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DP - La naissance, une révolution !

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Jusqu'aux années 30, la naissance était une affaire de femmes. L'Etat va ensuite la confier aux médecins, dans le cadre de l'hôpital. Méthodes & théories vont se succèder ou s'opposer, suscitant de vifs débats d'ordre politique mais surtout moral, religieux et idéologique. Car si le sujet de la naissance touche au religieux, il touche aussi aux droits de la femme. Pour les féministes des années 70, occupées à émanciper la femme du « devoir » d'enfanter, la priorité n'est pas aux chantiers de la maternité. Aujourd'hui, pourtant, une femme sur quatre - soit 200 000 femmes par an - déclare souhaiter vivre son accouchement «autrement». Cette histoire de la naissance, très singulière et riche en rebondissements, nous permettra de mieux comprendre les enjeux contemporains qui se jouent aujourd'hui.

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La naissance, une révolution !

Synopsis La naissance, en France a connu des révolutions comme nul autre pays au monde. Pour la première fois, le film nous raconte cette histoire en archives, de « l'Accouchement sans douleur » - ASD - de Fernand Lamaze à la « Naissance sans violence » de Frederick Leboyer, des expérimentations des années 70 à la péridurale... Quatre-vingts ans d'une histoire qui commence dans les années 30, lorsque l'Etat confie aux médecins dans le cadre de l'hôpital, la mission de lutter contre la mortalité infantile. Une formidable avancée, qui est aussi l'histoire d'une dépossession progressive pour les femmes d'une expérience intime. Le film s’appuie sur des archives exceptionnelles qui jalonnent cette histoire de la naissance. Des home-movies des années 30 aux films scientifiques des années 50, mais aussi des films de cinéastes comme « Julien, maternité des Lilas » de Gilles Nadeau et Marie-Noël de Rio, 1969, « Regarde, elle a les yeux grand ouverts » de Yann Le Masson, « Les premiers jours de la vie » de Claude Edelmann, 1972 et « Naissance » de Frédérick Leboyer, 1975. Les intervenants choisis ont été pour la plupart témoins et acteurs de cette histoire, une historienne, Yvonne Knibiehler, des obstétriciens Frederick Leboyer, Max Ploquin, Paul Cesbron, Pierre Boutin, des sages-femmes et bien sûr des mères.

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La naissance, une révolution !

Note d’intention du réalisateur Tout au long du 20e siècle, les scientifiques se sont pressés comme jamais auparavant autour du lit de la femme enceinte; innovations scientifiques, appareillages, méthodes & théories se succèdent ou s’opposent. C’est au moment où la naissance quitte la sphère privée et familiale et rejoint la sphère publique, confiée aux médecins dans le cadre de l’hôpital, qu’elle devient comme jamais un enjeu politique mais surtout moral, religieux et idéologique. Elle sera alors agitée par des révolutions successives qui suscitent de vifs débats. Si l’argument démographique permet de comprendre pourquoi l’État Providence s’est mis aux commandes du monde de la naissance laissant à ses « agents » les pleins pouvoirs au nom de la raison supérieure de la Nation, il n’explique pas pourquoi le sujet déchaîna par la suite autant les passions. Il suffit de voir à l’époque (et aujourd’hui !) la réaction provoquée parfois par la seule évocation du nom de Frederick Leboyer, auteur de « Pour une naissance sans violence » (1973) pourtant chef de clinique en obstétrique et en chirurgie, pour comprendre que cette histoire touche notre société au cœur. Le sujet de la naissance touche au religieux, il touche aussi aux droits de la femme. Il y a peu de questions qui réunissent mais aussi ne divisent autant les féministes que celles de la naissance et de l’accouchement. C’est encore le regard historique qui nous éclaire et nous affranchit de tout jugement. Pour les féministes des années 70, occupées à émanciper la femme du « devoir » d’enfanter, la priorité n’est pas aux chantiers de la maternité et de l’accouchement mais aux combats nécessaires pour le droit à une libre sexualité, à la contraception, à l’avortement. La médicalisation qui assoit son emprise ne trouve que peu d’opposantes. La disparition de la souffrance par l’usage généralisé de la péridurale est considérée comme une victoire définitive. Aujourd’hui, pourtant, une femme sur quatre - soit 200 000 femmes par an - déclare souhaiter vivre son accouchement «autrement». Cette histoire de la naissance, très singulière et riche en rebondissements, nous permettra de mieux comprendre les enjeux contemporains qui se jouent aujourd’hui. Jusqu’où la médicalisation est-elle profitable, sécurisante ? Quand peut-elle devenir intrusive, dangereuse, humiliante ? Jusqu’où accéder aux demandes d’une femme quant à son accouchement ? Et quel interlocuteur est plus légitime à lui répondre ? Quels types de structures de naissances faut-il favoriser aujourd’hui ? De grands centres hospitaliers hyper-médicalisés, des petites maternités de proximité ou des Maisons de Naissances ? Il s’agit donc d’un film historique mais en lien constant avec les préoccupations d’aujourd’hui. Un film qui nous concerne, parents et futurs parents aussi bien qu’enfants de nos parents. Un film qui suit les progrès de la médecine et de la science mais aussi et peut-être surtout les partis pris de notre civilisation. Franck Cuvelier Franck Cuvelier réalise depuis plus de vingt ans des films pour les chaines hertziennes françaises. Parmi les plus récents, « Du rififi en mer de chine » France 5 (52’), « Montagnards oubliés » France 5 (52’), « Edernac, un magicien » soirée théma Arte (52’), « Konrad Lorenz, un éthologue parmi les hommes » France 5 (52’), « Les hommes de la Reine », feuilleton documentaire sur le Queen Mary 2, Arte (5x26’), « Il vole avec les oies » France 3, Canal+ (52’), Stan Getz – People Time, Arte (60’).

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La naissance, une révolution ! Résumé Jusqu'aux années 30, la naissance était une affaire de femmes. Mais dans l'entre-deux-guerres, le nombre de décès dépasse le nombre de naissances. L'accouchement devient une affaire d'État. Les naissances auront désormais lieu à l'hôpital, un monde de médecins, donc d’homme. Dès lors, ceux-ci vont prendre en main tout ce qui a trait à la naissance. Ils en sont encore aujourd’hui, en grande partie, les maitres d’œuvres. En 1952, après un voyage en URSS, le docteur Lamaze, obstétricien de renom met au point à la clinique des Métallos de la rue des Bluets à Paris, l’accouchement « sans douleur ». Dans le contexte de la guerre froide, cette pratique « soviétique » est combattue par les médecins et les conservateurs. Néanmoins, elle rencontre un grand succès. En moins de dix ans, l’accouchement sans douleur s’installe dans la vie quotidienne des françaises. Dans les années 1960, la contraception devient légale et les femmes ont moins d’enfants. L’accouchement sans douleur, dont les séances de préparation sont remboursées par la Sécurité Sociale, est pratiqué formellement dans tous les lieux où l’on accouche. D’autres méthodes commencent à être pratiquées pour aider la femme à mieux accoucher, comme la sophrologie, le yoga, le chant prénatal ou l’haptonomie. Avec l’ASD, le père entre pour la première fois dans la salle de naissance. Sa présence, d’abord rare, se généralise avec les jeunes générations de la fin des années ’60. Les années 70 marque le triomphe de l’accouchement hospitalier, médicalisé. Péridurale, césariennes, déclenchement de l’accouchement, c’est le progrès ! Mais en 1975, le docteur Frédérick Leboyer publie « Pour une naissance sans violence » qui connaît un immense succès dans le monde entier : l’ouvrage propose de cesser de s’intéresser uniquement à la mère pour regarder le nouveau-né qui doit être accueilli avec douceur et respect, comme une véritable personne. À chaque ville de France et d’Europe, « sa » clinique où l’on accouche « Leboyer ». Depuis les années 1980, la lutte contre la douleur dans l’accouchement revient au premier plan et aboutit à la généralisation de la péridurale. La France est aujourd’hui un des pays au monde qui pratique le plus cette forme d’accouchement « sans douleur ». La péridurale, qui a été certainement un progrès pour la plupart des femmes, a entraîné insensiblement une grande médicalisation de la naissance : branchée à un monitoring, perfusée avec du Syntocinon, souvent laissée seule, la femme en travail n’est plus libre d’aller et venir. De plus, le regroupement en grosses maternités de plus de 4000 naissances/an, en « usines à bébés », les maternités de proximité, renforce cette « nécessaire » organisation quasi industrielle de la naissance. Ces conditions de naissance, considérées comme sécurisées par le pouvoir médical, sont souvent mal vécues par les femmes. À partir de janvier 2012, la case INFRAROUGE, le rendez-vous documentaire

de France 2, est diffusé le mardi soir en deuxième partie de soirée.