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dossier pédagogique saison 2011-2012 www.operanationaldurhin.eu Thikon Kabanov, qui vit sous le joug de Kabanova, sa mère tyrannique, est marié à Kat’a. Boris et elle tombent amoureux, mais la morale ne l’entend pas ainsi. en deux mots ContaCts Flora Klein • tél + 33 (0)3 88 75 48 54 • courriel • [email protected] Hervé petit • tél + 33 (0)3 88 75 48 79 • courriel • [email protected] opéra national du rhin • 19 place Broglie • Bp 80 320 • 67008 strasbourg Kat’a KaBanova leos janÁCeK ˇ ˇ

Dossier pédagogique Kat'a Kabanova

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dossier pédagogiquesaison 2011-2012

www.operanationaldurhin.eu

Thikon Kabanov, qui vit sous le joug de Kabanova, sa mère tyrannique, est marié à Kat’a. Boris et elle tombent amoureux, mais la morale ne l’entend pas ainsi.

en deux mots

ContaCtsFlora Klein • tél + 33 (0)3 88 75 48 54 • courriel • [email protected]é petit • tél + 33 (0)3 88 75 48 79 • courriel • [email protected]éra national du rhin • 19 place Broglie • Bp 80 320 • 67008 strasbourg

Kat’a KaBanovaleos janÁCeKˇ ˇ

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Kat’a KaBanova leos janÁCeK

direCtion musiCaleFriedemann Layer

mise en sCèneRobert Carsen

reprise de la mise en sCèneMaria Lamont

déCors & CostumesPatrick Kinmonth

lumièresRobert Carsen,Peter Van Praet

CHorégrapHiePhilippe Giraudeau

assistant à la direCtion musiCaleThomas Michael Gribow

assistante à la CHorégrapHieErika Rombaldoni

diKoï Oleg Bryjak

Boris Miroslav Dvorsky

KaBaniKHa Julia Juon

tiKHon Guy de Mey

Kat’a Andrea Danková

KoudriaCH Enrico Casari

varvara Anna Radziejewska

Kouliguine Peter Longauer

glaCHa Nadia Bieber

FieKlouCHa Yasmina Favre

une Femme Violeta Poleksic

vingt-quatre Femmes Éléna Ayala, Orianne Bernard, Anne-Céline Bossu, Macha Bunzli, Eugenia Carnevali, Yolande Cartier, Louise Crivellaro, Sonia Delbost-Henry, Hélène Deveze , Céline Fricker, Léa Sophia Helmstadter,Christelle Herrscher, Hélène Hoohs, Delphine Huré, Aleksandra Karzelek, Emilie Lamartina, Marie le Roy, Jenny Macquart, Caroline Pastor, Maryline Pastor, Clotilde Pratt, Anne Somot, Clémence Walle, Léna Yamamoto

Opéra en trois actesLivret du compositeurDans le cadre du cycle JanácekCréé le 23 novembre 1921 à Brno

Chœurs de l’OnR

Orchestre symphonique de Mulhouse

Opéra d’après Gorza d’Alexandre Ostrovski dans la traductionde V. Cervinka révisée par Sir Charles Mackerras

21 01 12 02opérastrasBourgsa 21.01 20 hlu 23.01 20 hdi 29.01 15 hma 31.01 20 hje 02.02 20 h

la FilaturemulHouseve 10.02 20 hdi 12.02 15 h

ConFérenCede Jérémie Rousseau« Janáček et la Russie »20.01 18 h 30Strasbourg OpéraEntrée libre

langue :tchèque surtitré en françaiset en allemanddurée approximative :2 hConseillé à partir de 13 ans : collège et lycée

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l’argument

Acte IAu bord de la Volga, la maison de Kabanikha

Premier tableau

Koudriach s’extasie devant le paysage. Glacha, qui travaille pour Kabanikha, ne partage pas son avis. Dikoï apparaît, en colère après son neveu Boris. Celui-ci de son côté se confie à Koudriach. Seul le testament de sa grand-mère le motive à rester avec son oncle : ils doivent toucher, sa sœur et lui, leur héritage à leur majorité, mais doivent supporter les brimades de leur oncle d’ici là. À la sortie de l’église, Boris confie à Koudriach son amour pour une femme mariée qui n’est autre que Kat’a Kabanova. Glacha se plaint de son employeuse Kabanikha auprès de Fiekloucha. Voici justement la sévère patronne qui demande à son fils Tikhon de se rendre à Kazan, l’accusant au passage de lui manquer de respect depuis son mariage. Quand sa belle-fille Kat’a se mêle de l’échange, sa belle-mère lui lance une remarque désagréable. Varvara, fille adoptive des Kabanov, fait remarquer à Tikhon qu’il pourrait soutenir son épouse qu’elle apprécie.

Deuxième tableau

Kat’a évoque avec nostalgie sa jeunesse à Varvara. Elle avoue aussi qu’elle pourrait bien se détourner de son mari. Varvara, compréhensive, l’encourage en ce sens. Alors que Thikon est sur le départ, son épouse lui demande d’exiger d’elle de ne regarder ni ne parler à un étranger. Il refuse de lui en demander autant.

Acte II

Premier tableau

Kabanikha reproche à sa belle-fille ne pas être triste lors du départ de son époux. Varvara a subtilisé une clé à la mégère pour sortir. Elle préviendra qui de droit « s’il » arrive. Kat’a cède à la tentation et sort. Kabanikha entre et Dikoï la supplie de lui faire la morale.

Deuxième tableau

Dans le jardin, Koudriach attend Varavara mais c’est Boris qui arrive. Ce dernier explique qu’il a rendez-vous. Voici Varvara qui s’éloigne avec Koudriach. Kat’a se rapproche de Boris qui lui déclare sa flamme. Elle ne le repousse pas.

Acte III

Premier tableauDix jours plus tard

Koudriach, son ami Kouliguine, Dikoï et des passants s’abritent de la pluie d’orage. Arrive Varvara qui informe en aparté Boris que le mari de sa bien-aimée est revenu. Elle se comporte étrangement depuis son retour. La voici qui, bouleversée, avoue son adultère à son mari et dénonce son amant. Tikhon est abattu. Sa mère exulte. Kat’a s’enfuit.

Deuxième tableau.La nuit au bord de la Volga

Thikon cherche Kat’a. Il confie à Glacha qu’il l’aime encore et qu’il ne souhaite pas la châtier. Il croise Varvara et Koudriach qui s’enfuient pour échapper à Kabanikha. Kat’a est de son côté à la recherche de Boris. Elle erre dans la nuit, le retrouve, lui demande de l’emmener puis se ravise et lui fait ses adieux. Restée seule sur la berge, elle se jette à l’eau. Thikon accourt pour la sauver, mais sa mère la retient.Le cadavre de Kat’a est hissé hors de l’eau.

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l’orage d’ostrovsKi

Kat’a Kabanova est inspiré de L’Orage, une pièce d’Alexandre Ostrovski.

alexandre niKolaïevitCH ostrovKsi

Il est né dans une famille de prêtres orthodoxes à Moscou le 31 mars 1823.Sa riche famille, refusant son mariage avec une jeune fille « d’humble extraction », le prive de revenus. Ses problèmes d’argent le contraignent à une importante production littéraire. Il traduit Plaute, Shakespeare et Goldoni. Il devient rédacteur adjoint, pour la partie littéraire du journal « Le Moscovite » en 1850. À la mort de son père, en 1853, il est désargenté. Il continue à produire un nombre conséquent de comédies.

C’est grâce à une mission ethnographique et économique le long de la Volga, à laquelle il participe en 1856, que son œuvre s’enrichit de nombreux détails et expressions populaires. Il acquiert sa véritable notoriété en 1859, avec la pièce L’Orage, dans laquelle on retrouve des ambiances de cette expérience.

Entre autres projets, il est également l’auteur de Le Failli en 1849, La Forêt en 1871, Sniegourotchka en 1874, dont la musique est signée Tchaïkovski, et qui servira de base à l’opéra de Rimski-Korsakov. Il meurt à Chtchelikovo le 2 juin 1886.

extrait de l’orage Cette pièce a pour cadre une ville de province russe.Le petit peuple y est exploité par quelques riches propriétaires. Y vivent aussi des mendiants errants qui demandent la charité et y sont hébergés temporairement. KaBanov Mais, maman, nous prions Dieu pour vous nuit et jour qu’Il vous donne santé et bonheur en toute chose et réussite dans vos affaires.

KaBanova Allons, ça suffit, arrête s’il te plaît. Peut-être bien que tu aimais ta mère, en effet, tant que tu étais célibataire. Qu’as-tu besoin de moi maintenant que tu as une jeune femme ?

KaBanov L’un n’empêche pas l’autre, maman : ma femme c’est une chose, le respect que j’ai pour ma mère en est une autre.

KaBanova Alors tu préfères ta mère à ta femme ? Jamais de la vie je ne le croirai.

KaBanov Enfin, pourquoi devrais-je te préférer ? Je vous aime toutes les deux.

KaBanova Oui, oui, c’est ça, passe-moi de la pommade ! Je le vois bien assez, que je vous encombrela vie.

KaBanov Pensez ce que vous voulez, libre à vous, c’est votre droit ; seulement je ne sais pas ce que j’ai fait au bon Dieu pour être incapable de vous donner la moindre satisfaction.

KaBanova Pourquoi prends-tu ces airs de victime ! Ça ressemble à quoi, ces pleurnicheries ? Le beau mari que tu fais là ! Regarde-moi un peu ! Crois-tu que ta femme te craindra, après ça ?

KaBanov Mais pourquoi faut-il qu’elle me craigne ? Tout ce que je demande, c’est qu’elle m’aime.

KaBanova Que dis-tu ? Pourquoi faut-il qu’elle te craigne ? Pourquoi faut-il qu’elle te craigne ? Non mais tu perds la tête ou quoi ? Si elle ne te craint pas, moi elle me craindra encore moins. Quel ordre est-ce que ça nous promet dans la maison ?

Extrait de l’édition « Folio Théâtre », p.59-60.

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KaBaniKHa(à Tikhon, d’un ton rude)Si tu veux obéir à ta mère,tu iras, encore aujourd’hui,au marché de Kazan,là où ton père allait !

tiKHonComment ne pas vous obéir ?

KaBaniKHaJe voudrais bien te croiresi je ne l’avais vu, vu de mes yeux,entendu de mes oreilles.Ce que je vois depuis longtemps,tu préfères ta femme à ta mère.Depuis que tu l’as épousée,je ne constate plus ton amour d’autrefois.

tiKHon En quoi le voyez-vous ?

KaBaniKHa En tout !Ce que mes yeux ne voient pas, mon cœur m’en parle !

tiKHon Mais maman, en voilà des idées !

Kat’a (calmement) Pour moi, vous êtes, maman, comme ma vraie mère, qu’allez-vous donc imaginer ? Et Tikhone, lui aussi, vous aime !

KaBaniKHa Toi, tu devrais tenir ta langue, tenir ta langue. Personne ne t’a rien demandé. Ne le défends donc pas !

varvara (pour elle-même) Elle a trouvé le bon moment pour son sermon.

KaBaniKHa Pourtant tu n’en seras pas à court, après tout, c’est aussi mon fils ! Pourquoi vrilles-tu ton regard ? Peut-être pour montrer combien tu aimes ton mari ?

Kat’a Vous n’avez pas besoin de me le dire ! Pourquoi m’offensez-vous ? Pourquoi me faites-vous souffrir pour des riens ? Seule ou cri public. Je suis toujours la même. (Elle entre fièrement dans la maison.)

KaBaniKHa Voyez l’oiseau rare ! Comme elle s’est vexée facilement !(à Tikhon) Peut-être aimais-tu ta mère quand tu étais célibataire. Mais maintenant que ta as la femme...

tiKHon L’un n’empêche pas l’autre, je les aime toutes les deux.

KaBaniCHa Alors tu préfères ta femme à ta mère ? Comment peut-elle te craindre, si d’après toi, il faut toujours la traiter avec amour ? Même si elle avait un amant ?

tiKHon Mais maman puisqu’elle m’aime !

KaBaniKHa Cela aussi n’est rien ? Ou ne peut même pas lui imposer silence ?

tiKHon (menaçant) Mais maman !

KaBaniKHa Dis-le, cela aussi n’est rien ?

tiKHon Maman, je t’en conjure !

extrait du livret de Kat’a KaBanova — aCte i

Kat’a Kabanova présenté au Teatro Real de Madriddans la mise en scène de Robert Carsen

Photo Annemie Augustijns

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KaBaniKHa Idiot ! Tu incites au péché ! Je m’en vais !(Elle soupire et rentre précipitamment à la maison.)

tiKHon (à Varvara) Alors tu vois, toujours à cause d’elle !

varvara (résolument) Ce n’est pas de sa faute, Maman la persécute, et toi aussi d’ailleurs ! Pourtant tu dis que tu l’aimes. (Violemment) Que restes-tu là à piétiner ? Dans tes yeux je vois ce que tu voudrais, t’enivrer !

Extraits de la correspondance entre Leoš Janáček et Kamila Stösslova(parus dans le programme de l’Opéra national de Paris, saison 2010-2011)

9 janvier 1920. J’ai commencé à écrire un nouvel opéra. Le personnage principal en est une femme très douce. À peine pense-t-on à elle qu’elle disparaît. Un souffle d’air l’emporterait – alors l’orage qui éclate sur elle !...

3 février 1920.Je travaille joyeusement et assidûment à mon nouvel opéra. Je n’arrête pas de me dire que le personnage principal, une jeune femme, est si tendre qu’un rayon de soleil trop direct la ferait fondre, oui, la dissoudrait. Une âme si tendre, si douce, vous savez.

6 mars 1921. Au prix d’un travail particulièrement difficile, j’ai terminé mon dernier opéra. Je ne sais pas encore si je vais l’appeler L’Orage ou Katerina. L’argument contre L’Orage, c’est qu’il existe déjà un opéra du même nom. Contre Katerina, c’est que je n’écris que des opéras « féminins ». Jenůfa – Katerina. Le mieux, à la place d’un titre, ce serait d’avoir trois astérisques :* * * C’est l’opéra qui devrait se donner à Londres.

23 mai 1921. Kat’a Kabanova, mon dernier opéra, sera donné à Brno et peut-être à Prague. Mais je n’ai guère de goût pour le théâtre de Prague. […] que dire de moi ? Vous savez que je me crée mon propre univers, que je fais vivre dans mes compositions un monde peuplé de mes bonnes créatures, telles que je les souhaite. Du bonheur inventé. Le vrai bonheur brille sur vous un peu de temps en temps. Mais sur moi ? Quand je termine une œuvre, même cette chère Kat’a Kabanova, j’y songe avec tristesse. Comme si je quittais quelqu’un qui m’est cher.

18 août 1921. J’ai eu pas mal de travail. J’ai nettoyé la partition de Kat’a Kabanova. Hier, les chefs d’orchestre du théâtre sont venus chez moi, l’œuvre a été jouée, elle a plu. Je verrai bien. […]

29 octobre. Venez à la première à Brno ; tout porte à croire que ce sera magnifique. Et vous savez que quand j’ai fait votre connaissance à Luhačovice * pendant la guerre et que j’ai vu pour la première fois l’amour qu’une femme peut porter à son mari – je me souviens de vos larmes –, c’est cela qui m’a fait penser à Kat’a Kabanova et le composer. Je vous invite donc maintenant que l’œuvre est composée.

25 février 1922.[…] et c’est votre image que j’ai toujours placée sur Kat’a Kabanova pendant que je le composais.

trois astérisques

* Luhačovice, ville évoquée dans les correspondances que Leoš Janáček entretient avec Kamila Stösslova, est une ville d’eau en Moravie. C’est précisément là qu’ils font connaissance et que naît entre eux une longue passion, qui se traduit par plus de sept cents lettres. Tous deux mariés, lui de trente-sept ans son aîné, leur amour est platonique, mais cependant intense. Elle devient sa muse et sa source d’inspiration, notamment pour Kat’a Kabanova, comme en témoignent les échanges épistolaires nombreux dont figurent ci-dessus quelques extraits.

janÁCeK et Kamila stösslovaˇ

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des opéras au Féminin

« […] je n’écris que des opéras "féminins" », écrit Leoš Janáček au moment où il hésite à nommer son ouvrage Kat’a Kabanova ou du nom de la pièce dont il s’est inspiré, L’Orage. La femme est au centre de ses intérêts quand il adapte les histoires dont il s’inspire pour l’opéra. Une femme libre ou opprimée, une femme qui exprime son désir, qui est parfois maître de la situation ou dépassée par la pression de son entourage. Une femme qui souffre mais pour qui le compositeur a plus que de la compassion. Une empathie qui transpire dans sa musique au point de la faire partager avec le spectateur. La « fille-mère » selon la sordide expression en vogue autrefois dans Jenůfa, femme adultère mais aimante dans Kat’a Kabanova, respirant le bonheur d’être épouse et mère dans La Petite Renarde rusée, femme fatale symbole de l’éternel féminin et désabusée dans L’Affaire Makropoulos.

• Její pastorkyňa (Jenůfa) / 1894-1903, création en 1904 : une jeune fille perdue entre l’amour de deux hommes, deux demi-frères qui plus est, pour son enfant qu’il faut à tout prix cacher, quitte à le supprimer.

• Kát’a Kabanová (Kat’a Kabanova) / 1919-1921, création en 1921 : Kat’a trompe son mari pendant son absence et se suicide.

• Příhody lišky bystroušky (La Petite Renarde rusée) / 1921-1923, création en 1924 : un garde-chasse veut faire d’une renarde un animal domestique, mais échoue dans sa tentative. Elle s’échappe dans les bois, y rencontre moult personnages dont le renard avec lequel elle fait des petits, mais elle tombe sous les balles d’un chasseur. Mais a-t-elle vraiment rendu l’âme ?

• Več Makropulos (L’Affaire Makropoulos) / 1923-1925, création en 1926 : Elina Makropoulos vit depuis 337 ans grâce à un élixir de vie que lui a donné son père et qui lui apporte la jeunesse éternelle. Femme fatale, il lui a fallu lutter contre son état pour paraître jeune dans sa relation avec ses amants pour les conquérir. Mais les effets de la magie s’estompent peu à peu et la jeune femme doit rapidement en retrouver la formule secrète… ou quitter ce monde.

Jenůfa à l’OnR (Saison 2009-2010)Photo Alain Kaiser - Mise en scène Robert Carsen

L’Affaire Makropoulos à l’OnR (Saison 2010-2011)Photo Alain Kaiser - Mise en scène Robert Carsen

Kat’a KaBanova, opéra vériste ?

Essentiellement italien, ce genre qui s’apparente à la littérature du même qualificatif, raconte la vie des pauvres gens en se détournant des sujets ayant trait à la vie de la noblesse. Si certes la langue n’est pas l’italien, le sujet de Kat’a Kabanova s’apparente parfaitement à cette définition : l’histoire d’une femme de modeste condition dans la campagne près de la Volga.

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Kat’a dans ses pensées aveC varvara

Au premier acte, la femme évoque son enfance et au-delà de cela la liberté à laquelle elle aspire. Liberté qui ne reste qu’un rêve au regard d’une société qui réprime ce sentiment et les actes qui s’ensuivent.

Kat’aJe disais pourquoi les gens ne pourraient-ils pas voler,comme les oiseaux ?Parfois, tu sais, je rêve que je suis un oiseau.Ça doit être si beau de s’envoler. Je voudrais essayer(Elle fait des mouvements d’ailes avec ses bras.)

varvaraQu’est-ce qui te prend ?

Kat’a soupirantJ’étais si gaie autrefois !Ici, dans cette maison, je me suis fanée !

varvaraTu crois que je ne l’ai pas remarqué ?

Kat’aJ’étais si différente. Je vivais sans aucun souci,libre comme l’oiseau !Maman ne connaissait pas mon âme,elle m’habillait comme une poupée ! (Riant) Tu sais quelle était ma vie avant mon mariage ?Je vais te raconter.Je me levais tôtet si c’était l’été j’allais me laver à la rivière.Je rapportais de l’eau et j’arrosais toutesles fleurs dans la maison. Toutes les fleurs !

varvaraTu fais ça ici aussi !

Kat’aAprès, j’allais à l’église. Je croyais mourir de bonheur en y allant, comme si j’atteignais le paradis.Je ne voyais plus personne, n’entendais plus rien,je perdais toute notion du temps,même lorsque la messe était terminée. (Comme en extase)Maman disait souvent que les gens me regardaienten se demandant ce qui m’arrivait.Et s’il y avait du soleil, eh bien, un rayon filtrait à travers le dôme et de la fumée s’y mêlait comme un nuage.Moi, je croyais y voir des anges voler et chanter.Alors, je tombais à genoux et je pleurais.Pourquoi je priais et pleurais ? Je l’ignorais moi-même.On me retrouvait comme ça. Et quels rêves ! Quels rêves !Des églises dorées brillaient dans le cielen haut des montagnes, dans les forêts.Je m’envolais vers elles toujours plus haut.Et d’attirantes voix m’appelaient, invisibles !

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1921, une page d’Histoire

politiqueCommunisme : naissance des Partis communistes chinois, italien, portugais, belge, espagnol, tchécoslovaque et roumain s’échelonnant sur l’année.

allemagne :• La Conférence de Paris fixe les réparations du pays suite à la Première Guerre mondiale, réduites par la conférence de Londres.• Plébiscite en Haute-Silésie : 60 % des électeurs se prononcent en faveur du rattachement à l’Allemagne. • Accord commercial avec l’Union Soviétique. • Le 28 juillet, Adolf Hitler prend la présidence du parti nazi (NSDAP) en Bavière. Création des S.A., organisation para-militaire du parti nazi en août.

italie : Trente-cinq fascistes sont élus aux élections le 15 mai, dont Mussolini. Le 21 juin, il expose son programme en termes rassurants : politique extérieure agressive, promesse de satisfaire les revendications ouvrières… L’Italie est dès lors en proie aux violences fascistes. Le 7 novembre, Mussolini crée un grand parti national fasciste.

Future Yougoslavie :Constitution du royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

royaume-uni : Grève conjointe des syndicats des mineurs, des cheminots et des transporteurs.

russie : • Début de la N.E.P. (Nouvelle politique économique).• Traité de Rīga mettant fin à la guerre russo-polonaise et fixant les frontières entre la Pologne et la Russie plus à l’Est. La Pologne acquiert une importante partie de la Biélorussie et de l’Ukraine (Galicie orientale et Volhynie). Ces acquisitions seront complétées par la restitution de la Haute-Silésie avec Katowice et de toute la Galicie. • La famine cause 5 millions de morts, entraîne une vague de grèves et de désordres. Le pays accepte l’aide alimentaire proposée par les États-Unis.

Hongrie :Échec d’une seconde tentative de putsch du roi Charles IV. Le Parlement proclame alors la déchéance de la dynastie des Habsbourg.

irlande :Guerre d’indépendance. Par la signature du Traité de Londres le 6 décembre, l’Irlande du Sud devient l’État libre d’Irlande, l’Irlande du Nord reste attachée à la Grande-Bretagne.

états-unis :• Première loi sur l’immigration : établissement de quotas par pays, qui favorisent l’immigration anglo-saxonne. • Affaire Sacco et Vanzetti : les anarchistes américains Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, déclarés coupables du meurtre du caissier et du gardien d’une usine de Braintree, sont condamnés à mort.

France :Aristide Briand est Président du Conseil.

sCienCe • Le prix Nobel de physique est attribué à Albert Einstein pour son apport à la physique théorique. • L’Institut Pasteur met au point le vaccin contre la tuberculose.

Culture • Décès de Georges Feydeau le 5 juin.• Décès de Camille Saint-Saens le 16 décembre.• Première émission radiophonique en France de la station tour Eiffel.• Sortie aux États-Unis du premier long métrage de Charlie Chaplin, The Kid, le 28 janvier.

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le travail des ateliers : des tuYaux pour Kat’a

L’aboutissement de la magie d’un spectacle passe souvent par des phases très techniques, qui permettront de réaliser les ambitieux projets des équipes artistiques. Ce que Robert Carsen a imaginé pour Kat’a Kabanova est de faire évoluer les artistes sur une surface d’eau. Qu’à cela ne tienne, Alan Kieffer du bureau d’études des ateliers de construction de décors s’est appliqué à mettre au point et à adapter le système pour les théâtres de Strasbourg et Mulhouse.La mise en scène de Kat’a Kabanova exige l’installation sur scène d’un bassin rempli d’eau. Certes la profondeur de celui-ci n’est que de 3 cm, mais sa surface de 260 m2 nécessite un volume d’environ 9 m3. De nombreuses contraintes... Il faut bien sûr un volume d’eau suffisant correspondant à celui du bassin lui-même, auquel il faut ajouter celui qui circule dans les tuyaux et au niveau des différentes phases du réseau. Comme le bassin doit accueillir des danseuses, l’eau doit être chauffée à quelques 30 degrés, et pour maintenir cette température, doit être réchauffée en permanence. L’eau chaude est propice au développement de bactéries, aussi doit-elle être traitée après filtrage pour en retirer les impuretés. Et qui dit circulation, dit pompage. Des prélèvements quotidiens permettent de vérifier la qualité de l’eau et de faire varier le traitementselon les résultats.Profitant de l’expérience de l’Opéra de Flandre, dans lequel le taux d’humidité lié à cette installation a provoqué quelques dégâts, notamment dans certains matériels électriques, nos équipes ont conclu de ne pas laisser stagner l’eau en dehors des répétitions et des représentations. Aussi faut-il aménager une cuve de stockage, située dans les dessous de scène. D’un point de vue esthétique, le metteur en scène Robert Carsen a souhaité une petite chute d’eau de 17 cm entre le bassin et le bord de la scène. Une rigole a été aménagée afin de récupérer l’eau au bas de la scène. Celle-ci coule ensuite vers la réserve pour être traitée avant d’être réutilisée sur la scène. C’est ainsi qu’une machinerie digne des décors baroques préside à la scénographie d’apparence très sobre de cette production.

des dizaines de mètres de tuyaux pour acheminer ou évacuer l’eau

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séquenCe musiCalepar laurence grauwet

version Cd :« Kata Kabanova », sir Charles mackerras, Wiener staatsopernchor, Wiener philharmoniker, aad, 1977, 1981, © 2006, deCCa

remarque générale

L’écriture orchestrale, d’une grande richesse, sert la trame vocale et le récit.Leoš Janáček utilise de la mélodie continue, à l’exemple de Giacomo Puccini, Alban Berg ou Richard Strauss.

• les bois : flûte piccolo, 4 grandes flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 1 clarinette basse, 3 bassonset 1 contrebasson• les cuivres : 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, 1 tuba• les percussions : célesta, jeu de timbres, timbales, grelots• les cordes : harpe, violons, altos, violoncelles, contrebasses, viole d’amour

Il nous plonge dans l’atmosphère de l’opéra. Au fil de l’œuvre, les principaux thèmes sont souvent enclenchés par l’orchestre.

Début Thème des cordes graves Moderato, nuances PP, accords de sixte0’26

0’34

Thème des timbales

Reprise du thème des cordes graves

Triolet de 8 noires (fa-sib), trombones et tuba (thème repris à la fin de l’Acte I et au cours des deux tableaux de l’Acte IV)Plus aigu et intense, puis quatuor à vents et réponse du thème des timbales

0’54

1’28

1’38

Motif plaintif (découlant du thème précédent)

Emballement soudain

Thème des timbales

Mouvement tournant et stressant aux violons, notes tenues des cuivres, chromatisme, crescendoNuance Forte, accords secs et courts, mouvement plus rapide des violons, accords des vents, dramatisationCuivres graves, phrase ascendante, transition

1’45

2’09

Thème du traîneau (grelots et hautbois) Comme une chanson populaire russe, staccato (entendu lors du départ de Tikhon, fin de l’Acte I, plage 10)Montée, transition

2’11

2’19

Thème de la sonnerie aux cuivres (et bois à certains moments)Ostinato très véloce aux violons

En tierces mineures, Fortissimo, comme un appel(trompettes bouchées)Trémolos cordes graves

2’29 Thème de Kat’a Rythme plus lent, legato, altos, hautbois, clarinettes, thème des timbales

la Composition de l’orCHestre

éCoute 1 : prélude, repères tHématiques

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2’42 Thème de Kat’a qui se développe Trois fois forte, tapis sonore et ostinato, cellule de la chanson populaire, harpe et viole d’amour, thème des timbales, thème de la sonnerie aux cuivres, puis silence

4’ Motif de 4 notes Cor anglais, clarinette, réponse des violons (motif exploité dans la scène 1 de l’Acte I), envolée vers l’aigu

4’36 Thèmes réutilisés Tutti, Fortissimo où culminent le thème de la sonnerie aux cuivres, les timbales et l’ostinato des violons

le matriarCat, les oppositions de CaraCtère des personnages

écoute 2 : « Chces-li matky poslechnout » (« si tu veux obéir à ta mère ») acte 1, tableau 1 (Cd 1, plages 5 et 6)

plan de l’extrait :• Duo La Kabanikha / Tikhon : pour exprimer la jalousie et le chantage affectif de la mère, utilisation d’harmonies dissonantes, d’ambitus plutôt grave, d’une orchestration en ponctuation affirmée par le cor, d’un phrasé dur et accentué de la mère.• Intervention de Kat’a à 0’45 : elle prend la défense de son mari, en développant le thème de Kat’a, présent dans toute la scène, accompagné par des cordes, un phrasé legato, exprimant douceur et poésie grâce aux violons, donnant l’impression d’un temps plus étiré.• Réponse de Kabanikha : sèche et insultante, soutenue par des notes aigues.• L’aparté très court de Varvara à 1’17 : le thème de Varvara, accompagné par le célesta. • Reprise du dialogue La Kabanikha / Tikhon : le caractère est encore plus tendu, crescendo, orchestration plus dense • Duo Tikhon / Varvara, plage 6 : elle plaint Kat’a et critique la faiblesse de Tikhon. À 0’44, on reconnaît le thème de Kat’a, magnifié par l’orchestre.

notions à aborder :• Les catégories vocales : voix de contralto de Kabanikha, de ténor de Tikhon, de soprano de Kat’a, de mezzo-soprano de Varvara. • Les contrastes de phrasé, de temps élargi ou contracté.• La tension musicale progressive.

l’adultère, la dualité entre l’amour et le sentiment de CulpaBilité de Kat’a

écoute 3 : duo Kat’a / Boris « jste to vy, Katerino petrovno ? » (« C’est vous, Kat’a petrovna ? »)acte ii, tableau 2 (Cd 1, plage 18)

repères thématiques : • Un motif tourmenté, repris par paliers chromatiques ascendants, accompagne le chant de Boris puis de Kat’a qui aboutit à un bref éclairage grâce à la harpe.À 0’55, Kat’a chante « Tu sais bien que je ne me laverai jamais de ce péché ! C’est une pierre qui m’écrase l’âme ! ». Son chant s’approche de plus en plus du grave.• 1’45 : ostinato des cordes graves accompagnant les solistes et créant un espace élargi avec l’aigu des violons. On entend l’amorce du thème d’amour (avec son saut de sixte).• 2’54 : Thème d’amour, d’abord chanté par Kat’a. « Ta volonté me gouverne, tu ne le vois pas ? (Elle se jette à son cou) » : trémolos des cordes graves, cors. Ce thème est repris (successivement par les hautbois, la flûte, les violons, suivis des violoncelles) en arrière plan ou à découvert.• 5’04 : notes pédales des contrebasses, violons, puis roulements de timbales, crescendo.• 5’55 : Solo de hautbois un peu triste et Varvara (revenant avec Koudriach) chantant : « Vous êtes-vous mis d’accord ? »

approCHe par tHèmes de l’Œuvre et éCoutes musiCales

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l’orage

Il est lié à la tension des personnages (angoisse de la révélation de l’adultère par Kat’a, de plus en plus apeurée).

écoute 4 : acte iii (Cd 2, plage 3, à partir de 1’09 et plage 4)

notions à aborder :• Repérer les éléments musicaux qui évoquent l’orage : les coups de tonnerre (enregistrés), le tempo rapide et les nuances changeantes, les roulements de timbales, les éclats des cuivres, les cymbales, le climax (Fortissimo).• Reconnaître deux instruments du début de l’extrait (le célesta et la harpe).• Reconnaître le thème des timbales.• Reconnaître les chœurs d’hommes (voix « off »).• Reconnaître le motif au rythme pointé et capricieux (fluctuations de l’orage).• Reconnaître l’octave des violoncelles vers la fin, qui apparaît comme le signal d’une brève accalmie.

la volga

écoute 5 : Kat’a, « ptacci priletti na mohylu » (« les oiseaux viendront se poser sur ma tombe, avec leurs petits »), fin de l’acte iii (Cd 2, plage 8 jusqu’à 1’09)

Au début de l’Acte I, lorsque Koudriach la contemple, la Volga symbolise l’énergie positive.À la fin de l’œuvre, elle est associée au suicide de Kat’a qui se jette dans les flots.

notion à aborder : l’action dramatique en marche • Le chant de Kat’a, accompagné par un rythme régulier aux timbales et un motif avec trilles jouées par les bois et les violons qui symbolisent le chant des oiseaux, par le passage du mode majeur au mode mineur. • La dernière phrase de Kat’a « A treba umrit ! » (« Et je dois mourir ! »), comme un cri dans l’aigu, accompagné de cuivres graves, de timbales, Fortissimo.

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Leoš Janáček est né le 3 juillet 1854 à Hukvaldy en Moravie, d’un père instituteur et organiste. Il obtient son diplôme et devient lui-même instituteur et maître de musique en 1872. En 1874 et 1875, il suit les cours de l’école d’orgue de Prague où il rencontre en 1874 celui qui deviendra son ami, Antonín Dvorák, puis il exerce à Brno comme professeur de musique et chef de chœur. Sa Suite pour orchestre est composée en 1877. L’année suivante, il rentre au Conservatoire de Saint-Petersbourg, compose Idyla pro smycce (Idylle pour orchestre à cordes). En 1879, il travaille au Conservatoire de Leipzig, puis, en 1880, au Conservatoire de Vienne. De 1880 à 1904, il est professeur de musique à l’École Normale de Brno, de 1886 à 1902, il enseigne le chant au lycée et dirige l’école d’orgue de 1881 à 1919. Il se marie en 1881. Le couple a deux enfants, qui meurent. Les parents se séparent en 1916. Il compose son premier opéra, Šárka, en 1887. Secrétaire du département moravien des études folkloriques de Prague en 1885, il crée les Valašské tance (Danses moraves) en 1888-1890 et un ballet, Rákós Rákóczy, en 1891. On retrouve l’influence directe de ses études dans les opéras qui suivent :

Pocátek románu (Le Début d’un roman) en 1891 et Její pastorkyna (Leur Fille nourricière), connu sous le titre de Jenůfa, en 1904. Il s’engage dans le mouvement social contre la monarchie. Sa sonate 1. X. 1905 Z ulice (Dans la rue) est un hommage à un ouvrier abattu à Brno. Il met en musique des poèmes d’inspiration socialiste de Petr Bezruc et fustige la petite bourgeoisie tchèque dans l’opéra Výlety páne Brouckovy (Les Excursions de Monsieur Broucek). Il compose sa rhapsodie pour orchestre Tarass Boulba entre 1915 et 1918 et le cycle de mélodies Journal d’un disparu de 1917 à 1919. La fondation de la République tchécoslovaque en 1918 lui redonne de la vigueur. La composition de ses plus grands succès s’enchaîne : l’opéra Kat’a Kabanova (1919-1921) d’après L’Orage d’Ostrovski, une réflexion sur la société bourgeoise, Bystroušky (1921-1923), La Petite Renarde rusée, qui exprime l’authenticité et la vitalité de la nature, L’Affaire Makropoulos (1923-1925), dont il adapte lui-même le livret, La Messe glagolitique en 1926, sur des textes en vieux bulgare et l’opéra De la maison des morts en 1927-1928, d’après Dostoïevski. Il meurt à Ostrava en Moravie, le 12 août 1928.

Les opéras de Leoš Janáček

• Šárka, 1887-1888• Počátek románu (Début d’une romance), 1891-1894• Její pastorkyňa (Jenůfa), 1894-1903, création en 1904 • Osud, 1903- 1904, création radiophonique en 1934• Výlety páně Broučkovy (Les Voyages de Monsieur Broucek), 1908-1917, création en 1920• Káťa Kabanová (Kat’a Kabanova), 1919-1921, création en 1921• Příhody lišky bystroušky (La Petite Renarde rusée), 1921-1923, création en 1924• Več Makropulos (L’Affaire Makropoulos), 1923-1925, création en 1926• Z mrtvého domu (De la maison des morts), 1927-1928, création en 1930

leos janÁCeK (1854 – 1928) ˇ ˇ

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BiograpHies

Friedeman laYerdirection musicale

Né à Vienne, il débute à l’Opéra d’Ulm, puis à Salzburg (où il est l’assistant d’Herbert von Karajan) et à l’Opéra de Düsseldorf. Il devient ensuite directeur musical et chef principal de l’Opéra de Mannheim. Très vite, il entame une carrière internationale. Il dirige de nombreux concerts

et opéras avec des orchestres renommés et sur des scènes prestigieuses, notamment à Genève, Bruxelles, Anvers, Berlin ou San Francisco. Dix-huit années durant, il dirige à l’Opéra de Dresde de nombreuses nouvelles productions telles que Lulu, Don Giovanni, Die Soldaten, ainsi que les opéras de Wagner et Strauss. En France, il dirige l’Orchestre National de France, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l’Ensemble Orchestral de Paris, l’Orchestre du Capitole de Toulouse, l’Orchestre de Lyon et l’Orchestre de Bordeaux. De 1994 à 2007, il est directeur musical de l’Opéra et de l’Orchestre de Montpellier. Il est chef honoraire de cet orchestre. De 2007 à 2009, il est à nouveau directeur musical de l’Opéra de Mannheim et y dirige de nombreuses productions. Il est invité régulièrement à Copenhague (Lohengrin, Tannhäuser, Ariadne auf Naxos), à Bâle (notamment Der fliegende Holländer), Francfort (Zemlinsky, Berlioz, Verdi, Janáček et Pelléas et Mélisande) et Berlin. À l’OnR, il a dirigé Jenůfa (2009) et L’Affaire Makropoulos la saison dernière. Cette saison, il dirige L’Affaire Makropoulos à l’Opéra de Francfort et Don Giovanni au Deutsche Oper am Rhein. D’autres projets le mèneront au Komische Oper de Berlin pour Lear de Reimann, à Francfort pour Pelléas et Mélisande et au Deutsche Oper Berlin pour Le Nozze di Figaro et Don Giovanni.

roBert Carsenmise en scène et lumières

Né au Canada, Robert Carsen entame une carrière de metteur en scène qui le conduit sur les scènes les plus prestigieuses. Parmi ses nombreuses mises en scène, citons notamment Tannhäuser, Capriccio, Rusalka, Les Contes d’Hoffmann, Alcina à l’Opéra National de Paris, Candide de Leonard Bernstein

(Châtelet, ENO, La Scala), Eugène Onéguine et Mefistofele au Metropolitan Opera, Dialogues des carmélites à Amsterdam et à La Scala de Milan et Iphigénie en Tauride à Chicago et au Royal Opera House Covent Garden, ainsi que Il Trovatore au festival de Bregenz et Der Rosenkavalier au festival de Salzbourg. Il est régulièrement invité à l’Opéra de Flandre pour les cycles Puccini et Janáček (Jenůfa, Kat’a Kabanova et La Petite Renarde rusée) et la création de Richard III de Battistelli. Son travail est récompensé par de nombreux prix, notamment pour les productions de A Midsummer Night’s Dream, Dialogues des carmélites et Fidelio (Amsterdam et Florence). Robert Carsen a également réalisé des mises en scène pour le théâtre, dont Mère Courage et ses enfants (Brecht) pour le Piccolo Teatro de Milan, Rosencrantz and Guildenstern Are Dead (Stoppard) au Roundabout Theatre de New York, L’Éventail de Lady Windermere (Wilde) au Bristol Old Vic et Nomade, ainsi qu’un spectacle conçu pour Ute Lemper au Châtelet. Il a conçu la scénographie de l’exposition Marie-Antoinette au Grand Palais, ainsi que de celle consacrée à Charles Garnier à l’École des Beaux-arts à Paris. Ses réalisations récentes comprennent Ariadne auf Naxos à Munich, Berlin et Copenhague, Le Couronnement de Poppée à Glyndebourne, Bordeaux et Vienne, Carmen à Amsterdam, Salome à Madrid, My Fair Lady au Châtelet, Rinaldo d’Haendel au festival de Glyndebourne. Il met en scène Don Giovanni pour l’ouverture de la saison 2011-2012 de la Scala de Milan. Suivent Lucia di Lammermoor à Zurich et Munich, Mefistofele à Chicago, Houston et Washington, Mitridate à Bruxelles et Vienne, Orfeo ed Euridice à Chicago, Tosca et Semele à Zurich. On se souvient à l’OnR de ses productions d’Orlando d’Haendel (1997) et du Songe d’une nuit d’été de Britten (1998), de Richard III de Battistelli (2009), de Jenůfa (2010) puis de L’Affaire Makropoulos de Janáček et de La Bohème (2011).

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pour aller plus loin• Mémorisation de motifs présents dès le prélude• Comparaison du motif « du destin » au début et à la fin de l’opéra• La Volga et son évocation musicale dans l’œuvre (histoire des arts : thème de l’eau), éclairée par une orchestration évocatrice et colorée• Les bruits et la description musicale d’éléments naturels : la pluie, l’orage, le tonnerre, le fleuve• L’apport de la musique folklorique (musique savante / musique populaire)• Janáček et Bartók : deux compositeurs influencés par le folklore de leur pays• Kat’a Kabanova et L’Orage : analyse comparative• Sur un plan littéraire : comparaison du rôle de Kat’a et de celui d’Emma dans Madame Bovary de Flaubert• Le choc des générations : une modernité en marche freinée par des coutumes ancestrales (le matriarcat par exemple) • Les préjugés

Kat’a KaBanova en dvd (mise en scène de Robert Carsen)

Leoš Janáček, Katia Kabanova, Teatro Real Madrid 2008, François Roussillon & Associés

Kat’a Kabanova présenté au Teatro Real de Madrid dans la mise en scène de Robert CarsenPhoto Annemie Augustijns