Dossier pédagogique - document.theatresaintmaur.comdocument.theatresaintmaur.com/179/179/supports/27810/catDoc291/... · l’expérience ambivalente du doute, origine de la pensée

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Sommaire

La Compagnie, la pièce et la note d'intention .............................................. 3

Ray Bradbury et la genèse de Fahrenheit 451 ............................................ 5

Ateliers proposés autour du projet ............................................................. 6

Pistes pédagogiques ................................................................................. 8

La Compagnie

Les arpenteurs de l’invisible proposent un théâtre sensitif à partird’adaptations de textes non théâtraux. Influencés par le théâtre contemporain, lapsychanalyse, le cinéma, la sociologie et la poésie, ils placent la sensation au cœurde leur langage. En mêlant théâtre, art vidéo, musique, cinéma d’animation, magienouvelle, ils inventent une narration éclectique et proposent une expériencesensitive qui interroge de façon singulière notre rapport au monde. Comment vivrenos temps conditionnés par les ruptures technologiques et par la convergence descrises ? Comment dans l’agitation reconnecter l’être à la sensation, à la poésie et àl’imaginaire ?

Pour plus d'informations : http://lesarpenteursdelinvisible.com

La pièce

Dans une société future qui a perdu le goût de lire et dans laquelle lespompiers ont pour mission de brûler les livres, Guy Montag, pompier sans histoire,à la faveur d’une rencontre avec Clarisse McClellan, commence à remettre sa vie enquestion et à lire des livres… Il prend alors conscience de l’absurdité d’un systèmedont il est l’incarnation et décide d’agir.

La note d'intention

L’enfer, c’est quand il n’y a pas de pourquoi.

Primo Levi

La révolution numérique est déjà passée. Pour advenir, elle n’a pas eu besoinque ses théoriciens soient compris et acceptés par le grand public. En moins d’unegénération, nous avons changé d’époque, et nous peinons encore aujourd’hui àconceptualiser, mais plus encore, à accepter les changements advenus ces vingtdernières années. Le théâtre d’anticipation, parce qu’il joue avec les codes de lascience-fiction et de la culture populaire, permet de poser de façon accessible etdivertissante les grandes questions philosophiques et politiques liées auxchangements que nous traversons.

Nous interrogeons notre présent, en transposant Fahrenheit 451 de RayBradbury, oeuvre d’anticipation dystopique écrite en 1953, dans un futur proche oùles dérives d’aujourd’hui auraient triomphé. En projetant cette oeuvre, mettant enscène une société obsédée par la destruction des livres, symboles d’altérité, dansune société conditionnée par l’hyper-connexion, l’immédiateté, l’hypertrophie dumoi et l’explosion des fakenews, nous posons de façon radicale la question de notre

http://lesarpenteursdelinvisible.com/

rapport à l’autre dans la disruption en cours. Ne traversons-nous pas une crise del’altérité ? A l’heure de la post-vérité, du narcissisme de masse, de l’anonymat,quelle place réservons-nous à l’autre ? Ne sommes-nous pas dans une société de ladéfiance, où l’insensibilité, les réactions faciles ou haineuses sont devenuesordinaires ?

La question de la place du livre, de la littérature et de l’art au sens large duterme, n’est-elle pas aujourd’hui absolument nécessaire ? L’art n’est-il pas cetespace où l’on peut prendre le temps de s’ouvrir à la sensibilité, à la connaissancede l’autre et donc à soi-même ?

Mettre en scène cette dystopie dans laquelle aucun dictateur, aucun décret,aucune loi n’a précipité la fin de la littérature et de la pensée, c’est rappeler quel’ensemble d’une société peut, sans y prendre garde, laisser s’installer, au nom dubonheur, un système fondé sur l’absence de pensée et la répression. Poser laquestion de l’autre au travers de Fahrenheit 451, permet de mettre en scènel’expérience ambivalente du doute, origine de la pensée. Si Montag est ce grain desable, qui, parce qu’il cesse d’y croire, déstabilise l’ensemble d’un système fondésur l’abjection et l’iniquité, il n’en est pas moins la proie du nihilisme le plus radicallorsqu’il se perd dans une révolte aveugle. Peut-on changer le monde, si l’on n’apas les mots, les concepts, le recul suffisant pour dire le monde que l’on désire ? Acette révolte sans nom, nous opposons la résistance éclairée des « hommes-livres ». Ces figures d’une résistance qui ne renie pas les apports de la technologieet fonde son action sur la connaissance et l’apprentissage des livres par coeur,permettent de poser aujourd’hui la question essentielle de la mémoire comme outilde résistance. A l’heure de l’externalisation quasi-systématique de nos mémoires,n’est-il pas salutaire de fonder notre pensée sur un corpus d’idées et deconnaissances que nous aurons engrangés dans nos mémoires ? Apprendre parcoeur ne revient-il pas à accorder à l’autre une place salutaire dans l’intimité de nosmémoires ?

Florian Goetz et Jérémie SonntagCompagnie Les arpenteurs de l'invisible

Ray Bradbury

Né le 22 août 1920 à Waukegan dansl'Illinois (Etats-Unis), Raymond Douglas Bradburyse destine très rapidement à une carrièrelittéraire, fondant dès l'âge de quatorze ans unmagazine amateur pour publier ses textes.Malgré quelques nouvelles fantastiques paruesdans des supports spécialisés, son style poétiquene rencontre le succès qu'à la fin des années1940, avec la parution d'une série de nouvellesoniriques et mélancoliques, plus tard réunies sous le titre de Chroniques martiennes. Publié en 1953, Fahrenheit 451 assoit laréputation mondiale de l'auteur, et sera adapté au cinéma par François Truffauten 1966.

Bradbury aborde tout au long de son œuvre de nombreux genres : le romanpolicier avec La solitude est un cercueil de verre (1985), le fantastique avecL'Homme illustré (1951), le théâtre avec Café irlandais (1963), la poésie avec Pourles chiens c'est tous les jours Noël (1997), ou encore l'essai avec Le Zen dans l'artde l'écriture (1990). Il développe également son art du récit dans d'autresdomaines : le cinéma avec l'adaptation de Moby Dick pour laquelle il collaboreavec John Huston en 1956, et l'écriture de scénarios, pour la mythique sérietélévisée La Quatrième Dimension notamment.

Développant des thèmes volontiers antiscientifiques, Ray Bradbury s'estattiré les éloges d'une critique et d'un public non spécialisés, sensibles à sesvisions nostalgiques et à sa prose accessible.

Il meurt en juin 2012 à l'âge de quatre-vingt-onze ans.

La genèse de Fahrenheit 451

Mon travail est de préserver l'avenir. Fahrenheit 451imagine beaucoup de choses que je ne voulais pasvoir arriver.

Ray Bradbury

Un soir de l'année 1949, Ray Bradbury marche dans les rues de LosAngeles. Il se fait interpeller par un policier qui lui demande pourquoi il sepromène la nuit. Furieux, il rentre chez lui et écrit une nouvelle intitulée Le Piéton,dans laquelle il raconte l'internement d'un homme qui se promène à pied, pratiquejugée régressive dans la société futuriste à laquelle il appartient. Cette nouvelleporte en germe l'histoire de Fahrenheit 451, que Ray Bradbury rédige quelquestemps plus tard, en neuf jours, dans le sous-sol d'une bibliothèque de l'universitéde Los Angeles.

Ateliers proposés autour du projet

Atelier de sensibilisation

• Avant la pièce (1h30) : Entrainement à la prise de parole et à l’écoute,discussion autour des thèmes du spectacle (les nouvelles technologies, laliberté de pensée et d’expression, la place de l’art et de la littérature dansla société).

• Après la pièce (1h30) : Entrainement à la prise de parole et à l’écoute,débat autour de la pièce. Discussion autour de la dictature. Que penserdes personnages ? Qu’est-ce qui est juste ? Qu’est-ce que l’héroïsme ?Qu’est-ce que la révolte ? Quelle différence y a-t-il entre révolte etrésistance ?

Atelier « Hommes-livres »

Il s'agit de travailler sur le plaisir de partager un livre : le lire, le dire, lemettre en scène, le partager.

Cet atelier s’intègre dans un projet définit par l’enseignant et lespartenaires. Il se déroule sur une quinzaine d’heures d’intervention.

Atelier Jouer Fahrenheit

Il consiste à initier les élèves au théâtre à partir des scènes du spectacle.Travail ludique en échauffement et mise en jeu du texte.

Cet atelier s’intègre dans un projet définit par l’enseignant et lespartenaires. Il se déroule sur une trentaine d’heures d’intervention.

Atelier Battle

Les battles de mots font partie intégrante du spectacle, ce sont des joutesverbales et poétiques inspirées du théâtre, des traditions orales et laculture hip-hop (rap, break, slam…). Elles se déroulent sous formed’assauts où chaque combattant a pour armes des mots, des proverbes,des dictons, des expressions, des citations mais également des textes queles participants auront envie de partager.

En plus d’ouvrir l’imaginaire, de sensibiliser à la beauté du dire et dugeste, elles offrent un référentiel qui permet de travailler la confiance ensoi, le savoir-être et la cordialité grâce notamment aux codes de l’escrime(saluts, respect de l’arbitrage, loyauté, franchise, élégance, goût dupanache…). Chaque assaut devient ainsi une expérience où chacun peutdévelopper son éloquence et son goût de la langue. Cette atelier peutconcerner trois classes de collège/lycée (une classe par établissement) quis’opposeront lors d’un tournoi final qui se déroulera par exemple auThéâtre.

Cet atelier s’intègre dans un projet définit par l’enseignant et lespartenaires. Il se déroule sur une vingtaine d’heures d’intervention.

Pistes pédagogiques

Objets d'étude possibles :• En classe de 3ème - Agir dans la cité : individu et pouvoir

• En classe de 1ère - La question de l'Homme dans les genres de

l'argumentation

Pendant la lecture du roman

Séances - Objectifs etDurée

Supports, Modalités detravail et Activités

Compétencestravaillées

Carnet de lecture

Conserver la mémoire deslivres lus

(Temps de lecture de l'œuvreintégrale + 1 à 2 heures)

R. Bradbury, Fahrenheit 451

Travail individuel

Travail à la maison

Lire le roman et tenir uncarnet de lecture

Lire

Ecrire

Utiliser les réseauxsociaux

Faire vivre les personnages

(1 heure)


Travail individuel

Créer le profil Facebook outwitter d'un personnage

Mobiliser des outilsnumériques

Lire

Ecrire

Avant la pièce




Analyse de l'image

Trois couvertures deFahrenheit 451 : Décrire,

analyser, justifier ses choix

(1 heure)

Trois couvertures deFahrenheit 451

Travail en groupeChoisir une illustration et

justifier son choix

Travail individuelProduction d'une lettre del'éditeur à destination de

l'auteur

Lire des images

Débattre

Ecrire

Texte et adaptations (1)

Mettre en scène un extrait deroman

(2 heures)


Travail en groupe

Mise en scène d'un extrait deFahrenheit 451

Restitution

Rédaction d'un journal

S'exprimer à l'oral

Lire

Coopérer et réaliser desprojets

Ecrire

d'activité

Carnet de mise en scène

Approfondir le travail dumetteur en scène et justifier

ses choix

(3 heures)


Travail en groupe

Production d'un carnet demise en scène

Présentation du carnet dugroupe devant la classe

Ecrire




Découvrir des adaptations duroman de Ray Bradbury

(1 heure)

T. Hamilton, Fahrenheit 451F. Goetz et J. Sonntag,

Fahrenheit 451F. Truffaut, Fahrenheit 451

Travail individuel ou enbinôme

Lecture comparée et lecturede l'image

Mise en commun

Lire

Fréquenter des œuvresd'art

Ecrire


Le procès de Montag

Produire un texteargumentatif, convaincre un

auditoire

(1 heure 30)


Travail en groupeEcriture d'une plaidoirie ou

d'un réquisitoirePréparation d'un rapporteur

Mise en commun sous formede jeu de rôle : la mise enscène du procès de Montag

Ecrire



Après avoir vu la pièce




Exprimer son point devue sur la pièce

Conserver la mémoire d'unspectacle vivant

(1 heure)

Travail individuel

Rédaction d'une fiched'observation

Mise en commun

Fréquenter des œuvresd'art

Ecrire


Interviewer un metteuren scène

Rencontrer un metteur enscène

(2 heures)

Travail en groupe

Rédaction d'un questionnaireà destination d'un metteur en

scène de la pièce

Interview d'un metteur enscène

Participer à deséchanges

Ecrire


Carnet de lecture

Activité 1 : Pendant la lecture du roman de Ray Bradbury, vous allez tenir uncarnet de lecture de manière à conserver la mémoire de votre rencontre avec celivre, ses personnages, les questions qu'il soulève, les émotions qu'il suscite, etc...

Ce carnet de lecture vous est personnel : vous pouvez choisir son format etle décorer selon votre goût. Vous pouvez le réaliser sur un support physique ounumérique.

Vous commencerez par noter le titre du livre, le nom de l'auteur, du ou destraducteurs (ainsi que la langue d'origine si le livre est traduit), de l'éditeur, la datede publication et le nombre de pages.

Vous mentionnerez ensuite le genre du livre (roman, recueil de poèmes,pièce de théâtre...) et son thème (amour, amitié, aventure, enquête policière,anticipation...).

Vous préciserez alors les informations principales concernant cetteœuvre.

Pour un roman :

• Le narrateur est ... (un personnage de l'histoire, un narrateur extérieur)

• Les principaux personnages sont ...• L'action se déroule à/en (lieu), au (siècle).• Le livre raconte l'histoire de ... (bref résumé)

Vous prendrez soin de personnaliser vos notes :

• Notez les circonstances dans lesquelles vous avez lu ce livre : à lacampagne, à la plage, un jour de pluie, à la maison, en classe...

• Recopiez vos passages préférés : mots, phrases, passages quivous ont plu, ému(e) ou fait réfléchir. Expliquez pourquoi.

• Notez quels sont vos personnages préférés... et ceux que vousdétestez !

• Donnez une appréciation et précisez pourquoi (personnages,thème, intrigue, écriture...)

• Exprimez-vous avec des icônes (smiley, cœurs, étoiles...) ou notezvotre lecture sur 10.

• Qualifiez le livre par un adjectif : passionnant, captivant, triste,sentimental, ennuyeux, difficile, amusant...

• Ajoutez des dessins, des collages, des photographies.• Précisez à quels autres livres ou à quels films votre lecture vous a

fait penser.

Utiliser les réseaux sociaux

Activité complémentaire : Vous pouvez créer le profil Facebook ou Twitter del'un des personnages du roman.

Vous commencerez par créer une adresse mail (gmail, free, outlook...) aunom du personnage que vous avez choisi (ex : [email protected]).

Vous créerez ensuite un profil d'utilisateur au nom de ce même personnage.Vous prendrez soin de le doter d'une photographie de profil, de proposer desinformations en cohérence avec le personnage et de poster au moins 10contributions (images, textes, vidéos partagées...) pertinentes (citations dupersonnage dans le roman, images en lien avec sa personnalité...).

mailto:[email protected]

Analyse de l'image

Trois couvertures de Fahrenheit 451 : décrire, interpréter, justifier ses choix

Image 1 : R. Bradbury, Fahrenheit 451,Ballantine Books, 1953

Image 2 : R. Bradbury, Fahrenheit 451

Image 3 : R. Bradbury, Fahrenheit 451, Simon &Schuster, 2012

Activité 2 : Si vous étiez un éditeur de récits de Science Fiction, laquelle de cestrois couvertures choisiriez-vous pour publier le roman de Ray Bradbury ? Expliquezpourquoi.

Exercice d'écriture possible : L'éditeur de Ray Bradbury lui écrit pour proposerune couverture au roman. Rédigez cette lettre, choisissez une illustration parmi lestrois images ci-dessus et justifiez vos choix.


Texte 1 : Ray Bradbury, Fahrenheit 451, 1953

Les feuilles d'automne voletaient au ras du trottoir baigné de lune, donnant

l'impression que la jeune fille qui s'y déplaçait, comme fixée sur un tapis roulant, se

laissait emporter par le mouvement du vent et des feuilles. La tête à demi penchée

vers le sol, elle regardait ses chaussures rompre le tourbillon des feuilles. Elle avait

un visage menu, d'un blanc laiteux, et il s'en dégageait une espèce d'avidité sereine,

d'inlassable curiosité pour tout ce qui l'entourait. Son expression suggérait une vague

surprise, ses yeux sombres se fixaient sur le monde avec une telle intensité que nul

mouvement ne leur échappait. Sa robe blanche froufroutait. Il crut presque entendre

le balancement de ses mains tandis qu'elle avançait, puis ce son infime, l'éclair blanc

de son visage qui se tournait au moment où elle découvrit, planté au milieu du

trottoir, tout près, un homme qui attendait.

Au-dessus d'eux, les arbres laissèrent bruyamment tomber leur pluie sèche. La

jeune fille s'arrêta, au bord semblait-il, d'un mouvement de recul dû à sa surprise

mais il n'en fut rien ; immobile, elle fixait sur Montag des yeux si noirs, si brillants, si

pleins de vie qu'il eut l'impression d'avoir dit quelque chose d'extraordinaire. Mais il

savait que ses lèvres n'avaient bougé que pour lancer un vague salut, et lorsqu'il la

vit comme hypnotisée par la salamandre sur son bras et le cercle au phénix sur sa

poitrine, il reprit la parole.

« Mais bien sûr, dit-il, vous êtes nouvelle dans le voisinage, n'est-ce pas ?

– Et vous devez être... » Elle détacha ses yeux des insignes professionnels.

« ... le pompier. » Sa voix s'éteignit.

« Vous avez dit ça d'une drôle de voix.

– Je... je l'aurais deviné les yeux fermés, dit-elle posément.

– Ah... l'odeur du pétrole ? Ma femme s'en plaint tout le temps, dit-il en riant.

Impossible de la faire disparaître complètement.

– Effectivement », fit-elle intimidée.

Il avait l'impression qu'elle tournait autour de lui, l'examinant sur toutes les

coutures, le secouait calmement, vidait ses poches, sans qu'elle eût à effectuer le

moindre mouvement.

« Le pétrole, dit-il pour rompre le silence qui se prolongeait, ce n'est rien

qu'un parfum pour moi.

– Vraiment ?

– Absolument. Pourquoi pas ? »

Elle s'accorda un instant de réflexion. « Je ne sais pas. » Elle regarda le

trottoir dans la direction de leurs maisons. « Ça ne vous dérange pas si je m'en

retourne avec vous ? Je m'appelle Clarisse McClellan.

– Clarisse. Guy Montag. Allons-y. Qu'est-ce que vous fabriquez dehors à une

heure aussi tardive ? Quel âge avez-vous ? »

Ils avançaient sur le trottoir argenté dans la nuit où soufflaient à la fois le

chaud et le frais. [...] Il n'y avait plus maintenant que la jeune fille marchant à ses

côtés, le visage brillant comme neige dans le clair de lune, et il savait qu'elle

réfléchissait à ses questions, cherchant les meilleures réponses à lui donner.

Ray Bradbury, Fahrenheit 451, 1953,traduction de J. Chambon et H. Robillot, 1995

Activité 3 : Adaptez cet extrait en le jouant comme une scène de théâtre.

Si vous avez besoin d'aide :

• Par groupes de trois, définissez les rôles de chacun : un metteur enscène guidera les comédiens (en leur indiquant où se placer, quelsaccessoires utiliser, quel ton adopter, etc...), et deux comédiensjoueront Clarisse et Montag.

• Relisez attentivement le texte et sélectionnez les passages de discoursdirect qui constitueront votre texte.

• Prêtez attention aux détails du texte qui peuvent vous donner desindications sur le rythme du dialogue, le ton, l'attitude, etc...

• Vous pouvez également choisir d'adapter le texte si vous le jugez utile.

Pour mémoire :

Le discours direct rapporte les paroles des personnages, comme s'ils

se parlaient devant le lecteur. On l'introduit le plus souvent à l'aide d'un verbe

de parole conjugué au temps du récit et des deux points suivis des guillemets :

Il reprit la parole : « Mais bien sûr... Vous êtes nouvelle dans le voisinage,

n'est-ce pas ? »

Il renforce l'aspect vivant du dialogue et accentue ainsi son réalisme.

Journal d'activité

Ce que je devais faire :

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Mon groupe :La manière dont nous nous sommes organisés :Mon rôle dans la réalisation de l'activité :

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Les problèmes que j'ai rencontrés :Les questions que je me suis posées :Les solutions que j'ai trouvées :

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Ce que j'ai aimé :

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Ce que je n'ai pas aimé :

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Carnet de mise en scène

Activité 4 : Vous êtes metteur en scène et on vous a confié la mise en scène de la rencontre de Montag et de Clarisse. Vous produirez un carnet de mise en scène destiné aux acteurs et aux techniciens du théâtre, et un texte présentant de manière synthétique vos choix afin de les justifier auprès du directeur du théâtre.

Votre travail doit comporter des indications sur le jeu des acteurs (intentions, gestes, déplacements), mais aussi sur les éclairages, les bruitages, le décor, les accessoires, les costumes. Par conséquent, vous fournirez à l'intérieur de ce carnet un schéma de l'espace scénique.

Votre travail peut être réalisé sur support physique ou numérique.

Modèle de carnet de mise en scène :

Titre de la scène

+

Illustration

Page 1

Le personnage de Montag

Portrait du comédien(illustration)

+

Justification

Costume et accessoires(illustrations)

Pages 2 et 3

Le personnage de Clarisse

Portrait de la comédienne(illustration)

+

Justification

Costume et accessoires(illustrations)

Pages 4 et 5

Le décor

Illustration

Les accessoires

Illustrations

Pages 6 et 7

Propositions de mise en scène

(ton, gestes, déplacements, éclairage,ambiance sonore, bruitages, etc...)

Répliques des personnages

(Présentées à la manière d'un textethéâtral)

Pages 8 et 9

Schéma de l'espace scénique Synthèse à l'intentiondu directeur du théâtre

I. Décor

II. Objets et accessoires

III. Eclairages et bruitages

IV. Costumes et accessoires despersonnages

V. Effets recherchés

Pages 10 et 11


Activité 5 : Lisez les deux adaptations ci-dessous (image 4 et texte 2) etvisionnez l'extrait du film de François Truffaut (vidéo 1).

1. Dans chacune des trois propositions, qu'est-ce qui vous semble fidèleau texte d'origine ?

2. Qu'est-ce qui s'en distingue ?3. Comment l'expliquez-vous ?

Image 4 : Tim Hamilton, Fahrenheit 451, 2009

Texte 2 : F. Goetz et J. Sonntag d'après l'œuvre de Ray Bradbury, Fahrenheit 451, 2018

4.(Une rue près d'un boulevard périphérique, panneaux publicitaires au loin, bruit de laville au loin.)

BANDEAU D'AFFICHAGE. – Mardi 27/10. 23:07. Attention vitesse minimum : 180

km/h. Risque d'averses. 77°F. => 10e Avenue : 15 minutes.

CLARISSE entre. Temps.

CLARISSE. – Il n'y a jamais personne dans ces rues. Nous sommes les seuls ici...

MONTAG. – Vous êtes la nouvelle voisine, non ?

CLARISSE. – Oui... Et vous devez être... le pompier.

MONTAG. – Vous avez dit ça d'une drôle de voix.

CLARISSE. – Je... je l'aurais deviné les yeux fermés.

MONTAG. – Ah... l'odeur du pétrole ? Ma femme s'en plaint tout le temps. Impossiblede la faire disparaître complètement.

CLARISSE. – Effectivement.

MONTAG. – Le pétrole, c'est comme un parfum pour moi.

CLARISSE. – Vraiment ?

MONTAG. – Absolument. Pourquoi pas ?

CLARISSE. – Je ne sais pas. Ça ne vous dérange pas si je rentre avec vous ? Jem'appelle Clarisse McClellan.

MONTAG. – Guy Montag. Allons-y. Qu'est-ce que vous faites dehors à cette heure-là ?

F. Goetz et J. Sonntag d'après l'œuvrede Ray Bradbury, Fahrenheit 451, 2018

Vidéo 1 : François Truffaut, Fahrenheit 451, 1966

Scène de la rencontre entre Montag et Clarisse : de 7'48 à 13'37

Le procès de Montag

Texte 3 : Ray Bradbury, Fahrenheit 451, 1953

Beatty lui assena un coup sur le crâne qui le fit trébucher en arrière. La balle

verte dans laquelle la voix de Faber murmurait ses adjurations tomba sur le trottoir.

Beatty s'en empara, un grand sourire aux lèvres. Il l'approcha de son oreille.

Montag entendit la voix lointaine qui l'interpellait. « Montag, ça va ? »

Beatty coupa le contact et fourra la balle verte dans sa poche. « Eh bien... ça

va plus loin que je ne pensais. Je t'ai vu pencher la tête, l'air d'écouter quelque

chose. D'abord j'ai cru que c'était un Coquillage. Mais quand tu t'es mis à jouer les

petits malins un peu plus tard, je me suis interrogé. On va remonter à la source et

coincer ton petit copain.

– Non ! » fit Montag.

Il libéra le cran de sûreté du lance-flammes. Le regard de Beatty se fixa

aussitôt sur les doigts de Montag et ses yeux se dilatèrent légèrement. Montag y lut

de la surprise et baissa lui-même les yeux sur ses mains pour voir ce qu'elles avaient

encore fait. En y repensant plus tard, il ne parvint jamais à décider si c'étaient ses

mains ou la réaction de Beatty à leur mouvement qui lui avait donné le coup de

pouce final sur la voie du meurtre. Le dernier roulement de tonnerre de l'avalanche

qui avait grondé à ses oreilles, sans le toucher.

Beatty arbora son sourire le plus charmeur. « Ma foi, voilà un bon moyen de

s'assurer un public. Mettre un homme en joue et le forcer à vous écouter. Fais-nous

ton petit laïus. Qu'est-ce que ce sera cette fois ? Pourquoi ne pas me sortir du

Shakespeare, pauvre snobinard d'opérette ? "Je ne crains pas tes menaces, Cassius,

car ma probité me fait une telle armure qu'elles passent sur moi comme un vent

futile auquel je ne m'arrête point !" Qu'en dis-tu ? Allez, vas-y, littérateur d'occasion,

presse la détente. » Il fit un pas vers Montag.

Qui déclara simplement : « Nous n'avons jamais brûlé ce qu'il fallait...

– Donne-moi ça, Guy », dit Beatty sans se départir de son sourire.

Puis il ne fut plus qu'une torche hurlante, un pantin désarticulé, gesticulant et

bafouillant, sans plus rien d'humain ni de reconnaissable, une masse de flammes qui

se tordait sur la pelouse tandis que Montag continuait de l'arroser de feu liquide. Il y

eut un sifflement pareil à celui d'un jet de salive lancé sur un poêle chauffé au rouge,

un grouillement de bulles, comme si l'on venait de saupoudrer de sel un monstrueux

escargot noir pour lui faire dégorger l'horreur d'une écume jaunâtre.

Montag ferma les yeux, se mit à hurler et se débattit pour plaquer ses mains

sur ses oreilles. Beatty se contorsionnait interminablement. Enfin il se recroquevilla

comme une poupée de cire carbonisée, s'immobilisa, et le silence se fit.

Ray Bradbury, Fahrenheit 451, 1953,traduction de J. Chambon et H. Robillot, 1995

Activité 6 : Interrogez-vous sur le geste de Guy Montag et mettez en scène sonprocès.

Choisissez soit de défendre Montag, soit d'essayer de le faire condamner.

Vous écrirez donc soit la plaidoirie de son avocat, soit le réquisitoire duprocureur.

Vous choisirez parmi vous un rapporteur.Ce rapporteur prononcera votre réquisitoire ou plaidoirie devant la classe.

Si vous avez besoin d'aide :

• Commencez par un bref rappel des faits.• Développez et illustrez au moins trois arguments qui défendent votre

point de vue.• Classez ces arguments par ordre d'importance, de celui qui vous

semble le moins important jusqu'à celui qui vous semble le plus fort.• Utilisez les procédés d'écriture qui permettent de convaincre ou

d'émouvoir (anaphore, question rhétorique, accumulation, antithèse,hyperbole...).

• Rappelez vos principaux arguments dans votre conclusion et n'hésitezpas à interpeller le président du tribunal au moment d'achever votreplaidoirie/réquisitoire.

Pistes pour des sujets de réflexion :

• Pourquoi les gens qui lisent sont-ils dangereux ?

• En quoi les réseaux sociaux nous éloignent plus qu'ils ne nous rapprochent ?(cf. fenêtres allumées chez Clarisse pp. 21-221)

• Et vous, quel livre choisiriez-vous de sauver/devenir ? Pourquoi ? (cf. pp.176-177)

1 "Classico Lycée", Edition Belin/Gallimard, 2011

Exprimer son point de vue sur la pièce

Activité 7 : Vous choisirez deux moments différents de la pièce et, pour chacun deces moments, vous complèterez la fiche d'observation ci-dessous.

Moment ... : ..........................................................................................................................

Ce que j'ai vu :

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Ce que j'ai entendu :

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Ce que j'ai ressenti :

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Les questions que ça m'a posées :

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Ce que j'ai compris :

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Ce que le metteur en scène a voulu exprimer selon moi :

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Ce que j'en pense :

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Ce que j'ai aimé :

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Ce que je n'ai pas aimé :

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Interviewer un metteur en scène

Activité 8 : Vous êtes journaliste et vous préparez un article sur l'adaptation deFahrenheit 451 au théâtre. Vous allez rencontrer l'un des metteurs en scène decette pièce. Quelles questions allez-vous lui poser ?

Préparez 10 questions destinées à Florian Goetz ou Jérémie Sonntag. Voustiendrez compte pour cela de vos connaissances sur le travail du metteur en scène.

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Dossier pédagogique - document.theatresaintmaur.comdocument.theatresaintmaur.com/179/179/supports/27810/catDoc291/... · l’expérience ambivalente du doute, origine de la pensée