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Dépression, suicide chez la personne âgée modalités de prise en charge Pierre VANDEL Service de Psychiatrie de l’Adulte, CHU de Besançon CIC-IT 808 Inserm EA 481 – Université de Franche-Comté

Dépression, suicide chez la personne âgée · • 2 948 personnes âgées de 65 ans ou plus décèdent par suicide en moyenne par an en France. • Le ratio TS/suicide réussi est

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  • Dépression, suicide chez la personne âgée

    modalités de prise en charge

    Pierre VANDELService de Psychiatrie de l’Adulte, CHU de Besançon

    CIC-IT 808 Inserm

    EA 481 – Université de Franche-Comté

  • • Données épidémiologiques chez les personnes âgées

    • Facteurs de risque

    • Dépression et suicide

    • Quelle prise en charge/prévention ?

    Risque suicidaire chez le sujet âgé́ et modalités de prise en charge

  • • Données épidémiologiques chez les personnes âgées

    • Facteurs de risque

    • Dépression et suicide

    • Quelle prise en charge/prévention ?

    Risque suicidaire chez le sujet âgé́ et modalités de prise en charge

  • 02/04/2019

  • Taux de suicide selon l’âge

    Les taux de suicides s’élèvent considérablement à mesure que l’âge augmente, mais différemment selon les sexes :• pour les plus de 85 ans, le taux de suicide est de 100,7 pour les hommes• il est de 15.3 pour les femmes

    (Taux brut pour 100 000 habitants/France période 2007-2009)

  • Taux de suicide selon l’âge en FC

  • Epidémiologie du suicide chez PA• Le taux de suicide augmente entre 65 et 75 ans

    – 31 pour 100 000

    • Selon l’OMS (Shah, 2011), les taux moyens de suicide des personnes âgées de 65 ans et + sont de :

    – 29,3/100 000 habitants pour hommes

    – 5/100 000 habitants pour femmes

    – 6 fois plus d’hommes !!!

    • 2 948 personnes âgées de 65 ans ou plus décèdent par suicide en moyenne par an en France.

    • Le ratio TS/suicide réussi est proche de 1

    – Chez les hommes, à partir de 65 ans, pratiquement toute tentative de suicide aboutit : une mort pour 1,2 tentatives.

    – Pour les femmes le rapport est d’un suicide avéré pour 3 tentatives.

    • 75% des P.A. qui commettent un suicide ont consulté leur médecin dans le mois qui précède leur mort.

  • • Données épidémiologiques chez les personnes âgées

    • Facteurs de risque

    • Dépression et suicide

    • Quelle prise en charge/prévention ?

    Risque suicidaire chez le sujet âgé́ et modalités de prise en charge

  • Facteurs de risque

  • • Comme chez la personne jeune, mais à fréquence plus élevée (60 à 90 % des cas), la dépression majeure est, chez le sujet âgé, le trouble psychiatrique le plus fortement associé : – Au suicide abouti (Turvey et al., 2002a ; Waern et al., 2003 ;

    Blow et al., 2004)

    – Aux tentatives de suicide (Alexopoulos et al., 1999 ; Bartelset al., 2002).

    • La dépression sévère constitue aussi, chez le sujet âgé, le plus gros pourvoyeur d’idées suicidaires (Links et al., 2011).

    Facteurs de risque

  • • Les troubles anxieux, l’abus ou la dépendance à l’alcool arrivent ensuite (Waern et al., 2003 ; Blow et al., 2004). – Ils augmentent considérablement le risque de décès par suicide

    chez la personne âgée.

    • La maladie somatique (Harwood et al., 2006 ; Paraschakis et al., 2012) augmente aussi le risque de suicide. – En particulier, quand elle est source de handicap ou

    de douleurs (Dombrovski et al., 2008b ; Hawton et van Heeringen, 2009). • L’isolement social ou affectif participent aussi au

    risque de conduites suicidaires à cet âge de la vie(Waern et al., 2003 ; Blow et al., 2004).

    Facteurs de risque

  • • Données épidémiologiques chez les personnes âgées

    • Facteurs de risque

    • Dépression et suicide

    • Quelle prise en charge/prévention ?

    Risque suicidaire chez le sujet âgé́ et modalités de prise en charge

  • Dépression et suicide• Autopsies psychologiques

    – Dépression X 20 RR de décès par suicide– la présence d’un syndrome dépressif est retrouvée dans

    environ 50 % des cas de suicide, tous âges confondus [Hardy P].

    • Dépression chez des sujets âgés décédés par suicide. – 75 % selon l’étude de Suominen– 82,4 % selon l’étude de Waerm

    • Risque de récidive +++

  • F. Casadebaig, D. Ruffin, A. Philippe « Le suicide des personnes âgées à

    domicile et en maison de retraite en France 1975-1995 » Rev Epidemio

    Sante Publique, 2003, 51 : 55-64

    • Risque accru de suicide associé à la maison de retraite• Surtout pour les femmes les plus jeunes• Risque majeur du veuvage chez les hommes• 2 moyens principaux, quel que soit le sexe

    – Pendaison (H 55 % F 35 %)– Précipitation (H 22 % F 33 %)

    • Rareté des armes à feu• Moindre fréquence qu’au domicile des intoxications

    Dans l’étude de Malfent et al, des idéations suicidaires sont présentes chez près de 7 % des résidents au cours du

    dernier mois et chez 11 % au cours de la dernière année.

  • • Effet combiné de l’âge et de la dépression sur les fonctions exécutives – modifications propres au vieillissement, en particulier des performances cognitives

    – L'alte ́ration de l'inhibition cognitive chez le sujet âgé vient témoigner de l’hypo-fonctionnalité de la régulation du cortex pré-frontal sur le syste ̀me amygdalo-hippocampique qui gère les émotions et les affects ne ́gatifs.

    • Passage à l'acte conséquence d'une impasse cognitive – Difficulté à exclure plusieurs stimuli cognitifs à la fois

    – incapacité à inhiber l’augmentation des idées suicidaires intrusives et la production d’affects négatifs, recrudescence des ruminations

    – anomalies dans les mécanises de la prise de décision (déficit du système d’attribution de valeurs)

    • Il faciliterait le développement des crises suicidaires par un manque de régulation de l’état cognitif et émotionnel (Jollant et al. 2011 ; Richard- Devantoy et al., 2012).

    Modèle neurocognitif de la vulnérabilité suicidaire

  • • Données épidémiologiques chez les personnes âgées

    • Facteurs de risque

    • Dépression et suicide

    • Quelle prise en charge/prévention ?

    Risque suicidaire chez le sujet âgé́ et modalités de prise en charge

  • Suicide et dépression chez le sujet âgé : quelle prise en charge/prévention ?

    • Un risque difficile à évaluer chez le sujet âgé :

    • Les idées suicidaires ne sont pas toujours exprimées par le sujet âgé

    • > 65% des suicides après 65 ans se produisent à domicile

    • Le passage à l’acte est souvent précédé d’une période de troubles liée à une dépression

  • Que faire ?

  • • Repérage du risque de suicide en médecine de ville ?

    • Les patients consultent avant de se suicider

    • Classes d’âge de sujets qui consultent dans le mois précédant : – 59 % des suicidés

    – 75 % des suicidés de plus de 65 ans

    Suicide et dépression chez le sujet âgé : quelle prise en charge/prévention ?

  • • 342 médecins généralistes

    • Une vignette clinique est proposée de façonaléatoire à 2 groupes différents

    • La vignette est un cas de dépression avecidéation suicidaire

    78 ans / 38 ans

  • • Diagnostic 99 % des MG

    • Idées de suicide détectées par 94 %

    • Mais la propension à traiter, la dépression et l’idéationsuicidaire, est moins élevée pour le plus âgé

    • Les idées de suicide sont plus souvent reconnuescomme rationnellles et normales pour le sujet âgé

  • General review

    Efficient interventions on suicide prevention: A literature review

    Les interventions efficaces dans le champ de la prévention du suicide : analyse de la littérature

    E. du Roscoät a,c, F. Beck a,* ,b

    aInstitut national de prévention et d’ éducation pour la santé (INPES), 42, boulevard de la Libération, 93203 Saint-Denis cedex, FrancebCermes3–équipe Cesames (centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société), CNRS UMR 8211/Inserm U988/EHESS,

    université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, 45, rue des Saints-Pères, 75270 Paris cedex 06, FrancecLaboratoire parisien de psychologie sociale (LAPPS) – EA 4386, université Paris-Ouest Nanterre-La Défense,

    200, avenue de la République, 92000 Nanterre, France

    Received 21 February 2012; accepted 29 January 2013

    Abstract

    Aim. – This review focuses on interventions to prevent suicide. It excludes psychotherapy evaluations and pharmaceutical clinical trials. The

    aim of thisarticle is to provide useful input to the reflection on and thedevelopment of actions for professionals who may beconcerned by suicide

    prevention.

    Method. – This research is based on 41 published evaluation studies presenting results on at least one of the three following outcomes:

    completed suicides, suicide attempts, and suicidal ideations. These studies have been classified into seven categories of preventive action.

    Results. – According to data from the literature selected for our analysis, the three most efficient categories of intervention seem to be the

    limitation of access to lethal means, the preservation of contact with the patients hospitalized for a suicide attempt after hospitalization, and the

    implementation of emergency call centers. Thefour other categoriesof intervention examined in thisstudy — thetraining of general practitioners,

    the reorganization of care, programs in schools, and information campaigns— havenot yet shown sufficient proof of their efficacy. Nevertheless,

    these interventions, under certain conditions, can also contribute significantly to the prevention of suicide.

    Conclusion. – Themajority of effective interventionsminister to people already suffering from psychological disorders, but health promotion

    initiativesprior to situations of psychological disorders also deserve to beconsidered, in particular the implementation of services for the isolated

    elderly.

    # 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

    Keywords: Literature review; Suicide prevention; Suicidal ideations; Evaluation of interventions; Public health; Suicide; Psychological distress

    Résumé

    Objectif. – Les interventions évaluées dans le champ de la prévention du suicide, autres que les essais cliniques portant sur l’ évaluation des

    médicaments ou encore l’ évaluation des psychothérapies, font l’objet d’une littérature relativement restreinte. Cet article se propose d’analyser

    cette littérature afin d’apporter des éléments utiles à la réflexion ainsi qu’ à l’ élaboration d’actions pour les professionnels susceptibles d’ être

    concernés par la question.

    Méthode. – Ce travail s’appuie sur un corpus de 41 recherches évaluatives ayant fait l’objet de publications scientifiques et présentant des

    résultatssur au moins l’un des trois indicateurs suivants : suicides accomplis, tentativesdesuicide ou penséessuicidaires. Sept grandes catégories

    d’ interventions sont analysées : la restriction des moyens létaux, le maintien d’un contact avec les patients, les lignes et centres d’appel, la

    formation desmédecins généralistes, les interventions en milieu scolaire, l’organisation de lapriseen chargesuite àune tentativedesuicideet les

    campagnes d’ information du public.

    Résultats. – Essentiellement trois catégoriesd’ intervention sedégagent dans la littérature comme ayant apporté lespreuves de leur efficacité.

    C’est le cas de la restriction de l’accès aux moyens létaux, du maintien d’un contact avec les patients sortis de l’hôpital après une tentative de

    suicide ainsi que de l’ implantation de lignes d’appel. Les quatre autres catégories d’ intervention, bien que n’ayant pas encore démontré la

    robustesse de leur efficacité, sont également susceptibles sous certaines conditions, de contribuer utilement à la prévention du suicide.

    Conclusion. – Globalement, la majorité des interventions évaluéescommeefficaces concernent d’une façon ou d’uneautre laprise en charge

    depersonnes déjàen souffrance psychique. Cependant, lesapproches depromotion delasanté, en amont de l’apparition destroubles, telles que le

    Available online at

    www.sciencedirect.com

    Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 61 (2013) 363–374

    * Corresponding author.

    E-mail address: [email protected] (F. Beck).

    0398-7620/$ – see front matter # 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

    http://dx.doi .org/10.1016/j.respe.2013.01.099

    General review

    Efficient interventions on suicide prevention: A literature review

    Les interventions efficaces dans le champ de la prévention du suicide : analyse de la littérature

    E. du Roscoät a,c, F. Beck a,* ,b

    aInstitut national de prévention et d’ éducation pour la santé (INPES), 42, boulevard de la Libération, 93203 Saint-Denis cedex, FrancebCermes3–équipe Cesames (centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société), CNRS UMR 8211/Inserm U988/EHESS,

    université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, 45, rue des Saints-Pères, 75270 Paris cedex 06, FrancecLaboratoire parisien de psychologie sociale (LAPPS) – EA 4386, université Paris-Ouest Nanterre-La Défense,

    200, avenue de la République, 92000 Nanterre, France

    Received 21 February 2012; accepted 29 January 2013

    Abstract

    Aim. – This review focuses on interventions to prevent suicide. It excludes psychotherapy evaluations and pharmaceutical clinical trials. The

    aim of thisarticle is to provide useful input to the reflection on and thedevelopment of actions for professionals who may beconcerned by suicide

    prevention.

    Method. – This research is based on 41 published evaluation studies presenting results on at least one of the three following outcomes:

    completed suicides, suicide attempts, and suicidal ideations. These studies have been classified into seven categories of preventive action.

    Results. – According to data from the literature selected for our analysis, the three most efficient categories of intervention seem to be the

    limitation of access to lethal means, the preservation of contact with the patients hospitalized for a suicide attempt after hospitalization, and the

    implementation of emergency call centers. Thefour other categoriesof intervention examined in thisstudy — thetraining of general practitioners,

    the reorganization of care, programs in schools, and information campaigns— havenot yet shown sufficient proof of their efficacy. Nevertheless,

    these interventions, under certain conditions, can also contribute significantly to the prevention of suicide.

    Conclusion. – Themajority of effective interventionsminister to people already suffering from psychological disorders, but health promotion

    initiativesprior to situations of psychological disorders also deserve to beconsidered, in particular the implementation of services for the isolated

    elderly.

    # 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

    Keywords: Literature review; Suicide prevention; Suicidal ideations; Evaluation of interventions; Public health; Suicide; Psychological distress

    Résumé

    Objectif. – Les interventions évaluées dans le champ de la prévention du suicide, autres que les essais cliniques portant sur l’ évaluation des

    médicaments ou encore l’ évaluation des psychothérapies, font l’objet d’une littérature relativement restreinte. Cet article se propose d’analyser

    cette littérature afin d’apporter des éléments utiles à la réflexion ainsi qu’ à l’ élaboration d’actions pour les professionnels susceptibles d’ être

    concernés par la question.

    Méthode. – Ce travail s’appuie sur un corpus de 41 recherches évaluatives ayant fait l’objet de publications scientifiques et présentant des

    résultatssur au moins l’un des trois indicateurs suivants : suicides accomplis, tentativesdesuicide ou penséessuicidaires. Sept grandes catégories

    d’ interventions sont analysées : la restriction des moyens létaux, le maintien d’un contact avec les patients, les lignes et centres d’appel, la

    formation desmédecins généralistes, les interventions en milieu scolaire, l’organisation de laprise en chargesuite àune tentativedesuicide et les

    campagnes d’ information du public.

    Résultats. – Essentiellement trois catégoriesd’ intervention sedégagent dans la littérature comme ayant apporté lespreuves de leur efficacité.

    C’est le cas de la restriction de l’accès aux moyens létaux, du maintien d’un contact avec les patients sortis de l’hôpital après une tentative de

    suicide ainsi que de l’ implantation de lignes d’appel. Les quatre autres catégories d’ intervention, bien que n’ayant pas encore démontré la

    robustesse de leur efficacité, sont également susceptibles sous certaines conditions, de contribuer utilement à la prévention du suicide.

    Conclusion. – Globalement, la majorité des interventions évaluéescommeefficaces concernent d’une façon ou d’une autre laprise en charge

    depersonnes déjàen souffrance psychique. Cependant, lesapproches depromotion delasanté, en amont de l’apparition destroubles, tellesque le

    Available online at

    www.sciencedirect.com

    Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 61 (2013) 363–374

    * Corresponding author.

    E-mail address: [email protected] (F. Beck).

    0398-7620/$ – see front matter # 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

    http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.01.099

  • General review

    Efficient interventions on suicide prevention: A literature review

    Les interventions efficaces dans le champ de la prévention du suicide : analyse de la littérature

    E. du Roscoät a,c, F. Beck a,* ,b

    aInstitut national de prévention et d’ éducation pour la santé (INPES), 42, boulevard de la Libération, 93203 Saint-Denis cedex, FrancebCermes3–équipe Cesames (centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société), CNRS UMR 8211/Inserm U988/EHESS,

    université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, 45, rue des Saints-Pères, 75270 Paris cedex 06, FrancecLaboratoire parisien de psychologie sociale (LAPPS) – EA 4386, université Paris-Ouest Nanterre-La Défense,

    200, avenue de la République, 92000 Nanterre, France

    Received 21 February 2012; accepted 29 January 2013

    Abstract

    Aim. – This review focuses on interventions to prevent suicide. It excludes psychotherapy evaluations and pharmaceutical clinical trials. The

    aim of thisarticle is to provide useful input to the reflection on and thedevelopment of actions for professionals who may beconcerned by suicide

    prevention.

    Method. – This research is based on 41 published evaluation studies presenting results on at least one of the three following outcomes:

    completed suicides, suicide attempts, and suicidal ideations. These studies have been classified into seven categories of preventive action.

    Results. – According to data from the literature selected for our analysis, the three most efficient categories of intervention seem to be the

    limitation of access to lethal means, the preservation of contact with the patients hospitalized for a suicide attempt after hospitalization, and the

    implementation of emergency call centers. Thefour other categoriesof intervention examined in thisstudy — thetraining of general practitioners,

    the reorganization of care, programs in schools, and information campaigns— havenot yet shown sufficient proof of their efficacy. Nevertheless,

    these interventions, under certain conditions, can also contribute significantly to the prevention of suicide.

    Conclusion. – Themajority of effective interventionsminister to people already suffering from psychological disorders, but health promotion

    initiativesprior to situations of psychological disorders also deserve to beconsidered, in particular the implementation of services for the isolated

    elderly.

    # 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

    Keywords: Literature review; Suicide prevention; Suicidal ideations; Evaluation of interventions; Public health; Suicide; Psychological distress

    Résumé

    Objectif. – Les interventions évaluées dans le champ de la prévention du suicide, autres que les essais cliniques portant sur l’ évaluation des

    médicaments ou encore l’ évaluation des psychothérapies, font l’objet d’une littérature relativement restreinte. Cet article se propose d’analyser

    cette littérature afin d’apporter des éléments utiles à la réflexion ainsi qu’ à l’ élaboration d’actions pour les professionnels susceptibles d’ être

    concernés par la question.

    Méthode. – Ce travail s’appuie sur un corpus de 41 recherches évaluatives ayant fait l’objet de publications scientifiques et présentant des

    résultatssur au moins l’un des trois indicateurs suivants : suicides accomplis, tentativesdesuicide ou penséessuicidaires. Sept grandes catégories

    d’ interventions sont analysées : la restriction des moyens létaux, le maintien d’un contact avec les patients, les lignes et centres d’appel, la

    formation desmédecins généralistes, les interventions en milieu scolaire, l’organisation de lapriseen chargesuite àune tentativedesuicideet les

    campagnes d’ information du public.

    Résultats. – Essentiellement trois catégoriesd’ intervention sedégagent dans la littérature comme ayant apporté lespreuves de leur efficacité.

    C’est le cas de la restriction de l’accès aux moyens létaux, du maintien d’un contact avec les patients sortis de l’hôpital après une tentative de

    suicide ainsi que de l’ implantation de lignes d’appel. Les quatre autres catégories d’ intervention, bien que n’ayant pas encore démontré la

    robustesse de leur efficacité, sont également susceptibles sous certaines conditions, de contribuer utilement à la prévention du suicide.

    Conclusion. – Globalement, la majorité des interventions évaluéescommeefficaces concernent d’une façon ou d’uneautre laprise en charge

    depersonnes déjàen souffrance psychique. Cependant, lesapproches depromotion delasanté, en amont de l’apparition destroubles, telles que le

    Available online at

    www.sciencedirect.com

    Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 61 (2013) 363–374

    * Corresponding author.

    E-mail address: [email protected] (F. Beck).

    0398-7620/$ – see front matter # 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

    http://dx.doi .org/10.1016/j.respe.2013.01.099

    General review

    Efficient interventions on suicide prevention: A literature review

    Les interventions efficaces dans le champ de la prévention du suicide : analyse de la littérature

    E. du Roscoät a,c, F. Beck a,* ,b

    aInstitut national de prévention et d’ éducation pour la santé (INPES), 42, boulevard de la Libération, 93203 Saint-Denis cedex, FrancebCermes3–équipe Cesames (centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société), CNRS UMR 8211/Inserm U988/EHESS,

    université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, 45, rue des Saints-Pères, 75270 Paris cedex 06, FrancecLaboratoire parisien de psychologie sociale (LAPPS) – EA 4386, université Paris-Ouest Nanterre-La Défense,

    200, avenue de la République, 92000 Nanterre, France

    Received 21 February 2012; accepted 29 January 2013

    Abstract

    Aim. – This review focuses on interventions to prevent suicide. It excludes psychotherapy evaluations and pharmaceutical clinical trials. The

    aim of thisarticle is to provide useful input to the reflection on and thedevelopment of actions for professionals who may beconcerned by suicide

    prevention.

    Method. – This research is based on 41 published evaluation studies presenting results on at least one of the three following outcomes:

    completed suicides, suicide attempts, and suicidal ideations. These studies have been classified into seven categories of preventive action.

    Results. – According to data from the literature selected for our analysis, the three most efficient categories of intervention seem to be the

    limitation of access to lethal means, the preservation of contact with the patients hospitalized for a suicide attempt after hospitalization, and the

    implementation of emergency call centers. Thefour other categoriesof intervention examined in thisstudy — thetraining of general practitioners,

    the reorganization of care, programs in schools, and information campaigns— havenot yet shown sufficient proof of their efficacy. Nevertheless,

    these interventions, under certain conditions, can also contribute significantly to the prevention of suicide.

    Conclusion. – Themajority of effective interventionsminister to people already suffering from psychological disorders, but health promotion

    initiativesprior to situations of psychological disorders also deserve to beconsidered, in particular the implementation of services for the isolated

    elderly.

    # 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

    Keywords: Literature review; Suicide prevention; Suicidal ideations; Evaluation of interventions; Public health; Suicide; Psychological distress

    Résumé

    Objectif. – Les interventions évaluées dans le champ de la prévention du suicide, autres que les essais cliniques portant sur l’ évaluation des

    médicaments ou encore l’ évaluation des psychothérapies, font l’objet d’une littérature relativement restreinte. Cet article se propose d’analyser

    cette littérature afin d’apporter des éléments utiles à la réflexion ainsi qu’ à l’ élaboration d’actions pour les professionnels susceptibles d’ être

    concernés par la question.

    Méthode. – Ce travail s’appuie sur un corpus de 41 recherches évaluatives ayant fait l’objet de publications scientifiques et présentant des

    résultatssur au moins l’un des trois indicateurs suivants : suicides accomplis, tentativesdesuicide ou penséessuicidaires. Sept grandes catégories

    d’ interventions sont analysées : la restriction des moyens létaux, le maintien d’un contact avec les patients, les lignes et centres d’appel, la

    formation desmédecins généralistes, les interventions en milieu scolaire, l’organisation de laprise en chargesuite àune tentativedesuicide et les

    campagnes d’ information du public.

    Résultats. – Essentiellement trois catégoriesd’ intervention sedégagent dans la littérature comme ayant apporté lespreuves de leur efficacité.

    C’est le cas de la restriction de l’accès aux moyens létaux, du maintien d’un contact avec les patients sortis de l’hôpital après une tentative de

    suicide ainsi que de l’ implantation de lignes d’appel. Les quatre autres catégories d’ intervention, bien que n’ayant pas encore démontré la

    robustesse de leur efficacité, sont également susceptibles sous certaines conditions, de contribuer utilement à la prévention du suicide.

    Conclusion. – Globalement, la majorité des interventions évaluéescommeefficaces concernent d’une façon ou d’une autre laprise en charge

    depersonnes déjàen souffrance psychique. Cependant, lesapproches depromotion delasanté, en amont de l’apparition destroubles, tellesque le

    Available online at

    www.sciencedirect.com

    Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 61 (2013) 363–374

    * Corresponding author.

    E-mail address: [email protected] (F. Beck).

    0398-7620/$ – see front matter # 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

    http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.01.099

  • General review

    Efficient interventions on suicide prevention: A literature review

    Les interventions efficaces dans le champ de la prévention du suicide : analyse de la littérature

    E. du Roscoät a,c, F. Beck a,* ,b

    aInstitut national de prévention et d’ éducation pour la santé (INPES), 42, boulevard de la Libération, 93203 Saint-Denis cedex, FrancebCermes3–équipe Cesames (centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société), CNRS UMR 8211/Inserm U988/EHESS,

    université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, 45, rue des Saints-Pères, 75270 Paris cedex 06, FrancecLaboratoire parisien de psychologie sociale (LAPPS) – EA 4386, université Paris-Ouest Nanterre-La Défense,

    200, avenue de la République, 92000 Nanterre, France

    Received 21 February 2012; accepted 29 January 2013

    Abstract

    Aim. – This review focuses on interventions to prevent suicide. It excludes psychotherapy evaluations and pharmaceutical clinical trials. The

    aim of thisarticle is to provide useful input to the reflection on and thedevelopment of actions for professionals who may beconcerned by suicide

    prevention.

    Method. – This research is based on 41 published evaluation studies presenting results on at least one of the three following outcomes:

    completed suicides, suicide attempts, and suicidal ideations. These studies have been classified into seven categories of preventive action.

    Results. – According to data from the literature selected for our analysis, the three most efficient categories of intervention seem to be the

    limitation of access to lethal means, the preservation of contact with the patients hospitalized for a suicide attempt after hospitalization, and the

    implementation of emergency call centers. Thefour other categoriesof intervention examined in thisstudy — thetraining of general practitioners,

    the reorganization of care, programs in schools, and information campaigns— havenot yet shown sufficient proof of their efficacy. Nevertheless,

    these interventions, under certain conditions, can also contribute significantly to the prevention of suicide.

    Conclusion. – Themajority of effective interventionsminister to people already suffering from psychological disorders, but health promotion

    initiativesprior to situations of psychological disorders also deserve to beconsidered, in particular the implementation of services for the isolated

    elderly.

    # 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

    Keywords: Literature review; Suicide prevention; Suicidal ideations; Evaluation of interventions; Public health; Suicide; Psychological distress

    Résumé

    Objectif. – Les interventions évaluées dans le champ de la prévention du suicide, autres que les essais cliniques portant sur l’ évaluation des

    médicaments ou encore l’ évaluation des psychothérapies, font l’objet d’une littérature relativement restreinte. Cet article se propose d’analyser

    cette littérature afin d’apporter des éléments utiles à la réflexion ainsi qu’ à l’ élaboration d’actions pour les professionnels susceptibles d’ être

    concernés par la question.

    Méthode. – Ce travail s’appuie sur un corpus de 41 recherches évaluatives ayant fait l’objet de publications scientifiques et présentant des

    résultatssur au moins l’un des trois indicateurs suivants : suicides accomplis, tentativesdesuicide ou penséessuicidaires. Sept grandes catégories

    d’ interventions sont analysées : la restriction des moyens létaux, le maintien d’un contact avec les patients, les lignes et centres d’appel, la

    formation desmédecins généralistes, les interventions en milieu scolaire, l’organisation de lapriseen chargesuite àune tentativedesuicideet les

    campagnes d’ information du public.

    Résultats. – Essentiellement trois catégoriesd’ intervention sedégagent dans la littérature comme ayant apporté lespreuves de leur efficacité.

    C’est le cas de la restriction de l’accès aux moyens létaux, du maintien d’un contact avec les patients sortis de l’hôpital après une tentative de

    suicide ainsi que de l’ implantation de lignes d’appel. Les quatre autres catégories d’ intervention, bien que n’ayant pas encore démontré la

    robustesse de leur efficacité, sont également susceptibles sous certaines conditions, de contribuer utilement à la prévention du suicide.

    Conclusion. – Globalement, la majorité des interventions évaluéescommeefficaces concernent d’une façon ou d’uneautre laprise en charge

    depersonnes déjàen souffrance psychique. Cependant, lesapproches depromotion delasanté, en amont de l’apparition destroubles, telles que le

    Available online at

    www.sciencedirect.com

    Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 61 (2013) 363–374

    * Corresponding author.

    E-mail address: [email protected] (F. Beck).

    0398-7620/$ – see front matter # 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

    http://dx.doi .org/10.1016/j.respe.2013.01.099

    General review

    Efficient interventions on suicide prevention: A literature review

    Les interventions efficaces dans le champ de la prévention du suicide : analyse de la littérature

    E. du Roscoät a,c, F. Beck a,* ,b

    aInstitut national de prévention et d’ éducation pour la santé (INPES), 42, boulevard de la Libération, 93203 Saint-Denis cedex, FrancebCermes3–équipe Cesames (centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société), CNRS UMR 8211/Inserm U988/EHESS,

    université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, 45, rue des Saints-Pères, 75270 Paris cedex 06, FrancecLaboratoire parisien de psychologie sociale (LAPPS) – EA 4386, université Paris-Ouest Nanterre-La Défense,

    200, avenue de la République, 92000 Nanterre, France

    Received 21 February 2012; accepted 29 January 2013

    Abstract

    Aim. – This review focuses on interventions to prevent suicide. It excludes psychotherapy evaluations and pharmaceutical clinical trials. The

    aim of thisarticle is to provide useful input to the reflection on and thedevelopment of actions for professionals who may beconcerned by suicide

    prevention.

    Method. – This research is based on 41 published evaluation studies presenting results on at least one of the three following outcomes:

    completed suicides, suicide attempts, and suicidal ideations. These studies have been classified into seven categories of preventive action.

    Results. – According to data from the literature selected for our analysis, the three most efficient categories of intervention seem to be the

    limitation of access to lethal means, the preservation of contact with the patients hospitalized for a suicide attempt after hospitalization, and the

    implementation of emergency call centers. Thefour other categoriesof intervention examined in thisstudy — thetraining of general practitioners,

    the reorganization of care, programs in schools, and information campaigns— havenot yet shown sufficient proof of their efficacy. Nevertheless,

    these interventions, under certain conditions, can also contribute significantly to the prevention of suicide.

    Conclusion. – Themajority of effective interventionsminister to people already suffering from psychological disorders, but health promotion

    initiativesprior to situations of psychological disorders also deserve to beconsidered, in particular the implementation of services for the isolated

    elderly.

    # 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

    Keywords: Literature review; Suicide prevention; Suicidal ideations; Evaluation of interventions; Public health; Suicide; Psychological distress

    Résumé

    Objectif. – Les interventions évaluées dans le champ de la prévention du suicide, autres que les essais cliniques portant sur l’ évaluation des

    médicaments ou encore l’ évaluation des psychothérapies, font l’objet d’une littérature relativement restreinte. Cet article se propose d’analyser

    cette littérature afin d’apporter des éléments utiles à la réflexion ainsi qu’ à l’ élaboration d’actions pour les professionnels susceptibles d’ être

    concernés par la question.

    Méthode. – Ce travail s’appuie sur un corpus de 41 recherches évaluatives ayant fait l’objet de publications scientifiques et présentant des

    résultatssur au moins l’un des trois indicateurs suivants : suicides accomplis, tentativesdesuicide ou penséessuicidaires. Sept grandes catégories

    d’ interventions sont analysées : la restriction des moyens létaux, le maintien d’un contact avec les patients, les lignes et centres d’appel, la

    formation desmédecins généralistes, les interventions en milieu scolaire, l’organisation de laprise en chargesuite àune tentativedesuicide et les

    campagnes d’ information du public.

    Résultats. – Essentiellement trois catégoriesd’ intervention sedégagent dans la littérature comme ayant apporté lespreuves de leur efficacité.

    C’est le cas de la restriction de l’accès aux moyens létaux, du maintien d’un contact avec les patients sortis de l’hôpital après une tentative de

    suicide ainsi que de l’ implantation de lignes d’appel. Les quatre autres catégories d’ intervention, bien que n’ayant pas encore démontré la

    robustesse de leur efficacité, sont également susceptibles sous certaines conditions, de contribuer utilement à la prévention du suicide.

    Conclusion. – Globalement, la majorité des interventions évaluéescommeefficaces concernent d’une façon ou d’une autre laprise en charge

    depersonnes déjàen souffrance psychique. Cependant, lesapproches depromotion delasanté, en amont de l’apparition destroubles, tellesque le

    Available online at

    www.sciencedirect.com

    Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 61 (2013) 363–374

    * Corresponding author.

    E-mail address: [email protected] (F. Beck).

    0398-7620/$ – see front matter # 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

    http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.01.099

  • Points clés• La fréquence du suicide augmente avec l’âge• Le risque est sous-estimé dans cette tranche

    d’âge• La dépression est la principale cause: il faut la

    dépister• poser des questions directes sur les idées de

    suicide – Il faut insister sur leur caractère pathologique et

    sur l’efficacité des possibilités thérapeutiques

    • Augmenter les facteurs protecteurs• Stratégies multimodales