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Depuis le Moyen Age, l'amour est considere comme un art dans lequel excelleraient les F ran(ais ... Chaque epoque a eu ses histoires d'amours celebres. Et aujourd'hui, que sont devenues les "belles ecouteuses" dont parlait Verlatne ? Qu'en est-il du my the de Don Juan ? PLAISIRS D'AMOUR Au MOYEN AGE L'AMoUR COURTOIS Au tout debut du Moyen Age, les troubadours chantent une forme d'amour que ron appelle «l'amour courtois». Cest l'amour du chevalier pour la Dame chere a son cceur, qui exalte l'honneur, l'ele- gance morale, a mi-chernin entre l'amour platonique* et l'amour charnel. l.'.amour courtois celebre l'amour hors manage, les Mikes de l'adultere ... rnais montre aussi l'issue sou vent fatale de la passion. C'est surtout dans le sud de la France que se developpe, durant tout le Moyen Age, une tradition du discours sur l'amour. Le code amoureux est plus Iibre parce que l'Eglise est moins riche, moins cultivee et done mains influente que dans Ie Nord. Au Moyen Age, dans ce qu'on appelle «les cours d'amoun>, des personnes des deux sexes traitent des choses de I'amour et de l'an de la galanterie. Elies se livrent a des jeux litteraires, discuteru de problemes de droit ou de cas concrets, prenant par exemple comme theme de leurs debats: «Iamour peut-il exisier en tre gens maries? ». Le mythe de Tristan ei Iseult est sans doute l'un des plus importants du monde occidental. Apres avoir bu par erreur un philtre" magique, Tristan et Iseult sont unis dans un amour eternel. Or lseult a un mari, et Tristan, contraint a l'exil, doit se marier lui aussi. .. Persecutes par des malveillants, tortu- res par la culpabilite, Tristan er lseult luttent en vain contre leur folle passion mais ils ne peUVelll vivre separes. Au moment ail lseult va enfin rejoindre Tristan, elle arrive trop tard, il vient de maurir de desespoir. Elle meurt a son tour, sur son corps. Tristan et Iseult sont enfin unis dans la morl. .. Au cours du XII' sieele, iI y a eu plusieurs versions de Ia legende, une legende sans doute celtique a I'origine. ••••••••••••••••••••• HELoiSE ET ASELARD Aux environs de I'an 11.00, Abelard, chanolne* de Notre-Darne de Paris, est Ie precepteur* d'Helolse, une jeune flile savante, niece du chanolne Fulbert. II tornbent arnoureux I'un de I'autre, se marient en secret et ont un fils. Lorsque I'oncle d'Helolse decouvre cette idylle*, II fait emasculer* Abelard. Abelard se retire aJors a I'abbaye de Salnt-Denis et Heloise entre au couvent d'Argenteull. Mals, durant toute leur vie, lis echangent une correspondance passionnee. Que I'authenticlte de cette correspondance puisse etre contestee, peu importe! L'histoire d'Helolse et d'Abelard est e)(emplalre, car c'est une conception tres novatrice* de I'amour. Leur relation amoureuse est vecue dans Ia reclproclte et, ce qui rend Heloise sedulsante, c'est autant son ooucation que sa Jeunesseet sa beaute. L'echange intellectuel, la conversation, Ie plaislr d'ecrire font partie des rafflnements de I'amour. C'est un amour pur; qui peut etre vecu a travers les mots lorsque I'amour physique n'est pas possible. II est capable de s'opposer aux conventions soclales et de transgresser les lois. ••••••••••••••••••

PLAISIRS D'AMOUR · 2014. 8. 3. · Le mythe de Tristan ei Iseult est sans doute l'un des plus importants du monde occidental. Apres avoir bu par erreur un philtre" magique, Tristan

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  • Depuis le Moyen Age, l'amour est considere comme un art

    dans lequel excelleraient les Fran(ais ...

    Chaque epoque a eu ses histoires d'amours celebres.

    Et aujourd'hui, que sont devenues les "belles ecouteuses"

    dont parlait Verlatne ?

    Qu'en est-il du my the de Don Juan ?

    PLAISIRS D'AMOUR

    Au MOYEN AGEL'AMoUR COURTOIS

    Au tout debut du Moyen Age, lestroubadours chantent une forme d'amourque ron appelle «l'amour courtois». Cestl'amour du chevalier pour la Dame cherea son cceur, qui exalte l'honneur, l'ele-gance morale, a mi-chernin entre l'amourplatonique* et l'amour charnel. l.'.amourcourtois celebre l'amour hors manage,les Mikes de l'adultere ... rnais montreaussi l'issue sou vent fatale de la passion.

    C'est surtout dans le sud de laFrance que se developpe, durant tout leMoyen Age, une tradition du discourssur l'amour. Le code amoureux est plusIibre parce que l'Eglise est moins riche,moins cultivee et done mains influenteque dans Ie Nord.

    Au Moyen Age, dans ce qu'on appelle«les cours d'amoun>, des personnes desdeux sexes traitent des choses de I'amour

    et de l'an de la galanterie. Elies se livrenta des jeux litteraires, discuteru deproblemes de droit ou de cas concrets,prenant par exemple comme theme deleurs debats: «Iamour peut-il exisieren tre gens maries? ».

    Le mythe de Tristan ei Iseult estsans doute l'un des plus importants dumonde occidental. Apres avoir bu parerreur un philtre" magique, Tristan etIseult sont unis dans un amour eternel.Or lseult a un mari, et Tristan, contrainta l'exil, doit se marier lui aussi. ..Persecutes par des malveillants, tortu-res par la culpabilite, Tristan er lseultluttent en vain contre leur folle passionmais ils ne peUVelll vivre separes. Aumoment ail lseult va enfin rejoindreTristan, elle arrive trop tard, ilvient demaurir de desespoir. Elle meurt a sontour, sur son corps. Tristan et Iseultsont enfin unis dans la morl. .. Au coursdu XII' sieele, iIy a eu plusieurs versionsde Ia legende, une legende sans douteceltique a I'origine.

    •••••••••••••••••••••HELoiSE ET ASELARD

    Aux environs de I'an 11.00, Abelard,chanolne* de Notre-Darne de Paris, estIe precepteur* d'Helolse, une jeune flilesavante, niece du chanolne Fulbert. IItornbent arnoureux I'un de I'autre, semarient en secret et ont un fils. LorsqueI'oncle d'Helolse decouvre cette idylle*,II fait emasculer* Abelard. Abelard seretire aJors a I'abbaye de Salnt-Denis etHeloise entre au couvent d'Argenteull.Mals, durant toute leur vie, lis echangentune correspondance passionnee. QueI'authenticlte de cette correspondancepuisse etre contestee, peu importe!L'histoire d'Helolse et d'Abelard este)(emplalre, car c'est une conceptiontres novatrice* de I'amour. Leur relationamoureuse est vecue dans Ia reclproclteet, ce qui rend Heloise sedulsante, c'estautant son ooucation que sa Jeunesseetsa beaute. L'echange intellectuel, laconversation, Ie plaislr d'ecrire fontpartie des rafflnements de I'amour. C'estun amour pur; qui peut etre vecu atravers les mots lorsque I'amourphysique n'est pas possible. II estcapable de s'opposer aux conventionssoclales et de transgresser les lois.

    • ••••••••••••••••••

  • •••••••••••••••••••••LA CARTE DU TENDRE

    Pubiiee en 1653 par Madeleine deScudery (sumommeeSapho), -Ia carte duTendre. figure unesorte d'atlas des senti-ments, une typologie* des condultes etdes pratiques amoureuses.

    A partir de la ville de la Nouvelle-Amltle (Ia rencontre), Ie but du voyageconslste a franchir les obstacles pourattelndre la ville de Tendre•.. Trois volessont possibles: la plus rapide, au milieu,conduit au desastre; celles qui I'enca-drent sont plus longues, mais condui-sent a des lendernalns plus solldes.Entre la mer d'lnlmltle* et Ie lac d'lndlf-ference, Ie f1euve Inclination conduittout droit a la Mer dangereuse et auxlerres Inconnues. On peut traverser lesvillages Grand-Esprit et Joli-Cmur pouraller jusqu'au f1euveEstlme .••

    La carte du Tendre donna alors lieua un jeu de societe a la mode. 00 sltuerMonsieur ou Madame Un Tel? Quellevole sent-its en train de choisir?Comment fai.recomprendreaux hommesqu'll n'y a pas de veritable amour sansrespect et estlme pour les femmes?

    •••••••••••••••••••

    •••••••••••••••••••••LA PRINCESSE DE CLEvES«La Princesse de Cleves" est un

    roman ecrit par Madame de Lafayette(proche des Precleuses) en 1678. II eutun grand succes a sa sortie et estencore tres lu de nos jours. II montreque I'amour est parfols douloureux etimpossible a realiser. II flnit souventdans la folie, la mort ou Ie renoncement.

    Madame de Cleves, marlee selonl'usage a un homme qu'elle n'alme pas,tombe eperdument amoureuse du ducde Nemours, qui la poursuit de sesardeurs. Dechlree entre son devoir et laforce de son amour, elle s'efforce de fuir~emours car elle veut rester Irrepro-chable vis-a-vis de son marl et conserversa propre estlme. Apres la mort de sonmari, devenue IIbre, elle refuse d'epou-ser Nemours et se retire au couvent.

    •••••••••••••••••••

    11PLAlSIRS D'AMOUR

    LES PRECIEUSES (surtout pour les homrnes !) a conditionqu'il reste secret et qu'il ne rernette pasen cause le mariage institue. Le veuvage*precoce est un statut tres enviable pourles femmes, puisqu'il leur permet d'etrelibre de leur destin. Cest le cas de lamarquise de Sevigne, veuve a 25 ans ...«La veuve joyeuse» est d'ailleurs resteeun grand theme de la litterature.

    A partir du XIV" siecle, La situationdes femmes de la noblesse se degradeprogressivement. On instruit de mainsen mains les jeunes filles; les femmessont ecartees de nombreux metiersqu'elles exercaient auparavant ; les fem-mes mariees sont soumises a I'autoritede leur mario Alors que les femmes n'ontpratiquernent aucune liberte dans Iechoix du conjoint, l'Eglise catholiqueconsidere que le mariage est un lienindissoluble. l.'.adultere est permis

    «Lamour peut aller au-dela dutombeau mais il ne va guere au-dela dumariage », ecru Madeleine de Scuderyune «precieuse » celebre. On peut direque les « precieuses» du XVll' siecle

  • soru les premieres Ieministes. Elles serevolteru corure la grossierete deshommes et la vulgarite des mceurs* alacour du roi Henri IV flIes revendiquentIe droit a l'instruction et a la liberte.Pour s'emanciper* du pouvoir deshommes (les peres et les maris), dIess'attaquent violemment aux mariagesarranges, preconisenl Ie mariage a I'es-sai ou meme Ie celibal, pr6nent Ie refusdes relations sexuelles el de la procrea-tion. Le veritable amour est un senti-ment tendre et platonique, et l'honlffieamoureux doh accepter d'erre un amantde cceur, courtois et delicat.

    11PLAISIRS D'AMOUR

    Les precieuses eurent beau susciterdes moqueries par les exces de leursrevendications (on en voit une belleillustration dans «Les Precieuses ridi-cules», de Moliere), leurs idees n'eneurent pas moins une influence cenaine.Elles imposerem les valeurs feminines.Les hommes adopierent des rnanieresmoins grossieres (Us cesserent de semoucher dans leurs dotgts et de roteren public i). La galanterie s'imposa dansles relations entre hommes ei femmes, ycompris dans la vie conjugale.

    MARIVAUDAGE ET LiSERTINAGE

    Le >"'VI11' siecle est pour l'aristocratieune epoque de grande liberte sexuelle,tant pout les femmes que pour leshommes. Bien que l'adultere" de lafemme SOiljuridiquement un delit, ilfait quasirnent partie des mceurs! Lesiecle des Lumieres reconcilie la femmed'esprit et la femme galante. Les femmesrecoivent dans les salons pour desdiscussions litteraires et exercent unereelle influence sur la vie politique lors-qu'elles sont les mattresses des puis-sants Ciaplus celebre est Madame deMaintenon, favorite de Louis XN).

    Dans la continuite de la preciosite,Marivaux ecru une quarantaine depieces galantes: «Le Jeu de l'amour etdu hasard», {(La Surprise de l'amour»,«La Double Inconstance »,etc. Cespiecessont faites de longues conversationsspirituelles ellegeres. Les personnages yexposent les cheminements de I'amour,depuis les extases de la premiererencontre jusqu'a la passion partagee,dans un melange etonnant de reJlexionsmetaphysiques, de propos triviaux et dedietons populaires. A cette epoque, Ieterme de « marivaudage» apparait pourdesigner de far;on assez pejorative despropos« precieux», c'est-a-diremievres*

    •••••••••••••••••••••SA DE, "LE DIVIN MARQUIS»

    Le marquis de Sade est la figure laplus Importante mais aussi la plusextreme du llbertinage. Poursulvl pour«debauche outree. et pour apologie duvice, II a fait scandale tant pour safa~on de vivra que pour ses ecrits.

    Arlstocrata, Sade est, a la suite demutiples esclandres*, d'abord asslgne*a residence dans Ie chateau de safamille, a Lacoste (en Provence), puisInterne a differentes reprises, soit autotal presque trente ans de sa vie. Uberelors de la prise de la Bastille, Ie 14 juillet1789, II est par la suite Inteme dans unasile d'allenes, aU il meurt en 1814.

    Les livres de Sade les plus connussont -Justine ou les Malheurs de lavertu» et «Cent Vlngt Joumees desodome-. Ses personnages repoussentsans cesse les limites des sens. lis n'he-sitent pas a exercer une cruautecynlque* sur leurs victimes. Partiellementlnedltes, les eeuvres de Sade ont ete rede-couvertes au xx- steele par Ies surrea-listes. Ce soot eux qui les ont faitconnaitre a un plus large public.

    •••••••••••••••••••••• 4 •••••••••••••••••

    LES UAISONS DANGEREUSES

    Contemporaln de Sade, Laclospublie en 1782 «Les Uaisons dange-reuses •. Ce sera sa seule eeuvre. Lorsde sa parution, Ie livre connait unimmense succes, parce qu'li fait scan-dale par son immoralite. II analyse lessentiments, les perverslons*, lesmanreuvres de ses personnages avecune grande rigueur. Le heros du livre estIe llbertln Valmont. Avec I'aide de sacomplice, la marquise de Merteull, IImet au point une strategie pour seduireet corrompre* la jeune et vertueuse*Madame de Tourvel, qui sort du couventet est amoureuse de Danceny. MalsValmont se prend au jeu, II tombe amou-reux de Madame de Tourvel. Madamede Merteull se venge en organlsant unduel entre Valmont et Danceny.Valmont, bless(! et sur Ie point demourlr, devoile la correspondance demadame de Merteull at montre sonhypocrisie * .

    •••••••••••••••••••

  • ......•••••....... ~..LA DAME AUX CAMEUAS

    «La Dame aux Camelias. est publieeen 1848 par Alexandre Dumas fils, sousforme de roman, puis adaptee au theatre.Elle est reprise au cinema dans demultiples versions, toujours avec succes,

    _L'hero'ineen est Marguerite Gautier,nne-tres Jolle femme d'origine modeste.En raison de ses dlfficultes, elle est deve-nue une "demi-mondaine)l c'est-a-direqureUe se fait entretenir par un viellhomme riche. Elle est rongee par unemaladle de poitrine, la tuberculose.

    Marguerite alme un jeune hommede bonne famille, Armand Duval, quiI'alme aussi. Mais Ie pere du jeunehomme vient supplier Marguerite derenoncer it voir son fils pour ne pas quesoit compromise une famille honorable.C'est alors que Marguerite quitteArmand, en lui faisant croire qu'elle neI'aime plus. Lesacrifice de la courtisaneau grand ceeur est d'autant plus admi-rable qu'elle a Ie bon goUt de mourlr it lafin de la piece!

    •••••••••••••••••••

    •••••••••••••••••••••MADAME SOVARY

    «Madame Sovary" est un romanqui, lors de sa parution en 1.857, valut itson auteur, Gustave Aaubert, un procespour ·immoralite·.

    Emma Sovary est une petite bour-geoise de province. Jeunefille, elle lit encachette des romans qui excitent sonimagination. Mariee ensuite it un mede-cln, elle s'ennuie dans une existencequ'elle trouve mediocre, altemant desperiodes d'exaltation et de melancoliemaladive. Pour se distraire, elle prenddes amants, mais taus I'abandonnentplus au mains rapidement, effrayes parses excElspassionnels. bedeshonneur etles dettes qu'elles a accumulees secre-tement I'amenent it se suicider it I'arse-nic. E1le meurt apres d'affreusessouflrances, laissant son mari seul etruine ... Depuis ce livre, on qualifie de.bovarysme» cette evasion dans I'ima-ginaire des femmes insatisfaites •

    • • •• • • •• • •• • • • • • • • •

    11PLAISIRS D'AMOUR

    et manieres". Au XIX'" steele, Ie marivau-dage est devenu synonyme de raffine-ment dans la conversation, de galanterieenamour.

    Dans l'espru des Lumieres, le liber-tinage se constitue com me un courantintelleciuel de liberation de l'esprit,mais c'est aussi un mode de vie qui seveut mondain et raffine. Le libertinaffirme sa volonte d'independance enmatiere de morale et de meeurs, ilexplore tomes les formes de l'erousme,cherche la jouissance et les sensationsnouvelles et n'hesite pas a provoquer lescanda1e. Le libertinage donne lieu aune production litteraire abondante,qui va d'ecrits legerernent Iicencieux* ades ouvrages pomographiques !

    ROMANTISME ET AMOUR BOURGEOIS

    La premiere moitie du XIX" steele estmarquee par le romantisme. En reac-tion contre Le rationalisme des sieclesprecedents et apres les grands boulever-sernems de la Revolution, l'ame roman-tique est rongee par « le mal du siecle » :l'inquietude, l'insatisfaction, la melan-colie, le vague a l'ame. Le heros roman-tique passe sans cause apparente pardes dans d'enthousiasme et de depres-sion, essaie d'analyser ses emotions, sesent unique et incompris de la societe.Le heros romantique est un grand senti-mental, il souffre beaucoup, mais ilaime

  • d'amour, les limites de l'amour, l'ab-sence de l'etre aime. «Un seul eire vousmanque et tout est depeuple », ecruLamartine.

    Les heros des romans de Stendhal-«Le Rouge et Ie Noir », «La Chartreusede Parme » - ont certains traits ducaractere rornantique, par leur cotepassionne, leur gout pour l'introspec-tion*; ils voient l'amour comme un« aflreux supplice ». Mais ce sont aussides calculateurs et des arrivistes", Dans« Le Rouge et Ie Noir », le heros, JulienSorel, est un jeune homme pauvre, aucaractere sensible et ornbrageux, « revoltecentre la bassesse de sa fortune», decidea se faire une place dans la societe aris-tocratique, bien qu'il la me prise profon-dement. 11devient l'arnant de Madamede Renal, la mere des enfants dont il estle precepieur dans une ville deprovince, puis il la quitte a cause descommerages. Monte a Paris, il croittoucher a la reussite en epousanL unejeune marquise; mais une letlre deMadame de Renal, I'accusant d'Hre unarriviste sans scrupules, ruine ses ambi-tions. Apres qu'il eut tente de la tuer, ileSLmis en prison, eLla pour la premierefois de sa vie, juste avant de mourir, ilest heureux parce qu'il se laisse aller a lapassion dans les bras de madame deRenal.

    Le XIX' siecle est aussi celui de « laFrance bourgeoise», qui valorise lafamille comme une instirution essen-tielle de la societe, rnais considere lafemme comme un etre inferieur. Lemariage esL un mariage de raison, unealliance d'interets entre deux familIes.La jeune rille doit rester vierge et timidejusqu'a son manage, et il esLde bon tonqu'ensuiLe e1lemeprise les plaisirs de lachair. En revanche, il est tout a faitadmis que Ie jeune homme soit «initie»par des prostituees ou par des domes-

    11PLAISIRS D'AMOUR

    tiques, et apres son manage, il n'est pasrare qu'il Irequente les maisons closes*ou qu'il emretienne une liaison avec unemattresse (en general une jeune femmede condition modeste !). Eimportant estque tout cela reste discret et que lesconvenances scient respectees. II estpourtant amusant de souligner l'en-gouement de cette societe bourgeoisepour le theatre de boulevard, dom letheme est Ie plus souvenl l'adultere, unchasse-croise d'hornrnes et de femmesde la bonne societe qui passent leurtemps a se tremper mutuellernent !

    AMOUR FUSIONNEL

    «je ne pense a rien, si ce n'est al'amour », ecru Aragon dans des textesde jeunesse. Les surrealistes voieru dansle desir « le seul ressort du monde » etdans son COLesubversif l'un des moteursde la revolution. La femme occupe uneplace centrale dans leur reuvre: elle estla muse* inspiratnce. «umour charnelne fait qu'un avec l'amour spirituel.ultraction reciproque doit etre assezforte pour realiser, par voie de comple-mentarite absolue, l'unite integrale, a lafois organique et psychique» (AndreBreton, « Manifeste du surrealisme»).Aragon eL Elsa Triolet representent Iemodele du couple uni dans l'amour etl'engagement intellectuel.

    Au milieu du XX' siec1e,la femme esLun peu a la charniere de deux epoques.D'une part, elle herite du statut qui enfaisait surtout une femme au foyer, unemere (dans Ie meilleur des cas, even-LUellement, une inspiratrice). D'autrepan, eUe panicipe de plus en plus acti-vement a la vie sociale et profession-nelle.

    Cest Simone de Beauvoir qui vaoccuper une place importante dans la

    •••••••••••••••••••••Elsa

    Suffit-ll donc que tu paraissesDe I'air que te fait rattachantTes cheveux ce geste touchantQue je renalsse et reconnaisseUn monde hablte par Ie chantElsa mon amour ma jeunesse.

    Oh forte et douce comme un vlnPareille au soIell des fenetresTu me rends la caresse d'etreTu me rends la soif et la falmDe vivre encore et de connaitreNotre hlstolre jusqu'a la fin.

    C'est miracle que d'etre ensembleQue la lumlere sur ta joueQu'autour de toi Ie vent se joueToujours sl je te vois je t.rembleComme a son premier rendez-vousUn jeune homme qui me ressemble.

    Sufflt-ll donc que tu paraissesDe I'air que te fait rattachantTes cheveux ce geste touchantQue je renalsse et reconnaisseUn monde habite par Ie chantElsa mon amour ma jeunesse.

    Poeme d'Aragon, Gallimard, 1959,mls en muslque et chante par Leo Ferre_

    ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

    La vie en roseQuand II me prend dans ses brasII me parle tout basJe vois la vie en roseII me dit des mots d'amourDes mots de tous les joursEt ~a m'fait quelque chose.II est entre dans mon cmurUne part de bonheurDont je connais la causeC'est lui pour mol, mol pour luiDans la vie.II me I'a dlt,L'a jure pour la vie.Et des que je I'aper~oisAlors je sens en molMon cmur qui bat.

    Edith Piaf/Loulguy, © 1947, ArpegeEditions Musicales, avec I'autorlsatlondes Editions Arpege.

    •••••••••••••••••••

  • 11PlAISlRS D'AMOUR

    5 6

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    11PlAJSIRS D'AMOUR

  • •••••••••••••••••••••L 'HOMME IDEAL

    Pour une femme, I'homme ideal:• C'est celui qui Ia fait rire: 80% (plutot

    que celul qui fait la vaisselle: 15%)• II se leve la nuit pour donner

    Ie biberon : 79%• II prend un plan d'epargne logement

    pour lui offrir une malson de reves :84%

    • II lui fait la surprise de I'inviter aurestaurant: 74%

    • II est flatte que d'autres hommeslui tournent autour: 67 %

    • II trouve qu'eJleest la plusintelligente: 63 %

    • II fait honneur IT! sa cuisine: 62 %• II se tue it la tache pour gagner

    beaucoup d'argent: 35%

    Les femmes prererent :• Chouchouter* leur homme (48%)

    plutot qu'etre chouchoutees (47%)• Un tete-~tete devant la television

    (59 %) plutot qu'un diner chez descopalns (39%)

    • Que leur homme solt actif (50%)plutot que reveur (48 %)

    • Qu'it soit jogger (60%) plutotqu'amateur de lecture (30%)

    Sondage IFOP pour Elle - Europe 1,17 septembre 1991.

    ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

    LA FEMME IDEALELes hommes sont seduits :• Par son intelligence: 25 %• Par son physique: 22 %• Par son humour: 19 %Les plus gros defauts chez une femme:• La jalousie: 24 %• La susceptlbitite*: 21%• L'hypocrlsle: 21%• Qu'elle ne les ecoute pas: 17%• Qu'elle n'alme pas Ie sport: 14%• Qu'elle leur impose ses copines:

    seulement 4%!Le plre, c'est:• Qu'elle boive : 33 %• Qu'elle les trompe: 22%• Qu'elle ait une aventure

    homosexuelle: 7%• Qu'elleoopense I'argent dumenage:6%

    Sondage Louis Harrispour VSD, 3 octobre 1991,

    •••••••••••••••••••

    11PLAISIRS D'AMOUR

    prise de conscience des femmes, enparticulier dans ie developpernent de 1apensee Ieministe. Elle s'auache, dansson ceuvre er dans sa vie, a construireune representation de la femme eman-cipee, « liberee », accedant a une veri-table existence sociale (

  • 11PLAISIRS D'AMOUR

    (aux pectoraux" impressionnants). lesmoniteurs de ski (bronzes) ont la repu-tation d'etre de veri tables don Juan !

    Si la rencontre a lieu dans un groupe,c'est l'hornme airne ou admire par lesau tres , I.e bouie-en-train" de la bande,qui est cense avoir le plus de succesaupres des femmes. Mais l'homme silen-cieux, mysterieux, distant ou secret, « lebeau tenebreux"» - bref, l'homrne inac-cessible !- a aussi ses chances! Etl'homme-enfant, le timide, ou encore ledesespere peuvent donner a certainesfemmes des envies de le proteger ...

    Aussi bien chez I'homme que chezla femme, c'est sans doute tout simple-ment la vitalite, la vivacite d'espril,l'aisance de la parole, la faculte de s'in-teresser au monde, un melange dequalites spirituelles el il1lellectuellesqui som des elements decisifs dans laseduction. Le seducteur professionnel,Ie beau parleur, celui «qui s'ecoute

    JEAN:LUC GODARD~·OOvA.JEAH-PlEARE LEAUC?---:~~~&"'+.OOo

  • ....~ .NOUVEAU OESORORE AMOUREUX

    Le point de vue des hommes

    Qu'est-ce qui a, selon vous, /e pluschange dans les relations amoureusesdepuis une dfzafne d'annees ?• Le fait que les femmes prennent plus

    d'initiative: 44 %• La possibilite d'avofr plusieurs

    relations amoureuses en memetemps: 24%

    • L'importance plus grande donnee auplaisir de la femme: 21%

    • La possiblllte de-connaitre plusleurs.grands amours dans sa vie: 1.3%

    • La perte d'importance de la virglnitechez la femme: 1.1. %

    • La possibilite d'avoir des relationshomosexuelles: 5%

    • ~ien: 10%78 % des hommes pensent que,

    cfepuis une dizaine d'annees, les rela-tions amoureuses ont change. 19%pensent Ie contra Ire.

    La revolution, c'est bien sur Ienouveau role des femmes dans la societequi' les rendrait plus autonomes maisaussi plus exigeantes avec les hommes.

    Sondage SOFRES, pour Le NouvelObservateur, 21·24 mai 1991..

    Le point de vue des femmes

    Au cours des vi'ngt demieres annees,qu'est-ce qui a Ie plus contribue, seicinvous, a changer la vie des femmes ?.La contraception (Ia pilule): 59%.L'acces des femmes-aux

    responsabilites: 4$ %.Le progres dans les equlpementsmenagers: 30 %

    .La possibilite d'accooer a des_nouveaux metiers reserves auxhommes: 37%

    .La legalisation de I'avortement: 31 %• Le developpement de I'union IIbre: 21.%• Les changements de mentalite

    des hommes: 17%• La simplification du divorce: 13%• Les mouvements femlnlstes

    (MLF, etc.): 9%• I.es nouvelles techniques

    de procreation: 7-%

    Sondage SOFRES, pour Le NouvelObservateuret -La Marche du Sleele-,7·1S novembre 1990....•......... ~.....

    11PLAISIRS D'AMOUR

    moment une mine epouvantable. Si onlui dit qu'elle a une jolie robe qui lui vaa merveille, elle repondra en generalque c'est une «une vieille robe », ou« une petite robe de rien du tout» ache-tee en solde a «trois francs, six sous »(sous entendu: tout le charme de larobe vient de celle qui la porte i). Dememe que les compliments lors d'unerencontre doivent etre legers, l'eventuellesuite a la relation doit etre envisagee demaniere subtile et elegante, 11faut lais-ser a l'autre la possibilite de manifesterson interet ou, au contraire, de s'amena-ger des portes de sortie. II est doneimportant de ne pas paraitre tropernpresse, au risque de faire fuir, ni tropinsistant, ce qui serait grossier.

    Ce n'est qu'ensuite (si tout s'estbien passe l) que les amoureux peuventse dire - dans l'intimite uniquement-des mots tendres, parfois uniques etoriginaux ... mais souvent tres banals.Ce peut etre tout sirnplement «cheri»ou «mon cheri», ou encore «monange », «mon tresor» ou « mon chou».Ce sont parfois des noms d'animaux -«n1a puce», «mon chat», «monlapin». Les mots qu'utilisent les amou-reux entre eux sont les memes que ceuxque I'on adresse affectueusement auxenfants.

    COEXISTENCE PACIRQUE

    Si la societe franc;:aisea toujours eteune societe rnixte OU les hommes et lesfemmes se cotoyaient et dans laquelleles femmes avaient une influencecertaine, celles-ci etaient pourtant loind'avoir les meme droits que leshommes. Comrne dans bien d'autrespays, les ferninistes des annees 60-70 sesont battues pour obtenir l'egalite desdroits. Les femmes ont effectivementobtenu une egalite juridique totale avec

    les hommes, que ce soit dans la viepersonnelle ou professionnelle, et lesmentalites se sont beaucoup tnodifiees.

    Gardons-nous cependant de laisserpenser que l'egalite reelle est totale etqu'il n'y a pas de differences... Mais sion parle parfois «d'exception fran-caise » dans les relations hornmes-femmes, c'est pour indiquer que tout enevoluant vers un sens plus egalitaire, lesrelations ne sont jamais devenuesneutres, asexuees, ou conflictuelles aoutrance. La guerre des sexes n'a paslieu! 11est assez impensable d'imagineren France - comme c'est le cas danscertains pays - des lieux non mixtes,reserves soit aux hommes, soit auxfemmes. Que ce soit dans la vie profes-sionnelle ou sociale, les hornmes appre-cient d'etre en compagnie des femmes,et reciproquement.

    Les relations - y cornpris dans Iecadre professionnel - ne nient pas ladifference des sexes. La courtoisie, lagalanterie, Ie desir de seduire ne sontjamais totalement absents, sans quepour autant on accuse les hommesd'etre seducteurs ou les femmes agui-cheuses*. Celles-ci, meme lorsqu'elles

    [Ioterie nCltlcnale)2gros19!f&~~1'1'"

  • occupent un poste tres important, oulorsqu'elles font ce qu'on appelle encoresouvent «un metier d'hornme », refu-sent d'adopter un comportement mascu-lin ei s'efforcent, au contraire, d'affirmerleur feminite.

    LES HOMMES PLUS EGAUXQUE LES FEMMES!

    Au X1X' siecle, et meme au XX',jusque dans les annees 60, Ie mari exer-cait au sein du couple une suprematie"evidente. Dans les milieux bourgeois,l'homme s'occupait des questions d'ar-gent, prenait les grandes decisions,exercait une autorite incontestable sursa femme et ses enfants. La femme etaitavant tout « une femme d'interieur », sedevait d'etre une bonne «rnaitresse demaison » et une bonne mere. Elle sedevait aussi d'avoir des activites a l'exte-rieur, du type « bonnes ceuvres » : visitesa des malades et a des pauvres, partici-pation a des ventes de charite, etc. Dansles milieux modestes, meme si lesfemmes etaient obligees de travaillerpour des raisons financieres, Ie modelebourgeois etail en vigueur a la maison:les hommes ne levaient pas le petitdOigt!

    La generalisation du travail desfemmes et l'influence des mouvementsfeministes depuis les annees 1970 ontentraine un certain changement dans larepartition traditionnelle des roles dansles couples. Le probleme du partage destaches domestiques se pose bienevidemment, surtout chez les couplesavec enfants; or c'est juslement chezceux-Ia que revolution des roles se faitIe plus lentement! Les femmes qui ontune activite professionnelle ne sont paspour autant dechargees des tachesdomestiques qui leur etaient tradition-

    11PLAISIRS D'AMOUR

    nellement irnparties. Excepte dans lesfamilles aisees qui peuvent avoir uneemployee de maison (et me me dans cecas, ce sont les femmes qui organisentet decident du travail a Iaire) , les femmespassent toujours beau coup plus detemps que les hommes aux taches stric-tement menageres, a l'entretien du lingeet de la maison. Le week-end, beau coupd'hommes passent l'aspirateur ou fontla cuisine, font les courses avec leurfemme, mais il s'agit davantage d'uneaide que d'un veritable partage egali-taire. En revanche, le bricolage, lespetites reparations a effectuer dans lamaison ou sur la voiture restent large-ment l'affaire des hommes.

    En ce qui conceme les soins etl'education a donner aux enfants, laaussi ce sont les femmes qui biensouvent sont le plus presentes. Ce sontgeneralernent les mamans qui s'occu-pent des visites chez le medecin, quisuivent le travail scolaire, qui organi-sent les loisirs. Mais il est vrai aussi que,de plus en plus, les hommes savents'occuper des enfants, changer un bebeel lui donner Ie bain ou preparer unrepas. lis sont tout a fait capables, s'illefaut, de se debrouiller seul avec un ouplusieurs enfants. Parmi les jeunesgenerations, il y a de plus en plus de«papas-poules)} qui revendiquent leurdesir de ( profiter» de leurs enfants,d'elre plus proches d'eux, de s'en occu-per eux-memes.

    De fac;on generate, les roles sontbeau coup plus egalitaires dans lescouples jeunes et chez les gens d'agemoyen. Les hommes et les femmes ompris l'habitude de partager les memesactivites, que ce SOil a l'ecole, au travailou dans les loisirs. 11 est bien evidentque cela a des effets sur la maniere dontils vivent quand ils sont en couple .•

    •••••••••••••••••••••COUPLE ET GRANO AMOUR

    89% des personnes interrogees(93%des femmes) revent d'une vie communeavec une seule personne tout au long deleur vie, mals 71% pensent que ne paspasser toute sa vie amoureuse avec- lameme personne ne constitue pas unechec. La societe fran~alse actuelletolere bien que I'on vlve plusleurs amourssuccessives (73%), bien que pour 69%• Ci!S vies amoureuses successlves desparents soient prejudlclables*euxenfants.»

    Sondage eVA pour Paris-Match,10 juin 1993.

    •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

    UNE BONNE MAiTRESSEDE MAISON

    •Savoir recevolr ne se limite pas Iides qualites de cuisiniere, de deco~trice, de diplomate ou d'intendante.[ ... ]La maitresse de-maison devra seconderson epoux dans un art encore plus deli-cat: la conversation. L'anlmation de latable lui revlent en effet de droit. Choix.de sujets, intervention diplomatiquepour evlter la gaffe, occuJtation* de ce quine dolt pas we dit. [... ] Quolque plusapparemment developpe dans la bour-geoisie, cet art de la repartle* se repro-duit en milieu populalre 00 I'Mtesse saitassaisonner son langage en memetemps que la salade. 51 la Fran~aise areussl ces deux operations deiicates,son marl est un homme heureux et elleaura passe victorieusement une desepreuves les plus difficiles que comportela hierarchie Invisible du savolr-vlvre fran-~als, car, contraitement Ii beaucoupd'autres peuples, Ie Fran~ais aimemontrer sa femme. lila sort volontlers etsurtout lui contie Ie soin de recevoir sesamis, ses collegues, quelquefois sesclients, son patron meme, pour arrondirles angjes*. £lIe est I'objet de savanite* et de son orgueil et meme plusque I'objet de sa satisfaction person-nelle; presenter sa femme est commedeboucher une- vleille et precieuseboutellle. La femme, legitime ou non,estpresente dans la vie soclale.'

    Michele Sarde, Regard sur les Fraf)faises,Stock, 1983 •...................

  • 1LETTRE D'AMOUR

    2QU'EST-CE QU'UN HOMME?

    3JET'AIME, UN PEU,

    BEAUCOUP ...

    11ACTlvnES

    Juliette Drouet a eerie quelque 18000 lettres a Victor Hugo tout au long des 50ans que dura leur liaison. Void un extrait d'une de ces lettres.

    «Je prevois encore une journee bien triste, mon adore, car tu ne viendras pas encoreaujourd'hui ou si peu que cela ne sert qo'a me faire sentir davantage Ie vide de tonabsence. raJ beau me raisonner et beau fare, Je ne peux m'habituer a vivre sans toi. Jet'aime avec la deraison I'impatience et la passion du premier Jour. Chaque minute mesemble un siede.f me semble que mon arne brule it blanc dans moi et qu'elie me devore.Enfin je donnerais tous lesjours qui me restent it vivre pour chacune des secondes qui merapprocheraient de toi. Jet'aime mon amour, je t'aime mon adore comme aucun hommene fut jamais airne.»

    Juliette Drouet. Lerrres a VICtOrHugo, 1833-/882.

    Quels sent les reproches que Juliette Drouet fait a Victor Hugo?

    En vous inspirant de cette lettre, ecrivez vous-rnerne une lettre de reproches Iiune personne que vous aimez, mais en utilisant un style cornpletement different

    «L'ordre si souvent entendu : «Sois un homme» implique que cela ne va pas de soiet que la virilite n'est peut-etre pas si naturelle qu'on veut bien Ie dire. A tout Ie moins,I'exhortation signifie que la detention d'un chromosome Y ou d'organes sexuels mascu-lins ne suffrt: pas a circonscrire Ie male hurnam. Etre un homme implique un travail uneffort qui ne semble pas etre exige de la femme. [ ... J Sans en etre pleinementconscients, nous faisons comme si la ferninite etait naturelle, done ineluctable, alors quela mascuhnite devrait s'acquerir et se payer cher. L'homme hn-merne et ceux qui I'en-tourent sont si peu sOr:, de son identite sexuelie, qu'on exige des preuves de sa virilite.« Prouve que tu es un hom me », tel est Ie def permanent auquel est confronte un etremasculin »,

    tlisabeth Badinter. XY. De /'identlte masculine, Editions Odile Jacob. 1992

    Pourquoi Elisabeth Badinter a-t-elle appele son livre «)(Y» ?

    Dans quelles occasions et par qui sont prononcees ces phrases: «Sois unhom me », « Prouve que tu es un homme»?

    Pendant des siecles, l'ideal de «virilite » semblait aller de sol, alors qu'aujourd'huiles hommes s'interrogent sur leur identite profonde. Pourquoi cette remise encause?

    Selon vous, est-ce que les definitions de «Ia virilite» et de « la feminite » differentselon les epoques et selon les cultures?

    Phedre, l'heroine de Racine, parle ainsi de sa rencontre avec Hippolyte:

    «Je Ie vis, je rougis, Je pailS it sa vue ;Un trouble s'eleva dans mon arne eperdueMes yeux ne voyaient plus, Je ne pouvais parler»

    Cette fa~on de vivre Ie coup de foudre vous paraTt-elie actuelle ou tout Ii faitdesuete? Les manifestations du coup de foudre, decrites surtout dans la litteratureet la chanson populaire, different-elles selon les cultures?

  • 4AMOURS CELEBRES

    5PETITES ANNONCES

    A DECODER

    11ACTIVnES

    Rappelez-vous a quelle periode a ete ecrite chacune de ces oeuvres.

    I. Moyen Age2. Renaissance (XVI" sede)3. Grand Siede (XVII" siede)4. Siede des l.urnieres (XVllf siede)5. XI~ siede

    a La Princesse de Cleves(Madame de Lafayette)

    b. Le Jeu de I'amouret du hasard (Marivaux)

    c. Les liaisons dangereuses (Lados)d. Le Rouge et Ie noir (Stendhal)e. Madame Bovary (Flaubert)f Phedre (Racine)g. Tristan et Iseult

    Fem. ch. hom. srx. et rche ... desesperement

    «Legers, vol ages, menteurs desequilibres, urmatures, fragiles, hypocrites, froids,mcultes et radins : ainsi doivent etre la plupart des hommes. Car des milliers de femmes"jnes, jlies, ms sles" passent desesperernent des petites annonces dans Ie ChasseurJran-~ais, comme dans Ie Nouvel Observateur, pour denicher Ie compagnon ideal qu'ellesdefinissent de maniere tres precise. Une precision qui ne vise pas Ie physique. Pourtantelles se decrivent elles-rnernes avec moult details - ce que ne font jarnais ces messieurs- et elles sont d'ailleurs toutes "bles, pqutes, mgnes, fmmes, eleg, etc. ", Mais elles nerecherchent pas d'equivalents masculins qui soient "bx, piquts, mgns, mscls, etc. ". Peuleur chaut I'apparence masculine. [ ... ]

    Elles sont serieuses et elles exigent du serieux Certes elles demandent aussi, et avecinsistance, comme si elles en etaient trop privees, de la "ftsie ". de la "tdrsse ", du "gt prIs vyges, Ie sprt ". et elles manifestent de plus en plus frequemment du "degt pr Ie tbc ''.La cote des fumeurs est en grosse baisse ... Mais si Ie "frrr" est" srx ", alors la, ca passe.

    La quete de securite domine tout Et celie du fric qui permet de I'assurer. Jamais oupresque un homme n'avance une exigence finandere. Alors que ces dames dans leurecrasante rnajorite specifient qu'il leur faut quelqu'un avec une "bne sttion" ou toutsimplement "aise ". S'il est "gorx ". c'est encore mieux. "Cnrx" dort etre ici aussicompns comme protecteur. L'oiseau rare qu'eles veulent toutes denicher est en fait unmelange bizarre de fourmi, de cigale, de gros ours et qui serait en plus cultive !»

    L't.venement du Jeudl, 13-19 aoOt 1992.

    Que signifient les abreviations que l'on trouve classiquement dans les petitesannonces des magazines, it la rub rique « Rencontres » ?

    Quelles sont les qualites essentielles de « I'oiseau rare» recherche par les jeunesfemmes qui passent des annonces ?

    Est-ce que Ie systeme des petites annonces vous paralt un moyen de trouver Iecompagnon ideal?

  • 6LIAISONS DANGEREUSES

    7HISTOIRES D'AMOUR

    8INAVOUABLE JALOUSIE

    11Acnvnis

    «La peinture de l'adultere ne cesse de varier selon les epoques: iI peut servir depretexte a analyser les rnecanisrnes de la jalousie (Racine, Beaumarchais), a edairer lessombres mobiles de la trahison (Shakespeare), a denoncer I'hypocrisie sociale (Molieredans Don Juan), a transgresser les institutions (Sade), a ridiculiser maris godiches et bour-geois imbeciles (Feydeau, Courteline) ou a chatier les passions coupables en les condam-nant a d'eternels tourments, comme dans Tristan et Iseult [ ... J. II semble qu'il y ait toutde rneme une constante dans Ie spectacle des liaisons dangereuses: sous bien desplumes illustres, il sert a depeindre I'arne feminine. [ ... J Dans Ie lit de leurs amants, beau-coup d'apprenties fugueuses ne decouvrent que la honte, Ie remords, la culpabilite. II fautqu'on les punisse. Et que la morale soit sauve. [ ... J Les romanciers se sont achames surleurs heroines: au femmin il n'y a pas d'adultere heureux Ce qui est jeu pour Ie maledevient trageoie pour la femme.»

    L'tvenemenc du jeudr, I 8-24 Juillet 1991.

    L'adultere est un theme actuellement beaucoup moins a la mode.Pourquoi selon vous ?

    Est-ce que l'adultere vous semble etre un theme important dans la litterature detous les pays?

    Faites correspondre les expressions et definitions qui suivent.

    I. avoir Ie beguin pour quelqu'un2. avoir quelqu'un dans la peau3. avoir une histoire avec quelqu'un4. avoir un petit faible pour quelqu'un5. ce n'est pas de I'amour,

    c'est de la rage6. conter fleurette7. filer Ie parfait amour8. l'amour est aveugle9. se mettre en menage10. sortir avec quelqu'unI I. une femme qui porte la culotte12. vivre d'amour et d'eau fraiche

    a. courtiser, faire la courb. dans Ie couple,

    c'est la femme qui commandec. etre tres amoureux,

    au pomt d'en etre presque maladed. c'est un amourfou, tres passionnele. I'amour soffit a remphr la vief. avoir une attirance

    (souvent passagere) pour quelqu'ung. vivre en coupleh. etre attire par qoelquun

    avoir une relation avec quelqu'un,pas forcernent pour longtemps

    j. avoir une relation amoureusedune certaine duree

    «Comme jaloux je souffre quatre fois: parce que je suis jaloux, parce que je mereproche de I'etre, parce que je crams que ma jalousie ne blesse l'autre, parce que je melaisse assujettir a une banalite: je souffre d'etre exciu, d'etre agressif. d'etre fou et d'etrecommun.»

    Roland Barthes. Fragments d'un dlSCOUfSamoureux, Le Seuil. 1977.

    Un quart seulement des Francais ose avouer sa jalousie, car la jalousie est conside-ree comme une maladie honteuse et degradante. Pourquoi Ie jaloux est-il honteux ?

    En d'autres temps ou d'autres lieux, la jalousie n'est-elle pas consideree com meune preuve d'amour?