2
I 32 I n° 692 Juin 2009 RLF technique / contrôle - hygiène DÉPISTAGE D’ANTIBIOTIQUES Les tests rapides comparés à la méthode officielle Le Cniel publie les conclusions d’une étude comparative entre les tests rapides et la méthode officielle de détection des résidus d’antibiotiques. Le rapport présente une synthèse des essais. L es tests rapides de dépis- tage des résidus d’anti- biotiques dans le lait donnent-ils des résultats concor- dants par rapport à ceux obte- nus par la méthode officielle ? Après une étude comparative sur 1 200 échantillons, le Cniel communique ses conclusions, en revenant auparavant sur les motivations de son travail : « Nous avons entrepris cette étude suite à l’accord sur la prise en charge des citernes détectées positives. Depuis le 1 er janvier 2008, une conven- tion entre producteurs et trans- formateurs fixe les modalités d’analyse, de destruction et d’in- demnisation des citernes concer- nées. S’agissant des contrôles, elle prévoit que tout lait donné positif par un test rapide à l’usine soit analysé, pour confir- mation, par la méthode officielle dans un laboratoire interpro- fessionnel. Et c’est pourquoi beaucoup ont souhaité que nous évaluons le risque de discor- dance », explique Anne Pécou, au Cniel. SIX TEST RAPIDES DE DÉPISTAGE Au total, six tests rapides de dépistage des bétalactames et/ou des tétracyclines ont été évalués dans le cadre de l’étude: le Twinsensor (Euralam), le Charm Rosa 3 minutes, le Charm Rosa 8 minutes (CHARM Sciences), le Beta Star (Chr Hansen), le Snap Béta et le Snap Tétra (Idexx). Des tests alternatifs qu’il s’agissait donc de comparer au test offi- ciellement reconnu dans le cadre du paiement du lait à la qualité : le CMT (DSM). Les essais se sont déroulés selon une méthodologie soigneuse- ment définie par le Cniel. « Nous visions l’obtention de 600 résultats pour chaque test. Et pour favoriser l’observation de cas positifs, nous avons sélec- tionné les échantillons de manière ciblée, en retenant sys- tématiquement les laits donnés positifs par une source quelle qu’elle soit. Nous avons aussi intégré des échantillons préle- vés de façon aléatoire, mais en moindre proportion », ajoute Anne Pécou. Etalés de juin à décem- bre 2008, les essais ont été répartis entre huit laboratoires interprofessionnels. Les labo- ratoires Labilait, Lial MC, Lil- Ils s’appellent Chr Hansen, Euralam, Charm Sciences ou Idexx. Tous sont fournisseurs de tests rapides et accueillent d’un bon œil l’étude du Cniel. Pour Nicole Malarre chez Euralam, « cette étude va contribuer à une meilleure reconnaissance des tests rapides et prouve que les cas de discordance sont exceptionnels. » Atten- tion toutefois, relève Laurent Depeire chez Idexx : « Les essais ont ici été confiés à du personnel de laboratoire alors qu’en condi- tions réelles, les contrôles sont faits par du personnel sans tech- nicité particulière. » « Il faut se replacer en contexte d’utilisation à l’usine: autant que la sensibilité et la spécificité du test, c’est aussi sa robustesse qui compte », renchérit Jean-Louis Tetas chez Chr Hansen. Quant à savoir si l’étude du Cniel va changer la donne commerciale, les fournisseurs répondent que le partage du mar- ché reste jusqu’à présent stable. lab et Visiolac ont mis en œuvre les tests Twinsensor, Charm Rosa 3 minutes et Charm Rosa 8 minutes tandis que les labo- ratoires Analis, LDA, l’Urcil et Uriane ont mis en œuvre les tests Beta Star, Snap Béta et Snap Tétra. Chaque échantillon a fait l’objet d’un dépistage par test rapide et d’une détection par test officiel, détection suivie en cas de résultat positif par deux confirmations sur géloses au Bacillus stearothermophilus et Bacillus subtilis, comme le veut la méthode officielle com- plète. UN RAPPORT DE 75 PAGES Au terme de ces essais, le Cniel publie un rapport de 75 pages disponible sur simple demande. « Nous n’avons pas voulu met- tre en avant un test plutôt qu’un autre », commente Anne Pécou pour qui « les kits étudiés glo- balement se valent ». Dans son rapport, le Cniel dresse toute- fois un classement des tests rapi- des permettant d’être au plus proche du test officiel. Même chose pour d’autres objectifs pouvant être recherché par les utilisateurs comme détecter le moindre positif, trouver au mieux les résultats positifs à la méthode officielle complète, limiter les positifs qui seront négatifs à la méthode officielle ou être au plus proche des méthodes traditionnelles sur gélose. Dans le rapport du Cniel, on trouve par ailleurs des appréciations sur la praticité des tests rapides. Ces derniers sont par exemple notés sur la clarté des protocoles indiqués, la faci- lité de maîtrise du temps d’ana- lyse ou la simplicité de lecture des résultats. Des critères qui ont aussi leur importance dans le choix de tests utilisés au quo- tidien par du personnel non spécialisé. HANNE-LYS MEYER CHIFFRES CLÉS 6 tests rapides évalués 600 résultats visés pour cha- que test 8 laboratoires interprofes- sionnels impliqués dans les essais 75 pages de rapport 5 critères de classement RÉACTION DES FOURNISSEURS Selon le Cniel, les kits étudiés se valent globalement. DR

DÉPISTAGE D’ANTIBIOTIQUES Les tests rapides …I32I n 692 Juin 2009 RLF technique/contrôle - hygiène DÉPISTAGE D’ANTIBIOTIQUES Les tests rapides comparés à la méthode officielle

  • Upload
    others

  • View
    4

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

I 32 I n° 692 Juin 2009 RLF

technique / contrôle - hygiène

DÉPISTAGE D’ANTIBIOTIQUES

Les tests rapides comparés à la méthode officielleLe Cniel publie les conclusions d’une étude comparative entre les tests rapides et la méthode officielle de détection des résidus d’antibiotiques. Le rapport présente une synthèse des essais.

Les tests rapides de dépis-tage des résidus d’anti-biotiques dans le lait

donnent-ils des résultats concor-dants par rapport à ceux obte-nus par la méthode officielle?Après une étude comparativesur 1200 échantillons, le Cnielcommunique ses conclusions,en revenant auparavant sur lesmotivations de son travail :« Nous avons entrepris cetteétude suite à l’accord sur laprise en charge des citernesdétectées positives. Depuis le1er janvier 2008, une conven-tion entre producteurs et trans-formateurs fixe les modalitésd’analyse, de destruction et d’in-demnisation des citernes concer-nées. S’agissant des contrôles,elle prévoit que tout lait donnépositif par un test rapide àl’usine soit analysé, pour confir-mation, par la méthode officielledans un laboratoire interpro-fessionnel. Et c’est pourquoibeaucoup ont souhaité que nousévaluons le risque de discor-dance », explique Anne Pécou,au Cniel.

SIX TEST RAPIDES DEDÉPISTAGEAu total, six tests rapides dedépistage des bétalactameset/ou des tétracyclines ont étéévalués dans le cadre de l’étude:le Twinsensor (Euralam), leCharm Rosa 3 minutes, leCharm Rosa 8 minutes(CHARM Sciences), le BetaStar (Chr Hansen), le Snap Bétaet le Snap Tétra (Idexx). Destests alternatifs qu’il s’agissaitdonc de comparer au test offi-ciellement reconnu dans le

cadre du paiement du lait à laqualité : le CMT (DSM). Lesessais se sont déroulés selonune méthodologie soigneuse-ment définie par le Cniel.« Nous visions l’obtention de600 résultats pour chaque test.Et pour favoriser l’observationde cas positifs, nous avons sélec-tionné les échantillons demanière ciblée, en retenant sys-tématiquement les laits donnéspositifs par une source quelle

qu’elle soit. Nous avons aussiintégré des échantillons préle-vés de façon aléatoire, mais enmoindre proportion », ajouteAnne Pécou.Etalés de juin à décem-bre 2008, les essais ont étérépartis entre huit laboratoiresinterprofessionnels. Les labo-ratoires Labilait, Lial MC, Lil-

Ils s’appellent Chr Hansen, Euralam, Charm Sciences ou Idexx.Tous sont fournisseurs de tests rapides et accueillent d’un bon œill’étude du Cniel. Pour Nicole Malarre chez Euralam, « cette étudeva contribuer à une meilleure reconnaissance des tests rapides etprouve que les cas de discordance sont exceptionnels. » Atten-tion toutefois, relève Laurent Depeire chez Idexx: « Les essais ontici été confiés à du personnel de laboratoire alors qu’en condi-tions réelles, les contrôles sont faits par du personnel sans tech-nicité particulière. » « Il faut se replacer en contexte d’utilisation àl’usine: autant que la sensibilité et la spécificité du test, c’est aussisa robustesse qui compte », renchérit Jean-Louis Tetas chez ChrHansen. Quant à savoir si l’étude du Cniel va changer la donnecommerciale, les fournisseurs répondent que le partage du mar-ché reste jusqu’à présent stable.

lab et Visiolac ont mis en œuvreles tests Twinsensor, CharmRosa 3 minutes et Charm Rosa8 minutes tandis que les labo-ratoires Analis, LDA, l’Urcil etUriane ont mis en œuvre lestests Beta Star, Snap Béta etSnap Tétra.Chaque échantillona fait l’objet d’un dépistage partest rapide et d’une détectionpar test officiel, détection suivieen cas de résultat positif pardeux confirmations sur gélosesau Bacillus stearothermophiluset Bacillus subtilis, comme leveut la méthode officielle com-plète.

UN RAPPORT DE 75 PAGESAu terme de ces essais, le Cnielpublie un rapport de 75 pagesdisponible sur simple demande.« Nous n’avons pas voulu met-tre en avant un test plutôt qu’unautre », commente Anne Pécoupour qui « les kits étudiés glo-balement se valent ». Dans sonrapport, le Cniel dresse toute-fois un classement des tests rapi-des permettant d’être au plusproche du test officiel. Mêmechose pour d’autres objectifspouvant être recherché par lesutilisateurs comme détecter lemoindre positif, trouver aumieux les résultats positifs à laméthode officielle complète,limiter les positifs qui serontnégatifs à la méthode officielleou être au plus proche desméthodes traditionnelles surgélose. Dans le rapport duCniel, on trouve par ailleurs desappréciations sur la praticité destests rapides. Ces derniers sontpar exemple notés sur la clartédes protocoles indiqués, la faci-lité de maîtrise du temps d’ana-lyse ou la simplicité de lecturedes résultats. Des critères quiont aussi leur importance dansle choix de tests utilisés au quo-tidien par du personnel nonspécialisé. HANNE-LYS MEYER

CHIFFRES CLÉS

• 6 tests rapides évalués• 600 résultats visés pour cha-que test• 8 laboratoires interprofes-sionnels impliqués dans lesessais• 75 pages de rapport• 5 critères de classement

RÉACTION DES FOURNISSEURS

Selon le Cniel, les kitsétudiés se valentglobalement.

DR

RL692_32-33 14/05/09 15:54 Page 32

RLF n° 692 Juin 2009 I 33 I

technique / contrôle - hygiène

• Le Twinsensor BTExpress (fabricant : Uni-sensor ; distributeur : Eura-lam) est un test de dépistagesimultané des résidus debétalactames et de tétracycli-nes. Son champ couvre lecontrôle du lait de vachemais aussi de chèvre et debrebis, ce qui fait sa particu-larité. Il détecte la présenced’inhibiteurs grâce à deuxrécepteurs spécifiques desbétalactames pour l’un etdes tétracyclines pour l’au-tre. Après addition des réac-tifs, l’utilisateur doit intro-duire une bandelette dans lemélange réactionnel et pla-cer l’ensemble en incubationà 45 °C. Le résultat est dis-ponible 3 minutes plus tard :il se lit par comparaison àdes lignes de contrôles.

• Le Charm Rosa 3minutes et le CharmRosa 8 minutes (fabri-cant et distributeur : CharmSciences) sont deux varian-tes d’un test à récepteurimmunologique destiné àdétecter les résidus de béta-lactames et de tétracyclines.Ici, l’utilisateur doit déposerà plat une bandelette dansun incubateur à 55 °C, puisdistribuer l’échantillon dansune logette à cet effet. Pas-sés 3 ou 8 minutes selon letest, l’incubateur émet unbip de fin d’opération. Lesrésultats peuvent alors êtrelus par interprétationvisuelle.

• Le Béta Star (fabri-cant : Neogen ; distributeurChr Hansen) est le seul test

de dépistage d’antibiotiquesvalidé Afnor. Il permet ladétection des résidus debétalactames, famille d’anti-biotiques représentant à elleseule 60 % des moléculesutilisées en élevage laitier.Le Béta Star détecte la pré-sence d’inhibiteurs par lebiais d’un récepteur immu-nologique. Une fois l’échan-tillon pipeté et ajouté, l’utili-sateur doit agiter le flaconréactionnel et l’incuber à47 °C pendant 3 minutes.Reste alors à introduire unebandelette dans le tube etprocéder à une secondeincubation. Le test dure autotal 5 minutes : il estdonné positif ou négatif sui-vant l’intensité des bandesqui apparaissent sur la ban-delette.

• Le SNAP Béta et leSNAP Tétra (fabricant etdistributeur : Idexx) sontdeux tests complémentairesde détection des résidus debétalactames et des tétracy-clines. Leur particularité estde ne pas utiliser de bande-lettes de lecture mais des dis-positifs originaux conçuspour plus de robustesse.Chacun repose sur le prin-cipe d’une détection via uneprotéine réceptrice conju-guée spécifique. Le protocolese déroule en trois étapes :préparation du mélangeéchantillon + réactif, incuba-tion à 45 °C pendant 5 à 6minutes et enfin lecture desrésultats. Lecture qui se faitpar comparaison d’intensitéentre le spot échantillon etun spot témoin.

Les six kits étudiés

RL692_32-33 14/05/09 15:54 Page 33