1943).

 

   

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LL’’EEQQUUIIPPEE AARRTTIISSTTIIQQUUEE

Eric Vigner, metteur en scène

Après des études supérieures d’arts plastiques, Eric

Vigner étudie l’art dramatique à l’École de la Rue

Blanche, puis au Conservatoire National Supérieur

d’Art Dramatique de Paris. En 1990, il fonde la

Compagnie Suzanne M. Éric Vigner avec la Maison

D’os de Roland Dubillard qu’il crée dans une usine

désaffectée d’Issy-les-Moulineaux comme un

manifeste esthétique, artistique et politique du théâtre

qu’il désire produire : travailler à partir de l’écriture

contemporaine ou classique, dramatique ou poétique et la confronter dans un rapport dialectique à la

réalité des lieux qu’il investit. "Placer le spectateur dans le corps même de l’écriture." À l’invitation du

Festival d’Automne en 1991, il recrée La Maison D’os dans les fondations de la Grande Arche de la

Défense à Nanterre.

En 1993, il rencontre Marguerite Duras lorsqu’il adapte au théâtre son livre La Pluie D’été. Suivront de

nombreuses mises en scènes de l’auteure, avec l’entrée au répertoire de la Comédie-Française de

Savannah Bay en 2002, La Bête Dans La Jungle présenté au Kennedy Center à Washington en 2004,

Pluie D’été A Hiroshima pour le 60ème Festival d’Avignon au Cloître des Carmes en 2006. En 2013, il

crée en anglais Gates To India Song, d’après Le Vice-Consul et India Song. C’est la première fois à la

veille de fêter le centenaire de la naissance de Marguerite Duras le 4 avril 1914, que l’Inde rêvée de

l’auteure rencontre la réalité de l’Inde par le corps des acteurs indiens. Ce spectacle est présenté

dans le cadre du Festival Bonjour India à Bombay, Calcutta puis Delhi. En 2014, Eric Vigner reprend

le travail sur Le Vice-Consul avec les élèves du Groupe 41 de l’école du Théâtre National de

Strasbourg pour leur atelier de sortie.

Tout en s’attachant aux écritures contemporaines, Eric Vigner développe une nouvelle approche des

classiques français – Bajazet de Racine (Comédie-Française 1995), L’illusion Comique de Corneille

(Théâtre Nanterre-Amandiers 1996), Marion Delorme de Hugo (Théâtre de la Ville 1999), L’école Des

Femmes de Molière (Comédie-Française 1999) et Othello de Shakespeare (Odéon – Théâtre de

l’Europe 2008). À l'international, il crée en coréen au Théâtre National de Corée à Séoul Le Bourgeois

Gentilhomme de Molière et Lully (Prix France/Corée 2004), repris à l’Opéra Comique à Paris en 2006.

En 2007, il met en scène Le Barbier De Séville en albanais pour les comédiens du Théâtre National

de Tirana. En 2008, il crée en anglais Dans La Solitude Des Champs De Coton de Bernard-Marie

Koltès au 7 Stages à Atlanta.

À la direction du CDDB – Théâtre de Lorient, Centre Dramatique National, depuis 1996, Eric Vigner

met en place un projet artistique consacré à la découverte et à l’accompagnement d’une nouvelle

génération d’auteurs et de metteurs en scène : Arthur Nauzyciel, Daniel Jeanneteau, Ludovic

 

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Lagarde, Olivier Cadiot... Metteur en scène d’opéra, Eric Vigner travaille avec le chef d’orchestre

Christophe Rousset et les Talents Lyriques sur des œuvres du répertoire baroque : La Didone de

Cavalli (Opéra de Lausanne 2000), L’empio Punito de Melani (Bach Festival Leipzig 2003) et Antigona

de Traetta (Théâtre du Châtelet à Paris 2004). En 2013, il crée à Lorient Orlando de Haendel avec

Jean-Christophe Spinosi et L’ensemble Matheus (Théâtre du Capitole à Toulouse, Opéra Royal de

Versailles).

Parallèlement, Eric Vigner dirige régulièrement des ateliers de recherche dans les écoles d’art

dramatique en France et à l’étranger : Bruxelles, Lausanne, Montréal, Atlanta, Sydney. Ce goût pour

la transmission le conduit à fonder en octobre 2010, pour trois ans, l’Académie internationale de

Théâtre de Lorient, réunissant 7 jeunes acteurs d’origine étrangère. Avec l’Académie, Eric Vigner crée

La Place Royale de Corneille, Guantanamo de Frank Smith et La Faculté de Christophe Honoré

(Festival d’Avignon 2012).

A l’initiative du Centquatre en 2013, Eric Vigner reprend les minutes du procès Brancusi Contre

Etats-Unis dans la salle Matisse du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. Ce manifeste qu’il avait

créé pour le 50ème Festival d'Avignon en 1996 puis pour l’inauguration de l’atelier Brancusi au Centre

Georges Pompidou en 1997 sera repris dans une nouvelle version en 2015 dans des lieux

d’exposition d’art contemporain.

Bénédicte Cerutti, comédienne

Bénédicte Cerutti est issue de l’École Supérieure d’Art

Dramatique du Théâtre National de Strasbourg, où elle participe

à des ateliers et travaux dirigés par Stéphane Braunschweig,

Aurélia Guillet, Gildas Milin, Hubert Colas, Claude Duparfait. Au

théâtre, elle joue sous la direction de Thomas Adam-Garnung

(Nowhere Ici/Ailleurs), Claude Duparfait (Titanica De Sébastien

Harisson), Stéphane Braunschweig (Brand de Henrik Ibsen, Les

Trois Sœurs d’anton Tchekhov, Une Maison De Poupée de

Henrik Ibsen), Olivier Py (L’orestie d’eschyle), Séverine Chavrier

(Epousailles et Représailles d’après Hanokh Levin, Plage Ultime)

et Frédéric Fisbach (Mademoiselle Julie d’August Strindberg). Au

cinéma, elle joue dans Les Acteurs Anonymes de Benoît Cohen (2001). Avec Eric Vigner, elle

interprète le rôle de Jeanne dans Pluie D’été A Hiroshima d’après Marguerite Duras en 2006,

Desdémone dans Othello de Shakespeare en 2008 et Maître Lane dans Brancusi Contre Etats-Unis

au Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 2013. En 2014, elle joue sous la direction de Célie

Pauthe dans Aglavaine Et Sélysette de Maurice Maeterlinck.

 

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Matthias Hejnar, comédien

Matthias Hejnar est issu de la promotion 2014 de l’École

Supérieure d’Art Dramatique du Théâtre National de

Strasbourg. Au théâtre, il joue sous la direction de David Géry

(Le Misanthrope de Molière), Jules Sagot (Silence), Julien

Guyomard (Naissance). Au cinéma, il joue dans Tu Seras Un

Homme réalisé par Benoît Cohen (2013), Prix du Meilleur film

étranger au Harlem International Film Festival (New York) et

Prix des Meilleur film & Meilleurs acteurs au Macon Film

Festival (Géorgie, États-Unis). En 2014, il joue sous la direction

d’Eric Vigner dans l’atelier spectacle de sortie du Groupe 41 de l’école du TNS, Le Vice Consul

(Texte-Théâtre-Film) de Marguerite Duras, présenté au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers en juin

2014.

Thomas Pasquelin, comédien

Thomas Pasquelin débute sa formation au Conservatoire d’Art Dramatique de Marseille où il suit les

cours de Pilar Anthony et de Jean-Pierre Rafaelli. En 2009, il intègre l’école du Théâtre National de

Bretagne à Rennes dirigée par Stanislas Nordey. Il joue sous la direction de ce dernier dans LIVING!

créé dans le cadre du Festival Mettre en Scène en 2012.

Il collabore ensuite avec le Théâtre de La Bouche d’Or

dans Spirale mis en scène par Eric De Dadelsen, puis

avec L’Atelier des Possibles dans Terrain Vague mis en

scène par Elsa Le Calvez-Amsallem et Anna Kobylarz,

présenté au Festival Les tombées de la nuit en juillet

2014.

Alexandre Ruby, comédien

Alexandre Ruby débute sa formation d’acteur au

Conservatoire municipal du Centre de Paris dirigé par

Alain Hitier et Philippe Perrussel. Au théâtre, il joue

sous la direction d’Antoine Bourseiller (L'idiot de

Dostoïevski, Corrida de Denis Baronnet, Lorenzaccio

de Musset, Hamlet/Lorenzo d’après Shakespeare et

Musset, Le Bagne de Genet), Laëtitia Guédon (Barbe

Bleue, Espoir Des Femmes de Dea Loher), Francine

 

© B. Cruveiller

 ©Isabelle Lassalle

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Walter (Le Distrait de Jean-François Regnard), Elsa Rosenknop (Leonce Et Lena de Büchner). Il

tourne également dans plusieurs films, notamment La Planète Des Femmes, réalisé par Alice

Mitterand pour les Talents Cannes Adami 2010. En 2010, il intègre l’École Supérieure d’Art

Dramatique du Théâtre National de Strasbourg. Il y rencontre Krystian Lupa, Alain Françon, Jean-

Yves Ruf, Robert Schuster, Pierre Vial, Julie Brochen, Jean-Louis Hourdin, Pierre Meunier. KRYSTIAN

Lupa l’engage pour le rôle de Jésus dans Salle D’attente librement inspiré de Categorie 3.1 de Lars

Noren au Théâtre National de La Colline. En 2014, il interprète le rôle de Macduff dans Macbeth de

Shakespeare mis en scène par Anne-Laure Liégois.

Jules Sagot, comédien

Jules Sagot est issu de la promotion 2013 de l’École Supérieure

Nationale du Théâtre de Bordeaux. Au théâtre il joue sous la

direction de Yann-Joël Collin (Machine Feydeau de Feydeau),

Marcial Di Fonzo Bo, Elise Vigier (Mexico de Guillermo Pisani),

Claudia Stavisky (Mort D’un Commis Voyageur de Miller). Au

cinéma, il joue dans Lichtees Mer de Stefan Butzmuhlen en

2013. Il est également l’auteur du film Tu Seras Un Homme,

réalisé par Benoît Cohen, dans lequel il tient le rôle principal et

qui reçoit le Prix du Meilleur film étranger au Harlem International

Film Festival (New York) et les Prix des Meilleur film & Meilleurs

acteurs au Macon Film Festival (Géorgie, États-Unis).

Zoé Schellenberg, comédienne

Zoé Schellenberg est issue de la promotion 2011 du

Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de

Paris où elle suit les enseignements de Daniel

Mesguich et Jean-Damien Barbin. Elle effectue sa

deuxième année de Conservatoire à la London

Academy of Music and Dramatic Arts. Depuis, elle joue

au théâtre sous la direction d’amalia Kontesi (No

Comment), d’anne Bisang (Le Mannequin de Madame

De Staël) et de Michel Deutsch (La Chinoise 2013 d’après le film de Jean-Luc Godard). Ce dernier

rôle lui vaut les louanges de la presse. Au cinéma, elle joue dans Kisses From Paris, court-métrage

d’yvan Attal (2009), American Translation de Jean-Marc Barr et Pascal Arnold (2009) et Mary’s Ride

de Thomas Imbach (2011).

 

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Isaïe Sultan, comédien

Après plusieurs courts et longs métrages, Isaïe Sultan est

choisi pour donner la réplique à Béatrice Dalle dans Domaine

de Patric Chiha, sorti en 2010. Il intègre l’Académie

internationale de Théâtre de Lorient en octobre 2010 et joue

dans les trois spectacles mis en scène par Eric Vigner : La

Place Royale de Corneille, Guantanamo de Frank Smith et La

Faculté de Christophe Honoré, ainsi que dans L’histoire Du

Soldat, conte musical d’igor Stravinsky sur un texte de

Charles-Ferdinand Ramuz, dans une mise en scène collective

de l’Académie avec 7 musiciens de l’Orchestre Symphonique de Bretagne. Il joue également dans le

spectacle Il Est Difficile D’attraper Un Chat Noir… d’après un album jeunesse de Christophe Honoré

et Gwen Le Gac mis en scène par Tommy Milliot. En 2011, il tourne dans la série télévisée Xanadu et

dans le court-métrage La Tête Froide de Nicolas Mesdom. En 2013, il retrouve Patric Chiha pour son

film Boys Like Us qui sortira courant 2014.

 

51  

BBiibblliiooggrraapphhiiee - Tristan, Eric Vigner (2014), non publié à ce jour.

- Béroul, Tristan, Thomas, Tristan, Marie de France, Lais, « Le Lai du chèvrefeuille », in

Tristan et Yseut, Bibliothèque de la Pléiade n°422, Gallimard (1995).

- Paul Claudel, Partage de midi, Folio Théâtre n° 17, Paris, Gallimard, 1994.

- Bernard Noël, article « Tristan », Dictionnaire des personnages, Robert Laffont,

Bouquins, 1960.

- Isabelle Nivet, Article « “Tristan“ d’Eric Vigner », Le Télégramme, jeudi 06 novembre

2014.

- Gildas Jaffré, Article « Tristan : Vigner, audacieux et talentueux », Ouest-France, jeudi

06 novembre 2014.

SSiittooggrraapphhiiee - Sur le site de La Comédie de Reims, la page du spectacle :

http://www.lacomediedereims.fr/Page%20spectacle/Tristan#section-

- Sur le site du Théâtre de Lorient :

La page consacrée au spectacle d’Eric Vigner :

http://www.letheatredelorient.fr/saison/spectacles/32113/tristan.html

Le magazine n°7 du Théâtre de Lorient :

http://www.letheatredelorient.fr/sites/default/files/magazines/TDL_mag_7.pdf

La présentation du spectacle Tristan et… de Mathieu Bauer :

http://www.letheatredelorient.fr/archives/documents/24785/note-dintention-

lancelot-hamelin-tristan-et.html

- Sur www.theatre-contemporain.net:

Les pages consacrées à Eric Vigner :

http://www.theatre-contemporain.net/biographies/Eric-Vigner/

La page consacrée à l’opéra de Mathieu Bauer, Tristan et…

http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Tristan-et/

- Sur le site de la Bibliothèque Nationale de France, l’exposition virtuelle « La légende du

roi Arthur », http://expositions.bnf.fr/arthur/index.htm, et notamment les pages écrites

par Danielle Quéruel et consacrées à la légende de Tristan :

A propos des versions de Béroul, Thomas, et Marie de France :

http ://expositions.bnf.fr/arthur/arret/06_3_1.htm

A propos de la version de Tristan en prose :

http ://expositions.bnf.fr/arthur/arret/06_3_2.htm

52  

- Sur le site Ebooks, Le Roman de Tristan et Iseut de Joseph Bédier :

http://www.diogene.ch/IMG/pdf/bedier_tristan_et_iseut.pdf

- Sur le site www.litteratureaudio.com, Le Roman de Tristan et Iseut de Joseph Bédier, lu

par René Depasse : http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/tristan-et-

iseult.html

- Sur le site de la Société Paul Claudel, www.paul-claudel.net, le résumé de Partage de

midi de Paul Claudel :

http://www.paul-claudel.net/oeuvre/partage-de-midi/partage-de-midi-resume

- Sur le site du Musée d’Orsay, la présentation des préraphaélites anglais :

http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/bienvenue/actualites/le-preraphaelisme.html

- Sur la page de l’émission « Soirée lyrique » du site de France Musique, la présentation

de l’émission de Judith Chaine consacrée à la mise en scène de Tristan une Isolde de

Richard Wagner par Peter Sellars : http://www.francemusique.fr/emission/soiree-

lyrique/2013-2014/tristan-und-isolde-de-richard-wagner-05-17-2014-19-00, émission

disponible en réécoute sur la même page

- Sur le site de l’Encyclopédie Larousse [en ligne], l’article consacré à L’Eternel Retour de

Jean Delannoy :

http://www.larousse.fr/encyclopedie/film/l%C3%89ternel_Retour/4039

- Sur le site www.cinema-francais.fr, les affiches du film L’Eternel Retour :

http://www.cinema-francais.fr/les_films/films_d/films_delannoy_jean/l_eternel_retour.htm

- Sur le site myskreen, une vidéo de présentation de L’Eternel Retour :

http://www.myskreen.com/film/drames/542075-l-eternel-retour/

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